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CHINNA KATHA , VOLUME 1 - SATHYA SAI BABA

CHINNA KATHA
(VOLUME 1)
HISTOIRES ET PARABOLES EXTRAITES DES DISCOURS
DIVINS DE
BHAGAVAN SRI SATHYA SAI BABA
AVANT-PROPOS
‘’Oka Chinna Katha !’’ Si Bhagavan interrompt le flux de Son discours en cours avec ces
trois mots télougous qui veulent dire ‘’Une petite histoire !’’, toutes les oreilles se dressent
et tous les cœurs sont en alerte, car l’histoire qui va suivre est un éclair qui illumine, une
ondée qui rafraîchit, une plaisanterie qui chatouille, un médicament qui soulage, un aperçu
de la grandeur des épopées ou de l’absurdité prétentieuse, une parenthèse poétique ou une
pique hilarante, un air qui éclaire ou une dragée de perspicacité, une repartie cinglante ou
une volée de bois vert à l’encontre du cirque religieux. Ce peut être un récit stimulant du
passé ou la mention d’une comédie contemporaine ou peut-être encore un coup d’estoc à
l’encontre d’une dispute théologique ou une remontrance élégante à l’encontre d’un
dignitaire égoïste.
Si nous considérons son intérêt, la ‘’petite histoire’’ est un instrument efficace dans
l’arsenal pédagogique de Bhagavan. Dans Ses discours, les paraboles et les histoires
scintillent au firmament de Son amour et Il s’arrange pour que certaines touchent nos
cœurs et s’y nichent pour que nous les cajolions et que nous les chouchoutions jusqu’à ce
qu’elles fassent partie intégrante de nos pensées et de notre comportement. Voici un
bouquet parfumé et enchanteur de ces kathas multicolores pour notre plus grande
délectation, méditation et inspiration.
(Le premier recueil de ces ‘’Chinna Katha’’ a été réalisé par des membres du Cercle d’Etudes
Sri Sathya Sai de Delhi et par l’Atelier Prasanthi de Madras et il a été publié en 1975 par le
Sri Sathya Sai Seva Samithi de New Delhi).
Prasanthi Nilayam
Sankranti, le 14/01/1978
N. Kasturi
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SOMMAIRE
Vinayaka, le leader de tous
La grâce du maître confère la gloire éternelle
Allumer la lampe de la sagesse
Le Seigneur n’a pas de forme fixe
Les fruits sacrés de l’action
Le double du prix !
Demander le meilleur à Dieu
Chacun doit avoir foi en lui-même
Trop de richesses peut changer la qualité d’une personne
L’égoïsme ne marche jamais dans les questions relatives à Dieu
Un disciple stable vaut mieux que mille girouettes
Les trois meilleures choses
Comment faire face à une mauvaise habitude
Matru Bhakti doit précéder Iswara Bhakti (le dévouement à la mère doit précéder le
dévouement à Dieu)
Se déprécier est une forme d’égoïsme
La dévotion des gopis
Les femmes ont plus de dévotion que les hommes
Quiconque s’en remet au Seigneur, Rama l’accepte
Les trésors uniques de l’humanité
La dévotion d’Adi Shankara à l’égard de son père entraîne la grâce divine
La couverture de maya (l’illusion) et l’ours
Le ‘’Tanesha Bharata’’ de Tenali Ramakrishna
La sadhana de Sabari
La conférence mondiale des animaux
Chercher le point de vue de Dieu
Le principe du Soi est unique et le même en tous
Une base unique, différents réceptacles
Le bon chemin qui mène à la libération
Tout acte du Seigneur a son importance
La dévotion d’Hanuman
Karna, le généreux donateur
Quel détachement ! L’histoire de Mohajith
Ne jamais juger la dévotion d’un autre
Avec Dieu à vos côtés, le monde est entre vos mains
Dharmaraja pleure la mort de Karna
Krishna est la visualisation de l’Atma
Narada Bhakti Sutras
Jouer avec le nom de Dieu
Chaitanya, l’incarnation de Krishna
La plus grande peine chasse la moindre peine
La compassion est le signe des grands
La récompense d’une aspiration sincère
Qu’y a-t-il de plus étonnant ?
La meilleure amie pour la vie
Les plaisirs matériels sont comme l’emprise du serpent
Le son est sacré
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Brahman est omniprésent
Tout laisser à la volonté de Dieu
Dieu se fait connaître aux animaux et aux oiseaux
La messagère des gopis
On ne peut pas repeindre le monde !
Lakshmana conseille Guha
La bhakti de Kalidasa supérieure à sa yukti
Comment Bharatha vénérait Rama
Pratiquer la maîtrise de soi avec une foi ferme et solide
Le Seigneur se soucie du sentiment qui motive l’acte
Le guru, l’ultime recours
Etre dépourvu d’égoïsme est la première qualification d’un bhakta
Prisonnier du désir
Les pensées affectent la nourriture que l’on cuisine
Les yagnas et les yagas ont une très grande valeur
La ténacité et la foi profonde gagnent la grâce du Seigneur
Le détachement mène à l’aspiration la plus profonde pour Dieu
Les superstitions et l’imitation aveugle
En ce qui concerne le domaine spirituel, il n’est jamais trop tôt
Radio transistor ou coffret de barbier ?
Le pitambara de Kabir pour le Seigneur
‘’Dharma bodha’’, l’authentique dharma d’un mahatma
Chaque objet matériel possède une différence qualitative et quantitative
Rabbia Malik et Hussain
La foi et la science
Maya a la capacité de gâcher notre vie
L’affection et l’attachement sont responsables des joies et des peines
Le secret d’une famille heureuse
L’opulence, une tentation fatale
Mieux vaut se soumettre à Dieu qu’à l’homme
Quel est le sens de la rasakrida ?
S’en tenir à sa nature innée, quoi qu’il arrive
Accomplir son travail intelligemment
Agir de manière appropriée pour récolter les fruits
Le langage, révélateur de l’éducation
Absorber les bonnes idées d’un satsang
La coloration des pensées
La foi totale est la voie du succès spirituel
Mère Kali bénit Tenali Ramakrishna
Ce monde est une part du kalpavriksha
Le guru doit être lui-même Brahman
Le dévouement qui permet d’acquérir la sécurité
Le Seigneur ne restera pas de marbre, quand son bhakta subit un affront
Le Nom du Seigneur et la chaîne du destin ne peuvent pas coexister
Le sankalpa d’Ishwara s’accomplit toujours
Yogakshemam Vahaamyaham
Les prières doivent émaner du cœur
Qui est le bhakta réel ?
Une question de discernement
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La constance et le rituel doivent s’accompagner de discernement dans la sadhana
Jouer Harischandra ou Lanka Dahana, mais pas les deux !
La bhakti est supérieure à tout !
La foi peut obliger le Seigneur Lui-même à se manifester
Les grands hommes diffusent toujours la lumière de leur sagesse
La compagnie d’écervelés n’est pas sans risque !
Qui est insatisfait est aussi mal en point que perdu !
La vérité était aussi le soutien de Shirdi Sai
La résurgence des Védas
Le respect ou le manque de respect d’autrui n’a aucun sens !
Seul celui qui a l’esprit bien posé peut comprendre ce qui a trait à l’Atma
Un souvenir de Shirdi
Narada rendu plus sage par les gopis…
La nourriture est le fondement du caractère
Quand le Seigneur décide d’une chose, elle doit arriver
Tous les noms et toutes les formes sont les siens…
Aimer tous ceux que le Seigneur aime
L’ineptie du conformisme
Quelle poche d’eau est la plus pure ?
Les trois poissons et les gunas
Un exemple divin pour les dirigeants
Le Seigneur ne déçoit jamais ceux qui L’appellent avec foi
Les conséquences d’un seul faux pas
La parabole des fils obéissants et désobéissants
Quand un royaume perd ses plus beaux fleurons
Vanité flamboyante !
Le café fumant et le poisson
Quand les dieux testent un homme
Un service pour-riz !
Les suites et les conséquences funestes d’un premier faux pas
La leçon qu’Alexandre le Grand a apprise en Inde
Qui a écrit le Ramayana ?
L’épisode du serpent Kalinga
Les actions qui plaisent à Dieu
Rama bénit la colline Govardhana
Privilégier toujours les rapports francs et directs
Qu’est-ce qui est réel : ceci ou cela ?
À quelle distance se situe Vaikunta ?
Cultiver des qualités divines
Un super petit bandit !
Deux minutes du fruit défendu
Où est Dieu ?
Renoncez au moins à une mauvaise habitude
Dieu teste et récompense
Le dévot prend la poudre d’escampette !
Le dharma paye !
Mollesse
Une leçon de Shiva
Un sourire conquérant
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Sauvé par son sens du devoir
Sans lumière et sans freins
Le Dieu intérieur
Ne pas confondre sel et fumier…
Nara et Naraka
Les deux sirènes
Ligne de vie et planche de salut
La grammaire et la grâce
Idolâtrie consciencieuse !
Le désir de mourir
Un ennemi qui n’existe pas
Un salaire en or ?
Qui perd son temps ?
Une foi brûlante !
Réparer les pots cassés
Même les dieux doivent obéir
Qui est le mendiant ?
Un mort vivant !
La mâchoire de Rama
Un châtiment de choix
Avec les bénédictions de votre grand-mère…
Une négligence royale et monumentale
Deux syllabes salutaires
Une pierre autour du cou
La conséquence du manque de respect à l’égard des Vedas
Le mariage de Rukmini
Ceci aussi ne durera pas
Changement de rôle
Une femme excellente et sage
Une offrande refusée par le Bouddha
Vieille nourriture et karma
Maladasa
Une invitation du bébé Krishna
Suguna
Mieux vaut savoir qui suivre…
De plus en plus épineux…
Vivekananda, ses insomnies et la voix du guru
Les tendres pieds de Krishna
Les bracelets de Radha
Le cri du cœur qui peut sauver
La foi supérieure du disciple
Du balai !
Les excuses boiteuses de Krishna
Ne point se ruer sur des conclusions hâtives…
Vous ne pouvez pas M’échapper !
La peur tue plus que le choléra
Remballé à Dieu !
Onam
Des voix multiples dans la tête
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L’imitation de Krishna
Le seul refuge du voleur
Où Dieu n’est-il pas ?
Shiva
L’épreuve
La victoire est assurée !
Pas le temps de prier ?
Le concours de bananes
Le moine et les chasseurs
Le caractère éphémère du charme physique
Sugriva et Vali
Rama et la grenouille
La vache !
Légitimement gagné
Avidité mortelle
La course autour du monde
L’ignorance de l’homme
La magie de Krishna
Dieu dit-Il la vérité ?
La gratitude de la fourmi
Viswamitra et Vasishta
La fin d’un rêve
Une coopération fructueuse
A vomir debout !
L’incertitude du lendemain
Les dons de Dieu
Le dévouement et la foi de Pundaleek
Le choix le plus louable
Dualisme et non-dualisme
A quoi s’en tenir ?
On ne marchande pas avec le dieu de la mort !
Le devoir de l’empereur ou les lamentations du père ?
Il est temps d’ouvrir les yeux !
Le trésor du renonçant
La mort et la résurrection d’Arjuna
Tansen et Haridas
Le saint anti gaspi
Malicieuse Kali
Le beau-fils qui s’incruste…
Les yeux et les oreilles de Surdas
Quand Ravana prend la forme de Rama
Aimer Dieu ou être aimé par Dieu ?
L’estafilade sur le dos de Krishna
Pourquoi le Seigneur devrait-Il s’incarner ?
Garuda et les serpents
Alexandre le Grand et le sage indien
Quelle formation est la plus utile ?
Faire attention au danger
Jamais la paix !
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La récompense de Kanakadas
Une punition salée…
Dieu et la soif de l’âne
Le test de Krishna
Mendier chez un mendiant
Un juge perspicace
Une sadhana fragile
Les lingots d’or abandonnés
L’appareil photo et l’esprit
Le plan de Dieu
Arjuna se bat contre Shiva !
Une malédiction bienvenue
Les trônes vacants de Sita et de Rama
On est si bien en prison !
La mangue et l’homme
Si Ravana se rend…
L’impact des fréquentations
L’écolier roublard et Sai Baba
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VINAYAKA, LE LEADER DE TOUS
Une fois, une compétition fut organisée entre les dieux pour élire le chef des ganas (la
troupe des demi-dieux qui sont les serviteurs de Shiva). Les participants devaient
rapidement faire le tour du monde et revenir aux pieds du Seigneur Shiva. Les dieux
s’élancèrent sur leurs propres véhicules et le fils aîné de Shiva prit également part à la
compétition avec enthousiasme. Il avait une tête d’éléphant et il avait pour véhicule…une
souris ! Par conséquent, il était très désavantagé dans sa progression. Il n’était pas allé très
loin, quand Narada apparut devant lui et lui demanda où il allait. Le fils était très contrarié
et piqua une sacrée colère, car le présage était mauvais et même doublement mauvais pour
celui qui entreprend un voyage. En effet, il est de très mauvais augure que la première
personne que vous croisez au cours d’un voyage soit un brahmane solitaire et bien que
premier d’entre les brahmanes (il était le fils de Brahma Lui-même), Narada représentait
donc un mauvais présage. Et c’est aussi mauvais signe, si vous allez quelque part et si l’on
vous demande où vous allez et Narada lui posa précisément cette question-là !
Néanmoins, Narada put calmer sa colère. Il soutira au fils de Shiva la raison de sa
situation compliquée et son vœu de gagner. Narada le réconforta et l’exhorta à ne pas céder
au désespoir et il le conseilla en ces termes : ‘’Rama, le Nom, est la graine à partir de
laquelle l’arbre géant de l’univers est issu. Ecris donc par terre le Nom et fais en le tour,
puis retourne vite chez Shiva et réclame le prix.’’ Ce qu’il fit et il retourna chez son père.
Après que celui-ci lui ait demandé comment il était rentré si vite, il rapporta l’histoire de
Narada et son conseil. Shiva reconnut la valeur du conseil de Narada et la récompense fut
attribuée au fils qui fut acclamé comme Ganapati (le maître des ganas) et Vinayaka (le
leader de tous).
***
LA GRÂCE DU MAÎTRE CONFÈRE
LA GLOIRE ÉTERNELLE
Shankara, le grand instructeur, avait quatre disciples principaux : Thotaka, Hastamalaka,
Sureswara et Padmapada. Parmi ceux-ci, Padmapada ne s’intéressait qu’au service du
Maître et ne pouvait prêter attention aux leçons et les autres disciples le raillaient pour son
retard dans ses études. Mais son profond respect du Maitre compensait. Un jour, il lavait
les vêtements du Maître et les séchait sur un rocher situé au milieu de la rivière et alors
qu’il était en train de les replier, les eaux de la rivière montèrent brusquement en
tourbillonnant et il n’avait presque plus pied au sommet de l’îlot rocheux. Il commençait à
se faire tard et le Maitre aurait bientôt besoin de ses vêtements lavés et donc, Padmapada
se résolut à traverser les eaux qui déferlaient. Il savait que les bénédictions du Maître
l’accompagnaient et en effet, où qu’il place le pied, une grosse fleur de lotus apparaissait et
soutenait sa progression et c’est ainsi qu’il fut appelé Padmapada, celui qui a des pieds de
lotus ! Et la grâce du Maître lui a permis de maîtriser toute connaissance et de briller
comme un ardent défenseur de l’ancienne sagesse.
***
9
ALLUMER LA LAMPE DE LA SAGESSE
Une fois, un sadhaka qui nourrissait la grande ambition de connaître le divin voulut très
fort que l’œil de la sagesse s’ouvre en lui et il entra dans une grotte où résidait un Maître.
En entrant dans la grotte, il aperçut une faible lueur et tandis qu’il s’approchait, la petite
lampe s’éteignit. Dans l’obscurité, on a peur et donc on pense très intensément à Dieu.
C’est ainsi qu’il s’exclama bruyamment ‘’Namah Sivaya !’’ et le saint lui demanda qui il
était. Il répondit qu’il était venu chercher sa grâce. Ce grand saint, qui ne se nourrissait
que du prana ambiant avait la faculté de pouvoir lire l’esprit de ses visiteurs. Il dit qu’il
répondrait plus tard à sa question, mais il lui demanda d’abord de rallumer la lampe qui
venait de s’éteindre. Le visiteur prit une boite d’allumettes et il tenta de rallumer la lampe,
mais sans succès. Il dit au Maître qu’il avait utilisé toutes les allumettes et qu’il n’était pas
parvenu à rallumer la lampe. Le Maître lui demanda de vérifier s’il y avait bien de l’huile
dans la lampe. Après avoir vérifié, il découvrit qu’il n’y avait plus d’huile et il rapporta au
Maitre qu’il n’y avait que de l’eau dans la lampe. Le Maitre lui demanda alors d’ouvrir la
lampe, de vider l’eau et de la remplir d’huile et d’essayer de l’allumer ensuite. Ce que fit la
personne, mais même alors, la lampe ne consentit pas à s’allumer. Le Maître dit alors que
la mèche était sans doute mouillée à cause de l’eau et il lui demanda de la faire sécher à
l’extérieur et puis d’essayer de rallumer la lampe. Ce qu’il fit et avec succès, cette fois-ci !
Alors, la personne se hasarda à mentionner ce qui l’amenait auprès du Maître. Feignant la
surprise, le Maitre dit qu’il venait tout juste de lui donner la réponse appropriée ! Le
visiteur argua qu’étant un homme ignorant, il n’avait pas réussi à comprendre le sens de
l’enseignement et il pria le Maître de le lui expliquer en des termes plus clairs. Le Maitre
dit : ‘’Dans la coupe de votre cœur, il y a la mèche de votre personnalité. Cette mèche a été
plongée dans l’eau de vos désirs sensuels pendant tout ce temps, c’est pourquoi vous ne
pouvez pas allumer la lampe de la sagesse. Videz toute l’eau des désirs en dehors de la
coupe du cœur et remplissez-la avec la récitation du Nom du Seigneur. Prenez la mèche de
votre personnalité et faites-la sécher au soleil lumineux du détachement. Extrayez-en
toute l’eau présente sous la forme des désirs et versez dans la coupe du cœur l’huile de la
dévotion ou de la récitation du Nom du Seigneur. Alors, il vous sera possible d’allumer la
lampe de la sagesse.
***
LE SEIGNEUR N’A PAS DE FORME FIXE
Autrefois, il y avait un artiste qui avait partout voyagé et qui avait acquis une grande
notoriété, mais jusque-là, il n’avait pas pu aborder Krishna et il était anxieux d’obtenir Son
approbation. Dans cette optique, un jour, il put Le rencontrer et il Le pria de demeurer
immobile pour pouvoir peindre Son portrait. Il prépara une ébauche et il dit à Krishna
qu’il serait prêt avec le tableau final dans une semaine. Krishna connaissait l’ego du
peintre. Au bout d’une semaine, le peintre rapporta le portrait terminé, dissimulé par un
drap blanc. En présence de Krishna, lorsqu’il découvrit le tableau, le peintre lui-même fut
choqué par le manque de ressemblance entre Krishna et le tableau. Le peintre était
totalement décontenancé et il demanda une semaine pour pouvoir refaire le travail. Le
peintre s’y reprit à maintes reprises, mais à chaque fois, le résultat était tout aussi
décevant. Alors, complètement frustré et découragé, il voulut quitter la ville et s’en aller.
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Sur la route, il rencontra le sage Narada. Narada lui dit qu’il était vain d’essayer de peindre
l’image du Seigneur Krishna. Le Seigneur n’a pas de forme fixe et Il peut changer de
visage à chaque seconde. Narada le conseilla ainsi : ‘’Si vous voulez absolument Le
peindre, je vous donnerai une méthode qui vous permettra de le faire.’’ Narada chuchota
alors quelque chose à l’oreille de l’artiste. Suivant le conseil de Narada, le peintre revint
avec un objet recouvert d’un drap blanc. De nouveau, il s’approcha de Krishna et il Lui dit
que cette fois-ci, Il pouvait bien changer à Sa guise, le tableau Lui ressemblerait
parfaitement ! Une fois le drap enlevé, Krishna ne vit qu’un miroir et ce miroir rendait
une réplique parfaite de Krishna. Par conséquent, si vous imaginez que Dieu est comme
ceci ou comme cela, ce n’est pas correct. Il est impossible de décrire Dieu et vos tentatives
échoueront. Purifiez votre esprit, remplissez-le d’amour et de dévotion, et ceci vous
permettra d’avoir la vraie vision de Dieu.
***
LES FRUITS SACRÉS DE L’ACTION
Un samedi, un père rendait un culte au Seigneur. Il appela son fils et lui demanda de
ramener quelques bananes pour une roupie. Ce fils était un bon garçon. Il acheta les
bananes, mais en chemin, il aperçut une mère et son fils qui étaient affamés et quand le
garçon aperçut les bananes, il courut dans sa direction. Sa mère le poursuivit et le rattrapa,
mais ils s’écroulèrent tous les deux à cause de la faim. Quand le jeune homme se rendit
compte que ces gens souffraient tellement à cause de la faim, il songea qu’il valait
beaucoup mieux les nourrir que de ramener chez lui les bananes et il offrit les bananes à
cette mère et à son fils, puis il leur apporta de l’eau. Ces personnes furent tellement
reconnaissantes, qu’elles manifestèrent abondamment leur gratitude et qu’elles versèrent
des larmes de joie. Le jeune étudiant rentra chez lui les mains vides et quand son père lui
demanda s’il avait rapporté les bananes, il répondit positivement et quand on lui demanda
où étaient les bananes, le fils répondit que les bananes qu’il avait ramenées étaient sacrées,
qu’elles ne pourriraient pas et qu’elles étaient invisibles. Le fils expliqua qu’il avait nourri
deux âmes affamées avec les bananes et que les fruits qu’il ramenait à la maison n’étaient
que les fruits sacrés de l’action. Dès lors, le sentiment du père fut que son fils était digne
de lui et qu’il avait été répondu à toutes ses prières ce jour-là. A partir de ce jour, le père
nourrit une grande affection pour son fils et ils se rapprochèrent beaucoup.
***
LE DOUBLE DU PRIX !
Un individu rapporta une montre cassée chez un réparateur de montres. Le réparateur de
montres dit que la montre était très ancienne et que cela coûterait beaucoup d’argent pour
réparer la montre. Il ajouta que la réparation coûterait au moins deux fois le prix initial de
la montre. Le propriétaire dit qu’il voulait que la montre soit réparée, même à ce prix. Le
réparateur songea que, puisque le propriétaire insistait pour que cette vieille montre usée
soit réparée, cette montre devait être un porte-bonheur. Il remplaça les vieilles pièces par
de nouvelles pièces, il répara la montre et il la rendit au propriétaire. Après qu’on lui ait
demandé de payer le prix de la réparation, le propriétaire donna deux gifles au réparateur
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de montre. Des personnes présentes le maîtrisèrent et le remirent à la police et quand les
policiers lui demandèrent d’expliquer pourquoi il avait frappé le réparateur, il répondit
qu’il lui avait demandé de payer la réparation de la montre au double du prix initial, quand
il avait acquis la montre, et puisqu’il ne l’avait pas achetée, mais qu’il se l’était procurée en
donnant une gifle à quelqu’un, il avait alors donné deux gifles au réparateur de montres !
***
DEMANDER LE MEILLEUR À DIEU
Notre foi diminue, parce que nos ambitions sont sans limite. Il y avait une personne riche
qui avait une fille au nez plat. Le père voulait marier sa fille, mais toute personne qui
venait la voir s’enfuyait, malgré la tentation de la richesse. A cette époque, la chirurgie
esthétique n’existait pas.
En désespoir de cause, il annonça qu’il donnerait un pactole à quiconque épouserait sa fille.
Il finit par trouver quelqu’un qui y consentit, on ne sait trop comment. Le mariage fut
célébré et par la suite, le couple développa une foi considérable en Dieu. Ils visitèrent de
nombreux temples, accomplirent de nombreux pèlerinages et se baignèrent dans de
nombreuses rivières sacrées. Ils rencontrèrent aussi un saint qui leur dit que seul Celui qui
avait créé le nez pouvait lui restituer sa dimension normale. Quand bien même ils étaient
fort riches, ils n’étaient pas du tout heureux, car la jeune fille avait l’impression qu’on la
regardait et qu’on se moquait d’elle.
Elle suggéra à son époux de se rendre dans la solitude des Himalayas, d’y faire pénitence et
de passer un mois de cette manière. Il y consentit et c’est ce qu’ils firent. La jeune femme
avait ce grand désir : celui de retrouver son nez, aussi se mit-elle à prier Dieu avec
beaucoup d’ardeur.
En raison de sa bonne fortune, Dieu lui apparut et lui demanda ce qu’elle voulait. Dès que
Dieu apparut, elle demanda la faveur d’un beau grand nez. Dieu dit : ‘’Qu’il en soit
ainsi !’’, et lui accorda la faveur demandée.
Et dès que Dieu eut disparu, elle se regarda dans le miroir. Elle regarda son grand nez et,
doux Jésus, il lui apparut qu’elle était devenue encore plus laide qu’auparavant ! Elle se
remit à prier avec encore plus d’ardeur. Dieu réapparut et demanda ce qu’elle voulait. Elle
dit qu’elle ne voulait pas de ce grand nez. Dieu dit : ‘’Qu’il en soit ainsi !’’ et lui accorda la
faveur demandée. Elle s’aperçut tout de suite que son grand nez avait totalement disparu.
La morale de cette histoire, c’est que, bien que Dieu soit présent devant vous, qu’Il joue
avec vous et qu’Il vous parle, vous ne savez pas quoi Lui demander !
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CHACUN DOIT AVOIR FOI EN LUI-MÊME
Nul ne s’aime pas lui-même, n’a pas foi en lui-même et n’a pas l’ambition de s’élever de
plus en plus haut. Même celui qui n’a pas foi en Dieu a foi en lui-même et désire avoir la
force de cultiver la foi en lui-même. Autrefois, il y avait un guru qui transmettait la
sagesse aux gens qui venaient pour avoir son darshan avec des fleurs et des fruits. Un jour,
comme il y avait beaucoup d’offrandes, il appela un disciple et lui demanda de couper les
fruits et d’organiser leur distribution comme prasad. Le disciple signala que tout était prêt
pour la distribution et demanda qui devrait être servi en premier et le guru lui demanda de
commencer par la personne en qui il avait le plus de foi et la plus grande confiance. Tous
les gens rassemblés là crurent que le disciple donnerait d’abord un fruit au maître et
qu’ensuite il ferait la distribution aux autres. Mais non, le disciple prit le premier fruit
pour lui-même ! Quand les spectateurs estomaqués réclamèrent une explication, il
répondit que puisqu’il avait la plus grande confiance et la plus grande affection pour luimême, il avait pris le premier fruit !
***
TROP DE RICHESSES PEUT CHANGER LA QUALITÉ
D’UNE PERSONNE
Il y a une petite histoire qui nous raconte comment posséder une fortune changera les
qualités de certaines personnes. Une mère n’avait qu’un fils unique et beaucoup d’argent.
Ce garçon avait perdu son père très tôt dans la vie et en grandissant, il développa de
mauvaises fréquentations. Quand le réservoir est plein, les grenouilles pullulent, mais une
fois qu’il est à sec, toutes les grenouilles se barrent ! Beaucoup d’amis se presseront autour
de vous, tant que vous avez de l’argent, mais si l’argent vient à disparaître, ces ‘’amis’’
feront de même sans demander leurs restes ! Le fils de cette dame riche attira une
multitude de ces mauvais amis. Tous les jours, il allait réclamer de grosses sommes
d’argent à sa mère avec comme résultat que l’affection de la mère pour le garçon se mit à
diminuer et qu’elle se mit à haïr copieusement ce garçon. Avec le temps, le garçon perdit
tout attachement envers sa mère. Elle jugea qu’il valait beaucoup mieux qu’un tel fils qui
ruinait l’honneur et la réputation des parents meure plutôt que de vivre et c’est ainsi qu’un
jour, elle conçut un plan. De son côté, le fils avait son propre plan, car il pensait que sa
mère devenait gênante et il songea qu’il valait donc mieux qu’elle meure. Un jour, le fils
décida de tuer sa mère avec une barre de fer, quand sa mère lui servirait son repas, tandis
que la mère avait elle aussi décidé de tuer son fils le même jour en empoisonnant sa
nourriture. Quand sa mère arriva pour lui servir son repas, le fils la frappa à l’aide d’une
barre de fer et la tua et quelques minutes plus tard, le garçon mourut à son tour après avoir
consommé la nourriture empoisonnée…
***
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L’ÉGOÏSME NE MARCHE JAMAIS DANS LES
QUESTIONS RELATIVES À DIEU
Il y a cette petite histoire dans le Mahabharata. Dans l’optique de s’approprier Krishna,
Satyabhama, l’une de Ses épouses, alla trouver Narada. Elle le pria de lui communiquer un
moyen ou un raccourci pour parvenir à ses fins. Narada savait que Satyabhama était très
égoïste et que l’égoïsme ne marche jamais dans les questions relatives à Dieu. Narada
voulut donner une leçon à Satyabhama et lui dit qu’il connaissait une méthode qui lui
permettrait de s’approprier Krishna, un rituel par l’entremise duquel elle faisait don de Lui
à quelqu’un avant de Le racheter ensuite avec une somme équivalente au poids du
Seigneur. Narada lui dit que Krishna ne lui appartiendrait uniquement à elle, en toutes
circonstances, que si elle accomplissait ce rituel. Satyabhama mordit à l’hameçon. Elle
accomplit le rituel d’offrir Krishna à Narada pour Le racheter ensuite. Elle fit asseoir
Krishna sur un plateau de la balance, puis déposa tous ses bijoux sur l’autre plateau…mais
ceux-ci ne purent égaler le poids de Krishna ! Narada saisit l’opportunité et dit à
Satyabhama que puisqu’elle était incapable de payer le prix requis pour égaler le poids de
son époux, il emmenait Krishna avec lui et que dorénavant, Krishna ne lui appartenait
plus, mais lui appartenait à lui. C’est alors que Satyabhama songea à Rukmini et elle partit
à sa recherche. Elle la trouva en train d’accomplir une puja avec du basilic sacré. Rukmini
l’accompagna avec quelques feuilles de tulasi entre les mains. Elle fut stupéfaite de
découvrir que Satyabhama s’efforçait de peser plus que le Seigneur Lui-même avec de l’or.
Elle savait bien que c’était impossible. Elle dit que l’or ne pèserait jamais plus lourd que
Dieu et que seul le Nom de Dieu pouvait L’égaler en termes de poids. Narada n’était pas
de cet avis et dit que, puisque Krishna avait une forme visible, on devait Le peser avec
quelque chose qui était aussi visible. Rukmini saisit immédiatement la situation et se dit à
elle-même que ce soit un fruit, une fleur, une feuille ou même une cuillérée d’eau donnée
avec une foi totale, Dieu répondra certainement. S’il y avait là-dedans la moindre vérité,
elle s’attendait à ce que Krishna réagisse à ce qu’elle se proposait de faire et avec une foi
totale, elle déposa une feuille de basilic sacré sur l’autre plateau de la balance en
prononçant le Nom de Krishna. Ce n’est qu’avec de l’affection, de l’amour et un cœur pur
que Dieu peut s’obtenir. Et elle gagna !
***
UN DISCIPLE STABLE VAUT MIEUX QUE MILLE
GIROUETTES
Nous savons que le roi Janaka, tout en accomplissant ses devoirs mondains ordinaires,
comme diriger le royaume et s’occuper des besoins du royaume, trouva possible de tourner
complètement ses pensées vers le divin. Suka, le grand rishi enseignait à ses disciples dans
une forêt toute proche de Mithilapura. Janaka l’apprit et voulut lui-même devenir un
disciple de Suka et écouter ses enseignements. Janaka se rendit dans la forêt, il rendit
hommage à Suka et il demanda à être accepté parmi les nombreux disciples de Suka et
demanda la permission de pouvoir suivre ses cours. A partir de ce jour, Janaka se conduisit
comme un de ses disciples. Un jour qu’il était en retard, Suka ne commença pas son cours
et attendit l’arrivée de Janaka. Il ajouta qu’il retardait son cours précisément pour cette
raison. Après que le sage eut demandé aux autres disciples d’attendre l’arrivée de Janaka,
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ils se mirent à murmurer entre eux et dirent qu’ils ne s’étaient joints à ce grand sage que
parce qu’on croyait qu’il n’attachait aucune importance spéciale aux rois et aux autres
puissants. A partir de ce jour-là, leur foi en leur guru se mit à faiblir et ils devinrent aussi
jaloux du roi Janaka.
Lorsque Suka constata une telle jalousie parmi ses disciples, il décida de leur donner une
leçon. A un moment opportun, tous les disciples furent amenés à croire que la ville de
Mithilapura était la proie des flammes. Alors, chacun d’eux se mit à songer aux
conséquences, à l’impact que cela pouvait avoir sur son propre foyer et ils se précipitèrent
vers la ville pour sauver ce qu’ils pouvaient. Mais le roi Janaka, lui, ne broncha pas et ne
bougea pas. Suka prévint Janaka que les flammes paraissaient s’être propagées jusqu’au
palais et demanda à Janaka d’aller sauver les résidents. Janaka ne faisait que sourire en
pensant que la volonté de Dieu serait accomplie et que nul ne pouvait la changer. Les
disciples envieux qui coururent jusqu’à la ville ne virent aucune flamme et découvrirent
qu’il ne s’agissait que d’une rumeur. Ils s’en retournèrent et le firent savoir à Suka. Ils
manifestèrent leur surprise face à la stabilité d’esprit de Janaka. Suka toisa les disciples
envieux et il leur dit qu’il était préférable de n’avoir qu’un seul étudiant bien discipliné
plutôt que d’en avoir une kyrielle qui n’avaient pas l’esprit stable.
***
LES TROIS MEILLEURES CHOSES
Un roi avait l’habitude de poser trois questions à tous les gens qui venaient le voir. La
première question était : qui est la meilleure des personnes ? La deuxième était : quel est le
meilleur moment ? Et la troisième était : quelle est la meilleure de toutes les actions ? Le
roi s’inquiétait beaucoup de connaître la réponse à ces questions. Un jour, il se rendit dans
la forêt et il parcourut les collines et les plaines. Il aperçut un ashram et il souhaita s’y
reposer un peu. Au moment où le roi arriva à l’ashram, un sadhu était en train d’arroser les
plantes. Le sadhu remarqua que le roi était assez fatigué. Il cessa d’arroser les plantes, il
s’approcha du roi et il lui offrit des fruits et de l’eau fraîche. Un peu plus tard, un individu
blessé fut amené à l’ashram par un autre sadhu. Le premier sadhu s’en aperçut. Il se rendit
auprès de l’individu, il nettoya toutes ses blessures et il lui donna des herbes qui pourraient
guérir ses blessures. Il lui dit aussi gentiment quelques mots qui pourraient réconforter la
personne. Le roi voulut lui témoigner sa gratitude et prendre congé de lui. Le sadhu bénit
le roi, mais le roi était toujours préoccupé par ses trois questions et il voulait savoir si le
sadhu pourrait l’éclairer à ce propos. Le sadhu déclara que la réponse aux trois questions
était contenue dans les actions dont le roi avait été témoin à l’ashram. Le sadhu dit que
lorsque le roi est arrivé à l’ashram, il arrosait les plantes et que c’était là son devoir. Au
moment où le sadhu aperçut le roi, il avait laissé là sa tâche pour s’occuper du roi et lui
offrir de l’eau et des fruits. C’était conforme à la tradition, car le roi était son invité.
Pendant qu’il soulageait le roi de sa soif et de sa fatigue, une autre personne blessée s’était
présentée à l’ashram et c’est ainsi que le sadhu était passé du devoir de servir le roi à celui
de servir l’autre personne. Quiconque a besoin de vos services est la meilleure personne, à
ce moment-là. Toute satisfaction que vous pouvez lui procurer en la servant sera la
meilleure action que vous puissiez faire. Le présent, le moment où vous pouvez faire
quelque chose, est l’instant le plus sacré.
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***
COMMENT FAIRE FACE À UNE MAUVAISE HABITUDE
Une personne avait pris la mauvaise habitude de consommer de l’opium et elle ne pouvait
plus maîtriser cette habitude, à tel point qu’elle se trouvait toujours dans une sorte de
coma. Un saint traversa sa ville et il offrait ses conseils ainsi que du réconfort aux gens. Le
consommateur d’opium en profita pour lui demander conseil. Le saint lui dit que sa santé
se détériorait et qu’il devrait renoncer à prendre de l’opium. Le drogué lui rétorqua que ce
n’était pas possible et lui demanda comment faire. Le saint lui demanda alors quelle
quantité d’opium il avait l’habitude de consommer quotidiennement et il lui indiqua cette
quantité. Le saint prit un morceau de craie dont le poids égalait celui de la quantité
d’opium et dit qu’il pourrait continuer à prendre de l’opium, mais sans jamais dépasser le
poids de la craie. L’opiomane était aux anges, mais le saint ajouta encore que tous les jours,
il devrait aussi écrire trois ‘’OM’’ sur un tableau avec la craie. Ainsi, la craie diminua tous
les jours et la quantité d’opium que la personne prenait diminua également graduellement
pour aboutir à la suppression de cette mauvaise habitude !
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MATRU BHAKTI DOIT PRÉCÉDER ISWARA BHAKTI
(LE DÉVOUEMENT À LA MÈRE DOIT PRÉCÉDER
LE DÉVOUEMENT À DIEU)
Ma première et principale instruction, c’est de vénérer vos parents et spécialement votre
mère. Jadis, une région fut frappée par un typhon si violent que toutes les maisons furent
rasées et les gens n’avaient plus rien à manger ni aucun endroit où dormir. Parmi les
personnes les plus gravement touchées, il y avait une mère et ses deux fils. L’aîné des
garçons était une perle de vertu. Il se sentait responsable de la sécurité de la famille. Il
aimait sa mère et voulait son amour et ses bénédictions plus que toute autre chose.
La mère allait mendier avec son plus jeune fils pour subsister avec le peu qu’elle pouvait
obtenir dans ce pays frappé par la famine. Mais elle se rendit vite compte qu’elle était
devenue trop faible, même pour faire quelques pas, et c’est ainsi que son fils aîné dut aller
mendier tout seul pour nourrir la famille. Il lui dit en tombant à ses pieds qu’il ferait
comme elle et qu’il irait chercher de la nourriture pour tous. Il voulait qu’elle ne s’épuise
pas trop et que sa santé n’empire pas. Mais comment à eux trois pourraient-ils subsister
avec quelques poignées de nourriture ? Le fils lui aussi s’affaiblit rapidement. Avec des pas
de moins en moins assurés, il s’approcha de la maison d’un zamindar et mendia une
bouchée de nourriture. La maîtresse de maison le fit entrer et lui servit un plateau sur
lequel elle déposa un peu de nourriture, mais il tituba et s’écroula par terre. Le zamindar
accourut dans la pièce et plaça son oreille tout près de la bouche du garçon mourant pour
pouvoir recueillir les dernières paroles qu’il prononcerait : ‘’Non, non ! Elle doit d’abord
manger. Mon tour viendra ensuite…’’ Vous pouvez rembourser n’importe quelle dette, mais la
dette que vous devez à votre mère, jamais vous ne serez en mesure de la rembourser. Ceux
qui prétendent être des dévots de Dieu doivent avoir cette légitimité : ils doivent vénérer
leur mère.
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***
SE DÉPRÉCIER EST UNE FORME D’ÉGOÏSME
Krishna prétendit une fois souffrir d’un mal de tête intense et insupportable et Il joua ce
rôle avec un maximum de réalisme. Il avait noué un linge autour de sa tête et il se
retournait constamment dans son lit. Ses yeux étaient rougis et son malaise était évident.
Son visage aussi avait l’air gonflé et pâle. Rukmini, Satyabhama et les autres reines
s’affairèrent autour de Lui avec une kyrielle de remèdes, mais ceux-ci s’avérèrent
inefficaces. Finalement, elles consultèrent Narada qui se rendit au chevet de Krishna pour
consulter lui-même Krishna et découvrir quel remède pourrait Le guérir.
Krishna lui donna comme instruction de rapporter comme remède…de la poussière des
pieds d’un authentique bhakta ! Narada se rendit alors auprès de bhaktas réputés du
Seigneur, mais ils furent trop ‘’humbles’’ pour offrir la poussière de leurs pieds afin qu’elle
soit utilisée comme remède par leur Seigneur !
Ceci est également une forme d’égoïsme. ‘’Je suis insignifiant, je suis mauvais, minable,
inutile, pauvre, pécheur, inférieur…’’. De tels sentiments sont aussi égoïstes. Lorsque l’ego
disparaît, vous ne vous trouvez ni supérieur, ni inférieur. Aucun ne voulait donner la
poussière que voulait le Seigneur – ils étaient trop indignes, déclarèrent-ils. Narada s’en
retourna déçu au chevet de Krishna qui lui demanda alors : ‘’As-tu essayé Brindavan où les
gopis habitent ?’’ Les reines se gaussèrent de sa suggestion et même Narada demanda,
consterné : ‘’Que peuvent-elle bien connaître de la bhakti ?’’ Cependant, le sage dut
s’exécuter. Lorsque les gopis apprirent que Krishna était malade et que la poussière de leurs
pieds pourrait Le guérir, sans la moindre hésitation, elles secouèrent la poussière de leurs
pieds et elles en remplirent la paume de Narada et quand Narada arriva à Dwaraka, le mal
de tête avait disparu. Ce fut juste un petit drame de cinq jours pour enseigner que se
déprécier est aussi de l’égoïsme et que les commandements du Seigneur doivent être obéis
sans objection par tous les bhaktas.
***
LA DÉVOTION DES GOPIS
Les gopis avaient dans leurs cœurs le plus haut degré de bhakti. Prenez par exemple
Neeraja. On l’avait mise en garde contre Krishna, lorsqu’elle était arrivée à Brindavan
depuis son village lointain, elle qui était l’épouse d’un gopa. Malgré tous les avertissements,
elle vit Krishna pendant la fête de Govardhana et lorsqu’elle Le vit, elle abandonna son
cœur au Seigneur. Elle dut traverser de grandes épreuves à cause de cet attachement
spirituel, mais elle supporta tout avec courage. Elle avait d’abord vu Krishna au pied de la
colline de Govardhana, qui jouait mélodieusement de la flûte et ainsi, elle se rendait
souvent dans la charmille où elle L’avait vu, la première fois, pour humer cet air sacré. Elle
fut la première des gopis qui tentèrent de maîtriser les chevaux qui tiraient le char
d’Akrura où se trouvait Krishna, jusqu’à Mathura, loin de Brindavan. Elle endura
silencieusement la séparation pendant des années jusqu’à ce qu’un jour où épuisée par la
douleur, Krishna lui apparaisse dans cette même charmille. Elle n’avait qu’une seule
prière : elle aspirait à entendre la flûte divine avant de mourir sur les genoux de Krishna.
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Le Seigneur dit : ‘’Je ne l’ai pas apportée avec Moi’’. Mais simplement pour lui accorder
cette faveur, Il arracha un bout de roseau, fabriqua une flûte avec et joua un air qui fit
fondre le cœur de Neeraja et qui emporta son âme.
***
LES FEMMES ONT PLUS DE DÉVOTION QUE
LES HOMMES
C’est son amour maternel qui la poussa à envoyer son mari, Kuchela, voir le Seigneur pour
que ses enfants puissent manger à leur faim. Elle avait foi dans le Seigneur. Kuchela
hésita. Il argua du fait que Krishna pourrait ne pas le reconnaître ou même se souvenir de
lui, sans parler de l’inviter à entrer et d’accepter ses hommages. Elle l’incita à laisser là
tous ses doutes et à se rendre au moins jusqu’aux portes du palais de Krishna. Elle était
sûre que Krishna le ferait appeler, s’il se donnait au moins cette peine. Kuchela était si
nerveux qu’elle ne put le convaincre que de se rendre jusqu’aux portes.
Quand il fut décidé que Kuchela irait, elle sortit de l’endroit où elle l’avait dissimulé pour
une journée difficile un peu de paddy, une simple poignée qu’elle déposa dans de l’eau
bouillante qu’elle retira ensuite pour le sécher et puis en le faisant frire au-dessus du feu,
elle le pilonna pour préparer du riz aplati qui était ce que préférait Krishna, quand ils
étaient à l’école, d’après Kuchela. Il le noua dans un pan de son vêtement, puis il se mit en
route, son appréhension grandissant à chaque pas. Ce genre de crainte ne devrait pas
envahir un vrai bhakta. Il doit approcher le Seigneur, comme de droit, et gagner la grâce
qui lui est due.
Bien entendu, le Seigneur répand sa miséricorde sur l’aartha et l’arthaarthi, ainsi que sur le
jijnaasu et le jnani. L’aartha est la personne malade et souffrante et l’arthaarthi celle qui est
affligée par la pauvreté et qui recherche la prospérité et la fortune. Il le fit donc appeler,
submergé par la joie, et Il lui rappela les jours heureux qu’ils avaient passés ensemble aux
pieds de leur guru et tandis que Kuchela se tortillait pour dissimuler l’offrande ordinaire
attaché à un pan de son habit usé, Krishna l’y dénicha et Il se mit à la savourer avec un
grand délice, car la bhakti l’avait rendue très goûteuse pour le Seigneur.
On raconte que Rukmini Lui saisit la main, lorsqu’Il en prit une troisième poignée et la
raison qui est généralement évoquée par les commentateurs, c’est qu’elle redoutait que
toutes les richesses du Seigneur ne passent à Kuchela, si le Seigneur en prenait quelques
poignées supplémentaires ! Quelle idée stupide ! Comme si on pouvait épuiser les richesses
du Seigneur et comme s’Il s’en souciait si les bhaktas l’emportaient toute avec eux, comme
si la Mère de l’univers était mesquine dans ses dons, ceci ne peut jamais être vrai ! La cause
réelle pour laquelle elle a pris la main de Krishna, c’est qu’elle réclamait sa part de cette
offrande d’un cœur dévoué. Elle en voulait une part pour elle-même, car c’était son droit
d’en avoir une part.
Kuchela quitta Dwaraka plutôt déçu, car il n’avait reçu aucun don ni aucune promesse de
don. Il était triste, car il se rappelait sa famille et ses enfants qui avaient faim. Il était
plongé dans son chagrin et c’est ainsi qu’il passa devant chez lui sans remarquer que sa
propre maison avait fait les frais d’une grande transformation pour devenir au cours de
cette nuit-là une immense et splendide demeure. Sa femme, qui l’aperçut, le héla et elle lui
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raconta comment, inopinément, la grâce de Krishna s’était répandue sur eux pour leur plus
grand bonheur.
***
QUICONQUE S’EN REMET AU SEIGNEUR, RAMA
L’ACCEPTE
Dieu est tellement miséricordieux qu’Il fera dix pas vers vous, si vous en faites un vers
Lui. Vibhishana, le frère de Ravana, demanda à Hanuman si Rama accepterait ses
hommages et l’accueillerait sous son ombre protectrice. Il dit : ‘’Je suis le frère de son pire
ennemi, celui qu’Il a juré de détruire, j’appartiens à cette race diabolique et je ne connais ni
les Védas, ni les Shastras, ni les rituels des Aryens.’’ Hanuman répondit : ‘’Sot que vous
êtes ! Pensez-vous qu’Il se soucie de l’exactitude rituelle, du statut de votre famille ou de
votre érudition ? Si c’était le cas, comment pourrait-Il m’accepter, moi, un singe ?’’ Ceci
régla la question : Vibhishana était assuré d’obtenir sa grâce. Lorsque plus tard, il rejoignit
Rama, celui-ci demanda alors aux aînés des singes qui l’entouraient s’il pouvait accepter
Vibhishana dans son groupe. Bien sûr, il n’avait pas besoin des conseils de qui que ce soit
et Il n’a jamais été influencé par les autres, mais néanmoins, simplement pour tenir
compte d’eux, Il les consulta et Il prétendit ne pas encore s’être décidé. Et lorsque Sugriva
asséna ‘’non’’, Il lui rappela que lui aussi était d’abord venu à Lui en laissant son frère
aîné ! Et lorsque Lakshmana dit que l’unique traitement qu’il méritait, c’était d’être
renvoyé à Lanka, Rama dit : ‘’Oui ! Je suis résolu à le couronner empereur de Lanka, après
la chute de Ravana.’’ Quiconque s’en remet à Lui, Rama l’accepte immédiatement et sans
aucune réserve. Lorsque quelqu’un suggéra encore qu’on ne devrait pas promettre le trône
à Vibhishana, parce qu’alors, Ravana pourrait tomber aux pieds du Seigneur et gagner son
pardon pour son iniquité, Rama répondit : ‘’Dans ce cas-là, Je prendrai les deux mains de
Bharatha et Je le prierai de faire de Vibhishana l’empereur d’Ayodhya, notre royaume
ancestral, et Bharatha et moi, nous passerons tous les deux notre temps heureux dans la
forêt.’’
***
LES TRÉSORS UNIQUES DE L’HUMANITÉ
On raconte que pendant la bataille de Kurukshetra qui dura dix-huit jours, l’esprit de
Vyasa était écartelé par le remords, car les deux adversaires provenaient de sa lignée et il
ne pouvait donc pas porter son regard sur ce carnage fratricide ! Un jour, il était tellement
envahi par le remords qu’il se hâta de se rendre au-delà de la plaine gorgée de sang où
l’holocauste d’une nouvelle journée allait débuter et en se hâtant, il aperçut une araignée
qui détalait à toute vitesse sur le sol. ‘’Pourquoi cours-tu si vite ?’’, demanda le sage.
L’araignée quitta la route, escalada une fourmilière et depuis cette éminence, elle répondit :
‘’Ignorez-vous que le char de guerre d’Arjuna va bientôt passer par ici ? Si je me retrouve
sous ses roues, je suis morte !’’ Vyasa se moqua de sa réplique : ‘’Cela ne fera pas verser des
torrents de larmes et cela ne sera vraiment pas une grande perte. Tu ne laisseras aucun
vide derrière toi, rassure-toi !’’ L’araignée fut comme piquée au vif par cette insulte. Elle
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tremblait de rage et elle s’écria : ‘’Qu’est-ce que j’entends ? Vous n’êtes qu’un sage bouffi !
Vous pensez que, lorsque vous mourrez, ce sera une grande perte, alors que je ne
manquerai à personne. Moi aussi, j’ai une femme et des enfants que j’aime ; moi aussi, j’ai
un foyer et moi aussi, je tiens à la vie avec autant de ténacité que vous, les humains ! J’ai
faim, j’ai soif, j’éprouve de la peine, de la douleur, de la joie ainsi que l’angoisse de la
séparation d’avec les miens. Le monde est autant en moi et pour moi que pour les êtres
humains et les autres.’’
Vyasa baissa la tête, un peu penaud, et il poursuivit sa route en silence en marmonnant
entre ses dents que tant pour l’homme que pour l’animal, l’insecte et le ver, ces choses leur
étaient communes. Mais, se dit-il en lui-même, chercher l’Ultime, aspirer à la Beauté, à la
Vérité et à la Bonté, et encore, la Conscience de l’unité sous-jacente, ces attributs de la
sagesse sont les trésors uniques de l’humanité, et il poursuivit son chemin.
***
LA DÉVOTION D’ADI SHANKARA À L’ÉGARD DE
SON PÈRE ENTRAÎNE LA GRÂCE DIVINE
Shankara connaissait la signification réelle des paroles védiques ‘’Mathru Devo Bhava,
Pithru Devo Bhava’’. Une fois, avant de quitter la maison, son père dit à son fils : ‘’Mon
cher fils, je rends tous les jours un culte à Dieu, puis je distribue l’offrande de nourriture
(naivedya) à tout le monde. Aussi, en mon absence et en l’absence de ta mère, tu feras
pareil, s’il te plaît.’’ Shankara promit, sans faute. Il versa du lait dans une tasse qu’il déposa
devant l’idole de la Déesse, puis il pria : ‘’Mère, accepte ce lait que je T’offre.’’ Quoiqu’il
pria longtemps, la Mère n’accepta pas le lait et refusa d’apparaître. Il était extrêmement
déçu et dit : ‘’Mère ! Tu acceptes tous les jours les offrandes que mon père Te fait. Quel
péché mes mains à moi ont-elles donc commis pour que Tu n’acceptes pas l’offrande que je
Te fais ?’’Il pria sincèrement du fond du cœur. Il était même prêt à sacrifier sa propre vie
et il se dit : ‘’Mon père m’a demandé d’offrir ce lait à la Déesse, mais c’est un échec,
puisque la Déesse n’accepte pas l’offrande que j’ai faite. Il est préférable que je meure.’’ Il
sortit et il s’empara d’une grosse pierre pour se tuer. La Mère de l’univers est très
compatissante et elle fut très émue et très touchée par la sincérité de Shankara. Elle
apparut immédiatement devant lui et but le lait qu’il avait offert. Elle but tout le lait et elle
replaça devant lui la tasse vide. Le garçon était très heureux que la Mère de l’univers était
venue et qu’Elle avait bu le lait… mais il n’y avait plus rien dans la tasse pour distribuer
aux autres ! Il songea que son père demanderait certainement où était l’offrande après son
retour et redoutait que son père ne pense qu’il avait bu tout le lait et qu’il ne se mette en
colère contre lui. C’est pourquoi il se remit à prier la Déesse : ‘’Ô Déesse, donne-moi au
moins une goutte de lait pour que je puisse la donner à mon père !’’ Mais la Déesse
n’apparut pas. Il continua sincèrement ses prières. La Déesse en fut touchée et Elle
réapparut. Comme Elle n’était pas capable de lui rendre le lait qu’Elle avait bu, Elle lui
donna de son propre lait, dont Elle remplit la tasse. On croit que c’est parce que Shankara
a goûté le lait divin qu’il a pu obtenir la plus haute érudition, la plus haute connaissance et
la plus haute sagesse possible. Ainsi, l’essence de la grâce de la Déesse est devenue
l’essence de la connaissance de Shankara. Pour être agréable à son père, il a fait tous les
efforts possibles pour que la Déesse de l’univers lui apparaisse. Cette histoire nous dit que
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nous devons absolument et sincèrement apprendre à respecter et à obéir aux ordres de nos
pères.
***
LA COUVERTURE DE MAYA (L’ILLUSION) ET L’OURS
Le Principe de l’Atma (le Soi) est un et indivisible. Il y avait une fois un groupe d’enfants
qui s’occupaient de leurs vaches au bord d’un fleuve. C’était la mousson et brusquement, le
fleuve se transforma en un cours d’eau déchaîné. A cause de la rapidité du courant, un ours
qui avait glissé dans l’eau fut entraîné vers le milieu du fleuve, puis emporté. Un des
garçons aperçut la masse qui flottait et de loin, il lui sembla qu’il s’agissait d’une
couverture enroulée et il dit à ses compagnons : ‘’Je vais sauter dans l’eau pour en retirer
cette couverture’’, ce qu’il fit. Pensant faussement qu’il s’agissait d’une couverture, le
garçon étreignit l’ours…et l’ours fit de même avec ses grosses pattes ! En dépit de tous les
efforts du garçon pour se libérer, l’ours ne voulait pas le lâcher et s’accrochait de plus belle.
Sur la rive, les autres garçons s’écrièrent : ‘’Lâche ce gros tas et éloigne-toi !’’ Dans l’eau, le
garçon qui luttait de toutes ses forces pour échapper à l’étreinte de l’ours répondit : ‘’C’est
ce que je veux faire, mais il ne me laisse pas tranquille !’’ Ainsi, dans le fleuve de la vie,
Maya joue le rôle de l’ours que nous prenons à tort pour une couverture attirante, et dans
l’espoir qu’elle nous offrira de la chaleur, du réconfort et du bonheur, nous nous jetons à
l’eau pour nous en emparer et par la suite, quand nous voulons nous dépêtrer d’elle, nous
nous apercevons que c’est impossible. Cette illusion est créée par Maya, mais le Principe
divin est toujours Un. Depuis des temps immémoriaux, le visishtadvaita (non-dualisme
qualifié) nous enseigne que, bien que les formes soient différentes, il n’y a qu’un seul
Purusha, qui est l’unité dans la diversité et la multiplicité des formes.
***
LE ‘’TANESHAH BHARATA’’ DE TENALI RAMAKRISHNA
Dans l’optique d’utiliser l’histoire sacrée des Pandavas à des fins matérielles quelconques,
le Taneshah de Delhi invita à sa cour les huit poètes renommés de Vijayanagar. Il fut
demandé à ces poètes de décrire ce qui distinguait le Mahabharata, ce qu’ils firent de fort
belle manière. Après avoir entendu l’histoire, le Taneshah désira qu’ils écrivent une
nouvelle épopée, où lui-même figurerait en tant que Dharmaraja, l’aîné des Pandavas, et
où ses ministres favoris représenteraient les autres Pandavas, alors que tous ses ennemis
représenteraient les Kauravas. En d’autres termes, il leur demanda d’écrire un ‘’Taneshah
Bharata’’ ! Les poètes ne se sentirent pas du tout disposés à écrire quelque chose de cet
ordre et discutèrent entre eux pour trouver le moyen de se sortir de cette situation. Parmi
eux, Il y avait un poète habile, Tenali Ramakrishna qui s’avança et qui dit qu’il
entreprendrait de préparer cette œuvre. Il voulait donner une bonne leçon au Taneshah. Le
Taneshah le pria alors de préparer le texte endéans une semaine. La semaine s’écoula
rapidement et Ramakrishna n’avait même pas encore commencé à écrire et les autres
poètes craignaient que le Taneshah ne les punisse. Au terme de la période convenue,
Ramakrishna prit quelques feuilles de papier et il se rendit chez le Taneshah qui n’avait
pas manqué d’inviter de nombreux amis pour écouter l’œuvre. Le Taneshah demanda à
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Ramakrishna si son œuvre était terminée. Ramakrishna dit qu’elle l’était presque, mais
qu’un ou deux doutes mineurs subsistaient et qui nécessitaient des clarifications de la part
du Taneshah. Le Taneshah lui demanda alors quels étaient ces doutes afin de pouvoir les
clarifier. Ramakrishna répondit qu’il hésitait un peu à soulever ces doutes en public et qu’il
serait préférable de le faire en aparté. Le Taneshah et Ramakrishna se retirèrent et
Ramakrishna dit qu’il avait un doute concernant la personne qui devrait jouer le rôle de
Draupadi. Puisque Draupadi était l’épouse des cinq Pandavas, cette personne devrait être
l’épouse des cinq Pandavas de son histoire… ce qui signifiait que la femme du Taneshah
devrait aussi être la femme de ses ministres ! Ramakrishna demanda au Taneshah s’il
consentirait de donner ce rôle à sa femme. Le Taneshah n’apprécia pas du tout cette
proposition et il dit à Ramakrishna qu’il n’était absolument pas nécessaire d’écrire une
telle œuvre et lui demanda de prendre congé après lui avoir fait don de cadeaux appropriés.
