Phytothérapie DOI 10.1007/s10298-015-0953-z ETHNOBOTANIQUE Étude ethnobotanique de la flore médicinale dans la commune rurale d’Aguelmouss province de Khénifra (Maroc) Ethnobotanical study of medicinal flora in rural municipality of Aguelmouss - Khenifra province – (Morocco) A. Daoudi · M. Bammou · S. Zarkani · I. Slimani · J. Ibijbijen · L. Nassiri © Lavoisier SAS 2015 Résumé Le présent travail s’inscrit dans le cadre de la valorisation des ressources du Moyen Atlas central du Maroc en plantes médicinales et en savoir-faire traditionnel. Ainsi à l’aide de 280 fiches questionnaires, une enquête ethnobotanique a été menée pendant les mois de juin, juillet, août et septembre 2013 auprès des usagers ordinaires des plantes, dans les sept fractions tribales de la région d’Aguelmouss ; 103 plantes furent inventoriées, réparties en 43 familles et 87 genres. L’analyse des résultats de l’enquête ethnobotanique montre que six familles sont à usage fréquent, avec une dominance des lamiacées. Quant aux espèces dominantes, il y a essentiellement Thymus willdenowii, Corrigiola telephiifolia , Caralluma europaea et Juniperus oxycedrus . Par ailleurs, La feuille est la partie la plus utilisée, la majorité des remèdes est préparée sous forme de décoction et les affections de l’appareil digestif figurent parmi les pathologies les plus traitées. Mots clés Plantes médicinales · Enquête ethnobotanique · Aguelmouss · Maroc Abstract The present study should be set in the framework of valorization of medical plants and traditional knowledge’s from central middle Atlas of Morocco. Using 280 survey forms, hethnobotanical study was conducted during the months of June, July, August and September 2013 on the therapeutic uses of spontaneous medical plants in the seven tribal fractions that compose Aguelmouss municipality; this phase revealed the occurrence of 103 medicinal species which are divided into 43 families and 87 genera. The analyses results showed that six families commonly used by the population with a clear dominance of Lamiaceae. Also, speA. Daoudi (*) · M. Bammou · S. Zarkani · I. Slimani · J. Ibijbijen · L. Nassiri Équipe de Microbiologie du Sol et de l’Environnement, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Moulay Ismail, BP 11201 Zitoune, Meknès, Maroc e-mail : [email protected] cies with very high frequency of use are Thymus willdenowii, Corrigiola telephiifolia Caralluma europaea et Juniperus oxycedrus. Furthermore, leaves are the most used part and the majority of remedies are prepared as a decoction. In terms of the treated disease, disorders of the digestive system ranks first with a rate of 38.9%. Keywords Medicinal plants · Ethnobotanical · Study · Aguelmouss · Morocco Introduction La phytothérapie est une pratique millénaire basée sur un savoir transmis et enrichi au fil d’innombrables générations [1]. En effet, durant des siècles et même des millénaires, nos ancêtres ont utilisé les plantes pour soulager leurs douleurs, guérir leurs maux et de génération en génération, ils ont transmis leur savoir et leurs expériences simples en s’efforçant quand ils le pouvaient de les consigner par écrit [2]. Actuellement deux types de phytothérapie sont à distinguer ; d’une part, une pratique traditionnelle basée sur l’utilisation des plantes selon les vertus découvertes empiriquement ; celle-ci est encore employée massivement dans certains pays du monde, surtout ceux en voie de développement où c’est parfois le seul recours thérapeutique accessible [1,2]. D’autre part, la pharmacognosie, une pratique basée sur les avancées et preuves scientifiques recherchant les extraits actifs des plantes qui, une fois identifiés sont standardisés [1]. Aussi, malgré le développement du médicament de synthèse