Telechargé par pierrealberthayen

LA LOI ET L'AMOUR OU LA DIFFERENCE ENTRE MOÏSE ET JESUS - OSHO

Jésus dit à ses disciples :
Quand donc tu vas présenter tes offrandes à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec
ton frère ; viens alors présenter ton offrande. (Matthieu 5.23-24)
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Et moi je vous dis :
quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec
elle. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car il est préférable que
périsse pour toi un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la
géhenne. (Matthieu 5.27-29)
Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5.48)
Moïse apporte la loi au monde et Jésus, l’amour. Moïse est un must avant que Jésus
ne soit possible. La loi, c’est de l’amour imposé ou forcé ; l’amour est une loi
spontanée. La loi provient de l’extérieur et l’amour émane de l’intérieur. La loi est
extérieure ; l’amour est intérieur.
L’amour ne peut venir que s’il existe un certain ordre, une certaine discipline, une
certaine régulation. L’amour ne peut pas exister dans la jungle. Moïse civilise
l’homme et Jésus le spiritualise. C’est pourquoi Jésus dit et répète qu’il n’est pas venu
pour abolir, mais pour accomplir.
Moïse donne les commandements et Jésus fait la lumière sur ces commandements.
On peut suivre les commandements à un niveau formel et superficiel. On peut
devenir une personne ‘’vertueuse’’, un puritain, un moraliste, alors que dans la
profondeur, rien ne change, tout reste le même. Les ténèbres sont toujours là, la
vieille inconscience est toujours présente. Rien n’a réellement changé, vous avez
simplement donné un coup de peinture. A présent, vous portez un joli masque. Il n’y
a pas de mal à porter un joli masque. Si vous avez une vilaine tête, il vaut mieux ne
pas la montrer aux autres. Pourquoi être si dur à leur égard ? Si vous avez une
vilaine tête, portez un masque, cela évitera au moins aux autres de vous voir. Mais
un masque ne peut pas transformer votre vilaine tête. N’oubliez jamais un seul
instant que le masque n’est pas votre visage. Vous devez aussi transformer votre
façade.
Moïse a donné une discipline très brute, très grossière à la société. Il n’aurait pas pu
faire mieux. Ce n’était pas possible. La conscience humaine existait sur un mode très,
très primitif. Un soupçon de civilisation était plus que ce que l’on pouvait espérer.
Mais Moïse a préparé la voie et Jésus est l’accomplissement. Ce que Moïse a entamé,
Jésus l’a achevé. Moïse a posé les fondations et Jésus a érigé le temple. Les blocs des
fondations devaient être grossiers et peu esthétiques, car on ne pouvait ériger un
magnifique temple de marbre que sur ces blocs grossiers. Rappelez-vous toujours
que Jésus n’est pas contre Moïse, mais les juifs l’ont mal compris, parce que Moïse
parle de loi et que Jésus parle d’amour.
Pour les juifs et particulièrement pour les prêtres et pour les politiciens, il leur
semblait que Jésus voulait abolir la loi, d’où leur colère. Et ils avaient raison, d’une
certaine façon. La loi serait abolie, dans un certain sens, parce qu’une loi supérieure
entrerait en vigueur et que la loi inférieure serait abrogée. L’inférieur doit disparaître
pour laisser la place au supérieur.
La loi se fonde sur la peur, la loi se fonde sur la cupidité, la loi vous punit. L’idée
principale de la loi, c’est la justice, mais la justice ne suffit pas, car la justice est brute,
dure, violente et seule la compassion peut permettre à votre être de s’épanouir, peut
vous aider à atteindre le sommet le plus élevé, et pas la justice. La loi vaut mieux que
l’absence de loi, mais comparé à l’amour, la loi elle-même est anarchique. Elle est
relative, parce que la loi se fonde sur les mêmes maux contre lesquels elle lutte.
Quelqu’un assassine, la loi l’assassine. On fait pareil à la personne qui a fait cela à
quelqu’un d’autre. Ce n’est pas d’un ordre plus élevé, même si c’est juste. Mais ce
n’est pas religieux, il n’y a aucune spiritualité là-dedans, c’est mathématique. Il a tué
quelqu’un, la loi le tue. Mais si tuer est mal, alors comment la loi peut-elle avoir
raison ? Si tuer est mal en soi, la loi comporte alors beaucoup de lacunes. Elle se
fonde sur le même mal, souvenez-vous-en.
Quand Jésus s’est mis à parler d’amour, les gens qui s’en tenaient à la loi ont
commencé à avoir très peur, parce qu’ils savaient que si la loi tombait, alors la bête
tapie en eux montrerait sa vilaine tête et déchirerait toute la société. Ils savaient que
leurs façades n’étaient belles qu’en surface et que dans la profondeur régnait une
grande laideur. Lorsque Jésus a dit : ‘’Bas les masques !’’, ils ont pris peur et se sont
mis en colère. ‘’Cet homme est dangereux, cet homme doit être puni et démoli avant
qu’il ne démolisse toute la société.’’
Mais ils l’ont mal compris. Jésus ne disait pas simplement de laisser tomber les
masques, il disait : ‘’Je vous apporte une alchimie pour que votre visage réel
devienne beau. Pourquoi porter un masque ? Pourquoi un tel fardeau ? Pourquoi ces
faux accessoires ? Je peux vous donner une loi supérieure, sans peur, sans cupidité,
sans contrainte extérieure, qui émane de l’intérieur de votre être grâce à la
compréhension et non par peur.
