L’imparfait de l’indicatif I. Situation en latin classique et modifications survenues en latin vulgaire et galloroman A. En latin classique āre › abam ēre › ēbam ĕre › ēbam, iebam īre › iebam B. Modifications survenues dès le latin vulgaire Verbes en ĕre imparfait iebam › ēbam Verbes en īre imparfait iebam › ēbam C. En gallo-roman à date prélittéraire āre : ābam › ēbam Ainsi tous les verbes, quel que soit leur infinitif ont la même finale en ēbam à l’imparfait. C’est une situation simplifiée. II. Evolution des finales ēbam, as,… aux formes primitives de l’ancien français. En AF dans l’état primitif on avait graphiquement (début XIe) eie [ eie] eies [ eies] eiet [eiet] iiens [iyens] iiez [iyets] eient [eient] A) Dans toutes les formes, probablement vers fin IIe, IIIe s la consonne [b] s’est effacée. Dans les verbes qui présentaient 2 consonnes labiales intervocaliques, l’une dans le radical, l’autre dans la finale d’imparfait, il y a eu un phénomène de dissimilation entre les deux labiales et la conséquence a été l’effacement de la labiale contenue dans la finale *ēam *ēas *ēat *ēat *eāmus *eātis *ēant Les finales ainsi réduites dans le cas de ces verbes par dissimilation se sont par analogie étendues à tous les autres verbes, ceux qui ne présentaient pas les deux[b] envisagés. B) A partir des finales *eam, *eas, … l’évolution phonétique ultérieure est régulière. ẹ tonique libre se diphtongue › ei (XIe) a en situation finale ou finale devant s, t, ou nt va s’assourdir en e sourd Problème de t final de 3 : t final a subsisté sous la forme t alors qu’on attendait normalement sa transformation en constrictive θ et la disparition de la constrictive. C) Pour eāmus et eātis le résultat phonétique correspond à une évolution difficile hors programme. III. a Evolution des formes primitives de l’AF jusqu’aux formes du FM Les modifications de nature phonétique 1) Pour 3, milieu XIe e sourd s’efface, effacement dû probablement à la durée très brève de cette voyelle devant t final 2) Pour 1, 2, 3, 6 : évolution de la diphtongue ei ; ei › oi › we (fin XIIe) Lp (2e partie du XIIIe) we › e ouvert. Entre le XIVe et le XVIe siècle, cette prononciation e ouvert gagne du terrain, non seulement dans l’usage de la bourgeoisie, mais également semble-t-il dans l’usage de la noblesse. Progression facilitée par la présence à la cour de nombreux italiens incapables de maintenir la prononciation correcte. A partir de la fin du XVIe et au XVIIe siècle, la prononciation e ouvert (toujours graphiée oi) est admise par toute la population. C’est en 1835, que dans la sixième édition du dictionnaire de l’académie, les finales de l’imparfait sont écrites ai. Pour les consonnes finales s et t, cf cours de 2e année. b Modifications de nature non phonétique, donc analogique 1. Effacement de e sourd pour 1, 2 et 6 Effacement phonétique et graphique pour 1 et 2 alors qu’il n’est que phonétique pour 6. L’explication probable est l’analogie de l’effacement de e sourd qui s’était produit à la 3 e personne du singulier. 2. Pour 1, introduction de s final au XIVe siècle. Explication : analogie de la personne 2 et désir d’éviter l’hiatus quand le mot suivant commençait par une voyelle. S est définitivement admis au milieu du XVIIe siècle. 3. Pour 4, finale ïens remplacée par ïons : par analogie des personnes 4 et 5 de l’indicatif et du subjonctif présent, du futur et du subjonctif imparfait : ons. Premiers exemples au XIIe siècle, courant XIVe, la désinence primitive ïens a pratiquement disparu. 4. Pour 4 et 5, à l’origine désinence en 2 syllabes d’où le tréma ï-ons ; ï-ez Par analogie des désinences correspondantes de subjonctif présent qui étaient monosyllabiques, les désinences d’imparfait peuvent être monosyllabiques dès le XIIe siècle. Puis il y a eu hésitation entre les formes monosyllabiques et les formes bisyllabiques. Au XVIIe siècle, les formes monosyllabiques s’imposent partout sauf lorsqu’elles sont derrière un groupe consonne + liquide ex : livrions, livriez = 3 syllabes alors que devions = 2 syllabes Evolution des terminaisons : AF eie puis oie et ois eies- oies puis ois eie(t) puis oit iiens ou iens iiez ou iez eient ou oient FM ais ais ait ions iez aient aveie puis avoie et avois verbe être stabam › *estēbam › esteie/ estoie/ estois LC eram › iere (forme tonique) / ere (forme atone) type disparu après 1300