JE SUIS CE QUE JE CHERCHE JOHN WHEELER Echange d’e-mails extrait de ‘‘Right here, right, now : Seeing your true nature as present awareness’’ Question : Il est bon de partager ‘’ce qui est’’. Je trouve que ‘’cela’’ s’anime, d’une certaine manière, quand on en parle ou quand on écrit à son propos. C’est drôle, mais je me rappelle avoir ressenti ce sentiment de plénitude et de certitude, bébé et bambin ! Tout était, simplement, et il n’y avait rien à y faire – simplement en profiter, même si bien sûr, il n’y avait pas de mots. Je me souviens d'être allée à l'école (j'avais des parents très religieux) et d'avoir réalisé qu'il y avait des conditions à remplir ― Brusquement, le monde de la théorie m’était tombé dessus, même si bien sûr, je n’avais aucune idée de ce qu’il en était. J’étais si innocente. Pourquoi devrais-je ne pas croire ce que me disaient ceux qui m'aimaient manifestement ? Mais je suis passée de l'autosuffisance et de la plénitude, de la satisfaction et de la joie, à un monde dans lequel je ne pourrais jamais tout à fait être à la hauteur. Je suis une âme artistique et j’ai toujours vécu dans l’imagination créative, ce qui était tourné en dérision et rabaissé. La seule constante dont je puis me rappeler de l’école, que j’avais en horreur, c’était que l’on me répétait à tire-larigot de redescendre de mon univers de rêves et pour finir, bien sûr, l’obéissance a pris le dessus.1 Je pensais qu’il y avait quelque chose qui 1 Je songe avec amusement à l’écrivain britannique, Thomas Carlyle, cité par Jack Haas dans ‘’La voie de l’émerveillement’’ qui déclara : ‘’Mes professeurs étaient des pédants rigides dépourvus de la connaissance de la nature de l’homme ou des enfants et de quoi que ce soit à part leurs lexiques et leurs livres de compte trimestriels. Ils nous enfoncèrent dans la tête d’innombrables vocables morts et ils appelèrent cela nourrir la croissance de l’esprit. Comment un grammairien sans âme et mécanique ― le genre que l’on fabriquera de toutes pièces en bois et en cuir à Nuremberg dans un siècle à venir ― peut-il bien nourrir la croissance de quoi que ce soit, qui plus est de l’esprit qui croît, non pas comme un légume…mais comme une âme, par contact mystérieux avec l’Esprit ? Un homme (vrai) s’intéresse beaucoup au sentiment d’émerveillement ; il insiste sur la nécessité et sur la haute valeur de l’émerveillement universel qu’il considère comme la seule tentation raisonnable pour l’habitant d’une planète aussi singulière que la nôtre. L’émerveillement…c’est la base de l’adoration ; le règne de l’émerveillement est éternel, indestructible en l’homme… Car l’homme ne sachant pas s’émerveiller, ne s’émerveillant pas normalement… n’est qu’une paire de lunettes derrière n’allait pas chez moi et qui allait bien chez ‘’eux’’. J’ai lutté, je me suis efforcée d’acquérir des compétences intellectuelles - ce qui était vraiment ironique, puisque je suis devenue extrêmement malheureuse et parce que j'ai passé les trois décennies suivantes à être réprimandée par des instructeurs spirituels, parce que j’étais trop intellectuelle ! En bref, suivant ma perception déformée, il y a toujours eu quelque chose qui n’allait pas chez moi et que d'autres ont réussi à corriger. Je vois maintenant mes années de recherche spirituelle comme une sorte de prolongation de ce qui s'est passé à l'école. Il y a toujours un guru ou un maître de premier plan qui avait les réponses, qui savait mieux, qui pouvait me remettre sur le droit chemin. J’étais toujours en situation de révérence, de déférence, ne trouvant jamais parfaitement ce que j’avais déjà. Quel ridicule ! Je pense que c’est sans doute l’expérience d’autres ‘’apparences’’. On nous a bourré le crâne avec le fait que la théorisation est capitale par rapport aux choses et il est très difficile de faire marche arrière, de faire réellement confiance à cette ‘’tabula rasa’’ à laquelle on nous a dit de renoncer, quand nous avions trois ans et il semble que c'est de là que viennent toutes les questions - ce besoin implacable de recherche intellectuelle qui fait tellement partie de la mentalité occidentale. Ce qui s'est passé pour moi est double. J'ai réalisé que la recherche n’aboutit à rien, ou plutôt, des réponses peuvent être fournies, mais elles sont provisoires, puisqu’elles ne sont que des indications. Elles ne sont pas ce qui