Un autre étudiant (E2) : Professeur, la chaleur existe-t-elle ?
P : Oui.
E2 : Et le froid existe-t-il ?
P : Oui.
E2 : Non, monsieur. Cela n’existe pas !
(L’amphithéâtre devient très calme avec la tournure des événements.)
E : Monsieur, vous pouvez avoir beaucoup de chaleur, toujours plus de chaleur, de la super
chaleur, de la méga chaleur, de la chaleur incandescente, un tout petit peu de chaleur ou pas
de chaleur du tout. Mais nous n’avons rien en terme de froid. Vous pouvez atteindre les 273°
degrés sous 0, ce qui est 0 chaleur, mais nous ne pouvons pas aller plus loin que cela. Il n’y a
aucune chose, telle que le froid. Le froid n’est qu’un mot que nous utilisons pour décrire
l’absence de chaleur. Nous ne pouvons pas mesurer le froid. La chaleur est énergie. Le froid
n’est pas le contraire de la chaleur, monsieur, c’est juste l’absence de chaleur.
(A présent, on entendrait voler une mouche dans l’amphithéâtre…)
E2 : Qu’en est-il de l’obscurité, professeur ? L’obscurité existe-t-elle ?
P : Oui ! Qu’est-ce que la nuit, s’il n’y a pas d’obscurité ?
E2 : Vous avez tort, encore une fois,
monsieur ! L’obscurité, c’est l’absence
d’une chose. Vous pouvez avoir une
faible lumière, une lumière normale,
une lumière brillante, une lumière
clignotante…Mais sans lumière
constante, vous n’avez rien et on
appelle cela l’obscurité, n’est-ce pas ?
En réalité, l’obscurité n’existe pas. Si
elle existait, vous pourriez rendre
l’obscurité plus obscure, non ?
P : Où veux-tu en venir, jeune homme ?
E2 : Monsieur, je veux en venir au fait que votre prémisse philosophique est viciée.
P : Viciée ? Peux-tu expliquer comment ?
E2 : Monsieur, vous travaillez sur la base de la dualité. Vous soutenez qu’il y a la vie et puis,
qu’il y a la mort, un bon Dieu et un mauvais Dieu. Vous considérez le concept de Dieu
comme une chose finie, une chose que l’on peut mesurer. Monsieur, la science n’est même
pas capable d’expliquer une pensée. Elle utilise l’électricité et le magnétisme, mais elle n’a
jamais vu et encore moins pleinement compris l’une ou l’autre. Considérer la mort comme
l’opposé de la vie, c’est ignorer le fait que la mort ne peut exister comme une chose