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INFLUENCES CULTURELLES ET SOCIALES (COLLECTIF)

INFLUENCES
CULTURELLES
ET SOCIALES
(COLLECTIF)
‘’Si vous avez affaire à la société, vous devez accepter ses modes, car ses modes sont vos
modes. Ce sont vos besoins et vos demandes qui les ont créés. Vos désirs sont tellement
complexes et contradictoires…Il n’est donc pas étonnant que la société que vous créez soit
également complexe et contradictoire.’’
Sri Nisargadatta Maharaj
LA FORCE DE LA PRESSION SOCIALE ET CULTURELLE
Dans la vie courante, les gens sont victimes d’influences culturelles et sociales de
nombreux types. Certaines sont clairement identifiées et reconnues, mais d’autres sont
ignorées ou considérées comme quelque chose de tout à fait différent, comme des fatalités,
des absolus, des lois fixes, etc. Toute culture entretient des modes de pensée et de conduite
pour s’établir et se préserver. Ceux-ci opèrent pour cadenasser ou modérer efficacement les
perceptions et les activités de la communauté.
Les membres de toutes les sociétés, y compris de nations et de civilisations entières, sont
imprégnés des idéologies qui prédominent dans ces sociétés. A leur tour, elles engendrent
des attitudes d’esprit qui incluent certaines capacités et en excluent d’autres. Ces
idéologies peuvent être tellement anciennes, enracinées ou subtiles que les gens ne les
identifient généralement pas comme telles.1
La plupart des cultures s’appuient sur une vision du monde ou une ‘’réalité consensuelle’’
qui se fonde sur des absolus hypothétiques qui façonnent et altèrent la structure et les
produits de la culture, y compris les individus, les institutions et les écoles de pensée.
Ceux-ci déterminent la valeur et le mérite relatifs des objets, des gens et des idées. ‘’Par
exemple, la valeur de choses, comme l’argent, l’or, les diamants ou des biens de collection
en tous genres se base sur des vérités relatives…Ce qui rend des timbres précieux, c’est
simplement une large demande créée par un accord consensuel et informel.''
Les sociétés sont auto-contraignantes, principalement à cause de la nature de leurs
postulats et de leurs croyances. Certaines coutumes, convenances et pressions sociales
peuvent aisément faire partie intégrante des organisations et des institutions humaines et
devenir des agents coercitifs non reconnus dans la vie et l’expérience d’un individu, d’un
groupe social ou d’une communauté. Les valeurs et les postulats d’une société sont des
1
(1) Emir Ali Khan “Sufi Activity” in Idries Shah (ed.) Sufi Thought and Action (London: Octagon Press, 1990), p. 43.
principes acceptés qui sont incrustés dans la mentalité des gens, souvent sans aucune
évaluation critique ni aucun questionnement :
Si vous faites partie d’une communauté qui a fait certains postulats concernant la vie et la
société et même la connaissance, vous trouverez que cette communauté constitue une entité
stable tant qu’elle ne remet pas en cause ses postulats de base. Ceci pourrait inhiber la
croissance…Dans toute société qui est stabilisée autour de toute une gamme de postulats
qui s’imbriquent les uns dans les autres et dont beaucoup paraissent réellement se valider
ou se confirmer mutuellement, il existe un sentiment de cohésion et de force qui est
naturellement très prisé par ses membres. C’est ainsi, bien entendu, parce que les
individus ne sont pas assez autonomes pour être longtemps seuls. Ce désir de s’identifier
par l’association à un groupe est tellement puissant que si un groupement social
s’effondre, il est alors normal qu’une nouvelle idéologie offrant des facilités similaires de
réassurance et de sécurisation ainsi qu’une vision du monde appropriée lui succède. C’est
l’histoire familière de l’histoire culturelle d’une nation avec ses parallèles chez l’individu.2
La recherche du confort et de la sécurisation préoccupe les membres des cultures qui sont
orientées vers la dépendance. Dans la sphère de l’activité sociale, la plupart des gens
tenteront de ‘’se caser’’ et de se conformer pour se sentir à leur aise et acceptés. Dans la
majorité des sociétés modernes, les gens ne suivront que les suggestions et les directives
qui émanent de certains types de figures bien établies (les prétendus leaders et les
personnalités influentes). C’est une forme de rigidité qui contrarie le progrès dans
l’apprentissage. ‘’Pour des populations entières, les pensées, les paroles et les actions sont
le fruit d’une idéologie intériorisée : des desseins figés qui émanent d’autres.’’
La dynamique interne de nombreuses institutions caractéristiques d’une culture peut ne pas
être clairement évidente pour ceux qui appartiennent à cette culture. A moins que leur
nature véritable ne soit remarquée, elles ‘’continueront d’être perçues par les gens qui
proviennent de cette culture comme tout ce que leur forme extérieure prétend qu’elles
sont.’’