Rappelez-vous la différence : de la peur naît la loi et de la compréhension, l’amour.
Moïse était un must, mais Moïse doit aussi disparaître. Moïse a fait son travail : il a
préparé le terrain. Lorsque Jésus apparaît, le travail de Moïse est accompli.
Mais les juifs étaient en colère. Pour les gens, il est très difficile de se détacher de leur
passé. Moïse était devenu très prédominant dans l’esprit juif. Ils pensaient que Jésus
s’opposait à Moïse. Et cette incompréhension s’est perpétuée au fil des siècles.
En Inde, les hindous pensaient que le Bouddha était contre les Védas, c’était le même
problème, exactement le même. Bouddha ne s’opposait pas aux Védas. Dans un
certain sens, oui, mais seulement dans un certain sens. Il apporte quelque chose qui
provient de la profondeur et une fois que cette profondeur vous devient accessible,
les Védas deviennent inutiles. Aussi paraît-il s’y opposer, car il rend les Védas
inutiles. Là est toute la finalité de Jésus : accomplir Moïse et rendre Moïse inutile. Un
nouveau régime est arrivé.
Jésus était un homme amoureux, un homme immensément amoureux. Il aimait cette
Terre, il aimait l’odeur de cette terre. Il aimait les arbres, il aimait les gens. Il aimait
les créatures, parce que c’est l’unique moyen d’aimer le Créateur. Si vous ne pouvez
pas louer le tableau, comment pouvez-vous louer le peintre ? Si vous ne pouvez pas
estimer le poème, comment pouvez-vous estimer le poète ?
Jésus est très positif. Et il a conscience d’un fait très important qu’il applique toujours
à ses paroles : que Dieu est une abstraction, vous ne pouvez pas vous retrouver face à
face avec Dieu. ‘’Dieu’’ est tout autant une abstraction que ne l’est ‘’l’humanité’’. Si
vous rencontrez quelqu’un, vous rencontrez des êtres humains, mais jamais
l’humanité. Vous rencontrez tel homme ou telle femme, mais jamais l’humanité.
Vous rencontrez toujours du concret. Vous ne rencontrerez jamais un Dieu abstrait,
puisqu’Il n’aura pas de visage. Il sera impersonnel. Vous ne serez pas en mesure de
Le reconnaître. Alors, où Le trouver ?
Regardez dans chaque œil que vous rencontrez, regardez dans chaque être que vous
rencontrez. Voilà Dieu dans une forme concrète, Dieu matérialisé. Chacun ici est une
incarnation de Dieu : les rochers, les arbres, les gens, tout. Aimez ces gens, aimez ces
arbres, aimez ces étoiles, et par la grâce de cet amour, vous commencerez à ressentir
l’immensité de l’être. Mais il vous faudra passer par la petite porte d’un être
particulier.
Jésus a été très mal compris. Il a été mal compris par les juifs et il était le summum de
leur intelligence qu’ils espéraient depuis des siècles et quand il est arrivé, ils l’ont
rejeté. Et il a encore été plus mal compris par les chrétiens. Cet homme si positif a été
converti en un négativiste. Les chrétiens ont dépeint Jésus comme étant très triste, la
mine grave et longue, comme s’il était torturé. C’est incorrect, ce n’est pas la vérité
concernant Jésus. Cela ne peut pas être vrai. Sinon, qui d’autre rirait, qui d’autre
aimerait, qui d’autre célébrerait la vie ? Jésus est une célébration de l’être et la plus
haute célébration possible. Souvenez-vous-en. Alors seulement, vous serez en
mesure de comprendre ces versets.
Quand donc tu vas présenter tes offrandes à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec
ton frère ; viens alors présenter ton offrande. (Matthieu 5.23-24)
Jésus dit : si vous vous rendez au temple avec des fleurs, avec des offrandes pour
prier, pour vous en remettre à Dieu et si vous vous souvenez que quelqu’un est en
colère contre vous, parce que vous avez fait quelque chose, alors vous devez d’abord
retourner vous réconcilier avec votre frère. Et rappelez-vous ici que tous sont frères,
parce qu’il n’y a qu’un seul Père. Les arbres sont vos frères. St François s’adressait
aux arbres comme à ses frères et à ses sœurs. Les poissons, les mouettes, les rochers,
les montagnes sont tous vos frères et vos sœurs, puisqu’ils émanent de la même
Source.
Jésus dit que si vous n’êtes pas réconcilié avec le monde, vous ne pouvez pas venir
prier Dieu. Comment pourriez-vous vous approcher du Père, si vous n’êtes même
pas réconcilié avec votre frère ? Et le frère est concret et le Père est abstrait. Le frère
existe et le Père est caché. Le frère est apparent, et le Père ne l’est pas. Comment
pourriez-vous vous réconcilier avec le non manifesté, si vous n’avez même pas su
vous réconcilier avec le manifesté ? C’est une phrase lourde de sens. Cela ne signifie
pas seulement votre frère. Cela ne signifie pas seulement les êtres humains. Cela
signifie toute l’existence, où que vous l’ayez offensée. Si vous avez fait preuve de
cruauté à l’égard de quelqu’un…
Jésus dit :
Quand donc tu vas présenter tes offrandes à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a
quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel…
L’autel est secondaire, la prière est secondaire, parce que maintenant, vous n’êtes pas
dans l’état d’esprit de la prière. Il faut mériter la prière. Et c’est en se réconciliant
avec l’existence que l’on gagne la prière. La prière, ce n’est pas juste se rendre au
temple et prier. Ce n’est pas un type d’action. C’est une élévation dans la conscience
jusqu’à des sommets inconnus. Et ceci n’est possible que si vous êtes réconciliés avec
l’existence, détendus dans l’existence.