et le progrès de la pharmacologie, le médicament végétal sous ses différentes formes continue à occuper une place de choix ; il est ainsi de cardiotoniques (digitale), de purgatifs (bourdaine), de modificateurs du système nerveux autonome (belladone), d’antidiarrhéiques (rosacées) et autres [3]. Plus encore, la plante médicinale effectue un retour en force s’appuyant sur des valeurs sûres, testées de longues dates 2 par nos ancêtres [4] et l’exploitation, la culture des plantes aromatiques et médicinales (PAM) sont un secteur qui a pris de l’importance pendant les 20 dernières années aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement [5]. Ainsi, au Maroc, près de 600 plantes aromatiques et médicinales (PAM) sont utilisées [6], pour une production annuelle avoisinant les 33 000 tonnes [7]. Cela confère au pays un rang non négligeable sur le marché international tout en lui permettant d’occuper une place privilégiée parmi les pays méditerranéens qui ont une longue tradition médicale et un savoir-faire traditionnel à base de plantes médicinales [8]. Par ailleurs, dans chaque région géographique du Maroc, il existe une automédication familiale basée sur les tradipraticiens [9]. Toutefois, l’analyse de la bibliographie médicinale marocaine montre que les données relatives aux plantes médicinales régionales sont très fragmentaires et dispersées [2]. En outre, la transmission du savoir-faire par les anciens s’est interrompue avec la médecine moderne [4] et il n’est plus détenu actuellement que par peu de personnes [2], d’où la nécessité de mener des recherches ethnobotaniques sur les plantes médicinales dans différentes localités du Maroc en vue de sauvegarder les connaissances acquises par la population autochtone [4] et traduire ce savoir traditionnel en un savoir scientifique afin de le revaloriser, le conserver et l’utiliser d’une manière rationnelle [2]. C’est dans cet objectif, que nous avons réalisé une étude ethnobotanique sur les plantes médicinales dans la commune d’Aguelmouss, l’une des vingt-deux communes de la province de Khénifra relevant de la région Meknès-Tafilalet. Etendue sur environs 749 km2, Aguelmouss détient la population la plus importante par rapport aux autres communes rurales de la province de Khénifra [10]. D’un autre côté, sa diversité floristique et écologique sont autant de potentialités qui offrent à la population locale, très dépendante de la nature dans sa vie quotidienne, une connaissance assez riche en phytothérapie traditionnelle. Matériel et méthodes Cadre géographique et socio-économique de la zone d’étude Climat Le climat de la zone d’étude est subhumide inférieur à semiaride supérieur avec des hivers assez rigoureux, pluvieux et froids et des étés chauds et secs avec des périodes d’orage et de vents chauds de l’Est « chergui » vers les mois de mai et juin [11]. Toutefois, suite à la succession des années de sécheresse, la moyenne des précipitations a chuté pour atteindre une hauteur de 403 mm [11]. Phytothérapie Le régime des pluies est de type saisonnier avec un maximum en hiver de 42% du cumul et un minimum de 30% réparti sur l’automne et le printemps alors que l’été est sec ; par ailleurs, la neige n’est pas fréquente et tombe une à deux fois par an pour une période de 3 à 4 jours avec une hauteur ne dépassant guère les 15 à 20 cm [10]. Les températures moyennes mensuelles de plus de 10°C s’observent à partir du mois de mars ; la moyenne maximale de température est de 35°C, celle minimale est de 3°C [11]. Enfin, la commune rurale d’Aguelmouss jouit de 3 grandes forêts s’étendant sur une superficie de 28 900 hectares et structurées essentiellement par le chêne vert, le chêne liège et le thuya [10]. Relief et sol Les altitudes varient de 800 à 