Dialogues d'histoire ancienne Où en sont les problèmes du gnosticisme ? Monsieur Jean-Daniel Dubois Citer ce document / Cite this document : Dubois Jean-Daniel. Où en sont les problèmes du gnosticisme ?. In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 7, 1981. pp. 273-296; doi : https://doi.org/10.3406/dha.1981.1435 https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1981_num_7_1_1435 Fichier pdf généré le 16/05/2018 DHA 7 1981 273 - 296 OU EN SONT LES PROBLEMES DU GNOSTICISME ? Le 16 mars 1933, Henri-Charles Puech donnait une conférence à l'Université Libre de Bruxelles sous le titre «Où en est le problème du gnosticisme?» (0. C'était un large tour d'horizon entrepris par un phénoménologue des religions sur la cinquantaine d'années d'études gnostiques qui venait de s'écouler. On était alors en pleine découverte du mandéisme et à la fin de la période où les études des phénomènes religieux étaient dominées par l'Ecole de l'Histoire des Religions. H.-C. Puech traçait un état de la question, une sorte d'historique des recherches, tout en présentant un point de vue sur le contenu des études gnostiques de son époque. Cet article de Puech, récemment republié, nous paraît marquer un bon point de départ pour notre enquête ; cependant nous en modifions légèrement l'intitulé. Si l'on considère les recherches gnostiques des années 1930-1980, l'usage du pluriel s'impose à cause des bouleversements considérables entraînés par les découvertes des manuscrits coptes de Nag Hammadi, en Haute Egypte (1945), et par la diversité des travaux qu'elles ont suscités. Avec la publication lente et progressive de ces textes dont l'importance historique dépasse sans doute celle des manuscrits de la mer Morte, une mode de congrès et de publications s'est développée ces dernières années. Au milieu de ces publications, nous allons indiquer quelques pistes; après un rappel de la problématique de l'article de Puech, nous évoquerons la distance qui nous sépare de cette problématique; nous proposerons ensuite un panorama limité et partial de tendances significatives des études gnostiques aujourdTiui. I - L'ARTICLE DE H.-C. PUECH (1880-1930 env.) En guise d'introduction, Puech présentait deux citations célèbres, l'une de A. Harnack, l'autre de H. lietzmann ; elles résumaient d'un trait les deux courants de recherches marquant le demi-siècle étudié. Harnack prôna cette définition du gnosticisme : «les conceptions gnostiques représentent une sécularisation portée à son plus haut point, une hellénisation radicale et prématurée («aiguë», akute Hellenisierung) du christianisme, avec rejet de l'Ancien Testament; le système catholique, au contraire, une sécularisation, une hellénisation qui s'est faite graduellement et en conservant l'Ancien Testament»(2). C'était 1886! En 1932, H. Lietzmann revint à cette formule pour la modifier: «Nous pourrions tout aussi bien ajouter (à la formule de Harnack) que la gnose est une régression vers ses origines orientales, une réorientalisation (Ruckorientalisierung) également extrême du christianisme» (3). Fallait-il comprendre la gnose à partir de l'hellénisme ou à partir des religions orienta- 274 Jean-Daniel DUBOIS les ? Une affirmation est-elle censée nier l'autre ? H.-C, Puech dépassait ces deux extrêmes pour souligner l'évolution de la recherche gnostique, de Harnack à Lietzmann, malgré les difficultés inhérentes à cette recherche : la gnose touche à tout (histoire de l'Eglise, situation du judaïsme à l'avènement du christianisme, mystères hellénistiques, religions orientales...); elle recouvre une infinité de systèmes; peut-on même traiter la gnose comme un tout ? Au temps de Puech, traiter du gnosticisme signifiait tout d'abord «toucher aux problèmes de son origine et de son évolution» (4). 1. H.-C. Puech décrivait ainsi les sources de nos connaissances sur le gnosticisme vers 1930 : a) les premiers écrits chrétiens (II Pierre, Epîtres Pastorales, Ignace d'Antioche,Hermas...); b) les premières réfutations des hérésiologues ; parmi les oeuvres perdues dont on a quelques traces, on relève le Syntagma de Justin Martyr et celui d'Hippolyte (cf. aussi Eusèbe, H.E., IV, 7; IV, 25; IV, 28; V, 23 et les Mémoires d'Hégésippe); les principales réfutations sont celles d'Irénée, Adversus Haereses (vers 185), d'Hippolyte, Elenchos (après 222) et d'Epiphane, Panarion (375-377); c) les citations des textes gnostiques dans les oeuvres des Pères de l'Eglise, comme les fragments de Théodote chez Clément d'Alexandrie, ou d'Héracléon dans le Commentaire de Jean d'Origène; d) les auteurs païens : Celse (vers 170), Platon et Porphyre (vers 260), des écrits alchimiques comme ceux de Zosime (fin du 3e s.); e) les écrits gnostiques eux-mêmes, souvent rédigés en grec et conservés aujourd'hui en copte, comme laPistis Sophia, les Livres de léou, Y Apocryphe de Jean ; il existe peu de pages conservées en grec, à côté des textes coptes. Sur l'ensemble des sources qui font connaître le gnosticisme, la plupart de ces documents représentent des témoignages indirects sur le gnosticisme, émanant d'hérésiologues. Il n'est donc pas étonnant que jusqu'au 19e s. les phénomènes gnostiques aient été considérés essentiellement comme des hérésies chrétiennes. Les gnoses étaient alors décrites comme des formes de christianisme contaminées par la philosophie grecque (pythagorisme, platonisme, cynisme...) ou par l'astrologie. De plus, l'hérésie était considérée comme postérieure à l'orthodoxie chrétienne , et cela dès l'époque des Pères de l'Eglise, ainsi que l'indique par exemple la position de Tertullien dans son traité De la prescription, 29, 4-6 (5). Or la documentation dont on dispose ne confirme pas toujours ces affirmations. Certaines gnoses relèvent des hétérodoxies du judaïsme (cf. les Samaritains, les Elchasaïtes, les Nazoréens...), alors que d'autres semblent sans relation avec les systèmes théologiques chrétiens, comme les Ophites, les Caïnites, peut-être les Simoniens, les Dosithéens. Celui que DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 275 les Pères de l'Eglise désignent comme le «père de toutes les hérésies», Simon le Mage, se rattacherait même à des disciples de Jean le Baptiste, et précéderait donc le christianisme. Bref, ce sont autant de questions qu'il faudrait reprendre aujourd'hui avec un regard neuf. Ces options hérésiologiques sur le gnosticisme ont parfois laissé place à des réflexions plus systématiques sur la dispersion géographique des systèmes gnostiques. On a rattaché depuis longtemps Simon et Ménandre à la Samarie, Satornil à Antioche, Cérinthe à l'Asie Mineure, Cerdon à la Syrie, Basilide et Carpocrate à l'Egypte, Valentin et Marcion à Rome. Mais un examen plus approfondi des sources laisse apparaître une grande circulation des gnostiques et de leurs systèmes tout autour du Bassin méditerranéen. Et il semble maintenant difficile, pour ne pas dire exclu, de parler de gnose syriaque, égyptienne etc. Tout au plus reconnaît -on les différences entre unebranche occidentale du Valentinisme, avec Héracléon et Ptolémée, et une branche orientale de ce courant, avec Théodote et Marc le Mage. 2. Sur ce tableau marqué d'impasses, H.-C. Puech rappelle que la critique moderne a essayé, depuis la fin du 19e s., de résoudre deux sortes de questions, l'une plutôt littéraire, l'autre plutôt historique. La première sera toujours d'actualité : quelle est la valeur des sources utilisées par l'historien ? Ce questionnement insiste surtout sur le caractère partial et polémique des sources indirectes du gnosticisme. On soupçonne les Pères de l'Eglise d'avoir mal compris leurs sources, ou d'avoir mal interprété les systèmes qu'ils rapportent. En France, le nom d'E. de Faye illustre ce soupçon (6). Sur le plan historique d'autre part, cette attitude critique provoque un renversement progressif de la perspective hérésiologique adoptée jusqu'alors. Au lieu d'être des déviations, des produits dérivés, seconds, du christianisme primitif, les théologiens gnostiques s'inscrivent de plus en plus au coeur du christianisme jusqu'à devenir dans certains cas les précurseurs du canon du Nouvau Testament, de la règle de foi de l'Eglise du 2e s., des premières formules dogmatiques, de la théologie sacramentelle, de la vie monastique. Comme le remarque cependant Puech, «nous ne sortons guère de la thèse traditionnelle de la Gnose, hérésie chrétienne née d'une contamination du christianisme et des systèmes paï ens, sauf qu'ici on se montre parfois très favorable à cette tentative et qu'on réhabilite, alors qu'ailleurs on condamnait» ( '). Par delà la critique un peu désabusée de Puech, il faut reconnaître que ce courant de recherches gnostiques montre une fois pour toutes que «le gnosticisme est un problème qui, par essence, relève de l'histoire de l'Eglise» (8). 3. Dans ce type de travaux intervient l'impact de l'étude des religions comparées. Le gnosticisme devient alors un mouvement religieux, mythologi- 276 Jean-Daniel DUBOIS que, théosophique. On étudie les gnoses à partir des textes issus de milieux religieux variés. On recherche en Orient, mais aussi dans l'hellénisme et dans le christianisme ambiant l'origine des conceptions gnostiques. On présuppose une indépendance originelle de la gnose face au christianisme. Comme le note Puech, on assiste à une sorte de «généralisation» du problême de la gnose : on passe «d'une définition de la Gnose au sens restreint à un conception de la Gnose au sens large, Gnose dont le gnosticisme chrétien ne serait qu'un cas particulier... Le gnosticisme devient un phénomène de l'Histoire générale des religions» (9). R. Reitzenstein avec ses études sur le mystère du salut iranien, et W. Bousset constituent les meilleurs représentants de ce courant de recherches (10), encore vivant aujourd'hui 0 1). 4. Au temps où Puech écrivait son article, il participait de ce mouvement de recherches. Il pouvait résumer ainsi la problématique de son temps par une triple question, «le problème historique, dit -il, revient alors à établir : d'où ce mouvement est sorti - par où il s'est transmis à l'Occident - comment s'est faite sa fusion avec le christianisme »0 2). Poser en ces termes le problème d'une définition de la gnose à partir de son origine consistait pour Puech à brosser un tableau des différents domaines géographiques ou littéraires où l'on pouvait relever des rapprochements significatifs avec la gnose. Avec l'Egypte, c'était insister sur la parenté des textes gnostiques et hermétiques, ainsi que sur l'enracinement égyptien des références mythologiques des gnostiques (13). Vers la Mésopotamie, c'était rechercher le dualisme iranien pour expliquer le dualisme gnostique et en montrer les différences (14). Parmi les cultes d'Asie Mineure, c'était mettre en valeur les figures de la Déesse-Mère (15) pour comprendre le rôle de Sophia déchue dans les textes gnostiques. Au sein du judaï sme de la Diaspora, c'était encore accepter l'existence d'une gnose juive antérieure au christianisme et à la gnose judéochrétienne que M. Friedlànder identifia aux Minim condamnés par la littérature rabbinique (16). Avec le christianisme primitif, c'était enfin préciser l'influence des conceptions christologiques primitives sur les figures mythiques du Sauveur gnostique 07). L'éventail des domaines abordés faisait qu'on ne pouvait pas réduire la gnose à une hérésie du christianisme ; Puech d'ailleurs terminait son article par l'évocation de la contribution espérée des études mandéennes et manichéennes (18) pour les recherches gnostiques. Avec de nouvelles découvertes en vue, il concluait : «Peut-être n'est-il pas trop téméraire de dire que nous sommes à un tournant décisif de l'histoire du problème du gnosticisme» (19). D'une part, il évoquait la fin d'une étape de la recherche : entre l'hypothèse d'un Harnack, la gnose comme «hellénisation radicale et prématurée du christianisme», et l'optique des historiens des religions, la gnose puisant ses sources