Telechargé par pierrealberthayen

AU-DELA DE TOUT CONDITIONNEMENT - OSHO

AU-DELÀ DE TOUT CONDITIONNEMENT
OSHO
Question tirée du livre d’Osho, The Path of the Mystic :
‘’La pensée d’être immobile et tranquille ne m’excite pas. Elle m’effraye en fait et je finis
encore plus angoissée. Je ne comprends pas. Pourriez-vous expliquer cette résistance à la
méditation, je vous prie ?’’
La pensée de l’immobilité et du silence n’excite personne. Il ne s’agit pas de votre
problème personnel. C’est le problème du mental humain comme tel, parce qu’être
immobile, être silencieux veut dire être dans un état de non-mental.
Le mental ne peut pas être immobile. Il lui faut penser et se tracasser sans cesse. Parfois
même, si vous êtes un tout petit peu silencieuse, vous commencez immédiatement à vous
inquiéter : pourquoi suis-je silencieuse ? Tout sera bon pour générer des inquiétudes, des
réflexions, car le mental ne peut exister que d’une seule manière – en courant, en courant
toujours après quelque chose ou en fuyant quelque chose, toujours dans la mobilité. Le
mental existe dans la mobilité. Stoppez et le mental disparaît.
Actuellement, vous êtes identifiée au mental. Vous pensez être le mental. D’où la peur. Si
vous êtes identifiée au mental, naturellement, si le mental s'arrête, vous êtes finie. Et vous
ne connaissez rien d’autre au-delà du mental.
La réalité, c’est que vous n’êtes pas le mental, vous êtes quelque chose au-delà du mental.
Et donc, il est absolument nécessaire que le mental s’arrête pour que pour la première
fois, vous puissiez savoir que vous n’êtes pas le mental – parce que vous êtes toujours là.
Le mental a disparu et vous êtes toujours là – avec plus de joie, avec plus de splendeur,
avec plus de lumière, avec plus de conscience. Le mental était l’imposteur et vous êtes
tombée dans le panneau.
Ce qu’il vous faut comprendre, c’est le processus de l’identification – comment on peut
s’identifier à quelque chose que l’on n’est pas.
Il y a une ancienne parabole en Orient qui raconte qu’une lionne mit au monde son
lionceau en franchissant une butte et que celui-ci tomba sur une route où passait un
grand troupeau de moutons. Et donc, il côtoya naturellement les moutons, il vécut avec
les moutons et il se comporta comme un mouton. Il n’avait pas la moindre idée, pas
même dans ses rêves les plus fous, qu’il était un lion. Comment aurait-il pu ? Tout son
entourage était constitué par des moutons, d’innombrables moutons…Il n’avait jamais rugi
comme un lion, car un mouton ne rugit pas. Il n’avait jamais été solitaire, comme un lion,
car un mouton ne reste jamais seul. Il reste toujours au sein de la multitude. La multitude
est douillette et sûre et on s’y sent en sécurité. Si vous regardez des moutons qui
avancent, ils sont tellement proches l’un de l’autre qu’ils se marchent presque sur les
pattes. Ils ont tellement peur d’être tous seuls !
Le lion a commencé à grandir. C’était un phénomène étrange. Mentalement, il s’identifiait
à un mouton, mais la biologie ne se conforme nullement à votre identification, la nature
ne va pas vous suivre.
Il est devenu un lion magnifique, mais comme les choses se sont déroulées très lentement,
les moutons ont eu le temps de s’habituer au lion, tandis que le lion s’habituait aux
moutons. Naturellement, les moutons pensaient bien qu’il était un peu spécial, singulier,
particulier…Quelle idée de ressembler ainsi à un lion sans être un lion ! Mais ils le
connaissaient depuis sa naissance, ils l’avaient élevé, ils l’avaient allaité... Il n’était pas
végétarien de nature, car aucun lion ne l’est, mais ce lion-ci, lui, était végétarien, parce
que les moutons sont végétariens et il mangeait de l’herbe avec délice.