1627mètres ; ainsi, entre des crêtes culminantes à sols rocheux couverts de forêts, prennent place des bassins assez profonds à sols argilo-limoneux ou limono-sablonneux occupés essentiellement par la céréaliculture et les cultures fourragères, en plus de plateaux déboisés, à sols chargés en éléments schisteux et gréseux de faible profondeur [11]. Démographie La population totale de la commune rurale d’Aguelmouss est 35 849 habitants selon le recensement de 2004 [12]. Cette commune regroupe en plus du centre, les tribus annexées d’Ait Mâi, Ait Boumezzough, Ihbbaren, Ait Haddou Ouhammou et les habitants des douars Elbacha et Amhrouk, toutes berbérophones [10]. Habitat et activités A l’exception des agglomérations du chef-lieu de la commune rurale d’Aguelmouss, la majorité des familles possède des maisons en pisé et ce n’est que ces dernières années que les constructions en dur ont commencé à apparaître dans le milieu rural [10]. L’activité dominante est l’agriculture, secteur qui s’est relativement amélioré grâce à la modernisation des techniques et des engrais chimiques [11]. Parallèlement, en raison de l’importance des parcours forestiers, l’élevage, notamment ovin constitue aussi une activité principale dans cette zone en plus de l’élevage caprin [11]. La conduite du cheptel est de type extensif et est basée sur le pacage libre dans les parcours forestiers [10]. En outre, selon [13], la région est très riche en plantes aromatiques et médicinales et au moins une centaine d’espèces a été inventoriée dont la valorisation pourrait jouer un rôle socioéconomique non négligeable surtout que jusqu’à présent, la région ne dispose aucunement de coopérative ou association s’intéressant à ce type de ressources [13]. Phytothérapie Étude ethnobotanique L’enquête ethnobotanique s’est déroulée pendant les mois de juin, juillet, août et septembre de l’année 2013. Élaboration du questionnaire Pour répondre aux objectifs de l’étude, une fiche questionnaire a été élaborée. Elle est basée sur des questions fer- 3 mées et semi-fermées, moyen très efficace pour le recueil de données. Le contenu des fiches a été établi de manière à collecter le maximum d’informations sur les usages thérapeutiques des plantes médicinales, essentiellement celles inventoriées par notre équipe de recherche dans une étude précédente dans la région [13]. Ce questionnaire contenait deux parties principales ; la première correspondant au profil de l’enquêté et la deuxième était consacrée aux plantes (pathologies traitées, Fig. 1 Zone d’étude (Direction de la conservation foncière et des travaux topographiques, Division de la carte Rabat, Maroc. Carte d’Aguelmouss, Feuille NI-30-VII-1a, Echelle 1/50 000) 4 Phytothérapie partie utilisée…) en tenant compte du nom vernaculaire ; celui-ci est un paramètre fondamental étant donné que la compréhension du milieu végétal n’est possible qu’en tenant compte de la communauté humaine locale et il est donc important d’être en mesure d’utiliser son savoir de terrain, savoir qui résulte d’une pratique et d’une observation permanente [14]. Réalisation de l’enquête Les entrevues ethnobotaniques ont été menées avec la population autochtone et/ou ayant vécu longtemps dans la commune, en suivant la technique d’échantillonnage probabiliste stratifié qui permet d’avoir un échantillon plus représentatif [15]. L’entrevue, individuelle ou collective est un outil efficace pour la collecte des informations, elle permet au chercheur d’entrer en contact direct avec son interlocuteur pour mieux identifier et comprendre ses perspectives. Pour éviter tout biais, il est recommandé d’associer l’observation à l’entrevue. Dans ce travail, l’échantillon fut divisé en 7 strates homogènes dont 6 correspondent aux tribus de la