C’est quelque chose de totalement différent par rapport à ce que font les chrétiens
depuis des siècles. Ils ne sont pas réconciliés. Ils ne sont même pas réconciliés avec
leurs propres corps, alors que dire du reste ? Pas même avec leurs propres existences.
Ils portent beaucoup de condamnation et avec une telle condamnation, comment
peut-on prier ? Leur prière sera juste tiède et elle ne les transformera pas.
La prière, c’est une ‘’formule magique’’, un mantra, un enchantement… Mais le bon
timing est important. On ne prie pas n’importe comment, n’importe où, parce qu’il
faut bien s’accorder1. C’est pourquoi toutes les religions ont choisi une période
1
Comme un instrument de musique ou bien comme on se règle sur la bonne fréquence radio, sinon on
n’obtient que les parasites du mental, NDT
particulière, tôt le matin, juste avant que le soleil se lève, quand la possibilité existe
de s’harmoniser au maximum avec l’existence. Vous avez dormi toute la nuit.
Pendant huit heures au moins, vous avez été absents du monde. Durant huit heures
au moins, vous n’avez pas été dans les affaires, vous ne vous êtes pas entrégorgés.
Pendant huit heures au moins, vous vous êtes détendus, vous avez dormi à poings
fermés. Et quand vous vous levez le matin, votre regard est clair, il y a moins de
nuages dans votre être. Il y a comme une innocence, pas seulement en vous, mais
tout autour. Les arbres sont innocents, ils se sont aussi reposés. Les gouttes de rosée
sur les feuilles sont innocentes, le ciel est innocent, les oiseaux sont innocents, puis le
soleil se lève…Une nouvelle journée commence. Avec une grande innocence, tout
rejaillit de la source primordiale, rafraîchi et régénéré. Et c’est pourquoi toutes les
religions ont opté pour cette période du petit matin, avant que le soleil se lève. Parce
qu’avec le soleil, beaucoup de choses s’éveillent aussi en vous, parce que le soleil est
une puissante énergie. Et quand elle commence à se déverser en vous, elle dynamise
toutes vos pulsions, tous vos désirs, tous vos démêlés… Et de nouveau, vous vous
engagez dans le monde.
C’est ainsi que le petit matin a été choisi comme le moment le plus facile pour
s’accorder à l’existence.
Mais la prière ne peut se faire, que si vous êtes accordés. Et Jésus dit quelque chose
de très, très valable, psychologiquement. Si devant l’autel, vous vous souvenez que
vous vous êtes fâchés avec une personne, qu’une personne est toujours porteuse
d’une blessure à cause de vous, alors, allez aider cette personne à guérir et favorisez
la réconciliation.
Henry Thoreau était mourant et sa vieille tante était venue le voir et elle lui dit :
‘’Henry, t’es-tu réconcilié avec Dieu ?’’ Et Henry ouvrit les yeux et répondit : ‘’Mais je
ne me souviens pas avoir jamais eu la moindre dispute avec Lui ! Jamais, je ne me
suis disputé avec Lui.’’
Ceci, très peu de gens peuvent l’affirmer. Henry Thoreau était quelqu’un de très
pieux et de très saint.
Tous les jours, vous vous querellez. Et rappelez-vous que quelle que soit la personne
avec laquelle vous vous querellez, vous vous querellez avec Dieu, parce que rien
d’autre n’existe. Votre vie n’est que querelles perpétuelles. Et alors, ces querelles
s’accumulent et elles empoisonnent tout votre système, tout votre être. Et puis, un
jour, vous voulez prier et la prière semble tellement fausse dans votre bouche. Elle ne
vient pas, elle n’est pas en adéquation. Il vous est impossible de prier spontanément,
vous devez vous y préparer.
Jésus dit que la première préparation, c’est de vous réconcilier avec votre frère. Et
‘’votre frère’’ signifie tous les êtres humains, les animaux, les oiseaux. L’existence
entière est votre frère, parce que nous sommes issus d’une seule Source, d’un seul
Père, d’une seule Mère. Toute cette multiplicité provient de l’Unité.
Souvenez-vous qu’on ne peut aimer Dieu que par l’entremise de l’homme. Vous ne
rencontrerez jamais Dieu, mais vous rencontrerez toujours l’homme. Une fois que
vous avez commencé à aimer Dieu par l’entremise de l’homme, plus profondément,
vous pouvez aimer Dieu par l’entremise des animaux. Et plus profondément encore,
par l’entremise des arbres. Et toujours plus profondément, vous pouvez aimer Dieu
par l’entremise des montagnes et des rochers. Une fois que vous aurez appris à aimer
Dieu par l’entremise de toutes ses formes, alors seulement votre amour deviendra
prière.
Pour moi, ces trois mots sont très importants : le sexe, l’amour et la prière. Le sexe est
une réconciliation de votre corps avec d’autres corps. Je répète : le sexe est une
réconciliation de votre corps avec d’autres corps. C’est la raison pour laquelle il est si
satisfaisant, c’est la raison pour laquelle il vous apporte un tel frémissement, une telle
excitation, une telle détente, un tel calme. Mais c’est la réconciliation la plus faible. Si
vous n’en connaissez pas de supérieure, alors c’est très bien. Mais vous vivez chez
vous sans savoir que votre demeure comporte beaucoup d’autres pièces. Et vous
vivez seulement dans une cellule sombre en pensant que ceci est la totale, alors qu’il
y a beaucoup de pièces splendides dans votre demeure. Vous resterez un mendiant si
vous vous cantonnez au corps. Le corps n’est que le porche, le porche du palais.