dans le creuset des religions orientales, Puech af- DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 277 firmait l'existence d'une gnose pré -chrétienne. D'autre part, les découvertes de texte coptes manichéens à Médinet-Madî en 1930 (Kephalaia, Lettres, Psautier, Homélies), encore inexploitées, permettaient de nouveaux espoirs. II - L'ÉVOLUTION DEPUIS L'ARTICLE DE PUECH La découverte des manuscrits coptes de Nag Hammadi vint relancer le débat sur le gnosticisme. Sur la cinquantaine de textes de la collection de Nag Hammadi, une trentaine au moins sont de facture gnostique, les autres étant seulement utilisés par des gnostiques (actes apocryphes, textes hermétiques, commentaires, des paroles du Sauveur, etc.). Parmi les textes gnostiques, quelques-uns seulement sont connus (par ex. L''Apocryphe de Jean qui existe maintenant en plusieurs versions, avec le Codex de Berlin). Autrement dit, avec Nag Hammadi, la documentation directe grossit d'un bond. Jusqu'au 19e siècle on connaissait la gnose grâce aux Pères de l'Eglise; avec les quatre principales collections de textes gnostiques dont celle de Nag Hammadi (20), on peut relire maintenant le témoignage des Pères sous un jour différent. 1 . Quand on examine la liste des sources directes et indirectes sur la gnose, établie par Puech dans l'article mentionné ci-dessus (21), on peut constater un rapport totalement différent entre sources directes et sources indirectes. D'une part on enregistre un certain progrès dans l'édition des textes patristiques, et un renouveau des études les concernant. D'autre part, avec la collection des textes de Nag Hammadi on assiste à un accroissement impressionnant de travaux sur les textes eux-mêmes, et sur les relectures des textes patristiques, qu'ils entraînent . La bibliographie de DM. Scholer compte déjà plusieurs milliers de titres qui couvrent des études sur la gnose en général, les grandes figures de la gnose, les textes gnostiques, et la cinquantaine des textes de Nag Hammadi (22), д l'heure actuelle quelques traités seulement ont fait l'objet d'études systématiques et de commentaires détaillés. Il faudra donc encore attendre quelques décennies avant de voir refleurir des grandes synthèses sur la gnose comme celles de H. Jonas (23). 2. Nous ne disposons pas encore de traduction française de toutes les sources gnostiques mentionnées par Puech. Si les premières éditions critiques des sommes hérésiologiques des Pères de l'Eglise ont paru à la fin du siècle dernier et à l'aube du XXe s., on possède en français dans la collection des «Sources Chrétiennes» la totalité, ou presque, de YAdvenus Haereses d'Irénée (24) . le livre I décrit en particulier plusieurs systèmes gnostiques -,et de Tertullien on a La prescription contre les hérétiques (25), La chair du Christ (26) et YAdvenus Valentinianos (27). UElenchos d'Hippolyte ainsi que lePanarion d'Epiphane sont en chantier. M. Tardieu vient de traduire la sec- 278 Jean-Daniel DUBOIS tion du Panarion concernant les «gnostiques» (28),Les oeuvres de Clément d'Alexandrie sont presque toutes éditées aux «Sources Chrétiennes», en particulier les fragments du gnostique Théodote, ou Extraits de Théodote (29). Les fragments du gnostique Héracléon sont conservés dans le Commentaire de Jean d'Origêne, et l'oeuvre de Celse nous est connue par le Contre Celse du même Origène (30). Sans mentionner les éditions étrangères, voilà toute une série de travaux et d'éditions de textes qui élargissent Ге champ de recherches décrit par Puech. 3. Sur la découverte de Nag Hammadi (1945) on peut rappeler qu'une première traduction de l'ensemble des textes n'a paru qu'en 1977 (31). C'était là l'un des points d'aboutissement d'une longue série de démarches (plusieurs fois avortées) pour la mise en place d'un comité international chargé de la publication et de l'étude de chacun des textes. Mais à la différence des manuscrits de la mer Morte qui défrayèrent très vite la chronique, les textes de Nag Hammadi ont pris 20 à 30 ans pour émerger dans les milieux scientifiques. L'annonce officielle de l'importance de la découverte parvint à la presse en 1952. Les premiers textes édités parurent en 1956 (Evangile de Vérité), 1958-1959 (Evangile de Thomas), 1962 (Ecrit sans Titre; Apocryphe de Jean) et 1963 (Sur la résurrection). L'ensemble des textes est maintenant à disposition sous forme de fac-similés (32). Et plusieurs équipes de travail ont pris en charge l'édition et le commentaire des textes de la collection. UInstitute for Antiquity and Christianity de l'Université de Claremont (Californie) a favorisé les efforts de publication des fac-similés, sous la conduite de J.M. Robinson (33). Ц s'est associé une série de collaborateurs pour l'étude de ces textes. A part les recueils de fac-similés et le volume collectif des traductions, seuls ont paru dans les Nag Hammadi Studies (N.H.S.), chez Brill, VEvangile des Egyptiens (34), les codices V-VI (35) et IX-X (36). Ц faut ajouter à ces volumes la réédition des Codices Askewianus et Brucianus, accompagnés d'une traduction anglaise (37). A Berlin -Est, une équipe dirigée par H.-M. Schenke a publié régulièrement depuis 1973 dans Theologische Literaturzeitung une douzaine de traductions allemandes de textes de Nag Hammadi (38). Sur le plan francophone, l'Université Laval de Québec a lancé sous la direction scientifique de J.-E. Ménard, et maintenant sous celle de P.-H. Poirier, la collection «Bibliothèque Copte de Nag Hammadi». Avec une section «Textes» et une section «Etudes» , cette collection au projet ambitieux consacrera un fascicule à chacun des textes de Nag Hammadi. Cinq titres ont déjà paru (39) ; une vingtaine d'autres seront publiés d'ici cinq ans. DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 279 Par ailleurs dans le cadre du Laboratoire des Religions du Livre (Ecole Pratique des Hautes Etudes, 5e section), M. Tardieu ouvre une collection de traductions annotées de textes gnostiques, «Sources Gnostiques et Manichéennes», aux éditions du Cerf ; de format analogue à «littératures anciennes du Proche-Orient» (L.AP.O.), cette collection couvrira l'ensemble des textes de Nag Hammadi en quelques volumes, mais aussi d'autres textes gnostiques et des écrits manichéens. Le premier volume consacré au Papyrus de Berlin va paraî tre au courant 1982. Il offrira le premier commentaire véritable de cette somme théologique gnostique que représente YApocryphe de Jean . 