
1
Question d’Histoire de l’art moderne et contemporain
Cours 1, 5 février 2018
Picasso et l’abstraction
Introduction
Position particulière dans l’histoire de l’art. Picasso apparait comme une figure tutélaire très encombrante. Il y a un
côté ogre chez Picasso, inventeur du langage artistique du XXe siècle. Il a à chaque fois pris le contrepied de sa
création en l’abandonnant dans son avancement. Dans les années 30, son activité artistique est frénétiquement liée à
l’inflammation affective. Lorsqu’il n’est plus amoureux, il quitte la femme et l’endroit où il vit avec cette femme. A
chaque changement de lieu, il y a une nouvelle relation de l’œuvre au lieu, de courant. Tourner la page est fréquent
chez le peintre, évidemment l’œuvre de Picasso se décline dans une série de période, des matériaux, mais on pourrait
aussi parler des lieux comme la Rue des Augustins à Paris par exemples. On peut multiplier les modes d’approche,
nous allons étudier le point de vue de l’abstraction. L’œuvre de Picasso se décline en toute une série de période, de
thèmes, d’approche, de matériaux, de lieux etc.
Ici, on va s’intéresser au rapport à l’abstraction. Par la diversité des sujets et des entrées qui témoignent d’une volonté
de maitrise sur l’œuvre et du discours sur l’œuvre ainsi que l’image de l’artiste. Par la diversité des sujets, par cette
matrice du discours sur l’oeuvre et l’image de l’artiste, Picasso est un artiste qui a produit une succession de mythes.
Vers 1948, Picasso vise le marché américain. Alors que le XIXe siècle était un siècle européen, l’Europe s’est suicidée
au XXe siècle avec les deux guerres mondiales. Il y a donc une dynamique américaine qui supplante la dynamique
européenne. Picasso va être payé pour une interview et il a posé en caleçon américain de sorte qu’il se montre comme
un artiste intégré à l’Amérique. Il a un véritable sens du marketing. Les mythes de Picasso sont des images qu’il
véhicule avec l’obsession qu’il crée une forme de créativité et que cette dernière est une preuve de force. l’idée de
modernité chez lui est une forme de combat. Cette idée qu’il se présente comme un lutteur alors que c’est un petit
homme. L’abstraction est aussi un mythe. Picasso, fondateur de l’abstraction. C’est un mythe qu’il n’a pas voulu
endosser (cubisme, art moderne, surréalisme, il assume mais pas l’abstraction).
Déjà la notion d’abstraction est un terme ambigu qui dès 1910 traduit une transformation de l’art picturale. On
pourrait le considérer comme une clôture de l’humanisme (jusqu’à la naissance des avant-gardes). Les conditions du
présent changent et on ne peut plus penser comme l’homme de la renaissance. Ce dernier par son cogito ergo sum va
violenter la nature. Sur base d’un a priori, les objets prenaient leur place par rapport aux autres. La renaissance :
l’homme est la renaissance de toute chose. Il y a un humano centrisme. Quand on arrive au XXe siècle, les villes qui
deviennent des magalopoles, il y a le téléphone etc. Les conditions de vie changeante on se considère dans une autre
époque. Le contexte change et on ne peut plus penser comme un homme de la renaissance. ce dernier est
philosophique et ordonne la nature, il la violente. Il crée une structure dans laquelle il place des objets sans qu’ils
aient une logique symbolique ou psychique. Pendant la renaissance, on prend l’homme comme la mesure de toute
chose et il définit des principes par rapport à ce dernier. Quand on a arrive à la fin du 19ème, on a une société qui
bouge, qui se transforme, les conditions de vie changement ce qui nous mène dans une autre époque, ces éléments
vont changer la manière de penser et ont l’ambition de sortir de l’humanisme. L’abstraction est revendiquée comme
une révolution, un nouveau langage pour une époque qui clôture l’humanisme.
Si l’abstraction a été considérée comme une révolution c’est parce qu’elle apparait comme un nouveau langage qui
se pose comme une clôture de l’humanisme. D’une certaine façon, Picasso n’en veut pas car il tient au statut de
l’artiste comme génie notamment (il y a pleins d’autres raisons).Il y a l’intérieur de cette société d’hommes du
commun, des hommes moins commun que d’autres qui tirent parti de leur vie du commun pour dire les choses
autrement. Il y a une vision individualiste chez Picasso alors que les avant-gardistes se voient plus comme des
visionnaires qui voient aujourd’hui ce qu’est le monde de demain. Kandinsky voit à cela l’image d’un triangle. De la
base, vers le sommet, il y a des personnes de plus en plus initiées. En étant initié, il y a dans cette dynamique une
idée de ce qui pourrait être l’art de demain. Au sommet, il y a l’artiste ou le philosophe qui voit plus loin. C’est un
sentiment d’avoir une longueur d’avance et qu’en étant initié, il y a une dynamique de préscience de ce que pourrait
être l’art de demain. Pour Picasso c’est une vision très prétentieuse et tautologique. C'est-à-dire que dans un groupe,
il y a une instance légitimante et celle-ci permet d’avoir cette dynamique de reconnaissance de l’œuvre.
Il va y avoir une cristallisation de groupes sociaux qui vont se légitimer mutuellement. Un artiste qui produit n’a
aucune légitimité si ce n’est que quelqu’un va y mettre une intention. Il y a donc une autorité qui va se mettre a écrire,