C’est parce que l’apparence sociale de l’institution est sociale, politique, éducative,
professionnelle, etc. que le plan de base, la structure est rarement remarquée. Si on
prétend que tel ou tel organisme a pour fonction l’étude, rarement s’imagine-t-on qu’il est
réellement social, etc. Il y a des exceptions, lorsqu’on constate que des étudiants qui
suivent des cours du soir sont très souvent là pour passer le temps ou pour se faire des
2
(2) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), pp. 138-139.
amis plutôt que pour apprendre ou avec des associations prétendument sportives ou
religieuses où le côté social va si loin que pour être considéré comme intégralement
important, voire même vital à leur fonctionnement…Vous devriez toutefois remarquer qu’il
est souvent possible de combiner deux ou plus de ces facteurs sans nuire particulièrement
à l’entreprise. Par exemple, si vous essayez de collecter de l’argent pour une œuvre de
bienfaisance, vous pourriez peut-être mieux y parvenir dans un certain cadre social ou
auprès de partenaires commerciaux. Ce qu’il faut entendre, c’est que d’abord, il est
précieux de connaître la quantité relative des divers ingrédients – sociaux, attractifs ou
facteurs de développement – pour que l’organisation puisse être comprise et ensuite, que
certaines entreprises souffriront si les ingrédients deviennent disproportionnés. 3
Les parents et les adultes transmettent aux enfants des convictions et des attitudes
négatives et c’est un processus qui handicape la pleine croissance humaine et la pleine
compréhension de l’homme :
L’enfant apprend de ses parents et des adultes de son entourage. Il n’apprend pas
seulement les injonctions positives pour résoudre les problèmes que les aînés pensent lui
enseigner, il apprend également à imiter les parents et leur défaitisme. Ceci inclut leurs
rationalisations du pourquoi ils n’entreprennent pas certaines tâches, pourquoi ils sont
‘’trop fatigués’’, pourquoi tel ou tel effort n’en vaut pas la peine. C’est aussi vrai chez
l’individu que dans la société. Officiellement, personne n’avait jamais couru un mile en
quatre minutes avant que quelqu’un ne le fasse. Puis, après que le tabou tacite ait été
vaincu, c’est devenu de plus en plus courant. Un processus similaire se produit avec les
enfants qui apprennent, peut-être parfois tacitement, à ne pas faire certains efforts qui
réclament de la volonté ou de l’expérimentation. 4
La structure, les modes de pensée et les influences de notre milieu social reflètent la
constitution psychologique malsaine de la majorité de la communauté humaine :
La société actuelle met l’accent sur la personnalité fragmentaire qui est à l’origine de la
compétition, de la conquête, de l’agression et de la guerre. On nous incite à nous
spécialiser de plus en plus et ceci nous éloigne de notre nature globale réelle. Mais la
domination, l’affirmation et la manipulation ne pourront jamais engendrer la sagesse ni
produire une société saine. Que du contraire, la lumière de la sagesse, de l’amour et de
3
(3) Idries Shah “Current Study Materials” in Idries Shah (ed.) The World of the Sufi (London: Octagon Press, 1979), pp.
271-272.
4
(4) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), pp. 158-159.
l’harmonie est masquée par la personnalité et par ses qualifications. Notre société vit dans
les ténèbres. Mais l’amour et la sagesse sont infiniment patients et immuables, toujours
présents depuis le commencement des temps.5
LE CONFORMISME ET L’AUTOMATISME SOCIAL
Tout au long de la majorité de l’histoire humaine, des cultures distinctes et diverses ont
vécu indépendamment les unes des autres et isolées des valeurs et des croyances des
cultures concurrentes, mais aujourd’hui, dans le monde interconnecté de la communication
de masse et des échanges mutuels, il n’est plus possible que des sociétés et des cultures
conservent un caractère distinct et exclusif.
Les convictions, les présupposés et les activités de la plupart des cultures modernes
produisent une uniformité et une homogénéité globales, transformant les êtres humains en
automates ou machines virtuellement identiques. Avec les études et le conditionnement, les
gens sont formatés à imiter et à copier les autres : ''Le mimétisme, c’est tenter de
ressembler à quelqu’un ou quelque chose d’autre plutôt que de ressembler à soi-même, se
sentir soi-même ou être soi-même.’’
Supposons un instant que vous ne soyez pas vous-même, mais un visiteur parmi les
hommes ignorant leurs manières de se comporter et leurs habitudes complexes d’autoaveuglement. Une des premières choses que vous remarqueriez, c’est que les gens
consacrent une grande partie de leur temps à penser et agir comme les autres, alors qu’en
même temps, ils prétendent vigoureusement être ‘’différents’’ ! Vous en concluriez qu’une
telle prédilection proviendrait d’une perversion de la pensée et constituerait un obstacle
sérieux à l’usage même des choses qu’ils comprennent.6
Même si des communautés et des cultures différentes semblent avoir des formes
extérieures et des apparences distinctes, leur dynamique psychologique interne est souvent
étrangement similaire :
Généralement, les communautés se constituent, se développent, meurent et se régénèrent
suivant des modalités très similaires. On pense que ces communautés diffèrent les unes des
autres en raison de leurs formes extérieures, mais elles ont des caractéristiques qui
5
6
(5) Jean Klein I Am (Santa Barbara: Third Millennium Publications, 1989), pp. 148-149.