Ils acceptèrent sa différence – sa taille exceptionnelle et sa ressemblance avec un lion. Un
sage parmi les moutons dit : ‘’C’est un phénomène de la nature ! Cela arrive, de temps à
autre.’’ Lui-même croyait que c’était la vérité. Sa couleur était différente, son corps était
différent – il devait être un phénomène, une anormalité…Mais l’idée d’être un lion, cela, ce
n’était pas possible ! Il vivait dans l’entourage proche de tous ces autres moutons et
certains moutons plus psychanalystes que les autres lui répétèrent l’explication : ‘’Tu es
juste un phénomène de la nature. Ne t’inquiète pas. Nous prendrons bien soin de toi.’’
Mais un jour, un vieux lion passa et aperçut ce jeune lion qui se distinguait dans la masse
des moutons. Et il ne pouvait pas en croire ses yeux ! Il n’avait jamais vu cela et il n’avait
jamais entendu dire qu’un lion pouvait se trouver au milieu d’un troupeau de moutons
sans que ceux-ci ne paniquent. Et ce lion se déplaçait exactement comme un mouton et il
mangeait de l’herbe !
Le vieux lion ne pouvait décidément pas en croire ses yeux et il oublia d’attraper un
mouton pour son déjeuner. Il oublia complètement son déjeuner. C’était tellement
étrange qu’il se résolut à attraper le jeune lion. Mais il était vieux et ce lion était dans sa
prime jeunesse – et il s’enfuit ! Quand bien même croyait-il qu’il était un mouton, en
présence du danger, l’identification disparut et il se mit à courir comme un lion et le vieux
lion eut toutes les peines du monde à le rattraper. Finalement, le vieux lion réussit à le
cerner et le jeune lion se mit à geindre et à gémir : ‘’Pardonnez-moi ! Je ne suis qu’un
pauvre petit mouton, savez-vous !’’ Et le vieux lion rétorqua : ‘’Espèce d’idiot ! Arrête tes
jérémiades et accompagne-moi jusqu’à la mare.’’
Il y avait une mare juste à côté et il y escorta le jeune lion. Ce n’est pas que le jeune lion
s’y rendait de son plein gré, il s’y rendait bien malgré lui, mais que pouviez-vous faire
contre un lion, si vous n’êtes qu’un petit mouton ? Il pourrait le tuer, s’il ne le suivait pas,
aussi l’accompagna-t-il. La mare était silencieuse et sans la moindre ride, pareille à un
miroir, presque. Et le vieux lion dit au jeune lion : ‘’Regarde simplement ! Regarde mon
visage et regarde ton visage ; regarde mon corps et regarde ton corps dans l’eau.’’
Une seconde plus tard, il y eut un énorme rugissement répercuté par les collines
environnantes ! Le mouton avait disparu. Il était un être totalement différent, il s’était
reconnu. L’identification avec le mouton n’était pas une réalité, c’était juste un concept
mental. A présent, il avait vu la réalité. Et le vieux lion dit : ‘’Maintenant, je n’ai plus rien à
dire. Tu as compris !’’
Le jeune lion pouvait ressentir une énergie telle qu’il n’en avait jamais ressentie, comme si
celle-ci était demeurée latente. Il pouvait ressentir une puissance phénoménale, alors qu’il
n’avait toujours été qu’un faible et modeste mouton. Toute cette faiblesse, toute cette
modestie s’étaient tout simplement évaporées…
C’est une ancienne parabole sur le maître et le disciple. La fonction du maître est
seulement d’amener le disciple à voir qui il est et que ce qu’il continue de croire n’est pas
la vérité.