4. Les découvertes liées à la collection de Nag Hammadi peuvent être de différents ordres. Chaque étude d'un traité jusqu'alors inconnu constitue une découverte minuscule. Parmi les textes de Nag Hammadi il existe plusieurs traités nouveaux, issus des courants valentiniens : le Codex I ou Codex Jung (avec La Prière de Paul ; YApocryphe de Jacques ; le traité Sur la résurrection ; Y Evangile de Vérité - cf. aussi fragments parallèles dans le Codex XII-; le Traité Tripartite); Y Evangile de Philippe (II, 3); la Lettre de Pierre à Philippe (VIII, 2); le Témoignage de Vérité (IX,3); 1' 'Interprétation de la Connaissance (XI, 1); et des fragments d'exposés valentiniens(XI, 2). C'est une documentation encore largement inexploitée qui améliore l'état de nos connaissances sur les sources du valentinisme. Quelques textes, au contraire, ne manifestent pas de trace de spéculations gnostiques connues ; il est parfois impossible de les mettre en relation avec des sectes gnostiques identifiées. Dans d'autres cas enfin, Ц faut reconnaître que plusieurs textes ne sont pas de facture gnostique, comme des apocryphes du Nouveau Testament {Actes de Pierre et des XII Apôtres, VI, 1 ; Dialogue du Sauveur, III, 5 ; etc.). Par chance il existe plusieurs versions différentes de YApocryphe de Jean (II-III-IV et BG 8502), et au moins deux versions de YEvangile de Vérité (I et XII); un texte de sagesse Eugnoste (III, 5) apparaît sous une forme christianisée avec la Sophia de Jésus-Christ (III, 4). Entre deux traités du Codex VI figure un fragment de la République de Platon (588b-589b). On a aussi retrouvé des fragments d'un texte parallèle à l'un de ceux de Nag Hammadi parmi les papyri du British Museum de Londres ; il s'agit de 35 morceaux d'une nouvelle version de YEcrit sans Titre (II, 5) (40). A l'inverse, Stephen Emmel a identifié une dizaine de fragments formant une feuille d'un Codex de Nag Hammadi dans la collection Beinecke de l'Université de Yale (41). On peut s'attendre à d'autres trouvailles de ce genre, quand on sait que près de 200 feuilles des codices originaux n'ont pas été récupérées lors des découvertes de Nag Hammadi ; si ces feuilles ne sont pas perdues définitivement, elles dorment au fond de tiroirs d'antiquaires, ou sont gardées jalousement 280 Jean-Daniel DUBOIS par quelque commerçant avide de profits. Depuis les publications des textes de Nag Hammadi, l'assemblage des traités dans la douzaine de reliures retrouvées a suscité plusieurs hypothèses, mais n'a pas encore reçu d'explication satisfaisante. Aujourd'hui il faut admettre le caractère disparate de cette collection; on ne peut plus parler de «la bibliothèque gnostique» de Nag Hammadi, comme si l'on pensait à une bibliothèque monastique d'un couvent démoli (42), Comment comprendre l'existence d'une telle collection hétéroclite de textes gnostiques, hermétiques, sapientiaux, apocryphes ? T. Sàve-Sôderbergh avait lancé au Congrès de Messine (1966) l'hypothèse d'une collection de textes rassemblés dans un but hérésiologique, pour ceux qui auraient voulu rédiger une sorte ďAdversus Haereses ou de Panarion contre les gnostiques (43). Cette hypothèse fut reprise par le papyrologue J.W.B. Bams, après l'examen des cartonnages des reliures; selon lui, certains fragments de lettres et de relevés de comptes, datés des années 340 env., indiqueraient une origine pachômienne de la reliure du Codex VII par ex. (44). Ц faudrait alors expliquer la présence de ces textes dans des couvents pachômiens. Aujourd'hui, les fragments qui ont servi à la confection des reliures sont publiés (45). Une étude parue ces derniers mois remet à l'ordre du jour l'identification de ces fragments et contredit cette hypothèse (46). On peut donc prévoir de nouveaux développements sur cette question, à moins qu'il ne faille retenir une hypothèse plus simple : cette collection découverte dans un cimetière du village de Nag Hammadi a pu appartenir à un personnage aisé qui se serait fait ensevelir avec sa propre collection de manuscrits précieux (47). 5. Sans deviner ce que serait un jour l'impact des textes de Nag Hammadi pour les études patristiques, H.-Ch. Puech avait conclu son article de 1933 avec l'espoir de nouvelles découvertes manichéennes, à cause des documents de Medinet-Mâdi. A l'heure actuelle deux tiers de ces textes sont publiés; mais il reste encore à éditer près de trois cent pages de papyrus contenant des fragments d'hymnes. Une cinquantaine d'années après la découverte, on vient de confier l'année dernière seulement, la mission de publier les pages restantes au Danois Soren Giversen. Malgré cette lenteur, la situation des études manichéennes s'est profondément modifiée depuis l'article de Puech. Il suffit, pour s'en convaincre, d'examiner la liste des publications des sources manichéennes qu'a dressée Puech lui-même dans un article de présentation du manichéisme (48). Cet article de 1972 devrait être complété par les publications et études de textes iraniens (49) 9 sans compter de nombreuses sources chinoises sur le manichéisme encore inédites (50). Enfin, la publication tant attendue du Codex Manichéen de Cologne (51) permet aussi de nouvelles perspectives sur les origines du ma- DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 281 nichéisme. Ce Codex contient non seulement des éléments biographiques sur le fondateur du manichéisme, mais il offre surtout un tableau nouveau des débuts du manichéisme au sein des controverses avec FElchasaïsme. III - LA SITUATION PRÉSENTE : TENDANCES NOUVELLES