Mais le sexe apporte de la joie, parce que c’est une réconciliation entre deux corps
matériels. Deux corps vibrent à l’unisson et il se produit un chant, un chant
physique. Une poésie jaillit entre les deux énergies des corps : ils dansent ensemble,
main dans la main, ils s’étreignent et se perdent l’un dans l’autre. Pour quelques
instants, c’est l’extase. Puis elle s’éteint, car deux corps ne peuvent pas se fondre l’un
dans l’autre : ils sont trop solides pour cela.
Ensuite, il y a l’amour. L’amour est la réconciliation de deux esprits, de deux énergies
psychologiques. L’amour est supérieur, plus profond, plus vaste. Si vous pouvez
aimer une personne, vous finirez par voir le sexe disparaître entre vous. Les
Occidentaux redoutent beaucoup ce phénomène.
Tous les jours, un couple ou l’autre vient me trouver et ils demandent : ‘’Qu’est-ce
qui nous arrive ? Nous sommes devenus plus affectueux, mais pourquoi le sexe
disparaît-il ?’’ Parce qu’on leur a appris que le sexe et l’amour sont synonymes, ce
qui n’est pas le cas. Et on leur a appris que si vous aimez plus l’autre, vous vous
engagerez plus sexuellement avec cette personne et en fait, c’est tout le contraire. Si
vous aimez plus la personne, le sexe commencera à disparaître, parce que vous
obtenez une réconciliation supérieure. Qui se souciera alors de l’inférieure, celle-ci
étant plus satisfaisante, apportant une satisfaction supérieure et plus de joie ?
Et le troisième état de l’énergie d’amour, c’est la prière. C’est la réconciliation de
votre âme avec l’âme de l’existence. C’est la réconciliation la plus élevée, il n’y en a
plus au-delà. Ainsi, quand elle survient, le dit ‘’amour’’ se met lui aussi à disparaître,
de la même façon que quand l’amour arrive, le sexe commence à disparaître. Je ne
condamne pas le sexe. Il n’y a rien de mal avec le sexe : il est parfaitement beau et
sain à sa propre place, mais quand l’énergie supérieure arrive, l’inférieure commence
à disparaître. Elle n’est plus nécessaire, son travail est terminé.
C’est comme l’enfant qui a grandi dans la matrice de sa mère pendant neuf mois et
maintenant, il est prêt à en sortir. Il a passé neuf mois magnifiques et il en sera
reconnaissant à sa mère, toute sa vie durant. Il ne pourra pas lui rembourser sa dette,
mais maintenant, il est prêt à en sortir et la matrice ne peut plus le contenir. L’enfant
commence à devenir plus gros que la matrice.
Cela se passe exactement ainsi : si vous vous engagez réellement profondément dans
la sexualité, il arrive un moment où votre amour dépasse ce que la sexualité peut
contenir. Alors, vous vous mettez à ‘’déborder’’, vous passez sur un plan supérieur et
bientôt, vous abandonnez le sexe. Et un jour, ceci se reproduit à un niveau encore
supérieur. Quand l’amour est ‘’dépassé’’, vous débordez dans la prière2 et alors,
l’amour disparaît.
Il y a une très belle parabole qui concerne Jésus et vous devriez la méditer.
C’est un épisode très étrange où le Christ demande trois fois à Pierre : ‘’M’aimestu ?’’ et Pierre le confirme de plus en plus farouchement.
Quelle est la signification de cette répétition apparemment vaine ? Pourquoi trois
fois ? Une fois, c’est suffisant. Vous demandez à quelqu’un s’il vous aime et il vous
répond oui ou non et c’est fini. Pourquoi poser trois fois la question ?
Tout d’abord, trois est le symbole de ces trois étages : le sexe, l’amour et la prière. En
fait, les trois questions ne sont pas tout à fait identiques dans l’original, mais
l’anglais3 est une langue pauvre comparé à n’importe quelle langue ancienne, parce
que l’anglais est plus scientifique, plus mathématique. Et les langues anciennes
n’étaient ni scientifiques, ni mathématiques et c’était leur beauté : elles étaient
poétiques. Ainsi, il y avait beaucoup de sens pour un seul mot et il y avait aussi
beaucoup de mots avec un seul sens. Il y avait plus de fluidité, plus de possibilités.
2
3
Il veut dire dans l’état méditatif où tout est un, où tout est uni. Si tout est un, alors qui aimer ?
Et le français aussi…
On ne peut pas dire que dans l’original, ces trois questions étaient toutes les mêmes,
ce n’est pas le cas.
Deux termes distincts sont employés pour ‘’aimer’’. La première question du Christ
utilise le verbe ‘’agapao’’ qui implique un état d’amour, et non une relation. Lorsque
Jésus dit : ‘’M’aimes-tu ?’’ , il demande : ‘’Es-tu en état de prière avec moi ?’’ Il
demande le plus élevé. La différence doit être comprise.
