Telechargé par Patrick Roméo ANDRIANASOLO

La morale stoïcienne

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RESUME
Le courant philosophique stoïcien est lancé dans l’époque hellénistique de la Grèce
antique jusqu’au deux premier siècle de l’ère chrétien. Un courant contemporain de
l’épicurisme qui est considéré comme son frère ennemi. Les stoïcismes forment sa
philosophie sous une forme de système qui englobe de diverses réflexions, mais surtout en ce
qui concerne le monde, le Dieu et l’être humain. Ces derniers forment un Tout (la Nature) :
Dieu est immanent à la Nature, et l’homme possède le caractère divin par sa raison qui n’est
qu’une parcelle de la Raison Universelle (Dieu). Telle conception est évoquée par les stoïciens
dans son système philosophique inhérent qui étude la physique, la logique et l’éthique. Les
deux premiers influencent beaucoup sur l’éthique qui est le centre de la philosophie stoïcienne
dans sa recherche du bonheur. En fait, cette philosophie est comme art de vivre ; elle est une
philosophie de bonheur. C’est pourquoi nous intéressons de plus sur la morale.
Le dessein de la philosophie morale stoïcienne est de tracer à l’homme une voie de
liberté, en supprimant les passions qui sont sources des maux et des malheurs. Pour cela,
l’homme est invité à la vertu. Chez les stoïciens, le souverain bien c’est la vertu. Tout homme,
homme ou femme, jeune ou adulte, esclave ou Roi, peut parvenir au bonheur par la vertu et
la connaissance de lui-même, des autres et du monde.
Cette connaissance a pour but que l’homme doit vivre conformément avec la Nature,
et avec sa nature humaine. Entant qu’être raisonnable et sociable, il doit vivre selon la raison
et avec autrui dans la société. Puis, il doit comprendre aussi les fonctionnements et les
phénomènes de la Nature, afin qu’il puisse vivre conformément en cette dernière : en
acceptant volontairement son Destin. Consentir à son destin ne veut pas dire accepter en
silence ce qui nous tombe dessus. Cela veut dire prendre conscience de qui on est. En plus,
c’est par cette connaissance que l’homme puisse distingué qu’il y a des choses qui dépendent
de lui et il y a celles qui ne dépendent pas de lui. En cela, pour être heureux, l’homme ne doit
pas donner d’importance sur les choses qui ne dépend pas de lui.
C’est par cette distinction que l’homme peut se débarrasser des passions qui sont
souvent fruits de faux jugement et d’opinion sur les évènements qui se manifestent. Pour avoir
le bonheur, il est nécessaire de vivre sans se passionner sur les choses qui ne dépendent pas
de nous, mais il faut se concentrer sur les choses dont nous avons pouvoir. Les passions sont
des maladies de l’âme. Elles rompent l’homme avec la Nature, avec le monde et avec luimême ; elles lui opposent aussi à autrui. En conséquence le bonheur consiste à substituer aux
passions, tout ce qui excite ou terrifie, des affections positives et bonnes.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 1⸼
INTRODUCTION
Le stoïcisme est une doctrine philosophique de la période hellénistique et romaine
de l’antiquité vers IIIe siècles avant J.-C. L’avènement du stoïcisme est marqué par des
désordres socio-politiques après la disparition d’Alexandre le Grand en 323. Athènes perd sa
puissance maritime et monétaire. « Les riches devenaient de plus en plus riches, ils vivaient
dans le luxe, tandis que le grand nombre des peuples furent réduits à la pauvreté. Les Grecs
semblait avoir perdu la sagesse d’antan »1. Les Grecs semblaient avoir perdu la sagesse
d’antan. Ils demandaient à la philosophie des nouvelles formules pour guérir les maux
quotidiens. L’Epicurisme et le stoïcisme apportent, chacun à leurs façons, la possibilité de
penser rationnellement la nouvelle société grecque, de s’y adapter et de s’y estimer heureux
en cherchant la meilleure façon de vivre. En cela, ces deux tendances philosophiques
s’orientaient surtout vers la prédication morale.
Le stoïcisme n’est pas l’œuvre d’une seule personne, c’est pourquoi on parle plutôt
des stoïcismes. Il est fondé par Zénon de Citium vers 300 ans avant J.C. à Athènes où il donne
son enseignement sous un portique, « Stoa » en grec. L’histoire du stoïcisme se divise en trois
périodes : l’ancien stoïcisme, le moyen stoïcisme et le stoïcisme impérial. Au IIIe siècle avant
J.-C., l’ancien stoïcisme correspond à la fondation de l’école par Zénon et à sa direction par
Cléanthe (vers 331 - 232 avant J.-C.) et Chrysippe (280 - 205 avant J.C.). Quant au moyen
stoïcisme, il apparaît aux IIe et Ier siècle avant J.C. Ses principaux représentants sont Panétius
(180 - 110 avant J.-C.) et Posidonius (135 - 51 avant J.C.). Leur pensée est déjà plus souple
et basée sur la physique plus que sur la logique. Il est plus conciliant avec les autres écoles,
surtout le platonisme. Le stoïcisme impérial, à son tour, apparaît aux deux premiers siècles de
l’ère chrétienne, avec Epictète (vers 50 - 130 après J.C.), il était un esclave. Puis, Sénèque
(vers 2 - 65 après J.C.) et Marc Aurèle (121 - 180 après J.C.), qui était un empereur romain.