On constate d'abord l'apparition de sections gnostiques dans les congrès de Nouveau Testament; depuis la grande période de l'Ecole de l'Histoire des Religions, la recherche gnostique a en effet été menée jusque vers les années soixante-dix principalement par des exégètes néotestamentaires. Il existe aussi des développements gnostiques dans les congrès de patristique (par ex. Oxford, 1975), d'histoire des religions (par ex. Stockholm, 1970), d'études islamo-chrétiennes (par ex. Rome, 1980) (52). ц а été fondé une Société Internationale d'Etudes Coptes (I.A.C.S.) qui a tenu son premier congrès au Caire en 1976 (53). Un nouveau genre de congrès est né dans cette mode de congrès internationaux : le congrès d'études gnostiques (Messine, 1966; Yale, 1978) (54) ; à part ces deux grands rassemblements, des congrès moins importants ont été organisés à Stockholm (1973), Strasbourg (1974), Hamilton (1978), Québec (1978), Louvain (1980), Rome (1980). Ces colloques donnent naissance à des publications (55) et aussi à un genre de livres peu aimés des bibliothécaires, les volumes de mélanges. On relève ainsi les volumes offerts aux spécialistes du gnosticisme comme H. -Ch. Puech, H. Jonas, G. Quispel, ou aux spécialistes de l'histoire du christianisme ancien comme G. Widengren, M, Simon, C. Andresen, R.M. Grant (56). Le congrès de Messine (1966) sert parfois de référence à cause d'un document final qui cherche à définir ce qu'on entend par gnose (au sens large de «connaissance des mystères divins réservés à une élite »),et gnosticisme (systèmes gnostiques du 2e s. principalement) (57). Sur la lancée de Messine, U. Bianchi a tenu à faire adopter par les participants du Colloque de Louvain (1980) un nouveau document qui ne marquera pas plus la recherche gnostique que le précédent. Par contre, à cette foire de la gnose qui rassemblait à Yale (1978) chercheurs et partisans de gnoses anciennes et contemporaines, l'idée de travailler sous forme de séminaires, l'un sur l'école gnostique de Valentin, l'autre sur le groupe de textes dits «séthiens», a eu l'avantage de spécialiser une recherche sur les textes eux-mêmes au lieu de sombrer dans les spéculations sur les origines de la gnose ou sur les influences étrangères des gnoses, pré-gnoses ou gnoses pré -chrétiennes. Dans le premier séminaire sur Valentin, il n'a guère été possible de préciser les étapes de l'évolution du valentinisme ou de clarifier la fiabilité des sources du valentinisme, comme cela avait été prévu. Par contre, les partici- 282 Jean-Daniel DUBOIS pants ont souligné l'urgence d'une réécriture de l'histoire des idées théologiques, à partir d'un nouvel examen des rapports entre orthodoxies et hétérodoxies du christianisme ancien. De plus, les communications de J.Whittaker sur les principes autogénérés des gnostiques, et de M. Tardieu sur les relations du valentinisme aux Oracles Chaldaïqites ont manifesté la nécessité d'une recherche gnostique qui tienne plus compte de l'environnement philosophique de l'époque (5°). Le séminaire séthien a été l'objet d'un débat entre partisans (J.M. Robinson; С. Colpe; В. Pearson) et opposants (F. Wisse; K. Rudolph in absentia) d'une définition du système dit séthien lancée par H. -M. Schenke (59). Selon ce dernier, le système séthien serait caractérisé par un système cohérent qu'illustrent plusieurs textes de Nag Hammadi (avec un père primordial et Barbelo, le Fils 'Autogènes' et les quatre éons illuminateurs ; avec une périodisation des temps; avec deux sacrements; avec une origine baptisté (samaritaine ?) et une tendance à assimiler la philosophie grecque - cp. les 'gnostiques' de Plotin). Toutefois il ressort de cette discussion encore en cours que le «séthianisme» existe plus dans les hypothèses des chercheurs que dans une réalité historiquement déterminée, comme le valentinisme. Il reste que la «gnose non valent inienne», selon l'expression prudente de M. Tardieu, mérite autant d'attention que les systèmes valentiniens mieux connus. Si le gnosticisme a inondé le marché des recherches et des publications, surtout depuis une dizaine d'années, il faudra sans doute encore attendre quelques années pour évaluer l'impact véritable des découvertes de Nag Hammadi, dans la période qui nous sépare de l'article de Puech (1933). Dans le flot de ces travaux, dans les miliers de pages que constituent les publications évoquées ci-dessus, nous relèverons quelques tendances significatives, par delà les nombreuses pages peu utiles à l'avancement de la recherche. 1. Dans ses remarques sur le Congrès de Yale, M. Tardieu regrette la part importante des études entreprises par des chercheurs «venus à la gnose à partir du Nouveau Testament» (60). Malgré la vérité de ce constat il faut avouer qu'on assiste au niveau des études néotestamentaires à un net élargissement de la problématique gnostique. Alors que la publication de YEvangile de Thomas, pour ne parler que de lui, ressentie comme l'effet d'une bombe, produisit depuis 1958-1959 une vague de comparaisons minutieuses entre cet évangile apocryphe et les traditions évangéliques canoniques, on s'oriente aujourd'hui vers l'idée que YEvangile de Thomas aurait bénéficié d'une collection de paroles indépendantes de la tradition synoptique (61). Grâce aux travaux de H. Koester notamment (62) } la recherche porte davantage sur l'iden- DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 283 tification de ces sources de logia issues de milieux de sagesse du judaïsme hellénisé, et sur la forme littéraire de cette littérature de sagesse attestée par d'autres textes à Nag Hammadi, comme le Dialogue du Sauveur, le livre de Thomas VA thlète et VEvangile des Egyptiens. Autrement dit, au niveau des textes du Nouveau Testament, l'étude des logia de Jésus ne doit plus être dissociée d'un examen de la littérature canonique, non canonique et patristique primitive (63), 2. Cet élargissement du champ d'étude des exégètes néotestamentaires est aussi significatif de l'optique de