Nous constatons que le Taneshah voulait bénéficier de la renommée des Pandavas, mais
sans accepter les termes sacrés suivant lesquels les cinq Pandavas prirent Draupadi comme
épouse. Aujourd’hui, si nous voulons établir la noblesse de notre culture, nous devrions
réaliser et accepter le fait que son fondement est le respect de la moralité et de la vérité.
Nous devrions suivre le chemin de la moralité et la vérité. Si nous désirons uniquement la
renommée, mais sans suivre la voie suivie par nos ancêtres, nous ne ferons qu’imiter le
Taneshah, ce qui veut dire mener une vie artificielle. Nous ne devrions pas rêver de nous
faire un nom et d’une popularité à bon marché, mais nous devrions chercher la
consécration de notre vie.
***
LA SADHANA DE SABARI
Sabari avait un cœur très tendre et rempli de compassion. Comment elle est arrivée chez le
rishi Matanga pour séjourner ensuite dans son ermitage est une histoire très intéressante.
Son mariage fut arrangé par ses parents et comme c’était la coutume chez les adivasis
(aborigènes de l’Inde), une chèvre devait être offerte en sacrifice à la déesse tribale, la nuit
qui précédait la cérémonie, afin d’obtenir sa grâce pour le couple. Lorsque Sabari fus mise
au courant du prélude de l’abattage, elle pleura et elle tomba aux pieds de ses parents en les
suppliant de sauver la chèvre. Elle demanda : ‘’Comment notre mariage pourrait-il être
heureux, si l’agonie de cette chèvre en est le prélude ? Mais son père la repoussa et il
exécuta le rite cruel. Cette nuit-là, Sabari quitta furtivement ce lieu de torture et elle se
cacha au cœur de la jungle qui n’était pas très loin.
L’aube arriva et ses parents et le groupe du futur marié furent rapidement dévorés par le
chagrin et par l’angoisse. Ils passèrent toute la région au peigne fin, et même l’endroit où
elle s’était tapie sous d’épais buissons, puis ils rentrèrent en disant distinctement : ‘’Elle
n’aurait pas pu aller à l’ermitage, car on n’y accorde pas refuge aux femmes.’’ Après avoir
entendu ces paroles, elle en conclut que l’ermitage serait l’endroit où elle serait le plus en
sécurité. Elle pensait que les moines prendraient pitié d’elle et qu’ils ne la renverraient pas.
Matanga l’aperçut et l’autorisa à séjourner chez lui et lui dit que Dieu viendrait un jour à
l’ermitage sous la forme de Sri Rama qui avait été exilé dans la forêt pendant 14 ans et qui
avait hâte de sauver les moines et les chercheurs qui pratiquaient des austérités dans la
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forêt tout en se gardant des ennemis diaboliques de la paix ! Rama, dit-Il, se déplaçait
d’une région à l’autre, avec son épouse Sita et son frère, Lakshmana.
A partir de ce jour, Sabari n’eut plus d’autre pensée que Rama, plus d’autre désir que le
désir d’avoir le darshan de Rama, l’opportunité de toucher ses pieds et de parler avec Lui.
Son cœur était saturé par la douceur du Principe de Rama, le Ramarasa. Elle n’avait pas
d’autre japam, dhyana ou exercice spirituel. Elle consacra son temps à préparer la visite de
Rama à l’ermitage et tout en nettoyant les sentiers, elle purifia aussi son cœur. Les cailloux
et les épines disparurent des sentiers comme de son cœur, par ses efforts. Elle traversait les
sous-bois et elle en ôtait les lianes et les ronces, s’imaginant que Rama pouvait ne pas être
coiffé et que ses cheveux pourraient s’y emmêler. Elle brisait aussi les mottes de terre,
craignant que les tendres pieds de Sita ne se blessent en marchant dessus.
Quotidiennement, elle récoltait des fruits et des tubercules qu’elle conservait, car nul ne
savait quand Rama arriverait. Et elle ne prenait aucun risque…Elle goûtait tous les fruits
pour vérifier s’ils étaient amers, acides ou sucrés, de sorte que Rama puisse manger les
meilleurs ! Elle polit la surface de toutes les pierres qui se trouvaient en bordure des
sentiers de la jungle, prévoyant que Rama, Lakshmana ou Sita pourrait s’asseoir sur l’un
d’eux, quand ils seraient fatigués de marcher. Elle espérait que l’un d’eux se repose durant
quelques instants sur l’une de ces pierres qu’elle avait polies avec grand soin. C’est ainsi
que son cœur devint le cœur de Rama !
Sabari était si imprégnée de Rama que les ascètes oublièrent complètement de quel sexe
elle était et lui permirent de demeurer à l’ermitage après que Matanga leur ait fait part de
son niveau élevé de sadhana. Matanga quitta également son corps et il transmit son
ermitage à Sabari en disant qu’elle seule méritait d’être ici lorsque Rama arriverait !
La sadhana entreprise par Sabari pour obtenir la félicité de servir Rama, vous pouvez vous
aussi l’entreprendre, en servant Sai Rama dans les pauvres. Par ce service, vous réaliserez
que votre Soi est Rama.
***
LA CONFÉRENCE MONDIALE DES ANIMAUX
L’homme est le plus noble de tous les animaux, l’aboutissement d’ères innombrables
d’évolution progressive, mais il ne fait aucun effort conscient pour se montrer à la hauteur
et digne de son héritage. C’est ainsi que les animaux organisèrent une conférence
mondiale pour y débattre de la prétention de l’homme à être le couronnement de toute la
création et le souverain de tous les terriens. Le lion présida la délibération, le tigre remit en
cause les prétentions de l’homme et le léopard appuya la résolution de protestation
énergique par un discours dévastateur, condamnant l’homme :
‘’Nous les animaux, il nous couvre de honte en permanence. Il fabrique et il consomme
allègrement toutes sortes de poisons mortels et il est fier de sa suprême bêtise. Il trompe et
trahit sa propre espèce et consacre toute son énergie et ses ressources à concevoir des armes
diaboliques pour rayer de la Terre ses frères et sœurs. Il fouette les chevaux dans des
galops effrénés et flambe au jeu toutes ses économies. Il est cruel, avide, immoral,
insatiable et sans la moindre inhibition. Il montre le mauvais exemple à tout le règne
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animal. Quoiqu’il soit doué d’une intelligence et d’émotions supérieures, sa conduite est
dégoûtante et dégradante’’, dit-il. ‘’Nous, nous ignorons si et où nous obtiendrons notre
prochain repas et nous n’avons aucun lieu de repos qui soit sûr. Nous n’avons rien pour
nous emmitoufler, sinon notre peau. Néanmoins, le plus petit d’entre nous est un enfant
de Dieu nettement plus digne que ce monstre que l’on appelle ‘’homme’’, conclut-il.
Le renard se leva et ajouta : ‘’Nous avons une saison des amours, mais l’homme, je rougis
de le dire, enfreint toutes les règles et ne sait faire preuve d’aucune retenue. Il fait la loi et
il est un désastre pour tout le monde.’’
Le lion se dressa pour récapituler les arguments. Il approuva la tendance générale de la
diatribe que l’homme suscitait par sa prétention imméritée à la suprématie. Mais il refusa
de les placer tous dans le même sac. Il fit la distinction entre les hommes qui étaient
bestiaux et pire et ceux qui avaient sublimé leur passé animal par un usage correct et
adéquat des dons particuliers que sont le discernement et le détachement. Ces derniers,
dit-il, devraient être acceptés comme des Maîtres par tous les animaux, alors que les
premiers ne méritent que de solides représailles et la condamnation.
***
CHERCHER LE POINT DE VUE DE DIEU
Quatre amis entreprirent de faire des affaires dans le coton. Ceux-ci possédaient un
entrepôt pour y stocker les balles et ils s’aperçurent bien vite que les graines de coton
attiraient des rats dans l’entrepôt et décidèrent alors d’y introduire un chat pour effrayer la
population de rongeurs. Ils lui attachèrent des grelots aux pattes – en or, s’il vous plaît –
car ils adoraient leur chatte. Une fois, après avoir bondi depuis la pile des balles de coton,
la chatte se mit à boiter d’une patte. Ils appliquèrent dessus un baume, puis un bandage
autour de la patte blessée. Celui-ci se défit et la chatte qui n’avait pas remarqué la longue
bande qui traînait derrière elle s’installa au coin du feu et après que la bande eut pris feu,
elle se mit à courir – comme une dératée – et se réfugia dans l’entrepôt où tout le stock de
coton fut réduit en cendres en un clin d’œil. Les quatre amis s’étaient chacun attribués une
patte de la chatte commune et la patte blessée appartenant à l’un d’entre eux, les trois
autres voulurent lui faire payer les dommages encourus…
L’affaire se retrouva au tribunal et après avoir entendu les arguments des deux parties, le
juge dit : ‘’La patte blessée n’encourt aucune responsabilité, puisque ce sont les trois pattes
saines qui l’ont conduite dans l’entrepôt avec la traînée de feu. Ce sont donc les
propriétaires des trois pattes saines qui doivent payer les dommages causés au propriétaire
de la patte blessée.’’ Ce qui peut sembler approprié à première vue peut à la réflexion
s’avérer erroné. Il y a ce qui est correct, du point de vue matérialiste et ce qui est correct du
point de vue de Dieu. Découvrez la perspective divine en fréquentant des hommes pieux
qui peuvent être de bon conseil. Vous devez rechercher les hommes bons au lieu de les
éviter.
***
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LE PRINCIPE DU SOI EST UNIQUE ET LE MÊME EN TOUS
Il y avait un guru qui avait beaucoup de disciples et ce guru leur racontait des choses
intéressantes. Un jour, durant la leçon, le maitre dit aux disciples que pendant la puja et la
méditation, quels que soient les empêchements, ils devaient veiller à ce que leur
méditation ne soit pas dérangée. Les disciples avaient beaucoup de foi en leur guru.
Certains disciples résidaient à l’ashram même. Le jour de l’anniversaire du guru, un
disciple décida d’offrir au guru des prières spéciales en répétant les 108 noms du Seigneur.
Le disciple choisit une photo et 108 fleurs pour célébrer la puja d’une manière
traditionnelle. Un autre disciple invita le guru et l’emmena chez lui. En partant, le guru dit
au disciple qui voulait faire la puja à l’ashram même d’être prudent et de bien fermer la
porte. Ce jour-là, il faisait très chaud et le guru ne portait rien aux pieds et il n’avait plus
beaucoup de cheveux sur la crâne pour le protéger de la chaleur. Quand le guru rentra à
l’ashram et voulut qu’on lui ouvre, le disciple était occupé à l’intérieur à célébrer la puja. Le
guru tambourina à la porte et demanda au disciple qu’il ouvre la porte. Mais le disciple
répliqua qu’il était en train de célébrer la puja et que le guru devait attendre la fin de la puja,
car la puja ne devait être interrompue sous aucun prétexte ! Aujourd’hui, 99 % des gens
sont comme ce disciple. Ils rendent seulement un culte à la photo de la personne dont ils
sollicitent la grâce et ils continuent à agir ainsi, quand bien même cette dernière
tambourine à la porte même de l’adorateur.
***
UNE BASE UNIQUE, DIFFÉRENTS RÉCEPTACLES
Un jour, un guru enseignait à ses disciples : ‘’Guru Brahma, Sishya Brahma, Sarvam
Brahma.’’ Le guru voulait dire par là que tout dans l’univers est Brahman. Tous les jours,
un disciple avait l’habitude d’accueillir respectueusement son guru à son arrivée, mais
après cet épisode particulier, il cessa et ne quitta plus son siège. Le guru le questionna à
propos de sa conduite curieuse et le disciple répondit que la veille, le guru avait dit que tout
était Brahman et dès lors, il n’y avait aucune différence entre eux !
Le maître eut l’impression que ce qu’il avait dit lui était revenu comme un boomerang et il
voulut donner une leçon à l’étudiant. Il s’approcha du tableau et il écrivit ‘’Guru Brahma’’
avec deux mots bien distincts, ainsi que ‘’Sishya Brahma’’ et ‘’Sarvam Brahma’’. Si vous
observez, même si Brahma apparaît identiquement dans les trois cas, le guru, le sishya et
sarvam sont bien distincts. Ce n’est que lorsque ces trois mots sont devenus un que vous
pouvez dire que tous sont un. Et donc, jusqu’à ce que vous puissiez pratiquement faire
l’expérience de l’unité de tout, l’étudiant restera un étudiant et le maître restera un maître
et l’étudiant n’éludera pas la nécessité de respecter le maître. La base est une, mais le
réceptacle est distinct.
***
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LE BON CHEMIN QUI MÈNE À LA LIBÉRATION
Si vous consacrez votre vie aux plaisirs et aux idées mondaines, il est impossible pour vous
de réaliser Dieu.
Il y a l’histoire d’un roi qui avait pour habitude de demander à tous les visiteurs de son
royaume quelle était la bonne voie qui mène à la réalisation. Et chacun, en se fondant sur
un texte classique ou sur ce que des aînés lui avaient dit, disait qu’une voie particulière
était la bonne pour la libération. Pendant ce temps-là, un serviteur proche du roi écoutait
les multiples descriptions qui étaient faites de ce bon chemin qui conduit à la libération. Et
il s’aperçut que le roi écoutait religieusement les méthodes variées pour atteindre moksha,
mais sans mettre en pratique aucune d’entre elles ! Désirant donner une bonne leçon au
roi, un jour que le roi siégeait et qu’il s’entretenait avec beaucoup de monde dans la grande
salle, le serviteur arriva de l’extérieur en criant à pleins poumons. Le roi se leva alors et
demanda au serviteur pourquoi il criait ainsi. Le serviteur répondit avec angoisse que tous
les chameaux du palais étaient en train d’escalader la terrasse ! Le roi demanda comment
des chameaux pouvaient bien escalader la terrasse. Le serviteur dit alors que si le roi qui
baignait dans le luxe pouvait aspirer à gravir le sentier de la spiritualité et atteindre la
libération, il ne fallait pas s’étonner que des chameaux puissent escalader la terrasse et puis
s’enfuir !
***
TOUT ACTE DU SEIGNEUR A SON IMPORTANCE
Pendant la guerre, Krishna humilia l’orgueil d’Arjuna d’une manière intéressante. Un soir,
à la fin de la guerre, Arjuna était fier que Krishna soit le conducteur de son char et son
‘’serviteur’’. Et il pensait qu’en tant que ‘’maître’’, il devrait descendre du char après
Krishna et non pas avant Lui. Et donc, ce soir-là, il demanda à Krishna qu’Il descende le
premier. Mais Krishna fut catégorique : Arjuna devait d’abord descendre, dit-Il.
Longtemps après, après avoir plaidé, protesté et supplié, Arjuna descendit, à contrecœur,
en ravalant son orgueil. Krishna descendit et immédiatement après, le char partit en
fumée ! Krishna en expliqua la raison. Les flèches et les missiles incendiaires qui avaient
frappé le char étaient impuissants, aussi longtemps qu’Il était dans le char, mais en Son
absence, ils boutèrent le feu au char. Krishna montra ainsi que chaque acte et chaque
parole du Seigneur ont leur importance et leur but, que les mortels ne peuvent pas évaluer.
L’égoïsme est un solide ennemi et il faut une vigilance permanente pour le vaincre.
***
LA DÉVOTION D’HANUMAN
Un jour, après le couronnement, Sita et les trois frères de Rama se réunirent et
envisagèrent d’exclure Hanuman du service de Rama. Ils voulaient que tous les services
pour Rama ne soient partagés qu’entre eux uniquement. Ils pensaient qu’Hanuman avait
déjà reçu suffisamment d’opportunités. Ils établirent ainsi une liste aussi exhaustive que
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possible avec tous les services imaginables, depuis l’aube jusqu’au crépuscule, dans les
moindres détails et s’attribuèrent entre eux tous les postes. Ils présentèrent leur liste au
Seigneur en présence d’Hanuman. Rama entendit la nouvelle procédure, lut la liste et
approuva en souriant. Il dit à Hanuman que toutes les tâches avaient été attribuées aux
autres et qu’il pouvait maintenant se reposer. Hanuman pria pour que la liste puisse être
lue à haute voix et constata un oubli – la tâche de ‘’claquer des doigts, lorsque l’on bâille’’ !
Bien entendu, comme Rama était empereur, on ne devrait pas laisser Rama faire cela luimême. Un serviteur devrait s’en occuper, plaida-t-il. Et Rama accepta d’attribuer cette
tâche à Hanuman !
C’était une opportunité splendide pour Hanuman, car celle-ci lui permettait de servir son
Maître en permanence, car qui pourrait jamais prédire quand surviendrait le bâillement ?
Et il devait perpétuellement contempler son visage qui envoûtait le cœur et être prêt à
claquer des doigts, dès qu’il bâillerait ! Il ne pourrait pas s’éloigner une seule minute ni se
détendre un seul instant. Vous devez vous réjouir que le seva du Seigneur vous garde
toujours en Sa présence et toujours prêt à exécuter Ses ordres.
***
KARNA, LE GÉNÉREUX DONATEUR
Il y a cette belle histoire concernant Karna. Il était en train d’appliquer de l’huile sur sa
tête à l’aide d’une coupe incrustée de joyaux avant de prendre son bain. Karna avait versé
l’huile dans sa main droite et l’avait bien fait pénétrer dans ses cheveux, quand Krishna
apparut et Karna se leva pour Le servir. Il était venu lui demander la coupe ! ‘’Il m’étonne
que Vous qui êtes le Maître de l’univers désiriez un tel objet dérisoire, mais qui suis-je
donc pour Vous poser des questions ? Voici la coupe, je Vous la donne’’, dit-il, et il la
remit au Seigneur à l’aide de sa main gauche. Krishna lui fit une remontrance pour cette
faute d’avoir offert quelque chose de la main gauche, mais Karna dit : ‘’Pardonnez-moi,
Seigneur ! Ma main droite étant maculée d’huile. Je craignais qu’en prenant le temps de la
laver et de la rendre digne de Vous remettre la coupe, mon mental capricieux qui avait
consenti au don eusse pu découvrir un argument quelconque pour ne pas accéder à Votre
demande et j’aurais par conséquent pu être privé de cette unique bonne fortune par ce
mental capricieux qui me pèse. C’est la raison pour laquelle j’ai immédiatement agi et
pourquoi je Vous l’ai donnée, sans tenir compte de l’étiquette. Je Vous prie de compatir et
de me pardonner’’, plaida Karna. Karna savait que le mental est instable. Mais comme
Krishna l’a conseillé à Arjuna, on peut le dompter à l’aide du détachement et de la
discipline.
***
QUEL DÉTACHEMENT ! L’HISTOIRE DE MOHAJITH
La dévotion et l’attitude d’abandon qui en est le fruit ultime vous donneront beaucoup de
courage pour faire face à n’importe quelle situation d’urgence. Un tel courage est ce dont
vairagya (le détachement) s’agit. L’histoire de Mohajith est un bon exemple de ce type de
détachement le plus élevé. Le prince Mohajith alla trouver un sage dans la forêt afin d’être
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guidé sur le chemin spirituel. Le sage lui demanda s’il avait conquis Moha (l’attachement),
comme son nom l’indiquait. Le prince répondit que non seulement lui, mais que tous dans
son royaume l’avaient conquis ! Le sage entreprit donc de tester la vérité de cette
affirmation. Il prit la robe du prince, qu’il macula de sang et prit la direction du palais en
emportant avec lui la nouvelle funeste du meurtre du prince perpétré par des brigands dans
la jungle. La servante qu’il croisa ne consentit pas à colporter la nouvelle jusque dans les
appartements royaux et lui dit : ‘’Il est né ; il est mort. Quelle urgence y a-t-il à
transmettre cette nouvelle pour que j’interrompe ma routine et pour que je me précipite
chez le roi et la reine ?’’ Quand il finit par être reçu en audience et quand il put enfin
communiquer la triste nouvelle au père, celui-ci demeura imperturbable et murmura
comme pour lui-même : ‘’L’oiseau a quitté l’arbre sur lequel il s’était posé pour se reposer.’’
La reine aussi était impassible.
Elle dit au sage que cette Terre est un caravansérail où les hommes séjournent pour la nuit
et quand le jour se lève, un par un, ils suivent leurs voies distinctes. ‘’Proches’’ et ‘’amis’’
sont des mots que nous utilisons pour l’attachement aux voyageurs cultivé dans le
caravansérail durant la brève période de la relation. La femme du prince ‘’mort’’ n’était pas
plus affectée. Elle dit : ‘’Le mari et la femme sont comme deux morceaux de bois qui sont
emportés par une rivière en crue. Ils flottent l’un près de l’autre pendant quelque temps et
quand un courant s’interpose entre eux, ils se séparent. Chacun doit continuer jusqu’à
l’océan à sa propre allure, à son propre rythme. Il est inutile de pleurer la séparation des
deux. C’est dans la nature même de la nature qu’il en soit ainsi.’’ Le sage exultait de
constater ce détachement solide et sincère chez les dirigeants, comme chez les citoyens. Il
retourna dans la forêt et il annonça au prince que pendant qu’il était parti, une armée
hostile avait envahi son royaume, tué toute la famille royale, pillé le royaume et réduit en
esclavage ses sujets. Celui-ci accueillit calmement la nouvelle et dit : ‘’Tout ceci n’est
qu’une bulle impermanente et fragile et suivra donc le cours de la bulle. Guidez-moi pour
atteindre l’Infini et l’Impérissable.’’
***
NE JAMAIS JUGER LA DÉVOTION D’UN AUTRE
L’habitude prévaut maintenant largement de juger les autres et de leur coller une étiquette
de fidèle ou d’athée. Que savez-vous, que pouvez-vous savoir de la manière dont l’esprit
d’un autre opère ? Il y avait jadis une reine qui était une grande dévote de Rama et qui
s’attristait beaucoup du fait que son mari, le Raja, ne prononçait jamais le Nom de Rama et
qu’il n’avait pas de dévotion. Elle avait fait le vœu qu’à la première occasion où elle aurait
la preuve de sa bhakti ou du respect du Ramanama, elle célébrerait la puja avec un faste
particulier. Et puis une nuit, dans son sommeil, le Raja prononça trois fois pieusement le
Nom de Rama. Elle entendit le Namasmarana et la découverte de la dévotion de son mari à
l’égard de Rama la rendit si heureuse qu’elle ordonna des réjouissances générales dans tout
le royaume et que les pauvres soient nourris. Le Raja ignorait la raison d’une telle
célébration, car il lui fut simplement dit qu’il s’agissait d’un ordre de la reine que les
ministres avaient exécuté. Similairement, il est aussi possible qu’un mari ne soit pas
conscient de l’excellence des accomplissements spirituels de sa femme. Il y a le cas de ce
couple qui se rendait en pèlerinage dans un sanctuaire inaccessible en traversant une jungle
épaisse. Le mari aperçut sur le sentier une pierre précieuse qui scintillait avec les rayons du
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soleil qui s’y reflétaient à travers les feuilles des arbres. Il se hâta de la recouvrir de sable
avec un mouvement du pied pour que sa femme ne soit pas tentée de la ramasser et de
devenir l’esclave du clinquant. La femme remarqua son geste et le réprimanda pour
entretenir dans son esprit une différence entre le sable et le diamant. Pour elle, c’était du
pareil au même.
Le Raja qui prononça dans son sommeil le saint nom de Rama s’en voulut beaucoup, selon
l’histoire, d’avoir laissé s’échapper de sa langue le Nom de Rama, car il pensait que
personne ne devrait connaître son amour pour Rama. Beaucoup ne proclameront pas sur
tous les toits qui est leur guru ou quel est le Nom et la Forme qu’ils préfèrent, mais que
vous le déclariez ou non à autrui, gardez-les toujours à l’esprit. Le Ramanama ou tout autre
Nom doit être aussi constant que la respiration et pour cela, la pratique est indispensable.
Une personne a une fois dit au Dr Johnson, le célèbre penseur anglais, qu’elle pouvait
rarement trouver le temps de réciter le Nom de Dieu à cause des centaines de choses
qu’elle devait faire depuis l’aube jusqu’à la nuit tombée, voire même longtemps après. Et le
Dr Johnson a répondu par une question. Il a demandé combien de millions de personnes
avaient trouvé de l’espace pour vivre à la surface de la Terre composée de deux tiers d’eau
et dont le reste abonde en montagnes, déserts, forêts, régions glacées, marais et autres
régions impossibles du même type. Le questionneur a dit que l’homme avait certainement
dû lutter pour trouver de l’espace vital. Et bien c’est pareil, a dit le Dr Johnson, l’homme
doit se débrouiller pour trouver tous les jours quelques minutes pour prier le Seigneur.
***
AVEC DIEU À VOS CÔTÉS,
LE MONDE EST ENTRE VOS MAINS
Il se peut que vous ayez accumulé des richesses, acquis une grande érudition et que vous
connaissiez la santé et la force, mais à moins d’avoir obtenu en plus la vision du Souverain
suprême et l’aspiration d’être continuellement dans l’extase de cette vision, tout ce que
vous avez pu engranger n’est rien que de la camelote. L’Inde possède une grande épopée, le
Mahabharata, qui décrit la guerre entre les Kauravas et les Pandavas. Les Kauravas avaient
des ressources financières et militaires supérieures. Ils se rendirent auprès de Krishna,
l’Incarnation du Seigneur, pour obtenir Son aide, mais ils se contentèrent de recevoir de
Lui une grande armée et une quantité énorme d’armement, alors que les Pandavas ne
sollicitèrent que Sa grâce ! Le Seigneur marqua Son accord et Il rejoignit le camp des
Pandavas, seul et sans armes. Il tenait une simple cravache et Il conduisait les chevaux du
char d’Arjuna. C’était tout ce qui était nécessaire pour la victoire. Les Kauravas connurent
une défaite cinglante et les Pandavas gagnèrent l’empire et la renommée éternelle.
Avec Dieu à vos côtés, le monde est entre vos mains. C’est la leçon que les Ecritures
hindoues mettent en exergue. ‘’Renonce à tous les liens de droit et de devoir et abandonnetoi à Moi sans aucune réserve ! Je te garderai du péché et Je te délivrerai de ce pénible cycle
d’entrées et sorties sur la scène de la vie. Tu pourras demeurer à jamais dans ta propre
réalité de calme éternel’’, a assuré le Seigneur.
***
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DHARMARAJA PLEURE LA MORT DE KARNA
Karna, le fils aîné des Pandavas, ignorait qu’il était le frère des cinq autres et les cinq frères
ne le savaient pas non plus. A cause de cette ignorance, Karna débordait de haine à
l’encontre des cinq ; il désirait ardemment les détruire et il se prépara à la guerre avec une
énergie sans cesse renouvelée. Ses cinq jeunes frères se préparèrent aussi à le faire périr et
se conduisirent envers lui comme s’il était leur ennemi mortel. Quand Dharmaraja, l’aîné
des cinq, apprit après la mort de Karna qu’ils avaient ‘’mené à bien’’, que Karna était son
frère, sa douleur fut incommensurable. Il était inconsolable et déchiré par le désespoir. Si
seulement il avait su la vérité, toute cette peine aurait pu être évitée, n’est-ce pas ?
Similairement, jusqu’à ce que vous sachiez que tous sont des autels où le même Dieu est
installé, que tous sont mus et motivés par la grâce du même Dieu, vous êtes affectés par la
haine et par l’orgueil. Une fois que vous le savez et que vous l’expérimentez, vous êtes
alors pleins d’amour et de respect pour tous. Le remède barbare de la guerre sera jeté aux
oubliettes, lorsque la fraternité essentielle de l’homme sera ressentie dans les entrailles
profondes de l’homme.
***
KRISHNA EST LA VISUALISATION DE L’ATMA
Le Krishna dont vous devriez célébrer l’avènement n’est pas le petit vacher qui charmait
les villageois et les villageoises avec Sa flûte, mais le Principe divin indéfinissable et
insondable qui est né dans le nombril du corps (Mathura), produit par l’Energie (Devaki),
puis transmis à la bouche (Gokulam) et promu par la langue (Yashoda) comme source de
douceur. Krishna est la visualisation de l’Atma que la répétition du Nom accorde, une
vision qu’a obtenue Yashoda. Il vous faut placer ce Krishna sur votre langue : quand Il
danse dessus, le poison de la langue sera totalement évacué sans porter préjudice à qui que
soit, comme c’est arrivé lorsqu’enfant, Il dansa sur les capuchons du serpent Kalinga.
Yashoda retrouve la trace de Krishna là où Il se cache, grâce aux empreintes qu’Il laisse,
après avoir brisé le pot du lait caillé qu’elle barattait. C’est une histoire symbolique qui
illustre comment le Seigneur brise notre identification au corps et nous conduit à Lui via
des signes et des signaux qu’Il laisse tout autour de nous. Ces signes sont toujours présents
dans la nature qui nous entoure : dans la beauté du soleil qui se lève, l’extase de l’arc-enciel, la mélodie des oiseaux, la surface des lacs constellée de lotus, le silence des pics
couronnés de neige – en réalité, comme Dieu est rasa, douceur, extase, toute la nature qui
n’est que Lui-même en action est douce et extatique. Avec ou sans forme, Il est ananda
(Félicité). Accueillez-Le dans votre cœur sous la forme de Rama – Celui qui est joie et qui
confère la joie – ou celle de Krishna – Celui qui vous attire par la joie qu’Il communique –
et vivez tous vos moments avec Lui, en Lui offrant votre dhyana (méditation), votre puja
(adoration rituelle), votre japa (répétition du Nom du Seigneur ou d’un mantra). Ceci
ouvrira les portes de jnana (connaissance, sagesse) et de la Libération. C’est la marque des
sages, tandis que les autres errent dans le désert et remplissent leurs moments perdus de
bagatelles, de babioles et de hochets insignifiants.
***
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LES NARADA BHAKTI SUTRAS
Une fois, Narada interrogea Vishnu : ‘’Les rishis ou les sages qui avaient réalisé la sagesse
la plus pure concernant l’Atma universel n’ont pas su gagner Ta grâce, alors que les
vachères illettrées de Gokulam, charmées par Ta beauté, par Ton jeu, par Ta musique, par
Tes babillages, par Ta douceur, et par Ta spontanéité indéchiffrable – elles ont obtenu Ta
grâce. Comment cela est-il possible ?’’ Mais Narada lui-même apprit ultérieurement que
les gopis tenaient Krishna (le Seigneur) comme le souffle même de leurs vies, la prunelle
de leurs yeux, le son de leur ouïe, la saveur de leur langue, le toucher de leur peau. Tout en
s’occupant des vaches et des veaux, tout en veillant sur leurs maris et sur leurs enfants,
tout en satisfaisant aux mille et une corvées de la vie matérielle, elles vivaient en Krishna,
avec Krishna et par Krishna uniquement : Sarvada Sarva Kaleshu Hari Chintanam. En toutes
circonstances, à tout moment et en tout lieu, leurs esprits ne s’attardaient que sur Hari
(Krishna, le Seigneur). Comment alors Dieu pouvait-Il leur refuser Sa grâce ?
Lorsque Narada se rendit à Gokulam et lorsqu’il appela autour de lui les gopis pour qu’elles
puissent écouter ses enseignements pour acquérir jnana (la connaissance, la sagesse), les
gopis ne lui prêtèrent aucune attention et répondirent qu’elles ne voulaient pas gâcher de
précieux instants. ‘’Toutes les heures du jour et de la nuit ne suffisent pas pour que nous
nous attardions sur le Nom du Seigneur. Nous n’avons pas besoin de vos acrobaties
verbales pour nous convaincre que Dieu est Satchitananda swarupa (qu(Il représente l’Etre,
la Conscience et la Félicité). Nous connaissons, nous ressentons, nous expérimentons la
Félicité à chaque instant.’’ C’est suite à cette révélation de la suprématie de la bhakti que
Narada composa les Bhakti Sutras qui sont devenus des torches pour guider les aspirants.
***
JOUER AVEC LE NOM DE DIEU
Il était une fois un petit garçon qui ramassa un joyau précieux, brillant et rond, et qui
l’utilisa pour jouer aux billes sur la route avec ses camarades. Un marchand de pierres
précieuses passa par hasard sur cette route et son regard avisé tomba sur le joyau. Il
s’approcha du garçon, le prit à part et il lui offrit 50 roupies en échange de la ‘’bille’’. Si le
garçon avait su ce que valaient 50 roupies, il aurait su la valeur du joyau. Il alla trouver sa
mère et il lui rapporta qu’un étranger lui avait offert 50 roupies en échange de la bille avec
laquelle il jouait. Elle s’étonna du prix et lui dit : ‘’Ne sors pas de la cour avec ! Joue dans le
jardin avec tes amis’’. Des limites furent fixées après la révélation de sa valeur.
Le marchand ne réussit pas à dormir, cette nuit-là. Il projetait de subtiliser le joyau à ces
gens simples pour pouvoir le revendre à un millionnaire ou à un maharaja avec un
plantureux bénéfice. Il découvrit la maison du garçon et fit les cent pas en espérant voir le
garçon. Lorsqu’il vit le garçon qui jouait avec comme s’il s’agissait d’un vulgaire caillou, il
commença à avoir des palpitations ! Le garçon le jeta par terre. Sa mère sortait justement
de chez elle et il heurta son pied pour se retrouver sous un buisson. Il parla au garçon et il
lui demanda le joyau en échange de 100 roupies ou même de 500 roupies ! Le garçon courut
se réfugier à l’intérieur de la maison en pleurnichant et en se plaignant de l’étranger qui ne
voulait pas le laisser tranquille. La mère sortit dans le jardin et elle pria le marchand de
s’en aller.
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Le marchand saisit l’opportunité. Il dit à la mère qu’il était prêt à lui donner 1000 roupies
sur le champ en échange de la ‘’bille’’. En entendant cela, elle interdit à l’enfant de jouer
avec à l’extérieur de la maison. Désormais, il ne pourrait plus jouer avec qu’à l’intérieur.
Mais le marchand ne s’avoua pas vaincu. Le lendemain, il revint à la charge et fit une offre
de 10 000 roupies en échange de la ‘’bille’’. La mère refusa de s’en séparer et la plaça en lieu
sûr, dans son coffre-fort ! Et lorsque le marchand revint encore une fois, le lendemain avec
50 000 roupies, elle déposa le joyau à la banque dans la chambre forte.
Vous aussi, vous jouez avec le Nom de Dieu, tout en étant inconscient de sa valeur. Une
fois que vous comprendrez sa valeur, vous le garderez dans le tréfonds de votre cœur,
comme le plus précieux de tous les trésors. Sachez que le Nom est la clé du succès dans
votre recherche de consolation, de confiance, de courage, d’illumination et de libération.
***
CHAITANYA, L’INCARNATION DE KRISHNA
Enfant, Chaitanya laissa présager à sa mère qu’il était une incarnation de Krishna.
Chaitanya était alors un bambin qui rampait à quatre pattes. Sa mère avait reçu chez elle
la visite d’un invité, un vieux brahmane traditionnel qui prépara son propre repas avec les
provisions qu’elle lui avait remises. Il voulait que ses aliments soient rituellement purs et
non contaminés par le contact d’autres mains et fit offrande à Dieu de la nourriture qu’il se
proposait de consommer ; tel était son vœu. Il était assez tard, lorsque l’offrande fut enfin
prête. Et précisément au moment où il s’assit devant l’idole de Krishna pour lui rendre un
culte, l’enfant s’approcha et trempa ses doigts dans le récipient en rendant ainsi ‘’impure’’
l’offrande qui avait été faite à Dieu. La mère remit d’autres provisions au brahmane, les
aliments furent cuits et le culte reprit très tard dans la journée. Mais une nouvelle fois,
l’enfant arriva en rampant, subrepticement, et il ‘’contamina’’ l’offrande sacrée ! Et il refit
le coup une troisième fois ! Sa mère l’entraîna plus loin en le menaçant de lui faire passer
l’envie de commettre encore ce genre de farces, mais l’enfant dit à sa mère sur un ton plein
d’innocence : ‘’Il M’appelle pour manger son offrande et quand Je m’approche d’elle, il se
fâche !’’ Et c’est ainsi qu’il révéla qu’Il était Krishna !
***
LA PLUS GRANDE PEINE CHASSE LA MOINDRE PEINE
A la mort de l’empereur Dasaratha, il n’y avait personne pour s’occuper des funérailles et
donc, on communiqua la nouvelle aux plus jeunes fils, Bharata et Satrughna qui se
trouvaient dans la capitale d’un parent. On ne les informa pas directement et lorsqu’ils
arrivèrent et lorsqu’ils virent le corps, ils furent si choqués par le silence inerte de leur cher
père qu’ils coururent chez la reine Kausalya, leur belle-mère. Celle-ci fondit en larmes,
lorsque les deux garçons entrèrent en courant dans ses appartements. Ils furent à nouveau
choqués et demandèrent ce qui se passait. C’est ainsi qu’elle leur communiqua la triste
nouvelle de la mort de leur père. La tragédie plongea Bharata dans le chagrin et il éclata en
sanglots en se frappant la poitrine. La douleur était inconsolable. Puis, au beau milieu de sa
détresse, il dit : ‘’Mère, comme je suis malheureux ! Je n’ai pas eu la chance de m’occuper
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de lui pendant les derniers jours de sa maladie. Hélas, toi aussi, mon cher frère, qui n’as
pas pu bénéficier de cette opportunité précieuse de lui rendre service’’, dit-il en donnant
quelques petite tapes sur la tête de Satrughna. Après un moment, il continua : ‘’Mère !
Rama et Lakshmana ont vraiment eu de la chance d’être avec lui. Ils ont pu s’occuper de
lui et lui rendre service. Ils étaient avec lui, quand il a rendu son dernier soupir. Puisque
nous n’étions pas là, notre père a-t-il laissé des ordres nous concernant ? Quelle était sa
dernière volonté à notre égard ? S’est-il rappelé de nous ? Nous a-t-il fait chercher ?’’
Kausalya dit : ‘’Mon fils ! Il n’avait qu’un seul Nom sur la langue, une seule Forme devant
les yeux, le Nom de Rama et la Forme de Rama.’’ Bharata parut surpris et il demanda :
‘’Comment se fait-il qu’il prononçait le nom de Rama et qu’il soupirait après la forme de
Rama qui était à son chevet et pas après moi qui était loin ? Oh, comme je suis malheureux
d’avoir perdu l’affection de mon cher père !’’ Kausalya précisa : ‘’Si Rama avait été à son
chevet ou tout près de lui, alors, il ne serait pas mort.’’ Bharata s’écria : ‘’Mère ! Où était
donc passé Rama ? Pourquoi était-il parti ? Et où est-il maintenant ? Est-il parti chasser
dans la forêt ou en excursion sur la Sarayu ?’’ La mère dit encore : ‘’Non, non. Il s’est exilé
dans la forêt durant quatorze années.’’ Bharata n’en pouvait plus. ‘’Hélas ! Quelle tragédie
incroyable et effarante que celle-ci ! Quel crime, quel péché Rama a-t-il donc commis pour
mériter cet exil ? Pourquoi a-t-il dû partir ?’’ ‘’Eh bien, c’est ta mère qui a voulu qu’il parte
et donc, il est parti’’, répondit la reine.
Quand Bharata apprit cela, la peine qu’il avait endurée en apprenant la mort de son père
pâlit et celle qui surgit après avoir appris que sa mère avait envoyé Rama en exil pendant
quatorze ans engloutit tout le reste et la plus grande peine chassa la moindre.
***
LA COMPASSION EST LE SIGNE DES GRANDS
Une fois, alors que Samartha Ramdas parcourait la campagne avec ses disciples, ceux qui
le suivaient repérèrent un champ de cannes à sucre bien juteuses, y entrèrent et
commencèrent à arracher les cannes à sucre pour leur plus grand délice. Le propriétaire du
champ s’irrita naturellement d’une telle conduite et de la perte qu’ils lui faisaient subir et il
leur tomba dessus à coups de bâton. Le Maître regretta que ses disciples aient enfreint la
discipline en étant si malencontreusement attirés par le désir de la langue pour le jus sucré.
Le lendemain, ils arrivèrent chez l’empereur Sivaji où une grande réception attendait le
guru et ses disciples. Sivaji offrit de s’occuper personnellement du guru pendant son bain
rituel. Et quand Ramdas se dévêtit, Sivaji fut choqué de découvrir de grosses marques
rouges qui indiquaient qu’il avait été battu ! Si grande était la compassion du saint qu’il
avait pris sur lui les coups destinés à ses disciples. Sivaji fit amener le propriétaire du
champ de cannes à sucre et quand celui se présenta en tremblant devant l’empereur et son
guru, Sivaji demanda à Ramdas de lui infliger le châtiment qu’il voudrait, mais Ramdas
avait accepté le fait que ses disciples avaient commis une injustice et bénit le fermier en lui
accordant même la faveur que ses terres seraient désormais exemptées d’impôts.
***
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LA RÉCOMPENSE D’UNE ASPIRATION SINCÈRE
Autrefois, il y avait un sultan qui gouvernait la région de Mathura, de Brindavan et
d’autres lieux situés sur la Yamuna. Pendant son règne, l’empereur de Vijayanagar se
rendit en pèlerinage à Brindavan où il séjourna durant quelques jours et il rendit hommage
à Krishna dans le temple. Le sultan crut qu’il devait être venu pour présenter ses respects à
quelqu’un qui le dépassait et il était farouchement déterminé à voir qui c’était, advienne
que pourra. Et c’est ainsi qu’une nuit, il sortit en catimini et qu’il appela devant les portes
closes du temple : ‘’Qui est là ?’’ Et il entendit une voix qui répondit : ‘’Govind Maharaj et
Radha Rani !’’ Le sultan était maintenant persuadé qu’il y avait deux personnes qui
vivaient là – un super empereur et sa super impératrice ! Il débordait d’une immense
aspiration pour voir les occupants distingués du temple et il attendit devant la porte, sans
manger ni boire pendant trois jours entiers. Même s’il était tenaillé par la faim et par la
soif, il ne bougea pas, car il appréhendait que le couple impérial puisse sortir à tout
moment et de manquer son darshan.
Cette nuit-là, alors que la ville était endormie, Govind Maharaj et Radha Rani quittèrent
le temple, juste avant minuit et lui firent signe de les suivre. Ils étaient magnifiquement
vêtus et ils portaient des coiffes richement ornées de joyaux, des colliers, des bracelets
ainsi que d’autres ornements aux mains et aux pieds. Ils marchèrent jusqu’à ce qu’ils
arrivent au bord de la Yamuna où des milliers de gopas et de gopis s’étaient rassemblés pour
les accueillir. Il y eut alors de la musique et des danses au clair de lune et une joie céleste
illuminait tous les visages. A quatre heures, ils retournèrent au temple et avant de franchir
les portes closes, ils lui remirent les kankanas qu’ils portaient aux poignets afin qu’il les
garde et avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, ils avaient disparu.
A ce moment-là, un groupe de prêtres arriva et quand ils le virent, ils lui demandèrent ce
qu’il faisait là et ce qu’il tenait en main. Ils étaient venus ouvrir les portes extérieures et
intérieures et inaugurer les rituels de la journée avec le suprabhatam1 et le nagarasamkirtan2.
Le sultan dit : ‘’Govind Maharaj et Radha Rani viennent tout juste de rentrer ! Je les ai
vus sur la rive de la Yamuna depuis minuit jusqu’il y a quelques minutes et ils m’ont
donné ces kankanas pour que je les garde. J’ignore pourquoi.’’ Ils le suspectèrent d’être un
voleur qui leur racontait des bobards après avoir été pris en flagrant délit, le ligotèrent et le
battirent. Mais en y réfléchissant bien, l’idole de Krishna ne portait pas de kankanas en or
et ils furent convaincus que l’homme qui se trouvait à l’extérieur était un grand bhakta qui
avait reçu une vision unique du Seigneur. Ils l’honorèrent et sollicitèrent son pardon pour
l’erreur commise en toute ignorance. Telle est la récompense de l’aspiration sincère : la
félicité infinie peut être gagnée par une foi sans réserve en Dieu.
***
QU’Y A-T-IL DE PLUS ÉTONNANT ?
Une fois, Brahma demanda au sage Narada quelle était la chose la plus étonnante qu’il ait
vue sur la Terre. Narada répondit : ‘’La chose la plus étonnante que j’ai vue, c’est celle-ci :
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Hymne d’éveil du Seigneur
Chanter des chants dévotionnels en groupe en déambulant dans les rues pour éveiller la population
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c’est que les mortels pleurent les morts.’’ Ceux qui sont eux-mêmes tout près de mourir
pleurent les morts, comme si leurs pleurs avaient la moindre influence, que ce soit pour
ressusciter les morts ou pour empêcher leur propre mort ! Brahma lui demanda de raconter
autre chose qui le stupéfiait encore et Narada dit : ‘’Tout le monde redoute les
conséquences du péché, mais continue quand même de pécher ! Et chacun aspire aux
résultats d’actes méritoires, mais rechigne à poser le moindre acte méritoire !’’
***
LA MEILLEURE AMIE POUR LA VIE
On peut illustrer le genre d’amitié qui prévaut aujourd’hui par cette histoire. Une personne
avait trois amis. Elle avait contracté de mauvaises habitudes et en conséquence, elle s’était
exposée à des poursuites judiciaires. Elle se rendit auprès de l’un de ses amis pour solliciter
son aide et cet ami lui répondit sans ambages qu’il ne voulait pas se mêler du crime qu’elle
avait commis et il refusa de fournir la moindre preuve qui pourrait lui être d’un
quelconque secours. Elle se rendit alors auprès d’un deuxième ami qui lui dit qu’il voulait
bien l’accompagner jusqu’au tribunal, mais qu’il refusait de témoigner. Et ensuite, elle
sollicita l’aide d’un troisième ami qui répondit positivement : ‘’OK, tes problèmes sont les
miens, mes problèmes sont les tiens et je t’aiderai de toutes les manières possibles.’’ Il est
bien évident que parmi les trois, c’est le troisième qui est le meilleur type d’ami.
Dans notre vie aussi, nous avons ces trois genres d’amis. Au moment de mourir, nous
devrons laisser derrière nous tout ce que nous possédons. Ni vos biens, ni votre statut ne
vous accompagneront. Il est possible que vos amis et que vos relations viennent au
cimetière ou au crématorium, mais ensuite, ils rentreront tous chez eux. Seules les bonnes
actions et les mauvaises actions que vous avez commises durant votre vie vous
accompagneront. Votre prochaine naissance sera forgée à partir des actes que vous avez
posés dans cette vie. Pour rester bon, il vous faut cultiver la vérité qui est une constante
alors que tout le reste, y compris votre corps, est soumis au changement, à la
décomposition et à la mort.
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LES PLAISIRS MATÉRIELS SONT COMME L’EMPRISE DU
SERPENT
Il y a une vingtaine d’années, une personne vint Me trouver et elle pria pour réussir son
examen et pour obtenir une grande distinction. Je lui répondis qu’elle devrait fournir
certains efforts et que les résultats seraient conformes à la volonté de Dieu. Je lui accordai
Mes bénédictions et Je la renvoyai. Cette personne obtint effectivement une grande
distinction et elle vint à nouveau Me trouver après avoir réussi son examen et elle Me
demanda Mes bénédictions pour obtenir un travail. En moins d’un mois l’étudiant obtint
un travail. Après quelques mois, il vint à nouveau Me trouver. Il dit qu’il avait un travail,
qu’il était heureux et il dit aussi qu’il voulait épouser une dactylo qui travaillait dans son
bureau. Je lui dis que si son père et si sa mère étaient d’accord, il pouvait le faire, mais
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qu’ils pourraient ne pas apprécier l’idée. Il n’était pas enclin à M’écouter. Il dit que même
si cela impliquait de transgresser les souhaits de ses parents, il était déterminé à épouser
cette fille. En fait, il suggéra même qu’il renoncerait à la vie, si le mariage n’était pas
possible. Je lui dis qu’il devrait convaincre ses parents avant de former une telle alliance. Il
mit un maximum de pression sur ses parents et comme ils ne trouvèrent pas d’autre
alternative, ils acquiescèrent au mariage. Le mariage fut célébré et après un an, tous les
deux vinrent Me trouver et dirent qu’ils voulaient un fils. Après la naissance d’un fils, ses
dépenses se multiplièrent, sa femme abandonna son travail et il vint Me trouver pour
obtenir une promotion. Par sa bonne fortune, il obtint une promotion. Bien qu’il était
quelque peu naïf concernant les questions matérielles, il avait beaucoup de foi en ce qui
concerne Swami. Je lui donnai Mes bénédictions et il obtint une promotion. Il ne se
manifesta plus par la suite pendant cinq ans. Il était très heureux et au cours de ces cinq
années qui suivirent, ils eurent quatre enfants. Puis, Il vint de nouveau Me trouver après
cinq ans et il Me dit qu’il en avait marre de la famille, qu’il ne pouvait plus supporter le
fardeau de la famille et qu’il voulait sortir de tout ce pétrin ! Il dit qu’il désirait un petit
travail à l’intérieur de l’ashram même et que sa famille le tenait maintenant sous son
emprise, comme un énorme serpent. Je lui demandai si c’était le serpent qui l’avait attrapé
de lui-même ou s’il avait permis au serpent de s’approcher de lui et de le saisir !
***
LE SON EST SACRÉ
Un maître qui avait une dizaine d’étudiants était en train de leur enseigner, lorsqu’un
personnage qui jouissait d’un certain pouvoir et d’un certain statut arriva dans son ashram.
Le maître n’alla pas jusqu’à la porte pour l’accueillir et le recevoir. Et cet homme, parce
qu’il jouissait d’un certain pouvoir et d’un certain statut se sentit quelque peu offusqué et il
entra directement dans la classe et demanda au maître : ‘’Pour quelle raison ne vous
préoccupez-vous pas de moi ? Vous n’êtes pas venu m’accueillir. Que se passe-t-il ici ?’’ Le
maître répondit : ‘’J’étais occupé à enseigner à ces enfants quelques bonnes choses.’’ Le
personnage demanda : ‘’Et simplement parce que vous enseignez des ‘’bonnes choses’’, le
cœur de ces enfants va-t-il en être transformé et devenir plus saint ?’’ Le maître s’enhardit
et dit : ‘’Oui, bien sûr, il est tout à fait possible que mon enseignement transforme leur
esprit.’’ L’intrus dit : ‘’Cela, je ne puis le croire !’’ et le maître répondit : ‘’Le fait que vous
ne puissiez le croire signifie juste que vous n’avez aucune foi et c’est une raison pour
laquelle je ne puis renoncer à leur apprendre certaines bonnes choses.’’ Alors ce personnage
qui se croyait important entreprit de discuter et prétendit qu’il était impossible de
transformer l’esprit d’une personne par de simples mots. Le maître qui était malin et qui
connaissait bien tout cela demanda au plus jeune des garçons de se lever et dit à voix
haute : ‘’Mon garçon, prends ce visiteur par la peau du cou et mets-le dehors !’’ Le sang du
visiteur se mit immédiatement à bouillir en entendant ces paroles et ses yeux devinrent
rouges. Il était furibard et s’approcha pour donner une correction au maître. A ce momentlà, le maître demanda : ‘’Monsieur, pour quelle raison vous mettez-vous dans une telle
colère ? Personne ne vous a battu et personne ne vous a jeté dehors ! La seule chose qui
vous a irrité et excité à ce point, ce sont les quelques mots que j’ai dits à ce garçon. Vous
qui disiez que vous ne croyiez pas qu’on pouvait transformer l’esprit par de simples mots,
alors, pourquoi ces mêmes mots que j’ai dits à ce garçon ont-ils tellement transformé
votre esprit que vous vous êtes énervé à ce point ? Ainsi, il est tout à fait faux de dire
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qu’on ne peut transformer l’esprit avec de simples mots. Avec quelques mots simples, vous
pouvez provoquer n’importe quel tumulte. Avec quelques mots simples, vous pouvez
engendrer beaucoup d’affection. Avec quelques mots simples, vous pouvez obtenir la grâce
de n’importe qui.’’ Ainsi, si dans ce monde, vous voulez promouvoir l’amitié, vous pouvez
le faire en utilisant des mots gentils, en parlant d’une manière très douce et en parlant de
choses sacrées. D’un autre côté, si vous employez des mots durs, vous n’encouragerez pas
l’amitié dans ce monde.
***
BRAHMAN EST OMNIPRÉSENT
Dans les Upanishads, nous avons cette histoire d’une personne très instruite et qui était
aussi un guru. Il s’appelait Uddalaka et il avait un fils qui s’appelait Shvetaketu. Le fils,
Shvetaketu, voulait s’instruire auprès de son propre père, mais le père s’y opposa. La
raison est celle-ci : pour un fils qui se conduit librement avec son père, il est plutôt difficile
pour lui comme pour le père de s’en tenir à et de respecter une relation guru/disciple
appropriée. Le fils gardera toujours l’idée que le Maître est son père et le concept de père et
de fils perdurera, ceci en raison de l’affection née entre père et fils. Ici, vous avez aussi la
justification pour laquelle on appelle le fils un ‘’kama putra’’, un fils né de l’affection. Là où
il y a de l’attachement, là où il y a de l’affection et là où il y a un sentiment
d’appartenance, il y aura aussi de l’indulgence et il n’est guère possible de proposer une
éducation dans sa pleine mesure et avec la discipline adéquate. Parce qu’Uddalaka réalisait
et comprenait la situation que l’éducation ne peut être complète ni parfaite, s’il demeure
un lien d’attachement, il envoya son fils Shvetaketu chez un autre guru pour y recevoir un
enseignement et une éducation appropriée.
Considérant la situation, Shvetaketu qui était jeune et inexpérimenté se méprit,
l’interpréta erronément et eut le sentiment que son père n’était peut-être pas parfaitement
instruit et n’avait donc pas les compétences pour l’instruire, raison pour laquelle il
l’envoyait chez un autre guru pour y faire ses études. Pendant quelques années,
Shvetaketu demeura chez son guru et y termina ses études avant de revenir chez son père,
plutôt fier de son érudition supérieure. Son père le remarqua et demanda à son fils ce qu’il
avait appris. ‘’Quels différents systèmes as-tu appris ? Connais-tu Brahman ? As-tu appris
cette branche particulière de l’éducation en vertu de laquelle on n’a pas besoin d’apprendre
quoi que ce soit d’autre et on peut tout connaitre ?’’ Tandis que son père lui posait toutes
ces questions, son fils se tortillait d’une manière assez curieuse et drôle. Il affectait des airs
supérieurs et une certaine vanité, comme s’il était maintenant beaucoup plus cultivé et
instruit que son père et comme si celui-ci ne comprendrait pas du tout, s’il se mettait à lui
dire tout ce qu’il avait appris pendant ces quelques années. Le père put aisément distinguer
la fausse vanité et l’immaturité de son fils et le fils voulut se mettre en évidence en
répondant à son père que Dieu était ainsi, comme cela, etc.
Uddalaka songea que son fils ne saisirait rien du tout s’il essayait de lui dire la vérité sur
Brahman avec des mots et il pensa que ce serait mieux de lui enseigner par l’exemple. Il
apporta un pot rempli d’eau. Il apporta aussi du sucre. Et après lui avoir montré le sucre, il
versa tout le sucre dans l’eau du pot. Ensuite, il remua le sucre jusqu’à ce qu’il se soit
totalement dissous dans l’eau, il regarda son fils et lui demanda : ‘’J’ai apporté du sucre que
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tu as pu voir. Puis, je l’ai versé dans le récipient. Maintenant, peux-tu me dire où le sucre
se trouve dans ce récipient ?’’ Le fils regarda à l’intérieur du pot et bien entendu, il ne
trouva pas de sucre dans le récipient en tant que tel. Le père plaça alors quelques gouttes
provenant du fond du pot sur la langue de son fils et demanda : ‘’Comment est le goût ?
Tu peux prendre quelques gouttes n’importe où dans le récipient et puis goûter.’’ Le fils
dut admettre que le sucre se trouvait maintenant dans chaque goutte du contenu du
récipient et qu’il était partout présent. ‘’De même que tu viens de voir ce sucre partout
présent, de même Brahman prend forme ou possède des attributs, vient dans ce monde, y
réside et est présent dans tout ce que tu vois autour de toi. Il n’est pas possible de Le voir
distinctement avec tes yeux ni de Le toucher séparément avec tes mains. Il est simplement
possible de Le reconnaître en L’expérimentant dans l’état du monde. Tu ne peux rien faire
de plus avec ton corps grossier qu’expérimenter Brahman qui est omniprésent et qui
imprègne tout.’’
Ce n’est qu’après être parvenu à cette expérience profonde que vous êtes en position pour
pouvoir parler de l’advaita et pour pouvoir exprimer la nature de Dieu, de Son
omniprésence, etc. Ce n’est qu’après une telle expérience que vous pouvez revendiquer le
droit et l’autorité pour parler de l’omniprésence de Dieu. Autrement, parler de Dieu et de
Son omniprésence à la manière d’un perroquet et comme si vous connaissiez vraiment
tout cela est absolument mensonger. Ce n’est qu’après l’expérience non-duelle de la
divinité que vous pouvez parler de l’advaita ou de non-dualité.
***
TOUT LAISSER À LA VOLONTÉ DE DIEU
La ferveur conduit à s’en remettre à Dieu et s’en remettre à Dieu donne la plus grande joie.
Laissez tout à Sa volonté, acceptez toute occurrence, que celle-ci soit agréable ou pénible.
Jadis, il y avait un riche marchand qui habitait Bagdad et qui menait une vie vertueuse
dans la crainte de Dieu. Il avait une fille qu’il adorait, car celle-ci était l’incarnation même
de la vertu. Le père décida qu’il ne la donnerait en mariage qu’à un jeune homme
profondément attaché à Dieu, nonobstant toute autre excellence ou handicap.
Il se mit en quête d’un tel garçon dans les caravansérails, les mosquées et les endroits que
de saintes personnes étaient susceptibles de fréquenter. Un vendredi, à la mosquée, il
remarqua un beau jeune homme encore agenouillé, alors que tout le monde était déjà parti,
et qui invoquait Dieu d’une manière particulièrement touchante et sincère. Il s’approcha
de lui et lui demanda s’il serait d’accord d’épouser sa fille. Celui-ci déclara : ‘’Je suis le plus
pauvre d’entre les pauvres. J’ai un toit qui fuit au-dessus de ma tête et des gravillons pour
m’asseoir. Qui voudrait épouser un tel mendiant ? Je veux bien me marier, si la personne
ne s’opposera pas à ma sadhana spirituelle et consentira à partager ma pauvreté.’’