est réellement. Je me suis progressivement rendue compte que je lisais et relisais un menu plutôt que de m'asseoir pour manger ! Et en outre, il y a la réalisation émergente de ce qui est déjà connu. C'est comme si les effluves de la cuisine titillaient la Conscience et que le menu perdait de son charme !2 laquelle il n’y a point d’Œil. Et – toujours citée par Jack Haas – Ramtha corrobore cette position en affirmant : ‘’...On ne nous a appris que ce que nous ne sommes pas, pas ce que nous sommes…Car l’homme, le chercheur de vérité timide désirant si désespérément être accepté, écoutera n’importe quelle folie…L’atrocité d’avoir l’esprit ainsi fermé, c’est que cela vous empêche de connaître la joie. Cela vous empêche de connaître la gloire de vous-même et de Dieu. Tant que vous avez un esprit cloîtré et que vous vivez et que vous pensez conformément à la conscience sociale, vous ne vous aventurerez jamais dans l’inconnu et vous ne contemplerez jamais la possibilité de réalités plus grandes.’’ (Destination Freedom, pp.146, 180) David Icke déclare encore : ‘’L’éducation semble être une chose merveilleuse, je suis d’accord, aussi il est temps d’en avoir une. Nous n’avons pas d’éducation aujourd’hui, nous avons de l’endoctrinement. Les enseignants sont devenus des enseignants en répétant au système ce qu’il veut entendre, parce que c’est la seule façon de passer leurs examens. Si on n’avale pas la version de la vie du système, on ne devient pas professeur ni enseignant. Ensuite, ils doivent répéter la même histoire aux étudiants de la génération suivante. Sinon, ils ne resteront pas professeurs ni enseignants. Leurs étudiants notent tout cela et s’ils ne remplissent pas leurs feuilles d’examen avec ce que le système exige, ils ne réussissent pas leurs examens. C’est un cycle qui s’autoperpétue…Une fois que vous avez conditionné une génération avec une version étroite de la réalité, en tant que parents et enseignants, ils endoctrineront la génération suivante à croire la même chose. Cela se transmet de génération en génération.’’ (Lifting the Veil, p.130) Les choses ont-elles réellement beaucoup changé ?, NDT. 2 Ici, je ne résiste pas au plaisir de citer encore une foi Carlyle qui fustige ainsi un de ses anciens ‘’professeurs’’ : ‘’Tu n’auras aucun mystère, ni mysticisme, tu arpenteras le monde à la lumière de ce que tu appelles la vérité, ou même éclairé par la lanterne de ce que j’appelle une logique de procureur et tu ‘’expliqueras’’ tout, ‘’justifieras’’ tout ou tu ne croiras rien ? Non, tu tenteras de rire. Mais celui qui reconnaît le domaine insondable, omniprésent du Mystère, qui est partout sous nos pieds et à portée de mains, pour qui l’univers est un oracle et un temple ainsi qu’une cuisine et une étable, sera un mystique délirant à qui, avec une charité dédaigneuse, tu tendras ostensiblement ta lanterne et tu hurleras, comme si on te blessait, quand il lui jettera un coup de pied…Retire-toi en privé avec tes ricanements stupides ou mieux même, renonces-y et pleure ― non pas que le règne de l’émerveillement soit terminé, mais parce que tu n’as été jusqu’ici qu’un dilettante et un pédant aveugle...’’(Sartor Resartus, pp. 50, 52, 80). Toute la thématique est admirablement bien traitée dans le chapitre 2 (Le mythe du savoir) du livre de Jack Haas, ‘’La voie de l’émerveillement’’, que vous pouvez télécharger librement sur ce site, NDT. Il y a quelques jours, ce fut un fameux choc de m’arrêter dans mon élan et de réaliser que ceci – cette expérience, cette simplicité de l’Etre – est Cela, que je suis Ce que je recherche. En fait, il y avait presque un sentiment de résignation, la certitude qu’il s’agit bien de cela et que je ferais donc mieux de m’y habituer ! Et tandis que je m’installe dans cette certitude et que la contrainte de la recherche s’affaiblit, il est vu qu’il y a une grande puissance et une grande force dans cette simplicité d’Etre que ces mots ne font qu’indiquer. J’avais l’habitude de prendre votre livre pour me nourrir.3 Ces jours-ci, je lirai un peu, puis ensuite je devrai mettre le livre de côté, parce que ce qui a été signalé est tellement vivant et vibrant que c’est une expérience plus attrayante que lire à son propos. ‘’Expérience’’ n’est bien sûr pas le terme tout à fait juste, mais vous savez bien ce que je veux dire. L’autre chose que j’observe, c’est