INFLUENCES CULTURELLES ET SOCIALES (COLLECTIF)

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INFLUENCES
CULTURELLES
ET SOCIALES
(COLLECTIF)
‘’Si vous avez affaire à la société, vous devez accepter ses modes, car ses modes sont vos
modes. Ce sont vos besoins et vos demandes qui les ont créés. Vos désirs sont tellement
complexes et contradictoires…Il n’est donc pas étonnant que la société que vous créez soit
également complexe et contradictoire.’’
Sri Nisargadatta Maharaj
LA FORCE DE LA PRESSION SOCIALE ET CULTURELLE
Dans la vie courante, les gens sont victimes d’influences culturelles et sociales de
nombreux types. Certaines sont clairement identifiées et reconnues, mais d’autres sont
ignorées ou considérées comme quelque chose de tout à fait différent, comme des fatalités,
des absolus, des lois fixes, etc. Toute culture entretient des modes de pensée et de conduite
pour s’établir et se préserver. Ceux-ci opèrent pour cadenasser ou modérer efficacement les
perceptions et les activités de la communauté.
Les membres de toutes les sociétés, y compris de nations et de civilisations entières, sont
imprégnés des idéologies qui prédominent dans ces sociétés. A leur tour, elles engendrent
des attitudes d’esprit qui incluent certaines capacités et en excluent d’autres. Ces
idéologies peuvent être tellement anciennes, enracinées ou subtiles que les gens ne les
identifient généralement pas comme telles.
1
La plupart des cultures s’appuient sur une vision du monde ou une ‘’réalité consensuelle’’
qui se fonde sur des absolus hypothétiques qui façonnent et altèrent la structure et les
produits de la culture, y compris les individus, les institutions et les écoles de pensée.
Ceux-ci déterminent la valeur et le mérite relatifs des objets, des gens et des idées. ‘’Par
exemple, la valeur de choses, comme l’argent, l’or, les diamants ou des biens de collection
en tous genres se base sur des vérités relatives…Ce qui rend des timbres précieux, c’est
simplement une large demande créée par un accord consensuel et informel.''
Les sociétés sont auto-contraignantes, principalement à cause de la nature de leurs
postulats et de leurs croyances. Certaines coutumes, convenances et pressions sociales
peuvent aisément faire partie intégrante des organisations et des institutions humaines et
devenir des agents coercitifs non reconnus dans la vie et l’expérience d’un individu, d’un
groupe social ou d’une communauté. Les valeurs et les postulats d’une société sont des
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(1) Emir Ali Khan “Sufi Activity” in Idries Shah (ed.) Sufi Thought and Action (London: Octagon Press, 1990), p. 43.
principes acceptés qui sont incrustés dans la mentalité des gens, souvent sans aucune
évaluation critique ni aucun questionnement :
Si vous faites partie d’une communauté qui a fait certains postulats concernant la vie et la
société et même la connaissance, vous trouverez que cette communauté constitue une entité
stable tant qu’elle ne remet pas en cause ses postulats de base. Ceci pourrait inhiber la
croissance…Dans toute société qui est stabilisée autour de toute une gamme de postulats
qui s’imbriquent les uns dans les autres et dont beaucoup paraissent réellement se valider
ou se confirmer mutuellement, il existe un sentiment de cohésion et de force qui est
naturellement très prisé par ses membres. C’est ainsi, bien entendu, parce que les
individus ne sont pas assez autonomes pour être longtemps seuls. Ce désir de s’identifier
par l’association à un groupe est tellement puissant que si un groupement social
s’effondre, il est alors normal qu’une nouvelle idéologie offrant des facilités similaires de
réassurance et de sécurisation ainsi qu’une vision du monde appropriée lui succède. C’est
l’histoire familière de l’histoire culturelle d’une nation avec ses parallèles chez l’individu.
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La recherche du confort et de la sécurisation préoccupe les membres des cultures qui sont
orientées vers la dépendance. Dans la sphère de l’activité sociale, la plupart des gens
tenteront de ‘’se caser’’ et de se conformer pour se sentir à leur aise et acceptés. Dans la
majorité des sociétés modernes, les gens ne suivront que les suggestions et les directives
qui émanent de certains types de figures bien établies (les prétendus leaders et les
personnalités influentes). C’est une forme de rigidité qui contrarie le progrès dans
l’apprentissage. ‘’Pour des populations entières, les pensées, les paroles et les actions sont
le fruit d’une idéologie intériorisée : des desseins figés qui émanent d’autres.’’
La dynamique interne de nombreuses institutions caractéristiques d’une culture peut ne pas
être clairement évidente pour ceux qui appartiennent à cette culture. A moins que leur
nature véritable ne soit remarquée, elles ‘’continueront d’être perçues par les gens qui
proviennent de cette culture comme tout ce que leur forme extérieure prétend qu’elles
sont.’’