Le marchand sentit qu’il s’agissait là de la personne la plus qualifiée pour épouser sa fille et
le mariage fut rapidement célébré. Elle vint résider chez lui et entreprit de nettoyer le sol.
Elle était heureuse que son mari partage sa dévotion, car elle aussi était une pèlerine en
chemin vers Dieu qui pratiquait des exercices spirituels. Alors qu’elle s’activait à balayer,
elle trouva dans un coin une assiette avec un morceau de pain et lui demanda pourquoi il le
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gardait là, ce à quoi, il répondit : ‘’Je l’ai gardé de peur que demain en allant mendier, nous
ne recevions pas suffisamment à manger.’’
Sa femme répondit alors : ‘’Tu me fais honte ! Tu as si peu de foi en Allah ! Celui qui nous
donne la faim ne nous donnera-t-Il pas aussi du pain ? Je refuse de vivre avec une personne
de cette nature. Tu n’as aucune foi en Dieu et en Sa compassion’’, dit-elle et elle laissa seul
le fakir.
***
DIEU SE FAIT CONNAÎTRE AUX ANIMAUX ET
AUX OISEAUX
Il y a ceux qui font jaillir vos larmes quand ils vous quittent et il y a ceux qui vous peinent
quand vous les rencontrez. Ces derniers sont à éviter. Dieu se fait connaître aux animaux
et aux oiseaux plutôt qu’à ceux qui s’égarent dans la sauvagerie. Récemment, à
Dharmavaram, un homme conduisait une carriole remplie de gens et de bagages jusqu’à la
gare ferroviaire en fouettant impitoyablement son cheval pour qu’il aille plus vite. Un
beau vieillard barbu et resplendissant de santé passait par là. Il héla le cocher et lui cria :
‘’Hé ! Ne serrez pas si forts les rênes ! Relâchez-les un peu et votre cheval avancera plus
vite !’’ Le conducteur rétorqua : ‘’Bouclez-la ! Je connais mieux mon cheval que vous !’’
Une des personnes assises à l’intérieur de la carriole dit : ‘’De qui s’agissait-il, selon
vous ?’’ Le conducteur répondit : ‘’Je m’en moque !’’ Le conducteur entendit alors une voix
(c’était le cheval qui parlait) : ‘’C’est Krishna qui conduisait les chevaux du char d’Arjuna !
Lui connaît tout sur les chevaux.’’ Le conducteur pensa que la voix était celle de l’un de ses
clients et répondit en regardant à l’intérieur de la carriole : ‘’Peut-être connaît-il tout sur
les chevaux d’Arjuna, mais que connaît-il sur le mien ?’’
***
LA MESSAGÈRE DES GOPIS
Les gopis pensaient qu’une abeille pouvait plus sympathiser avec leurs affres concernant
leur séparation d’avec Krishna que n’importe quel messager humain. Elles demandèrent à
l’abeille d’intercéder auprès du Seigneur en leurs noms : ‘’Prie-Le de porter la guirlande de
mon adoration !’’, lui demanda une gopi. Une autre voulut qu’elle demande à Krishna
d’illuminer les ténèbres obscures de son cœur. Radha enfin lui demanda de prier Krishna
pour qu’Il transforme les sables du désert brûlant de son cœur en une contrée verdoyante
que Ses Pieds doux et légers fouleraient…
***
39
ON NE PEUT PAS REPEINDRE LE MONDE !
Avant de pouvoir faire l’expérience du divin dans chaque être de l’univers, dans chaque
cellule et dans chaque atome, il vous faut l’expérimenter en vous-même. Chaque acte,
chaque parole et chaque pensée doivent être chargés de cette conscience.
Il y avait autrefois un millionnaire que des douleurs troublaient. Il avait mal à l’estomac et
mal à la tête. Une kyrielle de spécialistes l’examinèrent et le soignèrent, il prit des tas de
médicaments et endura des tas de piqûres, mais ses douleurs persistèrent et elles devinrent
même de plus en plus aiguës ! Pour finir, un swami arriva sur les lieux de son agonie, lui
parla très gentiment et déclara que le problème était lié à sa vue. ‘’Vous devez rectifier
votre vision et à ce moment-là, votre tête et votre estomac se comporteront à merveille !
Pour améliorer votre vision, concentrez-vous sur une couleur unique. Concentrez-vous sur
le vert’’, suggéra-t-il. ‘’Ne permettez pas à votre regard de se fixer, ni sur le rouge, ni sur le
jaune, ni sur toute autre couleur.’’
Le millionnaire convoqua un groupe de peintres, acheta des hectolitres de peinture verte,
puis donna comme instruction que tout objet sur lequel son regard serait susceptible de se
poser soit repeint en vert ! Tout comme la calamité de l’ashtagraha3 favorisait une moisson
abondante pour les prêtres, la maladie du millionnaire engendra une manne faramineuse
pour les peintres. Quand le Swami revint le voir après une dizaine de jours, les peintres
accoururent avec un seau de peinture verte, car il portait une robe ocre ! Il leur en demanda
la raison et il lui fut répondu que leur patron ne pouvait plus voir en peinture une autre
couleur que le vert, de crainte que ses douleurs ne réapparaissent ! Le swami réprimanda le
patient, car il avait gaspillé des centaines de milliers de roupies à cause de sa stupidité
monumentale. ‘’Si seulement vous aviez acheté une paire de lunettes aux verres teintés qui
ne coûtent que quelques roupies, vous auriez pu épargner ces murs, ces arbres, ces
ustensiles, ce mobilier et une bonne partie de votre fortune ! Pensiez-vous pouvoir
repeindre le monde ?’’
***
LAKSHMANA CONSEILLE GUHA
Savoir que vous êtes l’architecte de votre bonne fortune et que vous pouvez grâce à un
effort constant et persistant la restaurer ou la préserver, que vous étayez ou que vous
démolissez journellement l’infrastructure de votre carrière sera d’une grande inspiration, si
vous l’acceptez.
C’était la première nuit de Rama, Lakshmana et Sita dans la jungle épaisse où ils avaient
été exilés. Guha, le chef des pêcheurs qui leur avait fait traverser le Gange conversait
discrètement avec Lakshmana, alors que Rama et Sita dormaient au bord du fleuve. Guha
déplorait profondément que l’héritier de l’empire se retrouve ainsi banni à la belle étoile et
maudit la reine et sa cruelle complice pour avoir manigancé une telle tragédie déchirante.
Mais Lakshmana le pria d’arrêter sa tirade.
3
Phénomène astrologique de mauvais augure où huit corps célestes sont alignés dans l’espace, contre lequel
les personnes superstitieuses tentent de se prémunir par des exorcismes
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‘’Moi aussi, j’ai vomi de la fureur âcre contre celles qui ont ourdi cette tragédie, car
j’ignorais alors le but caché de ce chapitre de l’histoire de Rama. Il est venu sous cette
forme humaine afin d’éradiquer l’engeance pernicieuse des démons et c’est ainsi qu’Il a
Lui-même conçu cet exil pour se libérer des responsabilités impériales jusqu’à ce que
l’objectif soit accompli ! Que savons-nous, mon cher Guha, des mystères de Dieu ou même
de l’homme qui n’est que Dieu humainement accoutré, voire de tout être vivant ou de la
matière inerte, qui sont chacun la divinité insondable, paraissant seulement à nos sens
limités comme ils sont ? Ce qu’est leur nature réelle, comment pourrions-nous jamais le
savoir avec ces instruments de connaissance imparfaits ?’’
***
LA BHAKTI4 DE KALIDASA SUPÉRIEURE À SA YUKTI5
A la cour de Bhojaraja, Kalidasa était brocardé par les poètes et les érudits plus anciens
jaloux de ses accomplissements. Il était pauvre et pour eux, cela suffisait pour le considérer
avec dédain. Quand la mare est pleine, les grenouilles s’agglutinent autour et coassent,
mais quand elle est à sec, aucune grenouille ne batifole autour. Les anciens répandirent des
rumeurs sur Kalidasa et tentèrent de le chasser de la cour.
Kalidasa ne connaissait qu’une Personne dénuée de jalousie et d’orgueil, Kali, la Mère,
ainsi se rendit-il au temple de Kali et la pria-t-il de lui assurer un haut statut parmi les
poètes. Après un long moment passé en intenses prières, Kalidasa entendit une voix qui
émanait du sanctuaire et qui louait Dandi et Bhavabhuti comme de grands génies érudits
et il n’y eut pas même un murmure quant à ses propres accomplissements ! Ceci le blessa
et le mit même en rage et il permit à sa colère d’éclater en des paroles dures et insista pour
qu’elle lui dise toute la vérité, fût-elle particulièrement déplaisante. Alors, la voix déclara :
‘’Thwamevaham, thwamevaham, thwamevaham, na samsayah’’ (tu es Moi-même, tu es Moimême, tu es Moi-même, ceci ne fait aucun doute !) De quel statut supérieur avait-il
besoin ? C’est la réponse que chaque chercheur recevra, car c’est sa vérité, sa réalité, son
lot, son couronnement.
Il y a beaucoup d’histoires qui décrivent Kalidasa comme un poète plein de ressources qui
déjouait les stratagèmes de ses opposants par des moyens habiles, mais sa bhakti était
largement supérieure à sa yukti. Il me revient en mémoire la yukti d’un propriétaire qui
entendit à minuit du bruit dans sa maison dans laquelle des voleurs étaient entrés par
effraction. Devinant que ceux-ci pouvaient l’entendre, il demanda à sa femme à voix
haute : ‘’Pourquoi ne cesses-tu pas de me harceler pour que je te rapporte tous tes bijoux
que j’ai mis en gage ? Tu sais, je me rends bien compte que tous tes ornements sont chez le
prêteur à gages, mais tu sais pertinemment que je n’ai même plus une seule roupie ! Laisse
aux bonnes opportunités le temps de revenir, je retomberai alors certainement sur mes
pattes et je te les restituerai, mais maintenant, ce n’est vraiment pas le moment !’’ Inutile
de préciser que les voleurs partirent sans demander leur reste !
4
5
Dévotion
Argumentation rationnelle
41
***
COMMENT BHARATHA VÉNÉRAIT RAMA
Le principe de Rama est le principe de l’amour descendu du Ciel, comme don des dieux et
comme résultat du grand sacrifice. Rama signifie joie. Rien ne nous réjouit plus que notre
propre Soi inné, ainsi Rama est aussi connu sous le nom d’Atma Rama. Comment
Bharatha aurait-il consenti à usurper le trône dont Rama était l’héritier légitime ? Lui et
Satrughna se trouvaient dans la capitale des Kekayas, quand Rama fut contraint à l’exil et
quand Dasaratha mourut le cœur brisé suite à la séparation. Des nouvelles leur parvinrent
et quand il pénétra dans le palais sans avoir eu connaissance de cette double tragédie qui
endeuillait la cité, il sentit qu’une calamité s’était produite. Vasishtha, le précepteur de la
famille préconisa qu’il monte lui-même sur le trône, car l’empire souffrait dans
l’interrègne !
Bharatha plaida pour pouvoir retrouver le Dieu de ses prières, le Seigneur qui reçoit
l’hommage de son adoration incessante. Vasishtha lui dit que c’était l’ordre de son père et
le conseil de son précepteur qu’il siège comme souverain. Bharatha répondit qu’une telle
requête était la preuve manifeste de la haine intense que ses parents, le peuple, le
précepteur et tout le monde à Ayodhya éprouvaient à son égard, car l’eussent-ils aimé, ils
ne le pousseraient pas à commettre un tel crime. Bharatha se tenait les mains jointes
devant Vasishtha et dit : ‘’Est-il juste, légitime que vous m’imposiez la souveraineté d’un
royaume qui a tué mon père, rendu ma mère veuve, exilé mon frère adoré que j’estime plus
que mon propre souffle dans une jungle infestée de démons avec sa reine bien-aimée, ce
qui a entraîné la disgrâce indélébile de ma mère ? Mon empire, c’est le royaume sur lequel
Rama règne, à savoir mon cœur, qui est bien trop petit pour contenir toute sa gloire !’’ Le
nom même de Bharatha veut dire qu’il est saturé de l’amour de Rama. (‘’Bha’’ veut dire
Bhagavan, le Seigneur, Rama et ‘’ratha’’ ravi par, heureux de, attaché à).
Laissez grandir en vous l’amour du Seigneur, comme ce fut le cas pour Bharatha.
Permettez que ce sentiment d’adoration qui n’avait cure d’un trône s’épanouisse en vous.
Alors, vous pourrez être d’une grande utilité pour votre pays, pour votre culture, pour
votre société, pour votre religion et pour votre communauté. Autrement, tout le mal que
vous vous serez donné pour participer aux satsangs, pour écouter des discours spirituels,
pour étudier des textes spirituels, etc. se révélera être un exercice d’une colossale futilité.
***
PRATIQUER LA MAÎTRISE DE SOI
AVEC UNE FOI SOLIDE
Ceux qui refusent d’accepter Dieu refusent de s’accepter eux-mêmes et leur gloire.
Chacun, chacune a dans son cœur de l’amour sous une forme ou l’autre, que ce soit à
l’égard des enfants, des pauvres, de son travail ou d’un but. Cet amour est Dieu, l’étincelle
divine en eux. Ils éprouvent de la félicité, peu importe le fait qu’elle soit minime ou
éphémère, car celle-ci est l’étincelle de Dieu et du divin. Ils peuvent ressentir la paix, le
détachement, la compassion, qui sont tous des reflets du divin sur le miroir de leur esprit.
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Ce sont tous des excellences spirituelles qui se révèlent par l’entremise de l’appréciation
des avantages de la vertu. L’impassibilité qui est le fruit de l’impuissance, comme dans le
cas du voleur dans l’histoire de Tenali Ramakrishna, n’est pas une bonne paix. Ce voleur
fit preuve d’une grande force tranquille !
Après avoir constaté qu’un voleur s’était introduit dans son jardin pendant la nuit et qu’il
était tapi dans un buisson tout près du puits, Ramakrishna appela sa femme et lui demanda
de lui apporter une corde et un seau pour pouvoir puiser de l’eau au puits. La femme puisa
l’eau et lui tendit le seau. Le voleur épiait tous leurs faits et gestes et se recroquevillait dans
le noir en espérant que l’homme et sa femme rentrent bien vite à l’intérieur de la maison.
Il projetait d’entrer plus tard pour y cueillir son butin. Pendant ce temps-là, Ramakrishna
fit comme si quelque chose lui était resté en travers de la gorge ! Il versa de l’eau à
l’intérieur de sa bouche, produisit des gargarismes sonores et recracha dans le buisson
précisément à l’endroit où le voleur était tapi ! Celui-ci reçut le crachat en pleine figure, ce
qui était bien le but de Ramakrishna. Le pauvre bougre avait les jambes coupées et la
bouche cousue ; il était tétanisé et comme impavide, mais appelleriez-vous ceci une vertu ?
L’honoreriez-vous pour cela ? Il était mû par la crainte, et non par la foi. Une telle
placidité est vaine et inutile. Maîtrisez-vous avec une foi ferme et solide et alors, ce sera
une source de force.
***
LE SEIGNEUR SE SOUCIE DU SENTIMENT
QUI MOTIVE L’ACTE
Abdullah s’était assoupi dans le coin d’une mosquée à La Mecque, lorsqu’il fut réveillé par
la conversation de deux anges qui s’entretenaient au-dessus de sa tête. Ils préparaient la
Liste des Bienheureux et un ange disait à l’autre qu’un certain Mahbub de la ville de
Sikandar méritait d’être en tête de la liste, quand bien même il ne s’était jamais rendu en
pèlerinage dans la ville sainte. Sur ces entrefaites, Abdullah décida de se rendre à Sikandar
et découvrit qu’il s’agissait d’un cordonnier qui réparait les chaussures. Il était famélique et
pauvre et ses gains lui suffisaient à peine pour pouvoir nouer les deux bouts. En faisant
beaucoup de sacrifices, il était parvenu à économiser quelques sous au fil des ans et un
jour, il dépensa tout son trésor dans la préparation d’un repas spécial qu’il se proposait
d’offrir à sa femme enceinte comme cadeau surprise. Alors qu’il rentrait chez lui avec la
surprise, il entendit le râle d’un mendiant affamé qui semblait être la proie d’une extrême
malnutrition. Mahbub ne put se détourner et il offrit le pot qui contenait les mets coûteux
et spéciaux au mendiant et il s’assit à ses côtés en contemplant joyeusement la satisfaction
et le rassasiement qu’il pouvait lire sur son visage hagard. Cet acte lui valut une place
d’honneur dans le Registre des Bienheureux, une place que des pèlerins qui s’étaient
rendus à La Mecque et qui avaient dépensé des millions de dinars pour des œuvres
caritatives ne purent jamais obtenir, car en effet, le Seigneur se soucie du sentiment qui
motive l’acte et non de la publicité ni des comédies...
***
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LE GURU, L’ULTIME RECOURS
Un aspirant à la réalisation spirituelle s’éloigna dans une jungle. Il progressait
difficilement à travers les épaisses broussailles, lorsqu’il entendit les rugissements
courroucés d’un lion. Il grimpa dans un arbre pour échapper à la bête, mais le lion l’aperçut
juché sur une branche et se mit à tourner autour du tronc dans une rage folle. Sur l’arbre,
un ours l’attaqua. Il se laissa choir le long des racines qui pendaient des branches du
banian. Par chance, il y avait deux racines et il put ainsi s’y suspendre à mi-hauteur. C’est
alors qu’il remarqua deux rats, un blanc et un noir, qui grignotaient la base des racines,
mettant ainsi encore un peu plus sa vie en péril, à chaque coup de dents. Alors qu’il se
trouvait dans cette situation périlleuse, un nid d’abeilles qui regorgeait de miel et qui était
accroché à une branche supérieure laissa tomber quelques gouttes à sa portée et l’infortuné
tendit la langue pour pouvoir y goûter, mais en vain. Au bord du désespoir, il appela son
guru. ‘’Guruji, guruji, venez me sauver, je vous en prie !’’ Le guru qui passait par-là
entendit ses cris et se précipita à son secours. Il apporta avec lui un arc et des flèches,
abattit le lion et l’ours, puis effraya les rats et sauva le disciple des griffes et des mâchoires
de la mort. Puis, il conduisit l’homme dans son propre ashram et lui enseigna le chemin de
la libération.
Ceci est votre histoire à tous et ce monde est la jungle dans laquelle vous errez. La peur est
le lion qui vous fait grimper à l’arbre du samsara, l’arbre des activités matérielles ;
l’inquiétude, l’ours qui vous assaille et alors, vous vous laisser couler dans les attachements
via les racines jumelles de l’espoir et du désespoir. Les deux rats sont le jour et la nuit qui
grignotent la durée de votre vie. Et pendant tout ce temps-, vous vous échinez tant bien
que mal à grappiller un peu de joie à partir de quelques gouttes sucrées d’égoïsme, de
sensations et sentiments ‘’personnels’’. Au bout du compte, après avoir enfin découvert
que ces gouttes étaient triviales et difficilement accessibles, dans la douleur du
renoncement, vous faites appel au guru qui se manifeste, au-dedans ou au-dehors, et vous
sauve de la peur et de l’angoisse.
***
ÊTRE DÉPOURVU D’ÉGOÏSME EST LA PREMIÈRE
QUALIFICATION D’UN BHAKTA
Des soucis et des peines, il y en aura toujours, d’un genre ou l’autre, par rapport au passé,
au présent et à l’avenir, par rapport à la veille, aux rêves ou au sommeil. Mais placez toute
votre foi dans le Seigneur et accomplissez vos tâches en les Lui dédiant et ils disparaîtront.
Un jour, Narada se prévalut devant Vishnu qu’aucun dévot ne pouvait le dépasser en
termes d’excellence, mais une telle vantardise s’opposait à la toute première qualification
d’un bhakta, à savoir être dépourvu d’égoïsme. Et donc, Vishnu lui indiqua un paysan qui
cultivait son lopin de terre et qui lui était supérieur en tant que dévot et Il conseilla à
Narada de lui rendre visite et d’apprendre de lui l’art de la dévotion ! Narada se sentit
humilié et se rendit jusqu’à son village fort chagriné. Il constata que le paysan était
totalement accaparé par la routine des tâches dans le champ, l’étable et la maison et en
dépit de son extrême vigilance, il ne put l’entendre prononcer le nom du Seigneur que trois
fois au cours de la journée : une première fois au saut du lit, une deuxième fois, quand il
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prit son repas de midi et une dernière fois avant de se retirer pour la nuit. Narada
fulminait naturellement d’être considéré comme inférieur à un tel spécimen de bhakta ! Lui
qui chantait toujours mélodieusement les leelas du Seigneur et qui propageait partout le
message de namasankirtan et il y avait ce fils de la terre aux mains calleuses qui ne se
souvenait du Seigneur que trois fois par jour et Vishnu l’estimait supérieur à lui ! Il se hâta
de remonter au ciel, le visage empourpré par la colère et l’ignominie, mais Vishnu se
contenta de rire de sa détresse. Il lui tendit un pot rempli d’eau jusqu’ à ras bord, demanda
qu’il le porte sur sa tête et qu’il effectue un certain parcours sans en renverser une seule
goutte. Narada s’exécuta, mais lorsqu’il lui fut demandé combien de fois il s’était souvenu
du nom du Seigneur, il reconnut que dans son souci d’avancer sans faire tomber le pot et
sans gaspiller d’eau, il avait complètement oublié le nom. Alors, Vishnu lui dit que le
paysan qui transportait sur sa tête des choses plus précieuses encore que de l’eau et qui
devait veiller à ne pas les gaspiller devait par la force des choses être admiré pour le fait de
se souvenir du Seigneur au moins trois fois par jour.
Et donc, il sera très bénéfique pour vous, si vous vous souvenez du Seigneur avec gratitude
au moins deux ou trois fois par jour, car cela vous procurera beaucoup de paix.
N’abandonnez pas vos tâches matérielles, mais accomplissez-les avec le nom de Dieu sur
la langue, en invitant par-là la grâce de Dieu.
***
PRISONNIER DU DÉSIR
Ceux qui capturent les singes apprêtent un récipient doté d’une petite ouverture qu’ils
remplissent de gâteries. Le singe qui les convoite glissera sa main à l’intérieur du récipient
pour s’emparer d’une grosse poignée de friandises et ainsi il sera dans l’incapacité de retirer
sa main par l’ouverture. Ce n’est que s’il relâche son emprise sur les gâteries que le singe
pourra retirer sa main. C’est son désir de gâteries qui l’attache. C’est parce qu’il s’est
emparé des friandises pour assouvir son désir qu’il est attaché là. Ce vaste monde
ressemble à ce récipient et nos familles, à son ouverture étroite. Nos désirs sont les gâteries
au fond du pot. Le monde étant le récipient qui renferme les désirs, les friandises, l’homme
plonge la main au fond du récipient. Ce n’est que lorsqu’il se dépouillera de ses désirs qu’il
pourra vivre librement dans le monde. S’il veut obtenir la liberté, la première chose à faire,
c’est le sacrifice. En termes philosophiques, on parlera de renoncement. Nous pensons que
le monde nous attache, mais le monde est inerte. C’est le désir qui nous attache.
***
LES PENSÉES AFFECTENT LA NOURRITURE
QUE L’ON CUISINE
Dans l’optique de purifier l’esprit et l’intelligence pour pouvoir bien réfléchir à la vérité, la
première précaution à prendre concerne la nourriture. C’est indubitablement une question
très sérieuse pour les sadhakas. A Malur, dans l’Etat de Mysore vivait un pieux brahmane
qui était un grand érudit. Il avait une épouse toute aussi pieuse que lui. Il était toujours
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focalisé sur sa puja et son japa dhyana et il était réputé pour son caractère vertueux. Un
jour, un sannyasin appelé Nityananda arriva à sa porte, en quête d’une aumône, ce qui eut
l’heur de le ravir, et il invita le moine à venir dîner chez lui le lendemain pour pouvoir
l’honorer avec toute l’hospitalité qui lui était due. Il suspendit des festons de verdure audessus des portes et prit toutes les dispositions nécessaires pour la réception. Cependant, à
la dernière minute, l’impureté physique rendit sa femme inapte pour préparer le repas de
l’honorable invité ou de n’importe qui d’autre. Une voisine se porta alors volontaire pour
cuisiner le repas et on la fit entrer dans la cuisine. Tout se passa très bien et tout le monde
était aussi satisfait que possible, compte tenu des circonstances. Mais un désir irrésistible
de voler le gobelet en argent que l’hôte avait placé à côté de son plateau titilla le sannyasin
au cours du repas et en dépit de tous ses efforts, cette mauvaise idée se montra la plus forte
et il se hâta de retourner chez lui avec le gobelet dissimulé dans les plis de sa robe. Il ne
réussit pas à dormir, cette nuit-là, à cause de sa conscience qui le tiraillait. Il sentit qu’il
avait apporté la disgrâce sur son guru et sur les rishis qu’il invoquait par les mantras qu’il
récitait. Il ne sut pas dormir et courut jusque chez le brahmane et après être tombé à ses
pieds, il lui restitua l’article avec des larmes de repentir qui dégoulinaient le long de ses
joues. Tout le monde se demanda comment un tel saint avait pu tomber si
bas…Finalement, une personne suggéra que la faute incombait peut-être à la nourriture
qu’il avait mangée et qui aurait pu être transmise par la personne qui l’avait cuisinée. Et
lorsqu’on examina les antécédents de la voisine, on s’aperçut qu’elle était une voleuse
patentée ! Par un contact subtil, sa tendance à voler avait affecté la nourriture qu’elle avait
préparée. C’est la raison pour laquelle on conseille aux sadhakas de manger uniquement des
fruits et des tubercules quand ils atteignent un certain niveau d’accomplissement spirituel.
***
LES YAGNAS ET LES YAGAS ONT UNE TRÈS GRANDE
VALEUR
Les bonnes actions faites dans un esprit de sacrifice n’ajoutent ni longueur ni vigueur à la
corde de Yama. Elles assurent pleinement la paix et le contentement. Vous en avez eu
aujourd’hui une très bonne illustration. L’offrande finale d’articles sacrés au feu sacrificiel
du Rudra yaga a eu lieu ici à 10 heures et à 10h05, il est tombé une averse de pluie aussi
inattendue que bienvenue ! Ceux qui ignorent la vraie valeur des yagnas et des yagas
ridiculisent ces rites et ils clament haut et fort qu’ils impliquent la perte de ghee et de
combustible précieux que l’on pourrait mieux utiliser. Ils ne réalisent pas que la nourriture
qu’eux-mêmes consomment est un gaspillage monumental, car ils n’accomplissent rien de
bon pour le monde ni pour eux-mêmes. Les cigarettes sont du gaspillage et un dangereux
gaspillage, encore bien. Leurs tenues vestimentaires, les films qu’ils regardent, la radio
qu’ils écoutent à longueur de journée, sont un sacré gaspillage ! Vous voyez un sculpteur
qui travaille la pierre au ciseau et vous critiquez son travail comme la perte d’un temps
précieux et d’un matériau qui l’est tout autant. Vous ignorez qu’un jour, une forme d’une
divine beauté en sortira ! Vous voyez un paysan semer aux quatre vents des graines
précieuses sur un champ détrempé et vous lui reprochez de gaspiller des choses que l’on
pourrait manger, mais vous ne réalisez pas qu’il moissonnera au centuple d’ici quelques
mois. Vos critiques émanent de l’ignorance. La pluie tombée ce matin et qui a surpris tout
le monde ne M’a pas surpris, Moi, puisqu’elle était la conséquence inévitable du yaga.
C’est une science spéciale que les pandits connaissent. Honorez-les pour cela.
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***
LA TÉNACITÉ ET LA FOI PROFONDE GAGNENT
LA GRÂCE DU SEIGNEUR
Lorsque vous aurez rempli votre cœur de compassion à l’égard de ceux qui sont dans la
détresse, le Seigneur répandra Sa grâce sur vous. Draupadi gagna Sa grâce par sa dévotion
et ses vertus. Sita elle aussi s’accrocha au plus haut idéal de la vie, en dépit des sévères
souffrances qu’elle encourut. Hanuman qui la découvrit dans un bosquet où elle était
gardée prisonnière par son ravisseur lui proposa de retraverser l’océan en la portant sur ses
épaules et de la ramener saine et sauve à son Seigneur, Rama, mais elle répondit qu’elle ne
permettra pas qu’on l’enlève à la garde de Ravana, car cela priverait ainsi Rama de
l’opportunité de le punir pour son crime et de la récupérer par l’entremise de son propre
héroïsme. Quelles magnifiques paroles et qui sont en parfaite harmonie avec ce que dicte
le dharma ! Ce n’est donc pas une surprise que la grâce du Seigneur la sauva en temps
opportun. Si vous n’avez aucune ténacité ni aucune profondeur dans votre foi, vous ne
pouvez pas gagner la grâce.
***
LE DÉTACHEMENT MÈNE À L’ASPIRATION
LA PLUS PROFONDE POUR DIEU
Sri Ramakrishna dit que si vous voulez éviter que le liquide collant du fruit du jacquier
touche vos doigts en le pelant, il vous faut appliquer dessus quelques gouttes d’huile.
‘’Pareillement’’, dit-il, ‘’si vous ne voulez pas que le monde et que ses réactions ne vous
engluent, appliquez alors à votre esprit quelques gouttes de détachement’’.
Le détachement mène à l’aspiration la plus profonde pour Dieu. Chaitanya se rendit à
Brindavan où chaque grain de poussière était sacré pour lui, puisque Krishna avait foulé
cette terre il y a des siècles. Il ne vit, ni n’entendit, ni ne toucha, ni ne sentit, ni ne goûta
rien d’autre que Krishna à Brindavan. Il oublia tellement le monde qui l’entourait qu’il
ignora les exigences de la faim, de la soif et de l’étiquette sociale. Il aspirait à la nourriture
consacrée que l’on offrait à Krishna dans le temple, mais une nuit, le Seigneur lui apparut
et le réprimanda parce qu’il entretenait aussi ce désir ! Lorsqu’il renonça enfin aussi à ce
désir et lorsqu’il fut submergé par la soif de Lui et de Lui seul, Krishna lui apparut depuis
l’intérieur de son cœur et la chaitanya (Conscience) divine éclaira le Chaitanya à forme
humaine.
Apprenez par conséquent la discipline qui fait en sorte que l’esprit se fixe sur Dieu seul et
n’en déviez jamais.
***
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LES SUPERSTITIONS ET L’IMITATION AVEUGLE
Jadis, on stockait dans chaque maison des villages des sacs de paddy et c’est ainsi que des
rats infestaient inévitablement chaque foyer. Dans l’une de ces maisons, on célébrait le rite
appelé Satyanarayana puja chaque jour de pleine lune, ce qui nécessitait de collecter une
bonne quantité de lait et de ghee, la veille. Les rats attiraient les chats et les chats
préféraient souvent le lait et le ghee aux rongeurs auxquels ils étaient habitués. Aussi
conservait-on soigneusement le lait et le ghee dans des endroits hors de portée des chats.
Mais le jour saint, durant les célébrations, le lait et le ghee devaient être placés à
disposition et à découvert dans des récipients près de l’autel et c’’était une opportunité
pour le prédateur félin et donc, le maître de maison saisissait le chat par le cou et
l’enfermait sous une lourde corbeille avec une pierre au-dessus, de manière à ce qu’il ne
puisse pas commettre d’impair avec les offrandes sacrées. Dans cette maison, on procédait
ainsi régulièrement comme mesure de précaution tous les jours de pleine lune et les
enfants et les petits-enfants eurent l’impression que puja ou pas, aucun jour de pleine lune
ne devait passer sans qu’un chat n’ait été enfermé sous une corbeille lestée ! Et ils
cherchaient alors un chat pour le ramener chez eux de façon à ce que le rituel du chat et de
la corbeille puisse être sans faute respecté !
Le sens et la finalité première se perdirent avec le passage du temps et les générations
ultérieures entretinrent la croyance qu’il y avait péril en la demeure si on ne tenait pas
compte du chat comme le faisaient les ancêtres et d’enquiquineur insupportable, le statut
du chat prit de l’importance ! Il s’agit là d’une imitation aveugle.
***
EN CE QUI CONCERNE LE DOMAINE SPIRITUEL,
IL N’EST JAMAIS TROP TÔT
Il y avait jadis un avare qui vivait dans une bicoque qui prenait l’eau. L’eau de pluie
l’inondait par la toiture et il restait sans réagir. Ses voisins se moquèrent de lui, l’avisèrent
de faire réparer son toit, mais pendant la saison des pluies, il répondait : ‘’Laissons les
pluies se calmer. Comment pourrais-je bien réparer maintenant ?’’ Et quand les pluies
cessaient, il répondait : ‘’Pourquoi devrais-je me soucier des fuites, alors que les pluies ont
cessé ?’’ Il n’est pas nécessaire que vous subissiez les intempéries quand les pluies
viendront, comme elles le feront, immanquablement ; réparez le toit maintenant. C’est-àdire que vous devez vous familiariser maintenant avec vos premiers livres et manuels
spirituels et commencer la première leçon du silence, de la prière et de la récitation du
Nom du Seigneur. En ce qui concerne le domaine spirituel, il n’est jamais trop tôt.
***
RADIO TRANSISTOR OU COFFRET DE BARBIER ?
C’est un sens des valeurs faussé qui vous fait transporter un récepteur radio en
bandoulière, même quand vous venez à Prasanthi Nilayam ! C’est devenu une mode : les
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fils essayent maintenant de soutirer un récepteur radio à leurs pères dès que possible. Il y
avait un jeune homme qui vivait dans une grande ville et il arriva que son père vienne lui
rendre visite et son fils l’accueillit à la gare. Ils se rendaient chez le fils en rickshaw quand
le père, que tous les bruits et le tintamarre du trafic déboussolaient déjà remarqua un jeune
homme qui portait une petite boite rectangulaire en bandoulière. Il repéra beaucoup de
boites similaires que des hommes jeunes fringués à la dernière mode et qui marchaient en
se pavanant d’un air nonchalant transportaient fièrement. Il demanda au fils combien on
demandait en ville pour être rasé et quand il répondit ‘’une demie-roupie’’, il fut étonné
que ce soit si bon marché. ‘’Ces barbiers qui se promènent avec leur boite en bandoulière
sont tellement bien vêtus et ils ont l’air si prospères que je croyais qu’ils devaient
demander au moins cinq roupies !’, dit-il. Le pauvre homme pensait que ces radios étaient
des coffrets de barbier ! En réalité, beaucoup de ceux qui les promènent et qui s’y
branchent ignorent l’A B C de la musique, qu’elle soit orientale ou occidentale, tout
comme les fondamentaux de la géographie, de l’histoire ou de la politique pour pouvoir
apprécier les nouvelles. Ils arborent des montres au poignet, mais pour savoir l’heure qu’il
est, ils doivent demander à la personne qui se trouve à côté d’eux ! Ils ne savent pas lire
l’heure et ils n’ont aucun engagement à respecter. Tout ceci est un affichage misérable,
vain et superflu !
***
LE PITAMBARA DE KABIR POUR LE SEIGNEUR
Kabir tissait un pitambara pour le Seigneur, son Rama. Il travaillait seul à son métier à
tisser, récitait ‘’Rama, Rama, Rama…’’ et continuait à tisser, sans interruption. Le
vêtement avait atteint une longueur de près de vingt mètres, mais Kabir ne s’arrêta pas ;
son tapas continuait sans relâche et le pitambara devenait de plus en plus long. L’ananda de
son art et de la création et la dévotion à l’égard du Seigneur étaient des mets suffisants
pour sa subsistance. Quand il le remit au prêtre du temple pour parer l’idole de Rama, le
pitambara avait précisément la bonne taille, la bonne longueur et la bonne largeur et pas un
centimètre de plus !
***
‘’DHARMA BODHA’’, L’AUTHENTIQUE DHARMA
D’UN MAHATMA
Samarth Ramdas apparut devant Shivaji pour la demande d’aumône coutumière : bhavati
bhiksham dehi. Shivaji avait compris que le guru est Dieu, aussi écrivit-il quelque chose sur
un bout de papier qu’il déposa révérencieusement dans la sébile de Ramdas. ‘’Comment un
morceau de papier pourrait-il suffire pour apaiser ma faim ?’’, remarqua Ramdas. Shivaji
le pria de lire ce qu’il y avait d’écrit sur le morceau de papier. Ce précieux morceau de
papier entérinait le don du royaume entier et de tout ce que Shivaji possédait au guru.
Samartha Ramdas répondit : ‘’Non, non, mon dharma, c’est dharmabodha, enseigner le
dharma, apprendre aux gens à vivre comme il faut. Les kshatriyas comme vous doivent
suivre le dharma qui consiste à diriger le pays et à assurer la paix et le contentement des
49
millions de personnes sur lesquelles vous veillez.’’ Yajnavalkya refusa lui aussi un
royaume, parce qu’il se souciait plus du royaume de moksha, le royaume de la liberté et on
dit aussi que Vasishta renonça à un royaume que Rama lui avait offert.
***
CHAQUE OBJET MATÉRIEL POSSÈDE
UNE DIFFÉRENCE QUALITATIVE ET QUANTITATIVE
Vu qu’ils lisent beaucoup de livres et qu’ils développent une tendance à polémiquer, il est
très courant de nos jours que des jeunes se lancent dans des arguties verbales avec d’autres.
Une fois, un jeune homme de 22 ans s’approcha de Shankara. Alors que Shankara
prodiguait des leçons spirituelles à ses disciples, il l’interrompit et demanda à Shankara si
tous les êtres humains de ce vaste monde ne devraient pas être considérés comme égaux,
puisque le même sang coule dans leurs veines à tous. Shankara sourit au jeune homme et
dit que le sang qui coulait dans les veines du jeune homme était chaud et vif et donc, il
essayait de pousser les choses un peu trop loin. On peut adopter la notion de non-dualité
ou d’advaita dans ses propres pensées et attitudes, mais en pratique, ce n’est pas possible de
tout mettre sur le même pied d’égalité dans ce monde. Le jeune homme insista sur le fait
que cela semblait injuste et déclara que selon lui, la chose correcte serait de traiter tous les
êtres vivants de la même manière. Shankara se rendit compte que si on laissait ce jeune
homme continuer dans cette veine, il arriverait à des conclusions absurdes, selon toute
vraisemblance. Shankara se résolut à lui donner une leçon et lui demanda s’il avait une
mère. Le jeune homme répondit qu’il en avait une qui était en vie et qu’il respectait
beaucoup. Il lui demanda ensuite si le jeune homme était marié. Le jeune homme répondit
qu’il était marié et que sa femme l’avait aussi accompagné à l’ashram. Shankara lui
demanda alors s’il avait une belle-mère. Le jeune homme répondit que sa belle-mère était
en très bonne santé. Puis, Shankara lui demanda s’il avait des sœurs et le jeune homme
acquiesça et dit qu’il en avait deux. Shankara demanda si toutes ces personnes étaient des
femmes. Le jeune homme demanda comment il pourrait en être autrement. Shankara lui
demanda s’il les considérait toutes du même œil et s’il les traitait de manière égale et plus
particulièrement, s’il traitait sa femme comme sa mère et ses sœurs comme sa mère…
Dans ce monde de multiplicité, on doit reconnaitre des différences qualitatives et
quantitatives. Chaque ampoule électrique varie en puissance et en nombre de watts. Par
conséquent, la lumière qui provient de l’ampoule n’est pas due au courant électrique. Le
courant électrique est partout le même, mais la différence provient des ampoules avec des
intensités variables. Le pouvoir de Dieu est similaire au courant électrique et nos corps aux
ampoules.
***
RABBIA MALIK ET HUSSAIN
Souvenez-vous que votre nature réelle est identique à celle de tout autre homme ; il est
vous-même sous un autre nom. Si vous faites une bonne action, vous en êtes le
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bénéficiaire et si vous faites un mauvais tour à quelqu’un, c’est à vous-même que vous
nuisez. Evitez donc de faire du mal aux autres. Cela me rappelle ce que Hussain, le fils de
Rabbia Malik, de Perse, fit. Il se levait tôt pour aller prier à la mosquée, avec beaucoup de
diligence et de dévotion. Mais une fois, en arrivant, il trouva les serviteurs en train de
dormir sur leurs nattes, ce qui le rendit furieux. Il se mit alors à jurer et à les maudire pour
avoir négligé leurs devoirs religieux. Son père le réprimanda et lui dit : ‘’Mon fils,
pourquoi te mettre en colère contre ces pauvres âmes qui sont trop fatiguées pour se lever
tôt ? N’efface pas tous les bons résultats de ton adhésion à la règle de Dieu en te mettant à
dos ces esclaves innocents. Je préférerais que tu te lèves plus tard et que tu n’ailles pas à la
mosquée, car à présent, tu t’enorgueillis d’être plus religieux que tous les autres et tu te
permets de leur reprocher des fautes vis à vis desquelles ils ne sont pas responsables.’’
***
LA FOI ET LA SCIENCE
Une fois, un hindou et un ami britannique s’approchèrent de la Godavari. L’hindou dit :
‘’Je vais me baigner dans ses eaux sacrées.’’ Il psalmodia le nom de Hari, plongea et en
ressortit, rafraîchi de corps et d’esprit. Il éprouvait un grand bonheur d’avoir eu la rare
opportunité de se baigner dans cette rivière sacrée. Son ami britannique se mit à rire et
dit : ‘’Il s’agit juste d’H2O ; comment peut-on obtenir une joie indicible en s’y trempant ?
Tout cela n’est que superstition !’’ Mais l’hindou répondit : ‘’Laisse-moi ma superstition et
toi, tu pourras t’accrocher à la tienne !’’ Le cynique n’obtiendra que la propreté physique
tandis que le croyant bénéficiera en plus de la pureté mentale.
***
MAYA (L’ILLUSION) A LA CAPACITÉ DE GÂCHER
NOTRE VIE
Maya a la capacité de gâcher notre vie. Si nous comprenons bien la nature de Maya, elle
nous quittera immédiatement, mais si nous lui accordons un statut élevé sans la
comprendre, elle prendra l’ascendant et se mettra à danser sur nos têtes.
Un mariage devait être célébré dans un village. Le groupe du futur marié arriva au village
et séjournait dans une habitation et le groupe de la mariée séjournait dans une autre
habitation. Une personne faisait la navette entre les deux groupes et réclamait toutes
sortes de facilités, les exigeant des deux parties.
La personne se rendait chez le marié et racontait que son groupe venait toujours et
occasionnait beaucoup de problèmes à celui de la mariée. Les membres du groupe du marié
pensaient qu’il s’agissait d’un respectable aîné du côté de la mariée. De même, il se rendait
chez la mariée et racontait qu’ils ne respectaient pas le marié et les membres de son groupe
et qu’ils ne leur accordaient pas tout le respect qui lui était dû.
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L’individu jouait un drame. Il se rendait chez le marié et il se conduisait là comme s’il était
un respectable aîné du côté de la mariée, puis il se rendait chez la mariée et il se conduisait
là comme s’il était un respectable aîné du côté du marié.
Lorsque le drame alla trop loin, les deux parties entreprirent finalement de mener une
enquête et découvrirent qu’il n’appartenait à aucun des deux clans. Une fois que vous
procéderez à une enquête pour découvrir l’origine de Maya, elle disparaîtra comme
l’individu de notre histoire qui s’éclipsa...
***
L’AFFECTION ET L’ATTACHEMENT SONT
RESPONSABLES DES JOIES ET DES PEINES
L’attachement se manifeste dans le désir des choses et les désirs ne cessent de se
multiplier. Je vais donner un exemple. Une jeune fille habitait dans une maison et un
jeune homme habitait dans une autre maison et ils étaient presque voisins, mais la jeune
fille ne connaissait pas le jeune homme et le jeune homme ne savait rien de la jeune fille
qui vivait dans le voisinage. Un jour, cette jeune fille tomba gravement malade et toute la
maisonnée était en proie à l’agitation. Tout le monde était inquiet et on fit appeler
plusieurs médecins. Quand le garçon qui habitait tout près entendit le remue-ménage, il
considéra que cela le dérangeait dans ses études et ainsi, il referma la fenêtre et se mit à
lire. Mais ultérieurement, le destin voulut que ce garçon qui habitait là épouse la jeune fille
de la maison voisine. Le mariage fut célébré un matin et l’après-midi, la jeune fille fut
prise de maux d’’estomac et le jeune marié s’inquiéta beaucoup pour la jeune fille et de son
mal d’estomac. Où et quand avait-il développé cet attachement à l’égard de la jeune fille ?
De par le fait qu’il l’avait épousée, même un petit mal d’estomac le perturbait à présent !
Alors même que la jeune fille était tombée gravement malade il y a quelque temps, il
n’avait pas ressenti la moindre inquiétude pour elle, car à l’époque, il n’avait aucun
attachement ni aucune relation avec cette jeune fille. Ainsi, ce sont abhimana et mamakara,
l’affection et l’attachement qui sont responsables de toutes les joies et de toutes les peines.
***
LE SECRET D’UNE FAMILLE HEUREUSE
A une époque, il y eut une terrible famine dans le Bihar et une famille composée d’un père,
d’une mère et de leurs deux enfants quitta le Bihar pour trouver ailleurs de quoi subsister.
Le père de famille à qui incombait la responsabilité de nourrir sa famille endura de
nombreuses difficultés et beaucoup de privations. Il se priva de nourriture à plusieurs
reprises et en raison de privations trop fréquentes, il mourut après quelque temps. La mère
qui avait perdu son mari souffrait de solitude et devait maintenant supporter la charge de
garder la famille en vie dans ce vaste monde. Elle allait mendier, faisant du porte à porte et
si ce qu’on lui donnait ne suffisait pas, elle se privait et laissait manger ses enfants. Au
bout d’un temps, elle s’affaiblit tellement qu’elle trouva très dur de faire du porte à porte
pour mendier. Son petit garçon âgé de 12 ans s’aperçut de l’état pitoyable dans lequel se
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trouvait sa mère et assis sur ses genoux, il lui dit : ‘’Maman, s’il te plaît, repose-toi un peu.
J’irai mendier et je te rapporterai de quoi manger.’’ En écoutant les paroles de son fils, son
cœur frémit. Elle se sentait réellement misérable de devoir envoyer son fils mendier de la
nourriture. Aucune mère ne souhaite que son fils ne devienne un mendiant. En raison de
l’insistance de son fils, elle finit par y consentir. A partir de ce jour-là, le garçon se mit à
mendier de la nourriture qu’il donnait à sa mère et à son petit frère et lui-même se privait.
Au bout d’un temps, il sentit qu’il ne pourrait plus entreprendre d’aller mendier. Il se
rendit dans une maison et trouva le maître des lieux en train de lire son journal dans un
fauteuil confortable. D’une voix faible, il lui demanda de la nourriture. Le maître de
maison répondit qu’il serait vain de lui faire l’aumône et lui dit qu’il lui donnerait de la
nourriture sur une feuille6. Le garçon affaibli s’évanouit. Le maître de céans souleva le
garçon et le prit sur ses genoux. Il marmonnait quelque chose. Pour pouvoir comprendre
ce qu’il lui disait, il plaça son oreille tout près de la bouche du garçon. L’enfant
murmurait : ‘’Cette nourriture que vous vouliez me donner, donnez-la d’abord à ma mère,
je vous prie !’’ Et après avoir prononcé ces ultimes paroles, il mourut.
Nous ne retrouvons pas de nos jours ce genre d’amour, cet amour intime qui existe entre
les membres d’une famille. Nous remarquons ici que le chef de famille se priva jusqu’à en
mourir pour le bien de sa famille, la mère se priva pour ses enfants et le fils se priva et
mourut de faim pour que sa mère ne mendie plus. Admirez ce magnifique exemple
d’affection qui liait ensemble le père, la mère et l’enfant : ils ressemblaient à la Sainte
Trinité ! Ainsi, chaque membre d’une famille doit s’acquitter de sa propre responsabilité.
***
L’OPULENCE, UNE TENTATION FATALE
La volonté d’élever son niveau de vie est une soif inextinguible et qui conduit à la
recherche interminable de plaisirs sensuels, à la multiplication des désirs et à une
implication de plus en plus profonde dans les tracas et les soucis. La richesse est une
tentation fatale. Aucun fouet ne peut supprimer l’envie de gagner de l’argent.
Un jour, Lakshmi (la déesse de la richesse) et Narayana (son Seigneur) se querellaient à
propos de qui régnait sans partage dans le cœur des hommes et décidèrent de régler leur
contentieux par le biais d’une expérience. Lakshmi descendit alors parmi les hommes sous
la forme d’un maître spirituel et quand les gens lavaient ses pieds et la vénéraient, le
plateau et les récipients que les fidèles utilisaient pour ce faire se transformaient en or !
C’est ainsi que partout, elle était bien accueillie et qu’il y avait une formidable affluence de
fidèles avec une pile énorme de récipients en étain, en cuivre et en aluminium à perte de
vue ! Entre-temps, Narayana était lui aussi descendu sur la Terre et Il expliquait les
Ecritures sacrées aux masses et les voies qui conduisent au bonheur et à la félicité
délimitées par les sages. Dès que les gens apprirent que Lakshmi transformait n’importe
quel métal en or, ils préférèrent ses visites à celles de Narayana en se souciant fort peu de
ce qu’Il en pensait et Il fut même chassé des villes et des villages chaque fois que Lakshmi
y entrait, car ses discours pouvaient les détourner de séances plus profitables de Lakshmi
puja…
6
En Inde, il n’est pas rare de manger sur une feuille de bananier, NDT.
53
***
MIEUX VAUT SE SOUMETTRE À DIEU QU’À L’HOMME
Préservez le respect de vous-même, comme Draupadi. Alors qu’elle était sur le point d’être
humiliée devant toute la cour où ses époux qui l’avaient mise en gage et qui l’avaient
perdue aux dés en faveur des vils Kauravas étaient présents, elle était tellement furieuse
que si elle avait jeté ne fût-ce qu’un regard à la bande de crapules qui l’avait gagnée et
traînée jusque-là, ces crapules auraient été réduites en un tas de cendres. En lieu et place,
elle regarda Dharmaraja, l’ainé de ses époux qui l’avait mise en gage et qui était assis
devant elle, le regard baissé. Ceci la calma légèrement. C’est alors qu’elle prononça une
malédiction dont les échos se répercutèrent de la terre jusqu’au ciel : ‘’Puissent les femmes
de ces reptiles qui ont posé leurs vilaines pattes dans mes cheveux et qui m’ont traînée
jusqu’ici honnir leur veuvage dans un chagrin inconsolable avec leurs cheveux en bataille !
Jusque-là, je ne tresserai plus mes cheveux défaits par ces barbares !’’ Elle proclama ensuite
devant tout le monde sa lignée ainsi que sa réputation de se faire respecter et sa résolution
de ne pas la ternir ni l’avilir. Préservez la dignité de votre lignée à l’égard des Rama,
Krishna, Harishchandra, Meera, Tyagaraja, Tukaram, Ramakrishna et Nandanar ! La
gloire de votre lignée ressemble à une pelote de fils bien constituée. Si vous trébuchez, cela
provoquera un méli-mélo calamiteux. Alors, faites attention ! Soumettez-vous à Dieu et
non à l’homme. Accrochez-vous à votre sadhana.
***
QUEL EST LE SENS DE LA RASAKRIDA ?
Si vous vous dédiez à la glorification du Seigneur, vous considérerez le corps, les sens,
l’intelligence, la volonté et tous les outils de connaissance, d’action et les sentiments
comme indispensables pour Son travail. Tandis que les autres seront ivres d’orgueil, le
bhakta ou le fidèle sera ivre de prema, d’amour pur. Vous avez entendu que lorsque le petit
vacher divin jouait de la flûte, les hommes, les femmes et les enfants, et même le bétail de
Brindavan se précipitaient vers lui, attirés par la magie irrésistible de sa musique, par la
mélodie divine qui apaise toutes les turbulences de la joie qui se transforme en peine. Ils
laissaient en plan le travail qui les occupait et ne songeaient plus à rien d’autre qu’à se
rendre dans la divine Présence. Le bétail arrêtait de paître et les veaux de téter le lait.
L’histoire de Krishna et des gopis ou vachères a un sens profond. Brindavan n’est pas un
lieu bien défini sur une carte, c’est l’univers lui-même. Tous les hommes sont des vachers
et tous les animaux sont des vaches. Tous les cœurs sont remplis de nostalgie pour le
Seigneur. La flûte est l’appel du Seigneur et le divertissement que l’on appelle rasakrida (la
danse enjouée de Krishna de son enfance avec les vachères), où l’on décrit le Seigneur
Krishna comme dansant avec les vachères au clair de lune – chacune ayant son petit
Krishna lui tenant la main pendant la danse – symbolise l’aspiration et le labeur de ceux
qui visent à gagner Sa Présence. Le Seigneur manifeste une telle grâce, de sorte que chacun
de vous a le Seigneur entièrement pour lui-même. Il est inutile de regretter de ne pas
L’avoir, alors que d’autres L’ont, et vous ne devez pas non plus être fier de L’avoir, tandis
que personne d’autre ne pourrait L’avoir en même temps ! Le Seigneur est installé sur
l’autel de votre cœur.
54
***
S’EN TENIR À SA NATURE INNÉE,
QUOI QU’IL ARRIVE
Un jour, un ermite se baignait dans le Gange et il aperçut un scorpion. Il sentit que Dieu
était dans la forme et le nom du scorpion et voulut sauver le scorpion. C’est ainsi qu’il le
récupéra…avant de le relâcher dans l’eau, quand celui-ci le piqua ! Le remords s’empara de
lui et il le récupéra une nouvelle fois. Le scorpion le piqua, à cinq ou six reprises, mais
l’ermite persista dans sa mission de miséricorde et réussit finalement à le relâcher sur la
terre ferme pour qu’il puisse continuer sa route, bien vivant et heureux. Beaucoup de gens
qui avaient vu ses efforts se moquèrent de lui pour sa compassion ridiculement exagérée.
L’ermite leur confia alors que le scorpion lui avait appris une leçon et qu’il lui en était
reconnaissant. ‘’Laquelle ?’’, s’exclamèrent-ils. ‘’Celle de s’en tenir à sa nature innée, quoi
qu’il arrive – voilà ce qu’il m’a appris’’, leur dit-il. La nature du scorpion était de piquer,
peu importe qui ou quand. Et la nature de l’homme est d’atteindre jnana ; Ananda est
l’essence de l’homme ; l’amour est le courant sanguin qui le soutient ; la paix est la vision
qui le guide et qui l’oriente. C’est la raison pour laquelle les Upanishads l’appellent
amritasya putra, l’enfant de l’immortalité qui n’a ni naissance, ni mort.
***
ACCOMPLIR SON TRAVAIL INTELLIGEMMENT
Il y avait un pandit qui enseignait la grammaire et la rhétorique à un groupe d’étudiants.
Au bout d’une leçon, il leur donna un devoir : composer quatre vers. Un jeune homme qui
luttait pour trouver des rimes appropriées pondit ces deux premiers vers :
La lune resplendit,
L’arbre donne du fruit,
Et à court d’inspiration, il termina son quatrain avec deux autres vers encore plus
absurdes :
Le repas n’est pas bien cuit,
Et Papy est déconfit !
Il a certes accompli son devoir, mais comme le résultat est futile, pathétique et inutile ! Et
la majorité d’entre vous remplissez aussi grotesquement que cela la mission de la vie !
***
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AGIR DE MANIÈRE APPROPRIÉE POUR RÉCOLTER
LES FRUITS
Il y a cette histoire d’une bande de singes qui planta un jardin de mangues. Ils plantèrent
des arbrisseaux, les arrosèrent pendant quelques jours, puis ils les arrachèrent du sol pour
voir si les racines avaient bien pris et s’étaient bien développées ! Ils voulaient qu’ils
poussent vite pour récolter les fruits, mais n’avaient aucunement conscience du processus
via lequel ils pourraient obtenir ces fruits qu’ils convoitaient. Agissez de manière
appropriée et puis seulement après, vous pourrez récolter les fruits. Il faut d’abord cultiver
avec soin pour pouvoir bien moissonner.
***
LE LANGAGE, RÉVÉLATEUR DE L’ÉDUCATION
La langue distingue la véritable éducation. Ainsi, quelqu’un interrogea un fermier qui était
atteint de cécité : ‘’Hé toi là-bas, paysan ! As-tu entendu des soldats qui passaient par ici ?’’
Quelques minutes plus tard, quelqu’un d’autre le questionna : ‘’Vous, l’aveugle, ouvrez la
bouche et dites-moi donc si vous avez entendu des soldats passer par ici ?’’ Un peu plus
tard, une troisième voix se fit entendre : ‘’Monsieur, je vous prie, avez-vous entendu des
soldats qui empruntaient cette route ?’’ Et enfin, une quatrième personne s’approcha de lui
et posa sa main sur son épaule : ‘’Cher monsieur, pourriez-vous me dire, je vous prie, si
vous avez entendu des soldats qui empruntaient cette voie ?’’ La personne aveugle décrivit
correctement ceux qui l’avaient interrogé comme un soldat, un capitaine, un ministre et le
roi lui-même. Le langage révèle l’éducation de celui qui parle. La langue est la protection
du cœur. Elle veille sur votre vie. Hausser le ton et déblatérer sans cesse, à tort et à travers,
colériquement et haineusement nuit à la santé de l’homme. Cela suscite la colère et la
haine d’autrui, cela blesse, cela excite, cela enrage et cela brouille. Pourquoi dit-on que le
silence est d’or ? L’homme de silence n’a aucun ennemi, même s’il se peut qu’il n’ait pas
d’ami. Il a tout le loisir et toute l’opportunité de plonger en lui-même et d’examiner ses
propres fautes et ses propres manquements et il n’est plus enclin à rechercher ceux des
autres. Si votre pied glisse, vous pouvez encourir une fracture, mais si c’est votre langue
qui dérape, vous pouvez alors briser la foi ou la joie d’une personne. Il se peut que ce soit
irréversible et que cette blessure suppure à tout jamais. Par conséquent, faites un usage très
prudent de votre langue. Plus vous vous exprimerez avec douceur et gentillesse et moins
vous parlerez, et mieux cela ira pour vous et pour le monde.
***
ABSORBER LES BONNES IDÉES D’UN SATSANG
Beaucoup n’absorbent pas les bonnes idées d’une bonne compagnie parce qu’ils
s’accrochent à leurs préjugés, à leurs idées préconçues et à leurs préoccupations.
Kumbhakarna leur envoie un message de sommeil et ils s’endorment, tandis que d’autres
qui sont éveillés sont perturbés par des pensées extérieures concernant leur travail, etc.