A son tour, il propose une prédication morale et un art de vivre.2
Pour comprendre cette tendance philosophique, il est nécessaire d’évoquer en
premier lieu quelques notions clés. Être stoïque veut dire être courageux, dur, ferme. Le
stoïcien est un homme de grand cosmos, homme de l’univers, homme de la nature. D’où la
notion cosmopolitisme. Le souverain bien, ou la fin suprême pour les stoïciens c’est la vertu.
En cela, il est fondamental de vivre en ayant la science de ce qui est conforme à la nature et
en le faisant sien. Pour les stoïciens, le Bonheur c’est un cours harmonieux de la vie : c’est
1
2
R.P. Jean Debré RAKOTOMAMONJY, Au chemin de la sagesse, ISSaPhi, 2018 - 2019, p. 30.
Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, des présocratiques
à la modernité, Ellipses, p. 34.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 2⸼
pourquoi le sage est toujours heureux. Cette tendance adopte aussi le concept d’apatheia qui
veut exprimer une vie sans passion, sans trouble face aux événements tristes ou angoissante
de la vie. L’apaheia a pour but d’atteindre le bonheur.3
Dans le cadre de ce devoir nous essayerons d’analyser la conception morale
stoïcienne qui est considérée comme une morale de bonheur. Les stoïciens enseignent que la
vie sans passions est une voie accessible au bonheur. Elle procure à l’homme la faveur de
vivre dans une tranquillité de l’âme. Une problématique s’en sort de telle conviction : dans
quelle mesure la morale stoïcienne peut-elle affirmer que l’apatheia est une voie sûre pour
atteindre le bonheur ? En répondant à cette question majeure, nous analysons en premier lieu
le système du stoïcisme en générale. Puis, l’enseignement de la morale stoïcienne sur lequel
la vie sans passion peut conduire l’homme au bonheur. Enfin, il est utile d’en tirer quelques
apports philosophiques et réflexions personnelles.
3
Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, op.cit., p. 35.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 3⸼
I. Généralité sur le stoïcisme.
Le stoïcisme est un courant philosophique bien considéré comme un système qui
englobe plusieurs connaissances et du savoir. Pour bien saisir sa conception morale, on ne
peut pas échapper de voir d’abord quelques généralités fondamentales à ce système.
I.1. Notion sur le système philosophique stoïcisme.
Les stoïciens divisent leur philosophie en trois parties : la logique, la physique et
l'éthique. Ces trois parties forment un tout, inséparables et doivent être prises ensemble. Ce
sont ces trois parties qui font le stoïcisme. C’est pourquoi cette philosophie est un système.
La logique stoïcienne c'est tout ce qui concerne le logos, c'est-à-dire, le discours et
la raison. Elle implique donc une théorie de la connaissance. Cette théorie de connaissance
est à la fois sensualiste qui prône les sensations comme sources de connaissance. Elle est aussi
rationaliste qui affirme que la science est fondée sur la raison. Puis, elle est volontariste qui
dit que toute connaissance suppose un jugement volontaire. Quant à la volonté, les stoïciens
appellent « assentiment » le mouvement de l'esprit par lequel il adhère au vrai et au bien.
Alors, pour les stoïciens : « connaître, c'est juger ; et juger, c'est vouloir »4. Cela s’ensuit que
la volonté ne peut pas vouloir n'importe quoi, mais seulement ce qu'elle perçoit comme vrai
ou bien. Pour les stoïciens, la logique nous apprend à prononcer des jugements exacts sur tout
ce qui se produit, à ne pas admettre ceux qui sont faux. Elle sert aussi à accorder la raison
humaine avec la Raison universelle dont elle est une parcelle.
La physique stoïcienne nous fait savoir la nature de l’Univers. C’est l’étude du
monde dans sa totalité, l’étude du cosmos. Elle est une philosophie matérialiste qui enseigne
qu’il n’existe que des corps. Même l’âme est un corps, elle est une partie du feu divin, qui
anime les vivants de l'intérieur. La physique stoïcienne est aussi une doctrine panthéiste qui
adopte une conception d’un Dieu immanent à la nature.5
En ce qui concerne l’Ethique stoïcienne, c’est une doctrine morale qui enseigne le
comportement et manière de vivre qui assurent sûrement le bonheur. C’est dans ce domaine
de l’Ethique que nous allons travailler pendant ce devoir. Or, nous devons passer en premier
abord sur la philosophie stoïcienne en générale.
4
« Le stoïcisme » in Larousse en ligne, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/stoïcisme/93970,
consulté le 28 décembre 2019.
5
Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, op.cit., p. 35.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 4⸼
I.2. La philosophie stoïcienne.
Dans son système, la philosophie stoïcienne évoque plusieurs réflexions essentielles.
Mais ce qui nous intéresse le plus ici c’est de savoir généralement sa conception sur le Dieu
et le monde, ainsi que la conception de l’homme.
Dieu et le monde.
Selon la conception stoïcienne, Dieu est la Raison qui anime et pénètre le monde. Il
est la Raison Universelle du monde. En d’autres termes la nature est animée et conduite par
la volonté divine. Dieu est un ordre immanent à la nature. Ce qui veut dire qu’Il est à
l’intérieur même de la nature. « Le monde comprend le ciel, la terre et le vivant qui se trouve
et le Dieu. Ce monde est un vivant, raisonnable, animé et intelligent, non seulement il est
divin mais il est Dieu lui-même »6. Dieu est le principe de l’harmonie du monde. Ce monde
est une masse matérielle, infini et en changement perpétuel. « Le monde ne renferme que des
corps […] Les stoïciens admettant que les corps sont les seules réalités et la seule substance,
disent que la matière est Une. […] Si tout est corps il y a tout de même place dans le stoïcisme
pour la notion d’incorporel : exprimable, le vide, le lieu et le temps »7. Les stoïciens ne
prennent pas les incorporelles comme des êtres véritables. C'est pourquoi ils ne seront trompés
ni du discours ni du temps, pour eux le sage vit au présent et il aime le silence.