La nature ne crée pas votre mental. Essayez de toujours faire la distinction : la nature a
créé votre cerveau. Votre cerveau est une mécanique physique, mais votre mental est
créé par la société dans laquelle vous vivez – par la religion, l’Eglise, l’idéologie que vos
parents suivent, l’institution pédagogique dans laquelle vous avait fait vos études et toutes
sortes de facteurs. C’est la raison pour laquelle il existe une mentalité chrétienne, une
mentalité hindoue, une mentalité musulmane et une mentalité communiste. Le cerveau
est naturel, mais la mentalité est fabriquée. Elle dépend de quel troupeau vous provenez.
Était-ce un troupeau de moutons hindous ? Alors, vous vous comporterez
‘’naturellement’’ comme un hindou !
Un de mes amis qui enseignait le pali et le bouddhisme – et qui était lui-même un
brahmane hindou très orthodoxe ! – s’était rendu au Tibet pour y étudier pour sa thèse de
doctorat sur le bouddhisme tibétain et sur les différences qui étaient apparues entre le
bouddhisme indien et le bouddhisme tibétain. Mais il n’a pas pu rester là-bas pendant
plus de deux jours pour la simple raison que depuis sa naissance, on lui avait appris à
prendre un bain d’eau froide avant le lever du soleil. Et prendre un bain d’eau froide au
Tibet avant le lever du soleil, c’est risquer d’être congelé ! Vous pourriez en mourir. Et
sans prendre un bain, il ne lui était pas permis de procéder au culte et il ne pouvait pas
non plus manger. Ce bain était absolument indispensable !
C’est parfaitement sensé dans un pays chaud comme l’Inde, mais au Tibet où les neiges
sont éternelles ?
Dans les Ecritures tibétaines, il est dit qu’on devrait prendre un bain au moins une fois par
an. C’est un devoir religieux. Au moins une fois par an ! Maintenant, le Dalaï Lama a fui le
Tibet pour se réfugier en Inde et des milliers de lamas sont arrivés en Inde, mais il est très
compliqué de leur parler…Ils venaient me voir, mais ils empestaient – car en Inde aussi, ils
suivent leur religion…Un bain au moins une fois par an !
En Inde, si vous ne prenez un bain qu’une fois par an, à vous seul, vous pourrez empester
tout le voisinage, car on transpire tellement et il y a tellement de poussière. Et ces lamas
portent encore beaucoup de vêtements, plusieurs couches de vêtements, jusqu’à sept
couches, je pense. Et ils souffrent de la chaleur, mais mentalement…Ils ont bien
l’impression que quelque chose ne va pas, mais le mental est tellement ancré. Pendant
des siècles, ils ont vécu ainsi…
Je leur ai dit : ‘’Si vous voulez me parler, vous devez garder vos distances (au moins trois
mètres !). Ne m’approchez pas, car je suis allergique aux odeurs – fussent-elles
bouddhistes, cela n’a pas d’importance !
En Inde, il est tout à fait normal de prendre deux bains, matin et soir. Et ceux qui ont le
temps – des gens comme moi – peuvent même en prendre trois ! C’est seulement alors
que vous pouvez rester frais.
Un musulman peut épouser quatre femmes sans aucune difficulté, sa conscience ne le
titillera pas. Il ne songerait même pas au fait que ce qu’il fait n’est pas humain, car dans le
monde, les hommes et les femmes sont en nombres égaux et si un homme épouse
quatre femmes, alors trois hommes resteront sans femme…Et le mahométisme est la
deuxième plus grande religion au monde. Si chaque mahométan veut se marier…Et il n’y a
pas de limite. Mahomet lui-même avait neuf épouses…
Un roi mahométan, le nizam d’Hyderabad, a eu 500 femmes - durant ce siècle encore,
avant que l’Inde ne devienne libre. C’est comme si les femmes constituaient un cheptel –
vous pouvez en avoir autant que vous voulez. Cela fait mal à tout qui ne s’identifie pas à
une telle idée depuis le départ.