certains historiens de VEglise ancienne, comme Kl. Koschorke (64) et Th. Baume ister (65), par exemple, pour qui la recherche gnostique doit permettre une nouvelle approche de l'histoire de l'Eglise ancienne. Plus encore que l'histoire de la théologie chrétienne primitive, l'histoire des mouvements du christianisme ancien est à repenser en fonction des questionnements des études gnostiques. Au lieu de se pencher sur l'étude thématique des textes, les travaux de Koschorke soulignent à plusieurs reprises leur enracinement social. UApocalyspe de Pierre (VII, 3) et le Témoignage de Vérité (IX, 3) montrent que les gnostiques n'ont pas seulement combattu la Grande Eglise mais d'autres gnostiques; le Témoignage de Vérité, un exemple rare parmi les textes de Nag Hammadi, mentionne comme adversaires les noms de Valentin et ses disciples, Isidore, Basilide, les Simoniens (p. 56 sq.). C'est dire qu'il faudrait établir une nouvelle typologie des conflits entre branches diverses du gnosticisme et des églises chrétiennes anciennes. Dans sa communication au Congrès de Rome, Kl. Koschorke relève combien il importe de distinguer entre gnose chrétienne (Evangile de Vérité; Témoignage de Vérité ; Epître à Flora) et gnose christianisée (Sophia de Jésus-Christ). Si celle-ci se comprend comme un degré supérieur de christianisme, il faut la situer par rapport aux catégories hérésiologiques des Pères de l'Eglise, et préciser le portrait des destinataires de ces textes ou les relations des partenaires en présence (cf. l'opposition d'Origène aux simpliciores dans la foi; et l'étude de Th. Baumeister sur les transformations de la figure de Pierre). Kl. Koschorke s'attache aussi à relever les éléments de l'organisation ecclésiastique de certaines communautés gnostiques. Le traité Interprétation de la Connaissance (XI, 1) qu'il va éditer, relèverait du charismatisme paulinien, sans hiérarchie fonctionnelle; XApocalypse de Pierre (VII, 3) contesterait au contraire certaines prétentions pauliniennes. L'étude des sacrements illustrerait aussi diverses solutions adoptées par les gnostiques : polémique anti-sacramentelle, spiritualisation des sacrements, pratique rituelle analogue ou différente de la Grande Eglise (66). Bref, ce sont autant de pistes à pour- 284 Jean-Daniel DUBOIS suivre; elles devraient aboutir dans plusieurs années à retracer l'histoire interne et externe de mouvements gnostiques, grâce à de nombreuses relectures des matériaux patristiques. 3. Ces recherches d'historiens de l'Eglise rejoignent en plusieurs points Yanalyse sociologique du christianisme ancien. Après un silence de plusieurs décennies, cette approche recommence à porter des fruits (67); mais elle reste embryonnaire au niveau de l'étude spécifique du gnosticisme, malgré le voeu pieux du Colloque de Messine (1966) (68). Dans les années cinquante -soixante, la recherche gnostique était bloquée par les questions insolubles de l'origine du gnosticisme ; on se bornait alors à dresser des catalogues de pistes à défricher (69) ; ou à brasser des remarques vagues sur les syncrétismes et les religions orientales de l'Empire romain (70). Plus récemment, les travaux stimulants de H. Kippenberg, sur l'ancrage social élevé du gnosticisme antique (71), et de G. Theissen sur les mouvements du christianisme primitif (72) précisent l'interrogation portée sur les textes et les réalités sociales : recherches d'éléments sociographiques, repérage des conflits, étude de l'autocompréhension d'un groupe social, analyse des niveaux de langage, étude des comportements éthiques et des symboles ecclésiologiques, mise en valeur de cette religion de salut par la connaissance, le gnosticisme, par rapport aux autres religions de salut. Un certain nombre de facteurs permettent de rapprocher utilement les cercles gnostiques d'associations et de confréries religieuses de l'Antiquité. Au temps de l'accroissement du commerce oriental et des déplacements de l'armée romaine jusqu'aux limites de l'Empire, le gnosticisme correspond à l'invasion des cultes orientaux encouragés par la politique impériale du 2e siècle. On remarque alors que l'idéal communautaire véhiculé par certains textes, le refus de la distinction homme-femme, le rejet d'une hiérarchie orthodoxe, l'aspiration à une vie de liberté par la connaissance peuvent être considérés comme des expressions de rapports sociaux ; K. Rudolph les prend pour les marques de protestation sociale de la bourgeoisie des villes hellénistiques (73). Ц est vrai que la religiosité gnostique implique un niveau de culture philosophique et littéraire appréciable. Mais il faudrait montrer avec plus de précision comment la position des gnostiques face aux autorités célestes et terrestres, leur docétisme souvent explicite, l'ambiguïté radicale de leur «présence au monde», ou leur désir toujours inassouvi de rejeter la création du démiurge servent effectivement à articuler la protestation sociale des divers groupes sociaux. C'est à Elaine Pagels, de Barnard College, que l'on doit une tentative de compréhension de la fonction politique du phénomène gnostique. Dans un livre de vulgarisation sur les découvertes de Nag Hammadi qui a fait sensation aux Etats-Unis, The Gnostic Gospels (74), elle a rassemblé sous forme abrégée DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 285 plusieurs articles et études parues par ailleurs. Comme ses collègues de Yale, elle se propose d'examiner les implications des attitudes et affirmations théologiques qui sous-tendent les conflits entre le gnosticisme et les Pères de l'Eglise. Elle consacre ainsi plusieurs chapitres à la croyance en la résurrection, à la relation d'analogie un seul Dieu - un seul évêque, à la conception gnostique d'un Dieu Père et Mère, à la représentation gnostique de la Passion du Christ et à l'attitude des gnostiques face aux persécutions. On ne peut mettre en cause le bien-fondé de cet essai de rendre compte des luttes sociales et politiques qui informent le discours