La conception de l’homme.
Les stoïciens prêchent une conception qui adopte que l’homme est un être intelligent
et raisonnable. Pour eux, l’être humain fait partie du tout et est doué de la raison. « L’homme
seul être doué de la raison, est fils de Dieu »8. Cela s’ensuit qu’en tant que fils de Dieu, tout
homme est citoyen du monde, le monde de Dieu. D’où l’enseignement du cosmopolitisme
stoïcien qui affirme que l’homme est un citoyen du monde entier, mais non seulement de sa
propre ethnie ou nation. « En tant que Marc Aurèle, je suis citoyen de Rome, en tant
qu’homme, je suis citoyen du monde »9. L’homme est donc appelé à vivre en communauté,
en société. Il est un animal sociable ayant comme nature de vivre ensemble. C’est pourquoi
Marc Aurèle affirme que « Les hommes sont faits les uns pour les autres ; […] fuir de la
société c’est contre nature ». L’homme possède une âme intelligente qui n’est autre qu’une
parcelle du souffle divin plongé dans le corps humain.
6
Jean BRUN, Le stoïcisme, P.U.F., Paris, 1992, p. 50.
Jean BRUN, ibidem, p. 54 - 55.
8
Jacqueline RUSS, Les chemins de la pensée, Bordas, Paris, 1999, p. 132.
9
Jostéin GAARDER, Le Monde de Sophie, Seuil, Paris, 1995, p. 151.
7
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 5⸼
I.3. La conception morale stoïcienne.
Dans ce sous chapitre, nous essayerons de voir en globalité ce que les stoïcismes
enseignent sur le cadre de la morale. En cela, nous allons parler de ce qu’ils entendent par
vivre conformément à la nature, et la soumission volontaire au Destin. Puis, la morale
stoïcienne comme une morale de liberté face aux choses qui dépendent de nous et celles qui
ne dépendent pas de nous. En dernier lieu, une morale qui enseigne la maîtrise de la pensée,
de jugement et de la parole.
Vivre conformément à la nature.
Vivre conformément à la nature, est un principe de base pour la morale stoïcienne.
Ici, il faut souligner que « Nature » ne veut pas exprimer seulement les choses qui nous
entoures, mains le Cosmos tout entier, où Dieu est immanent. Vivre conformément à la
nature : signifie d’abord que l’être humain doit vivre en conformité avec ses aspirations
naturelles pour pouvoir satisfaire ses besoins fondamentaux selon sa nature (entant qu’être
humain). Son second sens est de vivre selon la loi du logos qui règle la pensée humaine et qui
dirige l’Univers. Autrement dit, c’est de vivre selon la raison qui n’est qu’une parcelle de
Raison Universelle. Vivre conformément à la nature donc, c’est vivre volontairement selon
le Destin que la Raison Universelle procure.
Accepter volontairement le Destin.
L’homme est dirigé par la force, la Raison Universelle, le Destin. « Le Destin est une
réalité naturelle inscrite dans la structure du monde […] Il apparait comme un nœud de
cause, c’est-à-dire un ordre et une connexion qui ne peuvent jamais être forcés
transgressées »10. Cela confirme la doctrine déterministe des stoïciens qui enseigne que les
événements du monde sont renfermés dans la première cause, et tout arrive nécessairement.
L’homme ne peut pas échapper au Destin. Le sage, l’homme raisonnable écoute sa raison et
suit volontairement son destin et ne laisse pas emporté par ses passions. Alors, est ce que
l’homme doit croiser ses bras dans sa vie pour attendre seulement ce qui arrive selon son
Destin ? Là les stoïciens font une distinction entre les deux sortes de causalité : antécédente
et principale.
« Les causes principales dépendent de nous ; les causes antécédentes ne dépendent
pas de nous et qui constituent la chaîne du destin … une série de cause antécédentes
fait par exemple qu’aujourd’hui il pleut, mais les causes principales qui dépendent de
moi ce seront celle qui me détermineront à me conduire de telle ou telle façon sous la
10
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 63.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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pluie : je ne suis pas libre de faire qu’il pleuve ou qu’il ne pleuve pas, mais je suis
libre de me comporter de telle ou telle façon en face de cet événement extérieur »11.
Il faut donc vivre conformément à la nature des choses qui se manifestent, et se
laisser guider par la raison. Cela demande une action ou du travail pour se mettre bien en
accord avec la Nature. Le sage stoïcien est un homme d'action. L’enseignement de Marc
Aurèle invite les stoïciens à ne rien attendre, et de ne rien fuir, mais de se contenter de l'action
présente, en restant stoïque dans tout ce qui se passe.
Les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous.
La morale stoïcienne est une morale de la liberté. Être heureux, c’est être libre ; mais
comment donc devenir libre ? En cela, Epictète procure sa fameuse distinction des choses qui
dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous.
« Il y a des choses qui dépendent de nous ; il y en a d’autres qui n’en dépendent pas.
Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos
aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas
de nous, c’est notre corps, c’est la richesse, la célébrité, le pouvoir ; en un mot, toute
les œuvres qui ne nous appartiennent pas »12.
Être libre, c’est se concentrer sur les choses qui dépendent de nous, et ne pas donner
d’importance à celles qui ne dépendent pas de nous. A titre d’exemple, la célébrité que nous
aspirons ne dépend pas complétement de notre talent, mais aussi de ceux qui voudront bien
découvrir et apprécier ce talent. Par contre, il y a tant de choses ou d’actions dépendent de la
propre volonté du sujet. Par exemple, décider ou non de travailler le soir. Cette décision est
la propre volonté du sujet. En plus, le sujet est libre dans les jugements qu’il apporte su les
choses qui arrivent. D’où l’importance de la maîtrise de la pensée, selon les stoïciens.
La maîtrise de la pensée et de la parole.
Ce qui dépend de nous principalement, ce ne sont pas les événements de notre vie,
ou les choses extérieures, mais les jugements qu’on porte sur ceux qui arrive. Par exemple,
en tant qu’êtres mortels, nous devons tous mourir, on ne peut pas l’échapper ; mais nous
pouvons décider quel sens nous donnons à la mort. C’est à Epictète de nous donner la
réponse : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils
portent sur les choses. Ainsi la mort n’est rien de redoutable […] mais le jugement que nous
portons sur la mort en la déclarant redoutable, c’est là ce qui est redoutable »13. Cela s’ensuit
que nous pouvons considérer la mort comme quelque chose angoissante, et nous allons
angoisser par cette idée durant notre vie. Or nous pouvons la voir différemment, en la
11
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 89.
Epictète, Manuel, in Pensées pour moi-même de Marc AURELE, Flammarion, Paris, 1964, p. 207.
13
Epictète, Manuel, ibidem, p. 211.
12
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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considérant comme la fin normale d’un cycle naturel, ou un repos qui soulage de la souffrance
de la vieillesse, en cela on lui accorde une valeur positive.
Souvent nos jugements sont négatifs et expriment une angoisse, une haine ou un
refus de telle ou telle chose. Or, le stoïcisme nous enseigne de rester stoïque (rester courageux)
en face de tout ce qui arrive, en disant que : « ne demande pas que ce qui arrive, arrive comme
tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux »14. Dès
lors, mon bonheur dépend uniquement de l’inclinaison que je donnerai à ma volonté, et à mes
idées, à mes représentations des choses, qui sont essentiellement au pouvoir de ma volonté.
Cette maîtrise de la volonté, des pensées, et des désirs, est une règle de vie fondamentale pour
les stoïciens. En cela, cette morale indique aussi la maîtrise de la parole, en invitant d’être
souvent silencieux et de ne parler que des choses importantes et utiles. Pour Marc Aurèle, ce
n’est pas une sagesse le fait de parler des hommes, que ce soit pour les blâmer ou pour les
louer ou encore pour les mettre en parallèle.
14
Epictète, Manuel, op.cit., p. 210.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
⸼ 8⸼
II. L’apatheia : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne.
L’apatheia stoïcien consiste à substituer les passions nuisibles en bonnes affections.
Dans cette deuxième partie, nous allons voir la conception stoïcienne sur le bonheur et les
passions. Puis, afin que notre thème général soit clair, il sera sujet aussi dans cette partie les
remèdes de chaque passion. Et surtout, le concept de l’apatheia et la pratique de la vertu pour
atteindre le bonheur.
II.1. Le bonheur et la conception stoïcienne des passions.
« Vivre sans passion, pour être heureux », afin de bien saisir tel enseignement, nous
allons analyser d’abord ce que le stoïcisme entend par le bonheur. Puis, sa conception sur les
passions.
Le bonheur et le souverain bien.
Selon les stoïciens, « le bonheur est le cours harmonieux de la vie »15. Ce bonheur
est possible pour l’homme et dépend de l’effort de chacun à vivre conformément avec la
nature et la raison. C’est pour cela que chez les stoïciens tout le monde pourrait être stoïque
et heureux : homme ou femme, pauvre ou riche, esclave ou Roi, etc. Tous peuvent être
heureux dans sa vie. Nous devons se rappeler qu’Epictète le grand stoïcien était un esclave,
et Marc Aurèle était un empereur Romain, mais ils ont pu chacun, vivre entant que stoïcien.
Le souverain bien consiste en effet à « vivre en accord avec la nature » : en accord
veut dire d'une même raison. C'est en quoi la vie naturelle est aussi une vie raisonnable et,
par-là, une vie vertueuse. La vertu est une conformité de l'âme avec elle-même, une
conformité de la raison humaine avec la Raison Universelle. Cela s’ensuit que pour les
stoïciens, le souverain bien c’est la vertu elle-même. Ils associent le bonheur véritable à la
paix intérieure, l’apathie comme l’indifférence envers les événements extérieurs. En cela, les
stoïciens dénoncent que les passions sont des obstacles au bonheur. Elles troublent l’âme,
perturbent la paix intérieure ainsi que la cohésion sociale car elles troublent l’ordre du monde,
le Destin.
La conception stoïcienne des passions.
Les passions sont des « mouvements irrationnels de l’âme, contraires à la nature »16.
Elles expriment une démesure dans la tendance naturelle de l’instinct de conservation. Elles
sont contraires à la raison. Les passions entravent le bon usage de la raison. Elles sont des
15
16
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 95.