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D’autres encore ne cessent d’aller et venir ici et là et c’est ainsi qu’il n’y a qu’une minorité
de participants qui absorbent les bonnes idées d’un satsang.
Jadis, un pandit expliqua le Ramayana pendant une période de sept jours consécutifs. Une
femme qui venait de perdre son mari participa à toute la session pour en retirer un peu de
réconfort. C’était une visiteuse régulière qui s’asseyait toujours au premier rang. Le pandit
expliquait quotidiennement le Ramayana et cette femme contemplait toujours le livre en
versant des larmes. Le pandit s’imagina qu’elle avait beaucoup de dévotion et au terme des
sept jours, il annonça qu’en raison de sa participation régulière et de sa dévotion, c’était à
elle qu’il donnerait en premier lieu le prasad. En procédant ainsi, il lui demanda si elle avait
apprécié ses discours sur le Ramayana. Dévorée par son chagrin, la dame répondit qu’elle
ignorait si le pandit avait récité le Mahabharata ou le Ramayana. Et elle ajouta encore
qu’elle était très chagrinée, car la cordelette noire attachée au livre lui rappelait celle que
son défunt mari portait autour de la taille. Et c’est ainsi qu’elle confessa que ses larmes
n’avaient rien du tout à voir avec les explications du pandit concernant le Ramayana !
***
LA COLORATION DES PENSÉES
Tout dépend de votre contentement ou de votre mécontentement qui colore toute attitude
et opinion. Ramdas chantait les exploits d’Anjaneya à Lanka et c’est ainsi qu’il évoqua les
lys blancs de l’île. Anjaneya l’entendit et s’offusqua immédiatement de cette description. Il
affirma n’avoir jamais contemplé un seul lys blanc là-bas et que les lys de Lanka étaient
bien rouges. Mais Ramdas, lui, insista sur le fait qu’ils étaient blancs ! Anjaneya était agacé
par l’impudence du poète qui tentait d’opposer son imagination à un témoignage
authentique et de première main et il réclama l’arbitrage de Rama. Mal lui en prit car
Rama abonda dans le sens de Ramdas ! Et il précisa encore qu’Anjaneya les voyait rouges,
car son regard était affecté par la colère rajasique à l’encontre de toute la race des
Rakshasas.
***
LA FOI TOTALE EST LA VOIE DU SUCCÈS SPIRITUEL
Krishna et Arjuna se promenaient le long d’une route et Krishna aperçut un oiseau dans le
ciel et Il dit à Arjuna : ‘’C’est une colombe, n’est-ce pas ?’’ Et Arjuna répondit : ‘’Oui, c’est
une colombe !’’ ‘’Non, il s’agit d’un aigle, Arjuna !’’ Arjuna acquiesça promptement : ‘’En
effet, c’est un aigle !’’ ‘’Mais non, Arjuna, cela m’a tout l’air d’être une corneille ! N’est-ce
pas une corneille ?’’, demanda Krishna. Et Arjuna de répondre : ‘’Je suis confus. C’est une
corneille, sans l’ombre d’un doute !’’ Krishna se mit alors à rire et le réprimanda, car il
acceptait n’importe laquelle de Ses suggestions. Mais Arjuna précisa : ‘’Pour moi, Tes
paroles ont beaucoup plus de poids que ce qui est évident pour mes yeux, car Tu peux tout
transformer en corneille, en colombe ou en aigle et si Tu dis qu’il s’agit d’une corneille,
alors, ce doit être une corneille !’’ La foi totale est la voie du succès spirituel.
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***
MÈRE KALI BÉNIT TENALI RAMAKRISHNA
Le célèbre poète, humoriste et philosophe de l’Etat d’Andhra Pradesh, Tenali Ramakrisha,
s’égara jadis en traversant une jungle épaisse. Vous savez qu’Il vivait durant le règne du
célèbre empereur, Krishnadeva Raya, de la dynastie Vijayanagar, vers l’an 1500. Il était
attaché à la cour et il était honoré comme un ministre sage à l’esprit vif. Alors qu’il errait
désespérément dans la jungle, il aperçut un vieux sage. Ramakrishna courut et il se
prosterna à ses pieds en signe d’hommage respectueux et demanda au sage comment il
s’était retrouvé pris dans cette forêt sauvage. Le sage répondit : ‘’La même force
mystérieuse qui vous a attiré ici m’a attiré ici, en ce lieu. Le moment de me dépouiller du
corps que j’ai occupé pendant si longtemps est arrivé. A présent, je vais vous initier au
mantra que j’ai récité pendant toutes ces années et qui est mon talisman et mon trésor.’’
C’était le mantra de la Déesse Mère Kali et il le chuchota à l’oreille de Ramakrishna.
Ce cadeau rendit Ramakrishna fou de joie. Il se retira dans un temple de la Mère au fin
fond de la jungle profonde et il s’absorba dans la méditation de la Mère, propitiée par le
mantra. Un jour, à minuit, les aborigènes Koyas de la forêt vinrent au temple avec une
chèvre qu’ils désiraient offrir en sacrifice afin de Lui plaire et de La propitier.
Ramakrishna se dissimula derrière une colonne et lorsque le couteau fut sur le point de
s’abattre sur le cou de la victime, il s’exclama : ‘’Je suis la Mère de tous les êtres vivants,
vous y compris. Si vous tuez Mon enfant, Je vous maudirai, Je ne pourrai pas vous bénir !’’
Croyant que c’était Kali qui avait parlé, les Koyas s’abstinrent et s’en allèrent.
A présent, Kali se manifesta devant Ramakrishna et lui demanda ce qu’il aimerait recevoir
d’elle! Elle était satisfaite de sa sadhana (pratique spirituelle). ‘’Lequel veux-tu ? ’’,
demanda-t-elle en lui montrant un plat de riz au lait dans une main et un plat de riz au lait
caillé dans l’autre. Il voulut savoir les conséquences qu’entraînerait le fait de manger l’un
ou l’autre plat avant de décider quel plat demander. Elle expliqua : ‘’Le riz au lait caillé
t’apportera la richesse et la prospérité économique, le riz au lait fera de toi un érudit sage.
Maintenant, fais ton choix.’’ Ramakrishna pensa en lui-même : ‘’Ce n’est pas bien d’être
un idiot qui possède de vastes richesses et l’érudition ne remplira pas mon estomac trois
fois par jour.’’
Il était malin, aussi posa-t-il une autre question : ‘’Devant moi, je vois deux plats. Avant
que je ne fasse mon choix, dis-moi quel goût chacun aura !’’
Elle rit et dit : ‘’Comment puis-Je te décrire le goût et te faire comprendre la différence ?
Tu devras les goûter toi-même’’ et elle lui donna les deux plat à cet effet.
Le rusé Ramakrishna se hâta de les enfourner dans sa bouche et il parvint à avaler le lait et
le lait caillé et toute la quantité de riz des deux plats !
Kali était indignée et elle s’exclama que son impertinence exigeait une terrible punition.
Ramakrishna accepta son erreur et sollicita la punition qu’elle se proposait d’infliger. Mais
la punition de la Mère peut-elle détruire l’enfant, quel que puisse être le caractère
répréhensible de la conduite de l’enfant ? ‘’Ma sentence t’épargnera certainement, ne
tremble pas’’, dit Kali.
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Elle prononça donc son verdict : ‘’Deviens un vikatakavi.’’ C’est-à-dire : ‘’Sois un bouffon
intelligent ayant une grande influence à la cour, accumulant beaucoup de richesses et
guidant tous ceux qui s’approchent de toi avec de bons conseils.’’
Dieu aime ceux qui ont confiance en eux et le courage de leurs convictions et qui saisissent
chaque opportunité d’améliorer leur statut spirituel.
***
CE MONDE EST UNE PART DU KALPAVRIKSHA
Puisque Dieu jaillit de notre cœur sous la forme de la parole, nous devons nous efforcer de
la rendre aussi pure et claire que possible. Dieu prend aussi la forme de la vérité et tout ce
que l’on dira aura des répercussions : ‘’Qu’il en soit donc ainsi !’’ Il y a une petite histoire à
ce propos. Un voyageur était en route. Après avoir parcouru une certaine distance, la
chaleur estivale commença à l’accabler. Au bord du chemin, il y avait un grand arbre et il
s’approcha de lui pour se reposer à l’ombre. Après s’être quelque peu reposé, il était très
satisfait et se dit : ‘’’J’ai réussi à trouver de la fraîcheur et j’aurais certainement beaucoup
de chance si je pouvais aussi avoir un verre d’eau fraîche !’’ Et instantanément, un verre
d’eau fraîche apparut. Après avoir bu cette eau, il pensa : ‘’Maintenant que j’ai étanché ma
soif, comme je serais heureux d’avoir un bon lit confortable ici, le sol est si dur !’’ Et
immédiatement, un grand lit bien moelleux apparut. Alors, il songea : ‘’Même chez moi, je
ne possède pas de tels coussins ! Si ma femme venait ici, combien elle se réjouirait de voir
un tel confort !’’ Et sa femme apparut elle aussi sur le champ. Il la vit et pensa : ‘’Est-ce
réellement ma femme ou est-ce un démon qui est prêt à me dévorer ?’’ Et il avait à peine
terminé sa phrase qu’elle le dévora. L’arbre à l’ombre duquel il s’était assis était le
Kalpavriksha. Le Kalpavriksha est un arbre qui exauce tous les souhaits. Lorsque le
voyageur s’installa sous ce Kalpavriksha, toutes les bonnes choses auxquelles il songea, il
les obtint instantanément. Mais lorsqu’il pensa négativement, bien sûr, de mauvaises
choses lui échurent également. Ce monde est une part du Kalpavriksha. Nous sommes
tous à l’ombre de ce Kalpavriksha. Si nous pensons négativement, de mauvaises choses
nous échoient et si nous pensons positivement, alors de bonnes choses nous échoient aussi.
Ainsi, si nos pensées, si notre contemplation et si nos actes sont purs, le Kalpavriksha du
monde nous apportera les bonnes choses auxquelles nous aspirons. Le bon, comme le
mauvais n’émanent que de notre cœur. Ils ne proviennent jamais de l’extérieur. C’est
pourquoi dès le départ, nous devons rendre notre cœur aussi pur que possible.
***
LE GURU DOIT ÊTRE LUI-MÊME BRAHMAN
Un chercheur pria son frère aîné de l’initier à la vie spirituelle en lui transmettant un
mantra salvateur, mais le frère aîné dit : ‘’C’est toujours compliqué d’enseigner à un
proche parent et apprendre à un frère est encore plus ardu. Tu devrais te rendre auprès de
Dakshinamurti qui est Shiva Lui-même venu sous la forme d’un Maître spirituel.’’ Le
frère demanda comment le trouver et l’aîné dit : ‘’Celui-là qui considère tous les hommes
et toutes les choses comme égaux, il est le précepteur que j’ai indiqué.’’ Le jeune homme se
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lança alors dans sa quête et se rendit dans plusieurs ermitages en portant une bague en or.
Il interrogea les ermites et leur demanda quel était ce métal. Certains déclarèrent que
c’était de l’or, d’autres du laiton ou du cuivre, et d’autres encore dirent qu’il s’agissait
d’étain ou d’un quelconque alliage. Il continua son chemin. Puis, il tomba sur un jeune
ascète aux yeux brillants et lui demanda si c’était de l’or. ‘’Oui’’, répondit l’ascète. ‘’N’estce pas du laiton ?’’, demanda-t-il. ‘’Oui’’, dit-il, ‘’c’est bien du laiton’’ et il acquiesça à
toutes ses suggestions. Il ne faisait aucune distinction. Alors, le jeune homme en conclut
que l’ascète qui se trouvait devant lui était Dakshinamurti. L’équanimité résulte de la
conscience de l’unité et pas autrement. Sanat Kumara était engagé dans des austérités
extrêmes, quand Dieu apparut devant lui. Celui-ci lui demanda quels étaient ses besoins,
mais Sanat Kumara répondit : ‘’Vous êtes mon invité, maintenant. Vous êtes venu ici où
je séjourne depuis quelque temps et Vous pouvez me demander tout ce qu’il Vous faut. Je
suis tenu d’honorer mon invité et de lui accorder ce dont il a besoin.’’ Connaissant
Brahman, il était lui-même devenu Brahman. C’est pourquoi il pouvait parler d’égal à égal
avec Dieu. ‘’Je suis Toi’’ était le stade qu’avait atteint Sanat Kumara. Il n’est donc pas
surprenant qu’il s’exprimait ainsi. Il est toujours présent: le ‘’je’’ ne nait qu’après que l’âme
individuelle se sépare de Lui. Donc, avec la naissance du jiva, l’idée du deva ou de Dieu doit
également naître dans l’esprit. C’est le signe du salut et du succès.
***
LE DÉVOUEMENT QUI PERMET D’ACQUÉRIR
LA SÉCURITÉ
Le Seigneur est pétri de compassion et de grâce. Bhishma, l’aïeul des deux clans qui
luttaient pour la suprématie sur le champ de bataille de Kurukshetra avait dirigé l’armée
des Kaurava pendant huit jours, mais la victoire n’était pas en vue ; aussi l’aîné des
Kaurava, Duryodhana, s’approcha de lui et réclama qu’il lance un assaut plus dévastateur
encore sur l’ennemi. Bhishma répondit que ce serait ou bien la mort ou la victoire pour lui,
le lendemain. Krishna le savait et Il persuada la reine Pandava, Draupadi, qui avait pour
Lui la plus grande dévotion, de L’accompagner jusqu’au campement de Bhishma, au cœur
de la nuit. La prière était la force de la reine mise à rude épreuve et ses prières ne pouvaient
qu’émouvoir le Seigneur. Elle pénétra dans la tente de Bhishma, le visage dissimulé
derrière un voile. Krishna lui avait demandé d’ôter ses sandales, de peur que le bruit ne
trouble le silence et n’alerte les gardes. Il les avait enveloppées dans un mouchoir en soie et
Il portait le paquet sous Son bras.
Draupadi entra donc dans la tente et se jeta aux pieds de Bhishma qui la bénit
automatiquement, comme c’était son habitude : ‘’Puisses-tu avoir de nombreuses années
de vie conjugale heureuse !’’, dit-il. Draupadi se dévoila aussitôt après avoir été bénie de la
sorte et pria pour que ses flèches épargnent ses époux, les frères Pandava. Bhishma devina
alors que Krishna devait être à l’origine de ce stratagème et savait qu’il était condamné à
mort. ‘’Nous ne sommes que des marionnettes entre Ses mains’’, dit-il et quand il Le
trouva à l’entrée de sa tente, il Lui demanda ce que contenait le paquet. Imaginez ses
sentiments, lorsqu’il lui fut répondu que le Seigneur avait condescendu à porter sous Son
bras les sandales de Sa dévote ! Ayez foi en Lui et jamais, Il ne vous abandonnera. Il vous
protégera et Il vous guidera jusqu’à ce que vous remportiez la victoire. La dévotion sincère
et la foi inébranlable ne peuvent jamais manquer de gagner Sa grâce.
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Draupadi eut assez de foi pour s’abandonner sans réserve et elle menait une vie fervente.
Les cinq frères Pandava qui sont ses époux sont les souffles vitaux, les pancha pranas qui
activent et qui vitalisent le corps. Elle est l’énergie qui soutient les pranas avec un soin
attentif et constant.
Pour avoir cette foi, vous devez plonger profondément dans le mystère intrinsèque des
Avatars, comme Rama ou Krishna, et ne pas vous perdre dans l’enchevêtrement des
événements extérieurs et des conflits émotionnels, des aventures et des activités
extérieures. Ne prenez pas Rama pour un frère, un fils ou un mari qui se débat dans la
catastrophe personnelle d’avoir vu son épouse enlevée et qui vole héroïquement à son
secours. Vous ne pouvez être ému jusqu’à la vénération qu’en vous plongeant dans les
profondeurs fraîches du mystère intrinsèque. Ce sont tout particulièrement les sages de
l’Inde qui découvrirent cette procédure et c’est ainsi que l’Inde s’est élevée jusqu’à
atteindre le statut de guru du monde entier. Une humilité, une vénération constante et
continue, la contemplation de Dieu et de Sa gloire – voilà la voie du dévouement pour
acquérir la sécurité.
***
LE SEIGNEUR NE RESTERA PAS DE MARBRE,
QUAND SON BHAKTA SUBIT UN AFFRONT…
Jadis, il y avait au Bengale un bhakta, Madhavadasa, qui réalisa à la mort de sa femme qu’il
avait perdu son ‘’foyer’’, puisque sa Grihalakshmi (la déesse de la maison) s’était éteinte et
il donna toutes ses richesses aux pauvres, revêtit une robe ocre et effectua seul le
pèlerinage jusqu’au sanctuaire de Jagannâtha. Là, sa pénitence fut si intense que l’idole
solide devint rapidement la Réalité abstraite et celle-ci une vision perpétuelle. Il perdit tout
sentiment de temps et d’espace. Alors le Seigneur et Subhadra, Sa Shakti, s’approchèrent
et ils déposèrent devant lui le plateau en or que les prêtres utilisaient pour placer la
nourriture devant Jagannâtha dans le saint des saints. Quand Madhavadasa s’éveilla à son
environnement grossier, il aperçut le plateau en or et tous les aliments délicieux qu’il
contenait et mangea à satiété avant de retourner dans son paradis intérieur qu’il n’avait
quitté que pour un instant.
Entre-temps, on signala l’égarement du plateau, on supposa qu’il avait été volé et on le
découvrit au bord de la mer près de Madhavadasa qui fut immédiatement arrêté et conduit
en prison par des policiers très zélés. Là, on le battit sans pitié, mais il ne parut guère s’en
soucier. La même nuit, le grand-prêtre fit un rêve dans lequel Jagannâtha lui demanda de
ne plus apporter de la nourriture au Seigneur dans le sanctuaire en précisant bien : ‘’Vous
M’apportez de la nourriture, mais quand Je la prends, vous commencez à Me battre !’’
C’est alors qu’il comprit que tout ceci était la leela du Seigneur destinée à faire la
démonstration de la dévotion de Madhavadasa et à enseigner aux autres la nature réelle de
la bhakti.
Plusieurs érudits et pandits de Puri ne virent pas d’un très bon œil la flambée soudaine de
la renommée d’un étranger du Bengale, aussi mandèrent-ils Madhavadasa auprès d’eux et
ils lui lancèrent un défi intellectuel. Madhavadasa n’était pas spécialement un érudit. Il
n’avait appris les Ecritures que dans l’optique de s’aider à avancer et d’être guidé pour agir
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et non pas pour les utiliser comme un bâton pour battre autrui. C’est ainsi qu’il reconnut
sa défaite avant même que le concours ne commence et il signa un document qui
l’attestait. Le plus éminent des pandits jubilait, car Madhavadasa avait une réputation
d’érudit hors pair et sidérante. Le pandit se précipita à Kasi avec la preuve de sa victoire et
la brandit bien haut devant une assemblée d’érudits en réclamant qu’on lui rende
hommage, puisqu’il était même supérieur à Madhavadasa ! Mais le Seigneur ne permettra
pas que Son bhakta ne soit humilié de la sorte et quand il s’empressa de lire la déclaration
signée, tous furent stupéfaits de constater qu’il s’agissait là d’une déclaration qui stipulait
que c’était Madhavadasa qui avait remporté la victoire et le pandit l’avait signés en
reconnaissant sa propre défaite ! Le Seigneur ne demeurera pas de marbre, quand on
insulte ou quand on nuit à Son bhakta…
***
LE NOM DU SEIGNEUR ET LA CHAÎNE DU DESTIN
NE PEUVENT PAS COEXISTER
Il y a environ 500 ans, il y avait un grand saint au Kerala qui s’appelait Bilvamangala. Il
invoquait Krishna et celui-ci lui apparaissait. Telle était sa bhakti et sa sadhana. Un homme
qui souffrait de maux d’estomac chroniques l’apprit et Il importuna Bilvamangala pour
que Krishna lui dise si ses maux cesseraient ou non. Bilvamangala y consentit et la
prochaine fois que Krishna lui apparut, il Lui posa la question. Krishna répondit que
lorsqu’il s’arrêterait de se rouler, ils cesseraient. Le malheureux l’interpréta ainsi : lorsqu’il
cesserait de se rouler de douleur et il devint désespéré, parce qu’il était bien obligé de se
rouler de douleur à cause de son mal. Et donc, il quitta le Kerala pour se rendre dans un
lieu saint et tenter de trouver une personne plus sainte encore qui lui donnerait une
réponse plus satisfaisante. Bilvamangala lui avait dit qu’il devait supporter ces problèmes à
cause de son prarabdha, c’est-à-dire à cause d’actes de vies antérieures. Il pensait que rouler
signifiait ‘’rouler de naissance en naissance’’.
Sur la route de Kasi, il arriva à un restaurant gratuit pour les pèlerins qui était tenu par
Kururamma, une dame pieuse. Lorsqu’elle vit sa douleur, elle lui parla avec beaucoup de
gentillesse et il lui dit qu’il avait décidé de se noyer dans le Gange, puisqu’on lui avait dit
qu’il n’était pas possible d’échapper aux conséquences de ses péchés du passé. Kururamma
le traita d’idiot et lui donna un mantra sacré, ‘’Gopijanavallabhaya Namah’’ et lui
demanda de le répéter. Elle ajouta que le Nom le guérirait complètement. Le malheureux
le prononça lors de la prochaine crise et fut bien étonné de constater que sa douleur était
partie ! Oui, elle était partie, pour ne plus jamais revenir. Il termina son pèlerinage à Kasi
avant de rentrer au Kerala et il tomba aux pieds de Bilvamangala qui s’enquit des douleurs
qu’il devait supporter, puisqu’elles provenaient de vies antérieures. Quand il apprit qu’elles
avaient disparu, il appela Krishna pour Lui demander ce qu’il avait voulu dire par ‘’rouler’’.
Bilvamangala croyait que ‘’rouler’’ signifiait ‘’rouler’’ d’une naissance à l’autre en
accumulant le bien et le mal et le malheureux pensait que cela signifiait se rouler dans la
douleur quand elle survenait. Mais Krishna avait voulu dire ce monde objectif, cette
prakriti et le déroulement des phénomènes. A partir du moment où l’homme avait vécu au
nom de Dieu sans plus d’autre pensée, il avait cessé de se rouler. Le Nom et la chaîne du
destin ne peuvent pas coexister. Le prarabdha se dissipera comme du brouillard au soleil
avec la pratique de Namasmarana. Ce fut une révélation, même pour Bilvamangala !
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***
LE SANKALPA D’ISHWARA S’ACCOMPLIT TOUJOURS
Je vais vous raconter cette histoire qui concerne le sankalpa d’Ishwara et comment rien n’a
pu stopper son accomplissement. Tous les jours en soirée, Shiva discourait sur le mont
Kailash à l’intention des sages, des saints et des devas. Un jour, Parvati suggéra que l’on
érige un hall qui les abriterait tous, de façon à ce que tous puissent L’écouter sans être
affectés par les brouillards et les brumes tenaces ni les vents froids. Shiva n’en avait pas
l’intention, mais Parvati insista pour que son idée soit mise en œuvre.
L’astrologue qui fut consulté avant que les fondations ne soient creusées annonça que les
étoiles présageaient que le hall serait détruit par le feu, puisque Sani (Saturne) n’y était pas
favorable. Le hall fut néanmoins érigé. A présent, ceci constituait un problème pour le
couple. Shiva suggéra de demander à Sani la faveur de sauver le hall de son courroux, bien
qu’il doutât que la planète réputée pour sa colère inéluctable n’y consente jamais.
Parvati était profondément blessée et bien décidée à ne pas attribuer à ce petit tyran de
Sani le crédit de la destruction du hall qu’elle avait fait ériger et elle jura qu’au lieu de lui
donner l’occasion de déclarer avec arrogance qu’il avait détruit son hall, elle y mettrait
elle-même le feu. Mais Shiva lui demanda d’abord d’attendre le résultat de son appel,
puisqu’Il allait lui-même se rendre au quartier-général de Sani et lui dit : ‘’Si Sani accepte
de dispenser le hall de son courroux, je reviendrai te faire part de la bonne nouvelle, mais
s’il se montre intraitable, je lèverai la main et j’agiterai ce petit tambour et en entendant le
signal, tu pourras mettre le feu au hall et priver Sani du crédit de l’avoir fait lui-même.’’
Parvati prépara une torche brûlante en anticipant le signal pour qu’il n’y ait aucune chance
pour que la vilaine planète ne puisse mettre à exécution son vil projet de vengeance. Mais
contre toute attente, Sani accepta pourtant la requête de Shiva et dit qu’il ne consumerait
pas le hall du Kailash et Shiva était très satisfait de sa réponse et c’est ainsi que, quand
Sani pria pour obtenir une petite faveur, Shiva y consentit et lui demanda laquelle. Il
apparut que Sani n’avait encore jamais vu la célèbre et merveilleuse danse de Shiva qui
était louée par toutes les divinités stellaires et Sani souhaitait que Shiva lui montre un pas
de cette danse ou deux ! Shiva y consentit volontiers et il se lança dans la danse tandava en
levant la main et…en faisant résonner son tambour ! En entendant le signal, Parvati bouta
le feu au hall qui fut détruit conformément au sankalpa de Shiva. Le sankalpa divin doit
toujours s’accomplir et Sani n’était qu’un simple instrument du plan divin…
***
YOGAKSHEMAM VAHAAMYAHAM
Cette déclaration du Seigneur qui garantit le yogakshema (bien-être) du fidèle a généré
beaucoup d’incompréhension. Même les pandits, sans parler des autres, n’ont pas saisi son
importance réelle.
Jadis, un pandit cultivé proposait des exposés sur la Gita dans l’auguste présence d’un
maharaja et un jour vint le tour de ce sloka :
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Ananyaaschithayantho maam
Ye janaah paryupaasathe
Theshaam nithyaabhiyukthaanaam
Yogakshemam vahaamyaham.
Le pandit expliquait avec enthousiasme les nombreuses et multiples implications du sloka,
mais le maharaja secoua la tête et dit : ‘’Ce n’est pas le sens correct’’ et il continua de
remettre en cause la correction de chacune des explications du pandit. Le pauvre pandit
avait obtenu des distinctions méritoires à la cour de nombreux maharajas, qui tous
l’avaient honoré de titres pompeux. Il se sentit comme poignardé, lorsque le maharaja, en
présence de toute la cour, condamna comme ‘’mauvaises’’ ses explications. Un tel outrage
le piquait au vif : il rassembla alors tout son courage et se remit à la tâche et après avoir
sommé toute son érudition, il se lança dans une tirade éloquente sur les multiples sens des
termes ‘’yoga’’ et ‘’kshema’’, mais le maharaja n’approuva pas cela non plus et lui ordonna
de découvrir le sens du sloka et de revenir le voir le lendemain après l’avoir bien compris.
Le maharaja quitta ensuite son trône pour se diriger vers ses appartements privés.
Le pandit perdit le peu de courage qui lui restait. En proie à l’anxiété et vacillant sous un
tel outrage, il rentra chez lui et après avoir rangé son exemplaire de la Gita, il s’affala sur
son lit.
Son épouse était toute surprise et dit : ‘’Pourrais-tu me dire pourquoi tu es rentré du palais
aujourd’hui si chagriné et si soucieux ? Que s’est-il passé exactement ?’’ Elle le bombarda
de questions inquiètes et le pandit fut dès lors contraint de lui décrire ce qui s’était passé,
les outrages qu’il avait subis et ce que le maharaja lui avait ordonné avant de le renvoyer
chez lui. La femme écouta calmement le compte-rendu de ce qui s’était passé et après avoir
réfléchi profondément à l’incident, elle dit : ‘’Oui, c’est vrai. Ce que le maharaja a dit est
juste. Cette explication du sloka que tu as donnée n’est pas correcte. Comment le maharaja
aurait-il pu l’approuver ? La faute t’incombe à toi.’’ Le pandit se releva alors brusquement
du lit, comme un cobra à qui l’on aurait marché sur la queue et siffla : ‘’Qu’est-ce que tu y
connais, toi, sotte femme ! Te suis-je inférieur en intelligence ? Toi qui passe ton temps
dans la cuisine du matin au soir, peux-tu prétendre savoir mieux que moi ? Ferme-la et
quitte ma présence !’’, rugit-il.
Mais l’épouse tint bon et répondit : ‘’Mon Seigneur ! Pourquoi piquer une telle crise
devant l’établissement de la simple vérité ? Rappelle-toi encore une fois ce sloka et réfléchis
bien à son sens et tu parviendras par toi-même à la réponse correcte.’’ C’est ainsi que par
ses paroles douces et pondérées, la femme parvint à ramener le calme dans l’esprit de son
mari.
Le pandit entreprit alors d’analyser le sens de chaque terme du sloka. Ananyaaschithayantho
maam…, commença-t-il, lentement et résolument, en répétant les différents sens possibles.
C’est alors que son épouse intervint et dit : ‘’A quoi cela sert-il d’apprendre et d’exposer le
sens des mots ? Dis-moi plutôt quelle était ton intention quand tu t’es rendu chez ce
maharaja ? Quel était ton objectif ?’’ Ceci eut le don de raviver toute la fureur du pandit.
‘’Ne devrais-je pas gérer cette famille et ce foyer ? Comment ferais-je face au coût de la
nourriture et des boissons, de l’habillement et de tout le reste ? C’est dans cette optique
que j’ai été le voir, bien entendu, sinon, pourquoi aurais-je affaire à lui ?’’, hurla-t-il.
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L’épouse poursuivit : ‘’Si tu avais seulement compris ce que le Seigneur Krishna a déclaré
dans ce sloka, le besoin de te rendre chez ce maharaja ne se serait pas fait sentir ! Si
Krishna est vénéré sans aucune autre pensée, si l’on ne s’abandonne qu’à Lui, si l’esprit est
fixé sur Lui en permanence, alors, le Seigneur a déclaré dans ce sloka qu’Il fournirait tout
au fidèle. C’est ce que tu n’as pas fait. Tu t’es rendu chez le maharaja en croyant que c’est
lui qui te fournirait tout ! C’est là où tu as contrevenu au sens du verset et c’est la raison
pour laquelle il n’a pas accepté tes explications.
Après avoir entendu cela, le distingué pandit s’assit un moment pour évaluer ses
remarques et comprit son erreur et le lendemain, il ne se rendit pas au palais. En lieu et
place, il préféra se plonger dans la vénération de Krishna, à son domicile. Quand le roi
demanda pourquoi le pandit n’était pas revenu, ses courtisans dirent qu’il était chez lui et
qu’il n’avait pas mis le nez dehors. Le roi lui envoya un messager, mais le pandit refusa de
quitter son domicile et dit : ‘’Je n’ai aucun besoin d’aller trouver qui que ce soit. Mon
Krishna me fournira tout ce dont j’ai besoin. Il veillera Lui-même à mon bien-être. J’ai dû
subir un outrage, puisque je n’avais pas encore réalisé cela, aveuglé que j’étais par mon
désir ardent de connaître les sens multiples de simples mots. Si je m’abandonne à Krishna
et si je m’engage à Le vénérer sans interruption, Il me fournira Lui-même tout ce dont j’ai
besoin.’’
Après que le messager ait rapporté le message au palais, le maharaja se rendit à pied
jusqu’au domicile du pandit et se prosterna à ses pieds en disant : ‘’Je vous remercie de tout
cœur pour avoir clarifié aujourd’hui à l’aune de votre propre expérience le sens et la
signification du sloka à propos desquels vous aviez glosé hier.’’ Et c’est ainsi que le roi
enseigna au pandit que toute propagation d’idées spirituelles qui ne provient pas du creuset
de l’expérience n’est juste que du clinquant et de l’esbroufe.
***
LES PRIÈRES DOIVENT ÉMANER DU CŒUR
Écoutez ce qui est arrivé au sage Ramdas, de Bhadrachalam, le chanteur qui fut
emprisonné par le nawab de Golconde pour avoir détourné des fonds publics. Il voulait
rénover le temple de Rama, à Bhadrachalam et il fut libéré par Rama et par Lakshmana en
personnes qui versèrent au nawab la somme appropriée !
Ramdas avait empilé des feuilles de palmier sur lesquelles il avait écrit des chants sur
Rama et puis un jour, quand son regard se posa sur le tas de feuilles, une pensée le frappa :
‘’Ai-je composé tous ces chants pour mon propre plaisir ou pour le plaisir de Rama ?’’ Il
voulait savoir quels étaient les chants qui plaisaient à Rama et jeter le reste et il se résolut à
lancer le paquet dans la Godavari et à laisser Rama sauver ceux qu’Il approuvait. Presque
tout le lot coula dans les profondeurs ! Seuls 108 chants flottèrent au-dessus du lot et
purent être sauvegardés. Eux seuls avaient jailli de son cœur. Le reste sentait l’ingéniosité,
l’artifice, l’érudition et la pédanterie. Les prières doivent émaner du cœur, où Dieu réside,
et non de la tête où les doctrines et les doutes s’entrechoquent.
***
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QUI EST LE BHAKTA RÉEL ?
Il y a cette histoire d’un campagnard qui, lors d’un satsang, écoutait un illustre pandit
exposer la Bhagavad Gita. Tout le monde était émerveillé par les commentaires érudits
donnés par le pandit et par son analyse savante de chaque terme et le paysan, même si
l’exposé passait très loin au-dessus de sa tête, semblait suivre de très près, car il était tout
le temps en larmes ! Lorsque finalement, le pandit lui demanda pourquoi il pleurait, il
surprit tout son monde par la sincérité de sa bhakti. Il dit qu’il pleurait à cause de la
situation très inconfortable du Seigneur qui dut s’asseoir à la tête du char et discourir
pendant si longtemps, la tête tournée pour tenter de convaincre cet empoté d’Arjuna. ‘’Il a
certainement dû attraper un torticolis !’’, se lamentait-il. C’était de la dévotion
authentique, un passeport en règle pour la victoire spirituelle, car il s’était identifié aux
différents protagonistes et toute la scène était devenue vivante pour lui.
***
UNE QUESTION DE DISCERNEMENT
La buddhi ou l’intelligence fait preuve de plus de discernement que les sens et l’Atma fait
preuve de plus de discernement que la buddhi. Dans un village, il y avait deux mendiants.
L’un était aveugle et l’autre était estropié. Les deux mendiants devinrent bons amis.
L’aveugle avait de bons pieds et l’estropié avait de bons yeux et ils aboutirent à un accord.
L’estropié grimpa sur le dos de l’aveugle qu’il orientait. En allant de village en village, ils
passèrent devant un champ de concombres. L’aveugle demanda s’il y avait une clôture ou
un gardien dans les environs et l’estropié répondit par la négative. L’aveugle dit que si les
concombres étaient réellement bons, aucun fermier ne les laisserait ainsi dans un champ
dépourvu de clôture ou sans gardien. Cela signifiait que ces concombres étaient sûrement
amers. L’aveugle put facilement deviner la vérité par son intelligence. C’est le travail de la
buddhi. Les sens sont incapables de faire la différence entre le bien et le mal et la buddhi sait
discerner, mais non mettre en œuvre, si elle ne dispose pas des sens.
***
LA CONSTANCE ET LE RITUEL DOIVENT S’ACCOMPAGNER
DE DISCERNEMENT DANS LA SADHANA
Il y avait un grand bhakta qui échoua lors d’un test et qui ne put obtenir son diplôme. Tous
les jours vers midi, il se mettait en quête d’un hôte nécessiteux à qui il pourrait offrir un
repas somptueux. C’est ainsi qu’il consacra ses années, et puis un jour, un frêle vieillard
clopina à l’intérieur de la maison et s’installa pour le repas. Il avait certainement franchi la
barre des 100 ans. Le maître de céans avait pour lui la régularité et la constance de son vœu,
mais pas suffisamment de discernement que pour en retirer un résultat. Ainsi, comme de
l’eau versée sur une couche de sable, cela n’ajoutait rien à sa fertilité. Son cœur demeurait
sec, même si les eaux de la charité étaient dispensées libéralement quotidiennement. Le
cœur dénué de discernement siphonnait la charité et il restait le même ritualiste strict et
sec.
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L’homme décrépit était complètement affamé et dès que le premier plat fut servi, il
engloutit une énorme bouchée sans même réciter le Nom de Dieu ! Horrifié par un tel
athéisme, le maître des lieux maudit le vieillard, puis le mit dehors pour qu’il y meure de
faim ou pour qu’il continue de mendier sous le soleil brûlant. Cette nuit-là, il fit un rêve et
le Seigneur l’admonesta en raison de la cruauté de sa conduite. Le Seigneur lui dit :
‘’Pendant plus de 100 ans, J’ai nourri affectueusement cet homme, comme la prunelle de
Mes yeux, quand bien même il n’a jamais récité ne fût-ce qu’une seule fois un de Mes
nombreux Noms. Toi, Mon cher, n’aurais-tu pas pu le supporter pendant quelques
minutes ?’’
***
JOUER HARISCHANDRA OU LANKA DAHANA,
MAIS PAS LES DEUX !
Je vais vous raconter ce qui s’est passé dans un village. Une partie du village s’était
entraînée à interpréter le drame ‘’Lanka dahana’’, alors que l’autre s’était plutôt résolue à
jouer une pièce sur Harischandra. Pour interpréter le rôle de Chandramathi, la reine, ce
dernier groupe fut quelque peu contraint de choisir une personne du groupe Lanka dahana,
puisqu’ils n’avaient pas d’autre choix en tant qu’actrice. Les scènes se succédèrent les unes
après les autres et tout se passa bien jusqu’à ce que le prince meure d’une morsure de
serpent, mais la mère refusa alors de pleurer, son ‘’fils’’ faisant partie du groupe rival !
Harischandra se vengea sur Chandramathi et la battit pour s’être montrée aussi insensible
et le drame suivit rapidement une trajectoire toute différente, celle de la haine et de la
faction.
Car sur ces entrefaites, l’Anjaneya du groupe Lanka dahana amena les choses à leur
paroxysme en bondissant sur la scène avec sa queue en feu, comme dans son rôle, et il
bouta le feu au théâtre pour la plus grande joie de ses comparses et à la grande
consternation de ses rivaux.
Soit vous jouez Harischandra, soit vous jouez Lanka dahana ou tout cela finira par un
holocauste, si vous jouez les deux sur la même scène. Préférez plutôt Harischandra et
évitez de jouer avec le feu. Intronisez la vérité sur l’autel de votre cœur. Ceci favorisera
l’habitude saine de la fraternité parmi les hommes.
***
LA BHAKTI EST SUPÉRIEURE À TOUT !
Jadis, on demanda à Narada de nommer la chose la plus remarquable du monde et il
répondit que la Terre était la plus grande. Mais on lui fit alors remarquer que l‘eau
occupait trois quarts de la Terre et qu’elle menaçait de rompre l’équilibre, petit à petit. Il
fut donc obligé de concéder que l’eau était plus puissante. Mais le sage Agasthya but toute
l’eau et les océans furent asséchés et il est présentement une simple étoile dans le ciel ! Le
ciel est-il le plus grand, alors ? Non, car celui-ci fut couvert par un seul pied de l’avatar du
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Seigneur, Vamana. Et le Seigneur ? Celui-ci entre dans le cœur des fidèles et y réside. Et
donc, Narada dut conclure que le cœur des bhaktas était la plus grande chose de la création !
***
LA FOI PEUT OBLIGER LE SEIGNEUR LUI-MÊME
À SE MANIFESTER
Il y avait un voleur qui, tout à fait par hasard, entendit un récital qui faisait l’éloge des
charmes de Krishna durant Son enfance. Il s’arrêta un moment, mais ne put s’en détacher
et il entendit la description de tous les ornements que Krishna portait et il conçut le désir
intense de voler ces précieux trésors. Il se renseigna alors auprès du pandit pour connaître
le lieu où Krishna s’occupait de Son troupeau. Le pandit lui répondit assez sèchement : ‘’A
Brindavan, sur les rives de la Yamuna’’. Prévoyant d’attraper Krishna et de Lui dérober
tous Ses ornements, il se mit rapidement en route vers Brindavan et il croisa
effectivement le garçon qui guidait seul Son troupeau. Mais comment allait-il pouvoir
arracher les ornements qui ‘’paraient’’ une telle Beauté ? Il craignit qu’en voler ne fût-ce
qu’un seul ne diminue Son éclat et son cœur ne lui permettrait jamais de faire cela ! Il Le
contempla durant des heures, extatiquement, jusqu’à ce que Krishna Lui-même lui
demande ce qu’il faisait là, mais il avait trop honte. Krishna étant omniscient, Il lui remit
tous les ornements qu’Il portait. Le voleur fut submergé par la honte et par la joie et il se
prosterna aux pieds du garçon, mais lorsqu’il se releva, Krishna avait disparu. Il retourna
dans son village et il alla consulter le pandit : ‘’Sont-ce bien les joyaux de Krishna que vous
louiez l’autre jour ? Je me suis rendu à Brindavan et Il me les a offerts !’’ Il est inutile
d’ajouter que le pandit se prosterna à son tour aux pieds du voleur ! La foi peut opérer des
merveilles, et elle peut même contraindre le Seigneur à se manifester et à vous donner ce
que vous croyez qu’Il vous donnera !
***
LES GRANDS HOMMES DIFFUSENT TOUJOURS
LA LUMIÈRE DE LEUR SAGESSE
Jadis, il y eut un roi qui conduisit sa puissante armée de l’autre côté des pics enneigés qui
délimitaient la frontière de son royaume jusqu’au royaume voisin. Et dans un col
recouvert par la neige, il aperçut un moine errant ou un ascète assis sur la pierre nue, la
tête entre les genoux et qui se protégeait clairement du vent glacé qui soufflait entre les
pics. Il était nu. Le roi fut submergé par la pitié. Il ôta son propre châle et son propre
manteau pour les offrir au yogi qui avait maîtrisé ses sens et son esprit. Le yogi refusa de
les accepter et il dit : ‘’Dieu m’a donné assez pour me protéger de la chaleur et du froid et Il
me donne tout ce dont j’ai besoin. Je vous prie de donner ceci à un pauvre.’’ Le roi fut
sidéré par ces paroles et lui demanda où étaient ses vêtements. Le yogi répondit : ‘’Dieu les
a Lui-même fabriqués pour moi : je les porte depuis ma naissance et je les porterai jusqu’à
ma mort. Les voici et c’est une simple peau ! Je vous prie de donner ce manteau et ce châle
à un pauvre ou à un mendiant.’’ Le roi sourit car, qui pouvait bien être plus pauvre que
lui ?, songea-t-il et il demanda : ‘’Mais où pourrais-je bien trouver un pauvre ?’’ Le yogi lui
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demanda alors où il allait et pourquoi. Il dit : ‘’Je me rends dans le royaume de mon
ennemi pour pouvoir annexer son royaume au mien !’’ C’était à présent au tour du yogi de
sourire. Il dit : ‘’Si vous n’êtes pas satisfait du royaume que vous avez et si vous êtes prêt à
sacrifier votre vie et les vies de ces milliers de soldats pour conquérir quelques km² de
terres en plus, vous êtes certainement beaucoup plus pauvre que moi ! Et donc, je vous
rends vos vêtements. Vous en avez plus besoin que moi.’’ Le roi se sentit honteux. Il
réalisa la futilité de la renommée et de la richesse et retourna dans sa propre capitale après
avoir remercié le yogi pour lui avoir ouvert les yeux sur sa pauvreté intérieure. Il avait
maintenant compris que le contentement était le plus précieux trésor. Les grands hommes
diffusent la lumière de leur sagesse via chacune de leurs paroles et chacun de leurs actes.
***
LA COMPAGNIE D’ÉCERVELÉS N’EST PAS
SANS RISQUE !
Autrefois, il y avait un chasseur qui avait capturé un ourson et qui l’avait élevé comme un
animal familier avec beaucoup d’amour et de soins. L’ours lui rendait bien son amour et se
comporta amicalement durant de nombreuses années. Un jour qu’il traversait la jungle en
compagnie de son animal familier qui était devenu une bête robuste et vigoureuse, il se
sentit terrassé par le sommeil et c’est ainsi qu’il s’allongea dans l’herbe en demandant à
l’ours de veiller à ce qu’il ne soit pas dérangé. L’ours obtempéra et monta la garde avec
beaucoup de zèle et de vigilance et remarqua une mouche qui tournicotait et qui se posa
sur le nez de son maître. La mouche décolla aussitôt qu’il agita son énorme paluche, mais
elle ne renonça pas et revint se poser sur le nez de son maître. L’ours se mit alors dans une
colère noire, car la répétition des mouvements de sa patte n’enseignait toujours pas à la
mouche la leçon suivant laquelle le nez de son maître n’était pas un lieu de repos pour une
mouche. Pour finir, l’ours ne put supporter plus longtemps un tel affront et sa patte
énorme s’écrasa comme une beigne sur le pif de son maître qui rendit son dernier soupir !
Voilà à quoi aboutit la fréquentation d’écervelés et d’abrutis. Aussi affectueux qu’ils
peuvent être, leur ignorance vous conduira au désastre.
***
QUI EST INSATISFAIT EST AUSSI MAL EN POINT
QUE PERDU
Résistez à la tentation de flatter les sens, d’acquérir ce que le monde peut offrir et
d’accumuler les possessions matérielles. Mettez des limites à vos désirs. Autrefois, dans le
royaume de Raghu, il y avait un pupille qui au terme de ses études demanda à son
précepteur quelle dakshina il souhaitait recevoir de lui. (La dakshina est une offrande faite
par gratitude pour le service rendu.) Le guru lui indiqua qu’il ne souhaitait pas d’autre
dakshina que sa gratitude et que cela suffirait s’il vivait en accord avec ses enseignements et
s’il honorait ainsi son précepteur. Le pupille insista quand même pour qu’il lui signale tout
ce dont il avait besoin et quelle somme il accepterait et c’est ainsi que, simplement pour
l’éloigner et s’en débarrasser, le guru parla d’une somme astronomique impossible à
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récolter. ‘’De moi, tu as appris seize savoirs. Eh bien, rapporte-moi seize millions de pièces
d’or !’’ Le pupille entreprit directement de récolter la somme : il se rendit auprès de
l’empereur Raghu et il parvint à lui soutirer la promesse qu’il exaucerait le moindre de ses
désirs et c’est ainsi qu’il lui réclama seize millions de pièces d’or ! Raghu était au comble
du désespoir, car même s’il était empereur, il menait une vie bien trop austère que pour
avoir une telle somme à sa disposition. Néanmoins, pour tenir sa promesse, il envahit le
royaume de Kubera, le dieu de la richesse et ramena d’énormes quantités d’or comme
butin. ‘’Prenez tout ceci et donnez à votre précepteur ce qu’il a demandé et gardez le solde
pour vous-même !’’, dit l’empereur. Mais le pupille refusa de prendre une pièce de plus que
ce qu’il devait remettre comme dakshina à son guru. ‘’C’est pour vous que j’ai rapporté tout
cela ; tout cela vous appartient, prenez-le donc !’’, insista Raghu. Mais le jeune homme
résista à la tentation et il campa sur sa position. Voilà l’héroïsme réel ! ‘’Asanthushtah
dwijonashtah’’ – celui qui est insatisfait est aussi mal en point que perdu. Comptez sur le
Seigneur et acceptez votre lot. Il est en vous et avec vous. Lui sait le mieux ce qu’il faut
vous donner et quand, car il est rempli d’amour divin.
***
LA VÉRITÉ ÉTAIT AUSSI LE SOUTIEN DE SHIRDI SAI
Je me souviens maintenant de certains épisodes du passé qui concernent mon corps
précédent. Même alors, j’avais sathya, la vérité comme soutien. Un lutteur me défia alors
en combat singulier et celui-ci fut vaincu devant un grand attroupement de villageois.
Peiné par cet outrage, il invita Baba à un nouveau match le lendemain pour essayer de
récupérer sa réputation perdue. L’homme jura que s’il était de nouveau battu, il porterait
dorénavant un long kafni grossier et qu’il circulerait, la tête couverte. Et il mit Baba au
défi de faire pareil. Baba n’avait pas du tout l’intention de retourner dans l’arène et il était
tout à fait prêt à concéder à l’homme la victoire qu’il désirait tant et plus et donc il accepta
la défaite et lui-même revêtit le kafni et le foulard. Le lutteur fut alors pris de remords et
son insolence se dissipa. Il pria Baba pour que celui-ci reprenne ses vêtements usuels et il
le libéra de son obligation, mais Baba s’en tint à sa parole. Il était la Vérité même. Et Il
porta ce nouvel accoutrement.
***
LA RÉSURGENCE DES VEDAS
Durvasa était un savant védique réputé qui avait sur la langue la musique du Samaveda et
dans le regard les braises de la colère, un cocktail assez détonnant. Remarquant cette
incongruité, Saraswati, la déesse du savoir et de la libération, s’esclaffa avec légèreté. Mal
lui en prit ! Le sage fut piqué au vif et la maudit. Elle dut renaître sur Terre en tant que
fille d’Atreya. Elle avait également un frère un peu faible d’esprit qui, en dépit de tous les
efforts de maîtres habiles était incapable de prononcer correctement les Vedas. On le
corrigeait même à l’aide d’un bâton, ce qui ne faisait qu’ajouter à ses larmes. Saraswati fut
touchée par la pitié. Elle le prit sous son aile et lui épargna ces châtiments physiques. Elle
lui enseigna elle-même les quatre Vedas et les six Shastras et il devint un grand maître.
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Entre-temps, les Vedas s’étaient progressivement effacés de la mémoire des hommes et en
conséquence, la famine régnait sur le pays et les rishis étaient devenus squelettiques. Ils
aspiraient ardemment à connaître les Vedas, car c’était la nourriture qui les faisait vivre.
Saraswata, le frère de Saraswati invoqua Chandra, la Lune, qui fit pousser des plantes
comestibles qui nourrirent les rishis. Saraswata leur enseigna les soixante différentes
parties des Vedas, mais le brouillard opaque qui était descendu sur les Vedas était
tellement dense que les sages qui les apprirent de lui furent confondus par de cyniques
critiques. Narada dut leur certifier que ce qu’ils avaient appris de lui étaient les Vedas
authentiques, mais même lui ne parvint pas à éradiquer leurs doutes et ensemble, ils
allèrent trouver Brahma qui leur dit : ‘’Vous avez pu obtenir cette vision de moi à la suite
de vos études védiques et vous-mêmes, vous pouvez devenir Brahman, à condition de
mettre en pratique ce que vous avez étudié !’’ Et c’est ainsi que le maharishi Saraswata
restaura jadis les Vedas.
***
LE RESPECT OU LE MANQUE DE RESPECT D’AUTRUI
N’A AUCUN SENS !
Le respect ou le manque de respect témoigné par autrui n’a aucun sens. Ce ne sont que des
mots. Voici une petite histoire qui illustre bien ceci. Dans un village, il y avait deux
individus. Le premier utilisait toujours un cheval pour voyager et le second circulait
toujours à pied en tenant un coussin dans sa main. Une fois, tous les deux durent se rendre
simultanément dans le même village et en cette occasion, l’homme qui avait pour habitude
de prendre avec lui un coussin prit les devants. L’autre suivait pas loin derrière et montait
son cheval. En cours de route, les deux compères traversèrent un autre village. Les
villageois observèrent l’individu qui portait le coussin et pensèrent qu’il s’agissait là d’un
sous-fifre qui portait des documents en précédant son maître qui suivait derrière. Ils
considérèrent l’homme à cheval et pensèrent qu’il s’agissait d’un fonctionnaire. En ce
temps-là, il n’y avait pas de voitures et tous les fonctionnaires avaient l’habitude de
circuler à cheval et c’est la raison pour laquelle les villageois pensaient ainsi. Dès qu’ils
arrivèrent à destination, l’homme au coussin se rendit directement dans un gîte d’étape et
s’installa confortablement et ostensiblement sur son coussin, alors que l’autre cherchait un
endroit pour attacher son cheval. Les villageois les dévisagèrent et pensèrent que l’homme
appuyé sur son coussin était le fonctionnaire et que l’autre parti attacher le cheval était un
sous-fifre. Voilà comment se manifestent le respect ou le manque de respect dans le
monde. La personne que l’on prenait pour un haut fonctionnaire dans un village était
considérée comme un sous-fifre dans un autre village et celle que l’on considérait comme
un sous-fifre dans le premier village était prise pour un haut fonctionnaire dans un autre
village. Ce n’est que de l’imagination de la part de gens curieux qui se propage dans l’esprit
des gens. Ainsi, aucun respect ou aucun manque de respect ne leur a été dévolu sur base de
leur valeur intrinsèque.
***
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SEUL CELUI QUI A L’ESPRIT BIEN POSÉ
PEUT COMPRENDRE CE QUI A TRAIT À L’ATMA
Voici une petite histoire qui concerne Ramakrishna Paramahamsa. Au beau milieu d’une
causerie, il repéra une disciple qui s’appelait Rani Rasamani et qui feignait d’écouter sa
causerie. Il s’approcha d’elle et la gifla par deux fois. Ceux qui assistèrent à la scène furent
stupéfaits et pensèrent que Ramakrishna avait quelque peu perdu la boule. Rasamani était
elle aussi interloquée et elle tenta de rassembler ses esprits pour voir si quelque chose
n’allait pas chez elle et pourquoi son guru la traitait avec un tel manque de respect.
Si une personne est réellement consciente de ses fautes, elle ne les commettra plus. En fait,
parce que Rasamani n’était pas consciente de son erreur, elle ne réalisait pas ce qui n’allait
pas chez elle. Ramakrishna lui dit que si elle venait pour réfléchir à des problèmes de litige
et non pas pour écouter ce qu’il avait à dire, elle pouvait très bien faire ça chez elle.
Pareillement, il y en a qui viennent ici pour ‘’écouter’’ ce que Je dis et qui bruissent sans
cesse comme les feuilles d’un arbre. Ils s’affairent et s’éparpillent de-ci de-là comme des
corneilles. Ils ne savent pas s’asseoir dans une posture stable. Ils regardent à droite et à
gauche et ne s’intéressent absolument pas à ce qui se passe ici. Ils ne savent même pas
s’asseoir convenablement. A moins d’avoir l’esprit bien posé, vous ne pouvez pas
comprendre ce qui a trait à l’Atma. Ils montrent en plus le mauvais exemple aux autres.
Ceux qui ont l’esprit agité ne peuvent pas être de vrais yogis, même s’ils savent très bien
se faire passer pour de bons fidèles en se basant sur l’apparence extérieure.
***
UN SOUVENIR DE SHIRDI
Jadis, il y avait un juge qui venait à Shirdi. Il demanda à sa femme et à son fils de rester
auprès de Baba et rentra chez lui pendant quelques jours. En partant, il dit à son fils :
‘’C’est là Dieu en personne !’’ Après quelques jours, la mère partit pour Manmad avec le
garçon et ils tombèrent sur un kathak qui récitait une histoire puranique. Au bout de
quelques minutes, ils l’entendirent vilipender Baba et le traiter de fou et d’escroc. Le
garçon ne le supporta pas davantage. Il tira sur le sari de sa mère et la contraignit à
retourner auprès de Baba.
Le lendemain matin, ils s’approchèrent de Baba pour recevoir Ses bénédictions et Celui-ci
leur demanda pourquoi ils étaient revenus. L’épisode du kathak Lui fut alors dûment
rapporté. Le garçon entendait chacun qui s’adressait à Baba comme si Celui-ci était le
Seigneur. En se souvenant des paroles acérées du kathak, le garçon se mit à pleurer, mais
Baba le consola avec humour : ‘’Je ne suis qu’un homme et ce que dit le kathak est la vérité.
Je suis fou et j’escroque les gens de ce qu’ils considèrent comme très précieux !’’ Alors
même qu’ils parlaient, un certain M. Patel s’approcha et il raconta comment Baba avait
sauvé son enfant d’un grave accident. Baba lui dit : ‘’Oui, Je l’ai retenu quand il est tombé
avec Mes quatre mains !’’ Patel versa des larmes de gratitude et le garçon s’écria alors :
‘’Ah ! Je l’avais bien dit que Vous êtes Dieu : Vous avez quatre mains, comme Vishnu !’’
Baba éclata de rire. Il emmena le garçon à l’intérieur et lui donna une vision de Lui-même
avec quatre mains.
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Ce garçon resta encore pendant 26 ans à Shirdi par la suite et ne quitta les lieux qu’après
que Baba ait Lui-même ‘’quitté les lieux’’. Ensuite, il prit sannyas et il devint un grand sage.
***
NARADA RENDU PLUS SAGE PAR LES GOPIS…
Si vous voulez conquérir l’égoïsme, aucun système rigoureux d’exercices ou de contrôle
respiratoire n’est nécessaire. Non, ni même une érudition ardue. Les gopikas sont la
démonstration de cette vérité. C’étaient de simples paysannes qui n’étaient pas touchées
par les arguties d’études complexes. Une fois, Narada fut tellement choqué de leur
ignorance de la science du progrès spirituel qu’il se porta volontaire pour aller leur
transmettre quelques leçons de sagesse. Et arrivé à Brindavan, il s’aperçut que les vachères
qui vendaient leur lait ou leur lait caillé dans les rues oubliaient de crier le nom de leurs
produits, mais criaient à la place ‘’Govinda !’’ et ‘’Narayana !’’ tellement elles étaient
plongées dans la conscience divine... Elles ne se rendaient pas compte qu’elles avaient déjà
vendu tout leur lait et continuaient à déambuler en criant les Noms du Seigneur, puisque
la poussière de Brindavan était pour elles tellement sacrée. Elles ne nourrissaient aucun
désir de plaisirs sensuels et donc, aucune ignorance. C’est alors que Narada conclut
qu’elles n’avaient aucunement besoin des leçons qu’il avait prévu de leur dispenser et les
pria même de lui enseigner comment développer une telle aspiration et recevoir la vision
de l’omniprésent Krishna.