théo logique. Toutefois, si les intuitions d'E. Pagels s'avèrent souvent justes, en particulier à propos du docétisme et des persécutions, on peut se demander si la fonction politique de la croyance chrétienne en la résurrection consiste vraiment à légitimer l'autorité apostolique, ou bien si le monothéisme strict sert à établir l'autorité de l'épiscopat monarchique. A lire E. Pagels, on peut avoir l'impression que ses sympathies pour l'idéal antihiérarchique, communautaire, voire féministe, des gnostiques reflètent l'écho de débats contemporains, ou la position romantique de chercheurs pour qui le gnosticisme serait le christianisme véritable, comme on a pu l'affirmer au XIXe siècle. Il n'empêcheque des travaux de ce genre montrent à quel point la recherche gnostique est en train de sortir des débats sans fin sur l'origine des idées gnostiques. Après la vague phénoménologique, contemporaine des travaux de H. -Ch. Puech, où la gnose était définie essentiellement comme une expérience intime de connaissance en soi, une expérience de découverte de la nature spirituelle de l'homme 0$), après l'approche de la gnose par les recherches néotestamentaires, encouragée à nouveau par la publication de YEvangile selon Thomas, la recherche gnostique s'insère de plus en plus dans un horizon plus vaste, soit l'histoire de l'Eglise ancienne, soit l'étude des mouvements sociaux contemporains du christianisme antique. Même si les textes gnostiques gomment systématiquement leurs points d'ancrage historique à la manière de certains textes apocalyptiques, on considère moins le gnosticisme comme un simple débat d'idées. L'existence de conflits ecclésiastiques entre diverses tendances gnostiques, attestés par les textes de Nag Hammadi, où l'existence reconnue d'églises hiérarchisées comme le marcionisme ou le manichéisme, phénomènes proches du gnosticisme, illustrent l'ampleur du champ de recherche pour qui veut rendre compte effectivement de ce que le colloque de Messine appelait «la dimension cultuelle et sociale du gnosticisme». 4. E. Pagels fait partie de cette génération de chercheurs pour qui l'étude des textes eux-mêmes passe pour l'instant avant la mise en place de théories d'ensemble (76), Elle propose pourtant d'expliquer l'unité de la 286 Jean-Daniel DUBOIS collection des textes de Nag Hammadi ; pour ceci, elle définit le gnosticisme surtout par son opposition à l'orthodoxie chrétienne des premiers siècles (77). Dans un autre sens, M. Tardieu propose de lire l'ensemble des phénomènes gnostiques sous l'angle de leur opposition au judaïsme (78). Les relations de la gnose au judaïsme ont été abordées depuis longtemps (79) ; leur importance n'est plus à démontrer, même s'il est difficile de cerner les limites de cette tendance de recherche. Au début de ce siècle on a cherché à rapprocher certains courants gnostiques des hétérodoxies du judaïsme. Du temps de J. Danielou, on cherchait à identifier les sources juives de telle ou telle conception gnostique. Aujourd'hui on veut plutôt rendre compte des parallèles, des relations, des inversions possibles, entre exégèse rabbinique et exégèse gnostique 0*0). Cette tendance n'est pas propre aux seules études gnostiques ; on la trouve ailleurs dans les recherches patristiques où les frontières s'effacent progressivement entre exégèses targumique, midrachique, philonienne d'une part, et études sur les apocryphes et pseudépigraphes juifs, écrits esséniens et textes du christianisme primitif d'autre part. Par delà ces recherches de détail, la position de M. Tardieu en revient à définir le gnosticisme : «L' antijudaïsme est le dénominateur commun de toute la littérature gnostique, il est à la base du système dogmatique» (81). Cette affirmation redit un fait longtemps démontré : la haine des gnostiques pour le Dieu juif de la Genèse, réduit aux fonctions d'un démiurge, arrogant et lubrique, responsable du don de la Loi à Moïse. Cette haine explique le mépris des gnostiques pour le monde dominé par la fatalité, pour la société gouvernée par les puissances, pour le corps soumis à la sexualité et pour la parole inventée par le démiurge de la Genèse (Gen 1, 2) (82), M. Tardieu va plus loin en expliquant par l'antijudaïsme l'utilisation de textes non gnostiques par les gnostiques : «L'antijudaïsme .... explique pourquoi des textes non gnostiques ont joui chez eux d'une grande autorité, c'est en son nom qu'ont été rassemblées les collections perdues, mais attestées par les hérésiologues, tout comme les collections retrouvées» (83). m. Tardieu justifie ainsi la présence dans les collections gnostiques de textes apocryphes comme YEvangile de Marie , la Genna Marias, les Apocalypses de Paul, de Pierre, de Jacques (à Nag Hammadi), le Deuxième Traité du Grand Seth, et celui sur Melchisedech. Au-delà des travaux sur les racines juives de la gnose, M. Tardieu définit le gnosticisme essentiellement comme un phénomène d'écriture, issu du judaïsme et en réaction contre le judaïsme. Cette thèse nous paraîtexacte; l'exégèse gnostique antijudaïque est indéniable. Au terme du parcours que DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 287 nous avons tracé sur la distance parcourue par les recherches gnostiques depuis la parution de l'article de Puech en 1934, nous aimerions conclure par quelques questions suggérées par la thèse de M. Tardieu. a) Si la réaction des gnostiques face au judaïsme a été si vive, peut-on trouver des traces dû gnosticisme dans les sources juives rabbiniques ? Cette réaction aurait dû laisser, selon nous, quelques marques dans la littérature juive des trois premiers siècles de notre ère. Les travaux de G. Stroumsa sur Aher le gnostique, cités cidessus, ouvrent peut-être la voie d'une nouvelle recherche. On peut nous objecter, avec raison, que le silence des textes rabbiniques a constitué la meilleure arme de défense du judaïsme contre le gnosticisme. Dans ce cas, il nous semble que ce «silence» devrait être textuellement repérable, précisément