En Chine, on mange des serpents et on pense que c’est un mets très raffiné. On leur
tranche la tête où se situe la glande qui contient du poison et on prépare le reste comme
un légume. Peut-être que dans le reste du monde, on ne songerait pas à manger des
serpents, mais vous faites bien autre chose. Vous pouvez manger des tas d’autres
animaux, sans jamais songer qu’eux aussi participent à la même Vie. Tout comme vous
voulez vivre, eux aussi veulent vivre et vous les tuez simplement pour vos minuscules
papilles gustatives…
Vous pourriez subir une petite opération chirurgicale et vous ne sentiriez plus rien : vous
pourriez manger tout ce que vous voulez et ce serait pareil. Simplement pour ces
quelques papilles gustatives minuscules, des gens tuent toutes sortes d’animaux et se
moquent les uns des autres…
Je ne pense pas qu’il existe un animal qui ne soit pas mangé d’une façon ou d’une autre.
Même les animaux les plus sales qui vivent sur les excréments humains sont aussi mangés.
Bref, tout ce qu’il faut pour le mental, c’est un conditionnement continu et permanent qui
devient ainsi de plus en plus opaque, de plus en plus dense et vous oubliez lentement que
vous êtes distincts de lui, vous le ‘’devenez’’. C’est précisément le problème…
La méditation est l’unique méthode qui puisse vous faire prendre conscience que vous
n’êtes pas le mental et cela vous procure une maîtrise formidable. A ce moment-là, vous
pouvez déterminer ce qui est bien ou ce qui ne l’est pas avec votre esprit, car il existe une
certaine distance, vous êtes un observateur, un témoin. A ce moment-là, vous n’êtes plus
tant liée à votre mental et c’est votre crainte.
Vous vous êtes complètement oubliée et vous êtes devenue le mental. L’identification est
totale.
Alors, quand je dis : ‘’Soyez silencieuse. Soyez immobile. Soyez attentive et observez le
processus de vos pensées’’, vous flippez, vous prenez peur. Cela ressemble à une mort.
D’une certaine façon, vous avez raison, mais ce n’est pas votre mort, c’est la mort de vos
conditionnements qui, combinés, constituent votre mental.
Une fois que vous êtes capable de voir clairement la distinction – c’est-à-dire que vous
êtes distincte du mental et que le mental est distinct du cerveau – cela survient
simultanément : en vous distançant du mental, vous constatez soudainement que le
mental se situait au milieu et des deux côtés, il y a le cerveau et la Conscience.
Le cerveau n’est qu’une mécanique, vous pouvez en faire tout ce que vous voulez. C’est le
mental qui est problématique, car les autres le fabriquent pour vous. Il n’est pas vous, il ne
vous appartient même pas, tout est emprunté.
Les prêtres, les politiciens, ceux qui détiennent le pouvoir ou qui ont des intérêts
particuliers ne désirent pas que vous sachiez que vous êtes au-dessus du mental, que
vous vous situez au-delà du mental. Ils ont tout fait pour vous garder identifiés avec le
mental, parce que ce sont eux qui gèrent le mental et pas vous. Vous êtes dupés d’une
manière si subtile ! Les gestionnaires de ‘’votre’’ mental se trouvent à l’extérieur !
Demandez à un hindou : si vous croyez que la vache est votre mère, nous n’y voyons pas
d’objection – mais alors, pourquoi le taureau n’est-il pas votre père et immédiatement, il
sera prêt à vous empoigner !
Jugal Kishore Birla était l’un des hommes les plus riches de l’Inde. Après avoir entendu
parler de moi et après avoir lu mes livres, il a voulu me voir et je me suis dit : ‘’Pourquoi
veut-il avoir affaire à moi ?’’ Mais il n’y avait pas de mal. ..
Je passais par Delhi et je l’ai rencontré et il a dit : ‘’Je suis prêt à vous donner autant
d’argent que vous désirez. Je suis prêt à vous donner tout ce qu’il faut si vous voyagez
autour du monde pour répandre l’hindouisme et tout spécialement l’idée que l’abattage
des vaches devrait être arrêté.’’