Jean BRUN, ibidem, p. 100.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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mouvements de l’âme faisant preuve de désobéissance à l’égard de la raison. Les passions
sont désignées par les stoïciens comme obstacle au bonheur. Elles résident, selon les stoïciens,
dans l’opinion et le jugement du passionné. Tout dépend de nos opinions et de nos jugements.
Ces derniers sont donc les causes de nos passions.
Pour bien comprendre notre thème de ce devoir, nous allons voir les principales
passions chez les stoïciens. En cela nous évoquerons aussi ses remèdes respectifs qui rendent
l’homme dans l’impassibilité pour qu’il atteigne le bonheur.
II.2. Les principales passions, ses méfaits et ses remèdes respectifs.
Selon les stoïciens, la passion provient surtout du jugement et de l’opinion. Donc
pour éviter les passions, il faut que nous soignions nos opinions et nos jugements sur les
choses. Epictète : « Ce qui trouble les hommes ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils
en ont. Par exemple, la mort n’est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle
à Socrate, mais l’opinion qu’on a que la mort est un mal, voilà un mal »17.
Face aux quatre passions principales, les stoïciens procurent principalement le
maitrise de la pensée et de nos jugements comme le grand remède pour ne pas se laisser aux
passions. Dans ce remède, il ne faut jamais oublier les distinctions entre les choses qui
dépendent de nous et qui ne dépendent pas de nous.
La douleur
D’après la définition des stoïciens : « la douleur est une contraction déraisonnable
de l’âme »18. Ses subdivisions sont : la pitié, l’envie, la jalousie, le dépit, le chagrin, le trouble,
l’affliction, la souffrance, la confusion. La douleur est une imagination pénible qui vient de
nos jugements et de nos opinions.
Pour lutter contre la douleur, il faut rectifier nos jugements sur les choses qui se
manifeste dans notre vie. Il ne faut pas se laisser guider par nos imaginations qui provoquent
des illusoires sur la réalité. Puis, il est nécessaire aussi de voir si la chose qui cause la douleur
est parmi celles qui dépendent de nous, ou celles qui n’en dépendent pas et, si elle appartient
à celles qui ne dépendent pas de nous. Il faut penser que cela ne nous regarde pas, d’où
l’indifférence. Il faut supprimer en nous les fausses opinions. Il ne faut pas se précipiter dans
les jugements, mais rester calme et constater la réalité telle qu’elle est. C’est cela qui nous
écarte la douleur, et nous rend l’impassibilité.
17
18
Jean BRUN, « EPICTETE », in Les stoïciens, textes choisis, p.120.
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 102.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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La crainte
Les stoïciens définissent la crainte comme « une attende d’un mal »19. C’est un
sentiment par lequel on envisage quelqu’un ou quelque chose comme dangereux ou nuisible,
et dont on a peur. Habituellement l’homme a la crainte devant une chose dont il juge
mauvaise. Autrement dit la crainte c’est toujours la crainte de quelque chose. Elle comprend
: la peur, l’hésitation, la honte, l’épouvante, le saisissement, l’angoisse. L’homme cherche
toujours d’éviter ce qu’il craigne. Misérable est celui qui tombe dans ce qu’il craint.
Face aux craintes nous devons dégouter seulement ce qui est contraire à notre
véritable bien et qui dépend de nous, pour que nous ne tomberons pas dans nos craintes. Mais
si nous craignons la mort, la maladie ou la pauvreté, nous serons malheureux car tout cela ne
dépend pas de nous. En cela, nous devons donc transporter nos craintes aux choses qui
dépendent de nous et qui représentent vraiment des menaces à notre bonheur. Par exemple,
nous avons raison de craindre la passion car elle constitue l’obstacle à notre bonheur mais il
est à notre portée de la supprimer.
Le désir
L’homme a la tendance de désirer toujours ce qu’il n’a pas. Souvent le désir vient
des choses extérieurs qui ne dépendent pas de nous. Le désir a une forte emprise sur l’esprit
et provoque des mouvements parfois incontrôlables. C’est pourquoi les stoïciens confirment
que : « le désir est un appétit déraisonnable »20. Ses subdivisons sont : indigence, haine,
rivalité, colère, amour, ressentiment, emportement. Il y a des remèdes au désir.
Comme nous venons de dire que le désir vient souvent de l’extérieur, la morale
stoïcienne nous invite d’abord de supprimer ces désirs, car les choses extérieurs ne dépendent
pas de nous. Par contre, nous devrions désirer seulement ce qui dépend de nous. Il faut savoir
donc, que le désir est parmi les choses qui dépendent de nous. Par conséquent, nous sommes
libres de les arrêter. Nous pouvons supprimer les désirs s’ils peuvent nuire notre paix
intérieure. Celui qui n’obtient pas ce qu’il désir est malheureux. Donc il faut distinguer les
choses qui nous dépendent pour que nous ne soyons pas malheur en désirant les choses qui
ne dépendent pas de nous.
Le plaisir
Il semble toujours que le plaisir est une bonne chose pour l’être humain, car il nous
accommode souvent de l’avoir. Malgré cela, l’homme qui a le plaisir s’écarte souvent de la
19
20
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 102.