la pure familiarité de ‘’cela’’. Quand il est vu que quelque chose nous est familier, les questions tombent. C’est comme rencontrer un étranger, lui poser beaucoup de questions, avant de réaliser que vous parlez à votre propre enfant. Les questions deviennent totalement inutiles. J’aime également le fait que tout cela est beaucoup plus simple qu’on ne me l’a fait croire. Toutes ces traditions spirituelles complexes auxquelles j’ai adhéré ! Toutes les choses que l’on devait faire pour être ‘’digne’’ ! Toujours porter du noir ou ne jamais porter du noir. Ne manger que de la nourriture pure ou toujours manger ce que vous voulez. Exprimer la vérité exactement comme vous la ressentez ou uniquement dire des choses encourageantes ou réconfortantes. Autant de complications et de contradictions – ce que le mental adorait ! Je vois à quel point ces traditions se nourrissent de la confusion plutôt que de la clarté. Toute cette ‘’dignité’’ et cette attente, alors que tout ce qui est signalé c’est cette simple Conscience nue et la richesse qui silencieusement l’habite, lorsqu’on s’arrête pour regarder. Merci de m’avoir encouragée à écrire à ce propos. Je sens que les choses se mettent en place et quand ce sera le cas, alors oui, c’est ce que je ferai probablement, si seulement pour la raison égoïste que j’ai pu observer que ce à quoi vous accordiez votre attention se renforce dans votre vie. J’ai nourri de mon attention tellement de faux départs. A présent, la Conscience va à la Conscience. La Conscience est consciente d’elle-même. Je veux laisser cela reposer pendant un moment et oui, si c’est possible, garder le contact. Je ne puis décrire à quel point je suis reconnaissante pour votre clarté. Il y a tellement d’enseignants qui éludent les questions épineuses ou qui réprimandent l’étudiant(e) qui les pose, mais vous n’esquivez pas la patate chaude. Vous la saisissez au vol et vous la faites frire ! Après tout, je n’ignore pas que le mental ne peut pas plus accéder à la vérité que les yeux ne peuvent regarder l’arrière de la tête, mais si les mots nous ont désenchanté de la simplicité de ce qui est, ils 3 Chose étrange, aucun livre de John Wheeler n’a encore jamais été traduit en français, au moment où je rédige ces lignes, alors que c’est peut-être l’enseignant non-duel le plus clair et le plus direct qu’il m’ait été donné de lire et j’en ai lu un paquet ! Son premier livre, Awakening to the natural state, a été publié en 2004, et plusieurs autres livres reprenant des entretiens et des échanges d’e-mails ont suivi, à raison d’environ un livre par an, et son site web a également disparu. Je suis heureux d’avoir pu modestement et bénévolement contribuer à diffuser son enseignement et on verra ce que l’avenir réservera, NDT. sont aussi en mesure de nous l’indiquer à nouveau. Il me semble que je n’ai plus de questions, mais je voudrais partager ce que je ressens, ce qui continue d’émerger.4 John : Vous vous exprimez magnifiquement. J’ai beaucoup apprécié votre partage de tout ceci. Il est clair que la simplicité de ceci a fait mouche. Il ne s’agit pas d’une appréciation intellectuelle, mais d’une expérience vécue et ressentie. Vos paroles le démontrent. Parce que vous écrivez si bien et parce que vous vous exprimez si bien, je suis certain que vous trouverez des moyens d’utiliser ces capacités, non seulement pour confirmer votre propre expérience et votre propre compréhension, mais également de manière à toucher d’autres personnes qui pourraient rechercher des indications ou des repères, tout comme ce fut le cas pour vous. La meilleure manière de retourner la faveur est simplement de la transmettre à d’autres personnes qui pourraient être intéressées. Transmettre le message, c’est comme verser le nectar d’un flacon sans fond. Plus vous donnez et plus il y a à donner. Vous êtes sur la bonne voie. Je me réjouis de voir ce qui va suivre à partir de maintenant. N'hésitez pas à rester en contact et à me faire savoir comment les choses se passent. Partage-pdf.webnode.fr 4 C’est également le dessein, l’optique ou la vocation de ce seva de traduction, comme du site partage-pdf.webnode.fr dans son intégralité, et dans le même ordre d’idées, le lecteur/la lectrice pourra encore se référer à l’excellent article de Phillip Cottingham, ‘’Introduire l’inspiration dans notre travail quotidien’’, NDT.