
Les trois fonctions de la monnaie et leur sabotage
Qu'est-ce que la monnaie ? La monnaie est un outil formidable de civilisation, qui nous a permis de
sortir du troc, d'épargner et de se coordonner par le marché. Elle rend possible à grande échelle la
spécialisation du travail, les avantages comparatifs, les gains à l'échange, le calcul économique...
Sans monnaie, pas de civilisation moderne, donc.
Traditionnellement, on attribue trois fonctions à la monnaie.
Les 3 fonctions de la monnaie...
Unité de compte La monnaie permet de se rendre compte de la valeur relative des biens, et de
faire des choix en conséquence. Elle rend ainsi possible le calcul économique, c'est à dire
l'allocation des ressources là où elles sont le plus utiles, leur usage optimal. Elle évite ainsi les
pénuries, et, plus généralement, rend possible une société prospère en permettant la coordination
des décisions de millions d'individus sur le marché. Sans monnaie en tant qu'unité de compte, pas
de mécanisme des prix, pas de calcul économique, pas de prospérité, pas de civilisation.
Réserve de valeur La monnaie permet l'épargne, c'est à dire l'accumulation de capital. Autrement
dit, l'investissement, la création d'entreprises importantes. L'épargne permet donc le
développement, la croissance de long terme, la civilisation. Mais il faut pour cela que la monnaie
soit stable, c'est à dire qu'il soit possible d'épargner sans craindre que l'argent physique ou le
montant déposé à la banque perdra en valeur, voire pire, qu'il perdra en valeur à un degré
imprévisible.
Intermédiaire des échanges La monnaie rend possible des échanges qui seraient beaucoup trop
complexes, et donc impossibles, avec le simple troc. Elle rend ainsi possible toute division du
travail au-delà du niveau de simple survie, donc la civilisation
Quel est le rôle d'une banque émettrice de monnaie ? Garantir la préservation de ces trois fonctions.
On peut imaginer plusieurs moyens pour arriver à cette fin :
Des banques libres en concurrence ;
Une garantie mathématique (bitcoin) ;
La convertibilité obligatoire en or ;
Des règles constitutionnelles, comme par exemple, au hasard, un ratio minimal de réserves en or.
Il y a d'autres moyens qui ne sont guère que des pis-aller, et se sont révélés historiquement des
échecs cuisants :
Proclamer la "stabilité des prix" (et non leur baisse) comme objectif, par opposition à "inflation" ou
"hyper-inflation", sans offrir de garantie réelle. Historiquement et actuellement, le résultat a été une
inflation continue dans le meilleur des cas, de l'hyper-inflation dans le pire ;
Proclamer "l'indépendance de la banque centrale" (et non sa dépendance d'une règle
indépendante), par opposition à "contrôle direct du gouvernement", et prier pour que la banque
centrale en fasse bon usage, et que ses dirigeants ne s'en servent pas pour poursuivre leurs
objectifs personnels.
... et leur sabotage actuel
Unité de compte La nationalisation des entreprises empêche le calcul économique en sortant une
partie de l'économie du mécanisme des prix : c'est l'appauvrissement, les pénuries, les files
d'attente et les inefficacités absurdes causées par le socialisme. Mais il y a une autre façon de
saboter ce premier rôle de la monnaie : créer la confusion des prix relatifs en manipulant les taux
de change, générant ainsi les cycles économiques et les crises.
Réserve de valeur La création monétaire implique une taxe inflationniste, une perte de pouvoir
d'achat. L'augmentation de la masse monétaire (inflation stricto sensu) s'accompagne d'une
hausse des prix (conséquence de l'inflation de la masse monétaire). Dans une économie saine,
avec une quantité de monnaie stable, au contraire, la situation naturelle de croissance est
la baisse constante des prix : votre argent vaut plus demain qu'aujourd'hui, car le progrès
technologique et commercial rendent meilleur marché les mêmes produits, tout en en amenant
d'autres. C'est d'ailleurs bien ce qu'on observe dans certains domaines comme l'informatique dont
la croissance est telle qu'elle reste spectaculaire même amputée de l'inflation. Mais dans
l'économie en général, la taxe inflationniste implique une perte colossale visible pour tous les
utilisateurs de la monnaie. Même le franc suisse, avec toute sa "force", a perdu plus de 90% de sa
valeur en un siècle.
Intermédiaire des échanges Ce rôle-là de la monnaie est principalement saboté par la fiscalité en
général, qui pousse parfois à un retour au troc en pénalisant les échanges monétaires, plutôt que
par les banques centrales en particulier. Mais l'instabilité monétaire due à l'irresponsabilité des