(6) Idries Shah Reflections (Baltimore: Penguin Books, 1972), p. 20.
exploitent les penchants humains comme l’admiration de soi, la cupidité, le désir d’être
approuvé (ou à défaut, de toutes sortes d’attentions), etc. Incapables ou peu disposés à
résister aux pressions de la communauté pour ces choses et d’autres gratifications,
quasiment tous les dirigeants de groupes humains les ont utilisées consciemment ou non et,
conséquence inévitable, presque tous les groupements humains se ressemblent
structurellement, quels que soient leurs buts déclarés. Ils sont ou ils deviennent rapidement
des mises en évidence des mêmes caractéristiques. Ils prétendent seulement être ‘’en quête
de la Connaissance’’, ‘’élever le peuple’’, ‘’propager l’information’’ ou encore
‘’augmenter la richesse et la prospérité’’. C’est parce qu’ils ne peuvent que paraître faire
ces choses, aussi longtemps que les individus et la masse de la communauté obtiennent des
gratifications inférieures ou leurs promesses. Ce fait n’a été que trop bien observé par les
sociologues et par les psychologues et il est si marqué que ces spécialistes sont allés
jusqu’à croire qu’aucune communauté humaine ne peut se constituer, progresser ou
survivre, à moins de céder à des inclinations humaines inférieures. Mais si c’était le cas, il
n’y aurait aucun espoir pour la race humaine.7
Les habitudes et un comportement social conformiste génèrent un sentiment de familiarité
et de prévisibilité qui peuvent empêcher une croissance et un développement supérieurs.
Les entraves de la pauvreté et de l’oppression sont visibles à l’œil nu et il n’est guère
compliqué de trouver un concours de compassion à l’égard de personnes ainsi affligées.
Toutefois, les gens et les peuples sont souvent entravés par des chaînes qu’ils chérissent,
en réalité. Comme le disait un maître zen, pour les gens, il est difficile de voir quoi que ce
soit qui n’aille pas avec ce qu’ils apprécient ou de voir quelque chose de bien avec ce
qu’ils n’apprécient pas. Un autre maître zen remarquait que la familiarité elle-même est
une qualité que les gens sont généralement enclins à aimer. Ceci signifie que les
prédilections et les habitudes avec lesquelles les gens se sentent à leur aise à un moment
donné peuvent leur procurer du ré(confort), alors qu’en fait, elles peuvent handicaper
leurs capacités supérieures à progresser et à s’accomplir.8
7
8
(7) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), p. 43.
(8) Thomas Cleary Zen Essence (Boston: Shambhala, 1989), p. 82.
LE MATÉRIALISME ET LE CONSUMÉRISME
La compétitivité et la poursuite du ‘’toujours plus’’ sont les vaches sacrées de notre société
mue par le matérialisme. Notre monde moderne opère principalement sur une base
transactionaliste sous la forme du mécanisme de l’offre et de la demande. Nos sociétés
matérialistes sont d’une nature partiale. La manipulation et le conditionnement les
caractérisent. Dans le monde de la publicité et de la communication de masse, on consacre
tous ses efforts à faire croire aux gens qu’ils veulent ou qu’ils ont besoin de certaines
choses. Le maître zen, Philip Kapleau, dit : ‘’Nous sommes devenus les simples rouages
d’un engrenage qui tourne sot, et nous vivons dans un système de valeurs qui ne voit pas la
personne comme un être humain, mais comme un simple consommateur.’’
La majorité des organisations que vous connaissez fonctionnent principalement grâce à
votre avidité. Elles vous attirent parce que ce qu’elles disent ou ce qu’elles font est
attrayant pour votre avidité et ceci n’est masqué que par leur apparence. Si vous cessiez
d’écouter ce qu’elles disent pour considérer l’impact, vous le constateriez rapidement. 9
Le mode de vie occidental moderne met indûment l’accent sur le matérialisme et sur
l’aspect physique de la réalité, mais nous pouvons voir le monde sous une lumière
différente, si notre perspective et notre estimation reposent sur des considérations
spirituelles plutôt que matérielles. Par exemple, une bonne partie de l’activité de la société
moderne est motivée par la recherche de l’argent, mais l’argent et les avantages matériels
peuvent être gérés sagement ou égoïstement conformément à la compréhension spirituelle
et à la maturité d’une personne :
Q : Je me rends compte que je me tracasse beaucoup à propos de l’argent. Est-ce justifié ?
R : Vous n’êtes pas le propriétaire, mais l’administrateur de ce que vous avez. En étant un
administrateur et non un propriétaire, vous vous comportez complètement différemment,
parce que vous êtes détaché par rapport à cela. Vous en faites usage d’une manière
différente qui s’accorde avec la situation actuelle et non dans l’optique d’accumuler.
Dépensez l’argent avec grâce !
Q : Comment savoir de combien on a besoin ? J’ai une famille et j’ai tendance à me
tracasser concernant l’avenir.
9
(9) Idries Shah Learning How to Learn (London: Octagon Press, 1983), p. 158.