J’ai dit : ‘’Vous n’avez pas fait appel à la bonne personne. Pourquoi l’abattage des vaches
devrait-il cesser ? Tous les abattages et tous les massacres devraient cesser ! C’est
compréhensible...’’
Et il a dit : ‘’Parce que la vache est notre mère !’’ C’était un vieil homme.
Alors, je lui ai demandé : ‘’Et qu’en est-il du taureau ? Est-il aussi votre père ?’’
Il était tellement fâché qu’il a dit que si je n’avais pas été son invité, il m’aurait jeté dehors !
Et j’ai dit : ‘’Vous pouvez me jeter dehors immédiatement, il n’y a pas de problème. Cela
montrera quel amour vous avez pour la vie et quel respect vous avez pour les êtres
vivants – même les êtres humains, même ceux que vous avez souhaités avoir comme
invités. Et vous voulez qu’on cesse d’abattre les vaches ! Ce n’est pas vous qui le voulez.
C’est un simple conditionnement. Vous êtes un hindou, vous avez un mental hindou et
vous n’avez jamais été en mesure de dépasser un tant soit peu le mental et de voir ses
stratégies.’’
Si la Conscience s’identifie au mental, alors le cerveau n’y peut rien. Le cerveau est
simplement mécanique. Tout ce que le mental veut, le cerveau le fait. Mais si vous en êtes
distincte, alors le mental perd son pouvoir. Sinon, il est souverain. Et vous craignez la
méditation à cause de cela.
Mais je suis bel et bien vivant ! Personne ne meurt par l’entremise de la méditation ! En
fait, le Maître ne peut rien faire d’autre que de vous conduire jusqu’à la mare pour vous
montrer ces deux visages dans le miroir... Je suis vivant et je n’ai aucun conditionnement.
Je n’appartiens à aucune religion, à aucune idéologie politique, à aucune nation. Je n’ai
pas le crâne bourré avec toutes sortes de choses ridicules qu’on appelle ‘’écritures
saintes’’…J’ai tout simplement mis le mental de côté. J’emploie directement le cerveau :
aucun conditionnement, aucun médiateur ne sont nécessaires.
Mais votre peur est parfaitement compréhensible. Vous avez été élevée avec certains
concepts et peut-être craignez-vous d’y renoncer.
Par exemple, pour un chrétien, l’alcool n’est pas un péché, mais pour le Mahatma Gandhi,
même le thé était un péché. Dans son ashram, on ne pouvait pas boire de thé, alors
l’alcool, vous pensez bien…
Les chrétiens continuent de proclamer au monde que Jésus a fait beaucoup de miracles et
l’un d’eux était qu’il a transformé de l’eau en alcool, de l’eau en vin. Mais demandez aux
jaïns ou aux bouddhistes et ils diront : ‘’Ce n’est pas un miracle ! C’est un crime ! S’il avait
transformé du vin en eau, là, c’eût été un miracle, mais transformer de l’eau en vin, c’est
tout simplement un crime ! On devrait le mettre en prison, on ne devrait pas le respecter
pour cela !’’ Ni le jaïnisme, ni le bouddhisme ne peuvent concevoir que quiconque médite
un peu puisse boire du vin ou de l’alcool ou consommer n’importe quel type de drogue.
Toutes les drogues sont utilisées pour oublier vos misères. Mais si cette misère elle-même
disparaît, il n’y a rien à oublier. Lorsqu’une maladie est terminée, vous disposez du flacon
du médicament. Vous ne le transportez pas partout avec vous en vous disant : ‘’C’est un
médicament fabuleux et je vais le vénérer pendant le restant de ma vie et une fois de
temps en temps, j’en reprendrai bien une petite goutte, parce qu’il a guéri ma maladie !’’
Celui qui médite n’est simplement plus misérable. Il a oublié le langage de la souffrance,
de l’angoisse, de l’inquiétude. Il ne connaît que la joie. Il connaît l’amour, il connaît la paix.