C’est parce que l’apparence sociale de l’institution est sociale, politique, éducative,
professionnelle, etc. que le plan de base, la structure est rarement remarquée. Si on
prétend que tel ou tel organisme a pour fonction l’étude, rarement s’imagine-t-on qu’il est
réellement social, etc. Il y a des exceptions, lorsqu’on constate que des étudiants qui
suivent des cours du soir sont très souvent là pour passer le temps ou pour se faire des
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(2) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), pp. 138-139.
amis plutôt que pour apprendre ou avec des associations prétendument sportives ou
religieuses où le côté social va si loin que pour être considéré comme intégralement
important, voire même vital à leur fonctionnement…Vous devriez toutefois remarquer qu’il
est souvent possible de combiner deux ou plus de ces facteurs sans nuire particulièrement
à l’entreprise. Par exemple, si vous essayez de collecter de l’argent pour une œuvre de
bienfaisance, vous pourriez peut-être mieux y parvenir dans un certain cadre social ou
auprès de partenaires commerciaux. Ce qu’il faut entendre, c’est que d’abord, il est
précieux de connaître la quantité relative des divers ingrédients sociaux, attractifs ou
facteurs de développement pour que l’organisation puisse être comprise et ensuite, que
certaines entreprises souffriront si les ingrédients deviennent disproportionnés.
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Les parents et les adultes transmettent aux enfants des convictions et des attitudes
négatives et c’est un processus qui handicape la pleine croissance humaine et la pleine
compréhension de l’homme :
L’enfant apprend de ses parents et des adultes de son entourage. Il n’apprend pas
seulement les injonctions positives pour résoudre les problèmes que les aînés pensent lui
enseigner, il apprend également à imiter les parents et leur défaitisme. Ceci inclut leurs
rationalisations du pourquoi ils n’entreprennent pas certaines tâches, pourquoi ils sont
‘’trop fatigués’’, pourquoi tel ou tel effort n’en vaut pas la peine. Cest aussi vrai chez
l’individu que dans la société. Officiellement, personne n’avait jamais couru un mile en
quatre minutes avant que quelqu’un ne le fasse. Puis, après que le tabou tacite ait été
vaincu, c’est devenu de plus en plus courant. Un processus similaire se produit avec les
enfants qui apprennent, peut-être parfois tacitement, à ne pas faire certains efforts qui
réclament de la volonté ou de l’expérimentation.
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La structure, les modes de pensée et les influences de notre milieu social reflètent la
constitution psychologique malsaine de la majorité de la communauté humaine :
La société actuelle met l’accent sur la personnalité fragmentaire qui est à l’origine de la
compétition, de la conquête, de l’agression et de la guerre. On nous incite à nous
spécialiser de plus en plus et ceci nous éloigne de notre nature globale réelle. Mais la
domination, l’affirmation et la manipulation ne pourront jamais engendrer la sagesse ni
produire une société saine. Que du contraire, la lumière de la sagesse, de l’amour et de
3
(3) Idries Shah “Current Study Materials” in Idries Shah (ed.) The World of the Sufi (London: Octagon Press, 1979), pp.
271-272.
4
(4) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), pp. 158-159.
l’harmonie est masquée par la personnalité et par ses qualifications. Notre société vit dans
les ténèbres. Mais l’amour et la sagesse sont infiniment patients et immuables, toujours
présents depuis le commencement des temps.
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LE CONFORMISME ET L’AUTOMATISME SOCIAL
Tout au long de la majorité de l’histoire humaine, des cultures distinctes et diverses ont
vécu indépendamment les unes des autres et isolées des valeurs et des croyances des
cultures concurrentes, mais aujourd’hui, dans le monde interconnecté de la communication
de masse et des échanges mutuels, il n’est plus possible que des sociétés et des cultures
conservent un caractère distinct et exclusif.
Les convictions, les présupposés et les activités de la plupart des cultures modernes
produisent une uniformité et une homogénéité globales, transformant les êtres humains en
automates ou machines virtuellement identiques. Avec les études et le conditionnement, les
gens sont formatés à imiter et à copier les autres : ''Le mimétisme, c’est tenter de
ressembler à quelqu’un ou quelque chose d’autre plutôt que de ressembler à soi-même, se
sentir soi-même ou être soi-même.’’
Supposons un instant que vous ne soyez pas vous-même, mais un visiteur parmi les
hommes ignorant leurs manières de se comporter et leurs habitudes complexes d’auto-
aveuglement. Une des premières choses que vous remarqueriez, c’est que les gens
consacrent une grande partie de leur temps à penser et agir comme les autres, alors qu’en
même temps, ils prétendent vigoureusement être ‘’différents’’ ! Vous en concluriez qu’une
telle prédilection proviendrait d’une perversion de la pensée et constituerait un obstacle
sérieux à l’usage même des choses qu’ils comprennent.
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Même si des communautés et des cultures différentes semblent avoir des formes
extérieures et des apparences distinctes, leur dynamique psychologique interne est souvent
étrangement similaire :
Généralement, les communautés se constituent, se développent, meurent et se régénèrent
suivant des modalités très similaires. On pense que ces communautés diffèrent les unes des
autres en raison de leurs formes extérieures, mais elles ont des caractéristiques qui
5
(5) Jean Klein I Am (Santa Barbara: Third Millennium Publications, 1989), pp. 148-149.
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(6) Idries Shah Reflections (Baltimore: Penguin Books, 1972), p. 20.
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