R : Si vous parvenez à vous connaître vous-même, vous en arrivez à une hiérarchie des
valeurs. Comme vous ne mettez plus l’accent sur le phénoménal, vous utilisez le monde
tout à fait différemment. Ne vous liez pas à une société qui est axée sur la compétition et
sur la productivité et qui crée perpétuellement des besoins et de nouveaux articles pour
survivre. Notre société est soumise au consumérisme. C’est une création qui est tout à fait
artificielle. Ne passez pas trop de temps à travailler pour accumuler de l’argent. Vous
devriez pouvoir travailler trois ou quatre jours par semaine ou bien avoir la moitié de la
journée pour vivre dans la beauté. Si vous avez une famille, le présent a un certain
déploiement. Jusqu’où, vous seul le savez, mais ne vivez pas dans le futur. 10
Les gens sont poussés à croire qu’être les propriétaires d’objets matériels, c’est la richesse
et que l’absence physique de choses, c’est la pauvreté. En réalité, ceux qui sont vraiment
‘’riches’’ sont ceux qui sont indépendants à l’égard de la pauvreté, ceux qui ne se soucient
pas d’être pauvres ou pas pauvres. La société dite commerciale conditionne tellement les
gens qu’une mentalité moutonnière prédomine. Si on met trop l’accent sur l’ambition et
sur les désirs, les autres valeurs et les autres possibilités de développement sont ignorées :
Nous vivons dans un monde dans lequel certaines orientations sont tellement courantes
que nous ne savons pas que nous sommes leurs prisonniers. Il existe un monde de
différence entre l’ambition qui vous commande et vous qui maîtrisez vos ambitions. A
présent que tant de difficultés humaines ont été surmontées, l’humanité est en mesure de
prêter attention à des potentialités d’adaptabilité humaine qui auparavant n’avaient
aucune valeur marchande et qui étaient donc sous-développées.11
Les conséquences du matérialisme effréné et de la croissance illimitée sont terribles pour
notre planète, ses myriades de formes de vie et ses habitants humains :
La contamination de notre propre environnement et de l’environnement mondial et notre
dilapidation des ressources naturelles qui diminuent par l’entremise de la
surconsommation, du gaspillage ou de notre mauvaise gestion déclament et proclament
notre avidité et notre irresponsabilité. Pendant combien de temps encore le reste du monde
va-t-il nous soutenir, alors que nous en Amérique du Nord, avec seulement 6 % de la
population mondiale, nous consommons 40 % de ses ressources ? Peu importe combien
nos habitudes de vie complaisantes ont contribué à la pénurie d’énergie dans le monde, à
10
11
(10) Jean Klein Who Am I? (Dorset, England: Element Books, 1988), p. 9.
(11) Idries Shah Neglected Aspects of Sufi Study (London: Octagon Press, 1989), pp. 35-36.
la pollution et à l’inflation, ces maladies ne sont que les manifestations extérieures de
notre malaise interne.12
LA PROPAGANDE, L’ENDOCTRINEMENT
ET LE CONDITIONNEMENT
Dans notre monde moderne, les gens de toutes les cultures sont conditionnés par tout un
ensemble d’impressions et d’expériences. ‘’Dans la majorité des sociétés humaines, on en
est arrivé à une unanimité de pensée par un conditionnement non détecté où quasiment
toutes les institutions de la société peuvent être des branches du processus.’’ Quasiment
tous les types de groupements humains et d’organisations utilisent une forme ou l’autre de
conditionnement. Ils inculquent une série d’idées limitée et requièrent des pratiques qui
sont automatiques. A leur insu, les gens concernés (qui peuvent inclure ceux qui inculquent
ces idées) deviennent les ‘’serviteurs’’ du système.
Jusqu’à il y a peu, comparativement, la majorité des gens vivaient dans des communautés
qui s’excluaient mutuellement et qui étaient isolées les unes des autres. La science sociale
et la psychologie étaient à leurs débuts ou elles étaient exclues et généralement, les
communautés multiculturelles avaient peu d’accès aux communautés monoculturelles qui
dominaient effectivement le monde. Mais une nouvelle situation, sans précédent dans sa
propagation et son urgence, vit le jour avec la découverte et la publication sur une grande
échelle des phénomènes du conditionnement et de l’endoctrinement. Lorsqu’elles furent
confrontées à ces nouvelles connaissances, peu de cultures existantes purent expliquer
pourquoi un conditionnement était nécessaire ou pourquoi tant de systèmes de croyances
bien établis étaient impossibles à distinguer de méthodes de lavages de cerveau.13
Beaucoup de valeurs et d’articles de foi d’une culture sont transmises par un
endoctrinement faisant office d’études et d’apprentissage. Il y a une distorsion globale de
la compréhension qui est générée par l’inculcation de préjugés culturels et la
programmation des pensées et de la conduite des gens. Les attitudes et les opinions
peuvent être moulés et conditionnés chez les gens par d’autres gens. Dans le monde
occidental, on consacre beaucoup de temps à l’ingénierie sociale des idées, des convictions
et de l’engagement. Une citation importante affirme que c’est quand vous êtes le plus
convaincu qu’il est temps de faire preuve de prudence par rapport à vos certitudes.
12
13
(12) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), pp. 37-38.
(13) Idries Shah The Commanding Self (London: Octagon Press, 1994), p. 239.
La pensée idéologique est une forme d’endoctrinement mental qui manque de souplesse,
d’ouverture et de perspective globale. Quand d’étroites et mesquines tendances raciales et
nationalistes ne sont pas contrôlées, elles minent et sapent la stabilité et la sécurité de tous
les pays et de tous les peuples du monde. ‘’L’idéologie pousse les gens dans des formes de
pensées et des types de comportement absurdes. Méfiez-vous en, car elle s’efforce
d’appliquer des concepts mécaniques au développement humain.’’