Par exemple, il y avait une gopi qui s’appelait Suguna et qui n’avait aucune autre pensée
que celles relatives à Krishna et tous les soirs, c’était la coutume à Brindavan pour chaque
maîtresse de maison de venir allumer sa lampe à la flamme de la lampe de Nanda,
puisqu’elles croyaient qu’obtenir la lumière de l’aîné et du plus grand d’entre eux était
auspicieux. Suguna se rendit avec sa lampe chez Nanda et lorsqu’elle arriva tout près de la
maison, son esprit se perdit dans l’exaltation et la joie de voir cette maison même où
Krishna avait passé toute Son enfance, où Ses farces et Ses facéties avaient attiré les
vachers et les vachères. Elle resta là avec sa lampe éteinte pendant un long moment tout
près de la grosse lampe à huile qui éclairait la pièce principale. Elle tenait la lampe tout
près de la flamme, mais pas assez près et son doigt était juste au-dessus de la flamme. Elle
n’avait pas du tout conscience que son doigt était brûlé par la flamme, car elle était trop
imprégnée par la conscience de Krishna pour être consciente de la douleur. C’est Yasoda
qui s’aperçut de la situation délicate où elle se trouvait et qui la sortit de sa ‘’rêverie’’ ou
devrions-nous dire ‘’vision’’ ? Car pour elle, cette maison était bel et bien vivante avec
Krishna, où que son regard se tourne. Nous devons parvenir à une telle identification. Il
est inutile et vain que l’oisillon demeure au nid. Il doit fortifier ses ailes et s’envoler. Il est
inutile que l’homme continue de se vautrer dans la boue. Il devrait distinguer clairement le
but grandiose, développer ses ailes et s’envoler.
***
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LA NOURRITURE EST LE FONDEMENT DU CARACTÈRE
Il y a des influences subtiles qui passent dans la nourriture à partir des personnes qui la
préparent et qui la manipulent et qui sont ensuite absorbées par les personnes qui la
mangent. La nourriture est le fondement du caractère. L’état d’esprit est conditionné par
celui du corps. Je vais vous raconter un incident qui s’est passé il y a 80 ans. Il y avait un
grand yogi qui s’appelait Hamsaraj à Badrinath. Il était toujours absorbé dans le chant de
la gloire du Seigneur et il avait un disciple qui était tout aussi sérieux et sincère. Mais
depuis quelques jours, ce jeune homme était importuné par un rêve qui ne le laissait pas
tranquille où il voyait une belle jeune fille de 16 ans qui pleurait douloureusement et qui
criait pathétiquement : ‘’Personne ne peut-il me sauver ?’’ Le disciple était interloqué par
ce rêve étrange et n’arrivait pas à évacuer de son esprit cette figure triste et ses cris de
désespoir. Il fit alors part à son maître de ses soucis. Cet Hamsaraj était un réel hamsa, un
véritable oiseau de paradis capable de séparer du lait mêlé avec de l’eau. A l’aide de son
discernement, Hamsaraj analysa la situation et découvrit la source de cette pénible
expérience.
Il asticota le jeune homme avec des questions comme : ‘’Qu’as-tu fait tel jour ? Où es-tu
allé ? Qu’as-tu mangé ?’’… Il apparut qu’il s’était rendu à une fête avec un ami où il avait
mangé des puris et des chapatis et que c’était un pauvre brahmane qui avait préparé ce
festin. Hamsaraj envoya le disciple pour découvrir pourquoi et avec quelles ressources le
brahmane avait organisé un festin pour les reclus de Badrinath. Le jeune homme maudit
alors le jour où ce rêve avait commencé à le hanter, car son maître l’envoyait maintenant
faire des commissions inutiles pour se renseigner sur des questions sans intérêt. Il se
demandait en quoi ceci allait bien pouvoir aider sa sadhana.
Néanmoins, il se mit en route et procéda à une enquête concernant ce festin, son origine et
les moyens avec lesquels il avait été préparé. Et il apparut que les fonds provenaient d’un
prêteur d’argent d’une soixantaine d’années à qui le brahmane avait donné sa fille en
mariage, qu’il avait reçu en retour une somme de dix milles roupies et que la fille faisait
appel aux saints hommes pour un peu d’humanité à l’égard d’une enfant abandonnée.
Hamsaraj démontra ainsi à son disciple qu’il était nécessaire d’examiner l’origine de la
nourriture, les motivations d’un don et les passions qui poussent un donateur avant
d’accepter un don intime comme la nourriture.
***
QUAND LE SEIGNEUR DÉCIDE D’UNE CHOSE,
ELLE DOIT ARRIVER
Ambarisha accomplissait un yaga, mais au moment crucial, l’animal destiné au sacrifice
parvint à s’échapper et les prêtres décrétèrent alors que pour réparer une telle négligence
coupable, un être humain devrait être donné en offrande aux dieux. Le roi promit mille
vaches en échange d’un fils, mais quel père enverrait son fils à la mort, même en échange
de mille vaches ? Il y avait encore d’autres conditions. Ainsi, les messagers du roi ne
devraient exiger le fils de personne ; ils ne devraient pas non plus commettre le péché de
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mettre mille vaches sur un pied d’égalité avec un être humain et un père ne devrait pas
non plus proposer cette offre malheureuse à un fils. L’offre de s’immoler devrait venir
spontanément d’un fils sans la moindre incitation ni tentative de persuasion. Seul un tel
fils serait accepté par les dieux. Sunasshepa apprit la nouvelle par lui-même et se rendit
auprès de son père et lui dit que lui irait, et bien volontiers, car quelle fortune plus
heureuse un mortel pouvait-il espérer que de monter au ciel par l’entremise des flammes
sacrificielles ?
Sunasshepa convainquit son père que son vœu de se rendre au yajna et de se donner en
offrande était légitime et qu’il méritait d’être approuvé, puis il se mit en route pour la
capitale. En cours de route, il rencontra son oncle maternel, Viswamitra, qui entreprit de
dissuader le garçon de s’offrir en sacrifice. ‘’Tout ceci n’est que de la superstition idiote !
Peut-on remplacer une vache par un homme ?’’ , s’enquit Viswamitra. Sunasshepa
rétorqua que tous les hommes étaient pareils à du bétail, car avant que le discernement et
le détachement ne se manifestent en eux, ils ne sont que des animaux. C’est ainsi qu’en
dépit des arguments de son oncle, des arguments semblables à ceux que certains utilisent
pour dissuader les gens de venir à Puttaparthi, Sunasshepa parvint à atteindre le lieu du
sacrifice.
Le Seigneur n’a pas un cœur de pierre et son cœur fondit devant la situation dans laquelle
se trouvait le jeune homme. Indra apparut alors au cœur des flammes sacrificielles avant
de disparaître en répandant sur lui ses bénédictions. Car c’était Indra qui avait emporté la
première vache et qui avait manigancé tout ce stratagème afin de mettre en lumière
Sunasshepa et sa grandeur et le bénir…
***
TOUS LES NOMS ET TOUTES LES FORMES SONT
LES SIENS…
Permettez-Moi de vous rapporter cet épisode qui s’est produit pendant que Je me trouvais
dans Mon précédent corps, à Shirdi. Il y avait une dame à Pahalgaon, une dévote simple et
illettrée qui stockait de l’eau dans sa cuisine dans trois pots en laiton propres et étincelants.
Cette eau provenait de trois puits différents. Elle les avait baptisés Ganga, Yamuna et
Saraswati. C’est ainsi qu’elle les appelait toujours. Et chaque fois qu’un voyageur assoiffé
se manifestait à sa porte, elle mélangeait l’eau de ces trois pots qu’elle offrait ensuite à la
personne en tant que ‘’triveni tirtha’’. Ses voisins ridiculisaient sa foi, mais sa conviction
que ces trois puits étaient reliés souterrainement avec les trois fleuves qui confluaient à
Prayag était inébranlable.
Un jour, son mari partit en pèlerinage à Kasi et sa mère, en bénissant son départ, lui mit au
doigt sa propre bague en or en lui disant de prendre bien soin d’elle, car elle serait pour lui
un talisman. Mais alors qu’il prenait un bain rituel au Manikarnika Ghat, la bague glissa
dans l’eau et il ne parvint pas à la récupérer. A son retour, il raconta ce qui était arrivé et il
dit : ‘’Ganga l’a voulue, Ganga l’a eue !’’ pour consoler sa mère, mais quand sa femme
entendit cela, elle dit : ‘’Non, non ! Mother Ganga ne convoite pas les biens d’une pauvre
vieille dame et elle n’acceptera que ce qui est offert par amour. Je suis sûre qu’elle nous
restituera la bague et je vais la réclamer à Ganga, elle est dans notre cuisine.’’ Ceci dit, elle
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entra dans la cuisine et les mains jointes, elle entreprit de prier devant le pot spécifique
qu’elle avait baptisé ‘’Ganga’’. Et après avoir plongé sa main dans le pot, elle fouilla le fond
et naturellement, elle récupéra la bague ! Elle était venue à Dwarakamayi, accompagnée de
son mari et de sa belle-mère. C’est la foi qui importe. La forme et le nom auxquels elle
s’attache n’ont pas d’importance, car tous les noms et toutes les formes sont les Siens.
***
AIMER TOUS CEUX QUE LE SEIGNEUR AIME
Les gopis n’avaient pas d’autre but, pas d’autre idéal, pas d’autre vœu. C’était un
renoncement parfait, inconditionnel et indéfectible d’elles-mêmes. Permettez-Moi de vous
parler d’une dévote, une femme qui provenait d’un petit village du Maharashtra et qui
vivait au siècle passé. Elle faisait même face aux petits détails de la vie avec cet esprit
dévotionnel. Pour elle, marcher était un pèlerinage, l’occasion de pratiquer le japa. Et
même en se débarrassant d’une bouse de vache, après l’avoir disposée sur le sol pour que
son mari garde le plateau de son dîner en place pendant son repas, elle lançait et
ressentait : ‘’Krishnaarpanam !’’, ‘’Puisse ceci est une offrande pour Krishna !’’ Et son tapas
était tellement sincère que la bouse de vache parvenait à Krishna en allant se coller sur Son
idole dans le temple du village ! Le prêtre constatait tous les jours la mystérieuse
profanation. Il était sidéré, effaré, il se maudissait pour avoir vécu pour voir un tel
sacrilège. Tous les jours vers midi, une bouse de vache ! Il baissait honteusement la tête en
passant devant l’idole et gardait pour lui ce phénomène troublant. Et puis un jour, il
entendit cette dame qui s’exclamait ‘’Krishnaarpanam !’’ en se défaisant de l’une de ces
fameuses bouses de vache et il se mit à avoir des soupçons. Il prit connaissance de l’heure,
de la quantité, du matériau, etc., jusqu’à ce qu’il soit convaincu que c’était bien elle qui
était coupable du défigurement de Krishna et de la profanation de Son charme. Alors, il la
battit avec tellement de zèle qu’il lui brisa le bras qui lançait les bouses de vache.
Et quand il revint triomphalement au temple en s’attendant à être béni en abondance par
le Seigneur pour avoir châtié la mauvaise femme, il eut le choc de sa vie en découvrant le
bras droit de Krishna fracturé et sanglant, comme celui de la sainte femme ! Dans son
angoisse, le pauvre homme éclata en sanglots : ‘’Je ne l’ai battue que par amour pour Toi,
car elle profanait Ta beauté, ô Seigneur !’’ Krishna répondit : ‘’Tu dois aimer tous ceux que
J’aime, souviens t’en !’’ Ici aussi, Je veux que vous vous conduisiez ainsi. Ou au moins,
aimez-vous vous-même, c’est-à-dire, aimez votre propre Soi supérieur et Ses meilleurs
intérêts. Je ne tolérerai ni jalousie, ni malice ni haine entre fidèles et Je ne permettrai pas
que vous vous détestiez ni que vous pensiez être mauvais ou faibles.
***
L’INEPTIE DU CONFORMISME
Voici une petite histoire. Un individu qui vivait et qui avait été éduqué conformément aux
anciennes traditions de l’Inde voulait partir à l’étranger pour y poursuivre des études
supérieures. Le père conduisit son fils devant la déesse et il pria pour que son fils soit en
sécurité et revienne sain et sauf en Inde. Voyant son père prier la déesse, le fils lui adressa
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la même prière. Il quitta l’Inde pendant deux ans. Le garçon qui avait vécu en Inde
pendant 24 ans ne partit que deux ans à l’étranger. Après avoir terminé ses études, il
écrivit à ses parents qu’il rentrait à la maison. Les parents étaient fous de joie et
l’accueillirent à l’aéroport. Ils voulaient emmener leur fils dans la pièce où se trouvait la
déesse et qu’il lui manifeste son adoration. Dès que leur fils descendit de l’avion, ils
remarquèrent qu’il était vêtu à l’occidentale et sans s’incliner devant eux, il demanda :
‘’Comment vas-tu, Maman ?’’ La mère ne s’en soucia pas, car elle était très affectueuse et
elle bénit son fils. Ils le ramenèrent à la maison et il accepta de rendre visite à la déesse. En
franchissant la porte d’entrée, il refusa d’enlever ses chaussures et il témoigna de
l’impatience. Il pensait que ses parents étaient peu civilisés. Tandis qu’ils priaient, ils lui
demandèrent aussi d’adresser ses prières à la déesse, mais il se contenta de mettre ses
mains en poche et refusa d’obéir. Quand ils lui demandèrent de saluer la déesse, il
demanda plutôt : ‘’Comment vas-tu, Maman ?’’ Le père en fut tellement contrit qu’il gifla
son fils, puis il dit : ‘’Tu t’es rendu en Occident avec la grâce de la déesse et maintenant
que tu es de retour, tu l’as oubliée ! Tu es devenu un ingrat et tu n’es pas digne d’être mon
fils. Tu as oublié les traditions apprises pendant 24 ans et les manières et le mode de vie
que tu as appris en deux ans t’accompagnent, maintenant ! Il est stupide et vain d’imiter.
Mieux vaut être ruiné que de suivre les usages d’autrui. Si nous suivons nos propres
coutumes, ceci nous donnera la joie, le bonheur et la bénédiction.’’
***
QUELLE POCHE D’EAU EST LA PLUS PURE ?
Parce que votre regard se focalise vers l’extérieur, vous ne pourrez détecter que les défauts
d’autrui, mais sans pouvoir détecter les défauts de votre propre nature.
Voici une petite histoire. Pendant la saison estivale, tout près de Nagpur, l’eau est très
rare. Il est possible que les choses se soient améliorées maintenant, mais dans le temps,
c’était très compliqué. Une vieille brahmane orthodoxe décida de s’y rendre en pèlerinage.
Elle était tellement orthodoxe qu’elle ne touchait à rien et qu’elle ne permettait à personne
de la toucher. Elle entreprit son pèlerinage dans cette mentalité. En arrivant à Nagpur, elle
se rendit compte qu’il faisait très chaud. Elle essaya plusieurs robinets, mais il n’en sortit
aucune goutte d’eau et sa soif s’intensifia. Le gouvernement prit des mesures pour assurer
l’approvisionnement en eau et on utilisa la peau d’animaux pour fabriquer des poches
d’eau. On remplissait les poches d’eau et on donnait l’eau aux gens assoiffés. Alors que
plusieurs personnes buvaient l’eau qui provenait de l’une de ces poches, la dame qui avait
fort soif était en train de se demander si l’homme qui servait l’eau ne provenait pas d’une
caste inférieure, si la poche était bien propre, si elle avait été nettoyée, etc. Elle hésitait à
accepter l’eau. Après avoir beaucoup tergiversé, la dame qui n’en pouvait plus s’approcha
et elle interrogea l’homme qui servait l’eau : ‘’Mon bon monsieur, cette poche est-elle bien
propre ? A-t-elle été bien nettoyée ?’’ L’homme qui servait l’eau était intelligent et
répondit : ‘’Cette poche dans laquelle l’eau est servie est plus propre que la poche dans
laquelle cette eau va être vidée et servie, à savoir votre corps. Cette poche est plus propre
que vos entrailles.’’ De nos jours, on cultive la tendance indésirable de scruter les
impuretés externes, mais sans prendre la peine de purger les impuretés de son propre
corps.
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***
LES TROIS POISSONS ET LES GUNAS
Il y avait trois poissons dans un étang et l’un des poissons dit aux deux autres : ‘’L’eau de
la mare va diminuer jour après jour et un jour viendra où elle pourrait s’assécher
totalement. Avant que le pêcheur ne vienne pour nous attraper, nous devons absolument
nous rendre dans une autre partie où il y aura toujours de l’eau.’’ Alors, un des deux autres
poissons dit : ‘’Tu divagues ! Ton mental déborde de craintes inutiles ! Cette mare ne
s’asséchera pas et le pêcheur ne viendra pas nous ennuyer. Profite donc de la situation
actuelle.’’ Le premier poisson se résigna quand les deux autres n’acceptèrent pas de suivre
son conseil et il dut partager leur sort. Et comme il l’avait prévu, le pêcheur vint, les
piégea, les cuisina et les mangea. Notre vie peut se comparer à la mare et la longueur de
notre vie à l’eau. Les trois poissons sont les trois gunas : tamas, rajas et sattva. La tendance
sattvique se résout toujours à suivre la voie du bien et fixe son attention sur ce qui est
permanent. Elle décide qu’avant que le niveau de l’eau ne s’épuise, elle devrait se sauver et
pense toujours à de nobles choses. L’eau est comparable à la durée de la vie qui diminue
jour après jour et à tout moment, la mort peut survenir. Le pêcheur symbolise la mort.
Tamas et rajas s’opposent à sattva et c’est ainsi que même le mérite de sattva est contré par
les deux autres. Ces deux gunas, tamas et rajas, égarent nos sens et nous envoient sur une
mauvaise voie. Nous devrions d’abord nous efforcer de contrôler tamas et rajas et parvenir
ainsi à la maîtrise de nos sens. Si nous suivons de bonnes méthodes, même rajas et tamas
peuvent être vaincus par une association intime avec sattva.
***
UN EXEMPLE DIVIN POUR LES DIRIGEANTS
Aujourd’hui, les gens qui s’appellent eux-mêmes des dirigeants ne rendent pas de bons
services et par conséquent, le monde qui nous entoure devient très confus. Dans ce
contexte, il me faut mentionner une histoire qui concerne l’Avatar Krishna. Un jour,
Krishna s’approcha de Yasoda et lui dit que tous ses amis vachers l’avaient invité à les
accompagner et s’occuper des vaches et qu’il avait l’intention d’y aller. Sa mère lui
expliqua qu’aller dans la forêt impliquait qu’il devrait marcher sur des épines et qu’il
pourrait devoir faire face à des serpents. Elle ajouta que ses tendres petits pieds pourraient
ne pas être à même de le supporter et lui dit qu’il vaudrait mieux qu’il mette des
chaussures avant de se rendre dans la forêt. Elle lui dit encore que ses chaussures ne
seraient prêtes que le lendemain et qu’il ne pourrait se rendre dans la forêt que le
lendemain. Immédiatement, Krishna demanda à sa mère de lui dire comment elle
s’adressait à lui. Elle lui dit ‘’Gopal’’ et qu’elle s’adressait à lui par ce nom. Le mot ‘’Gopal’’
désigne celui qui s’occupe des vaches. Il dit qu’il avait reçu ce nom parce qu’il savait
s’occuper du bétail et qu’il savait le guider. Puisque les vaches le suivaient, étant donné
qu’il est leur guide, il dit qu’il se devait d’agir comme les vaches agiraient similairement.
Et les vaches ne portent pas de chaussures pour protéger leurs pieds et ainsi, dit-il, il ne
porterait pas non plus de chaussures pour protéger ses pieds. Il dit qu’il ne ferait que ce que
ceux qui le suivent pourraient aussi faire. Il dit que s’il portait des chaussures, les vaches
voudraient en faire autant, parce que leur guide portait des chaussures. Il ne porterait pas
de chaussures sans permettre à celles qu’il devait protéger d’aller sans chaussures. C’est
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ainsi qu’il argumenta avec sa mère. Cela signifie simplement que, quand Dieu revêt une
forme humaine, les hommes essayeront d’imbiber Ses qualités et se conduiront comme
Lui.
***
LE SEIGNEUR NE DÉÇOIT JAMAIS CEUX QUI
L’APPELLENT AVEC FOI
Il y avait un temple de Srinath dans la ville de Govardhana, il y a quelques siècles. Un
brahmane pauvre de l’endroit n’avait qu’un seul fils, un petit garçon de six ans qui se
réjouissait toujours d’entendre les histoires et les légendes de Krishna et qui n’aimait
qu’écouter les leelas du Seigneur. Un jour, il se rendit au pré avec le bétail et quand il
aperçut le temple et l’idole de Krishna à l’intérieur du sanctuaire, il prit celle-ci pour le
Seigneur Lui-même. Il s’époumonait plutôt piteusement en demandant à Krishna de sortir
et de jouer avec lui au clair de lune. Alors que la porte avait été verrouillée par le prêtre qui
avait quitté les lieux à midi, le Seigneur sortit du temple et main dans la main, les deux
compères arpentèrent les champs sous la fraîche lumière argentée. Krishna avait emmené
Sa flûte. Il s’assit sur un rocher et Il se mit à en jouer pour le plus grand délice du petit
brahmane. Après quelques heures passées ainsi, Il s’en retourna avec Son ami qu’Il
appelait ‘’frère’’ et discrètement, Il disparut à l’intérieur du sanctuaire à l’intérieur duquel
on pouvait apercevoir l’idole à travers une fissure de la porte. Le petit garçon ne put
supporter la douleur de la séparation d’avec son compagnon de jeux divin. Il passa toute la
nuit et la matinée à se lamenter devant la porte et c’est là que ses parents et que le prêtre le
retrouvèrent. Les parents battirent leur fils qui leur avait occasionné tant de tracas, mais le
prêtre remarqua alors que l’idole saignait suite à leurs coups. Si vous faites appel à Lui en
tant que ‘’petit frère’’, Il répondra et Il deviendra pour vous un joyeux compagnon de jeux
et si vous faites appel à Lui en tant que guide spirituel, Il vous instruira et Il vous
inspirera. Il ne fait jamais défaut à ceux qui font appel à Lui avec sincérité et avec foi.
***
LES CONSÉQUENCES D’UN SEUL FAUX PAS
Une fois, un roi annonça qu’il honorerait généreusement tout brahmane qui accepterait de
commettre l’un de ces trois méfaits :
1) Soutenir que les Védas sont faux.
2) Boire de l’alcool.
3) S’enfuir avec la femme d’un autre.
Pendant longtemps, personne ne s’avança pour commettre l’une de ces choses exécrables,
mais finalement, un pauvre brahmane qui était sur le point de mourir de faim se présenta à
la cour et se proposa de boire de l’alcool, le mal qu’il considérait comme le moins
répréhensible des trois. Toutefois, dès qu’il fut ivre, il se mit alors à jurer et à lancer toutes
sortes d’imprécations et dans l’excitation de son ivresse, il hurla dans les rues que les
Védas étaient un tissu de mensonges avant d’entrer dans la maison de son voisin et
d’assaillir la maîtresse des lieux, comme un vulgaire criminel…
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***
LA PARABOLE DES FILS OBÉISSANTS ET
DÉSOBÉISSANTS
Quand Jésus-Christ entra dans l’enceinte du temple de Jérusalem et aperçut qu’on y
sacrifiait des colombes ainsi que d’autres oiseaux et êtres vivants, il relâcha les oiseaux et il
condamna ces actes sanglants. Les prêtres et les érudits n’apprécièrent guère et ils
argumentèrent que le Dieu en qui ils avaient foi acceptait leur sacrifice et qu’Il était
propitié par celui-ci. Ils exigèrent la preuve de son autorité pour interférer avec les décrets
de la religion. Le Christ leur raconta alors une parabole.
Il était une fois un fermier qui avait deux fils. Il demanda à l’aîné des deux de se rendre
aux champs afin de surveiller la récolte, car la moisson était proche, mais celui-ci refusa de
lui obéir. Sur ce, il demanda la même chose à son fils cadet qui y consentit. Mais ce qui se
passa en réalité, c’est que le cadet se rendit compte plus tard de tout le tracas et du manque
de sommeil que cette surveillance lui occasionnerait, aussi il n’en fit rien. Et puis plus tard,
le fils aîné s’en voulut d’avoir refusé ce qui lui avait été demandé et il alla surveiller les
récoltes.
Maintenant, demanda le Christ, lequel des deux a-t-il le mieux contenté son père ? Celui
qui a acquiescé verbalement, puis qui a désobéi dans les faits ou celui qui a désobéi
verbalement, mais qui a obéi dans les faits ? Vous pouvez obéir verbalement, mais par vos
actions, vous désobéissez. Mes actions révèlent que j’agis conformément à ce que Dieu a
ordonné. Vous êtes votre propre témoin par rapport au fait que vous suivez les
commandements du Père divin. Mon autorité est supérieure à la vôtre, car vos actions
démontrent que vous désobéissez, alors que mes actions prouvent que je suis Ses
commandements.
***
QUAND UN ROYAUME PERD SES PLUS BEAUX
FLEURONS
Dans les temps anciens, il y avait un roi qui s’appelait Sathyavratha. C’était son nom,
parce que la Vérité était son mode de vie, son but et son guide. Il retirait une grande joie
d’une stricte adhésion à la Vérité. Une nuit, quelques heures avant l’aube, pendant
Brahmamurtha (la période consacrée à la méditation sur Dieu), il franchit seul la Porte du
Lion du fort pour se baigner dans l’océan, car c’était un jour férié du calendrier propice
pour de tels bains rituels.
Alors qu’il franchissait la porte, il aperçut une belle jeune fille avec une aura de splendeur
qui sortait. Curieux de savoir qui elle était et pourquoi elle s’en allait si tôt, le roi l’aborda
et elle répondit qu’elle était la déesse de la richesse, Dhanalakshmi. ‘’Je suis ici depuis
longtemps et à présent, je désire du changement. Je ne séjourne pas longtemps dans un
même lieu !’’ Sathyavratha lui dit : ‘’Je vous en prie. Je n’y vois aucune objection et je ne
m’y opposerai pas.’’ Il aperçut alors un personnage masculin gracieux qui quittait
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tranquillement les lieux. Le roi lui demanda à lui aussi qui il était et pourquoi il partait. Il
répondit : ‘’Je suis la charité. Si Dhanalakshmi s’en va, pour quelle raison resterais-je ?’’ Le
roi l’autorisa aussi à s’en aller.
Quelques minutes plus tard, un autre personnage charmant franchit la porte et le roi
découvrit qu’il s’agissait de Sadachara qui représentait la bonté dans la conduite sociale.
‘’Comment peut-on préserver de bonnes relations sociales sans richesse, ni générosité ?’’,
demanda-t-il. ‘’Je m’en vais, parce que mes deux compagnons ne sont plus là’’, expliqua-til. Le roi y consentit. Ensuite, un nouveau candidat à l’exil, la renommée, se lamenta du
départ des trois autres et voulut s’en aller. Le roi l’y autorisa et elle dit : ‘’Comment la
renommée peut-elle survivre à l’absence de richesses, de charité et d’une vie sociale
heureuse ?’’ Et le roi sentit qu’elle avait raison.
Sur ces entrefaites, un personnage d’une splendeur éblouissante était sur le point de
franchir la porte du fort dans l’intention de quitter la ville. Le roi lui demanda qui il était
et il dit : ‘’Je suis la Vérité.’’ Le roi la supplia alors de rester en ville, dans le royaume, au
palais et dans les maisons du peuple et dit que si Elle s’en allait, la perte serait irréparable
et que la vie ne vaudrait plus la peine d’être vécue. La Vérité consentit alors à rester.
Alors, la renommée retourna immédiatement au fort, puisque la Vérité est une base
suffisante pour que la renommée puisse fleurir. Et Sadachara retourna et se développa. Et
de même, la charité et la richesse revinrent s’établir dans le royaume. Tous les autres se
réjouissaient de partager la gloire et la splendeur de la Vérité.
***
VANITÉ FLAMBOYANTE !
Autrefois, il y avait une vieille femme qui vivait dans un village. Elle vendit un lopin de
terre qu’elle possédait et avec l’argent, elle acheta quatre bracelets en or, deux pour chaque
poignet. Elle les arborait avec beaucoup de plaisir et elle se pavanait dans les rues,
particulièrement fière de ses nouvelles acquisitions. Toutefois, elle fut plutôt déçue,
puisqu’il n’y avait personne dans le village qui ne jeta, ne fût-ce qu’un seul coup d’œil à ses
bracelets. Elle aurait tout aussi bien pu ne pas les porter, les villageois ne remarquaient
aucune différence chez elle. Elle essaya bien divers stratagèmes pour attirer leur attention,
mais en vain. Une nuit, elle ne parvenait pas à s’endormir, car un tel désintérêt la
chagrinait énormément, et pour finir, elle conçut une idée brillante qui devrait marcher,
l’avait-elle décidé. Les villageois seraient bien forcés d’admirer ses bracelets !
Le lendemain matin, après le lever du soleil, elle bouta le feu à sa propre maison ! Les
flammes s’élevèrent dans le ciel et il s’ensuivit tout un branle-bas de combat et tous les
villageois se précipitèrent chez elle qui était assise et qui se lamentait devant la maison en
flammes. Elle agitait pathétiquement les mains devant les visages des villageois sidérés en
faisant tinter ses bracelets qui luisaient dans la lumière rouge des hautes flammes et elle
criait : ‘’Quel malheur ! Ma maison brûle ! Aie pitié de moi, Seigneur, ne vois-Tu pas mon
triste sort ?’’ Chaque fois qu’elle éructait quelque chose, elle agitait vigoureusement ses
bras devant le quidam, de sorte que celui-ci ne puisse manquer de voir ses bracelets !
Quelle misère ! Elle s’inquiétait tellement d’exhiber ses bracelets qu’elle ne se souciait
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même plus de sa propre maison. Sa maison brûlait, mais elle était heureuse que l’on
remarquât enfin ses bracelets ! Les savants qui se perdent dans l’admiration de leur propre
intelligence sont aussi sots que cette vieille femme.
***
LE CAFÉ FUMANT ET LE POISSON
Vous pouvez faire preuve de compassion, mais cette émotion doit être pondérée et sage…
Une fois, une personne compatissante ramena chez elle un poisson qu’elle aperçut en train
de se débattre sur la berge d’une rivière en crue, puis elle posa délicatement le poisson
entre les plis d’une couverture bien chaude avant de verser un peu de café fumant au fond
de sa gorge ! Elle croyait que celui-ci souffrait d’un coup de froid ! Le café fumant tua le
malheureux poisson qui aurait pu être sauvé rien qu’en étant simplement rejeté dans la
rivière. Cette personne ne disposait tout simplement pas de l’intelligence qui aurait pu lui
dire quoi faire pour manifester sa compassion.
***
QUAND LES DIEUX TESTENT UN HOMME
Sibi était un sadhaka authentique et il était parvenu à un niveau élevé de détachement et à
l’esprit de renoncement. Les dieux décidèrent alors de découvrir si ses accomplissements
étaient fermes et indéfectibles.
Agni (le dieu du feu) et Indra (le dieu des régions célestes) prirent les formes d’une
colombe et d’un faucon. Le faucon (Indra) poursuivit la colombe (Agni) dans le ciel
jusqu’à ce que l’oiseau terrifié se pose dans le giron de Sibi qui était assis sur son trône et
qu’il implore sa protection. Respectant son dharma, Sibi promit qu’il sauverait la colombe
de son ennemi et il lui garantit sa protection. C’est à ce moment-là que le faucon se
présenta devant l’empereur et celui-ci réclama son repas, sa proie légitime. ‘’J’ai faim et
j’étais sur le point de capturer ma proie et tu m’as privé de mon repas !’’, se plaignit-il. ‘’A
quoi sert bien toute ta spiritualité tant vantée, alors que tu me voles mon repas ?’’, se
lamenta-t-il.
Sibi répliqua : ‘’C’est juste. Je vais découper un peu de la chair de mon propre corps, dont
le poids sera égal à celui de la colombe et tu pourras assouvir ta faim avec.’’ Le faucon
marqua son accord. Ensuite, on apporta une balance et sur un plateau, on y déposa la
colombe et sur l’autre, des lambeaux de la chair prélevée sur le corps de Sibi, mais juste
ciel, voyez-vous, peu importe toute la chair que l’on pouvait bien déposer dessus, le plateau
sur lequel reposait la colombe ne bougeait pas d’un pouce et pour finir, Sibi dit : ‘’Eh bien,
tu peux me manger en entier, je suis à ta disposition !’’
A peine avait-il prononcé ces paroles que le faucon se métamorphosa en Indra et la
colombe en Agni – des dieux resplendissants de gloire ! Tous les deux étaient
suprêmement heureux de par la profondeur de l’esprit de renoncement de Sibi et ils le
bénirent profusément avant de prendre congé de lui.
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***
UN SERVICE POUR-RIZ !
Autrefois, il y avait un homme riche qui possédait une rizerie et il entendit un pandit
exposer que le service que Dieu appréciait le plus était le don de nourriture à ceux qui ont
faim et c’est ainsi qu’il se décida à servir de la nourriture aux pauvres de son village.
Cependant, il n’avait nullement l’intention d’utiliser des bonnes variétés de riz pour ce
faire. Il pensait que n’importe quel riz ferait l’affaire pour eux. C’est ainsi qu’il prit du riz
qui était en train de pourrir dans son entrepôt sans même se soucier d’enlever les vers qui
y pullulaient avant de le cuire et de le servir aux pauvres qui le mangèrent et qui
souffrirent de mille maux en conséquence. Sa femme protesta vivement et lui certifia que
de la bonne nourriture offerte à dix personnes serait beaucoup plus méritoire que de la
mauvaise nourriture offerte à des centaines de personnes, mais il n’était pas du tout
d’humeur à écouter ses conseils sains et pertinents.
Sa femme se résolut à concevoir un plan pour lui apprendre. Ainsi, tous les jours, elle
déposa dans son assiette des aliments pourris remplis d’asticots ! Quand il se mit en colère
et la réprimanda vertement, elle répliqua : ‘’Le pandit a dit que chacun doit subir les torts
qu’il cause à autrui et dans l’autre monde, il te faudra manger de la nourriture avariée et
pourrie, pleine de vers ! C’est la nourriture que je t’offre dès à présent pour que tu puisses
t’y habituer. Cela t’aidera de manger les fruits de tes mauvaises actions !’’ Le mari finit par
réaliser son iniquité : il se repentit de ses erreurs et il apprit de meilleures façons de servir
les pauvres…
***
LES SUITES ET LES CONSÉQUENCES FUNESTES
D’UN PREMIER FAUX PAS
Une mère avait l’habitude de porter son fils sur ses épaules, quand elle se rendait au
marché. Un jour, une femme qui portait un panier de fruits passa tout près d’elle et son
enfant s’empara d’une banane qu’il entreprit de manger. La mère s’en aperçut et quand il
lui fut dit qu’il l’avait habilement attrapée dans le panier d’une vendeuse de fruits qui
passait par là, elle le complimenta pour son adresse. Ceci fit en sorte que l’enfant se laissa
tenter par toutes sortes de chapardages avant de devenir un pickpocket en grandissant,
puis un véritable cambrioleur et un brigand. Une fois, il commit même un meurtre au
cours de l’une de ses opérations et après avoir été capturé et emprisonné, il exprima le vif
désir de revoir sa mère avant d’être pendu. La mère, désespérée et en larmes fut conduite
auprès de lui. Elle sanglotait et gémissait face au destin de son fils. Celui-ci lui demanda de
se rapprocher de lui, quand brusquement, il tenta de l’étrangler et les gardiens durent les
séparer. Le fils dit alors : ‘’Elle mérite un tel châtiment, car c’est elle qui m’a conduit à un
sort aussi funeste. En effet, si elle m’avait réprimandé le jour où j’avais volé une banane,
quand j’avais deux ans, au lieu de me complimenter pour mon adresse, je ne serais jamais
tombé dans de telles pratiques...’’
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***
LA LEÇON QU’ALEXANDRE LE GRAND A APPRISE
EN INDE
Il y a cette histoire concernant Alexandre le Grand qui illustre la gloire et la splendeur de
la culture indienne. Il apparaît qu’Alexandre avait coutume de se rendre dans les villages
situés aux alentours de son campement, en Inde, afin d’apprendre les usages et les us de cet
étrange pays où son destin l’avait conduit. Un jour, il aperçut un homme qui discutait avec
un autre homme et qu’il implorait d’accepter un pot rempli d’or que l’autre refusait même
de regarder ! Il apprit que le pot d’or avait été découvert, enfoui dans le champ que
l’homme avait acheté à l’autre qui refusait de l’accepter. Ainsi, l’acheteur soutenait qu’il
n’avait acheté que le terrain et qu’il n’avait par conséquent pas le droit d’être le
propriétaire du pot d’or, tandis que le vendeur arguait qu’il ne possédait aucun droit sur
quoi que ce soit trouvé sur la parcelle ou dans la parcelle qu’il avait vendue. Alexandre
observa la discussion pendant quelque temps, mais aucun ne céda face aux arguments de
l’autre. Finalement, on fit appel aux aînés du village afin de trouver une solution. Et sous
le regard intéressé d’Alexandre, les aînés trouvèrent effectivement une solution : ainsi, le
fils de l’acheteur épouserait la fille du vendeur et le pot d’or serait offert comme dot aux
jeunes mariés ! Alexandre se réjouit grandement des hauteurs que la vertu humaine
pouvait atteindre…et fut aussi honteux de sa propre ambition aventureuse de conquérir les
biens d’autrui par la force des armes. Les idéaux qui sont sous-jacents à l’ancienne culture
de l’Inde devraient être étudiés et mis en pratique par chaque Indien, au moins, afin que le
monde puisse bénéficier du bel exemple qu’elle apporte…
***
QUI A ÉCRIT LE RAMAYANA ?
Une fois, un inspecteur scolaire rendit visite à une école et il demanda à un professeur
d’interroger un de ses élèves pour savoir qui avait écrit le Ramayana. L’élève choisi
répondit avec candeur : ‘’Ah, ce n’est pas moi, Monsieur ! Peut-être est-ce même vous ?’’
Le professeur se sentit quelque peu gêné aux entournures et se retourna vers l’inspecteur
pour lui certifier que ce n’était pas le cas et pour essayer de savoir si, par hasard, ce n’était
pas lui qui l’avait écrit ! Pour avoir plus de certitudes, l’inspecteur en référa au directeuradjoint qui fit observer que c’était sans doute un brahmane qui l’avait écrit et il conseilla à
l’inspecteur de clôturer les débats par rapport à la question. Cela signifie que la situation
dans le domaine de l’éducation est actuellement si pitoyable que nos étudiants, nos
professeurs, nos inspecteurs et nos directeurs d’école sont tous dans le même bateau :
aucun d’entre eux ne connaît l’auteur d’une œuvre comme le Ramayana ! En de telles
circonstances, nous ne pouvons pas légitimement prétendre être instruits !
***
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L’ÉPISODE DU SERPENT KALINGA
Parmi toutes les merveilleuses aventures qui stupéfièrent le peuple pendant l’enfance de
Krishna et qui révélèrent que la divinité était descendue parmi les gens, l’épisode du
serpent Kalinga est le plus révélateur. Le serpent Kalinga empoisonnait les eaux de la
rivière Yamuna et l’atmosphère des alentours avec son souffle fétide et tous ceux qui
s’approchaient de la zone – humains ou bétail – agonisaient. Krishna, l’Enfant divin, se
jeta à l’eau, plongea dans les profondeurs et contraignit le serpent venimeux à remonter
au-dessus du niveau des eaux et après avoir bondi sur ses capuchons, il se mit à danser
dessus avec ses tendres Pieds de Lotus. La pression exercée par ces tendres petits pieds fut
bien suffisante pour faire sortir tout le poison mortel des crocs du monstrueux cobra et le
rendre inoffensif, à tout jamais. C’est une grande leçon pour l’homme. Cette leela est très
différente par rapport aux épisodes précédents qui ont mis en évidence la force
surhumaine et la sagesse de l’Enfant divin, lui qui fut soulevé par le démon-tempête,
chargé par un démon déguisé en veau, presque écrasé par un char-à-bœuf, capturé par un
démon qui avait adopté la forme d’une grue géante, ou encore empoisonné par un démon
qui avait assumé la forme d’une nourrice. Cependant, les sceptiques peuvent facilement
attribuer de tels miracles à des ‘’accidents’’, à des ‘’coïncidences’’ ou à des exagérations.
L’épisode du serpent Kalinga est une parabole et c’est une précieuse leçon dans la sadhana
spirituelle.
***
LES ACTIONS QUI PLAISENT À DIEU
Nous ne devons expérimenter que la Félicité éternelle avec l’âme individuelle et non les
choses matérielles. Nous devons accomplir de bonnes actions avec le corps et avoir de
bonnes motivations mentales. Il n’y a que cela qui plaît à Dieu et qui attire Sa grâce.
Voici un petit exemple. Prenons une grande horloge murale qui possède trois aiguilles. La
première est l’aiguille des secondes, la deuxième est l’aiguille des minutes et la troisième
est l’aiguille des heures. L’aiguille des secondes avance très vite : elle fait le tour des 12
chiffres en 60 secondes alors que pendant ce temps-là, l’aiguille des minutes ne parcourt
qu’un trait. Après que l’aiguille des minutes ait parcouru 60 petits traits, l’aiguille des
heures avance d’une heure. Soixante secondes constituent une minute et soixante minutes
une heure. Parce que l’aiguille des secondes et l’aiguille des minutes avancent relativement
vite, nous sommes en mesure de voir leurs progrès et parce que l’aiguille des heures avance
lentement, nous ne sommes pas en mesure de voir ses progrès. Similairement, c’est après
que nous ayons accompli un certain nombre de bonnes actions que l’esprit atteint un bon
niveau. Et quand l’esprit réfléchit à beaucoup de bonnes pensées, l’âme individuelle atteint
le lieu saint de l’Atma, le Soi. Nous pouvons voir les actes physiques qui touchent
l’individu, mais nous ne pouvons pas voir les actes de l’individu qui touchent le Soi. Notre
corps représente l’aiguille des secondes, notre esprit représente l’aiguille des minutes et
notre vie représente l’aiguille des heures. Ainsi, il nous faut accomplir un certain nombre
de bonnes actions par l’entremise du corps et méditer sur beaucoup de bonnes choses avec
notre esprit. C’est seulement alors que nous pourrons atteindre le lieu saint au sein de
l’individu. On parle des états grossier, subtil et causal. Si nous voulons atteindre le stade
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causal, il nous faut accomplir beaucoup de bonnes choses avec le corps grossier et méditer
sur beaucoup de bonnes choses avec l’esprit subtil…
***
RAMA BÉNIT LA COLLINE GOVARDHANA
Rien n’arrive jamais sans cause appropriée, aussi accidentel ou mystérieux que cela puisse
paraître. Les racines sont profondes et invisibles. C’est ce que je racontais à Hislop 7, au
Dharmakshetra à Bombay. C’est ainsi qu’on a érigé un pont vers Lanka, au-dessus du
détroit pour que Rama et son armée puissent traverser et atteindre le royaume du roi des
démons, Ravana, où Sita était emprisonnée. Les valeureux singes arrachaient des
montagnes et bondissaient sur de longues distances avec ces pics qui reposaient sur leurs
épaules afin de les jeter dans la mer pour créer un passage pour Rama ! Les singes avaient
constitué une file depuis les Himalayas jusqu’à la pointe sud où le pont prenait vite forme.
Une fois le pont terminé, il fut rapidement communiqué tout au long de la file que
d’autres collines n’étaient plus nécessaires et chacun des singes déposa sur le sol, là même
où il se trouvait, la colline qui reposait sur ses épaules à ce moment-là.
Néanmoins, une colline n’était pas tranquille et se mit à se lamenter sur son destin !
‘’Pourquoi m’a-t-on enlevée de l’endroit où je me trouvais et pourquoi me refuse-t-on, à
présent ? Hélas ! Je me réjouissais d’être destinée à servir un objectif aussi divin, j’étais
folle de joie que les armées de Rama et que Rama Lui-même me traversent et désormais, je
ne me retrouve ni là-bas, ni où j’étais !’’ Et elle versa des larmes en abondance. La nouvelle
parvint à Rama et sa compassion fut immense : c’est ainsi qu’il lui fit parvenir le message
qu’à l’occasion de son prochain avènement en tant qu’Avatar, quand il reviendrait en
mission sous forme humaine, Il bénirait très certainement la malheureuse colline. Il
s’agissait là de la colline Govardhana que le Seigneur, qui avait pris la forme de l’enfant
Krishna, souleva sur un doigt et garda en l’air sept jours entiers afin de sauver les vachers
de Gokul des déluges de pluie qu’Indra avait osé faire s’abattre sur eux !
***
PRIVILÉGIER TOUJOURS LES RAPPORTS
FRANCS ET DIRECTS...
Ceux qui sont trop faibles ou trop instables pour endurer la discipline prescrite fournissent
toutes sortes d’excuses boiteuses, lorsqu’on les accuse d’être sournois. Le chien d‘un
fermier était un animal féroce et celui-ci bondit sur un visiteur en montrant les dents et il
l’aurait mordu s’il n’avait pas ramassé à temps un bâton plein d’épines qui gisait sur le sol
et avec lequel il frappa le chien sur la tête. Le chien battit en retraite en hurlant de douleur.
Son maître l’entendit et il entra dans une colère noire contre le visiteur pour avoir blessé
son chien et le traîna jusqu’au tribunal. Le roi lui demanda pourquoi il avait frappé le chien
qui, d’après le fermier, était un animal tout à fait inoffensif. Le visiteur dit alors que le
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John ou Jack Hislop était un fidèle américain de Sathya Sai Baba, auteur de plusieurs livres très populaires
dans le milieu Sai, et une figure de proue de la section américaine de l’Organisation Sathya Sai, NDT.
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chien avait en réalité bondi sur lui en montrant les dents. Le fermier dit que ceci ne
justifiait pas qu’il fasse usage d’un bâton rempli d’épines et qu’il aurait pu utiliser un bâton
lisse à la place. Le visiteur fit alors observer que si on s’inquiète de sauver sa peau qui est
en jeu, on n’a guère le loisir de choisir et de se montrer difficile : on prend ce qu’on trouve
à sa portée ! ‘’Qui plus est’’, ajouta-t-il, ‘’le chien aurait très bien pu me menacer et puis
tourner le dos. S’il mord, alors il me faut répondre avec quelque chose d’aussi pointu.’’ Le
raja apprécia et il fut acquitté. Parce que c’était son animal familier qui était en cause, le
fermier a eu recours à toutes ces procédures et le visiteur a dû utiliser des contreprocédures. Un rapport franc et direct aurait pu éviter tous ces problèmes.
***
QU’EST-CE QUI EST RÉEL : CECI OU CELA ?
On peut comprendre la Réalité en un éclair d’illumination, comme c’est arrivé à
l’empereur Janaka. Un soir, Janaka se trouvait dans sa salle de réception, entouré par ses
courtisans et par une troupe de musiciennes. Celles-ci chantaient de douces mélodies et
l’empereur profitait tellement bien de la musique qu’il s’endormit sur son trône ! Personne
n’eut la témérité de le réveiller. Chacun et chacune évacua tranquillement les lieux de
crainte que ses bavardages ou ses mouvements ne le dérangent. Il fut laissé seul en
compagnie d’un domestique et de la reine. Vers minuit, il poussa un cri pitoyable et
s’éveilla. La reine accourut vers lui et il lui demanda : ‘’Est-ce réel ?’’ Elle ne put trouver
aucune réponse à sa question, car comment pouvait-elle connaître ce qui est cela et ce qui
est ceci ? L’empereur interrogea tout le monde. En réalité, il ne parlait plus de rien d’autre,
la question étant continuellement sur ses lèvres. La nouvelle se répandit que Janaka était
devenu fou et partout, on se lamentait. Un sage vint à l’apprendre. Il se rendit au palais et
on le conduisit en présence de l’empereur. Celui-ci rassura Janaka et lui dit qu’il répondrait
à sa question à condition qu’il lui dise ce qu’il avait vu dans son rêve pendant qu’il s’était
assoupi sur le trône et pourquoi il avait crié ainsi...
Janaka avait rêvé que des rois ennemis avaient uni leurs forces, qu’ils avaient envahi son
royaume, qu’ils avaient pris sa capitale et que pour sauver sa peau, il s’était enfui dans la
forêt et que durant sa fuite, il n’avait rien eu à manger pendant plusieurs jours d’affilée. Il
était trop épuisé pour avancer encore davantage, mais la faim le tenaillait. Enfin, il arriva
aux abords d’un village tribal et il aperçut un homme qui nettoyait son plateau après avoir
pris son repas et il lui cria de le lui laisser ses restes ! L’homme voulut lui donner un
morceau d’aliment qui restait, mais comble de malchance, une corneille s’en empara et
c’est la raison pour laquelle, il avait poussé ce cri douloureux.
Et c’est aussi la raison pour laquelle il avait demandé : ‘’Cela était-il réel ou ceci est-il
réel ?’’ La faim était aussi réelle que son trône et diriger son empire était aussi réel que la
perte de son empire dans le rêve. Le sage lui dit : ‘’Cela était irréel et ceci aussi est irréel.
C’était un rêve et ceci est l’état de veille et tous les deux sont mithya (pas factices, car
relativement réels ; même s’ils ne sont pas absolument réels, ils possèdent une réalité
temporaire, qui sera niée par une investigation et une expérience subséquentes). Mais vous
avez rêvé, vous vous êtes éveillé, vous avez crié et vous vous êtes interrogé. Par
conséquent, vous existiez durant ces deux états, aussi vous seul êtes réel.’’ Le ‘’Je’’ qui
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persiste au cours des trois états de veille, de rêve et du sommeil profond, ce ‘’Je’’ est
l’unique Réalité. C’est le ‘’Je’’ qui apparaît sous la forme de tout cet univers manifesté...
***
À QUELLE DISTANCE SE SITUE VAIKUNTA ?
A condition que votre intelligence soit aiguisée et libre de préjugés et de prédilections, la
Réalité se révélera à vous en un éclair, car c’est quelque chose de parfaitement simple. Elle
doit seulement être capable de voir le problème dans son essence basique, à l’exclusion de
tout un amalgame de choses inutiles et non pertinentes…Une fois, un pandit
particulièrement érudit racontait d’une très docte manière l’histoire de la libération de
Gajendra, tirée du Bhagavatha, devant un Maharaja et un parterre de courtisans dans la
salle de réception. Il décrivit comment le Seigneur qui avait entendu l’appel au secours
déchirant de l’éléphant captif des mâchoires d’un monstrueux crocodile s’était précipité
depuis le Ciel (Vaikunta) sans même prendre le temps de prendre ses emblèmes et ses
armes ni même prévenir sa consort du lieu où il allait ni pour quel mission. A brûlepourpoint, le Maharaja l’interrompit avec cette question : ‘’Dites-moi, Pandit, à quelle
distance se situe donc Vaikunta ?’’ Notre érudit pandit l’ignorait totalement et il était
perplexe ! Et aucun des autres érudits de la cour ne le savait…
Toutefois, un serviteur qui ventilait le roi derrière le trône se proposa de lui donner la
réponse, s’il voulait bien lui pardonner cette impertinence. Le pandit fut scandalisé par une
telle effronterie, mais le Maharaja lui donna la permission de s’exprimer. ‘’Votre majesté !
Vaikunta se situe précisément et exactement à la portée de l’appel de l’éléphant !’’
Exactement ! Quand la douleur du cœur d’un fidèle s’exprime sous la forme d’un cri, d’un
gémissement ou d’un soupir, le Seigneur n’est qu’à la portée de ce son. Il est toujours en
alerte et à l’écoute des appels de Ses enfants. Sa résidence, Vaikunta, se situe à portée de
chaque cri et de chaque appel qui émanent de tout cœur frappé par la douleur ou par le
chagrin. Le serviteur illettré connaissait subtilement l’omniprésence et la compassion du
Seigneur.
***
CULTIVER DES QUALITÉS DIVINES
L’homme doit manifester des qualités divines d’amour, d’humilité, de détachement et de
contentement. Si ce n’est pas le cas, il devient pire qu’un animal et plus implacable. Jadis,
il y avait un chien qui implora Rama pour avoir une place dans le char volant dans lequel il
s’en retournait à Ayodhya. Quand Rama lui demanda la raison de cette conduite et de cette
requête pour le moins étranges, il répondit que l’homme était devenu pire que la vermine
et les puces, car il s’était mis à maltraiter les chiens qui le servaient fidèlement.
On devrait vivre d’une telle manière qu’aucune douleur ni aucune peine ne soient infligées
à d’autres êtres à cause de nos activités et on devrait toujours être reconnaissant pour tout
acte de bienveillance dont on bénéficie. Karthaveerya fut traité avec une hospitalité
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somptueuse par Jamadagni, mais cet homme méchant convoitait Kamadhenu qui était à
l’origine de cette générosité.
A la mort de la reine, Bharthruhari fut frappé d’un tel chagrin qu’il pleura et se lamenta
sur le champ de crémation durant plusieurs jours. Ayant constaté sa détresse inconsolable,
un sage s’approcha de lui avec un pot de terre. Devant l’homme endeuillé, le pot glissa de
sa main, tomba sur le sol dur et se brisa. Le sage se mit alors aussi à pleurer et à se
lamenter. Il était inconsolable ! Bharthruhari tenta de le réconforter en lui disant qu’un pot
cassé ne pourrait jamais redevenir entier, peu importe à quel point il était triste. Tout à
coup, il réalisa l’absurdité de sa propre conduite et il arrêta de pleurer, ce qui était l’objectif
de la ruse du sage !
Vous venez à Puttaparthi, vous écoutez ces discours, vous acquiescez et vous applaudissez
en signe d’approbation, mais une fois que vous avez franchi la grille pour rentrer chez
vous, tout s’évapore ! Ou vous appliquez les leçons que vous avez apprises sans aucun
discernement et vous en pâtissez. Il y avait ce marchand qui venait assister aux discours.
Une fois, après qu’il ait entendu un orateur dire qu’il ne fallait pas chasser les vaches
pendant qu’elles se nourrissaient, il se contenta de regarder quand une vache entra dans
son échoppe et mangea une bonne partie des céréales qu’il vendait ! Ultérieurement, on lui
fit remarquer qu’il ne fallait pas considérer comme valable la moindre recommandation
reçue, en toute occasion, et il conseilla alors son fils en ces termes : ‘’Ecoute ! Tu t’assieds
par terre sur une serviette en écoutant le discours. Une fois le discours terminé et que tu
t’es levé, ne secoues-tu pas vigoureusement ta serviette à l’air libre afin d’en déloger tous
les grains de sable ? Eh bien, tu fais de même avec ton esprit en ce qui concerne toutes les
idées et toutes les recommandations que tu aurais pu recueillir pendant le discours avant
de rentrer à la maison !’’ Si vous suivez les conseils du marchand, quel intérêt y a-t-il à
venir ici pour M’écouter et être encouragé ?
***
UN SUPER PETIT BANDIT !
Si vous essayez de duper autrui, souvenez-vous qu’il y aura toujours quelqu’un qui pourra
vous duper aussi. Autrefois, il y avait un voleur qui était vraiment expert dans tous les
stratagèmes et trucs de la profession. Un jour, après avoir rassemblé une belle quantité
d’objets coûteux et les avoir fourrés dans un sac, il circulait sur une route déserte avec son
butin sur l’épaule. A un moment donné, il aperçut un enfant tout près d’un réservoir sur le
côté de la route et celui-ci pleurait à chaudes larmes dans une grande détresse apparente. Le
voleur s’approcha de lui et lui demanda : ‘’Pourquoi pleures-tu ? Que t’est-il arrivé ?’’
L’enfant répondit (et ici, vous devez vous souvenir que l’âge de quelqu’un n’a aucune
importance et que c’est l’intelligence qui compte) : ‘’Je suis venu ici pour me baigner et
mon collier en or est tombé dans l’eau, là-bas, et l’endroit est trop profond pour moi...’’ Le
voleur songea alors qu’il pourrait en plus facilement repartir avec un collier
supplémentaire, puisqu’il n’y avait que ce petit enfant entre lui et le bijou...Il déposa son
paquet à côté du réservoir et plongea dans l’eau pour récupérer le collier…et pendant ce
temps-là, l’enfant s’empara du sac du voleur et après avoir parcouru quelques mètres, il
disparut dans la jungle !
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Le voleur remonta déçu à la surface, car ce collier ne semblait être qu’un mirage, et il
s’aperçut alors que lui-même avait été volé ! Ainsi, celui qui abuse d’autrui trouvera
toujours plus malin que lui, à la fin…
***
DEUX MINUTES DU FRUIT DÉFENDU
Autrefois, il y avait un fameux dacoït8 qui en initiant son fils à leur profession ancestrale
lui recommanda bien de ne jamais écouter les histoires du Seigneur : ‘’Ne perds jamais ton
temps à écouter les Puranas ni le Bhagavatha !’’, l’exhorta-t-il vivement. Son fils respecta
scrupuleusement cette injonction durant des années et il amassa une belle fortune. Mais
une nuit, alors qu’il courait avec son butin sur l’épaule dans une ruelle de la ville pour
échapper à la police, un morceau de verre lui rentra dans la plante des pieds et il s’assit un
moment pour l’extraire et pour arrêter le sang qui coulait. Et il se trouvait justement
derrière une maison où quelqu’un lisait et expliquait à voix haute le Bhagavatha à un petit
groupe d’auditeurs et il fut donc contraint d’écouter pendant deux minutes. Et durant cette
courte période, il entendit le pandit qui expliquait la nature de Dieu. ‘’Il n’a ni oreilles, ni
yeux, ni membres ; Il a des milliers de formes et Il est sans forme.’’ ‘’Sarvathah paanipaadam’’, comme dit la Gita. Cette description s’incrusta dans son cœur et il ne réussit pas
à l’extirper !
Quelques jours plus tard, la police fut mise au courant des déprédations que lui, ses
acolytes et ses proches avaient perpétrées. Afin d’en savoir plus sur leurs activités, les
policiers pénétrèrent dans la zone, incognito, avec un des leurs déguisé en Kali et d’autres
en adorateurs et en prêtres. Ils crièrent, vociférèrent, maudirent et terrifièrent les dacoïts
et les pressèrent de sortir de chez eux et de tomber aux pieds de Kali !
Beaucoup obtempérèrent, mais le fils qui avait entendu le Bhagavatha, fût-ce pendant
deux minutes seulement, en savait juste assez pour sauver sa peau. Lui n’avait pas peur du
tout. Il défia le policier qui jouait le rôle de Kali, lui arracha son masque, révéla au grand
jour le coup monté et il insuffla du courage dans les cœurs de ses comparses. Mais ensuite,
après que les policiers aient battu en retraite, quelque peu déconfits, il argumenta ainsi en
lui-même : ‘’Si deux minutes du fruit défendu ont pu m’être si profitables, alors que ne
pourrais-je point gagner si je me consacrais entièrement aux histoires de la gloire de
Dieu ?’’ Et il cessa de suivre le mauvais chemin pour devenir un sadhaka.
***
OÙ EST DIEU ?
Il advint une fois qu’un moine qui portait la robe ocre arriva dans un village rempli
d’athées et tomba sur une bande de jeunes provocateurs qui le mirent au défi de leur
prouver que le Dieu qu’il adorait existait réellement. Il leur répondit qu’il le pouvait, mais
avant de le faire, il demanda une tasse de lait.