Une relation est un état inférieur et le niveau d’amour le plus élevé n’est plus du tout
une relation, c’est simplement un état de votre être. Tout comme les arbres sont verts,
celui qui aime aime. Les arbres ne sont pas verts pour certaines personnes en
particulier. Ce n’est pas comme s’ils devenaient verts, quand vous arrivez. La fleur
continue de répandre son parfum, que quelqu’un s’approche d’elle ou pas, que
quelqu’un l’apprécie ou non. Elle n’entreprend pas de répandre son parfum, si elle
voit un grand poète s’approcher d’elle en se disant : ‘’Cet homme-là appréciera, cet
homme-là sera capable de comprendre qui je suis’’. Et elle ne se refermera pas non
plus si c’est un crétin ou un imbécile qui passe ou quelqu’un d’insensible ou de
borné, comme un politicien ou quelque chose dans ce goût-là. Elle ne se refermera
pas en se disant : ‘’A quoi bon ? Pourquoi jeter des perles aux pourceaux ?’’ Non ! La
fleur continue de répandre son parfum. Il s’agit d’un état, pas d’une relation.
Quand Jésus demande pour la première fois : ‘’Pierre, m’aimes-tu ?’’, il utilise le
terme ‘’agapao’’. Il veut dire : te situes-tu avec moi dans l’état d’amour ? Ton amour
pour moi est-il devenu l’amour du Tout ? Suis-je devenu la porte du Tout, du divin ?
M’aimes-tu, non pas personnellement, mais comme un représentant de Dieu ? Voistu mon Père en moi ? Peux-tu voir en moi Dieu Lui-même ? C’est le sens d’agapao qui
implique prière et compassion.
‘’Compassion’’ est un très beau terme qui a la même racine que ‘’passion’’. Quand
la passion devient-elle compassion ? La passion est une relation, c’est un désir
d’être étroitement lié, un besoin qui crée la dépendance, la servitude et qui
entraîne à sa suite tout son lot de misères. La compassion, c’est la même énergie,
mais il n’y a plus de désir intense de vous lier. Ce n’est pas qu’elle n’établit pas de
rapports, mais ce désir a disparu. La compassion est un état où vous pouvez être
seul et parfaitement heureux, absolument heureux. Vous pouvez être heureux avec
des gens, comme vous pouvez être heureux seul, alors vous êtes parvenu à l’état de
compassion. Mais si vous êtes incapable d’être heureux tout seul et si vous ne
pouvez être heureux qu’avec une personne particulière, c’est de la passion et vous
êtes dépendant. Et alors, naturellement, vous vous mettrez en colère contre la
personne sans laquelle vous ne pouvez pas être heureux. Vous vous mettrez en
colère. C’est pourquoi les amoureux se fâchent, pourquoi ils se fâchent
continuellement, parce que personne ne peut aimer sa servitude.
La liberté est la valeur ultime de l’âme humaine et c’est ainsi que vous haïssez tout
ce qui vous dégrade par rapport à votre liberté, tout ce qui vous confine. C’est
pourquoi, perpétuellement, les amoureux en arrivent à se haïr. Les psychologues
sont parvenus à voir que la relation amoureuse n’est pas qu’une simple relation
amoureuse. Ils parlent maintenant de relation ‘’amour-haine’’, parce que la haine
est toujours là. Alors, pourquoi ne parler que de relation amoureuse ?
Entre l’ami et l’ennemi, il n’y a pas tant de différence. Avec l’ami, vous avez une
relation amour-haine et avec l’ennemi, une relation haine-amour. C’est la seule
différence, c’est juste une différence d’accentuation. Avec l’amour qui prédomine et
la haine dissimulée, c’est l’amitié. Avec la haine qui prévaut et l’amour qui est passé
à l’arrière-plan, c’est l’hostilité.
Observez-le. La compassion veut dire que vous avez dépassé le besoin de dépendre
de qui que ce soit. A présent, vous pouvez partager, parce que vous n’avez plus
besoin. Vous ne pouvez partager que si vous n’avez plus besoin. Vous ne pouvez
donner que si vous n’avez plus besoin. Vous ne pouvez pas mendier et donner. Si
vous soupirez pour que quelqu’un vous donne de l’amour, comment pouvez-vous
donner ? Au mieux pourrez-vous le faire croire. Et la situation est la même en face.
L’autre prétend aussi qu’il ou elle vous aime pour que vous puissiez l’aimer. Les
deux partenaires se bercent mutuellement d’illusions, c’est pourquoi les lunes de
miel ne peuvent pas être bien longues. Pendant combien de temps pouvez-vous
vous abuser ? Pendant combien de temps ? Plus vous êtes intelligent, plus courte
sera la lune de miel. Et si vous êtes réellement intelligent, la première nuit suffira,
cela sera terminé. Vous comprendrez vite que vous êtes un mendiant et que c’est
un(e) mendiant(e) et que les deux mendiants réclament d’être comblés l’un par
l’autre. Et ils n’ont rien du tout ! Ils font simplement comme si, ils se font des
promesses…Et ces promesses ne sont faites que dans le but de recevoir. Tôt ou
tard, on commence à voir à travers les prétentions. Et la femme est en colère, parce
qu’elle a été abusée et l’homme est aussi en colère, parce qu’il a été abusé et
personne n’a réellement trompé l’autre.
Ceux qui mendient sont incapables de donner. Vous ne pouvez partager que si vous
possédez quelque chose. La compassion peut être partagée, parce qu’on déborde de
compassion, comme un nuage gorgé d’eau de pluie qui est prêt à pleuvoir.
Donc, avec la première question que Jésus pose – ‘’M’aimes-tu ?’’ – il utilise le terme
‘’agapao’’. Agapao, c’est la compassion, agapao, c’est l’amour lucide, l’amour
compréhensif et pas l’amour-engouement ; l’amour conscient et pas l’amour par
l’entremise d’un penchant inconscient, parce que vous aimez les formes de la femme,
le nez de l’homme, la couleur de ses cheveux ou de ses yeux. Ce sont des niaiseries.
