l’erreur. Quand Buzz hurlait par-dessus les eaux rugissantes, une réaction
instantanée était indispensable.
Nous sommes parvenus à maîtriser la Motu. Lors de chaque rapide, nous avons
lutté contre la rivière et nous l’avons vaincue. Le hurlement des ordres de Buzz ne
le disputait qu’à la fureur de nos coups de pagaie, tandis que nous amenions le
raft précisément là où Buzz voulait qu’il aille.
A la fin du périple régnait un grand sentiment de triomphe. Nous avions gagné !
Nous avions prouvé que nous étions supérieurs. Nous savions que nous pouvions
le faire. Nous nous sentions forts et nous nous sentions bien. Le mystère
majestueux de la Motu avait été surmonté.
La seconde fois que j’ai descendu la Motu, l’expérience que j’avais acquise aurait
dû être inestimable, mais le guide, cette fois-ci, était un Kiwi à la voix très douce.
Il semblait qu’il serait même impossible d’entendre sa voix par-dessus le bruit des
rapides. Tandis que nous nous approchions du premier rapide, il n’éleva même
jamais la voix. Il ne tenta jamais de prendre les commandes par rapport à nous
ou à la rivière. Doucement et tranquillement, il sentit l’humeur de la rivière et il
observait le moindre tourbillon. Il n’y avait ni cris, ni drame. Il n’y avait aucune
compétition à remporter. Il aimait la rivière.
Nous avons traversé chaque rapide avec grâce et élégance et après une journée,
la rivière était devenue notre amie, pas notre adversaire. Le Kiwi calme n’était pas
notre chef, mais seulement quelqu’un dont la sensibilité était plus développée
que la nôtre. Le rire remplaçait la tension de l’accomplissement.
Bientôt, ce Kiwi posé put faire un break et ‘’se reposer’’ et nous permit de diriger
la manœuvre, à tour de rôle. Un signe de tête tranquille était suffisant pour attirer
notre attention sur les choses que notre manque d’expérience nous empêchait de
voir et si nous commettions une erreur, alors nous en riions et c’était le tour du
suivant.