‘’PAR CONSÉQUENT, SOYEZ PARFAITS, TOUT COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE EST PARFAIT’’ ARTHUR OSBORNE Arthur Osborne fut l’un des biographes de Ramana Maharshi et le fondateur et rédacteur en chef de la revue ‘’The Mountain Path’’ publiée par le Ramanasramam, l’ashram de Ramana Maharshi. Il est aussi l’auteur d’une biographie consacrée à Shirdi Sai Baba. Voici un extrait de son livre intitulé ‘’Be Still, It Is The Wind That sings’’ Une des perles cachées à laquelle je faisais allusion dans mon précédent essai, une de ces paroles du Christ que les chrétiens modernes ignorent, c’est son injonction à ses disciples d’être parfaits, tout comme Dieu est parfait. Mais c’est encore pire, car non seulement l’ignorent-ils, mais ils en nient même la possibilité, révélant ainsi leur désaccord présomptueux avec le Maître qu’ils prétendent suivre. Il n’y a pas d’injonction plus fondamentale dans toute la Bible que celle-ci, puisque c’est l’injonction de réaliser l’identité suprême, car comment pouvez-vous être parfait sans être Un avec le Père ? Le Christ a dit lui-même que seul Dieu est bon (Marc 10.8). De plus, il a rappelé à ses critiques juifs la parole de leurs propres Ecritures : ‘’J’ai dit : vous êtes des dieux’’. Il appelait les hommes ‘’fils de Dieu’’ et leur disait de s’adresser à Dieu en tant que ‘’Père’’ et St. Paul leur a aussi dit qu’ils étaient tous des fils de Dieu dans le Christ. Alors, si un homme est le fils de Dieu, qu’il peut être appelé un dieu et (comme le Christ l’a également dit), il possède en lui le Royaume des Cieux, qu’est-ce que ceci, sinon la suprême identité ? Cette injonction marque le christianisme comme une religion complète qui envisage et qui recherche ce but identitaire suprême ou réalisation du Soi que l’hindouisme dénomme moksha, que le bouddhisme dénomme nirvana et que le soufisme dénomme fana. En niant cette possibilité, les adeptes obtus et bornés du Christ ont dégradé leur religion qu’ils honorent toujours nominativement à un niveau inférieur qui n’envisage que l’objectif proche d’une individualité purifiée dans un paradis formel. Il s’agit sans aucun doute d’un but élevé, mais il ne s’agit pas du but le plus élevé, il ne s’agit pas de la perfection que le Christ a prescrite, il ne s’agit pas de la réelle bonté, car ‘’seul Dieu est bon’’. Toutefois, le mental humain dispose de tellement de ressources que les théologiens aveugles qui ont réfuté l’injonction du Christ et limité sa religion sont arrivés à retourner la situation et à faire passer l’infériorité ainsi acceptée pour de la supériorité ! Ils reconnaissent la vérité de la parole du Christ, ‘’Moi et mon Père, nous sommes Un’’, mais la limitent à lui seul, de sorte que s’il n’y a qu’un seul homme parfait, les autres religions n’en n’ont pas du tout. Une telle croyance témoigne d’un niveau d’intelligence douloureusement bas. Les lois divines sont universelles. Même physiquement, c’est évident, et d’autant plus, spirituellement ! La vraie doctrine de l’identité est simple et simultanément, intellectuellement satisfaisante. L’Être est Un ; par conséquent, vous ne pouvez pas être différent, puisque l’autre n’existe pas. Par conséquent, si vous réalisez votre véritable Soi, vous réalisez votre identité avec l’Un, avec le Père, et vous êtes parfait, comme Il est parfait. Ce ne sont que les imperfections de votre nature individuelle apparente qui vous font sembler différent. Par conséquent, si vous les supprimez et devenez parfait, comme l’Un qui est parfait, vous réalisez votre identité préexistante avec l’Un. Ils proposent à la place un mythe comme article de foi : un Être parfait, mais ni infini, ni universel (comment pourrait-Il l’être, s’il exclut des ‘’autres’’ ?) crée une multitude d’êtres imparfaits et distincts avec parmi eux un être parfait. A part cela, Il en fait une règle qu’aucun d’entre eux ne puisse devenir parfait, même si celui qui est parfait le leur dit. Pas étonnant qu’il leur faille ignorer ou réfuter les paroles du Christ s’ils veulent imposer aux gens une doctrine aussi grossière ! L’impossibilité d’obéir à l’injonction du Christ d’être parfait est devenue un article de foi chez beaucoup de gens qui se disent chrétiens. L’un d’entre eux demanda à Swami Ramdas s’il était possible pour un homme d’être parfait et sans péché et après que le swami lui ait répondu ‘’oui’’ avec enthousiasme, il parut choqué, comme s’il avait entendu un blasphème. A gauche, Arthur Osborne et Ramana Maharshi ; à droite, Swami Ramdas Aucun des saints et des mystiques chrétiens n’a-t-il donc atteint la perfection de l’identité consciente ? A partir des écrits qu’ils nous ont laissés, il est clair que certains d’entre eux en avaient la compréhension intellectuelle, consolidée par au moins quelques aperçus occasionnels de leur identité réalisée. Eckhart s’en était certainement suffisamment approché que pour être excommunié. ‘’Tu perdras ton identité et te fondras dans Son identité ; la tienne deviendra la Sienne, si totalement que toi en Lui, tu connaîtras éternellement Son Être, libre du devenir, Son indicible néant (vacuité).’’ Le mystique protestant, Jacob Boehme a dit : ‘’Dieu est devenu ce que je suis et Il m’a fait ce qu’Il est.’’ Le mystique, Tauler, a dit : ‘’Quand, par l’entremise de toutes sortes d’exercices, l’homme extérieur s’est converti en l’homme intérieur, alors la divinité descend nue dans les profondeurs de l’âme pure pour que l’esprit s’unisse à elle.’’ Le mystique chrétien moderne, Joel Goldsmith le répète constamment dans ses livres. Nous vivons dans une époque de matérialisme grossier pour les masses, qu’elles soient instruites ou ignorantes, et de recherche sincère pour quelques-uns. Il n’est pas vain d’espérer que quelques-uns au moins parmi les adeptes du Christ supputeront qu’il voulait vraiment dire ce qu’il a dit et qu’ils refuseront de se laisser entraver et aveugler plus longtemps par ceux qui prétendent parler en son nom…