Comment l’amour pourrait-il survenir par l’entremise de ces choses ? L’amour n’est
pas un penchant, un goût, une sympathie, une affection. C’est une compréhension.
Ce n’est pas émotionnel. Quand il possède une immense intelligence et de la
compassion, alors avec cette intensité de compassion, agapao survient.
Pierre répond en employant le terme ‘’philo’’. Pierre dit : ‘’Oui, Seigneur, je t’aime !’’
Mais il utilise un autre mot. Il n’emploie pas ‘’agapao’’, il utilise le mot ‘’philo’’, le mot
qui existe dans ‘’philosophie’’ ou dans ‘’philanthrope’’. ‘’Philo’’, qui possède la
qualité d’une affection personnelle, est une relation et pas un état. Ce n’est pas
conscient, c’est inconscient. Avec agapao, on s’élève ; avec philo, on tombe. C’est
pourquoi on dit ‘’tomber amoureux’’ : vous trébuchez dedans, vous plongez avec,
vous tombez dans un trou noir ! Philo est inconscient. Il n’émane pas de la vigilance,
de la conscience, de la compréhension, de l’observation ; il n’émane pas d’une âme
intégrée, il n’émane pas de l’individuation . Il émane de pulsions cachées, de
l’instinct et de l’engouement. C’est une convoitise.
Jésus pose une deuxième fois la question en utilisant encore le terme ‘’agapao’’. Le
maître tente d’enfoncer le clou. Pierre est passé à côté de la question et pourtant,
c’était si simple. Mais vous aussi, vous continuez à passer à côté, ne l’oubliez pas. Il
n’a pas conscience du fait que Jésus emploie un mot et qu’il répond par un autre mot,
c’est inconscient. Jésus doit reposer sa question. Et il emploie à nouveau le terme
‘’agapao’’ pour que Pierre puisse l’entendre. Peut-être que maintenant, il va
l’entendre. Mais la réponse de Pierre se situe à nouveau au niveau personnel. En fait,
il s’énerve quelque peu. Il doit songer : ‘’Jésus pense-t-il que je suis stupide ou quoi ?
Je lui ai dit que je l’aime et maintenant, il me repose encore la même question !’’ Il
doit s’être un peu agacé. Mais il emploie à nouveau le terme ‘’philo’’. Si vous vous
énervez, vous devenez encore plus inconscient et maintenant, il ne peut plus
‘’entendre’’ ce que dit Jésus, il ne peut plus ‘’voir’’ qui est Jésus. La question qui a été
réitérée l’a perturbé et il passe encore à côté.
La troisième fois, le Christ accepte le manque de compréhension de Pierre et il
emploie lui-même le mot ‘’philo’’. Pourquoi ? Parce que Jésus voit qu’il ne
comprendra pas cet état, qu’il n’y a jamais goûté et qu’il le dépasse. Si le maître voit
que vous ne pouvez pas arriver jusqu’à lui, alors il doit venir à vous. S’il continue
d’appeler et de s’époumoner et si vous ne venez toujours pas, alors il descend jusque
dans vos ténèbres pour vous prendre par la main et pour vous sortir de là.
La troisième fois, Jésus emploie le terme ‘’philo’’ et Pierre, que cette insistance
chagrine, argue de son amour avec encore plus d’ardeur. Il doit s’être énervé encore
un peu plus. ‘’Pourquoi Jésus me repose-t-il encore et toujours cette question, alors
que j’y ai déjà répondu ? Y a-t-il un doute dans son esprit ? Doute-t-il de mon
amour ?’’De telles questions ont dû surgir et il continue à passer à côté. A présent, il
est irrité et Jésus se tient juste à côté de lui et il lui a pris la main, mais il ne peut pas
‘’voir’’. Il continue de déclarer ‘’je t’aime’’, mais sa déclaration est égocentrique.
Et le Christ dit doucement : ‘’Va nourrir mes brebis !’’
‘’C’est inutile’’, se dit Jésus. ‘’Il me faudra attendre une autre fois. Ce n’est pas pour
maintenant.’’ Le Maître doit parfois attendre pendant des années. Et le disciple, de
son côté, veut que cela se produise, et d’autre part, il continue de créer toutes sortes
d’obstacles, de difficultés. Mais cela aussi, c’est naturel, car comment pourriez-vous
vous attendre à mieux de la part d’un esprit inconscient, d’un esprit qui ignore ce
que la Conscience signifie réellement, qui vit dans un donjon obscur et qui n’a jamais
vu la Lumière ? Et vous continuez de parler d’amour et de lumière…Par compassion,
Jésus dit : ‘’OK, Pierre, va nourrir mes brebis. Oublie-cela. Ce n’est pas le bon
moment. Je n’aurais pas dû poser la question. Il me faudra attendre.’’
Maurice Nicoll, un des disciples de George Gurdjieff, et l’un des disciples ‘’majeurs’’
dit : ‘’En cessant de nous inventer nous-mêmes, nous cessons d’inventer les autres.
Nous commençons à ressentir une existence commune, dénuée de passion et qui est
juste et simplement ce qu’elle est, sans plus de définition.’’