commune d’Aguelmouss et la septième au centre (Fig. 1). Au sein de chaque strate (tribu) on a réalisé un échantillonnage aléatoire simple composé de 40 personnes par strate d’où un échantillon global de 280 enquêtés (Tableau 1). Les données de l’enquête ethnobotanique obtenues ont été traitées par le logiciel Sphinx V5 qui permet à la fois une analyse quantitative et qualitative. Résultats et discussion Profil des enquêtés La plupart des enquêtés sont âgés de plus de 50 ans (44,6%) ; la classe d’âge détenant le plus faible pourcentage soit 6,8% est celle des moins de 20 ans. Presque deux tiers des enquêtés (64%) sont des femmes contre 36% d’hommes (Fig. 2 A, B, C). Tableau 1 Répartition des strates de l’enquête. N° de la strate Strate1 Strate2 Strate3 Strate4 Strate5 Strate6 Strate7 Echantillon global Nom de la strate Ait Mâi Ait Boumezzough Ihbbaren Ait Haddou Ouhammou Douar El bacha Douar Amhrouk Aguelmouss centre Nombre d’enquêtés 40 40 40 40 40 40 40 280 Fig. 2 A : Profil des enquêtés – Age ; B : Profil des enquêtés – Sexe ; C : Profil des enquêtés - Niveau académique La majorité des enquêtés sont analphabètes (75,7%) ; le pourcentage de ceux ayant un niveau secondaire et universitaire est respectivement de 6% et 0,8%. Utilisation des plantes médicinales Parties utilisées En général, les parties des plantes utilisées en médecine traditionnelle sont : la racine, la tige, la feuille, la fleur, la résine, le fruit, le bulbe, l’écorce et le tubercule. Phytothérapie Les résultats de cette enquête montrent que la feuille est la partie des plantes médicinales la plus utilisée (39,3%), suivie des tiges (23,6%) contre 7,5% pour les racines (Fig. 3). L’ensemble des bulbes, rhizomes, écorces, résines détient un pourcentage cumulatif de 4,5%. Il apparait donc que les parties utilisées sont les feuilles et les tiges. Aussi, le recours aux feuilles peut être expliqué par l’aisance et la rapidité de leur récolte [17] et par le fait qu’elles sont le siège de la photosynthèse et parfois du stockage de métabolites secondaires, responsables des propriétés biologiques de la plante. D’un autre côté, la faible utilisation des racines, bulbes et rhizomes est une chose très positive car cela évite le déterrement des plantes et la partie aérienne pourrait reprendre après la coupe ; de même, l’utilisation moyenne des fleurs et fruits laisse la chance pour une régénération naturelle des plantes. Les racines des plantes sont très utilisées en médecine traditionnelle pour traiter différents troubles, mais le problème qui se pose c’est que la prise accidentelle de racine de plantes peut causer des intoxications mortelles, dans la région d’étude ce problème sera éviter. Mode de préparation Pour préparer les phytomédicaments, les utilisateurs des PAM cherchent la méthode la plus simple ; ainsi, plusieurs modes peuvent être employés à savoir la décoction, l’infusion, la poudre, la fumigation, le cataplasme, la macération, le badigeonnage et l’essence. Le mode de décoction est le plus utilisé (45,6%) suivi par l’infusion (28,1%) et la macération (14%) (Fig. 4). Les autres modes à savoir : la poudre, la fumigation, le cataplasme, le badigeonnage et l’essence, détiennent un taux cumulatif de 12,2%. Il apparait donc que la décoction est la plus utilisée ; en effet, dans la majorité des régions froides du Maroc comme le cas d’Aguelmouss le recours à la décoction (thé, eau ou Fig. 3 Répartition des pourcentages des différentes parties de plantes utilisées 5 Fig. 4 Répartition des différents modes de préparation lait) pendant 15 à 20 minutes selon la dureté des feuilles est le plus fréquent. Aussi, ce mode reste le moyen le plus efficace qui permet l’extraction et l’assimilation des principes actifs tout en réchauffant le