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Brigands issus des plus basses castes ou hors castes et qui n’ont que très peu d’instruction
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Une fois que le lait fut déposé devant lui, il ne le but pas, mais le contempla longuement et
silencieusement avec une curiosité croissante. Les jeunes gens s’impatientèrent et leurs
réclamations se firent plus pressantes et plus bruyantes. ‘’Attendez une minute !’’, leur dit
le moine. ‘’On m’a dit que le lait contenait du beurre, mais je dois bien avouer que cette
tasse n’en contient pas, car je n’en vois pas du tout, même en écarquillant les yeux !’’ Les
garçons se moquèrent de son innocence et lui dirent : ‘’Quel idiot ! Pourquoi vous jeter tête
baissée dans des conclusions aussi absurdes ? Le lait contient du beurre dans chaque goutte,
c’est ce qui le rend si nourrissant. Si vous désirez le voir comme une entité solide et
distincte, vous devez bouillir le lait, le refroidir, ajouter un peu de lait caillé aigre et puis
attendre quelques heures pour qu’il caille et ensuite le baratter et rouler en une boule le
beurre qui flotte.’’ ‘’Ah’’, dit le moine, ‘’ceci facilite beaucoup ma tâche de vous montrer
Dieu ! Dieu est dans chaque chose, chaque être et chaque atome de l’univers, c’est pour
cette raison qu’ils existent et que nous pouvons les connaître et les apprécier. Et si vous
voulez Le voir comme une entité concrète, il vous faut suivre sérieusement, strictement et
sincèrement la procédure prescrite et finalement, vous pourrez faire l’expérience de Sa
grâce et de Sa gloire.’’
***
RENONCEZ AU MOINS À UNE MAUVAISE HABITUDE
Un malandrin s’approcha une fois d’un guru pour être initié à la vie spirituelle. Le guru lui
demanda de renoncer au moins à une de ses mauvaises habitudes. Il renonça à dire des
mensonges. Cette nuit-là, lorsqu’il se rendit au palais royal pour y commettre un vol, il
rencontra sur la terrasse une autre personne qui prétendit aussi être un bandit. Ils
cambriolèrent le trésor et ils partagèrent les diamants qu’ils découvrirent. L’autre
personne, toutefois, n’était nul autre que le roi ! Il fit semblant d’être un voleur et savait
très bien où se trouvaient les clés du trésor. En partageant les diamants, le voleur honnête
eut pitié du roi qui perdait là toute sa collection. Il demanda à son comparse de laisser un
diamant dans le coffre. Celui-ci obtempéra.
Le lendemain matin, on découvrit que le trésor avait été pillé. Le roi (qui avait fait
semblant d’être un voleur, la nuit précédente) envoya son ministre pour évaluer la perte.
Le ministre découvrit un diamant qui avait été ‘’oublié’’ par les voleurs. Il le mit
tranquillement dans sa poche et il rapporta au roi que tous les diamants avaient disparu.
La veille, le roi avait obtenu l’adresse du voleur honnête, quand ils se séparèrent avec leurs
butins respectifs. Il le fit amener, et à la cour devant le roi, il avoua que tous les diamants,
à l’exception d’un seul, avaient été volés par lui et par son associé inconnu.
Le diamant manquant fut découvert dans la poche du ministre et le roi le démit de ses
fonctions à cause de son mensonge. Le voleur honnête fut nommé ministre, à sa place ! Il
renonça aussi à ses autres mauvaises habitudes et il donna entière satisfaction à son guru
par sa réputation en tant qu’administrateur vertueux.
***
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DIEU TESTE ET RÉCOMPENSE
Les Pandavas célébraient l’Aswamedha yaga et dans le cadre de la cérémonie, ils relâchèrent
le cheval choisi pour qu’il puisse suivre son propre parcours sur toute la longueur et toute
la largeur du pays. Quiconque oserait arrêter et attacher le cheval défierait ainsi le
sacrificateur au combat et celui-ci devrait regagner le cheval après avoir vaincu
l’audacieux.
Mayuradhwaja, grand dévot de Krishna, dirigeant vertueux, homme sage versé dans les
Védas et homme d’une profonde compassion captura le cheval et Arjuna, le héros Pandava
se résolut à lui livrer bataille, mais Krishna lui recommanda de s’abstenir parce qu’Il
voulait montrer à Arjuna la dévotion de Mayuradhwaja qui surpassait de loin la sienne. Il
désirait également proclamer au monde entier les sommets auxquels Mayuradhwaja a pu
parvenir dans le domaine du sacrifice de soi et de la sincérité. Il suggéra donc que Lui et
Arjuna se rendent au palais de Mayuradhwaja déguisés en brahmanes en quête d’un repas.
Ils furent accueillis par le roi qui leur offrit son hospitalité généreuse, mais avant qu’ils ne
puissent avaler une seule bouchée, Krishna marqua une pause dramatique et lui rapporta
leurs malheurs.
‘’Ô empereur au cœur sensible et généreux ! Alors que nous arrivions en traversant une
forêt en lisière de votre royaume, un tigre s’est emparé du jeune fils de mon compagnon ici
présent. Avant que nous ne puissions nous approcher de la bête, celle-ci avait déjà avalé la
moitié du corps, mais elle a entendu notre piteux appel et elle a promis de relâcher le
garçon et de nous le rendre vivant à condition que nous lui fournissions un substitut, en
l’occurrence, la moitié du corps sanctifiant du pur et saint empereur du pays,
Mayuradhwaja. Comment pourrions-nous jouir de votre hospitalité avec une telle angoisse
dans nos cœurs ? Promettez-nous d’offrir au tigre la moitié de votre corps en échange de
tout le corps en vie du jeune brahmane et puis alors, nous profiterons de votre hospitalité.’’
Mayuradhwaja y consentit de bon cœur et à la fin du repas, il s’assit sur le sol et donna
comme instruction à la reine et à son fils de couper son corps en deux parties.
Ils placèrent la scie sur sa tête et entreprirent de le couper en deux avec les brahmanes qui
observaient l’opération. Des larmes apparurent dans l’œil gauche du roi. Krishna dit :
‘’Oh ! Vous effectuez le don promis avec des larmes et non pas bien volontiers ! Je ne puis
accepter quelque chose qui contient ce genre de larmes !’’ Mais Mayuradhwaja répondit :
‘’Si j’étais réticent ou si j’hésitais, alors mes deux yeux devraient verser des larmes, pas
vrai ? Mais seul mon œil gauche verse des larmes maintenant et la raison est celle-ci : la
partie droite est utilisée pour une fin très sacrée, c’est-à-dire épargner à quelqu’un une
mort cruelle, mais qu’adviendra-t-il à la partie gauche ? Celle-ci sera jetée en pâture aux
chiens et aux vautours ! Alors, la partie gauche pleure, mais la partie droite exulte de
pouvoir être utilisée pour une fin méritoire.’’ A ce moment-là, Krishna se manifesta au
grand Mayuradhwaja dans toute Sa gloire et dans toute Sa splendeur et Il le bénit pour
qu’il ait toujours Krishna dans son cœur et pour qu’il soit toujours bienheureux et satisfait.
Arjuna réalisa aussi qu’il y avait des dévots de Krishna qui étaient nettement plus avancés
que lui et son orgueil encaissa une leçon d’humilité. L’humilité de Mayuradhwaja fut elle
récompensée.
Des tests comme celui-ci sont des manifestations de la grâce, plutôt que des signes de
colère. L’aspect terrible de Dieu ne l’est pas dans son essence. Dieu est décrit dans les
92
textes scripturaires comme ‘’Raso vai sah’’, Il est la douceur même. Comment la douceur
pourrait-elle jamais devenir amère ?
***
LE DÉVOT PREND LA POUDRE D’ESCAMPETTE !
Un villageois roublard avait coutume d’entrer dans le temple du village de très bonne
heure et de s’asseoir pendant longtemps, les yeux fermés, dans l’espoir d’être honoré
comme un grand dévot. Comme il ne se relevait pas pour aller vaquer à son travail avant
midi, il était compliqué pour le prêtre qui desservait le temple de fermer les portes pour
rentrer chez lui et s’occuper de ses tâches quotidiennes. Il imagina donc un plan pour
mettre un terme à cette importunité, puisqu’il savait que cette séance de méditation n’était
que du bluff. Il se dissimula donc derrière l’idole de la déité et une fois que le villageois fut
bien installé dans sa prétendue méditation profonde, il dit d’une voix sonore et imposante :
‘’Ecoute, ô excellent dévot ! Je suis on ne peut plus satisfait de ton ascétisme et de ta
fidélité. Approche donc et viens te fondre en Moi-même !’’ Sur ces entrefaites, le ‘’fidèle’’
prit ses jambes à son cou et se précipita en dehors du temple aussi vite qu’il le put sans
laisser aucune trace derrière lui quant à son nouveau lieu de destination !
La dévotion et le sacrifice des hommes sont similaires à ceux de cet imposteur. La foi est
faible, la discipline est absente et le sérieux manque.
***
LE DHARMA PAYE
Les armées que les Kauravas et que leurs alliés avaient rassemblées faisaient face aux
forces de leurs cousins Pandavas. Cavaleries, éléphanteries et infanteries étaient prêtes à
s’engager dans l’anéantissement de l’ennemi. Tous les acteurs principaux étaient parés et
équipés pour entrer en lice ! On souffla dans les conques et le son retentissant des
trompettes déchira le ciel. L’air était tendu en raison de l’espoir, de la crainte, de l’angoisse
et de la colère. Le sang de million de corps n’était pas loin de bouillir, les cœurs battaient
plus vite et les mains serraient les armes dans une prise mortelle.
Soudain, Dharmaraja, l’aîné des frères Pandavas, retira ses chaussures, puis déposa son
armure, se glissa en dehors de son char et s’avança vers les lignes ennemies en direction de
Bhishma, le généralissime de l’armée ennemie. Duryodhana, l’aîné des frères Kauravas, le
cousin qui était le principal responsable de la guerre et qui s’opposait intraitablement aux
Pandavas aperçut Dharmaraja qui s’approchait du vieux Bhishma. Il exultait, car il croyait
que Dharmaraja avait décidé de se rendre, car par nature, celui-ci s’opposait aux bains de
sang et aux batailles.
Les quatre frères de Dharmaraja étaient stupéfaits. Bhishma, le héros redoutable d’une
centaine de bataille avec les Kauravas, celui qui était le plus impatient que la bataille ne
commence se sentit floué de la victoire. Il se rappela les nombreuses occasions où
Dharmaraja s’était abstenu de toute réaction vengeresse à l’encontre des Kauravas. Il
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craignait qu’il ne s’excuse et qu’il ne batte en retraite comme un lâche pour éviter cette
passe guerrière sanglante. Arjuna, le formidable archer, constata avec horreur et colère la
défection de son frère. Nakula et Sahadeva, les jumeaux étaient muets et pétrifiés en
raison de leur impuissance.
Le Seigneur Krishna étudia la situation depuis le siège du conducteur du char d’Arjuna qui
se trouvait en première ligne de l’armée des Pandavas. Il fit signe aux quatre frères de
suivre leur frère aîné et de faire comme lui. Il dit : ‘’Pendant toutes ces années, vous l’avez
respecté et vous l’avez suivi. Faites-le encore une fois. N’hésitez pas et ne doutez pas de
lui.’’ Dharmaraja était l’incarnation même du Dharma. Il savait ce qui était juste et il s’y
conformait, quelles qu’en soient les conséquences. Il savait que le Dharma protège ceux qui
suivent le Dharma. Il ne commit jamais d’acte hypocrite ou non védique et il ne prit jamais
de mauvaise mesure. Il se dirigea directement vers Bhishma et il tomba à ses pieds. Puis
une fois relevé, les mains jointes et la tête inclinée, il pria ainsi : ‘’Grand-père ! Nous
n’avons pas eu la chance d’éprouver l’amour de notre père qui nous a rapidement quittés.
C’est toi qui nous as élevés depuis notre petite enfance avec amour et attention et qui as
fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Nous n’avons aucun droit de combattre
contre toi, mais le destin a conspiré pour nous amener ici dans une guerre à laquelle tu
participes. Nous te prions de nous accorder ta miséricorde et de nous permettre d’élever
nos armes contre toi.’’
Bhishma fut naturellement enchanté et ravi de l’humilité et de la rectitude de Dharmaraja.
Ses yeux se remplirent de larmes face à l’étrange tour que le destin prenait. Il le bénit et
dit : ‘’Dharmaraja ! Tu t’en es tenu au Dharma en dépit des tentations que cette situation a
placées devant toi. Quel noble exemple tu montres au monde ! Ce Dharma que tu suis
t’accordera lui-même la victoire !’’
Ensuite, Dharmaraja et ses frères s’approchèrent du général Drona, le précepteur
brahmane qui avait enseigné le tir-à-l’arc aux Kauravas, tout comme à leurs cousins, les
Pandavas. Dharmaraja tomba aussi à ses pieds et pria : ‘’Vénérable précepteur ! Nous
sommes tous les cinq vos élèves. Comment pourrions-nous légitimement prendre les
armes contre notre précepteur ? L’époque est sans nul doute retorse. Pardonnez-nous cette
injustice et permettez-nous de vous livrer bataille.’’ L’acharya Drona fut visiblement ému
par cet appel : ‘’Ah ! Comme ce Dharmaraja est illustre et bon ! Même en ce moment où
les chiens de la guerre sont prêts à être lâchés pour répandre la mort et la fureur, il reste
attaché aux préceptes du Dharma !’’ Cette pensée fit frissonner Drona. Il serra Dharmaraja
dans ses bras et lui dit : ‘’Mon fils ! Tu m’es plus cher qu’Aswatthama, car seul le devoir
m’attire vers lui, alors que c’est l’amour qui m’attire vers vous. Vous êtes tous mes fils,
parce que je vous aime comme tels. Vos droits vous vaudront certainement la victoire sur
la force brute.’’
C’est cette adhésion au Dharma qui leur a garanti la victoire.
***
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MOLLESSE
Répandez sur les autres l’ananda, conduisez-les sur le chemin de la divinité, soyez un
exemple de sincérité et de sérieux ; participez aux bhajans et à namasankirtan, prenez part
aux chants avec force et enthousiasme. Certains Me demandent : ‘’Pourquoi devrions-nous
chanter si fort ? N’est-ce pas suffisant si nous la ressentons dans le silence de l’esprit ?’’
C’est du védanta sec ! Ils sont tout prêts à donner des conseils aux autres dans le samithi,
mais pas à mettre eux-mêmes leurs conseils en pratique ! Il y a deux compères qui sont
d’une indolence vraiment remarquable. L’un des deux devait prendre un train à 3 heures et
demanda à l’autre de le réveiller à 2h30, manquant de foi, et son compère était encore plus
mou, parce que lui voulait que ce soit son ami qui le réveille à 2h15 pour éveiller l’autre à
2h30 ! Que pourraient bien accomplir de tels gens ?
***
UNE LEÇON DE SHIVA
Shiva est un exemple de sérénité supérieure, car d’après les Puranas, Shiva a un curieux
mélange, en ce qui concerne les membres de sa famille et pourtant, chacun est si calme et
si imperturbable que la famille divine demeure en paix et dans la concorde.
Shiva porte des serpents sur les bras, autour du cou, sur la tête et autour de la taille. Un de
ses fils, Kumara, a lui pour véhicule un paon qui s’attaque aux serpents. Un autre monte
une souris qui fait, elle, le repas des serpents. Un des fils a une tête d’éléphant qui attise
l’appétit du lion qui est le véhicule utilisé par Durga, la consort de Shiva, si inséparable
qu’elle est la moitié gauche du corps de Shiva Lui-même. Et par nature, le lion n’a pas non
plus beaucoup d’amitié pour le taureau qui est le véhicule du Seigneur Shiva Lui-même.
Shiva porte le feu comme point central sur Son front et l’eau (le fleuve Gange) sur Sa tête,
tous deux incompatibles ! Imaginez combien toutes ces parties doivent faire preuve
d’amour et de coopération pour rendre la vie sur le Kailash douce et heureuse !
Tout dépend de l’état d’esprit et d’une discipline appropriée. L’arme de l’amour désarmera
toute opposition. L’amour génère l’amour. Il se répercutera et il n’aura que l’amour en
réaction. Criez l’amour et l’écho qui viendra du cœur de l’autre sera aussi l’amour.
***
UN SOURIRE CONQUÉRANT !
Une fois, il arriva que Krishna, Balarama et Satyaki qui n’étaient encore que des gamins
de quatre ou cinq ans alors se perdent tous seuls dans une jungle épaisse, alors que
l’obscurité tombait et qu’il n’y avait plus aucun moyen de rentrer à Gokulam. Bien
entendu, comme vous devez déjà l’avoir deviné, c’était un tour de Krishna. Même à cet
âge, Il ne faisait rien sans qu’il n’y ait une finalité profonde derrière et cette finalité était
invariablement d’enseigner une bonne leçon à quelqu’un. Ils se résolurent à passer la nuit
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sur place, là où ils se trouvaient. Krishna les effaroucha quelque peu avec des descriptions
de fantômes, de goules et de démons qui rôdaient en quête de proies humaines. Il proposa
que deux d’entre eux dorment pendant trois heures d’affilée, tandis que le troisième
monterait la garde.
Il reviendrait à Krishna de rester éveillé et de faire le guet entre 19 et 22 heures. Satyaki,
pour sa part, prendrait le relais entre 22 heures et 1 heure et Balarama entre 1 et 4 heures.
Satyaki se réveilla à 22 heures et Balarama et Krishna s’allongèrent sur des lits de feuilles
sèches et s’endormirent à poings fermés. Pendant ce temps, un démon surgit réellement
devant le petit Satyaki. Il se jeta sur l’enfant qui résista héroïquement et qui distribua et
reçut lui-même des coups de poing et bon nombre de coups de griffes et de morsures en
prime. En fin de compte, le démon dut cependant battre en retraite en laissant un Satyaki
malmené, mais heureux. Les deux frères qui dormaient toujours comme des loirs n’avaient
pas du tout été dérangés par le tumulte de leur confrontation. Satyaki avait répondu coup
pour coup et occasionné beaucoup de blessures. A 1 heure, il réveilla Balarama et s’étendit
sur le tas de feuilles, comme si rien ne s’était passé. Le démon provoqua aussi Balarama au
combat et dut encore battre en retraite, humilié, car Balarama était également un
combattant acharné et ses coups faisaient encore plus mal que ceux de Satyaki. Balarama
se recoucha ensuite à 4 heures, après avoir éveillé Krishna qui devait monter la garde
pendant Brahma-muhurta, la période favorable pendant laquelle les dieux doivent être
propitiés, c’est-à-dire jusqu’à l’aube.
Le démon arriva en rugissant comme une bête blessée et chargea violemment le jeune
Enfant divin. Krishna tourna alors Son visage charmant dans sa direction et le récompensa
d’un merveilleux sourire ! Son sourire désarma le démon : plus il s’approchait et plus sa
vengeance et son agressivité faiblissaient. Finalement, le démon devint aussi docile qu’un
agneau. Quand les deux autres se réveillèrent, ils s’étonnèrent de la victoire que Krishna
avait remportée avec l’arme de l’amour. On ne peut pas détruire la colère par de la colère,
la cruauté par de la cruauté ou la haine par de la haine. On ne pourra vaincre la colère
qu’avec de l’indulgence, la cruauté, par la non-violence, et la haine par la charité et par la
compassion.
***
SAUVÉ PAR SON SENS DU DEVOIR
Bhishma était un guerrier puissant, réputé pour la grandeur et la gloire qu’il avait acquises
par son détachement et par la grâce divine. Aux abords immédiats de son royaume, il dut
faire face à un certain Chakradhara qui avait entrepris de sévères austérités et qui avait
reçu des dieux comme faveur pour les avoir propitiés un disque (chakra) invincible, d’où
son surnom, Chakradhara, le porteur de l’arme divine du disque. Cet homme était devenu
tellement insolent et pervers qu’il avait écrit une lettre particulièrement insultante à
Bhishma après la mort de Shantanu, le père de Bhishma : ‘’Ou vous envoyez la reine
veuve dans le zenana de mon palais ou rencontrez-moi sur le champ de bataille !’’ Qui
pourrait tolérer un tel outrage et se tenir tranquille ? Il est dit que tout un chacun se doit de
protéger la terre, le dharma et l’épouse. Bhishma se dit à lui-même : ‘’Que vaut ma vie si je
ne suis pas en mesure de venger une telle insulte, si je ne suis pas en mesure de sauver
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l’honneur de ma mère ?’’ Mais les brahmanes de la cour lui conseillèrent de ne s’engager
dans un combat contre Chakradhara qu’au terme de dix jours, car pendant la période de
dix jours suivant la mort de son père, il était touché par une pollution rituelle et durant la
période, il ne devrait pas manier les missiles divins qu’il détenait, il ne pouvait pas
prononcer les mantras sacrés qui pouvaient les activer. ‘’Terminez les rites religieux pour
apaiser l’âme de votre père défunt et puis ensuite, détruisez l’ennemi sur le champ de
bataille’’, lui conseillèrent-ils. Bhishma réalisa l’adéquation de leur conseil et il envoya à
Chakradhara un message qui l’invitait au combat dix jours plus tard.
Mais Chakradhara ne pouvait patienter aussi longtemps, car il brûlait de remporter la
victoire et il projeta sa nouvelle arme en direction de Bhishma ! Toutefois, quelque chose
de merveilleux se produisit alors : ce disque qui venait des dieux ne pouvait pas blesser un
fils qui s’acquittait de son devoir prescrit par les Ecritures en accomplissant les rites
védiques pour les mânes et il continua de tournoyer dans le ciel pendant dix jours en
attendant la fin de la pollution rituelle ! Lorsqu’on se consacre à son devoir, on est entouré
par des influences protectrices tellement puissantes qu’aucune force nuisible n’ose
s’approcher. C’est ainsi que la grâce opère. Les aptitudes personnelles renforcées par la
grâce divine peuvent faire des merveilles, comme c’est arrivé quand la horde des singes est
parvenue à construire un pont au-dessus de la mer jusqu’à Lanka.
***
SANS LUMIÈRE ET SANS FREINS
Il y a cette histoire d’un jeune homme qui roulait à bicyclette le long d’une route fort
encombrée, alors qu’il faisait noir. Un policier qui était de service lui cria de s’arrêter et de
descendre de sa bicyclette, puisqu’il n’avait pas de phare, mais le garçon s’écria : ‘’Toi, le
flic, ne t’approche pas ! C’est évident que je n’ai pas de phare, mais prends garde, parce que
je n’ai pas de freins non plus !’’ C’est la situation pathétique de tout le monde, maintenant.
Personne ne dispose du phare de la sagesse, ni des freins du contrôle des sens. Comment
les gens pourraient-ils alors suivre la voie qui conduit à la Félicité sans se nuire à euxmêmes ou aux autres ? Un cycliste doit avoir un phare et des freins et pareillement,
l’homme a besoin de la sagesse et de se contrôler, autrement, il ne pourra que gâcher
l’opportunité qu’il a de se sauver lui-même.
***
LE DIEU INTÉRIEUR
Quand vous parlez avec votre bouche, quand vous voyez avec vos yeux ou quand vous
faites des projets avec votre cerveau, qui parle, qui voit, qui juge et qui décide ?
L’Intelligence unique, l’Un qui, comme un courant électrique opère à travers tous les
hommes et toutes les matières, Dieu. Quand vous êtes plongés dans les bhajans (chants
dévotionnels), remarquez comment l’Unique vous (é)meut ! Votre bouche prononce les
paroles en suivant la mélodie qui est conçue pour elles, vos mains battent la mesure,
lentement ou rapidement, votre tête oscille à l’unisson avec les sentiments que les paroles
expriment et votre esprit se répand en effusion d’Ananda (de Félicité) face à la
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magnificence des images évoquées par le chant. Similairement, un danseur véhicule
l’harmonie et la mélodie à travers ses gestes et chaque mouvement de ses muscles et de ses
membres, mais toute cette activité émane d’une seule source commune, Dieu, qui réside et
préside dans votre cœur. Si vous L’ignorez, si vous Le négligez ou si vous Le reniez, alors
il n’y a aucune joie pour vous ou pour l’autre par votre entremise. Vous êtes soit tamasique
(fade, mou, terne, maussade, inerte, lymphatique, amorphe…), rajasique (passionné, mais
forcené ou fanatique, excessif, surexcité…), mais pas sattvique (pur et équilibré).
Dieu est tout. Il est toutes les formes, tous les noms sont à Lui. Il n’y a aucun lieu, aucun
moment où Il n’est pas. D’ailleurs, même ‘’diable’’ commence par ‘’di’’ pour montrer son
affinité avec Lui ! Le tonnerre est un avertissement de Dieu et la pluie est Sa grâce… Ne
laissez pas passer une seule seconde sans être conscient de Dieu et ne laissez aucun épisode
de votre vie se dérouler sans vous souvenir qu’Il en est le Producteur ! Il y a peut-être une
image ou une photo dans votre chambre que vous avez installée pour vénérer Dieu.
Devant celle-ci, vous allumez une lampe et vous dites que vous avez allumé cette lampe,
mais est-ce vraiment ‘’vous’’ ? Qui est Celui qui a fourni l’huile, la mèche, la lampe et la
propriété de produire une flamme ? Qui vous a incité à vénérer cette image et cette forme ?
Qui a placé la lampe, qui l’a allumée, qui s’est incliné devant l’image ? C’est Dieu, Dieu et
encore Dieu et il n’y a personne d’autre, personne d’autre pour celui ou celle qui le sait et
qui le ressent…
***
NE PAS CONFONDRE SEL ET FUMIER…
Vous pouvez bien être un expert de la Bhagavad Gita ou du Bhagavatha, prétendre avoir
passé des décennies au service de Krishna, mais sans la clé de l’amour, vous ne pouvez pas
entrer à Go-loka où Il réside ! Vous pouvez bien demeurer à Prasanthi Nilayam depuis des
années et prétendre être avec Swami et proche de Lui, mais sans cultiver un amour qui
s’exprime par l’entremise du service, vous ne pouvez pas Me connaître.
Il y avait jadis un élève qui s’enorgueillissait de ses ancêtres et de son maître qui étaient de
grands pandits renommés dans tout le royaume et son précepteur lui demanda un jour s’il
pourrait répondre à n’importe quelle question qu’il pourrait lui poser. Cet élève fut piqué
au vif et répondit : ‘’N’hésitez pas à poser votre question, il y sera répondu ! Je proviens de
la famille Somayaji et mon père est un savant réputé. J’étudie à vos pieds depuis des
années. Ne connaîtrais-je point les réponses à toutes les questions que vous pourriez bien
poser ?‘’ Le maitre voulut connaitre la réponse à cette question : ‘’Quelle est la
signification du mot ‘’lavana’’ ?’’ Alors, l’élève éclata de rire et dit : ‘’Oh, vous m’étonnez
avec votre question absurde ! Est-ce que je l’ignore ? ‘’Lavana’’ veut dire fumier de vache !’’
Eh bien, ‘’lavana’’ est un mot que l’on utilise couramment dans tous les ménages et tout le
monde sait bien qu’il s’agit de sel de table et même cela, ce disciple arrogant l’ignorait ! A
moins de clarifier votre vision grâce à l’amour, vous ne pouvez pas voir la Vérité.
***
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NARA ET NARAKA
La légende la plus couramment répandue qui concerne Deepavali fait allusion au démon
Naraka que le Seigneur Krishna, accompagné de son épouse, Sathyabhama ou Sathya a
anéanti sur le champ de bataille, en ce jour. Naraka était le fils de la Terre Mère,
Bhoomatha. Celle-ci demanda comme faveur au Seigneur que cette journée soit observée à
sa mémoire comme un jour de lumière ou de joie et que tout un chacun participe à cette
joie. Voilà pourquoi on allume ce soir des centaines de petites lampes disposées devant et à
l’intérieur de chaque foyer en Inde…mais peu nombreuses sont les lampes qui sont
allumées dans la cavité du cœur pour éliminer les ténèbres qui y règnent à profusion…
Voyons qui est exactement ce Naraka, le démon Narakaasura. On le décrit comme un
tyran qui n’avait aucun respect à l’égard des aînés et des saints, affligé par une voracité
terrestre aiguë, pillant sans vergogne, kidnappant des princesses et des damoiselles par
centaines, qu’il n’avait aucun scrupule à enfermer et ne se repentant jamais de ses crimes
ni de ses péchés. Quand les hommes de bien du monde appelèrent à la rescousse le
Seigneur Krishna, Il envahit son royaume, fit le siège de sa capitale et après avoir vaincu
son armée, il autorisa la reine Sathya à le pourfendre sur le champ de bataille.
Cette légende a un sens caché profond qui ne devrait pas vous échapper. Naraka est un
asura, quelqu’un de diabolique et sa (cé)cité s’appelle Praagjyotishapura. ‘’Praag’’ signifie
antérieur, ‘’jyothi’’, lumière, et ‘’sha’’, oublier ou ignorer. Ainsi, le nom de la ville signifie la
ville de ceux qui ont mis sous l’éteignoir la lumière antérieure, c’est-à-dire, la ville de ceux
qui ignorent la splendeur atmique. Il n’est donc guère surprenant que ce soient des démons
concupiscents, remplis de haine, d’avidité, d’envie et d’égoïsme. Ils s’étaient tellement
égarés dans leurs péchés que le Seigneur Krishna ne condescendit pas à leur offrir
l’honneur d’être tués de Ses propres mains et pria Sathya de les anéantir. En effet, une telle
ignorance aussi basique et profondément ancrée ne peut être éliminée que par l’épée de
sathya ou de la vérité.
L’égoïsme est terrien, terre-à-terre, et non céleste. Ainsi, Naraka est le fils de la Terre.
‘’Nara’’ veut dire l’homme qui connaît ‘’manas’’ (le mental), qui pratique ‘’manana’’ (la
réflexion sur ce qu’il a entendu et sur ce qu’on lui a enseigné). Mais Naraka – qui signifie
l’enfer – est un nom tout à fait approprié pour celui qui croit être le corps et trime pour
pourvoir à ses besoins et tout ce qu’il réclame. Si l’homme développe sa force physique, sa
puissance économique, sa vivacité mentale, son érudition intellectuelle et son pouvoir
politique, mais non la richesse spirituelle, alors il devient un danger pour la société et une
calamité pour lui-même, il devient un enfer pour ses voisins et pour ses proches. Il ne voit
que la multiplicité et non l’Un. Il est attiré par tout ce qui brille et qui scintille dans la voie
de la perdition. En sanscrit, on appelle encore autrement les asuras – nakthancharas – ceux
qui s’agitent et qui s’affairent dans les ténèbres. Cela décrit bien leur situation pathétique !
Ils n’ont aucune lumière qui les guide. Ils ne reconnaissent même pas être dans les
ténèbres. Ils ne réclament pas la lumière. Ils sont inconscients de la lumière. Leur intellect
est devenu l’esclave de leurs passions et de leurs sens au lieu de devenir leur maître.
Lorsque la Vérité leur apparaît enfin et les submerge, ils reconnaissent l’Un et se fondent
en Lui avec bonheur.
La lampe n’est pas que le symbole de la connaissance de la vérité. Elle est aussi le symbole
de l’Un, de l’Atma qui resplendit dans et à travers toute cette multiplicité. Tout comme on
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peut allumer des milliers de lampes à l’aide d’une seule lampe sans qu’elle ne perde rien de
son éclat en dépit des milliers de lampes qui en retirent leur lumière, l’Atma illumine les
jivas (individus) et resplendit en eux et à travers eux sans subir aucune diminution de sa
splendeur. L’Atma est la cause et tout le reste, des effets.
Naraka voulait agir ‘’librement’’ – comme le dictaient ses émotions et ses passions. Les
Upanishads demandent à l’homme de parcourir la jungle de la vie comme le roi des
animaux, comme un lion, et non pas comme un mouton peureux en proie à la panique et
qui a honte de lever la tête. Affrontez les six ennemis qui rongent impitoyablement le
cœur de l’homme – c’est-à-dire la convoitise, la colère, l’attachement, l’orgueil, la haine et
l’avidité – et soyez des hommes et pas un Naraka qui se recroqueville devant de tels
ennemis et tente de s’attirer leurs faveurs en cédant à leurs exigences.
***
LES DEUX SIRÈNES
Il y a deux sirènes pernicieuses qui leurrent et qui attirent les jeunes dans les futilités et les
frivolités en les détournant et les divertissant sur le chemin de leur ruine. Ce sont les
sirènes du cinéma et du roman. Les films contaminent, pervertissent, polluent les jeunes
esprits innocents. Ils enseignent le crime, la violence et l’avidité, sapent les qualités
humaines fondamentales et dégradent l’humanité vers la bestialité. Même des moines qui
portent la robe ocre sont entraînés à pécher à cause de leurs influences insidieuses.
Le roman corrompt tout autant avec des images salaces et crues. Le film et le roman
égarent la jeunesse dans la jungle du vice et ces deux sirènes ne savent pas et ne se soucient
pas de savoir comment façonner les jeunes en des citoyens autonomes qui ont confiance en
eux-mêmes et qui se connaissent (en tant que Soi).
***
LIGNE DE VIE ET PLANCHE DE SALUT
Il y avait jadis un étudiant qui tendit sa main pour qu’un chiromancien l’examine. Le
chiromancien scruta attentivement les lignes et déclara qu’il avancerait beaucoup dans ses
études. L’étudiant était très content. Puis, il lui prédit qu’il gagnerait beaucoup d’argent. La
joie de l’étudiant augmenta encore d’un cran. Il lui annonça également que les lignes de sa
main indiquaient la renommée en plus de la fortune. La coupe de l’étudiant était pleine à
ras-bord. Mais finalement, le chiromancien précisa que la ligne de vie était courte et se
terminait rapidement, très abruptement…L’étudiant s’évanouit.
De nos jours, l’éducation n’offre aucune planche de salut, car elle ne garantit pas les
aptitudes ni les attitudes essentielles et indispensables pour mener une vie paisible et
satisfaisante…
***
100
LA GRAMMAIRE ET LA GRÂCE
Alors que Shankara résidait à Varanasi (Bénarès) au bord du Gange avec ses élèves, il
avait coutume de rendre visite aux pandits et de les attirer dans des conversations
bénéfiques sur les thèmes de la philosophie. Un jour qu’il s’était rendu chez un pandit, il
trouva celui-ci plongé dans des règles de grammaire compliquées. Après lui avoir demandé
pourquoi il s’était lancé dans l’étude intensive de la grammaire, le pandit lui répondit que
cela lui rapporterait facilement quelques pièces d’argent. ‘’Si je suis nommé comme pandit,
je puis me rendre chez les grands zamindars9 et espérer recevoir des aumônes et des
offrandes de leur part pour entretenir ma grande famille’’, dit-il. Shankara le conseilla en
des termes appropriés et lui insuffla la confiance en lui-même et le courage.
Après être retourné à son ermitage, Shankara écrivit un couplet qui résumait la
recommandation qu’il avait prodiguée à ce pauvre chef de famille brahmane qui s’efforçait
de joindre les deux bouts : ‘’Bhaja Govindam, Bhaja Govindam, Bhaja Govindam, Moodha
Mathe, Sampraapthe Sannihithe Kaale Nahi Nahi Rakshathi Dukrn karane’’. ‘’Louez Dieu,
louez Dieu, louez Dieu, sot ! Quand la mort frappera à votre porte, les règles de grammaire
ne vous sauveront pas…’’
Shankara exhorta ses élèves à propager l’idéal du couplet et eux aussi répondirent par des
couplets similaires, chacun des 14 élèves contribuant un couplet. Shankara ajouta encore 12
couplets de son cru, plus 4 autres ayant trait à la transformation que l’enseignement
conférerait. C’est ainsi qu’il y a au total 31 couplets dans le texte intitulé Bhaja Govindam ou
Moha Mudgaram, ce dernier signifiant ‘’l’arme qui peut anéantir l’illusion’’. Chacun
constitue un échelon sur l’échelle qui élève l’homme jusqu’à Dieu.
Shankara adressait ces couplets aux ‘’moodha mathi’’, c’est-à-dire aux sots. Et qui sont ces
sots ? Il a donné la réponse dans un autre contexte : ‘’Nasthiko moodha uchyathe.’’
‘’Tous ceux qui nient l’Atma (le Soi) sont des sots.’’ Ceux qui affirment et qui croient ne
pas être le corps périssable, ne pas être ce faible intellect, et être l’Atma impérissable et
éternel qui englobe tout sont certes peu nombreux. La vaste majorité affirme et croit : ‘’Je
suis celui qui modèle ma destinée’’, ‘’Je suis le capitaine de mon navire’’, ‘’Je choisis ce que
j’aime et ce que je n’aime pas’’, ‘’Je satisfais mes désirs par l’entremise de mes propres
efforts…’’ Tous ceux-là sont des sots.
***
IDOLÂTRIE CONSCIENCIEUSE !
Une fois, un aspirant spirituel approcha un guru afin d’être guidé et celui-ci lui donna une
idole de Vishnu et toutes les instructions utiles au culte journalier. Après quelques mois
d’une puja méticuleuse, l’aspirant se rendit compte qu’il n’obtenait aucun bénéfice
spirituel, aucune exaltation, aussi signala-t-il son mécontentement au guru qui lui donna
une autre idole, une idole de Shiva, cette fois, en lui demandant de réessayer. Après six
mois, le disciple revint et réclama une nouvelle idole, parce que même Shiva l’avait déçu !
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Un zamindar était un membre de l'aristocratie issue de la noblesse terrienne du sous-continent indien. Il
contrôlait souvent de larges territoires et collectait les impôts auprès des paysans.
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Il reçut alors une idole de Durga qu’il installa dûment sur son autel domestique. Les deux
ex-idoles étaient désormais rangées sur le rebord de la fenêtre, recouvertes de poussière et
négligées. Un jour, pendant la puja en l’honneur de Durga, le disciple s’aperçut qu’une
brise malicieuse dirigeait le parfum qui émanait du bâton d’encens en direction de l’idole
de Shiva. Cela l’agaçait beaucoup que ce Dieu ingrat au cœur de pierre et qui restait sourd
à ses prières insistantes reçoive le parfum destiné à sa toute dernière idole, aussi s’emparat-il d’une loque qu’il noua autour du visage de Shiva en bouchant les narines qui
respiraient le parfum !
Mais juste à ce moment-là et à sa grande stupéfaction, Shiva apparut dans toute sa
splendeur et toute sa gloire devant l’aspirant ! L’homme était abasourdi. Il se demandait
comment un tel traitement avait pu pousser Shiva à lui donner son darshan. Mais que
s’était-il vraiment passé ? Pour la première fois, l’aspirant avait cru que l’idole de Shiva
était vivante et consciente. C’était cette foi qui l’avait amené à nouer le bandeau autour du
nez de Shiva. A partir du moment où il réalisa que l’idole était pleine de Conscience, il
obtint la réalisation qu’il désirait ardemment.
***
LE DÉSIR DE MOURIR
Autrefois, il y avait un bûcheron qui se rendait quotidiennement dans la forêt pour y
ramasser un fagot de bois qu’il vendait au village voisin pour une maigre pitance lui
permettant juste de garder sa femme et ses enfants en vie. Un matin, en sortant de sa
cabane, sa femme lui rappela que le lendemain, c’était le jour du Nouvel-An, aussi elle le
pria de bien vouloir ramasser un peu plus de bois ce jour-là pour avoir un peu plus d’argent
et offrir aux enfants un peu de riz sucré. L’homme acquiesça et s’exécuta. Il réussit à
confectionner un énorme fagot de bois, mais avec ce poids énorme sur la tête, il fut
rapidement épuisé et il dut le déposer avant d’atteindre le village. Cela le fit réfléchir à son
sort. Il avait perdu toute son ancienne joie de vivre. Il décida d’appeler l’Ange de la Mort
pour le soulager de son fardeau et cria : ‘’Ô Mort, n’as-tu donc aucune compassion pour
moi ? Pourquoi m’as-tu oublié pendant si longtemps ? Comme j’aspire à mourir et à
échapper à ce turbin quotidien !’’ L’Ange de la Mort prit pitié de lui et apparut devant lui
pour exaucer son vœu, mais le bûcheron recula et modifia subtilement la raison de son
appel à l’ange, car il n’avait aucun désir de mourir, même si dans son désespoir, il avait
appelé à l’aide et il dit : ‘’Non, non ! Je n’ai personne ici pour placer ce fagot sur ma tête,
c’est pourquoi j’ai appelé à l’aide. C’était le seul objectif de ma prière. Je te prie de m’aider
à soulever ce fagot pour le poser sur ma tête, car je dois me dépêcher pour arriver au
village.’’ Puisque l’homme est par nature immortel, il répugne à mourir. La volonté de
vivre est tellement forte et beaucoup plus persistante que la volonté de mourir.
***
UN ENNEMI QUI N’EXISTE PAS
Un jour, le dieu Soleil fut impressionné par les 1008 noms avec lesquels un dévot le
vénérait. Il écouta les noms qu’il prononçait avec une foi déterminée et son attention fut
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particulièrement éveillée, quand il l’invoqua sous le nom d’Andhakaradweshi – celui que
l’on considère comme l’ennemi des ténèbres. Il ne pouvait tolérer l’existence d’aucun
ennemi vivant, aussi déclara-t-il une guerre à mort contre le démon des ténèbres. Il se
rendit partout où les ténèbres se dissimulaient, mais à peine étaient-elles repérées que le
démon disparaissait et il ne put jamais en découdre avec lui ! Pour finir, il en conclut que
les ténèbres étaient inexistantes et qu’elles n’étaient que le produit de l’imagination de ses
adorateurs ! Face à la splendeur de l’immortalité, les ténèbres de la mortalité se dérobent
également rapidement.
Cela qui réside dans le corps n’a pas de naissance et par conséquent, pas de mort, mais
l’homme chérit le mensonge d’être le corps, aussi est-il assujetti à la mort et à la
(re)naissance. L’artisan peut remodeler un gobelet en argent sous la forme d’un plateau ou
d’une boite à bétel, mais même si le nom, la forme et la fonction varient, l’argent, lui, reste
identique.
***
UN SALAIRE EN OR ?
Il y a une histoire qui est liée à la construction du grand temple de Kalahasti. D’après la
tradition, celui-ci fut construit par le sage Agasthya, avec l’aide de Bharadwaja. Tous les
jours, quand le soleil était sur le point de se coucher, Agasthya appelait chaque ouvrier
devant lui, sur le lit de la rivière et sous sa supervision, les deux sages versaient du sable
dans le giron de chaque ouvrier et c’était là leur salaire ! Maintenant, ce sable extrait du lit
de la rivière se transformait en or dans la proportion exacte du travail que le bénéficiaire
avait effectué ce jour-là. Si un ouvrier travaillait plus, il recevait plus d’or et si un ouvrier
travaillait moins, il en recevait moins. Et si un ouvrier avait gaspillé toute sa journée à ne
rien faire, le sable restait du sable, en ce qui concerne cet ouvrier.
Il n’y avait ni injustice, ni plaintes, ni favoritisme. Tout le monde travaillait en présence
de l’Omniscient et chacun acceptait l’or que le Tout-Puissant lui accordait, car c’était
exactement son dû, ni plus, ni moins.
C’est le travail qui est réalisé dans cet esprit, l’esprit de la présence constante du Seigneur
qui est honnête. Le Seigneur récompensera par Sa grâce le travail qui est fait sincèrement
et de bon cœur et non un travail effectué par crainte d’officiers supérieurs. Si votre coeur
est pur, votre travail aussi sera pur.
***
QUI PERD SON TEMPS ?
Il y avait un docteur à Bénarès qui passait cinq minutes le matin et cinq minutes au soir à
méditer sur Dieu. Certains de ses collègues et de ses amis l’apprirent et se moquèrent de
cette ‘’manie’’. Un jour, ils lui soutinrent qu’il gaspillait dix précieuses minutes pour
quelque chose qu’on l’avait amené à croire de façon trompeuse. Le médecin répondit : ‘’Eh
bien, si Dieu n’existe pas, je suis d’accord que je gaspille tous les jours dix minutes. Mais
103
qu’en est-il s’Il existe ? J’ai bien peur que vous ne gaspilliez votre vie entière ! Je préfère
gaspiller dix minutes plutôt qu’une vie entière. Pourquoi devriez-vous me reprocher les
dix minutes de joie que j‘en retire ? Je ne vous prive pas de votre joie, pourquoi devriezvous me priver de la mienne ?’’, demanda-t-il. Et les cyniques en furent ainsi réduits à se
taire.
***
UNE FOI BRÛLANTE !
Autrefois, il y avait un érudit réputé qui se forgea une grande réputation en tant que
savant védique, mais personne ne pouvait deviner sa caste. Beaucoup soupçonnaient qu’il
ne s’agissait pas d’un brahmane, mais il n’y avait aucun moyen de s’en assurer. Pour finir,
la femme d’un pandit dit qu’elle pourrait facilement résoudre le problème. Elle invita cet
érudit à l’occasion d’un banquet et après que celui-ci se soit assoupi après avoir fait
bombance, elle appliqua un tison ardent sur la plante de l’un de ses pieds et le savant
védique hurla ‘’Allah !’’. C’est ainsi que l’on découvrit qu’il était musulman. La foi ne
devrait pas être une matière à exposer ; elle devrait être patente, même lorsque vous criez
de douleur.
***
RÉPARER LES POTS CASSÉS
Jadis, un homme loua un vieil éléphant pour la procession nuptiale à l’occasion du mariage
de sa fille. Après la cérémonie du mariage, la procession prit le chemin du retour et la
jeune mariée descendit du howdah10 et l’éléphant s’écroula, mort. La nouvelle choqua le
propriétaire de l’éléphant qui refusa de l’accepter comme s’il s’agissait là d’une infortune
inévitable et il insista donc pour qu’un animal du même ordre lui soit restitué vivant. Il
alla même jusqu’au tribunal concernant l’affaire. Le juge avait disposé quelques pots en
terre cuite derrière la porte que le propriétaire cupide devait ouvrir pour entrer. En tentant
d’ouvrir la porte, tous les pots furent brisés. Le juge insista pour qu’il les répare ou les
restaure tous et c’est ainsi qu’il fit entrer un peu de bon sens dans la tête de l’homme.
***
MÊME LES DIEUX DOIVENT OBÉIR
Vous devez avoir entendu pas mal d’histoires concernant l’éradication de la prétention ou
de l’égoïsme opérée par le Seigneur. Un jour, Anjaneya11 apparut dans un jardin situé dans
la périphérie de Dwaraka. Krishna qui connaissait les tours de ce curieux singe ordonna à
Garuda d’aller effrayer l’animal et de le chasser en dehors des limites de la ville. Garuda
échoua, en dépit du fait qu’il avait pour lui le soutien de l’armée entière. Son orgueil en
10
11
Genre de palanquin porté par un éléphant
Hanuman
104
prit un fameux coup ! Alors, Krishna lui fit transmettre ce message au singe qui avait
déclaré être Anjaneya – de daigner se rendre à la cour de Krishna – mais Anjaneya ne
reconnaissait que Rama et il n’obéirait qu’aux ordres de Rama ! C’est ainsi que Krishna dut
lui faire parvenir un nouveau message – que Rama l’avait convoqué dans sa salle
d’audience. La dévotion contraint le Seigneur à céder aux singularités de ses serviteurs.
Anjaneya se précipita alors pour aller voir Rama et Krishna lui donna le darshan de Rama
en personne.
***
QUI EST LE MENDIANT ?
Quand un enfant meurt, posez-vous la question : ‘’Est-ce pour moi qu’il est né ?’’ Il avait
son propre destin à accomplir, à s’acquitter de sa propre histoire. Le père de Gautama
Bouddha fut tellement peiné de voir son fils avec un bol de mendiant dans la rue qu’il lui
dit : ‘’Chacun de mes ancêtres était roi. Par quel malheur, un mendiant est-il né dans cette
lignée ?’’ Et Bouddha répondit : ‘’Chacun de mes ancêtres n’avait qu’un bol de mendiant.
Je ne connais aucun roi dans ma lignée.’’ Le père et le fils suivaient et empruntaient des
voies différentes…
***
UN MORT VIVANT !
Il y avait un beau-père qui était tellement enragé que son beau-fils ne lui écrive pas de
lettre à lui et à sa fille depuis l’étranger où il était parti en mission en tant que soldat que
lui-même rédigea cette lettre : ‘’En ce qui nous concerne, c’est comme si tu étais déjà mort,
car tu ne te soucies plus de ta femme depuis longtemps, aussi s’est-elle rasé la tête et a-telle commencé à porter le deuil.’’ Après avoir reçu la lettre, ce soldat se lamenta que sa
femme était devenue veuve, en ne saisissant pas que tant qu’il était bien vivant, une telle
calamité ne pourrait pas advenir !
Ne tirez jamais de conclusions hâtives en renonçant à votre propre discernement. Ne niez
pas la valeur de votre propre expérience. Reposez-vous sur vos propres forces et ne vous
laissez pas émouvoir, ni par l’adulation, ni par le dénigrement.
***
LA MÂCHOIRE DE RAMA
Jadis, il y eut un marchand qui fut poussé par son maître à répéter le Nom du Seigneur et
il rétorqua qu’il n’avait pas le temps de s’asseoir pour le répéter, car son échoppe lui prenait
tout son temps et toute son énergie. Tous les matins, il devait s’éloigner un peu du village
pour satisfaire à quelque besoin naturel et il y consacrait environ une demi-heure. C’est
ainsi que son guru lui demanda d’utiliser cette période pour sa récitation journalière. Un
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jour, Hanuman, le grand dévot de Rama qui passait par là, aperçut le marchand qui était en
train de déféquer en répétant ‘’Ram, Ram, Ram…’’ et Hanuman fut enragé par une telle
impertinence, car il profanait le Nom de Ram en le prononçant dans cette situation peu
glorieuse, aussi le gifla-t-il avant de continuer son chemin vers Ayodhya.
Quand il arriva en présence du divin Rama, il contempla Son visage rayonnant et
remarqua que celui-ci était tuméfié et qu’il y avait comme une empreinte sur Sa joue.
Hanuman fut particulièrement choqué et sa peine était trop grande pour qu’il réussisse à
l’exprimer. Rama lui dit : ‘’Hanuman ! Ne Me demande pas le nom de celui qui M’a frappé
ainsi. Je dissipe toujours l’instant d’une calamité qui pourrait frapper Mon bhakta et
J’interviens à temps pour le sauver. Ce pauvre marchand qui était accroupi à l’extérieur du
village et qui répétait Mon Nom quand tu es passé par là, aurait-il pu résister à ce terrible
coup que tu lui as asséné colériquement ? Il se serait écroulé sur place ! J’ai donc intercepté
le coup et Je l’ai reçu sur Ma propre joue, Mon cher Hanuman !
***
UN CHÂTIMENT DE CHOIX
On traîna une fois un marchand devant un magistrat pour avoir vendu du ghee frelaté qui
sentait mauvais et qui était dangereux pour la santé. Le jugement fut prononcé et comme
punition, il devrait soit consommer tout le ghee frelaté, soit recevoir 23 coups de fouet, soit
payer une amende salée. Il opta pour le beurre clarifié et il entreprit de boire le mélange,
mais trouvant le goût insupportable, il préféra alors recevoir les coups de fouet. Il en reçut
une bonne douzaine, mais c’est tout ce qu’il parvint à supporter et donc, en fin de compte,
il pria le magistrat de bien vouloir le laisser partir avec cette amende corsée. Si seulement
il avait d’abord choisi l’amende, il aurait pu éviter l’infect breuvage et la douleur atroce,
mais de par ses tergiversations, il lui fallut goûter au brouet et au fouet !
***
AVEC LES BÉNÉDICTIONS DE VOTRE GRAND-MÈRE…
Autrefois, il y avait une grand-mère qui avait deux petites-filles, une petite chipie et une
jeune fille humble. La chipie, elle la bénit en ces termes : ‘’Puissent les festons et les
rangavallis12 que tu dessines sur le seuil de ta porte être toujours comme neufs et puisse ta
bourse être toujours pleine !’’ Bien entendu, elle entendait par là la maudire pour qu’elle
reste stérile ! Et l’autre jeune fille, elle la bénit ainsi : ‘’Puisse le seuil de ton habitation être
toujours piétiné et ta bourse se vider rapidement !’’ Elle entendait par là qu’elle ait
beaucoup d’enfants joyeux et exubérants, le type de bénédiction qu’une grand-mère
donnait généralement à une jeune fille mariée. A première vue, ceci a plutôt l’air d’une
malédiction et l’autre, d’une bénédiction, mais le sens profond est tout autre. C’était la
12
Dessins géométriques réalisés habituellement avec de la poudre de riz ou de la craie par les femmes en Inde.
Tous les matins, elles tracent un rangavalli sur le sol devant la porte de leur maison, dans la cour ou sur le sol
des temples pour protéger les lieux.
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bénédiction spontanée d’une mamy et toute personne modeste et honnête peut également
recevoir des bénédictions par la grâce spontanée du Seigneur à condition d’être solide dans
ses vertus.
***
UNE NÉGLIGENCE ROYALE ET MONUMENTALE
Il y avait ce roi qui recherchait un maître qui serait capable de l’envoyer au Ciel et qui était
si vaniteux et ivre de pouvoir qu’il pensait le mériter. S’il y en avait un qui osait se
présenter, il le bombardait avec des questions tellement incongrues qu’ils étaient atterrés
par son impertinence, et le roi n’en restait pas là, car il les jetait en prison. Enfin, un
homme promit de lui indiquer la voie. Il fut introduit à la cour et il prit place devant le roi.
Néanmoins, l’homme ne fit aucun cas du roi, mais entreprit plutôt de converser avec les
courtisans, les pages et les serviteurs en s’enquérant de leur santé et en espérant que tout
aille bien pour eux. La coupable négligence de son autorité provoqua la fureur du roi et il
ordonna à ses soldats de l’expulser et de le rouer de coups, mais l’homme dit : ‘’Avant de
m’expulser, permettez-moi de vous dire ceci : je mérite une bastonnade pour ne pas vous
avoir présenté prioritairement mes respects, pour vous avoir ignoré et pour m’être adressé
à vos serviteurs. Eh bien, sachez que Dieu, Dieu est le Roi des rois, Lui, le Seigneur de tous
les mondes et vous L’avez négligé, vous L’avez ignoré et ne parlez qu’à ces serviteurs,
alors, veuillez considérer quel est le châtiment que vous méritez pour cela !’’ Le roi réalisa
alors sa méprise et remercia le maître pour lui avoir arraché le voile de la prétention et de
la suffisance.
***
DEUX SYLLABES SALUTAIRES
Il y a cette histoire tirée des classiques qui illustre bien la valeur du nom de Rama. Jadis, le
sage Prachetas composa un texte dont les vers totalisaient cent crores13. Les trois mondes
rivalisèrent entre eux pour revendiquer l’entièreté du texte et la lutte prit même des
proportions calamiteuses, aussi Dieu les réunit et les persuada d’accepter chacun un tiers.
Ainsi, chacun des mondes – le ciel, la terre et le monde souterrain – recevrait 33 crores, 33
lakhs et 33 333 versets et il restait un vers qui n’était pas tranché. Celui-ci comportait 32
syllabes en tout, aussi chacun des bénéficiaires reçut-il 10 syllabes et il ne resta plus que
deux syllabes. Mais comment donc pourraient-elles être scindées en trois ? Alors, Dieu
décida qu’elles devraient être vénérées et reçues par les trois mondes. Ces syllabes étaient
‘’Ra’’ et ‘’Ma’’ et elles constituèrent la précieuse clé du salut : Rama !
***
13
1 crore équivaut à 10 millions et à 100 lakh ; 1 lakh équivaut à 100 000
107
UNE PIERRE AUTOUR DU COU
Il y avait un moine près d’Haridwar qui avait depuis longtemps renoncé à tout foyer et qui
vivait grâce aux aumônes qu’il recevait. Il avait coutume de déposer toute la nourriture
qu’il avait pu collecter sur une pierre qui surplombait le Gange et d’utiliser celle-ci comme
un plateau à partir duquel il prenait son repas. Un jour, il arriva tout près de ‘’sa’’ pierre et
trouva là un autre moine en train de prendre son repas et cette intrusion sur ‘’sa’’ propriété
le rendit furieux ! Alors, le nouveau-venu dit : ‘’Hélas ! Vous avez ‘’renoncé’’ à tout
sentiment du ‘’je’’ et du ‘’mien’’ et vous êtes rasé la tête pour ne pas être reconnu par vos
compagnons d’autrefois ; vous aspirez à vous libérer de tout lien, mais vous vous êtes
pourtant attaché à cette pierre ! Comment pourriez-vous traverser cet océan du samsara
avec une telle pierre autour du cou ? Vous menez une vie remplie d’hypocrisie !’’ Cette
tirade lui ouvrit les yeux sur son erreur…
***
LA CONSÉQUENCE DU MANQUE DE RESPECT
À L’ÉGARD DES VEDAS
Lorsque Sri Rama décida de mettre un terme à Sa carrière d’Avatar et lorsqu’Il entra dans
la rivière Sarayu qui était en crue, un chien suivait aussi. Quand on lui demanda pour
quelle raison il s’était attaché à l’entourage de Rama, il répondit : ‘’Je souhaite entrer au
Paradis avec vous tous. Dans ma vie passée, j’étais un yogi accompli, mais j’ai glissé et j’ai
chuté et je me suis écarté de la voie droite de l’autodiscipline pour devenir l’esclave de la
prétention. J’exposais les Védas selon ma fantaisie et en suivant mon bon plaisir et c’est
ainsi qu’à présent, je suis devenu cette bête qui se délecte à aboyer, à mordre et à hurler et
tous ceux qui m’encourageaient alors en me flattant sont à présent les puces et les mouches
qui se bousculent sur ma peau et qui me harcèlent. Aidez-moi Seigneur, je Vous prie, à
échapper à une telle disgrâce ! J’ai épuisé tout mon karma et j’ai purgé ma peine.’’ Voilà la
conséquence d’un manque de respect à l’égard des Vedas. Etudiez-les révérencieusement et
dans l’optique de mettre en pratique ce qu’ils enseignent. S’abstenir de mettre en pratique
est en soi un manque de respect.
***
LE MARIAGE DE RUKMINI
Rukmini kalyana n’est pas juste l’histoire d’un mariage. C’est l’union de l’Esprit suprême et
du monde objectif, lui-même. L’intermédiaire que constitue le brahmane symbolise
l’autorité védique par laquelle seule, la fusion des deux est connue. Rukmini est l’âme
individuelle et Krishna est le Soi suprême. Rukmini souffre des règles et des restrictions
que le monde objectif impose. Elle a pour frère l’égoïsme et pour père l’attachement aux
biens de ce monde, le matérialisme. Mais en vertu de ses bonnes habitudes, son esprit se
reposait sur Dieu, aussi fut-elle en mesure de prévoir une méthode pour atteindre Dieu.