Si vous cessez de vous inventer, c’est que votre ego est votre invention. Quand vous
cessez de fabriquer une fausse personnalité bidon tout autour de vous, quand vous
entreprenez d’être simplement ce que vous êtes, quand vous commencez à vous
détendre dans l’existence…
’’En cessant de nous inventer, nous cessons d’inventer les autres…’’Les deux choses
vont ensemble. Si vous vous inventez, vous inventerez aussi les autres. Vous
continuez à fabriquer une très belle image de vous-même et en conséquence, vous
continuez à fabriquer de belles images des autres. Ni l’image qui vous concerne n’est
vraie, pas plus que l’image que vous avez d’autrui et donc, vous vivez dans un genre
d’illusion et vous êtes frustré, temps et plus, parce que rien ne se conforme à votre
image. C’est impossible, puisque que votre image n’est qu’une invention. Ce n’est
pas la vérité.
Maurice Nicoll a raison. Il dit : si nous cessons de nous inventer, nous cessons
d’inventer les autres et alors apparaît soudainement un terrain commun, une
existence commune. La passion disparaît et quand la passion disparaît, c’est la
compassion qui apparaît.
Le sens du mot ‘’compassion’’, c’est d’avoir une passion si intense que la passion
elle-même se consume dans cette intensité. Elle est si intense qu’elle se consume et
elle disparaît dans le feu : le feu de sa propre intensité. Alors, il y a un type
d’amour totalement différent : la compassion. Celle-ci continuera de s’écouler, de
se répandre, de se propager à partir de vous, jour et nuit, année après année. Et
celui ou celle qui est prêt(e) à la partager peut la partager. Celui ou celle qui est
prêt(e) à la recevoir, à l’assimiler peut l’assimiler et être comblé(e) par elle. A ce
moment-là, elle s’écoule pour tous et à l’égard de tout.
La compassion naît du feu même de la passion. La compassion est issue de la
passion. Le sexe ne peut pas comprendre, inclure l'’amour. Et l’amour ne peut pas
comprendre, inclure la prière. Mais l’amour existe dans le sexe, comme un enfant
dans une matrice ou comme un oiseau dans un œuf. L’œuf protège pendant un
certain temps, puis il devient un obstacle. L’œuf doit être brisé, l’oiseau doit en
sortir et voler dans le ciel.
Le sexe est comme un œuf où grandit l’oiseau de l’amour. Puis, l’oiseau lui-même,
l’amour est comme un autre œuf où grandit la prière. Et quand la prière a grandi
jusqu’à son maximum, alors il ne reste plus que Dieu et vous n’êtes plus. Alors, où
que vous soyez, vous êtes dans le temple. Alors, où que vous soyez, vous êtes
complètement bienheureux. C’est là le sens du ciel, c’est là le sens du Royaume
des Cieux, du Royaume de Dieu.
Donc, Jésus dit : va d’abord te réconcilier avec ton frère ; réconcilie-toi avec toute la
création.
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Et moi je vous dis :
quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec
elle.
La question n’est pas de commettre un acte, la question, c’est d’y penser. C’est la
différence entre le crime et le péché. Le crime, vous l’avez commis et le péché, vous y
songez. C’est la différence entre le crime et le péché. Le crime est le péché accompli
dans le monde matériel : vous l’avez fait et vous l’avez montré au monde. Le péché
est ce crime que vous avez nourri en vous.
Jésus dit : si vous convoitez, vous avez déjà commis l’adultère, tandis que la loi de
Moïse dit : ne commettez pas d’adultère. C’est l’un des commandements. Mais elle
vous interdit seulement d’agir et ne dit rien quant à vos pensées. Elle parle seulement
des rapports entre personnes et ne dit rien concernant ce qui se passe dans vos rêves.
Jésus, lui, dit : cela ne va pas vous transformer. Vous pouvez être parfaitement
moraliste à l’extérieur, alors que profondément à l’intérieur de vous-même, vous
pouvez contenir tous les serpents et tous les scorpions et tous les poisons du monde.
Le problème réel doit être là.
Que veut-il dire ? Veut-il dire : ne regardez pas les belles femmes ? C’est impossible !
Il ne peut pas vouloir dire cela, car s’il a dit ‘’Regardez les lis des champs !’’,
comment pourrait-il dire de ne pas admirer une belle femme ? Si les lis sont beaux,
alors pourquoi pas un bel homme, une belle femme ? Si les lis représentent Dieu et sa
beauté, alors l’homme représente Dieu supérieurement et la femme représente le
plus beau phénomène dans le monde. Jésus ne peut pas dire cela. Alors, que dit-il ?
Essayez de le comprendre.
Vous voyez une belle femme. Si vous admirez sa beauté, sa forme, la façon dont elle
marche, la grâce qui l’entoure, vous êtes simplement ravi, ébloui, émerveillé, vous
êtes enchanté par la beauté que Dieu a placée en elle et il n’y a pas de convoitise. La
convoitise n’apparaît que si vous voyez une belle femme et si tout de suite, vous
vous mettez à penser : ‘’Comment pourrais-je la posséder ?’’ Ce sont la pensée et le
désir qui sont les coupables. Si vous pensez : ‘’Comment la posséder ? Comment
l’avoir ? Comment mettre la main dessus ?’’, alors, vous devenez laid et la violence
arrive.