Ibidem, p. 102.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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raison et pour avoir du plaisir l’homme ne fait pas toujours des choses raisonnables. En
d’autres termes ce n’est pas toujours les bonnes choses qui donnent le plaisir à l’homme. Par
exemple le plaisir des pervers, des vicieux, etc. En effet, les stoïciens expliquent que « le
plaisir est une ardeur déraisonnable et qui semble souhaitable »21. Il comprend : le charme,
le plaisir qu’on prend au mal, la volupté et la débauche. D’autant qu’à rechercher le plaisir,
on risque toujours de s’en rendre esclave, délaissant l’essentiel (la vertu) pour ce qui n’en est
que l’accompagnement ou la conséquence. Celui qui poursuit le plaisir laisse échapper la
vertu et se trouve posséder par lui.
Pour se remédier contre le plaisir, il faut supprimer tous les plaisirs qui peuvent nuire
notre paix intérieure. Quant aux choses que nous aimons, il faut savoir ce qu’elles sont
véritablement afin que nous pourrions avoir un bon jugement en elles. Par exemple : nous
aimons un pot de terre, il faut savoir que nous n’aimons qu’un pot de terre, par conséquent,
s’il casse, nous n’en soyons pas troublés. Si nous aimons une personne, il faut savoir que nous
aimons un être mortel. Par conséquent, s’il est mort, nous ne serons pas troublés.
Les méfaits des passions.
Les passions sont des maladies intellectuelles et des maladies de l’âme. Elles
proviennent toutes d’une erreur de jugement, d’une opinion erronée, d’une adhésion donnée
à une représentation fausse. Les passions ont une influence sur l’ensemble de l’organisme
humain. Elles sont, en effet, les causes de trouble de la partie raisonnable de l’âme, qui
provoquent aussi ensuite des infirmités du corps.
Selon les stoïciens les passions sont mauvaises et contres nature, car elle infecte la
raison. Donc, elles peuvent détourner l’homme de la connaissance vrai qui est l’œuvre de la
raison elle-même. En plus, c’est par sa droite raison que l’homme cherche le bonheur. Ce sont
les passions qui corrompent cette recherche de vie heureuse en infectant la raison, car
l’homme ne peut plus vivre selon la nature, selon sa propre raison. Cela se résulte que les
passions provoquent de l’aliénation. Un homme est aliéné lorsqu’il devient étranger vis-à-vis
de lui-même. Il ne raisonne plus conformément à sa raison.
Pour dépasser ces passions, la morale stoïcienne demande de les supprimer, en
adoptant les bonnes affections ou passions saines, c’est cela l’apatheia. En plus, cette morale
demande aussi l’usage de la raison ou la pratique de la vertu. Pour rester insensible aux
passions, les stoïciens recommandent d’être vertueux. La vertu repose sur la raison et
l’homme vertueux c’est l’homme raisonnable qui conforme sa vie à la nature et à la raison.
21
Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit., p. 103.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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II.3. Le concept de l’apatheia et la pratique des vertus.
La vie sans passion et la vie vertueuse sont complémentaire chez les stoïciens, et ces
deux principes inséparables confirment la conception morale de cette tendance philosophique.
Surtout en ce qui concerne : la vie conforme à la nature et la maitrise de la pensée. Nous allons
voir donc l’apatheia et les vertus recommandées, dans la conception stoïcienne.
Le concept de l’apatheia.
Etymologiquement, le mot apatheia vient du mot latin a- pathos (passion), qu’on
traduit par impassibilité, absence de passions, ou tranquillité de l’âme.22 Pour les stoïciens,
c’est l’apatheia, l’absence de passions, qui est la voie accessible au bonheur pour l’être
humain. Cela confirme ce que nous avons déjà vu que ce sont les passions qui nuisent la paix
de l’âme. Alors, pour pourvoir la restaurer, il est nécessaire de supprimer ces passions et
adopter les bonnes affections. C’est ainsi consiste le concept de l’apatheia chez les stoïciens.
Face à la crainte qui est une anticipation irrationnelle de ce qui est mauvais ou
nuisible, il faut la substituer par la prudence : une aversion rationnelle au vice et aux choses
vraiment nuisibles. La prudence est le contraire de la crainte, car elle est une circonspection
raisonnable, en effet le sage n’a jamais peur, mais il prend toujours garde.
Quant au désir qui est un effort irrationnel vers ce qui est considéré comme bon ; il
convient de le remplacer par la volonté : un assentiment rationnel pour la vertu. La volonté
est une décision qui vient de la raison. Elle est réfléchie et consciente, car pour qu’une acte
soit volontaire, elle doit passer par quatre étapes : l’évocation des motifs, la délibération, la
décision, et l’exécution.
Pour le plaisir : une exaltation irrationnelle face à ce qui, en réalité, ne vaut pas la
peine d’être choisi ; il consiste de l’échanger par la joie, qui est une exaltation rationnelle face
à la vertu. Selon les stoïciens, la joie est l’opposé du plaisir, car elle est une ardeur raisonnable,
tandis que le plaisir est une ardeur déraisonnable.
La pratique des vertus.
La vertu est une disposition bien accordée dans la vie humaine, elle demande la
conviction intérieure du sujet.23 C’est en elle que réside le bonheur, car nous avons déjà vu
que pour les stoïciens, le souverain bien c’est la vertu. Nous allons évoquer donc les quatre
principales vertus dont le stoïcisme réclame à pratiquer pour avoir le bonheur.
22
23
« Le stoïcisme » in Larousse en ligne, op.cit.