Il n’a rien à oublier. En fait, si vous voulez le contraindre à boire, il refusera, car cela sera
oublier la paix, la joie, la félicité, le silence.
Si vous vous sentez misérable, si vous souffrez, si vous êtes perpétuellement tendu et
inquiet, alors l’alcool peut certainement vous procurer un soulagement, un petit
soulagement provisoire et sans doute avec un coût très élevé, car demain, vous vous
réveillerez à nouveau avec toutes vos misères et le désir de boire encore pour les oublier.
Et à chaque fois, vous devrez augmenter la dose d’alcool ou de drogue, puisque votre
immunité augmentera également…
Je connais quelques personnes…L’une d’elles habitait tout près de chez moi. C’était un
ami de mon père et un homme haut en couleurs…Vous rencontrez rarement ce genre de
personnage, surtout en Inde où les gens vivent simplement.
Il portait des vêtements différents, chaque jour de l’année – et tous des vêtements de
marque occidentaux. Dans cette petite ville, personne d’autre ne portait des vêtements
occidentaux, il était le seul. Il avait de superbes chapeaux et une magnifique canne…et il
était toujours ivre. Il ne s’était jamais marié. Il avait hérité de beaucoup d’argent. Il avait
calculé que cela suffirait : ‘’Même pour deux vies, cela suffira !’’ Tout ce qu’il faisait, c’était
boire, il buvait continuellement. Il commençait à boire dès le matin et la nuit, il s’endormait
tout en buvant. Mais vous ne le trouviez jamais saoul. Il était toujours parfaitement
‘’normal’’ !
Les gens lui offraient à boire autant que possible – pour s’en assurer – et il continuait à
boire. Ils tombaient à court d’alcool, mais lui ne tombait jamais à la renverse ! Il était
toujours d’attaque ! Vous ne pouviez pas imaginer qu’il était devenu à ce point immunisé.
Chaque drogue entraîne l’immunité. Tôt ou tard, elle n’a plus aucun effet.
Il s’appelait Manmohan Rai et il m’appréciait beaucoup. Il me faisait entrer chez lui et il me
disait : ‘’Ecoute’’, en me montrant son bar, ‘’ne bois jamais !’’
J’ai dit : ‘’C’est certainement un très bon conseil de votre part !’’
Et il a dit : ‘’Oui, cela m’a gâché. A présent, c’est trop tard. Je ne peux pas revenir en
arrière. En fait, mon père m’a gâté pourri en me donnant tout cet argent. Je n’ai pas dû
travailler. Mais l’homme doit bien faire quelque chose, autrement il s’agite et il s’énerve. Et
donc, simplement pour me calmer, j’ai commencé à boire et j’y ai trouvé un grand
soulagement et bientôt, j’ai continué sans plus m’arrêter.
Et il a encore ajouté : ‘’Maintenant, je me demande même si c’est encore du sang que j’ai
dans les veines, parce que j’ai bu tellement d’alcool…Et le problème, c’est que mes soucis
sont toujours bien là. Je suis encore plus inquiet maintenant, puisque j’ai gâché toute ma
vie. Je ne connais même pas le sens de la vie. Je ressemble à un animal...
Je parade devant la ville entière et tout le monde croit que je mène la grande vie, alors
que je pleure dans mon lit, car quel genre de vie est-ce là : boire du matin au soir ? Les
docteurs disent : ‘’Vous galvaudez vos chances de vivre, vous pouvez faire un arrêt
cardiaque, savez-vous...’’ Mais je ne peux pas m’arrêter. Je ne peux pas m’arrêter, tout
simplement parce que l’alcool m’aide au moins sur le moment même à oublier toutes ces
choses. Mais elles ne cessent de revenir et elles se vengent !’’
Avirbhava, si tu veux réellement vivre une vie sensée, une vie qui a un chant, une musique,
une danse, une vie qui connaît l’immortalité de ton être le plus intime, il te faudra
renoncer à la peur de la méditation.