Q : Que pensez-vous du nationalisme ?
R : La survie biologique inclut la communauté, la langue, les rituels, les coutumes, etc. La
culture est une extension de l’individu et donc, dans un certain sens, le profond désir de
protéger la culture fait partie de la survie biologique, mais le nationalisme est basé sur de
l’idéalisme. C’est une abstraction, une fabrication. C’est une survie psychologique
collective. L’instinct de conservation de la survie biologique a une certaine limite, la
limite de la sécurité physique. Il est impossible que la survie biologique à elle seule puisse
déclencher une guerre à grande échelle. D’un autre côté, les frontières de la survie
psychologique sont moins définies. La survie psychologique provient du mental et ira aussi
loin que va le mental.14
Les procédures et les effets du conditionnement imprègnent les sociétés et les cultures
modernes à un degré insoupçonné par le citoyen lambda et pourtant, il s’agit d’une force
fondamentale dans presque toutes les formes de la vie humaine, même si elle est largement
non reconnue. ‘’Presque toutes les sociétés humaines se basent sur l’utilisation de l’espoir,
de la peur et de la répétition, et leur continuité et leur développement sont consolidés par
eux…Cette structure est utilisée dans tout type d’organisation, qu’elle soit tribale,
nationale, politique, religieuse, récréative, éducative ou autre.’’
Au niveau humain, beaucoup de conditionnement existe sous forme d’endoctrinement, de
lavage de cerveau, d’hypnose et de contrôle de la pensée. Par l’entremise du processus de
socialisation, nous sommes subtilement et effectivement entrainés à croire ou à penser
certaines choses. Très peu d’entre nous réalisent que quasiment toutes nos opinions,
convictions et attitudes (sans parler de nos comportements) sont ceux qui nous ont été
inculqués par la société. Nous nous arrêtons rarement pour considérer ce que nous faisons
ou ce que nous disons et pourquoi. Le pouvoir de la pression sociale, de l’enculturation, de
l’imitation et du conformisme est beaucoup plus important que nous ne sommes prêts à le
reconnaître. Nous croyons disposer du libre-arbitre (ce qui est le cas), mais nous
14
14) Jean Klein Who Am I? (Dorset, England: Element Books, 1988), p. 11.
l’utilisons beaucoup moins que nous le croyons en nous illusionnant. Il serait peut-être
plus exact de dire que nous disposons potentiellement du libre-arbitre, mais que nous
l’utilisons rarement.15
L’endoctrinement et le conditionnement qui sont des facteurs tellement décisifs dans les
convictions humaines impliquent à la fois le partage et la rétention d’informations, qui
conduisent à ‘’des attitudes intenables, à la confusion et à la rupture de communication.’’
L’homme est facilement conditionné et beaucoup de ses maux et de ses malheurs sont dus
à cette inhérence, quelle que soit l’époque. La racine profonde de cette ‘’conditionabilité’’
est l’inaptitude de l’homme à gérer l’information. Les campagnes d’endoctrinement
impliquent le partage d’informations. Elles impliquent également la rétention
d’informations. Les gens se forment réellement leurs opinions à partir d’un manque de
données. Ils ont besoin de plus d’informations, mais il leur faut en plus être prêt à la
difficulté de les gérer. Ils ne comprennent pas qu’ils ont besoin de davantage de
connaissance, pas plus qu’ils ne comprennent que s’ils la recevaient, ils la rejetteraient,
vraisemblablement.16
LES STRUCTURES DU POUVOIR ET L’AUTORITARISME
Dans le monde actuel, les structures politiques et économiques produisent de la tension, de
la peur et des déséquilibres sociaux au détriment du développement humain et de la
croissance humaine supérieurs. ‘’Les situations économiques et politiques actuelles
engendrent une tension énorme presque partout dans le monde et la tension est le grand
ennemi qui bloque la transmission équilibrée et harmonieuse de l’énergie et qui empêche
son utilisation harmonieuse.’’ Un des exemples les plus frappants de la mauvaise
utilisation du pouvoir, c’est l’attitude de l’humanité à l’égard des ressources du monde
naturel et leur exploitation.
La notion de pouvoir part inévitablement d’une interprétation dualiste de la réalité. Quand
le dualisme néglige de reconnaître la présence d’un principe d’intégration derrière lui,
son penchant inné pour la destruction se manifeste sans frein et profusément. Un des
exemples les plus remarquables de cette démonstration de puissance est perceptible dans
15
(15) Stuart Litvak Seeking Wisdom: The Sufi Path (York Beach, Maine: Samuel Weiser, 1984), pp. 3-4.
(16) Lewis Courtland “A Visit to Idries Shah” in Leonard Lewin (ed.) The Diffusion of Sufi Ideas in the West
(Boulder, Colorado: Keysign Press, 1972), p. 126.