Cf., Jean BRUN, Le stoïcisme, op.cit. p. 95.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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En premier lieu, il y a la prudence qui nous enseigne les choses dont nous devons
faire, ainsi que la manière pour effectuer ces dernières. Elle nous procure aussi la
connaissance des biens et des maux. C’est elle qui dispose la raison pratique à discerner en
toute circonstance le véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir.
Ensuite, la justice qui nous enseigne à bien répartir, à bien partager. Elle est une
constance et une ferme volonté de donner à chacun ce qui lui est dû.
Puis, le courage, celui qui assure dans les difficultés, la fermeté et la constance de
poursuivre le bien. Le courage renforce en nous la résolution de résister aux tentations. Il nous
donne la force et l’endurance de surmonter les obstacles dans la vie morale.24
Enfin, la tempérance : la vertu qui aide l’être humain à maitriser sa volonté sur
l’instinct, et à maintenir ses désir pour qu’il ne se dévier pas. Elle est la disposition en
l’homme à bien choisir et à avoir un équilibre.
C’est en conséquence l’art de vivre (avec ces vertus) prôné par les stoïciens quand
on ne veut pas atteindre par les passions.
24
Cf., « Stoïcisme », in https://www.histophilo.com/stoïcisme.php, consulté le 20 décembre 2019.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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III. Apports philosophiques.
Pour lire panoramiquement les points forts qui constituent la morale stoïcienne, nous
proposons ici une conception de la sagesse chez les stoïciens. Autrement dit, qu’est-ce que le
sage selon eux ? Puis, il est inévitable de voir quelques idées d’autres auteurs sur la passion
et le bonheur pour voir les limites de la morale stoïcienne.
Le sage, selon les stoïciens.
Le sage vit conformément à la nature, c’est-à-dire en accord avec la raison. Le sage
a vie raisonnable. Il n’est pas un ermite, mais un membre de la société. Il est citoyen du
monde. « Le sage vit dans la chère cité de Dieu »25. Les hommes sont liés par les mêmes
causes qui s’entrelacent dans la nature. La loi universelle de la nature doit également régner
dans les cités. En cela, le sage accorde son assentiment à cette loi universelle de la nature. Il
vit en accord avec la raison divine.
Le sage est un homme vertueux. Il règle ses désirs sur ce qui dépend de lui : ses
propres opinions et ses propres actions. Étant parfait en tous ses actes et ses décisions, il ne
cède jamais aux passions pour ne pas commettre des actes contraire au Logos. Par conséquent,
il n’est jamais passionné parce que ses jugements sont vrais. Il est libre dans son jugement sur
les choses. Le sage ne connaît « ni l’espoir ni la crainte ». Le sage se complaît à ce qui arrive.
Il éprouve un réel bonheur à tout supporter avec courage. Il est aussi homme d’action et
homme du présent.
Pour Epictète, l’homme vulgaire : n’attend jamais de lui-même profit ou dommage,
mais des choses extérieures. Or la conduite et caractère du philosophe (du sage) : « il n’attend
tout profit et tout dommage que de lui-même »26. Cet auteur établit des indices pour savoir
celui qui progresse dans la sagesse. Pour lui, le sage ne blâme personne, il ne loue personne,
il ne se plaint de personne, il n’accuse personne. Quant à sa propre personne il ne dit rien de
lui-même comme de quelqu’un d’importance ou qui sait quelque chose. Quand il est
embarrassé et contrarié, il ne s’en prend qu’à lui-même. Quand on le loue, il rit à part soi de
celui qui le loue ; et, quand on le blâme, il ne se justifie pas. Le sage supprime tout désir en
lui.27 Le sage vit donc pleinement l’apatheia. Il est maître de lui-même.
25
Marc AURELE, Pensées pour moi-même - Manuel d’Epictète, Garnier Flammarion, Paris, 1964,
chap. V.
26
Epictète, Manuel, op.cit., p. 230.
27
Cf. Epictète, ibidem, p. 230.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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Autres visions sur la conception de la passion et du bonheur.
Nous voyons chez les stoïciens que pour vivre heureux, il faut supprimer les
passions. Face à cela, il y a des penseurs qui voient en la passion des propriétés bénéfiques
pour l’homme. Pour eux, condamner les passions c’est couper à l’homme d’une partie
essentielle de lui-même. Sans doute, il y a quelque fois des idées qui se complètent. En cela,
nous allons voir Spinoza, Pascal et Hegel.
Spinoza
Spinoza estime que les passions résultent des nécessités naturelles. Dans le livre III
de l’Ethique, il confirme que : les affects désignent les passions et désirs humains. Ce serait
une erreur de considérer qu’ils sont contre-nature.28 Dans la distinction des différentes
passions, Spinoza adopte une autre façon que celle des stoïciens. En cela, il considère
plusieurs passions utiles pour que l’homme soit heureux. Par exemple : la gloire, le louange,
la vénération, l’espoir sont considérés par Spinoza comme des passions joyeuses qui élèvent
et augmentent l’adhésion de l’homme au monde. Ces passions se rattachent beaucoup sur des
choses qui ne dépendent pas du sujet, mais il doit les avoir s’il veut être bien adhérer dans le
monde.