Savez-vous d’où vient le mot ‘’violence’’ ? De la même racine que viol. Vous avez
violé une loi subtile de Dieu, quand vous avez songé à la posséder. C’est une
profanation. Il y avait une immense beauté que vous avez profanée : vous avez
commencé à penser à l’exploiter. Si la convoitise éveille le désir de possession et
d’exploitation, alors la beauté est perdue. Vous avez déjà souillé la femme dans votre
cœur. Elle était si pure, si belle, c’était une merveille à regarder. Maintenant, vous
avez tout détruit et plutôt que de l’admirer, que d’être enchanté par elle, que de vous
en réjouir, vous gambergez. Que faire ? Car elle appartient à quelqu’un d’autre, elle
est la femme d’un autre. Désormais, vous êtes troublé. Plutôt que d’être exalté et
nourri par sa beauté, maintenant, vous êtes troublé. Et vous vous mettez à penser :
‘’Comment la prendre ? Comment faire ?’’ Vous êtes complètement à côté de la
plaque. Une porte s’ouvrait par l’entremise de sa beauté et vous l’avez manquée ;
vous l’avez souillée. C’est cela, l’adultère.
Jésus ne dit pas d’être insensible à la beauté. Il ne peut pas dire ça. Je peux en attester,
il ne peut pas dire ça, en dépit de ce que les chrétiens enseignent aux gens. C’est un
homme à la sensibilité et à l’amour immenses. Comment pourrait-il être insensible à
la beauté ? Il dit simplement : ne convoitez pas, appréciez. Et il n’y a aucune nécessité
d’apprécier quelque chose en le possédant. En fait, comment pouvez-vous apprécier
quelque chose, une fois que vous le possédez ? Par la possession même, la beauté est
détruite. Vous l’avez empoisonnée, vous l’avez souillée. C’est cela, l’adultère.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi : car il est préférable que
périsse pour toi un seul de tes membres et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la
géhenne.
Ceci a été mal interprété par des gens névrosés, au fil des siècles. Des gens se sont
sectionné les organes génitaux, des saints chrétiens. Des gens se sont arraché les yeux
pour se conformer à ceci. L’homme peut être si stupide ! Mes ces gens sont vénérés et
respectés : on les a sanctifiés, ils sont devenus des saints. C’était juste des gens
névrosés, hystériques, totalement stupides ! Il ne s’agit pas de cela. C’est juste une
manière de dire que la partie doit se sacrifier pour l’ensemble. Le Tout ne peut pas
être sacrifié pour la partie, c’est tout. C’est juste une manière de dire que si vous
découvrez qu’une partie de votre être génère des perturbations entre vous et la
totalité, elle doit être sacrifiée.
Et pour autant que je le sache, toute partie qui a des prétentions totalitaires est la
nuisance et c’est seulement votre mental, et rien d’autre. Seul votre mental prétend
totalement se suffire à lui-même.
Le mental est l’unique imposteur : il vous donne l’idée de la distinction, de l’ego.
Jésus dit : sacrifiez la partie. Si c’est votre tête, sacrifiez-la ! Cela ne signifie pas qu’il
faut vous trancher la tête ! Cela veut simplement dire : inclinez-vous, abandonnez
votre tête. Si c’est votre mental, le processus mental qui vous crée des problèmes,
sacrifiez-le. Il n’a aucune valeur. Pour la totalité, vous devez tout sacrifier. C’est
seulement alors que vous la trouverez.
Nicolas de Cues soutenait que bien vivre n’impliquait qu’une seule chose, ce qu’il
appelait la ‘’docte ignorance’’. Apprenez à redevenir innocent. ‘’Apprenez
l’ignorance’’, disait-il. Devenez enfantin. Réapprenez l’innocence. Détachez-vous de
votre passé sans intérêt et mort, de vos connaissances, de votre mental. La ‘’docte
ignorance’’ signifie l’ignorance qui sait.
Il y a un type d’ignorance qui sait, comme il y a aussi un type de connaissance
ignorante. La connaissance du pandit, la connaissance du prêtre sont juste une
connaissance nominative qui ne connaît pas. Par contre l’ignorance4 d’un Jésus ou
d’un Bouddha…
Quand l’empereur Wu demanda à Bodhidharma ‘’Qui êtes-vous ?’’, celui-ci répondit
simplement : ‘’Je ne sais pas.’’ Une telle ignorance, une telle innocence connaît.
Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5.48)
Celle-ci aussi est l’une des paroles les plus essentielles de Jésus. Vous donc, vous serez
parfaits…Souvenez-vous, vous ne pouvez être parfaits que parce qu’intrinsèquement,
vous êtes parfaits. Vous êtes issus de Dieu, alors comment pourriez-vous être
imparfaits ? Vous faites partie de Dieu, alors comment pourriez-vous être
imparfaits ? Intrinsèquement, vous êtes Dieu, parce que Dieu est en vous et que vous
êtes en Dieu. Mais vous ne vous êtes pas donné l’opportunité d’examiner la question.
4
Ou l’inconnaissance, NDT
Vous êtes tellement pris, tellement occupés à l’extérieur à faire ceci ou cela, à
apporter un peu de bien au monde, de justice au monde, à faire une réforme ou
l’autre. Vous êtes tellement préoccupés par l’extérieur, c’est pourquoi vous n’avez
pas pu regarder à l’intérieur de votre sanctuaire le plus intime et Dieu s’y trouve,
Dieu réside en vous.
Oui, vous pourrez être parfaits, parce que vous êtes parfaits. Seuls les parfaits
peuvent être parfaits.
Ainsi donc, la perfection ne se crée pas, elle doit simplement être découverte. Elle est
déjà là, cachée peut-être, dissimulée derrière des voiles, peut-être, mais elle est là.
Ôtez les voiles et vous la trouverez. Vous n’avez pas à l’inventer, vous devez juste la
découvrir. Ou peut-être même que découvrir n’est pas le bon mot. Disons…la
redécouvrir…
Référence : Osho, I Say Unto You, Vol. 1