Et que vas-tu perdre ? On peut avoir peur quand on a quelque chose à perdre. Je ne vois
pas que tu puisses perdre quelque chose, car tu n’as rien.
Tu n’as rien à perdre. Tu n’as pas d’individualité – tu pourras le comprendre en méditant.
Tu n’as aucune liberté, puisque ton mental constitue ton esclavage. Tu pourras être libre,
si tu parviens à écarter ton mental.
Fondamentalement, la peur est liée à la mort. En méditant et en te connaissant toi-même,
tu sauras que la mort n’existe pas.
La mort ne s’est jamais produite. C’est l’une des choses les plus illusoires. Il n’apparaît
qu’aux autres, à l’extérieur, qu’une personne est morte – mais à l’intérieur, personne ne
meurt jamais. Et la méditation te conduit jusqu’à ton noyau le plus intime et en le
connaissant, toute peur disparaîtra.
En le connaissant, toute avidité, toute cupidité disparaîtra, puisque tu ne peux avoir de
plus gros trésor que celui que tu auras découvert en toi-même. Le monde entier et la
souveraineté sur celui-ci n’ont aucune valeur, comparé à cela. Mais au début, c’est comme
quand tu apprends à nager – la peur est là ! Celui ou celle qui ne sait pas nager a peur.
Il y a cette histoire soufie…Le Mulla Nasruddin voulait apprendre à nager. Il chercha un
maître-nageur qui avait appris à nager à beaucoup de personnes et se rendit avec lui à la
rivière, mais il glissa malencontreusement sur les marches et tomba dans l’eau profonde et
le maître-nageur eut beaucoup de mal à l’en sortir… Il but la tasse à plusieurs reprises et il
criait ‘’Au secours ! Au secours !’’ et dès qu’il fut sorti de l’eau, il prit ses jambes à son cou
et la poudre d’escampette !
Le professeur le rappela : ‘’Où courez-vous donc comme cela ?’’
Et lui de répondre : ‘’Plus jamais je ne m’approcherai de l’eau avant d’avoir appris à
nager !’’
Mais comment apprendre à nager sans s’approcher de l’eau ? Vous ne pouvez pas
apprendre sur votre matelas : vous pouvez bien vous allonger et gesticuler comme ceci
ou comme cela et peut-être vous occasionner quelque luxation, mais vous n’y arriverez
pas comme cela ! Vous devrez vous approcher de l’eau et procéder méthodiquement.
La méditation n’est pas une méthode qui vous jette simplement dans des profondeurs
impossibles et inatteignables pour vous ; elle vous conduit pas à pas.
Ainsi, le maître-nageur vous conduit d’abord à la petite profondeur où vous pouvez vous
tenir debout sans avoir la tête sous l’eau. Il génère en vous la confiance et une fois que
vous avez appris à nager dans la petite profondeur, que l’eau soit profonde ou pas n’a
plus d’importance, car nager s’effectue toujours en surface. Alors, il peut vous amener à la
grande profondeur et une fois que vous vous êtes rendu compte que nager était si facile,
toute peur disparaît. Au contraire, c’est une grande joie et beaucoup d’excitation puisque
vous avez appris un nouvel art !
La méditation débute très lentement, puis elle s’approfondit au fur et à mesure. Donc, tu
ne dois pas t’inquiéter. La peur est naturelle, mais elle disparaît. Et je suis ici !
Toutes ces personnes ici méditent. Si tu n’arrives pas méditer en compagnie de tous ces
méditants, il sera très difficile pour toi de méditer toute seule. En voyant toutes ces
personnes qui nagent, tu commences à avoir le sentiment que si toutes ces personnes y
arrivent bien, alors pourquoi pas moi ? J’ai des mains, j’ai des jambes, j’ai un corps
similaire... Il est tout à fait naturel d’avoir peur pour commencer, mais ce n’est pas
nécessaire d’en faire un problème, car ce n’en est pas un…