Pascal
Les stoïciens sont des philosophes un peu orgueilleux dans son système
philosophique. Pour eux, le sage est un homme parfaitement vertueux, et dont la raison est
capable de contrôler tout. Le sage peut maitriser tout, par sa raison et sa connaissance de la
nature. Pascal : « Ce que les Stoïciens proposent est si difficile et si vain ! Les Stoïques posent
: tous ceux qui ne sont point au haut degré de sagesse sont également fous et vicieux »29. Ce
n’est pas étonnant donc si Pascal présente le stoïcisme d’Epictète « comme doctrine qui a
oublié la faiblesse de l’homme, qui a trahit sa grandeur ». Car, pour Pascal, la grandeur de
l’homme se manifeste dans sa conscience de sa faiblesse ; autrement dit, l’homme prouve sa
grandeur quand il est conscient qu’il est faible). En cela donc, l’homme ne peut pas trouver
le bonheur en lui-même, dans sa seule liberté.
En revanche, comme l’être humain a assez de sens pour reconnaître ses faiblesses, il
peut juger que le seul moyen de pouvoir vivre en paix dans ce monde est de nouer des relations
avec le surnaturel. C’est avec Dieu que l’homme peut trouver une assurance absolue. Cela
s’ensuit que le bonheur pascalien est paradoxal. Il est en nous et hors de nous aussi.
28
29
Cf. Spinoza, L’éthique, Rocher, France, 1974, p. 143.
Blaise PASCAL, Pensées, 1973, Librairie Générale Française, Paris, 1978, p. 132.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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Hegel
Hegel considère la passion comme concentration dans l’individu des forces et des
besoins tendus vers un but. C’est comme un moteur du développement des œuvres artistiques,
techniques et politiques. Hegel affirmait que : « rien de grand ne s’est accompli dans le monde
sans passion »30.
CONCLUSION
Chez les stoïciens, le souverain bien consiste à suivre la nature ; donner son
assentiment à la nature est la condition du bonheur. Cela peut résumer l’éthique de cette
philosophie, qui se ramifie par sa doctrine physique et logique. La sagesse est une condition
du bonheur. Elle se définit surtout par une vie sans passions. Bonheur et sagesse répondent
au même principe : suivre la nature, vivre en accord avec la raison, ne se laisse pas égarer par
les passions. C’est ainsi se manifeste la vrai liberté. Autrement dit, l’homme ne peut être
heureux si son âme n’est pas en bonne santé. Contre à l’Epicurisme, les stoïciens affirment
que : le plaisir ne libère pas le bonheur mais il nous aliène. Celui qui se met à l’école du plaisir
n’a pas le souci de sa liberté : il cède sa liberté pour son ventre, son humanité pour son
animalité. Mais celui qui s’élève à la vertu acquiert la liberté. Dès lors, il faut apprendre à lier
bonheur, vertu et liberté : c’est cela l’enseignement profond de l’éthique stoïcienne.
Vu la réalité de notre monde actuel, qui vive dans l’angoisse : la guerre, la maladie,
la famine, la pauvreté. Presque partout, on voit les hommes passionnés de la crainte et de
douleur à cause de telle vie mélancolique. En cette dernière suscite l’être humain à désirer
d’autres satisfactions qui se dévient souvent sur les plaisirs corporels. Et là, c’est encore la
passion de désirer ce qu’on n’a pas. On désire ce qu’on ne pourra pas. En fait, la passion
augmente en l’homme. Il a l’ardeur, souvent déraisonnable, de chercher le meilleur pour se
satisfaire. « Vivre sans passion : une voie accessible au bonheur » est une solution pour la
génération actuelle dans la recherche de la vie heureuse ?
30
LE GUEN, « Hegel, La raison dans l’Histoire », http://philonet.free.Fr/passions.Htm., consulté le
27 décembre 2019.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
Livres et cours
 AURÈLE Marc, Pensées pour moi-même - Manuel d’Epictète, Garnier Flammarion,
Paris, 1964.
 BARUCH Spinoza, L’éthique, Rocher, France, 1974.
 BRUN Jean, Le stoïcisme, P.U.F., Paris, 1992.
 GAARDER Jostéin, Le Monde de Sophie, Seuil, Paris, 1995.
 PASCAL Blaise, Pensées, 1973, Librairie Générale Française, Paris, 1978.
 R.P. RAKOTOMAMONJY Jean Debré, Au chemin de la sagesse – l’Antiquité,
ISSaPhi, 2018 – 2019.
 RUSS Jacqueline, Les chemins de la pensée, Bordas, Paris, 1999.
Recherches sur internet

« Stoïcisme »,
https://www.histophilo.com/stoïcisme.php,
consulté le 20 décembre 2019.

« Le stoïcisme » in Larousse en ligne,
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/stoïcisme/93970,
consulté le 28 décembre 2019.

LE GUEN, « Hegel, La raison dans l’Histoire »,
http://philonet.free.Fr/passions.Htm.,
consulté le 27 décembre 2019.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne »
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TABLE DES MATIERES
RESUME ................................................................................................................................. 1
INTRODUCTION ................................................................................................................... 2
I.
Généralité sur le stoïcisme. ....................................................................................... 4
I.1.
Notion sur le système philosophique stoïcisme. ................................................... 4
I.2.
La philosophie stoïcienne...................................................................................... 5
I.3.
La conception morale stoïcienne........................................................................... 6
II.
L’apatheia : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne. ............. 9
II.1. Le bonheur et la conception stoïcienne des passions. ........................................... 9
II.2. Les principales passions, ses méfaits et ses remèdes respectifs. ......................... 10
II.3. Le concept de l’apatheia et la pratique des vertus............................................... 13
III. Apports philosophiques. ......................................................................................... 15
CONCLUSION ..................................................................................................................... 17
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE............................................................................. 18
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 19
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