16
l’attitude occidentale à l’égard de la nature. Les Occidentaux parlent de conquérir la
nature, jamais de s’en faire une amie. Ils escaladent une haute montagne et déclarent
ensuite que la montagne est conquise.17
Il existe un besoin humain très répandu d’autorité et de direction, indépendamment du fait
qu’elles soient nécessaires ou non. Cependant, de nombreux dirigeants ne sont réellement
que des suiveurs qui reflètent ‘’la vague en cours des intérêts et des évènements qui
touchent déjà la populace’’. Il importe d’identifier et de comprendre la nature des
structures du pouvoir dans les organisations et les situations, où elles existent. ‘’Quand
ceux qui détiennent l’autorité ont la réputation d’être bons et sensibles, d’autres présument
(tout à fait à tort) que la pression qu’ils exercent n’est pas du tout une pression.’’
Les gens essayent d’exercer leur pouvoir sur ceux qui se situent ‘’en dessous d’eux’’, mais
les gens sur lesquels ce pouvoir est supposé être exercé exercent en fait eux-mêmes un
pouvoir en frustrant l’effet de ce pouvoir. Des situations de pouvoir ne peuvent exister que
s’il existe un contrat auquel on est arrivé volontairement ou autrement et par l’entremise
duquel les gens font certaines choses ou autrement, les choses pourraient devenir difficiles
pour eux. ‘’Tu fais ceci ou bien ce sera l’enfer pour toi’’ est la formule pour les deux types
de pouvoir : le pouvoir exercé par les ‘’supérieurs’’ sur les ‘’inférieurs’’ et le pouvoir
exercé par les ‘’inférieurs’’ sur les ‘’supérieurs’’. S’il n’y a pas de contrat – quand une
partie peut se passer de l’autre – aucune situation de pouvoir ne peut exister.18
La plupart des gens, individuellement et collectivement, attaqueront et persécuteront ceux
qui disent ou qui font des choses qui sont perçues comme menaçantes. ‘’Quiconque dit ou
écrit quelque chose qui semble en conflit avec les vraies ou les fausses croyances d’une
communauté ou d’une partie de celle-ci accepte délibérément le risque d’être incompris,
calomnié et peut-être puni.’’ L’exercice de l’autorité s’accompagne de responsabilités pour
que la fonction du pouvoir s’exerce correctement. ‘’Rien n’est plus dérisoire qu’une
personne qui détient l’autorité et qui passe son temps à dire aux autres quoi faire sans agir
personnellement.’’
Quoique dans beaucoup de sociétés et de cultures, on impose des restrictions à ce que les
gens peuvent écrire, dire ou faire, il y a une limite à l’efficacité de la censure. ‘’Même dans
les pays où l’autoritarisme et la pensée mécanique ont étouffé la compréhension globale,
l’individualité humaine devra s’affirmer.’’ L’exercice du pouvoir et de l’autorité pour
17
18
(17) D.T. Suzuki Awakening to Zen (Boston: Shambhala, 1987), p.68.
18) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), pp. 79-80.
réaliser des buts et des objectifs va, au bout du compte, à l’encontre du but recherché, car
le pouvoir est aveugle et il opère dans le cadre d’un horizon qui se rétrécit toujours. Selon
D.T. Suzuki : ‘’Le pouvoir représente la destruction et même l’autodestruction,
contrairement à la créativité de l’amour. L’amour meurt et renaît, tandis que le pouvoir tue
et est tué.’’
La vérité réelle, c’est que l’amour ne s’oppose pas au pouvoir ; l’amour relève d’un ordre
supérieur au pouvoir et ce n’est que le pouvoir qui s’imagine opposé à l’amour. En vérité,
l’amour enveloppe tout et pardonne tout. C’est un solvant universel, un agent infiniment
créatif et plein de ressources. Etant donné que le pouvoir est toujours dualiste et donc
rigide, très sûr de lui, destructeur et annihilateur, il se retourne contre lui-même et se
détruit, quand il n’a rien à conquérir. C’est la nature du pouvoir et n’est-ce pas à cela que
nous assistons aujourd’hui, particulièrement dans nos affaires internationales ? Ce qui est
aveugle, ce n’est pas l’amour, mais le pouvoir, car le pouvoir ne voit absolument pas que
son existence dépend d’autre chose et refuse de réaliser qu’il ne peut être lui-même qu’en
s’alliant à quelque chose qui lui est infiniment supérieur. En ignorant cela, le pouvoir
plonge droit dans le précipice de l’autodestruction.19
LA RESTRICTION DES POSSIBILITÉS HUMAINES ET
DU DÉVELOPPEMENT HUMAIN
Les cultures contemporaines sont en même temps les récipiendaires de la sagesse et des
lacunes des générations précédentes. ‘’Ce sont la stupidité et l’étroitesse d’esprit de
certains de nos ancêtres qui nous punissent, dans la même mesure que ce que les plus sages
nous ont légué nous offre des opportunités.’’ La plupart des sociétés humaines étaient
limitées par des convenances et par des systèmes de croyances qui ont réduit la
compréhension mystique et spirituelle plus avancée de l’humanité.
Jusque très récemment, les institutions humaines ont eu tendance à être ce qu’on ne peut
qualifier que de très restrictives. C’est-à-dire que même si elles désirent augmenter
l’information et développer des compétences, elles laissent de grandes zones d’ombre.