Ses prières, son repentir, son aspiration et sa résolution furent récompensés. Son respect
de l’ancien code de bonne conduite finit par la sauver, car elle sortit pour la Gouri puja (le
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culte de la Déesse Mère universelle) avant le rite du mariage. Et dans le temple, elle se
plongea dans l’adoration divine et fut libérée de tout lien par Dieu qui attendait. Ses
parents, son frère et tous ses proches s’insurgèrent, mais un individu naît pour accomplir
sa destinée et non pour terminer ses jours conformément aux plans ou aux projets que
d’autres auraient faits pour vous, aussi chers et aussi proches, soient-ils.
***
CECI AUSSI NE DURERA PAS
Les sens sont les coupables ; ils instaurent l’illusion que vous êtes le corps. Contrôlez-les,
comme on contrôle un taureau avec un anneau de nez, un cheval avec un mors ou un
éléphant avec un aiguillon. Alors que les Pandavas traversaient les Himalayas au terme de
leur carrière, Dharmaraja était toujours affecté par une certaine angoisse, aussi pria-t-il
Krishna pour qu’Il passe un peu de temps avec eux. Au moment où Krishna quitta leur
lieu de résidence, Il remit une note à Dharmaraja qu’il devrait relire chaque fois qu’il était
affecté par la joie ou par la peine et cette note disait : ‘’Ceci aussi ne durera pas toujours…’’
C’est une méthode par laquelle on peut calmer l’agitation mentale.
***
CHANGEMENT DE RÔLE
L’homme se meut dans le courant de la vie d’un rôle à l’autre. C’est une activité constante
marquée par le karma. Il y avait cet acteur accompli qui se rendit à la cour d’un roi,
déguisé en sannyasin. Le roi l’honora comme un moine de haut rang et lui posa plusieurs
questions sur la discipline spirituelle et la philosophie auxquelles il répondit en utilisant
un vocabulaire et des termes appropriés. Le roi était très satisfait et il ordonna à son
ministre d’apporter un plateau rempli de pièces d’or qu’il offrit au ‘’saint’’, mais le
sannyasin dédaigna le don et déclara qu’en tant que moine qui avait renoncé à tous les
attachements et à tous les désirs, il ne pouvait leur accorder aucune considération et il prit
congé quelque peu vexé. Le lendemain, ce même acteur retourna au palais, déguisé en
danseuse, très orthodoxe et pleine de maîtrise. Le roi apprécia beaucoup sa performance et
le ministre apporta le même plateau rempli de pièces d’or que la danseuse refusa
d’accepter, puisque selon elle, la récompense était insignifiante par rapport à tout le talent
et toute l’habileté qu’elle avait exhibés. A cause de sa voix, le roi soupçonna qu’il s’agissait
du sannyasin de la veille qui se tenait là devant lui, déguisé en danseuse. Après avoir vérifié
que sa supposition était correcte, il lui demanda pourquoi il réclamait plus aujourd’hui,
alors qu’hier, il avait refusé d’accepter ce même don. L’acteur répondit : ‘’Hier, j’étais un
sannyasin, aussi était-ce mon dharma de refuser, mais aujourd’hui, je suis une danseuse,
aussi est-ce mon dharma d’être rémunérée le mieux possible par mes admirateurs !’’
***
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UNE FEMME EXCELLENTE ET SAGE
Le mari n’est parfois pas conscient de l’excellence de la réalisation spirituelle de sa femme.
Ainsi, il y a le cas de ce couple qui se rendait en pèlerinage à travers une jungle épaisse
vers un sanctuaire inaccessible. Sur le sentier, le mari aperçut une pierre précieuse qui
étincelait sous les rayons du soleil qui se reflétaient dessus à travers le feuillage et d’un
coup de pied, il se hâta de la recouvrir de sable pour que sa femme ne soit pas tentée de la
ramasser et de devenir l’esclave de cette verroterie. Sa femme le remarqua et réprimanda
son mari pour avoir encore à l’esprit une différence entre du sable et un diamant. Pour elle,
ils étaient tous deux pareils !
***
UNE OFFRANDE REFUSÉE PAR LE BOUDDHA
Un jour, Bouddha était assis tout seul et plus tard, quelques hommes se rassemblèrent
autour de lui. L’un d’entre eux qui n’appréciait pas ses enseignements ni l’impact que
ceux-ci avaient sur les gens se leva et se lança dans une tirade contre lui en des termes
particulièrement grossiers. Bouddha demeurait assis et écoutait toute cette vilenie sans
esquisser le moindre geste de désapprobation. L’homme commençait à écumer de rage et
son vocabulaire s’épuisait rapidement, aussi Bouddha lui demanda-t-il avec le sourire :
‘’Mon frère, as-tu déjà terminé ?’’ L’homme répondit : ‘’Tu n’as aucune honte et tu ne
réagis même pas quand on t’insulte. Tu as le cuir aussi épais qu’un buffle et tu es pareil à
une bûche de bois !’’ Bouddha lui demanda alors : ‘’Quand une personne n’accepte pas un
don, que se passe-t-il ?’’ Ce à quoi il répondit : ‘’Eh bien, il demeure la propriété du
donateur.’’ ‘’Alors, garde toutes tes offrandes de propos abusifs, mon frère. Je ne les
accepte pas et je me refuse à réagir à cela.’’
***
VIEILLE NOURRITURE ET KARMA
Autrefois, il y avait un mendiant qui se lamentait devant la demeure d’un homme riche
dans l’espoir d’obtenir quelque nourriture. Le maître de maison qui se reposait dans un
fauteuil moelleux le chassa en l’injuriant copieusement, mais le mendiant insista et
réclama au moins un peu de pain rassis ! La belle-fille qui avait tout entendu et qui se
trouvait derrière les fourneaux dans sa cuisine répondit : ‘’Cher ami ! Nous digérons
actuellement une nourriture ancienne et les plats frais sont en train d’être cuisinés…’’ Le
mendiant comprit ce qu’elle entendait par là. Il savait que la femme voulait dire qu’en
raison de son insolence et de sa cruauté, le beau-père se préparait un avenir misérable et
que son haut standing de vie actuel était le fruit des mérites acquis par la charité au cours
de vies antérieures ! Actuellement, nous digérons une nourriture passée, c’est-à-dire, le
résultat d’actes de vies antérieures et nous cuisinons également nos futurs repas…
***
110
MALADASA
Il y avait un vacher qui s’appelait Maladasa et qui était déterminé à voir le Seigneur tel
qu’Il était décrit dans les textes sacrés qu’il avait entendu exposer dans le temple du village
par un pandit, aussi pria-t-il et pria-t-il encore le ‘’Seigneur ténébreux qui montait un
oiseau blanc’’ pendant tout le temps que ses vaches paissaient dans les champs. Onze jours
passèrent ainsi, mais il n’y avait toujours aucun signe du ‘’Seigneur ténébreux monté sur
un oiseau blanc’’. Il avait oublié de s’alimenter et de boire pendant tout ce temps et donc, il
était devenu faible, trop faible pour pouvoir marcher ou parler. Le Seigneur finit par céder
à ses prières incessantes et se présenta devant lui sous la forme d’un vieux brahmane, mais
ce brahmane ne montait pas d’oiseau blanc et n’avait pas le teint ténébreux comme un
nuage de pluie, comme le pandit l’avait décrit, aussi demanda-t-il au brahmane de bien
vouloir revenir le lendemain matin à 7 heures pour qu’il puisse amener le pandit et
s’assurer qu’Il était bien le Seigneur Lui-même !
Le pandit se gaussa de toute l’affaire et refusa de jouer un rôle là-dedans, mais Maladasa le
harcela tellement qu’il finit par y consentir. Le village entier se pressait au bord de la
rivière le lendemain matin, bien avant 7 heures, et le brahmane était bien là, comme
promis et Maladasa le présenta à tout le monde, mais les gens ne pouvaient pas le voir ! Ils
se mirent à rire de toutes les pitreries du vacher et menacèrent de lui administrer une
correction dont il se souviendrait pour les avoir menés en bateau. Maladasa pouvait voir le
brahmane distinctement, mais personne d’autre ne pouvait le voir. Finalement, il s’énerva
tellement qu’il s’approcha du vieux brahmane et le gifla en disant : ‘’Pourquoi donc ne
vous montrez-vous pas à tout le monde ?’’
La scène changea alors du tout au tout. Le brahmane disparut et Krishna apparut dans une
robe resplendissante, le visage souriant et ‘’l’oiseau blanc’’ aussi. Tandis que tous les
villageois sidérés avaient du mal à se ressaisir, un char céleste (vimana) descendit du ciel et
Krishna pria Maladasa de bien vouloir prendre place à l’intérieur. Alors, avec le Seigneur à
ses côtés, Maladasa s’éleva et fut bientôt hors de vue…
***
UNE INVITATION DU BÉBÉ KRISHNA
Krishna n’avait que quelques semaines quand un ascète entra dans la maison de Nanda, et
Yasoda tenait le bébé sur ses genoux. Bien sûr, c’est un épisode qui ne se trouve dans
aucun livre et Je dois Moi-même vous en parler. Les servantes se précipitèrent à l’intérieur,
car elles redoutaient que l’enfant ne se mette à pleurer face à ce personnage plutôt fruste.
Celui-ci décida d’entrer néanmoins et Yasoda s’aperçut que lorsqu’il fut renvoyé, le bébé
poussa un cri, et pas quand il s’approchait. Le muni annonça aussi qu’il était venu voir
Krishna Paramatma14, un nom qui était nouveau pour toute la famille. Ce n’est donc pas
une surprise que le bébé commença à se manifester, quand on pria l’honorable visiteur de
bien vouloir quitter les lieux ! Devaki avait reçu une vision, comme quoi Krishna était
bien le Seigneur Lui-même, mais ce muni avait découvert l’arrivée de l’Avatar par la grâce
du Tout-Puissant. C’était le bébé qui avait invité le muni pour qu’il reçoive son darshan.
14
L’Ame suprême, le Soi suprême.
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***
SUGUNA
Il y avait aussi Suguna, une autre gopi. Un jour, alors que Krishna se trouvait en
compagnie de Sathyabhama, Il fit semblant d’avoir très mal à l’estomac et malgré tous les
remèdes qu’elle essaya, elle ne put Lui apporter aucun soulagement. Bien sûr, ce n’était que
du cinéma, un magnifique jeu de rôle, comme l’attaque de paralysie que J’ai eue pendant
une semaine jusqu’à Guru Pournima récemment ! Même Rukmini ne fut pas admise à
l’intérieur, par elle, pour s’enquérir de la santé de Krishna. Toutefois, Rukmini s’aperçut
que Suguna soupirait dehors et qu’elle était très inquiète à cause de la maladie du Seigneur.
Elle lui remit ce qu’elle avait apporté et elle lui dit d’entrer. Krishna accueillit
chaleureusement Suguna et l’invita à s’asseoir à Ses pieds et Il mangea les fruits qui
provenaient du propre jardin de Sathyabhama et Ses maux d’estomac s’évanouirent sur le
champ ! Ce fut son inquiétude à l’égard de la santé du Seigneur et sa dévotion simple et
sincère qui s’avérèrent si efficaces. Il ne devrait y avoir aucun caractère artificiel, ni aucun
artifice dans votre attachement à l’égard du Seigneur, aucune affectation, ni aucun orgueil,
aucune trace d’égoïsme qui ne souillent la fraîcheur de la fleur que vous offrez.
Sathyabhama protesta quand Krishna accepta les fruits, car Il les avait refusés en trouvant
qu’ils n’avaient aucun goût, quand c’était elle-même qui les avait offerts, comme la
production précieuse de ses efforts de jardinage assidus. Ils n’avaient pas de goût, car sa
vanité s’était immiscée à l’intérieur, mais maintenant, après que cette simple et rustique
gopi les ait ramassés et saturés de toute sa dévotion, ils étaient devenus savoureux et
irrésistibles, car le Seigneur se soucie du sentiment et non de l’extérieur.
Dans l’épisode avec Kuchela, la femme de Kuchela joue un rôle plus important que
Kuchela lui-même, car elle a davantage de dévotion. En réalité, les femmes sont plus
dévotionnelles que les hommes et elles peuvent mieux contrôler leur esprit. C’est son
amour maternel qui la poussa à envoyer Kuchela voir le Seigneur pour que ses enfants
puissent avoir un repas complet. Elle avait foi en Lui. Kuchela, lui, hésitait et soutenait que
Krishna ne le reconnaîtrait peut-être pas ou ne l’inviterait peut-être pas à entrer ou
n’accepterait peut-être pas ses hommages.
***
MIEUX VAUT SAVOIR QUI SUIVRE…
Il y avait quelques personnes qui se trouvaient au bord d’une rivière et comme c’était des
étrangers, ils se renseignèrent pour savoir s’ils pouvaient traverser ici la rivière et
comment. Un estropié dit : ‘’C’est dangereux de traverser ici la rivière ; allez plus loin en
aval !’’ Ils ne le crurent pas, car il n’aurait pas su traverser lui-même. Un aveugle dit :
‘’Vous pouvez traverser, seulement, obliquez sur la gauche pendant une certaine distance,
puis à droite !’’ Ils ignorèrent son conseil, car il n’aurait pas pu savoir, devant être guidé
par un autre. Finalement, un homme s’approcha et proposa de les aider à traverser. ‘’Je
traverse souvent la rivière, vu que j’habite de l’autre côté ; je possède des terres de ce côté.’’
Alors, ils le suivirent avec confiance et assurance et ils purent atteindre l’autre rive en
toute sécurité.
112
***
DE PLUS EN PLUS ÉPINEUX…
Un jeune homme se maria un matin, à 9 heures. Dans la soirée, le couple de jeunes mariés
sortit faire une balade. Le premier jour de leur vie de couple, l’esprit du jeune homme était
plutôt préoccupé par le bien-être de sa femme et ils marchaient côte à côte. Le jeune
homme repéra une grosse épine sur le chemin et il ne voulut pas que son épouse marche
dessus par inadvertance, aussi la tira-t-il à temps sur le côté. Six mois passèrent. Alors
qu’ils se promenaient à nouveau, il aperçut une nouvelle épine sur le chemin et dit avec
nonchalance : ‘’Il y a une épine juste devant toi, ne marche pas dessus !’’ Il n’était plus si
préoccupé qu’il ne l’était le premier jour de leur vie de couple. Une année entière s’écoula,
puis ils se rendirent de nouveau quelque part et il remarqua encore une épine sur la route.
Sa femme avançait sans faire aucunement attention et cette fois, il la réprimanda
sèchement en disant : ‘’Il y a une grosse épine juste devant ton nez ! Es-tu aveugle ou
quoi ?’’ Remarquez qu’en un an, l’amour de l’époux à l’égard de sa femme avait déjà subi
une belle transformation…
***
VIVEKANANDA, SES INSOMNIES ET LA VOIX DU GURU
Une nuit, alors que Naren (Vivekananda) était dans sa chambre et qu’il ne savait pas
dormir parce qu’il était agité par des pensées conflictuelles, Ramakrishna qui était
prétendument ‘’endormi’’ parla comme dans un rêve, mais Vivekananda entendit très
clairement ce qu’il disait : ‘’Ô mental, ô royal cygne de l’esprit, ô unique dépositaire de la
Félicité éternelle ! Tu es de nature divine ! Plonge donc dans le lac pur de la méditation sur
le divin, plutôt que de te consumer d’envie pour les marécages fangeux du plaisir
sensuel !’’ C’est ce que conseilla son guru à Naren et Naren se résolut immédiatement à
prendre à cœur ce conseil.
***
LES TENDRES PIEDS DE KRISHNA
L’influence du divin est telle que si vous méditez sur lui, toute trace d’envie et d’avidité
disparaîtra de l’esprit. L’enfant Krishna était rentré dans la maison d’une gopi et Il était
justement sous un pot de lait qui était suspendu, quand elle L’aperçut. Krishna prit alors la
poudre d’escampette et la gopi se mit à Le poursuivre dans la rue en voulant L’attraper. Elle
voulait vite L’attraper, car cela la chagrinait beaucoup que le garçonnet coure sous le soleil
brûlant. Elle ne se souciait guère de la perte éventuelle d’un peu de lait, de lait caillé ou de
beurre, mais la pensée des tendres petits pieds de Krishna foulant des pierres brûlantes
sous un soleil de plomb était une chose qu’elle ne pouvait pas supporter.
***
113
LES BRACELETS DE RADHA
Uddalaka, un contemporain de Chaitanya, choisit de vénérer le Seigneur sous la forme du
manifesté, de la nature. Il choisit de vénérer le Créateur par l’entremise de Sa création. Il
vénérait le Contenant pour ce qu’Il contenait. Bref, il vénérait Radha, ou inversement
Dhara (la terre mère), l’aspect naturel, le principe féminin de Krishna, la Personne
suprême, l’Autre inséparable ! Son aspiration était tellement émouvante, sa pénitence,
tellement obligeante qu’un jour, alors qu’un vendeur de bracelets remontait la rive de la
Saraswati à côté du village, il aperçut une demoiselle qui lavait des vêtements au ghat. Le
Seigneur est aussi impatient de soulager vos peines que vous avez hâte d’obtenir Sa grâce
pour vous en défaire. Vous pouvez l’ignorer, mais Je le sais, car Je le ressens. Elle l’appela
auprès d’elle et une fois son choix fait, elle porta tous les bracelets. Finalement, quand il
réclama son dû, elle lui dit : ‘’Oh, j’allais oublier l’argent qui vous est dû ! S’il vous plaît,
allez chez Uddalaka au village, tout le monde sait où il habite et demandez-lui. Dites-lui
que sa fille les a achetés et il vous payera très certainement. Oh, attendez ! Dites-lui
également qu’il trouvera de l’argent derrière l’image de Radha sur son autel.’’
L’homme la prit au mot et se dépêcha de se rendre dans la maison de ses parents. Uddalaka
fut complètement estomaqué par cette histoire, puisqu’il n’avait pas d’enfants. En fait, il
n’était même pas marié, mais le vendeur de bracelets insista pour qu’il regarde derrière
l’image de Radha, parce qu’il dit que cette fille était incapable de supercherie. Uddalaka nia
avoir jamais mis de l’argent là-derrière. Comment pourrait-il utiliser cet espace entre tous
pour y garder de l’argent ? Mais simplement pour contenter le vendeur de bracelets, il jeta
un coup d’œil et saperlipopette, il trouva un morceau de tissu noué qui contenait
précisément le montant requis pour payer les bracelets ! Alors, il réalisa en un éclair que ce
devait être Radha elle-même qui avait envoyé l’homme et il tomba aux pieds du
colporteur, puis courut avec lui jusqu’au ghat, submergé par la joie et par la gratitude.
Pendant un moment, il aperçut une vision merveilleuse au-dessus des eaux : le bras droit
de Radha avec ses bracelets qui scintillaient sous le soleil matinal. Il savait que son bras
était levé en signe de bénédiction et il sentit qu’elle l’appelait et il laissa là son corps mortel
pour la rejoindre…
***
LE CRI DU CŒUR QUI PEUT SAUVER
Il y a cette belle histoire au sujet de Shiva et de Parvati. Par une nuit obscure, alors que
Shiva et Parvati voyageaient dans le ciel, ils aperçurent un homme qui était accroché à la
branche d’un arbre et qui était sur le point de s’écraser sur le sol en raison de l’épuisement
de ses membres. Parvati plaida sa cause et souhaita que Shiva aille à son secours, mais
Shiva préféra qu’elle-même aille lui porter secours. Sur ces entrefaites, la chute semblait
imminente et ils décidèrent que si l’homme criait ‘’Amma !’’, alors Parvati se précipiterait
pour stopper sa chute et s’il criait ‘’Appa !’’, alors ce serait Shiva qui viendrait lui porter
secours et qui ferait en sorte qu’il ne se brise pas les os. L’homme tomba, mais ne cria ni
‘’Amma !’’ ni ‘’Appa15 !’, mais ‘’aïe, aïe, aïe !’’ et donc, ils le laissèrent tomber !
15
Ici, ‘’Amma’’ et ‘’Appa’’ signifient respectivement la Mère et le Père célestes, NDT
114
***
LA FOI SUPÉRIEURE DU DISCIPLE
Dans le sud de l’Inde, en pays tamoul, il y avait un certain Adigal qui vivait dans le village
de Thangalur. Celui-ci avait entendu parler de la grandeur spirituelle du saint Appar et
développa une grande admiration à son égard. Aussi érigea-t-il quelques gîtes d’étape à son
nom et baptisa-t-il ses enfants à son nom afin qu’ils puissent grandir dans l’aura de sa
gloire et fit-il encore don de terres et de maisons, tout cela au nom du saint qu’il n’avait
encore jamais vu ! Voyez comment la foi a précédé l’expérience, ici. Il y en a d’autres qui
ont besoin de l’expérience avant de pouvoir se fixer dans la foi. La première option est plus
exaltante et plus durable.
Eh bien, il s’avéra qu’un jour Appar arriva lui-même ‘’par hasard’’ à Thangalur, car il avait
raté un chemin et car il avait dû faire un détour et partout dans cette bourgade, il put
observer des gîtes d’étape et des associations caritatives qui portaient son nom et il se
demanda comment son nom avait bien pu le précéder. C’est alors qu’Adigal courut en
direction de son guru, le conduisit dans sa demeure et prépara pour lui un grand festin.
Quand son fils aîné se rendit dans le jardin pour y couper quelques feuilles de bananier
pour servir le dîner, un serpent le mordit et il mourut sur le champ, mais Adigal n’en fut
pas affecté le moins du monde. Il recouvrit le cadavre en entassant des feuilles sur celui-ci,
puis s’acquitta de toutes les formalités hospitalières pour le guru tant recherché. Le guru
insista toutefois pour que tous les enfants d’Adigal s’assoient autour de lui pendant le
repas et ordonna au père : ‘’Allez chercher chacun d’entre eux et amenez-les ici !’’ Adigal
fit ce qui lui avait été demandé. Il appela…et le fils défunt se releva ! Lui aussi vint
s’asseoir pour dîner avec tous les autres et quand Appar apprit ce qui s’était passé, il dit
alors : ‘’Votre bhakti (dévotion) est supérieure à ma shakti (force, puissance).’’
***
DU BALAI !
Un vieil homme gisait sur son lit de mort. Il provenait de l’Etat du Karnataka. Ses
derniers instants étaient comptés et il ne put que bredouiller un mot que ses enfants ne
purent comprendre. Ils firent alors appel à un docteur et lui demandèrent de lui
administrer de l’oxygène ou quelque chose pour que ses paroles puissent devenir
intelligibles, puisqu’ils conjecturaient qu’il voulait leur dire où il avait précisément caché
l’argent qu’il avait gagné et donc ils firent le maximum pour saisir ses paroles. Ils ne
pouvaient comprendre que le son ‘’ka’’, aussi lui demandèrent-ils s’il entendait par là
‘’kanaka’’ (or), ‘’karu’’ (veau), ‘’kanaja’’ (grenier à blé), ‘’kasabarike’’ (balai)… Quand on lui
montra un balai, il acquiesça, avant de rendre son dernier soupir et c’est ainsi qu’il dut se
réincarner plus tard en balai, puisque telle avait été sa dernière pensée !
***
115
LES EXCUSES BOITEUSES DE KRISHNA
Une fois, Krishna et Ses petits camarades se faufilèrent à l’intérieur d’une maison et
mirent la main sur le lait caillé, quand la maîtresse de maison entra. ‘’Pourquoi êtes-vous
entrés ?’’, demanda-t-elle. ‘’Ma mère tenait un bâton dans ses mains et par crainte, Je me
suis enfui, J’ai couru et Je suis entré ici !’’, répondit Krishna. ‘’Qui sont ces garçons ?’’,
demanda-t-elle. ‘’Je les ai amenés avec Moi pour qu’ils attestent Mes paroles’’, répondit
Krishna. ‘’Pourquoi donc as-Tu placé ce récipient entre Tes jambes ?’’, demanda-t-elle
encore en feignant la colère. ‘’Pour que Mes compagnons ne puissent pas s’emparer du
beurre !’’, répondit-Il. ‘’Et pourquoi vas-Tu de maison en maison pour y manger les
provisions de beurre ?’’, demanda Yasoda. ‘’Je n’aime que ce que Je sélectionne et que ce
que Je choisis Moi-même et n’aime pas que l’on Me nourrisse’’, répliqua le petit Krishna.
On ne pouvait confiner Krishna à une routine. Il est présent partout, omniprésent, et Il est
aimable à l’égard de Ses fidèles.
***
NE POINT SE RUER SUR DES CONCLUSIONS HÂTIVES…
Que ce soit dans l’optique de la sadhana ou de ce monde en perpétuel changement, vous ne
devez prendre des mesures qu’après avoir bien réfléchi et être convaincu que ce sera pour
votre bien, sinon ce sera comme dans l’histoire de la cité en pleurs…Un jour, une servante
qui était fort proche de la reine arriva au palais en pleurant comme une madeleine, aussi la
reine se mit-elle aussi à verser des larmes et voyant la reine en larmes, toute la zenana se
mit à pleurer, bientôt imitée en cela par les serviteurs masculins. Le roi qui avait remarqué
que la reine était inconsolablement triste se mit alors également à pleurer, par empathie, et
ceci fit en sorte que toute la cité se lamentait bruyamment sans discontinuer. Pour finir,
une personne sensée fit sa petite enquête et de fil en aiguille, elle remonta jusqu’à la reine
elle-même qui fut approchée. Elle confia que sa servante était très chagrinée et lorsqu’on
interrogea cette femme qui provenait de la caste des lavandières, elle confessa que c’était
dû au décès brusque et totalement inopiné de son âne favori ! Aussitôt que la nouvelle se
répandit, les pleurs cessèrent et furent largement remplacés par les rires et par la gêne.
Raisonnez et discriminez, ne vous précipitez pas pour conclure et ne vous laissez pas
égarer par les on-dit.
***
VOUS NE POUVEZ PAS M’ÉCHAPPER !
Où que vous alliez, vous ne rencontrez que Moi ; Je suis là, partout. Avez-vous entendu
l’histoire du lapin qui avait emprunté quelques sous à la Terre Mère ? Il crut que s’il
déménageait dans une nouvelle région, il serait débarrassé de sa dette, aussi courut-il aussi
vite que ses pattes le lui permirent et il arriva très loin de l’endroit où il avait reçu la
somme. Au bout du compte, il s’assit, soulagé, et il se dit : ‘’Maintenant, plus personne ne
me demandera de rembourser !’’ Quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit alors une
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voix d’outre-tombe : ‘’Ta Mère, la Terre, est précisément sous tes pattes, ici ! Tu ne
pourras jamais M’échapper, aussi loin que tu puisses courir !’’
De même, vous ne pouvez pas M’échapper, car J’exigerai une bonne conduite, de bonnes
habitudes, de bonnes pensées et de bonnes fréquentations, où que vous alliez chercher
refuge…
***
LA PEUR TUE PLUS QUE LE CHOLÉRA
Une fois, un sannyasin croisa sur son chemin la Déesse du choléra qui s’éloignait d’un
village où elle avait singulièrement diminué la population et il lui demanda combien de
personnes elle avait reprise dans son giron. ‘’Seulement dix !’’, répondit-celle-ci, mais à
vrai dire, les victimes étaient au nombre d’une centaine. Elle précisa alors ; ‘’Je n’en n’ai
tué que dix et les autres sont mortes de peur…’’ L’homme est l’incarnation du Soi, c’est-àdire de l’absence de peur. S’il connaît sa véritable nature, il ne laissera aucune latitude à la
faiblesse ni à la lâcheté.
***
REMBALLÉ À DIEU !
A vrai dire, le meilleur moyen de trouver le bonheur, c’est de choisir Dieu comme guide.
Alors, Il vous guidera et Il vous protégera, depuis votre cœur même. Une fois, l’empereur
Shivaji délégua quelques personnes de la cour chez Samartha, son précepteur, avec une
grande quantité de provisions – du grain, des vêtements, des friandises et des ustensiles.
Celui-ci leur demanda : ‘’Pour qui apportez-vous tout ceci et pourquoi ?’’ ‘’Pour vous’’,
répondirent-elles. ‘’Vous n’avez personne et donc, le Maharaja Shivaji vous a envoyé tout
cela.’’ Alors, Ramdas éclata de rire et il dit : ‘’J’ai la Providence Elle-même qui pourvoit à
mes besoins et seul Dieu n’a personne qui pourvoit à Ses besoins. Demandez donc à
Shivaji d’envoyer toutes ces choses à Dieu !’’
***
ONAM
Aujourd’hui, on célèbre le jour où l’empereur Bali fut humilié et béni par Dieu qui avait
pris la forme de Vamana, souverain des trois mondes. Bali se désignait lui-même ainsi, car
il avait plus de pouvoir et de puissance que n’importe qui. Il était ivre d’égoïsme. Alors
Dieu s’approcha de lui pendant qu’il célébrait un sacrifice, après s’être déguisé en un jeune
brahmane et lui demanda un don modeste – un peu de terrain qui mesurerait à peine trois
pieds ! Bali répondit qu’il pouvait lui demander infiniment plus de richesses et de terres,
mais le garçon insista pour ce simple don modeste. Le précepteur de Bali le mit en garde
par rapport à l’identité et à la bonne foi de cet étrange mendiant et l’avertit qu’il pourrait
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bien s’agir de Dieu Lui-même et ceci rendit Bali encore plus heureux, car si c’était le cas,
alors il était si puissant que même Dieu venait mendier à sa porte ! Telle était la mesure de
sa prétention !
Mais quand Vamana s’agrandit pour atteindre des proportions cosmiques et prit la mesure
de la Terre entière avec un seul pied et toute l’étendue de l’espace avec un autre pied, Bali
reçut une leçon d’humilité et offrit sa propre tête pour mesurer le troisième pas et se laissa
enfoncer jusqu’aux enfers. Cette journée célèbre le jour de l’incarnation de Vamana et elle
enseigne la leçon que l’orgueil et la prétention rencontrent la déchéance. Une fois que son
ego fut éliminé de la sorte, Bali fut purifié et Dieu le bénit et l’assura qu’Il le protégerait
toujours. Chaque année, le jour d’Onam, Il l’autorisait à remonter dans le monde, à
contempler son empire par lui-même et à recevoir l’hommage de son peuple. Ainsi fête-ton autant l’avènement de Vamana que la transformation de Bali.
***
DES VOIX MULTIPLES DANS LA TÊTE
Si vous examinez votre esprit, vous y trouverez des voix qui exercent leur influence, non
pas un, mais des tas de conseillers qui génèrent de la confusion avec leurs contradictions.
Par exemple, aussitôt que vous prévoyez de venir à Puttaparthi pour avoir le darshan de
Swami, ces conseillers se mettent à jouer leur jeu : une voix vous conseille de ne partir
qu’après avoir vérifié si Swami est bien présent ici ; une autre voix vous suggère de passer
un coup de téléphone à un tel ou à un tel pour savoir si Swami est à Bangalore ou à
Puttaparthi ; une autre voix encore vous propose des itinéraires et des moyens de transport
alternatifs et vous file la migraine. Toutes ces voix papillonnent autour de l’esprit de bien
et tentent de le distraire. Une autre voix pourrait dire encore, quand les autres auront
terminé : ‘’Eh bien, mon cher ! Considère ton désir sous tous les angles et sous toutes les
coutures. Tu peux y aller et encourir pas mal de dépenses, de soucis et de tracas divers et
réfléchis un peu aussi à cette possibilité – peut-être auras-tu une entrevue avec Swami,
mais peut-être pas…’’ Une autre voix pourrait intervenir et dire : ‘’Oh, si l’on considère
toutes les mauvaises actions et toutes les fautes que tu as commises, il est très improbable
que Swami t’accorde une entrevue !’ et à la suite de cette voix, une autre pourra alors
entreprendre de vous rassurer et de vous réconforter : ‘’Pas du tout ! Swami est
l’incarnation même de la compassion et pardonnera certainement toutes tes erreurs !’’ Le
Principe qui vous guide et qui vous protège tout au long de la voie spirituelle est le Lingam
qu’est le centre de la Conscience qui entoure les sens internes et externes.
***
L’IMITATION DE KRISHNA
Dans le Bhagavatam, il est fait mention d’un ‘’Poundraka’’ qui voulut devenir une
‘’doublure’’ de Krishna et il ajouta donc à son nom le nom de Krishna, à savoir, Vasudeva.
Il se présentait sous le nom de Poundraka Vasudeva et fit fabriquer des copies de Sa
conque et de Son disque (en bois) qu’il tenait à l’aide de deux mains artificielles
supplémentaires. Il étudia le style de Krishna, quand Il portait Sa robe de soie jaune et
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suivait scrupuleusement Ses attitudes. Il imitait habilement l’allure et la gestuelle de
Krishna. Des idiots se sont rassemblés autour de lui en le prenant pour le Seigneur qu’ils
recherchaient et au bout du compte, sa folie a entraîné sa chute et son humiliation.
***
LE SEUL REFUGE DU VOLEUR
Dieu est l’incarnation de la compassion. Il guette le moindre soupçon de bonté et
d’humilité pour le récompenser avec une pléthore de grâce. Dans un temple consacré à
Shiva, le prêtre avait une bassine en argent, avec un trou à la base pour que l’eau puisse
s’égoutter continuellement. Il la remplissait d’eau, puis la suspendait au-dessus du Lingam
(l’idole de Shiva), de façon à ce que le dieu qui avait avalé le poison qui aurait détruit
l’univers puisse être quelque peu rafraîchi ! Même pendant la nuit, lorsque les portes du
sanctuaire étaient verrouillées par le prêtre qui rentrait chez lui, la bassine d’eau en argent
restait en place, aussi un voleur pénétra-t-il par effraction dans le lieu saint. Son regard
était obnubilé par l’argent, mais il ne pouvait atteindre la corde qui maintenait en place la
bassine, aussi escalada-t-il le Lingam même pour descendre son précieux butin ! Alors
même qu’il était perché sur l’idole sacrée, Shiva se manifesta dans toute Sa gloire et dit :
‘’Mon fils, J’apprécie vraiment ton renoncement et que tu reposes sur Moi tout ton
fardeau !’’ Le voleur pria pour que Shiva l’aide à atteindre l’argent, puisqu’il n’y avait ni
échelle, ni banc, ni rien d’autre sur quoi il aurait pu grimper, aussi le Lingam était-il son
seul refuge !
***
OÙ DIEU N’EST-IL PAS ?
Une fois, un guru envoya un de ses disciples dans un temple consacré à Shiva pour y
recevoir de nouvelles instructions. Dans le temple, il aperçut un homme qui se reposait au
centre du sanctuaire avec ses deux pieds qui reposaient sur le Lingam sacré ! Le pupille fut
naturellement scandalisé par l’outrecuidance de l’homme et quand il s’adressa à lui en
protestant véhémentement contre son comportement, celui-ci répondit : ‘’Je vous prie de
bien vouloir soulever mes pieds et de les poser là où il n’y a pas de Lingam.’’ Le pupille y
consentit et un Lingam apparut aussitôt sous ses pieds dans la nouvelle position et où qu’il
posât les pieds de l’homme, un Lingam apparaissait pour qu’il les repose ! Telle fut la leçon
que ce mendiant lui enseigna : Dieu est partout et vous devez aussi mériter la vision pour
Le voir.
***
SHIVA
Considérez la signification de la forme que Shiva a adoptée pour le culte que Lui rendent
les humains. Dans Son cou, il y a le poison Halahala qui peut provoquer l’holocauste et
détruire toute vie en un rien de temps. Sur Sa tête, le Gange sacré, dont les eaux peuvent
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guérir tous les maux, ici et au-delà. Sur Son front, l’œil de feu. Sur Sa tête encore, il y a la
lune fraîche et réconfortante. A Ses poignets et à Ses chevilles et sur Ses épaules et à Son
cou, Il porte des cobras mortels. Shiva vit dans les cimetières et près des ghâts
d’incinération, le Rudrabhumi, comme on l’appelle, la terre de Shiva ou de Rudra. Ce lieu
n’est pas une zone de désolation. C’est un lieu auspicieux, car tout le monde doit y finir sa
vie, que ce soit au terme de celle-ci ou de plusieurs vies supplémentaires. Shiva vous
enseigne que la mort ne peut pas être éludée ni effrayée et qu’on doit lui faire face, de bon
cœur et courageusement.
Shiva vagabonde avec un bol de mendiant. Il enseigne que le renoncement, le détachement
ou l’indifférence à l’égard de la bonne fortune ou de l’infortune sont les voies qui mènent à
Lui. Shiva est connu sous le nom de Mrutyunjaya, Celui qui conquiert la mort et Il est
également Kaamaari, Celui qui détruit le désir. Ces deux noms indiquent que celui qui
détruit le désir peut conquérir la mort, car le désir engendre l’activité, l’activité produit des
conséquences qui entraînent un attachement qui cause des renaissances et la naissance
implique la mort.
Ishwara est également symbolisé par la forme du Lingam. ‘’Lingam’’ vient de la racine
sanscrite, ‘’Li’’, ce qui signifie ‘’liyathe’’, ‘’fusionner’’. C’est la Forme dans laquelle toutes
les formes fusionnent. Shiva est le Dieu qui bénit les êtres avec le don le plus désirable et
le plus sensé dans l’univers. C’est la fin, au-delà de la mort, que l’on devrait s’efforcer
d’obtenir, la fin que Shiva peut garantir. Réaliser d’abord Dieu en vous et puis, si vous
vous impliquez dans le monde matériel, aucun mal ne pourra vous arriver, puisque vous
reconnaîtrez le monde objectif comme étant le corps de Dieu. Mais si vous essayez de vous
impliquer d’abord dans le monde objectif, alors vous ne pouvez découvrir que la
matérialité de Dieu. On ne peut orienter ses efforts spirituels que de deux manières.
Efforcez-vous de L’atteindre. Suivez les commandements de Dieu et Il sera heureux de
vous élever. Suivez la voie de l’investigation et découvrez où Il réside et réalisez-Le là.
Vous pouvez suivre une voie ou l’autre, mais parvenir jusqu’à Lui est la tâche inéluctable
de l’homme.
Shiva veut dire gracieux, propice, auspicieux, mangalam. Il est plein de grâce et toujours
propice, Sarva-mangalam. C’est la raison pour laquelle on n’ajoute pas l’épithète ‘’Sri’’ qui
indique ces qualités aux noms Shiva, Shankara, Ishwara, etc., mais on l’ajoute aux noms
des Avatars qui ont revêtu un corps périssable pour un objectif spécifique. On doit les
distinguer des autres êtres humains par cette épithète. Shiva est toujours gracieux, propice,
auspicieux, mangala, aussi l’épithète est-elle superflue. Shiva est adoré comme le Maître
des Maîtres, Dakshinamurti. La forme de Shiva est elle-même une grande leçon de
tolérance et de magnanimité.
Dans Sa gorge, Il cache le poison Halahala et Il porte sur Sa tête la lune bienfaisante à
laquelle tout le monde réserve bon accueil. C’est une leçon pour l’homme, de tenir éloigné
des autres toute tendance nocive et d’employer toutes les dispositions utiles que l’on peut
maîtriser pour leur bénéfice. Celui qui utilise ses aptitudes pour son propre progrès et ses
mauvaises dispositions pour rabaisser autrui court uniquement à sa perte.
***
120
L’ÉPREUVE
Jadis, Tyagaraja fut invité par le maharaja de Thanjavur, Sarfoji Maharaj, descendant de
Shivaji, pour être couvert de dons précieux (nidhi), mais le poète, chanteur, mystique et
saint le prit comme une tentation qui visait à l’attirer dans l’erreur. Il posa alors la
question : ces cadeaux précieux (nidhi) sont-ils plus estimables pour apporter la joie ou la
Présence divine (sannidhi) est-elle plus utile dans cette optique ? Bien entendu, la réponse
était claire et évidente. Le frère de Tyagaraja qui comptait, lui, sur le trésor que le
maharaja allait lui offrir devint ivre de colère, lorsqu’il apprit son refus de se rendre à la
cour et jeta son frère dehors et ne lui permit plus de rentrer ! Il alla même jusqu’à balancer
dans la rivière en crue les idoles qu’il vénérait et par l’entremise desquelles il avait réalisé
que Rama était le Résident intérieur de chacun.
Shivaji honora Tukaram en lui faisant don d’un magnifique palanquin et de plusieurs
coffrets remplis de joyaux, mais Tukaram dit : ‘’Rama, je ne détacherai pas mes mains de
Tes Pieds, sachant bien que Tu m’échapperas, sitôt que je relâcherai mon emprise pour
saisir autre chose que Tes Pieds Divins.’’
Alors que Tyagaraja était sur le point de rendre son dernier soupir, sa femme tenait sa tête
sur ses genoux et alors que le saint s’écriait ‘’Rama ! Rama !’’ dans une agonie extatique,
trois larmes brûlantes s’écoulèrent des yeux de sa femme sur le visage de Tyagaraja
mourant. ‘’Oh ! Je suis dans les mains de Rama, mais toi, tu es encore dans les mains de
kama (du désir) !’’, s’exclama-t-il. ‘’Sublime l’amour que tu as pour les plaisirs du monde et
les objets du monde en amour de Dieu. Ne gaspille pas même une seconde en ragots futiles
ou en creuses louanges. Incline ta tête devant Dieu en accueillant Sa volonté, quelle qu’elle
soit et tu pourras toi aussi avoir le Seigneur pour te guider et pour te protéger...’’
***
LA VICTOIRE EST ASSURÉE !
Le dernier verset de la Bhagavad Gita dit : ‘’Là où se trouve Krishna, le Yogi suprême et là
où se trouvent également Arjuna et son arc, alors la victoire de la vérité et de la justice est
assurée.’’ Ce verset n’assurait pas seulement la victoire quand l’Arjuna du Mahabharata
maniait l’arc en présence de Krishna. Chacun d’entre vous peut être un Arjuna, tendre
l’arc et remporter la victoire, puisque l’arc n’est que le symbole du courage et de la foi,
d’une grande résolution et d’une action intrépide. Et comment pouvez-vous devenir un
Arjuna ? Arjuna veut dire blanc, pur, immaculé, sans souillure. Dès que vous devenez ainsi
et que vous bandez l’arc (les Upanishads disent qu’Om, le Pranava est la flèche et que
Dieu est la cible), Krishna est là, en Présence, car Il est partout à chaque instant. Il est
inutile de L’inviter ni de L’installer. Il répondra à partir de votre cœur même.
***
121
PAS LE TEMPS DE PRIER ?
Il y avait un ménage issu de la classe moyenne dans une petite ville où la femme implorait
quotidiennement son mari de passer un peu de temps en prière et à vénérer Dieu, mais le
mari refusait de céder, car, disait-il, il n’avait pas le temps pour ce genre de loisirs auxquels
on s’occupe le mieux pendant la vieillesse, lorsque le processus de gagner sa vie et dépenser
décline naturellement et lorsqu’il y aura amplement le temps pour cela. La dame pieuse ne
put retirer aucun réconfort ni aucune consolation de cette réponse. Elle ne pouvait
qu’attendre une opportunité plus propice, quand ses conseils tomberaient dans des oreilles
réceptives…
Sur ces entrefaites, une grave maladie affecta le mari qui dut garder le lit pendant quelques
semaines. Le docteur lui prescrivit de prendre des médicaments trois fois par jour et
l’épouse prit sur elle la tâche de lui administrer les médicaments qu’elle conserva, sans
toutefois lui en donner un seul !
Son intransigeance contraria le mari qui réclamait ses médicaments, mais sa résolution
était ferme et en réponse à sa question de savoir si elle complotait pour le tuer, elle dit :
‘’Attends, attends donc un peu ! Pourquoi te presser pour prendre ces médicaments ?
Laisse le temps à la maladie de devenir plus grave ! Pourquoi toute cette hâte ? A ton aise,
tu as réellement tout ton temps, comme tu l’as dit quand je voulais que tu pries et que tu
pratiques namasmarana !’’ Le mari comprit enfin que son opposition et sa résistance étaient
stupides et vaines, aussi amenda-t-il ses habitudes et se guérit-il des deux types de maladie.
***
LE CONCOURS DE BANANES
Deux jeunes gens qui étudiaient dans le même collège se lancèrent mutuellement un défi :
qui pourrait manger le plus rapidement un nombre déterminé de bananes. Ils choisirent
des arbitres impartiaux et firent face aux régimes de bananes.
Un des jeunes gens pensait que s’il mangeait d’abord les peaux, le fruit tendre et sucré à
l’intérieur ne pourrait pas constituer un problème par la suite, tandis que l’autre était d’avis
qu’une fois que les parties tendres seraient vite avalées, il aurait alors suffisamment de
temps pour mâcher les peaux.
Après en avoir terminé avec les peaux, le premier n’avait plus assez d’estomac pour
engloutir l’intérieur des bananes, car il était trop plein ! L’autre homme dut lui aussi
s’arrêter après en avoir terminé avec la chair douce et sucrée à l’intérieur, n’ayant plus de
place pour les peaux. Tous deux échouèrent dans leur concours, mais quelle différence en
matière d’expérience !
Le premier goûta une overdose d’âpreté et le second, une overdose de douceur ! La plupart
des gens ne se résolvent à faire l’expérience de Dieu et de pieuses fréquentations qu’après
avoir parcouru la majorité de leur vie, ainsi avalent-ils des peaux de banane et ils n’ont
122
plus aucun appétit pour leur chair. La première place doit être accordée à Dieu et alors, la
joie et la paix seront votre lot.
***
LE MOINE ET LES CHASSEURS
Jadis, il y eut un moine qui décida de faire deux vœux comme premiers pas dans sa
pratique ascétique : premièrement, ne nuire à aucune créature vivante et deuxièmement,
ne pas mentir. Alors qu’il était occupé à méditer sous un arbre dans une jungle épaisse en
invoquant l’aide de Dieu pour qu’Il le confirme dans ses deux vœux, il aperçut un
magnifique cerf qui s’enfuyait, apeuré, à cause des chasseurs, et qui se réfugia sous une
charmille derrière son ermitage. Des chasseurs arrivèrent quelques secondes plus tard et
lui demandèrent s’il n’avait pas vu passer le cerf. Le pauvre moine était bien embêté. En
effet, s’il leur disait qu’il l’avait vu entrer sous la charmille, alors ils l’attraperaient et le
tueraient et ceci allait à l’encontre de son premier vœu et s’il leur disait qu’il ignorait
l’endroit où il se trouvait, ceci allait à l’encontre de son deuxième vœu. Il évita alors de
rompre ses deux vœux très habilement en disant : ‘’L’œil qui voit ne peut parler et la
langue qui parle ne peut voir. Je ne puis contraindre l’œil à parler ni la langue à voir.’’ Les
chasseurs s’éloignèrent tranquillement, le cerf fut sauvé et le moine n’avait pas menti !
***
LE CARACTÈRE ÉPHÉMÈRE DU CHARME PHYSIQUE
Un certain maharaja n’avait qu’un seul fils qui était devenu fort et bien bâti. Alors qu’il
avait environ 22 ans, le père évoqua avec lui la question du mariage. Le prince souhaitait
que son père lui permette de choisir sa fiancée parmi tous ses sujets et le maharaja y
consentit volontiers. Un jour, alors que le prince traversait un pont à cheval, il aperçut une
demoiselle qui descendait dans la rivière pour s’y baigner et il tomba immédiatement
follement amoureux de cette incarnation de la Beauté. C’était la fille d’un vaisya, un riche
marchand de la ville et elle était très religieuse, versée dans toutes les Ecritures saintes et
très réticente à l’égard de complications matérielles et mondaines, comme le mariage.
Quand des courtisans du palais vinrent trouver le marchand et lui demandèrent de
consentir au mariage de sa fille avec le prince, ils furent stupéfaits par le manque
d’enthousiasme du père qui considérait qu’étant un vaisya, il ne devrait avoir qu’un vaisya
comme beau-fils et sa fille compliqua encore les choses en affirmant qu’elle ne voulait pas
du tout se marier ! En conséquence, le palais menaça alors le père et la fille d’un châtiment
sévère.
Finalement, la fille conçut un plan pour échapper au châtiment et dit à son père d’avertir
les officiels du palais qu’elle aimerait rencontrer le prince d’ici huit jours et que si le prince
voulait toujours l’épouser, elle y consentirait. Puis quotidiennement, elle avala de
puissants purgatifs et recueillit chaque jour ses excréments dans un récipient distinct. Huit
jours plus tard, elle fut conduite chez le prince dans un palanquin royal et elle emmena
avec elle les huit récipients – bien recouverts – et insista pour qu’on apporte ceux-ci dans la
salle d’audience où elle devait rencontrer le prince. Personne ne savait ce qu’ils
123
contenaient. Le prince reçut le choc de sa vie, lorsqu’il aperçut devant lui la fille qui
ressemblait maintenant à un spectre blafard avec des joues creusées et des yeux enfoncés et
il lui demanda : ‘’Mais qu’est-il advenu de cette beauté ?’’ Et elle désigna les huit récipients
remplis d’excréments ! Il est inutile d’ajouter que le prince ne réitéra pas sa proposition de
mariage et que la fille était heureuse de lui avoir donné une bonne leçon sur le caractère
éphémère et évanescent du charme physique…
***
SUGRIVA ET VALI
A Puttaparthi, dans une pièce de théâtre de village, le rôle de Vali fut attribué au fils d’un
homme riche et celui de Sugriva au fils d’un pauvre. Vali protesta alors qu’il ne mourrait
pas au combat contre le fils d’un pauvre et insista pour que Rama devienne ami avec lui et
tue plutôt Sugriva ! On ne peut pas changer l’histoire pour que celle-ci s’adapte à vos
caprices et à vos fantaisies ! Si la pièce dit que Vali doit mourir, alors celui à qui le rôle a
été attribué devrait mourir de manière appropriée, comme Rama l’a décidé.
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RAMA ET LA GRENOUILLE
Alors que Rama, Sita et Lakshmana parcouraient les collines et les vallées de
Dandakaranya, Rama s’approcha un jour de la rive d’un lac bleu et limpide. Au bord du
lac, Rama marcha sur une petite grenouille qui endura une grande douleur, mais qui resta
muette. Rama éprouva de la compassion à l’égard de la créature et demanda à la grenouille
pourquoi elle n’avait pas crié en signe de protestation. La grenouille répondit : ‘’Chaque
fois que j’entre en eau trouble ou que je m’inquiète par rapport à mes ennemis, je crie
‘’Rama, Rama !’’, mais quand c’est Rama Lui-même qui m’inflige une douleur, qui devraisje alors implorer ?’’
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LA VACHE !
Une femme se rendit à la foire du village pour y acheter une vache et parcourut les longues
allées où était aligné le bétail mis en vente, mais ne put trouver la vache qu’elle
recherchait. Car elle voulait une vache qui n’avait pas de cornes et qui soit docile ; elle
devrait en outre avoir une génisse, manger très peu d’herbe, produire du lait en abondance,
fournir une bonne quantité de bouse de couleur noire-verdâtre pour couvrir le sol de sa
hutte et elle devrait être de la couleur sacrée kapila (brun, rougeâtre ou fauve). Pas
étonnant qu’elle s’en soit retournée, déçue !
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LÉGITIMEMENT GAGNÉ
Une fois, un poète demanda l’aide de l’empereur et quand celui-ci lui offrit une bourse, il
la refusa en disant : ‘’Vous devez me donner quelque chose que vous avez gagné à la sueur
de votre front et pas quelque chose que vous vous êtes approprié par le biais du labeur des
autres…’’ L’empereur apprécia l’argument et lui demanda de revenir le lendemain. Quand
il se représenta le lendemain matin, comme il avait été invité à le faire, Bhoja lui remit 16
pièces de cuivre qu’il avait lui-même gagnées chez un forgeron en maniant le marteau pour
battre le fer rouge. Le poète tendit la main pour les recevoir et les pièces furent données,
mais, ô merveille, c’était à présent des pièces d’or, et plus de cuivre. Le labeur du roi les
avait transformées en or pur. On ne doit donner que ce que l’on a légitimement gagné.
Alors, le dehi (Résident intérieur du corps) donne sans deha (conscience du corps).
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AVIDITÉ MORTELLE
Une personne possédait une cinquantaine d’hectares dans le sud, mais aspirait à au moins
dix fois plus, aussi prospecta-t-elle dans toutes les directions à la recherche d’une région où
elle pourrait trouver de vastes zones de terres non cultivées, mais cultivables. Pour finir,
elle arriva dans un royaume himalayen où le roi lui offrit volontiers de lui céder toute la
terre à laquelle elle aspirait : la seule limite qu’il mettait serait son endurance. Il dit à
l’homme que celui-ci devrait marcher sans traîner et qu’il devrait revenir à son point de
départ avant le coucher du soleil et que toute la terre délimitée par la voie que ses pas
auraient tracée, de son point de départ jusqu’à l’arrivée, lui appartiendrait. Telle était
l’offre généreuse du roi. L’avide colon attendit nerveusement les premiers rayons du soleil
levant, puis entreprit un très vaste périple, courant même, jusqu’à ce que le soir tombe et il
était tellement épuisé à l’approche de son point de départ qu’à un petit mètre à peine de
l’arrivée, il s’écroula, mort ! Son cœur avait lâché. Il l’avait surchargé dans sa course folle
pour s’approprier autant d’hectares que possible avant que le soleil se couche…
***
LA COURSE AUTOUR DU MONDE
Honorez vos parents pour que vos enfants apprennent à vous honorer. Il y a une belle
histoire dans les Puranas à ce sujet. Une fois, les Parents divins, Shiva et Parvati,
lancèrent un défi à leurs deux fils, Ganapati et Subrahmanya : ceux-ci devraient faire le
tour du monde et revenir, et le plus rapide remporterait le prix. Subrahmanya prit un
départ canon et filait par monts et par vaux, mais Ganapati fit tranquillement le tour de
ses Parents…et remporta le prix ! Il dit que ses Parents étaient le monde et sa déclaration
fut acceptée comme étant parfaitement exacte. Ganapati fut intronisé comme la déité qui
supervise l’acquisition de la sagesse et qui sauve tous les aspirants des obstacles qui
parsèment leur chemin. La morale de cette histoire, c’est qu’il faut prêter attention à ses
parents et leur obéir. C’est cela le Pitryajna réel.
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L’IGNORANCE DE L’HOMME
Une fois, un riche marchand se rendit dans un lieu saint pour assister à une fête. Un
voleur l’y suivit dans le but de lui subtiliser sa bourse et il se présenta à lui sous
l’apparence d’un compagnon de route qui se rendait dans ce même lieu saint pour
participer à la fête. Ils s’arrêtèrent tous les deux pour la nuit dans une auberge pour
pèlerins. Quand tout le monde fut profondément endormi, le voleur qui avait veillé
jusque-là se releva et se mit à fouiller partout pour mettre la main sur la bourse du
marchand, mais il échoua lamentablement malgré des recherches minutieuses. Quand le
jour se leva, il dit alors au marchand sur un ton amical : ‘’Il y a des voleurs ici…J’espère
que vous avez bien pris soin de votre bourse !’’ Et le marchand répondit : ‘’Mais
certainement ! Cette nuit-ci, je l’avais cachée précisément sous votre oreiller. Voyez
comment elle était en sécurité !’’ Et il la retira vite de l’endroit où elle se trouvait
encore…Dieu est comme ce marchand : Il a caché la bourse qui contient Atmajnana (la
connaissance du Soi), Atmashakti (la force du Soi) ainsi qu’un bonheur pur et parfait dans
la Conscience de l’homme – qui l’ignore et qui cherche partout ailleurs pour le trouver !
***
LA MAGIE DE KRISHNA
Quand Krishna apparut une fois d’un côté, une autre fois de l’autre côté et parfois tout
autour de lui, Kamsa dédaigna Krishna et dit : ‘’Hé toi, Krishna, arrête donc un peu avec
tes trucs de magie !’’ Et il ne s’arrêta pas là et fanfaronna : ‘’Face à ma puissante carrure,
que représente la force de ta magie ? Rien qu’une goutte d’eau !’’ Quand ce même Krishna,
alors un garçonnet de sept ans, bondit sur lui, le précipita au sol et lui tordit le cou dans
une prise mortelle après s’être assis sur sa poitrine, Kamsa gémit pitoyablement :
‘’Aaaaarggghh ! Je meurs !’’ Et Krishna répondit alors : ‘’Pouce ! C’est magique, magique,
seulement magique !’’
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DIEU DIT-IL LA VÉRITÉ ?
Dieu dit à un certain sannyasin : ‘’Ne te tracasse pas, Je suis toujours derrière toi !’’ Un jour,
le sannyasin voulut tester pour voir si Dieu disait la vérité et donc, en proie au doute, il
tourna rapidement la tête…et ne vit pas Dieu. Il demanda alors à Dieu pourquoi Il n’était
pas là et Dieu dit : ‘’Au moment même où tu as tourné la tête, J’ai bougé (à l’arrière de ta
tête) et naturellement, tu n’as pas pu Me voir !’’ Dieu est la vérité ; la vérité est Sa nature.
La vérité est Son signe, Son souffle.
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LA GRATITUDE DE LA FOURMI
Une fourmi était prisonnière d’une feuille sèche emportée par une rivière en crue et dans
son petit cœur, elle en appela à Dieu pour qu’Il vienne à son secours. Dieu incita alors un
milan qui survolait la rivière à plonger, puis à remonter avec la feuille dans son bec, car Il
fit en sorte que l’oiseau la prenne pour un poisson ou pour une grenouille ! L’oiseau fut
amèrement déçu, mais la fourmi se réjouit de pouvoir atterrir sur le sol dur !
‘’C’est Dieu qui est venu sous la forme de ce milan pour me secourir’’, sentit-elle, ‘’et je
dois être reconnaissante à l’égard de cet oiseau, de tous les oiseaux’’, résolut-elle. Un jour,
alors qu’elle effectua sa tournée matinale, elle aperçut un chasseur qui était sur le point de
décocher une flèche à un oiseau et s’étant rappelé comment sa propre vie avait été sauvée
par un oiseau, elle mordit le talon du chasseur qui allait tirer une flèche mortelle et son but
échoua. L’oiseau s’envola et fut sauvé. La fourmi avait payé sa dette.