corps et en désinfectant la plante ; cependant, il pourrait détruire certains principes actifs des espèces utilisées. Familles de plantes à usage très fréquent Les résultats obtenus montrent que les plantes médicinales recensées dans la zone d’étude sont au nombre de 103 réparties en 43 familles et 87 genres. Parmi les 43 familles recensées celles les plus représentées dans cette région sont : les Lamiacées (83%), les Astéracées (67%), les Caryophyllacées (31%), les Cupressacées (25%), les Anacardiacées (21%) et les Apocynacées (21%). Espèces à usage très fréquent Dans la figure 5, sont représentées toutes les plantes médicinales en fonction de leurs fréquences d’utilisation (nombre de fois ou une espèce végétale est citée par les 280 personnes interrogées). Il en ressort que 15 plantes médicinales sont les plus utilisées dans la région étudiée ; classées par ordre d’importance d’utilisation on a : Thymus willdenowii (21%), Corrigiola telephiifolia (18%), Caralluma europaea (17%), Juniperus oxycedrus (16%), Lactuca serriola (14%), Mentha pulegium (13%), Mentha suaveolens (13%), Pistacia lentiscus (12%), Ziziphus lotus (11%), Herniaria hirsuta et Lavandula stoechas respectivement (10%), Pistacia atlantica,Tetraclinis articulata, Nigella damascene respectivement (9%). Donc l’espèce Thymus willdenowii est la plus utilisée par la population locale d’Aguelmouss. Ainsi, malgré que la famille des lamiacées et celle des astéracées sont les plus utilisées dans la région, peu de leurs espèces figurent parmi les 15 plantes les plus citées ; en effet, 33% d’espèces de lamiacées, et 61% d’espèces d’astéracées, ne dépassent pas un pourcentage d’utilisation de 3% (Fig. 5) 6 Phytothérapie Fig. 5 Répartition des pourcentages des espèces utilisées Par ailleurs, en comparant la présente étude avec d’autres réalisées à l’échelle nationale, on constate que l’espèce Corrigiola telephiifolia « la corrigiole à feuilles de téléphium ; Thawsarghine » de la famille des caryophyllacées et Caralluma europaea Daghmous» espèce succulente de la famille des apocynacées sont caractéristiques de la phytothérapie traditionnelle locale avec des pourcentages d’utilisation respectifs de 18% et 17% ; les Figs 6 et 7 montrent la vente de ces deux plantes par les ruraux dans le centre d’Aguelmouss. Pathologies traitées Les résultats obtenus montrent que la plupart des plantes sont utilisées dans le traitement des affections digestives (38,9%), suivies par les affections rhumatologiques (14,3%), les affections urinaires et gynécologiques (11,5%), les affections respiratoires (9,3%), les pathologies dermatologiques (6,4%) et celles cardiovasculaires (4,5%) (Fig. 8). De son côté, l’ensemble des affections neurologiques, ORL et typhoïde détient un pourcentage de 15,5%. Par ailleurs, pour avoir une idée sur les Phytothérapie 7 Fig. 8 Répartition des pathologies traitées Fig. 6 Vente de l’espèce Corrigiola telephiifolia au souk hebdomadaire d’Aguelmouss copée traditionnelle marocaine ; il s’agit de Mantisalca salmantica « thazmourth » de la famille des Astéracées (Fig. 9). En effet, la décoction des feuilles de cette plante est utilisée en cas du diabète et pour les brûlures gastriques. Le cataplasme des feuilles est utilisé pour les brûlures dermatologiques et contre la fièvre des enfants. Appliquée sur le cuir chevelu, cette espèce prévient la chute des cheveux. Conclusion Fig. 7 Vente de l’espèce Caralluma europaea au « souk du vendredi » dans le centre d’Aguelmouss (crédit Daoudi 2013) espèces utilisées dans le traitement de chaque maladie, on a fait un croisement des types de « pathologies » avec « les espèces végétales » ; ainsi, dans le Tableau 2, sont représentées les plantes par type de pathologie, selon un ordre décroissant de