comprendre quelque vérité profonde ou une Ecriture, elles seules pouvaient nous donner la
solution.
Une fois, j’enseignais les Brahma Sutras. C’est l’un des livres les plus abstrus de la littérature
védantique. J’expliquais à mes étudiants des aphorismes que moi-même, je ne comprenais pas
réellement et ils paraissaient satisfaits, mais moi, je ne l’étais pas ! Aussi, le soir, je me rendais
auprès d’un Swami qui en fait n’avait pas étudié les Ecritures. Il ne savait même pas signer son
nom, mais ses connaissances étaient incomparables. Il dit : ‘’Vous ne comprendrez jamais ces
aphorismes abrupts, si vous n’avez pas l’expérience directe.’’ Puis, il me raconta cette histoire
pour m’aider à comprendre la différence entre la connaissance directe et indirecte.
LA VACHE !
Un Maître avait un étudiant qui n’avait jamais vu de vache, ni goûté de lait, mais qui savait que
le lait était nourrissant, aussi voulait-il trouver une vache, la traire et boire le lait. Il se rendit
auprès de son Maître et demanda : ‘’Est-ce que vous vous y connaissez en matière de vaches ?’’
Le Maître répondit : ‘’Evidemment !’’ L’étudiant demanda : ‘’Décrivez-moi une vache, je vous
prie.’’ Et donc, le Maître lui décrivit une vache : ‘’Une vache a quatre pattes. C’est un animal
domestiqué et docile qu’on ne trouve pas dans la forêt, mais dans les villages. Son lait est blanc
et il est très bon pour ta santé.’’ Il lui décrivit ensuite le genre de queue et le type d’oreilles
qu’elle avait et tout le reste.
Après cette description, l’étudiant partit à la recherche d’une vache et en chemin, il tomba sur
la statue d’une vache. Il la regarda et il songea : ‘’C’est certainement ce que mon Maître m’a
décrit !’’ Par hasard, ce jour-là, des gens qui vivaient tout près blanchissaient leur maison à la
chaux et il y avait un seau de lait de chaux près de la statue. L’étudiant le vit et il en conclut :
‘’Ceci doit être le lait réputé si bon à boire !’’ Il avala d’une traite un peu du lait de chaux et il
devint tellement malade qu’on dut le conduire à l’hôpital.
Après son rétablissement, il retourna voir son Maître et l’accusa vertement : ‘’Vous êtes nul en
matière d’enseignement !’’ Son Maître demanda : ‘’Quel est le problème ?’’ L’étudiant
répondit : ‘’Votre description d’une vache manquait totalement de précision !’’
‘’Que s’est-il passé ?’’ Il le lui expliqua et le Maître demanda : ‘’As-tu trait toi-même la vache ?’’
‘’Non !’’ ‘’C’est la raison pour laquelle tu as souffert !’’
La raison de la souffrance des intellectuels actuels, ce n’est pas qu’ils ne savent réellement pas.
Non, ils s’y connaissent un peu, mais ce qu’ils savent n’est pas leur connaissance propre et c’est
la raison pour laquelle ils souffrent. Un peu de savoir ou une connaissance partielle est toujours
dangereux, c’est comme des vérités partielles. Une vérité partielle n’est pas du tout la vérité.
C’est pareil pour les connaissances partielles. Le sage perçoit directement la Vérité.
Le sage qui ne connaissait même pas l’alphabet dissipait toujours mes doutes. Une étude
systématique sous l’égide d’un Maître autoréalisé et compétent aide à purifier l’ego, sinon les
connaissances scripturaires rendent égoïste. L’intellectuel actuel ne fait que collecter des
données de livres et d’Ecritures variées. Sait-il réellement ce qu’il fait ? Alimenter l’intellect avec
de telles connaissances, c’est comme manger des aliments qui n’ont aucune valeur nutritive.