Elles sont déterminées à prétendre que certaines attitudes ne doivent pas être adoptées
dans leurs systèmes spécifiques, car autrement, ces attitudes pourraient menacer la
19
(19) D.T. Suzuki The Awakening of Zen (Boston: Shambhala, 1987), p.69.
stabilité, voire même la vie de la sacro-sainte institution. La conséquence d’une telle
étroitesse d’esprit est de rendre la personne moins efficace et plus mécanique. 20
Les systèmes humains ont tendance à se focaliser sur une gamme de possibilités étroites
qui est directement liée à leurs objectifs et un tel processus écarte et exclut
automatiquement d’autres orientations et opportunités potentiellement très valables :
Le fait est que, bien entendu pour des raisons pratiques, tous les systèmes qui existent pour
favoriser un objectif réussissent aussi, presque par définition, à écarter et à exclure
beaucoup d’autres possibilités, et à moins d’ajouter les dimensions supplémentaires, le
système ne fonctionnera pas. Vous pouvez gagner beaucoup d’argent en faisant des
affaires, mais ceci peut-être au détriment du développement de vos intérêts dans d’autres
domaines. Si vous optez pour de la recherche clinique, vous pourriez ne pas être en mesure
de pratiquer autant la thérapie qu’il aurait été possible autrement. Si vous avez besoin de
l’assistance sociale offerte par tout type de système auquel vous souscrivez à un degré
excessif, vous craindrez d’y renoncer, même provisoirement, pour faire des choses dans
des domaines qui sont sans assistance sociale et ceci réduira votre efficience. 21
Les postulats de la société et l’impact des institutions et des idées dominantes peuvent
efficacement empêcher ou gêner le développement de la compréhension réelle. Des
présomptions culturelles et des croyances définissent notre réalité et limitent nos capacités
humaines. Dans le monde ordinaire, les gens sont formés et conditionnés pour fonctionner
et pour apprendre conformément à des modalités qui ne se rapportent qu’à une petite
gamme d’ambitions et de désirs, un processus qui contribue à vicier des gammes de
perception et de compréhension supérieures. La majorité des êtres humains ne voit que les
effets superficiels de la tension économique, politique et sociale et est tout à fait incapable
de percevoir la trame cachée des lois spirituelles qui sous-tendent ces phénomènes.
La personne moyenne qui regarde ce monde qui change tout le temps verra tout sauf des
lois karmiques naturelles à l’œuvre, pas plus qu’elle ne verra l’unité et l’harmonie sousjacente à cette évolution constante et inéluctable. Au contraire, elle sera plutôt remplie de
crainte et d’inquiétude, d’un sentiment de désespoir et que la vie n’a aucun sens. Etant
donné qu’elle n’a aucune compréhension solide du véritable caractère du monde ni aucun
20
21
(20) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), p. 129.
(21) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), pp. 139-140.
entendement intuitif, que pourrait-elle faire d’autre sinon s’abandonner à une vie de
confort matériel et de plaisirs sensuels ?22
Le cadre mental de la pensée moderne est largement scientifique et technologique. Il
engendre un climat intellectuel autorestrictif et pour se développer, il a besoin des défis
d’une série de points de vue aux myriades de facettes et aux degrés multiples qui
proviennent des enseignements spirituels traditionnels pour davantage de progrès
humains :
Les soufis utilisent un nouveau point du vue pour dépasser le conditionnement qui est
imposé par notre société matérialiste. Nos maux sont principalement dus au matérialisme
unilatéral de notre culture et à la perte de la faculté intuitive qui nous aurait permis
d’accéder à une partie de la connaissance que le mécanisme de l’intellect ne peut pas
atteindre. Ils croient que pour la première fois dans l’histoire, l’évolution consciente a
cessé d’être un choix ouvert à l’homme pour devenir une nécessité dont dépend notre
avenir.23
Il y a un progrès naturel dans la maturation d’un être humain qui se reflète dans le niveau
de développement des communautés, des institutions et des organisations. Les trois stades
du développement humain – l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte – fournissent un cadre
qui décrit les stades du développement de la communauté. Le premier stade de l’enfance se
rapporte à l’extension du territoire et à l’influence dans la vie de la communauté et le
deuxième stade de l’adolescence à la création et à la concentration d’empires industriels et
commerciaux.
Le troisième stade, qui est le stade final et le plus efficace et le plus constructif, est une
organisation qui peut apporter sa contribution dans tellement de domaines qu’on ne peut
la distinguer, ni comme une ennemie, ni même comme une amie, puisque ses membres
proviennent de toutes les parties de toutes les communautés. En offrant des acquis positifs
et démontrables dans des domaines aussi diversifiés que la littérature, le commerce, l’art,
la science, la psychologie et la pensée humaine et les rapports sociaux, il s’infiltre à
travers les interstices des systèmes existants relativement grossiers.24
(22) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 31.
(23) Giovanna de Garayalde Jorge Luis Borges: Sources and Illumination (London: Octagon Press, 1978), p. 18.
24
(24) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), p. 157.