l’importance de leur utilisation. Ainsi, il apparait que 62 espèces médicinales spontanées dans la commune d’Aguelmouss sont utilisées pour traiter les maladies de l’appareil digestif ; Certaines espèces sont utilisées pour le traitement de plusieurs maladies à la fois ; c’est le cas par exemple de Corrigiola telephiifolia qui est utilisée en cas de maladies de l’appareil digestif, de l’appareil respiratoire, d’affections rhumatismales, urogénitales et du système ORL. Enfin, d’après la présente enquête sur l’usage ethnobotanique des plantes spontanées, on note le recours par la population locale d’Aguelmouss à une espèce qui n’a été citée précédemment dans aucune des études dédiées à la pharma- Le présent travail vient compléter une première étude conduite par notre équipe où 103 espèces médicinales spontanées furent inventoriées dans la commune rurale d’Aguelmouss. Ainsi, L’enquête ethnobotanique concernant ces espèces révèle que la phytothérapie traditionnelle est encore très ancrée dans les habitudes de la population locale, surtout parmi les personnes âgées, notamment les femmes. Par ailleurs, la feuille reste la partie la plus utilisée des plantes médicinales et la décoction le mode de préparation le plus courant. Quant aux pathologies traitées, celles gastroentériques priment avec l’utilisation de 63 espèces. En outre, les principales espèces médicinales spontanées à fréquence d’utilisation très élevée dans la zone étudiée sont : Thymus willdenowii, Corrigiola telephiifolia, Caralluma europaea, Juniperus oxycedrus, Lactuca serriola, Mentha pulegium, Mentha suaveolens, Pistacia lentiscus, Zizyphus lotus, Herniaria hirsuta, Lavandula stoechas, Pistacia atlantica et Tetraclinis articulata. Enfin, et afin d’assurer un développement socioéconomique pour la région d’étude sans porter atteinte au patrimoine naturel local des P.A.M, plusieurs actions devraient être menées ; telles l’encouragement de l’organisation en coopératives et/ou associations des exploiteurs de plantes médicinales, le lancement et la mise en œuvre de programmes de sensibilisation en faveur de la population locale en ce qui concerne le cycle biologique des plantes, leur mode d’exploitation et leur domestication pour assurer la durabilité des ressources, la réglementation de la collecte, de la production et de la commercialisation et aussi la dynamisation de la recherche. 8 Phytothérapie Tableau 2 Les espèces utilisées dans le traitement de chaque type de pathologie. Affections Les espèces utilisées Total Aff. Digestives Thymus willdenowii, Caralluma europaea, Lactuca serriola, Mentha suaveolens, Tetraclinis articulata, Corrigiola telephiifolia, Lavandula stoechas, Ziziphus lotus, Pistacia lentiscus, Nigella damascene, Juniperus oxycedrus, Quercus ilex, Teucrium decipiens, Lavandula multifida, Chamaemelum fuscatum, Vitex agnus castus, Cynara humilis, Ceratonia siliqua, Pistacia atlantica, Cistus salviifolius, Cistus villosus, Juncus acutus, Nasturtium officinale, Ammi visnaga, Centaurium erythraea, Chamaerops humilis, Echinops spinosissimus, Reseda luteola, Teucrium polium, Ajuga iva, Rubus ulmifolius, Urtica membranacea, Cladanthus arabicus, Cynara carduncullus, Foeniculum vulgare, Centaurium pulchellum, Malva sylvestris, Papaver rhoeas, Reseda alba, Eryngium triquetrum, Mentha pulegium, Nerium oleander, Anacyclus radiatus, Ruta montana, Salvia verbenaca, Olea europaea, Eryngium ilicifolium, Mantisalca salmantica, Silybum marianum, Cichorium intybus, Echium plantagineum, Ficus carica, Fumaria officinalis, Salvia barrlieri, Veronica anagallis-aquatica, Centaurea maroccana, Anthyllis vulneraria, Arbutus unedo, Lolium rigidum, Rumex bucephalophorus, Scolymus hispanicus, Carduus spachianus Mentha pulegium, Mentha suaveolens, Dittrichia