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VISWAMITRA ET VASISHTA
Viswamitra était contrarié qu’en dépit d’années d’ascétisme, son grand rival, Vasishta ne
s’adressait à lui qu’en tant que ‘’rajarshi’’ et non pas par l’appellation tant convoitée de
‘’brahmarshi’’, aussi se tapit-il subrepticement derrière le siège de Vasishta par une nuit de
pleine lune, alors qu’il enseignait à un groupe de disciples, bien déterminé à le tuer avec
l’épée acérée qu’il portait. Il s’assit donc incognito au milieu des buissons pendant un
moment pour écouter ce que leur disait Vasishta. Et quelle ne fut pas sa surprise, quand il
entendit Vasishta décrire ce joli clair de lune en le comparant au cœur de Viswamitra,
frais, lumineux, curatif, céleste, généreux et agréable à tous. Il lâcha alors son épée et
courut se prosterner aux pieds de son rival en s’accrochant à ses pieds. Vasishta reconnut
Viswamitra et s’adressa à lui en ces termes : ‘’Ô brahmarshi, levez-vous !, et il le releva
pour l’installer sur son propre siège. Vasishta expliqua encore qu’il ne pouvait être appelé
‘’brahmarshi’’ tant que l’ego subsistait en lui. Quand cette enflure disparut de son esprit et
quand il tomba aux pieds de son rival, il eut légitimement droit à l’honneur qu’il ne
convoitait plus et qu’il méritait ainsi.
***
LA FIN D’UN RÊVE
Un colporteur portait sur sa tête un panier rempli de bouteilles vides en se rendant au
bazar. Il espérait vendre le tout pour un profit d’une dizaine de roupies et calcula qu’au
bout de dix jours, ses gains se monteraient à une centaine de roupies et avec cette somme,
il prévoyait de passer à des affaires plus lucratives et il s’imagina pouvoir gagner cent mille
roupies en quelques mois et construire un bungalow avec un magnifique jardin entretenu
par un régiment de serviteurs s’affairant autour de la maison...Là, il se voyait installé dans
un fauteuil de jardin au beau milieu de toute la verdure, jouant avec ses petits-enfants. Il
était captivé par cette scène charmante, quand tout à coup, il aperçut parmi ses petits127
enfants le gamin de l’un des serviteurs et cette intrusion, somme toute inconsidérée, l’irrita
au plus au point. Prenant son rêve pour la réalité, il tenta alors d’attraper l’enfant pour le
renvoyer et patatras, le panier de bouteilles tomba et celles-ci se brisèrent sur la route et
son espoir de même gagner dix roupies s’envola ! Ce fut la fin d’un rêve construit sur la
base branlante et instable de l’avidité.
***
UNE COOPÉRATION FRUCTUEUSE
En marchant le long d’une route, un homme repère un fruit mûr sur un arbre. En pensée, il
aspire à manger le fruit, mais cela ne suffit pas à assouvir sa faim. Ses pieds le rapprochent
alors de l’arbre, mais cela n’est pas encore suffisant. Sa main ramasse une pierre et à l’aide
d’un mouvement d’épaule, il la propulse en direction du fruit qui tombe par terre, mais ce
n’est pas la fin de l’histoire. Le fruit doit encore être ramassé, puis mis en bouche, les dents
doivent le croquer et bien le mastiquer et la langue se chargera d’effectuer le transfert en
direction de l’estomac. La première partie de l’opération est ainsi terminée, mais ce n’est
pas encore la fin de l’histoire. Puisque tant d’instruments ont collaboré pour cet
accomplissement, chacun mérite de la reconnaissance et donc, l’estomac envoie de la force
et de la satisfaction à tous les membres qui ont pris part à l’aventure de se procurer le fruit
et de le manger – les yeux, les pieds, les mains, les doigts, les épaules, la langue, les dents,
l’œsophage, etc. Personne ne sera oublié, ni négligé.
***
À VOMIR DEBOUT !
Une personne crut voir par le creux de ses mains l’ombre d’un lézard en pratiquant ses
ablutions rituelles dans le fleuve et elle avala un peu d’eau bénite sans être bien sûre qu’elle
n’avait pas avalé avec le petit lézard. Par la suite, la peur d’avoir avalé une bestiole
venimeuse l’envahit et elle développa tous les symptômes d’un empoisonnement jusqu’à
ce qu’un homme avisé n’arrive et qu’après avoir attrapé un lézard, il ne le plonge dans le
vomi de l’infortunée victime. Quand le malheureux vit le lézard qui était apparemment
sorti de son estomac, il fut tout heureux et il se rétablit ! L’humanité souffre elle aussi
d’une illusion similaire et s’imagine affligée par quelque chose qui est purement la création
de sa propre ignorance…
***
L’INCERTITUDE DU LENDEMAIN
Tant que la vie dure, utilisez chaque instant pour pratiquer la sadhana qui vous conduira à
Dieu. Un jour, un pauvre brahmane se présenta à la cour de Dharmaraja, l’aîné des
Pandavas, et mendia quelques moyens financiers pour célébrer le mariage de sa fille.
Dharmaraja promit de lui donner tout ce dont il avait besoin, mais lui demanda de revenir
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le lendemain. Sur ce, Bhima se réjouit et ordonna que l’on célèbre l’événement avec des
battements de tambour et que l’on hisse le drapeau dans tout le royaume. Quand le roi
demanda la raison de cette brusque manifestation de joie, Bhima répondit : ‘’Tu viens juste
d’annoncer que tu vivrais un jour de plus ! N’est-ce pas là une cause de joie suffisante,
alors que tout le monde n’est même pas sûr du prochain moment ?’’
***
LES DONS DE DIEU
Cette vie vous a été offerte pour rechercher Dieu : vous avez reçu des yeux et la vue pour
vous aider à voir le Suprême, la divinité omnipotente ; vous avez reçu des jambes pour
vous rendre au temple de Dieu ; vous avez reçu des mains pour accomplir la puja avec des
fleurs pour le Seigneur ; vous avez reçu l’intelligence pour réaliser que tout ce qui vous
entoure est un phénomène très temporaire et passager ; vous avez reçu une bouche pour
chanter la gloire du Seigneur ; vous avez reçu des oreilles pour écouter des chants qui
célèbrent la gloire de Dieu ; vous avez reçu un corps humain pour faire du bien aux autres
êtres humains. Vous devriez mettre en pratique les principes et les codes de conduite et
abandonner votre ego aux Pieds de Lotus de Dieu qui réside dans votre cœur.
***
LE DÉVOUEMENT ET LA FOI DE PUNDALEEK
Un jour, Pundaleek, un grand dévot de Panduranga, était en train de masser les pieds de sa
mère, quand Panduranga, la Forme de Dieu qu’il avait installée dans son cœur et sur son
autel apparut dans toute sa splendeur devant lui ! Quelle tentation de laisser en plan le
service rendu à sa mère pour se précipiter aux Pieds de son Dieu ! Mais Pundaleeka dit :
‘’Je Vous prie d’attendre quelques instants ; je termine ce service et puis, je Vous rendrai
hommage.’’ Il lança alors une brique à Panduranga pour qu’Il s’y tienne, car c’est la
première étape dans l’hospitalité – offrir un siège à l’invité.
Le guru de Pundaleeka, Kabir, lui avait dit que l’on doit rendre service à sa mère pour
gagner la grâce de Dieu, mais même alors, il ne renonça pas à la servir au beau milieu. Tels
étaient son dévouement et sa foi.
***
LE CHOIX LE PLUS LOUABLE
Le Yaksha de l’arbre avait empêché les cinq frères Pandavas de boire l’eau du lac en
dessous de lui, car il leur posa des questions à chacun d’eux et comme ils ne purent y
répondre de manière satisfaisante, quatre d’entre eux périrent ! Dharmaraja, l’aîné, vint en
dernier et lui put répondre correctement aux questions, aussi le Yaksha dit : ‘’Bien ! Vous
pouvez maintenant réveiller un de vos quatre frères qui sont morts.’’ Dharmaraja était
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confronté là au plus dur de tous les problèmes, mais il ne lui fallut pas longtemps pour
opérer son choix. Il ne réveilla ni Bhima, ni Arjuna, même si ceux-ci étaient pour lui
comme ses deux bras, mais il choisit Nakula. Le Yaksha lui demanda pourquoi il avait
opéré ce choix et il dit : ‘’Moi, Bhima et Arjuna, nous sommes les fils de Kunti, et Nakula
et Sahadeva sont les fils de ma belle-mère, Madri. Ma mère m’a moi, encore en vie, aussi
ai-je voulu que ma belle-mère ait elle aussi un fils en vie et donc, j’ai choisi un de ses fils.’’
Quel cœur noble il avait ! Le Yaksha fut si content d’entendre cela qu’il les ressuscita tous
les quatre.
***
DUALISME ET NON-DUALISME
Jadis, il y eut une grosse discussion entre un dualiste et un non-dualiste. Le non-dualiste
affirma que l’individu n’était pas réellement un individu, mais qu’il était réellement divin,
que l’individu était Dieu et que tout était Dieu. Le dualiste ne put l’accepter, même si le
non-dualiste fit référence à de nombreuses paroles des Vedas pour en attester. Le dualiste
aborda alors un dhobi qui passait sur la route et il lui demanda : ‘’Bonjour ! Dites-nous qui
vous êtes ! Etes-vous Dieu ?’’ Cette suggestion effraya même le dhobi qui répondit : ‘’Non,
je suis seulement moi.’’ Alors, le dualiste dit : ‘’Vous avez entendu ? Même l’homme de la
rue sait qu’il n’est pas Dieu et qu’il n’est qu’un simple individu !’’ Le non-dualiste
répliqua : ‘’Non, il a dit qu’il était lui et tout le monde, depuis l’empereur jusqu’à l’homme
de la rue dit : ‘’Je suis moi’’ et ce Soi est le reflet de Dieu dans le corps de l’individu.’’
***
À QUOI S’EN TENIR ?
Un pèlerin qui se rendait dans un sanctuaire situé dans une forêt fut rattrapé par la nuit et
incapable de voir son chemin, il tomba dans un puits. Par chance, en tombant, il parvint à
s’accrocher aux racines d’un arbre qui pendaient à côté du puits. Au petit matin, un sadhu
passa à proximité du puits en chantant le Nom de Dieu, alors le pèlerin cria et quand il se
rendit compte de la situation du pauvre homme, le sadhu laissa pendre le bout d’une corde
solide de manière à pouvoir le hisser et le sauver. Le pèlerin était maintenant dans un
dilemme : devrait-il rester accroché aux racines ou saisir la corde ? Bien entendu, c’était
stupide. Il fallait s’accrocher aux racines jusqu’à ce que la corde soit là ! Pareillement,
quand Dieu est réalisé, tout karma doit tomber.
***
ON NE MARCHANDE PAS AVEC LE DIEU DE LA MORT !
Un marchand qui avait très peur de la mort rendit un culte au dieu de la mort, Yama,
durant de nombreuses années en lui offrant une puja très élaborée. Yama était satisfait de
cette attention particulière et de la vénération qu’il lui témoignait et lui promit qu’il ne
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fondrait pas sur lui inopinément et qu’il lui donnerait des signes avant-coureurs, de
manière à ce qu’il puisse mettre ses affaires en ordre avant de quitter ce monde. Lorsqu’au
bout du compte, sa fin arriva et qu’il fut sur le point de mourir, il s’emporta contre Yama
et dans sa colère, il accusa Yama de mensonge, d’ingratitude et de duperie et prétendit
qu’il ne lui avait donné aucun signe avant-coureur. Yama dit alors : ‘’Ah non ? Je t’ai
envoyé non pas un, mais quatre signes avant-coureurs et largement à l’avance !’’ Le
marchand rétorqua qu’il n’en n’avait reçu aucun, mais Yama dit : ‘’Tes cheveux sont
devenus gris ! Ce fut le premier signe avant-coureur, mais tu les as teints et tu as oublié
cette leçon. Puis tu es devenu chauve, mais tu as mis une perruque en minimisant cet
avertissement. Ensuite, toutes tes dents sont tombées, mais tu as mis un dentier en
prétendant que j’étais bien loin. Et le quatrième signe avant-coureur, ce sont toutes ces
rides partout sur ta peau. Là encore, tu n’as prêté aucune attention à cet avertissement.’’
Ainsi, Yama avait bien tenu sa promesse.
***
LE DEVOIR DE L’EMPEREUR OU LES LAMENTATIONS
DU PÈRE ?
Tandis que Rama, Sita et Lakshmana s’éloignaient en direction de la forêt, obéissant à la
parole donnée de Dasaratha, Dasaratha arriva dans un autre char derrière eux et cria,
affligé par la douleur due à leur départ : ‘’Arrêtez ! Arrêtez ! Revenez !’’ Mais Rama dit au
conducteur du char, Sumanthra, le ministre attaché à la cour de Dasaratha : ‘’Ne vous
arrêtez pas ! Allez plus vite !’’ Sumanthra argua alors qu’il était un fonctionnaire qui
devait obéir à l’empereur et qu’il pourrait être puni pour lui avoir désobéi, mais.. Rama lui
dit : ‘’Vous lui direz que vous n’avez pas entendu ses ordres.’’ ‘’Mais ce serait mentir !’’, dit
Sumanthra. ‘’Non, car il vous a demandé de nous emmener loin d’Ayodhya dans ce char,
en tant qu’empereur et maintenant, il vous demande de vous arrêter, non pas en tant
qu’empereur, mais en tant que père accablé par la douleur. Bien entendu, vous devez
écouter les ordres de l’empereur et vous n’avez ni le droit, ni le devoir d’écouter des pères
chagrinés qui veulent revoir leurs fils.’’ C’est ainsi que Rama enseigna à Sumanthra le vrai
dharma. Un homme accablé par le chagrin ne peut pas estimer correctement ce qui est juste
et ce qui ne l’est pas.
***
IL EST TEMPS D’OUVRIR LES YEUX !
On raconte que la mère chatte transporte ses chatons nouveau-nés qui ont toujours les
yeux fermés de foyer en foyer et qu’elle les dépose dans sept foyers différents. Quand ils
atteignent la septième maison, les chatons ouvrent les yeux et peuvent bien voir et
clairement. L’homme change de foyer à chaque naissance, mais ses yeux ne s’ouvrent pas à
la vérité de Dieu, même après avoir changé de foyer (de vie) à de multiples reprises…
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LE TRÉSOR DU RENONÇANT
Un jour, alors que Swami Vivekananda circulait dans la ville de Calcutta, une personne
vêtue aristocratiquement l’aborda et lui demanda : ‘’Pourquoi portez-vous cette robe ocre ?
Peut-être voulez-vous afficher que vous avez renoncé au monde et à tous les désirs et une
telle exhibition est un signe d’ego…’’ Swami Vivekananda éclata de rire et dit : ‘’Cher ami,
je n’entretiens pas de telles idées. Je la porte, car en voyant que je suis un sannyasin sans
argent, nul mendiant ne s’approchera de moi et ne m’importunera. Je peux circuler à mon
aise sans être harcelé. Je possède des trésors spirituels, mais pas d’argent liquide et quand
les gens me les réclament, alors je les donne.’’
***
LA MORT ET LA RÉSURRECTION D’ARJUNA
Quand Babhruvahana, le fils d’Arjuna, captura le cheval qui devait être sacrifié
cérémoniellement lors de l’aswamedha que les Pandavas devaient célébrer, il ignorait que
c’était son père qui était venu récupérer le cheval. Quand il sut que c’était Arjuna qui était
venu, il s’avança et il tomba à ses pieds. Quand sa mère apprit cette soumission tranquille,
une telle lâcheté la mit en rage. ‘’Etant un kshatriya, comment as-tu pu céder le cheval que
tu avais toi-même capturé, sans combattre ? Même si c’est ton père, qu’il le gagne sur le
champ de bataille !’’, dit-elle. C’est ainsi qu’un combat eut bien lieu entre père et fils et
croyez-le ou non, Arjuna s’écroula, mort, quand les flèches de Babhruvahana
transpercèrent sa poitrine.
Le fils se lamenta de son destin et se mit à pleurer bruyamment à cause de la calamité qu’il
avait infligée à sa mère et au monde. C’est à ce moment-là qu’Ulupi, une princesse naga
des mondes souterrains apparut et réconforta Babhruvahana et les autres. Elle leur raconta
la véritable histoire qui se cachait derrière cet épisode et qui indiquait que c’était Arjuna
lui-même qui avait prié pour avoir une telle fin. Pendant la bataille de Kurukshetra,
Arjuna avait lancé sur Bhishma le Brahmastra, la plus mortelle de toutes les armes létales,
ce qui avait entraîné sa mort. Mais au lieu de se réjouir de la mort du puissant général de
l’armée des Kauravas, Arjuna fut envahi par le remord. Après la mort de leur père, Pandu,
Bhishma avait élevé les frères Pandavas avec beaucoup d’amour et d’attention, alors qu’ils
n’étaient encore que des enfants. C’était leur grand-père à tous ! Maintenant qu’il avait luimême provoqué sa mort, Arjuna se maudit pour avoir fait cela : ‘’Que je périsse, tué par
mon propre fils en guise de compensation pour mon acte ingrat !’’ Ulupi décrivit cette
histoire contextuelle et ressuscita rapidement Arjuna à l’aide des mystérieux pouvoirs
qu’elle avait accumulés dans le monde souterrain. Chaque épisode qui paraît absurde ou
merveilleux, inexplicable ou impossible et qui est mentionné dans les Puranas possède un
sens et une signification très profonds.
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TANSEN ET HARIDAS
Akbar était heureux à chaque fois que Tansen, le musicien de la cour, chantait. Tansen
était le plus grand musicien de l’époque. Lorsqu’il chantait le raga Meghamala, les nuages
devenaient plus denses dans le ciel ; lorsqu’il chantait le raga Varuna, des averses de pluie
tombaient ; et lorsqu’il chantait le Nagaswara, les serpents se rassemblaient. Akbar était
très fier d’avoir à sa cour un musicien d’une telle éminence.
Mais un jour, alors qu’il priait, il entendit la musique lointaine d’Haridas, un musicien
errant, un mendiant qui chantait sur l’air d’un instrument à une seule corde et Akbar fut
ravi, enchanté et profondément ému.
Il demanda à Tansen pourquoi ce chant lui plaisait plus que tous les chants que Tansen
chantait à la cour. Tansen répondit : ‘’Seigneur ! Moi je chante en regardant votre visage
pour déceler le moindre signe d’appréciation dans l’espoir que vous me donnerez quelques
joyaux ou quelques hectares de terrain, tandis que lui chante en contemplant le visage de
Dieu sans convoiter ni la richesse matérielle, ni aucune ambition pour des biens terrestres.
Voilà la différence.
***
LE SAINT ANTI GASPI
Lorsqu’il prenait ses repas, Thiruvalluvar, le saint tamoul renommé qui a écrit l’œuvre
immortelle, ‘’Kural’’, avait coutume de garder près de lui une aiguille et une petite tasse
remplie d’eau. Une fois, son hôte lui demanda pourquoi il insistait pour avoir ces deux
choses placées à côté de son plateau et il répondit : ‘’On ne devrait pas gaspiller la
nourriture. Même un grain est précieux. Il arrive parfois que des grains de riz ou que des
petits morceaux de légumes tombent du plateau pendant que je mange et alors, je les
ramasse à l’aide de cette aiguille, puis je les secoue dans l’eau pour les laver et je les
mange.’’ Quelle grande leçon pour ceux et celles qui gaspillent plus qu’ils ne
consomment !’’
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MALICIEUSE KALI !
Il y avait un poète à la cour de l’empereur de Vijayanagar qui s’appelait Lingapurana
Sooranna, car il était expert dans l’exposition du Linga Purana. Ce poète jalousait Tenali
Ramakrishna, un autre poète de la cour aux talents nettement supérieurs. Un jour,
Sooranna était chez lui en train de composer un pamphlet contre Tenali Ramakrishna
dans un style assez grivois. Il en était au milieu de sa composition, quand il reçut un appel
de l’empereur, aussi laissa-t-il son manuscrit sur la table et il se hâta de se rendre au palais.
C’est alors que Kali, la déesse qui était la déité protectrice de Ramakrishna lui apparut et
lui demanda de se rendre chez Sooranna et de terminer lui-même le pamphlet ! Ce qu’il fit
et quand Sooranna rentra chez lui, il fut consterné de voir que le pamphlet était une
attaque contre lui-même et sa jalousie basse et vulgaire à l’encontre d’autres personnes qui
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avaient beaucoup plus de talent poétique. La divinité ne peut pas tolérer que des esprits
envieux et malveillants salissent de vrais fidèles.
***
LE BEAU-FILS QUI S’INCRUSTE…
Un beau-fils orgueilleux et avide se rendit chez sa belle-mère qui était très pauvre et qui
gérait difficilement son ménage. Néanmoins, elle fit preuve à son égard d’une hospitalité
qui dépassait de loin ses moyens en empruntant à gauche et à droite. Le garçon s’incrustait
et ne montrait aucune intention de partir. Le nombre et la variété des plats servis au
déjeuner et au dîner diminua de plus en plus, mais il n’avait toujours pas l’intention de s’en
aller. Elle tenta alors un peu de philosophie védantique et le sermonna sur le caractère
éphémère des joies physiques et le caractère insignifiant des satisfactions sensuelles, etc.,
mais l’homme réagit d’une manière diamétralement opposée et il dit : ‘’Chère BelleMaman ! Moi, j’ai un autre point de vue que vous ne pouvez pas changer par le Védanta !
Je sais que même les dieux proclament par leurs actions que la demeure de la belle-mère
est plus sûre et plus désirable que celle en propre. Shiva vit dans les Himalayas et Son
épouse est la fille des Himalayas et Vishnou repose sur l’Océan de lait où est née
Lakshmi.’’ Pour finir, la belle-mère dut recourir à des mesures désespérées. Elle verrouilla
tranquillement la maison pendant que l’homme était dehors et elle se retira dans un autre
village.
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LES YEUX ET LES OREILLES DE SURDAS
Surdas était un mystique, un chanteur et un poète aveugle. Une fois, le Seigneur Krishna
lui apparut et lui demanda dans Sa miséricorde infinie s’il voulait des yeux pour voir le
monde et Surdas répondit : ‘’Quoique les gens disposent du genre d’yeux que Vous Vous
proposez de m’offrir, ils sont voilés par l’ignorance et ils sont incapables de Vous
reconnaître dans toutes les formes et dans tous les êtres et quoique les gens disposent
d’oreilles, ils sont incapables d’entendre la mélodie de Votre flûte…Moi, je veux des yeux
qui peuvent toujours voir partout Votre Beauté et des oreilles qui peuvent toujours
entendre partout Votre flûte...
***
QUAND RAVANA PREND LA FORME DE RAMA
Ravana essaya toutes les méthodes pour convaincre Sita de lui céder, d’entrer dans sa
zenana et de devenir sa reine. Il la menaça d’une mort immédiate, tenta de la séduire avec
des cadeaux et des promesses de plus encore, essaya les mots doux et la torture cruelle et il
finit par avoir une idée brillante : il prit la forme de Rama et pensa la berner par cette
imposture, mais dès qu’il revêtit cette forme, toutes ses mauvaises pensées le fuirent et
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seuls des idéaux vertueux demeurèrent et c’est ainsi qu’il lui fallut renoncer à son
stratagème comme étant purement inutile !
***
AIMER DIEU OU ÊTRE AIMÉ PAR DIEU ?
Abou Ben Adhem remarqua une lueur éclatante, quand il rentra chez lui et il trouva un
ange assis à sa table qui inscrivait quelque chose dans un registre. Il s’aventura à lui
demander très poliment ce qu’il notait si studieusement. Il répondit qu’il inscrivait les
noms de ceux qui aiment Dieu. Abou était une bonne âme qui aidait les pauvres et qui
partageait sa nourriture et son abri avec ceux qui avaient faim et qui étaient sans abri. Il
était toujours en train d’essuyer les larmes des malheureux. Il n’avait aucune loyauté
particulière envers aucun Dieu. Il aimait les gens qui suivaient toutes les religions, pourvu
que ceux-ci soient bons et bienveillants. Seul un grand cœur et un mental maîtrisé
importaient pour lui. L’ange dit : ‘’Non, votre nom n’est pas répertorié.’’
Le lendemain, la maison d’Abou était de nouveau éclairée par le même éclat au centre
duquel se trouvait le même ange qui disposait maintenant d’un autre registre. Abou lui
demanda ce qu’il était en train d’inscrire dans ce registre et il dit : ‘’Ici, je note les noms de
ceux que Dieu aime.’’ Avec une certaine hésitation et une grande témérité, Abou lui
demanda si son nom se trouvait dans le registre. L’ange posa son doigt sur la toute
première inscription et dit : ‘’Regardez ! Votre nom est le tout premier ! Aimer son
prochain est la meilleure méthode pour mériter la grâce de Dieu.’’
***
L’ESTAFILADE SUR LE DOS DE KRISHNA
Un pauvre brahmane qui était un ardent étudiant de la Bhagavad Gita vivait sur la rive du
Gange sacré. Il la lisait tous les jours, vénérait le livre et s’efforçait de vivre en accord avec
ses enseignements, mais sa foi était mise à rude épreuve, car il était plongé dans une
pauvreté décourageante. Son bol était rarement rempli et lui et sa femme devaient tout le
temps se contenter d’une demi-ration.
Un jour, alors qu’il était submergé par les griefs face à son sort misérable, son regard se
posa sur le verset 22 du chapitre 9 où le Seigneur certifie qu’Il portera le fardeau de tous
ceux qui prennent refuge en Lui. Il eut l’impression que dans ce cas bien précis, cette
garantie était fausse, aussi prit-il sa plume et après l’avoir trempée dans l’encre rouge, il
barra les lignes exaspérantes ! Son ire quelque peu soulagée, il se leva et partit mendier
avec son bol.
Peu de temps après, deux garçons qui ressemblaient à des frères, le plus jeune avec un teint
plus foncé, se présentèrent à sa porte avec un sac de riz et une bassine remplie d’autres
provisions. La femme en fut toute saisie, car ils insistèrent bien sur le fait que tout ceci
était pour elle et pour son mari ! Elle aperçut une estafilade qui saignait sur le dos du plus
jeune et lui demanda qui lui avait infligé une blessure aussi cruelle et la réponse fusa :
‘’C’est votre mari !’’ Comment celui-ci avait-il pu s’emporter autant pour lacérer de la
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sorte un garçon aussi charmant ?, se demanda-t-elle, mais les frères disparurent en un
éclair.
Le mari n’était pas au courant au sujet du garçon et il argua de son innocence. Il se
demandait qui avait pu leur envoyer de l’aide. Sa tête tourbillonnait. Comme d’habitude, il
se tourna vers la Bhagavad Gita pour y trouver la consolation et le livre s’ouvrit à la page
du chapitre 9, verset 22. Ah, oui ! Son regard se posa sur la vilaine rature qui barrait ces
quelques lignes sur cette page.
C’est cette plume qui avait lacéré le dos de Sri Krishna ! Son manque de foi L’avait blessé !
Aussi se mit-il à courir comme un dératé pour trouver le garçon et tomber à Ses pieds et
implorer Sa miséricorde, mais il ne put le retrouver.
Ainsi, ayez foi dans l’assurance du Seigneur. Quand Il dit : ‘’Pourquoi avoir peur ? Je suis
ici !’’, Il est sincère et quand Il dit ‘’Je veille sur vous quand vous veillez sur Moi’’, Il est
sincère...
***
POURQUOI LE SEIGNEUR DEVRAIT-IL S’INCARNER ?
Vous pourriez vous demander pourquoi le Seigneur devrait-Il lui-même s’incarner ?
Pourquoi ne pourrait-il pas s’atteler à la tâche de restaurer le dharma par l’entremise des
nombreux dieux mineurs qu’Il commande ? Akbar lui-même posa cette question à ses
courtisans, car il se gaussait de l’idée hindoue du Sans-Forme qui adopte une Forme et qui
descend dans le monde sous la forme d’un Avatar pour sauver le dharma. Tansen demanda
une semaine pour lui fournir la réponse et Sa Majesté impériale la lui accorda. Quelques
jours plus tard, tandis qu’il naviguait dans le bateau de plaisance de l’empereur et sa
famille, Tansen balança habilement par-dessus bord une poupée qui ressemblait à l’enfant
de l’empereur et il se lamenta simultanément : ‘’Bonté divine ! Le prince est tombé dans
l’eau !’’ En entendant cela, l’empereur sauta immédiatement dans le lac pour sauver son
fils.
Ensuite, Tansen révéla qu’il ne s’agissait que d’une poupée et que l’enfant était sain et sauf
et il apaisa la colère d’Akbar en lui expliquant qu’il avait été contraint de jouer ce petit
drame afin de démontrer la vérité de la croyance hindoue que Dieu revêt Lui-même une
forme humaine pour sauver le dharma sans commissionner d’autres entités pour accomplir
cette tâche. Le dharma est comme Son fils, Dieu l’aime de tout Son cœur. Akbar aurait pu
ordonner à un de ses nombreux serviteurs de sauter à l’eau pour sauver son fils, mais son
affection était si grande et l’urgence était telle que l’empereur plongea lui-même dans le lac
pour en extraire son ‘’fils’’. Le déclin du dharma est une telle tragédie et l’intensité de
l’affection que le Seigneur éprouve à l’égard des hommes de bien est si grande que Luimême vient.
***
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GARUDA ET LES SERPENTS
Vous savez que l’oiseau Garuda se nourrit de serpents. Eh bien, une fois, Garuda se rendit
au Mont Kailash pour présenter ses respects à Shiva qui porte des serpents sur Sa tête, Ses
bras, Ses poignets, Son cou, Sa taille et Ses chevilles. Quand les serpents aperçurent
Garuda, ils ne ressentirent aucune peur et osèrent même tirer la langue à Garuda et ils le
mirent au défi de s’approcher d’eux ! Telle était la mesure du courage que le lieu où ils
s’étaient établis leur conférait. Similairement, si vous vous fixez dans l’Atma (le Soi), alors
nul souci, nul chagrin et nul orgueil mal placé ne pourront vous nuire.
***
ALEXANDRE LE GRAND ET LE SAGE INDIEN
Durant ses campagnes au Pendjab, Alexandre était impatient de voir un célèbre sage. Il se
rendit donc dans la grotte où se trouvait le sage en s’attendant à être reçu avec moult
manifestations de reconnaissance et de bienvenue, mais le sage lui demanda simplement
de dégager et de partir. Le fameux conquérant grec qui avait bouleversé le monde ne
l’intéressait pas du tout. Alexandre en fut très contrarié et menaça de tuer le sage en tirant
son épée, mais le sage répondit tranquillement en riant : ‘’Moi, Je ne meurs pas, Je suis
l’Atma (le Soi). Je ne peux pas mourir !’’ Cela remit un peu de bon sens dans la tête
d’Alexandre qui rangea son épée dans son fourreau.
***
QUELLE FORMATION EST LA PLUS UTILE ?
Un homme loua un bateau pour traverser la Godavari qui était en crue. Dès le départ, il
entama une conversation animée avec le passeur. Il demanda si celui-ci avait fait des
études et après qu’il ait répondu par la négative, il dit tristement : ‘’Quel malheur ! Vous
avez perdu un quart de votre vie ! C’est comme si vous avez noyé toutes ces années dans la
Godavari !’’ Ensuite, il lui demanda s’il pouvait lui dire quelle heure indiquait sa montre.
Le passeur lui avoua qu’il n’avait pas de montre et qu’il ne se souciait pas d’en avoir une.
Le pandit le déplora et dit : ‘’La moitié de votre vie s’en est allée dans la Godavari.’’ La
question suivante qu’il lui posa concernait les journaux. Le passeur lisait-il le journal ?
Quel était son journal favori ? Le passeur confessa ne pas lire les nouvelles et qu’il ne se
souciait pas de les connaître, car il avait suffisamment de tracas comme cela. Le pandit
déclara alors sans détour qu’il avait perdu trois quarts de sa vie. C’est alors que le ciel
s’assombrit brusquement avec les nuages d’un ouragan qui menaçaient de crever. Le
passeur se tourna alors vers le pandit. C’était à son tour de lui poser une question : ‘’Est-ce
que vous savez nager ?’’, et après que le passager terrorisé lui ait dit non, le passeur dit :
‘’Alors dans ce cas-là, c’est la totalité de votre vie qui va plonger dans la Godavari !’’ Telle
est la situation des gens ‘’éduqués’’ en Inde, aujourd’hui. Ils n’ont aucune formation qui les
aidera dans la détresse ou en cas de nécessité pressante pour retrouver leur aplomb et leur
équilibre mental.
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FAIRE ATTENTION AU DANGER
Vous devez être conscients du danger d’une chute suffisamment à temps. Ne vous
conduisez pas comme ce maître de maison qui, lorsque sa femme lui a dit ‘’J’entends du
bruit ! C’est peut-être un voleur !’’, répondit : ‘’Je sais ! Ne m’empêche pas de dormir !’’
Quelques minutes plus tard, elle dit : ‘’Il est rentré dans la maison !’’, mais l’homme dit :
‘’Je sais…’’ Un peu plus tard, elle dit : ‘’Il est en train d’ouvrir le coffre !’’, mais l’homme
continua à dire ‘’Je sais…’’, et ne bougea pas d’un poil. Quelque temps plus tard, elle dit :
‘’Il s’enfuit !’’, et le maître de maison dit, comme d’habitude : ‘’Je sais…’’ Il n’a prêté
aucune attention aux avertissements. Pareillement, vous ne prêtez aucune attention aux
avertissements et vous foncez dans les calamités, les yeux grands ouverts…
***
JAMAIS LA PAIX !
Il y eut ce sadhaka qui fut initié à un mantra par un yogi. Il voulait méditer sur celui-ci
sans être dérangé et il conclut qu’il y avait trop de distractions chez lui et donc, il s’enfuit
dans la forêt et repéra un arbre propice en dessous duquel il pourrait méditer. Peu de temps
après, les oiseaux qui nichaient dans ses branches se mirent à piailler bruyamment et
lâchèrent généreusement leurs fientes sur son occiput, ce qui le mit hors de lui : ‘’N’y a-t-il
donc aucun endroit où je puisse communier avec Dieu ?’’, hurla-t-il. Les enfants chez lui,
et maintenant les oiseaux et les chauves-souris dans la jungle ! ‘’Je vais m’immoler pour
renaître sous de meilleurs auspices et puis alors, je reprendrai ma sadhana’’, décida-t-il. Et
donc, il ramassa une bonne pile de bois avec lequel il érigea un bûcher funéraire auquel il
bouta le feu et il était sur le point de monter dessus, quand il en fut empêché par un vieil
homme qui l’aborda en ces termes : ‘’Si c’est là votre vœu, menez à bien votre décision, je
vous en prie, mais là, précisément, le vent souffle en direction de ces huttes où nous
vivons et donc, nous vous saurions gré d’attendre jusqu’à ce que le vent change de
direction, car l’odeur de chair humaine carbonisée ne nous plaît vraiment pas ou alors, si
vous êtes réellement pressé, vous pouvez aller un peu plus loin et éviter de nous
importuner de la sorte, nous, pauvres gens !’’ Le sadhaka pensa qu’il n’avait même pas la
liberté de mourir en paix, aussi rentra-t-il chez lui et se résolut-il à faire face à tout ce qui
se présenterait là-bas. Il comprit que le karma devait être mené à bonne fin dans le monde
objectif lui-même et qu’il était vain et inutile d’essayer de s’en défaire sur un coup de tête.
***
LA RÉCOMPENSE DE KANAKADAS
Alors que Kanakadas aspirait à voir l’idole de Krishna dans le temple d’Udipi, il ne put
pénétrer dans l’enceinte sacrée, aussi fit-il le tour du sanctuaire et il tenta de trouver une
fissure dans le mur via laquelle il pourrait entrapercevoir Krishna qu’il aimait tant. Il en
découvrit bien une, mais celle-ci ne lui fit entrevoir que le dos de l’idole et non le visage
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resplendissant du Seigneur. Alors qu’il se lamentait sur son triste sort, l’idole se retourna –
comme on peut encore la voir aujourd’hui – pour lui donner le darshan tant convoité ! Telle
fut la récompense de son aspiration sincère…
***
UNE PUNITION SALÉE…
Il y a cette dame qui suivit toute une série de discours sur le Bhagavatha et qui en retira
quelques clichés. Par la suite, elle devint même trop paresseuse que pour aller puiser de
l’eau et dormait tout son saoul…Quand son mari la réprimanda, elle lui cita un sloka qui
disait que l’on avait en soi toutes les rivières sacrées – le Gange, la Yamuna et la Saraswati
sous la forme des nadis ida, pingala et sushumna ! Le mari fut stupéfait et estomaqué par son
impudence et par ses prétentions spirituelles. Il imagina alors lui servir un repas
particulièrement salé et retira préalablement tous les pots et carafes qui contenaient de
l’eau de la maison. Quand elle fut en proie à une terrible soif et réclama désespérément de
l’eau, il lui cita le même sloka et lui suggéra de puiser l’eau du Gange, de la Yamuna et de
la Saraswati à l’intérieur d’elle-même !
***
DIEU ET LA SOIF DE L’ÂNE
Adorer le Dieu qui réside en tous les êtres, qui motive et qui incite toutes leurs activités.
Eknath, le saint du Maharashtra, eut cette vision. Il était parti en pèlerinage à
Rameswaram, à la pointe sud de l’Inde, et il transportait un peu du Gange sacré dans un
pot pour la verser rituellement sur l’idole de Ramalingeswara et ses disciples
l’accompagnaient. En cours de route, il aperçut un âne qui mourait de soif et agonisait.
Eknath sentit que le Ramalingeswara en l’âne réclamait l’eau du Gange sacré qu’il
transportait sur son épaule et en dépit des protestations de ses disciples, il versa la
précieuse eau du Gange dans la gorge de l’animal mourant et le sauva. Sa joie en fut
incommensurable. Dieu est la semence de tout cet univers manifesté.
***
LE TEST DE KRISHNA
En ce qui concerne la faculté de percevoir de bonnes qualités, il y a un exemple dans le
Mahabharata. Krishna appela Duryodhana dans l’intention de le tester. Ceci eut lieu avant
la guerre. Krishna lui dit qu’Il voulait faire quelque chose d’important et qu’Il cherchait un
homme de bien qui possédait de bonnes qualités et il demanda à Duryodhana de partir à la
recherche d’un tel homme. Duryodhana s’y attela pendant quelques jours, puis dit qu’il n’y
avait personne qui avait réellement de bonnes qualités et que s’il existait quelqu’un qui
possédait de bonnes qualités, alors il était le meilleur et il s’approchait le plus de cet idéal…
Krishna renvoya alors Duryodhana et il demanda à Dharmaraja de rechercher un homme
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très mauvais et dont les qualités étaient telles qu’il ne pourrait pas y avoir pire que lui.
Dharmaraja fit son enquête et dit à Krishna qu’il ne put trouver personne et que c’était luimême ! Il dit qu’il correspondait parfaitement à la description donnée par Krishna… Le
monde n’est pas responsable du fait que Duryodhana dise qu’il était le meilleur des
hommes ni du fait que Dharmaraja dise qu’il était le pire des hommes. Ce sont les qualités
qui sont en eux et la façon dont ils se considèrent et autrui qui sont responsables. C’est la
raison pour laquelle nous accordons autant d’importance à la capacité de percevoir le bien
et de le distinguer du mal. Personne ne peut réellement déterminer ce qui est mauvais. La
seule alternative pour quelqu’un, c’est d’avoir foi en Dieu et d’améliorer ses propres
qualités.
***
MENDIER CHEZ UN MENDIANT !
Un fakir alla voir Akbar et on lui dit qu’Akbar était occupé à faire ses prières et qu’il ne
pourrait pas lui accorder d’audience avant un certain temps. Il lui fut demandé d’attendre,
mais il refusa et dit : ‘’Qu’est-ce que ce mendiant pourrait obtenir de cet autre mendiant ?
Tous sont des mendiants devant Dieu ! Le héros, c’est celui qui ne mendie pas, qui ne
rampe pas, qui ne flatte pas et qui ne flagorne pas. Il sait que le Seigneur sait le mieux. Si
telle est Sa Volonté, Il pourvoira en nourriture et en vêtements et si pas, eh bien, que Sa
Volonté prévale !
***
UN JUGE PERSPICACE
On peut juger une personne par sa conduite ; son caractère se révélera par ses actions.
Aucun témoin ni aucune preuve ne sont nécessaires. Il y avait deux femmes qui habitaient
l’une en face de chez l’autre. L’une avait cinq vaches et la seconde n’en n’avait qu’une. La
femme la plus riche avait l’habitude de gaspiller et elle était très dépensière et désinvolte,
aussi empruntait-elle du lait à la femme qui n’avait qu’une vache et qui l’aidait en dépit du
fait qu’elle avait une grande famille à nourrir. Après que la femme riche ait ainsi emprunté
quelque 50 litres de lait, la vache de la femme la plus pauvre mourut et elle voulut que
l’autre lui rende le lait prêté, à raison d’un litre par jour. Ceci la rendit furieuse et elle
soutint au tribunal qu’elle n’avait jamais emprunté de lait !
‘’Moi qui possède cinq vaches, pourquoi devrais-je aller chez cette femme qui n’avait
qu’une vache pour qu’elle me prête du lait ?’’, demanda-t-elle. Le magistrat était un
homme perspicace qui compatit avec la femme qui avait perdu sa vache. Il savait comment
parvenir à la vérité. Il leur donna à chacune cinq pichets remplis d’eau et leur demanda de
se laver les pieds avant de rentrer à l’intérieur du tribunal. La femme qui possédait les cinq
vaches vida d’un coup les cinq pichets sur ses pieds et rentra dans le tribunal avec ses pieds
toujours sales, tandis que la femme qui ne possédait qu’une seule vache se lava proprement
les pieds en n’utilisant habilement que l’eau d’un seul pichet. Le seul acte de se laver les
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pieds révéla leur caractère et le magistrat n’hésita pas une seconde à condamner la
coupable.
***
UNE SADHANA FRAGILE
Il y avait cet homme de Puttaparthi qui vivait dans une hutte isolée sur la rive du Gange,
quelques kilomètres au-dessus de Haridwar. Il s’était engagé dans de sévères austérités et
les autres moines l’admiraient beaucoup. Un jour, alors qu’il se baignait dans la rivière, il
entendit par hasard un groupe de pèlerins qui étaient descendus de leur car pas loin de chez
lui et qui parlaient entre eux en télougou. Son attachement à l’égard de sa langue
maternelle l’attira auprès d’eux et il leur demanda d’où ils venaient. Ils répondirent, le
Rayalaseema. Il continua à les interroger et ils dirent qu’ils venaient du district
d’Anantapur. Ses oreilles brûlaient d’en entendre davantage. En fait, ils venaient de la
région de Penukonda et de Puttaparthi même. Le moine en fut ravi et il leur posa des
questions sur ses terres, sur sa famille, sur ses amis et quand ils lui dirent que quelques-uns
d’entre eux étaient morts, le pauvre homme se mit à pleurer comme un idiot. Toutes ses
années de sadhana avaient été réduites à néant. Elles partirent à vau-l’eau devant cette
invasion de sa langue maternelle à laquelle il était si attaché. Quel malheur !
Pratiquez dès maintenant le détachement. Pratiquez-le petit à petit, car un jour viendra tôt
ou tard où vous devrez renoncer à tout ce qui vous est cher.
***
LES LINGOTS D’OR ABANDONNÉS
Quand Dharmaraja, dans un accès de repentir, décida de célébrer trois aswamedhas
(sacrifices du cheval) d’affilée pour obtenir la grâce de Dieu en raison des péchés encourus
pour avoir tué des millions d’êtres sur le champ de bataille de Kurukshetra, il n’avait plus
d’argent et ses vassaux étaient dans l’incapacité de l’aider financièrement, puisque eux
aussi avaient été appauvris par la guerre, et Krishna dit : ‘’Les rois ne retirent de l’argent
que du dur labeur de leurs sujets et le fait de dépenser de l’argent soutiré à la sueur de leur
front pour un yaga accompli pour expier des péchés qui te menacent, toi, serait un péché
supplémentaire.’’
Dharmaraja se trouvait donc dans un fameux pétrin et il pria pour que Krishna l’aide à
s’en sortir. Krishna lui dit alors : ‘’Jadis, un souverain du nom de Maruth a célébré un yaga
dans un style qu’aucun autre souverain n’a approché depuis lors. Ainsi, des lingots d’or
furent distribués comme présents aux prêtres, aux érudits et aux officiants. Des modèles
de vaches en or, des maisons et des plateaux en or furent distribués par milliers aux
pauvres et aux nécessiteux et alors que les bénéficiaires s’en retournaient péniblement chez
eux avec leur chargement encombrant et pesant, ils durent jeter de nombreux lingots,
parce qu’ils étaient trop fatigués et ceux-ci sont toujours là maintenant, des deux côtés de
la route qu’ils ont empruntée. Je connais le chemin. Tu peux aller les ramasser.’’
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Mais Dharmaraja hésitait et il dit : ‘’Tout cela appartient à ceux à qui on les a donnés.
Comment pourrions-nous en faire usage sans leur permission ?’’ Krishna répondit : ‘’Ils
s’en sont volontairement débarrassé et ils ne sont plus en vie aujourd’hui. Ceci s’est passé
il y a très, très longtemps. Le trésor est sous terre et tous les trésors sont la propriété du
souverain. Tu es le souverain et personne n’a le droit de s’y opposer.’’ Ainsi, l’or fut-il
ramené et les trois yagas célébrés.
***
L’APPAREIL PHOTO ET L’ESPRIT
L’esprit est comme la lentille d’un appareil photo. Si vous voulez la photo de personnes sur
votre droite et si vous tournez votre appareil vers la gauche, comment pourriez-vous
réussir ? Le corps est l’appareil photo ; l’esprit, la lentille ; le cœur, la plaque
photographique ; la pensée, le flash ; et la buddhi, l’intelligence est le déclencheur. Si vous
voulez une impression de paix et de bonheur dans votre cœur, tournez la lentille vers des
activités et des choses qui peuvent vous les procurer, sans aucun mélange de chagrin ni de
malheur.
***
LE PLAN DE DIEU
Quand les Yadavas qui faisaient partie du clan de Krishna combattirent les uns contre les
autres dans une bataille fratricide et s’anéantirent eux-mêmes totalement, Dharmaraja
demanda à Arjuna : ‘’Krishna n’aurait-Il pas pu arrêter cela ?’’, et Arjuna répondit : ‘’Le
sort des Yadavas est le même que le nôtre. Nous aussi, Pandavas et Kauravas, frères et
proches, nous nous sommes massacrés et nous avions Krishna parmi nous. Il a voulu les
deux batailles. Nul ne peut s’opposer à Sa Volonté ni agir à l’encontre de ce qu’Il a
ordonné.
***
ARJUNA SE BAT CONTRE SHIVA !
Arjuna était perdu dans sa méditation sur Shiva au cours de son époque ascétique dans une
vallée himalayenne, lorsqu’un énorme sanglier sauvage traversa l’endroit où il se trouvait,
et manifestement aux abois, il grognait férocement en proie à une terrible colère. Quoique
durant sa pénitence, il ne pouvait pas faire du mal à aucun être vivant, il se hâta de saisir
son arc et décocha une flèche en direction du monstre. A ce moment précis, un forestier
qui était aussi armé d’un arc et de flèches apparut sur la scène et réclama le sanglier,
comme s’il l’avait tué : ‘’Qui es-tu, intrus qui ose tirer sur ma proie ?’’, cria-t-il d’un air de
défi. Arjuna se sentit profondément insulté par le forestier. ‘’La forêt et sa faune sauvage
appartiennent à tout le monde’’, déclara-t-il. ‘’Pourquoi as-tu tué le sanglier que j’étais en
train de traquer ?’’, demanda le Bhil. Après cet échange de mots, ils en arrivèrent vite aux
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flèches et Arjuna constata que ses flèches percutaient le Bhil, comme des brins d’herbe.
Impuissant et ivre de colère, il asséna un coup formidable sur la tête du Bhil, mais c’est son
arc qui se brisa. Il s’attaqua alors au Bhil avec ses poings. Ils luttèrent longtemps en
s’échangeant des coups terribles, mais c’est Arjuna qui s’écroula par terre. Le Bhil ne
montrait aucun signe d’épuisement, alors qu’Arjuna haletait et saignait. Alors, Arjuna
comprit que le Bhil n’était pas un mortel ordinaire. Il s’assit devant le lingam de Shiva qu’il
vénérait en Lui offrant quelques fleurs, puis il vit ces mêmes fleurs sur la tête du Bhil et de
son épouse qui l’avait rejoint entre-temps ! Il fut submergé par la joie, car il savait
maintenant qu’il s’agissait de Shiva et de sa consort, Parvati, qui étaient venus pour tester
son courage et pour le bénir…
***
UNE MALÉDICTION BIENVENUE
Le roi Parikshith dit : ‘’J’étais allé chasser dans la forêt. Nous avons repéré beaucoup
d’animaux sauvages, mais ceux-ci se sont éparpillés à notre approche. La troupe d’archers
qui m’accompagnait s’est dispersée à leur poursuite et je me suis retrouvé seul. J’étais très
loin de ma suite. J’étais dévoré par la faim et la soif et la chaleur brûlante m’accablait.
Pour finir, j’ai aperçu l’ermitage d’un sage. Son nom, je le découvre maintenant, est
Samika. J’ai crié plusieurs fois pour attirer l’attention de ceux qui étaient à l’intérieur pour
recevoir un peu d’eau. Personne n’a répondu et personne n’est sorti, aussi suis-je entré et
j’ai vu un ermite qui était assis, imperturbable, perdu dans ce qui était pour lui une
méditation et pour moi la négligence totale de mon statut et de mes besoins. J’ai senti
quelque chose de doux sous mes pieds et j’ai vu que c’était un cobra mort. Mon intelligence
en fut empoisonnée. Une mauvaise pensée m’est venue. Je l’ai disposé autour du cou du
sage et j’ai ricané à l’intérieur de moi-même. C’était une punition pour m’avoir négligé,
puis je suis reparti dans ma cité et dans mon palais.
Mais le fils du sage a vu son père et le cobra mort autour de son cou et il savait que c’était
moi qui avais fait cela. Ainsi m’a-t-il maudit : ‘’Puisse le roi mourir d’une morsure de
serpent d’ici sept jours !’’ Sept jours ! Il a fait preuve de largesse ! Il aurait pu me maudire
de manière à ce que je rencontre la mort à l’instant même. Il m’a donné sept jours pour
réfléchir à Dieu et pour me préparer à la Réalité pour que je puisse réaliser l’Ultime et
l’Absolu. Quelle miséricorde ! Quelle grâce ! Il y a peu de gens qui bénéficie d’un tel
préavis d’une semaine quand la mort les menace…
***
LES TRÔNES VACANTS DE SITA ET DE RAMA
Quand Bharatha, Satrughna, les reines et l’immense escorte civile et militaire qui les
accompagnaient parvinrent à l’ashram du grand sage, Bharadwaja, celui-ci les réconforta et
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leur dit que Rama, Lakshmana et Sita n’étaient pas très loin et qu’aussitôt qu’ils poseraient
leurs regards sur Rama, leur peine disparaîtrait.
Faisant usage de ses pouvoirs miraculeux ou siddhis, Bharadwaja démontra toute son
hospitalité à l’égard des princes, des reines, des précepteurs, des pandits, des ministres, des
généraux, des courtisans et des citoyens, chacun selon son statut, en les comblant de ses
largesses. Tout apparut mystérieusement et à profusion, de par sa volonté.
Quand la salle de réception fut prête, le sage invita tout le monde à l’intérieur de cette
merveille de grâce et de beauté. Le précepteur royal fut conduit vers un siège surélevé au
design magnifique et recouvert d’une peau de daim. Les reines furent conduites dans un
lieu à part et distinct, tel qu’il sied à une zenana impériale. Puis les disciples du sage aux
visages lumineux escortèrent les deux frères à l’intérieur de la salle. Les jeunes ascètes se
tenaient respectueusement de chaque côté en agitant des chasse-mouches en queue de yak
et en récitant des hymnes védiques. Les deux frères, Bharatha et Satrughna s’approchèrent
des trônes ornés de lions qui avaient été disposés pour eux au milieu de la salle et près de
ceux-ci, ils se prosternèrent sur le sol en signe d’hommage respectueux à l’égard de leurs
occupants invisibles. Puis, ils prirent les chasse-mouches des mains des garçons tout
proches et se mirent à les agiter en l’honneur de leurs occupants – Sita et Rama ! Toute
l’assemblée vibra dans l’appréciation joyeuse de leur humilité et de leur sagesse.
***
ON EST SI BIEN EN PRISON !
Le directeur d’une prison appela un prisonnier dans son bureau et lut à voix haute son
ordonnance de remise en liberté. Il lui dit qu’il était libre et qu’il devait quitter la prison
dans la demi-heure. ‘’Et en partant, emportez avec vous votre natte et le pot que vous aviez
amenés avec vous’’, ordonna-t-il. Mais le prisonnier répliqua : ‘’Ils peuvent bien rester là,
car je vais vite revenir !’’ C’est l’attitude de la majorité des gens qui répugnent à quitter la
prison de la vie terrestre. Ils encourent suffisamment de karma dans cette vie que pour
mériter une nouvelle peine de prison à vie et ils reviennent très vite la purger !
***
LA MANGUE ET L’HOMME
Quand la mangue est petite sur l’arbre, elle est très désagréable pour la langue avec un goût
astringent. Après quelques semaines, lorsqu’elle grossira, elle aura un goût acide, mais une
fois qu’elle est complètement mûre, on peut la manger avec délice, car son jus sera sucré et
gorgé d’une saveur agréable.
L’homme est aussi comme une mangue. L’astringence est le premier stade tamasique, le
stade de l’indolence, de l’inactivité et de l’apathie. L’homme doit alors devenir vif et alerte,
ne pas se contenter de paresser. Il se doit de rêver de l’aboutissement, de
l’accomplissement qui est en réserve pour lui. Alors, l’homme parvient au stade rajasique,
comme la mangue devient acide. L’homme jouit là de son pouvoir sur les autres. Il
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poursuit vigoureusement ses rêves sensuels et se targue de ses possessions. Mais à ce stade,
l’homme doit être vigilant et savoir faire preuve de retenue suffisamment à temps et
maîtriser ses passions et ses à priori. Cela fera de lui une mangue douce, sucrée et juteuse
très convoitée du type sattvique.
***
SI RAVANA SE REND…
Quand Vibhishana, prince des rakshasas (démons), frère de l’ennemi juré, Ravana, vint se
réfugier dans le campement de Rama, Rama l’accepta, en dépit des protestations de son
entourage. Il dit : ‘’C’est un vœu que Je ne puis rompre ; J’accepterai tous ceux qui
prennent refuge en Moi.’’ Et Il bénit encore Vibhishana par un autre acte gracieux. Il le
couronna empereur de Lanka en attestant par-là que Ravana, son frère aîné, perdrait son
trône et sa vie dans le combat qui était inévitable. Sugriva manifesta alors son étonnement
et dit : ‘’Seigneur ! Si demain, Ravana vient dans notre campement et se rend et s’il
implore Votre pardon pour ses méfaits, alors comment pourrez-Vous le priver de Lanka et
de son trône ?’’ Rama sourit de ses craintes et répondit : ‘’Ma parole ne peut jamais mentir.
Vibhishana sera roi de Lanka, quoi qu’il advienne et si Ravana se rend, Je l’installerai sur
le trône d’Ayodhya !’’
***
L’IMPACT DES FRÉQUENTATIONS
Si vous versez un verre d’eau dans un récipient qui contient cent verres de lait, l’eau versée
acquiert les propriétés du lait et le prix du lait. Elle s’améliore par cette association ! Mais
si vous versez un verre de lait dans un récipient qui contient cent verres d’eau, le lait perd
ses propriétés nourrissantes et devient aussi insipide que l’eau ! Tel est le résultat de nos
fréquentations…
***
L’ÉCOLIER ROUBLARD ET SAI BABA
Il y avait cet écolier qui était très mauvais en mathématiques. Le jour de l’examen de
mathématiques, il se rendit dans un temple de Sai Baba et fit un vœu : si les questions
étaient faciles et s’il pouvait faire toutes les additions, alors il Lui offrirait 5 kg de riz
sucré ! Il s’avéra que l’examen fut dans ses cordes : il put répondre à toutes les questions en
moins de deux heures et il lui restait encore une heure.
Il prit alors une feuille de papier et dressa la liste des denrées avec leur prix pour préparer
l’offrande qu’il avait prévue pour Sai Baba. Il avait un billet de 10 roupies dans sa poche,
mais lorsqu’il ajouta le prix du riz, du sucre, des noix de cajou, de la cardamone, du beurre
clarifié, des raisins secs, etc., il trouva que la somme totale requise tournait autour de 15
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roupies ! Il essaya alors de supprimer certaines choses et de réduire les quantités, mais le
total excédait encore ce qu’il pouvait se permettre.
Alors, il argumenta que Sai Baba n’avait pas besoin de riz sucré et que quelques fruits Le
satisferaient certainement, mais les fruits aussi étaient très chers, trouva-t-il. Les fleurs,
elles, n’étaient pas aussi chères, mais il se rappela que dans la Gita, Dieu avait dit qu’une
feuille, une fleur, un fruit ou même de l’eau suffisait pour Lui plaire, aussi décida-t-il
finalement que l’eau du puits de sa maison serait un paiement amplement suffisant pour la
grâce qu’il avait reçue aujourd’hui. Il pourrait même épargner son billet pour aller voir un
film qu’il voulait voir. Il calcula combien cela lui coûterait et il fut heureux de constater
qu’il pourrait aussi emmener un de ses amis au cinéma ! Il en était arrivé à cette
conclusion réjouissante, quand le surveillant réclama les feuilles d’examen à la fin du
temps imparti.
Notre ami sortit de sa rêverie et dans la confusion, il lui remit les feuilles où il avait
procédé à tous les calculs du coût et des quantités pour l’offrande de riz sucré, des fruits et
des fleurs et pour finir, du cinéma ! Une fois rentré chez lui, en jetant un coup d’œil aux
feuilles qu’il avait ramenées, il s’aperçut à sa grande consternation qu’il s’agissait là des
feuilles d’examen qu’il aurait dû remettre au surveillant ! Tout est une question de
réaction, de résonance et de reflet. Ce que vous prévoyez de faire à un autre vous retombe
dessus ou rejaillit sur vous. Dieu n’est jamais fâché ni vengeur. Il est l’éternel Témoin du
Jeu. Vous vous punissez vous-mêmes pour vos mauvaises pensées et pour vos mauvaises
actions et vous vous récompensez vous-mêmes pour vos bonnes pensées et pour vos
bonnes actions. C’est la Vérité réelle…
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