22
23
De nombreux enseignements spirituels traditionnels fournissent une alternative spirituelle
aux sociétés et aux cultures matérialistes dominantes du monde moderne :
La voie bouddhiste, avec sa compassion, son équanimité, sa tolérance, son souci
d’autonomie et de responsabilité, et par-dessus tout, sa vision cosmique, peut être un
modèle pour la société. Ce qu’il faut, ce sont des liens politiques et économiques et une
technologie,
1) Qui aideront les gens à dépasser l’égocentrisme par l’entremise de la coopération
avec autrui, plutôt que la subordination, l’exploitation et la compétition ;
2) Qui offriront à chacun une liberté qui ne s’arrêtera qu’à la liberté de l’autre, de
sorte que chaque individu puisse développer une responsabilité sociale autonome,
plutôt qu’être le pantin conditionné d’institutions et d’idéologies ;
3) Qui se soucieront d’abord des conditions matérielles et sociales du développement
des personnes et secondairement seulement de la production matérielle. 25
L’antidote contre tous les maux de la civilisation moderne est dans une large mesure un
retour à une vie plus naturelle, organique, en harmonie avec l’ensemble de la création :
Nous devons retrouver notre humanité essentielle. Le choix qui se présente à nous est
clair : soit une vie simple, naturelle et disciplinée ou une vie antinaturelle et artificielle,
une vie en harmonie avec l’ordre naturel des choses ou une vie en conflit constant avec lui.
C’est le choix de la liberté ou de la servitude et de la dégénérescence. Mais une fois qu’on
a choisi la voie de la régénération, suivre cette voie nécessite une formation et une
discipline spirituelles. Ce n’est qu’en purifiant son cœur et son mental que chacun de nous
peut espérer purifier le monde et restaurer un peu de paix et de stabilité dans notre
communauté globale.26
Avec le mûrissement de la vie spirituelle, il y a une réorientation naturelle et une
simplification du comportement en réponse aux défis de la vie quotidienne. Au fur et à
mesure que la conscience se développe, l’attraction qu’exercent le monde extérieur, la
société et la culture s’affaiblit, ce qui permet à un être humain plus authentique et naturel
de voir le jour. ‘’Vous vous lavez les mains, vous vous habillez et vous agissez au
quotidien, ‘’comme avant’’, mais maintenant, en étant bien conscient et bien attentif à
toutes vos actions, à toutes vos paroles et à toutes vos pensées.’’
25
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(25) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 97.
(26) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 97.
Au fur et à mesure que s’intensifie le désir du spirituel, la vie sociale devient moins
attachante et une réadaptation beaucoup plus simple s’instaure tôt ou tard. Dès qu’un
homme s’éveille réellement à la vie spirituelle, certaines situations incompatibles
deviennent insupportables et inacceptables et il laisse alors tomber certaines choses, il
change de profession et se réadapte. Cette réadaptation ne doit être ni forcée, ni ‘’voulue’’
et elle ne doit surtout pas être anticipée. Elle se produit naturellement, spontanément au
fur et à mesure que l’orientation spirituelle s’affirme clairement.27
RÉFÉRENCES
(1) Emir Ali Khan “Sufi Activity” in Idries Shah (ed.) Sufi Thought and Action (London:
Octagon Press, 1990), p. 43.
(2) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), pp. 138-139.
(3) Idries Shah “Current Study Materials” in Idries Shah (ed.) The World of the Sufi
(London: Octagon Press, 1979), pp. 271-272.
(4) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), pp. 158-159.
(5) Jean Klein I Am (Santa Barbara: Third Millennium Publications, 1989), pp. 148-149.
(6) Idries Shah Reflections (Baltimore: Penguin Books, 1972), p. 20.
(7) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), p. 43.
(8) Thomas Cleary Zen Essence (Boston: Shambhala, 1989), p. 82.
(9) Idries Shah Learning How to Learn (London: Octagon Press, 1983), p. 158.
(10) Jean Klein Who Am I? (Dorset, England: Element Books, 1988), p. 9.
(11) Idries Shah Neglected Aspects of Sufi Study (London: Octagon Press, 1989), pp. 3536.
(12) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), pp. 37-38.
(13) Idries Shah The Commanding Self (London: Octagon Press, 1994), p. 239.
(14) Jean Klein Who Am I? (Dorset, England: Element Books, 1988), p. 11.
(15) Stuart Litvak Seeking Wisdom: The Sufi Path (York Beach, Maine: Samuel Weiser,
1984), pp. 3-4.
(16) Lewis Courtland “A Visit to Idries Shah” in Leonard Lewin (ed.) The Diffusion of
Sufi Ideas in the West (Boulder, Colorado: Keysign Press, 1972), p. 126.
(17) D.T. Suzuki Awakening to Zen (Boston: Shambhala, 1987), p.68.
(18) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), pp. 79-80.
(19) D.T. Suzuki The Awakening of Zen (Boston: Shambhala, 1987), p.69.
(20) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), p. 129.
27
(27) Jean Klein Be Who You Are (Dorset, England: Element Books, 1989), p. 37.
(21) Idries Shah A Perfumed Scorpion (London: Octagon Press, 1983), pp. 139-140.
(22) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 31.
(23) Giovanna de Garayalde Jorge Luis Borges: Sources and Illumination (London:
Octagon Press, 1978), p. 18.
(24) Idries Shah Knowing How to Know (London: Octagon Press, 1998), p. 157.
(25) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 97.
(26) Philip Kapleau Awakening to Zen (New York: Scribner, 1997), p. 97.
(27) Jean Klein Be Who You Are (Dorset, England: Element Books, 1989), p. 37.