graveolens, Olea europaea, Pistacia atlantica, Corrigiola telephiifolia, Ajuga iva, Anacyclus radiatus, Ceratonia siliqua, Marrubium vulgare, Ammi visnaga, Ruta montana, Cladanthus arabicus, Teucrium decipiens, Foeniculum vulgare, Pulicaria odora, Salvia verbenaca, Allium ampeloprasum, Ephedra nebrodensis, Plantago coronopus Herniaria hirsuta, Caralluma europaea, Corrigiola telephiifolia, Pistacia atlantica, Ziziphus lotus, Juniperus oxycedrus, Urtica membranacea, Nasturtium officinale, Centaurea calcitrapa, Papaver rhoeas, Aristolochia paucinervis, Nigella damascene, Pistacia lentiscus, Cynara carduncullus, Ferula communis, Cladanthus arabicus, Anacyclus radiatus, Mentha suaveolens, Foeniculum vulgare, Centaurium pulchellum, Pulicaria odora, Ononis natrix, Pallenis spinosa Corrigiola telephiifolia, Juniperus oxycedrus, Mentha suaveolens, Ziziphus lotus, Urtica membranacea, Olea europaea, Nigella damascene, Bryonia dioica, Pistacia atlantica, Marrubium vulgare, Malva sylvestris, Centaurea calcitrapa, Centaurium pulchellum, Papaver rhoeas, Nasturtium officinale, Chamaerops humilis, Chamaemelum fuscatum, Salix alba, Salvia verbenaca, Silybum marianum, Asphodelus macrocarpus, Carduus nutans, Fraxinus angustifolia Tetraclinis articulata, Atractylis gummifera, Silene vulgaris, Olea europaea, Rubus ulmifolius, Cynara humilis, Atractylis cancellata, Salvia argentea, Salvia verbenaca, Urtica membranacea, Daphne gnidium, Eryngium triquetrum, Ammi majus, Arisarum vulgare, Ononis natrix, Eryngium ilicifolium, Ficus carica, Fumaria officinalis, Glaucium corniculatum, Phillyrea angustifolia, Plantago coronopus, Salmantica mantisalca, Salvia barrlieri, Verbascum sinuatum Pistacia lentiscus, Marrubium vulgare, Nasturtium officinale, Nerium oleander, Rubus ulmifolius, Ammi majus, Eryngium ilicifolium, Ammi visnaga, Centaurium erythraea, Ferula communis, Echinops spinosissimus, Papaver rhoeas, Pulicaria odora, Echium plantagineum, Veronica anagallis-aquatica Lactuca serriola, Tetraclinis articulata, Ruta montana, Cladanthus arabicus, Chamaemelum fuscatum, Vitex agnus castus, Anacyclus radiatus, Dittrichia graveolens, Crataegus monogyna, Daphne gnidium, Corrigiola telephiifolia, Pulicaria odora, Ajuga iva, Olea europaea, Nigella damascene, Mentha pulegium, Eryngium triquetrum, Cynara humilis, Salix alba, Phillyrea angustifolia, Teucrium decipiens, Ceratonia siliqua, Ziziphus lotus, Thymus willdenowii, Centaurium erythraea, Quercus ilex, Nasturtium officinale, Urtica membranacea, Nerium oleander, Ferula communis, Mantisalca salmantica, Anagyris foetida, Anchusa italica, Arundo donax, Asparagus albus, Calendula arvensis, Cichorium intybus, Convolvulacées, Delphinium pentagynum, Eruca sativa, Limonium sinuatum, Lupinus angustifolious, Carduus nutans 63 Aff. Respiratoires Aff. Urogénitales Aff. Rhumatologiques Aff. Dermatologiques Aff. Cardiovasculaires Aff. neurologiques, Aff. Microbienne, ORL et Typhoïde 20 23 23 24 15 42 Phytothérapie Fig. 9 Mantisalca salmantica « thazmourth » de la famille des Astéracées Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références 1. Clement RP (2005) Aux racines de la phytothérapie : entre tradition et modernité (1re partie). Phytotherapie 3: 171–5 2. Benkhnigue O, Zidane L, Fadli M, et al. (2011) Etude ethnobotanique des plantes médicinales dans la région de Mechraâ Bel Ksiri (Région du Gharb du Maroc). Acta Bot Barc 53: 191–216 3. Arnal-Schnebelen B, Goetz P (2007) A propos de quatre plantes sédatives dans le traitement du stress féminin. Phytothérapie 5(2): 76–82 9 4. Hseini S, Kahouadji A (2007) Etude ethnobotanique de la flore médicinale dans la région de Rabat (Maroc occidental). Lazaroa 28: 79–93 5. 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