si le gnosticisme est d'abord un phénomène d'écriture. Comment retrouver les traces de cet effacement, les signes de l'inscription de ce silence ? b) De plus, si le gnosticisme est issu du judaïsme, contre quelle forme de judaïsme s'est-il battu ? Il est peut-être illusoire de chercher dans les sources officielles du judaï sme les traces de ce silence. M. Tardieu serait prêt à prendre pour le judaïsme attaqué par les gnostiques non pas le judaïsme pharisien d'après la chute du Temple, mais les tendances judaïsantes du christianisme. Sans entrer dans un débat sur la définition de ce genre de tendances, il nous suffit d'indiquer ici combien il serait urgent de rouvrir le dossier complexe du judéo-christianisme avec ces nouvelles recherches gnostiques. En acceptant le Bible juive, l'Eglise chrétienne s'est condamnée elle-même aux yeux des gnostiques. Est-ce que la réaction des gnostiques face au judaïsme et à l'orthodoxie chrétienne permet de mieux cerner le profil de cesjudaïsants. c) Enfin, M. Tardieu décrit ce phénomène d'écriture gnostique comme un «Massada idéologique», une sorte d'opération d'intellectuels «sans église, sans temple, sans synagogue, sans monastère, sans école», où «l'anonymat de révélation apparaît donc comme le subterfuge de l'anonymat social»(84)# Alors que l'on remet en valeur les limites institutionnelles du gnosticisme, peut-on vraiment parler d'opération suicidaire ? La durée du gnosticisme, et la vigueur de l'opposition des Pères de l'Eglise à cette forme de croyance nous semblent illustrer le contraire. Nous nous demandons surtout pourquoi le gnosticisme en est venu à ce phénomène d'écriture. Peut-on comparer utilement l'émergence du gnosticisme à cet autre phénomène d'écriture qu'est la pseudépigraphie juive née d'une transformation des structures sociales et politiques du judaïsme au 2e siècle avant notre ère ? Il est peut-être trop tôt pour pouvoir répondre à cette question. Nous sommes encore dans l'effervescence des questions de détail concernant l'étude de tel ou tel texte gnostique. Nous avons voulu pourtant indiquer diverses visées de recherche en soulignant combien un approche pluridisciplinaire pourra seule rendre compte de l'insertion sociale du gnosticisme au sein des querelles qui ont agité le christianisme ancien. Jean-Daniel DUBOIS Jean-Daniel DUBOIS 288 NOTES 1. Revue de l'Université de Bruxelles, XXXIX, 1934-1935, n° 2, p. 137-158, et n° 3, p. 295-314; repris dans le recueil d'articles de PUECH sur la gnose En quête de la gnose, Paris, Gallimard, 1978, (Bibl. des Sciences Humaines), t. I, p. 143-183. Nous citerons dorénavant cette édition de l'article. Ce même article est aussi paru en traduction allemande dans une anthologie de recherches gnostiques : K. RUDOLPH (éd.), Gnosis und Gnostizismus, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1975 (Wege der Forschung, 262), p. 306-351. 2. La traduction est de Puech d'après le Lehrbuch der Dogmengeschichte, Tubingen 1931 5} t. I, p. 250 (traduction anglaise sur la 3e éd. allemande, repr. New- York 1961, p. 227). L'idée développée viendrait de Franz Overbeck. On remarquera que la mention du rejet de l'Ancien Testament (ou de sa conservation par le christianisme) n'apparaît qu'avec la 3e édition; cp. 2e éd., Freiburg 1888, 1. 1, p. 190. 3. Geschichte der Alten Kirche, I. Die An fange, Berlin 1932, p. 317 (traduction anglaise, London 1961, 1. 1, p. 295). 4. En quête de la gnose, 1. 1, p. 145. 5. Cette perspective pseudo-historique fut heureusement critiquée par l'étude maintenant classique de W. BAUER, Rechtglàubigkeit und Ketzerei im àltesten Christentum, Tiibingen 1934 (rééd. avec un appendice de G. STRECKER en 1964 ; traduction anglaise, revue et augmentée, éd. R.A. KRAFT - G. KRODEL, Philadelphia 1971). Sur le renouveau de l'intérêt porté à ce livre à cause des études gnostiques, cf. D. J. HARRINGTON, The Reception of W. Bauer's Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity during the last Decade, HThR, 1Ъ, 1980, p. 289-298. 6. Introduction à l'étude du Gnosticisme, Paris 1903; Gnostiques et Gnosticisme, Paris 1913 (19252). 7. Op. cit.,p. 156. 8. Op. cit.,p. 157. 9. Op. cit.,p. 163. 10. R. REITZENSTEIN, Das iranische Erlôsungsmysterium, Bonn 1921 (on trouvera un résumé en français de ses principales thèses dans A. BILL, La littérature religieuse hellénistique et les religions à mystères d'après Reitzenstein, RHPhR, III, 1923, p. 443-457); W. BOUSSET, Hauptprobleme der Gnosis, Gôttingen 1907. 11. Cf. par ex. le colloque Gnosticisme et monde hellénistique, Louvain-la-Neuve, 11-14 mars 1980, dont les communications vont paraître dans les Publications de l'Institut Orientaliste de Louvain (P.I.O.L.), et en particulier la contribution de U. BIANCHI, Gnosticisme et origines chrétiennes. L'Institut Orientaliste publia sous le même titre Gnosticisme et monde hellénistiques 1980, 149p. , les travaux préparatoires de ce colloque (pour BIANCHI, cf. p. 60 sq.). 12. Op. cit., p. 169. 13. Par ex. F. DAUMAS, au colloque de Louvain (cf. n.ll), Travaux préparatoires, DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 289 p. 11-20. 14. Par ex. J. DUCHESNE-GUILLEMIN, au colloque de Louvain, Travaux préparatoires, p. 41-43. 15. Cf. J. PRZYLUSKI, Les noms de la Grande Déesse, RHR , CV, 1932, p. 132 sq. 16. Der vorchristliche jiidische Gnosticismus, Gôttingen 1898; sur l'identification très discutée de ces Minim, cf. R. MARCUS, Pharisees, Essenes and Gnostics, JBL, 73, 1954, p. 157-161, part. p. 159; et G. VERMES, The Decalogue and the Minim, In Memoriam Paul Kahle, ed. M. BLACK - G. FOHRER, Berlin 1968, p. 232-240. 17. Cf. un examen récent de ce dossier in H. -M. SCHENKE, Die neutestamentliche Christologie und der gnostiche Eilôser, in Gnosis und Neues Testament, ed. K.-W. TROEGER, Gù'tersloh 1973, p. 205-229; et dans cette problématique deux essais sur la christologie des évangiles de Marc et de Jean : W. SCHENK, Die gnostisierende Deutung des Todes Jesu und ihre kritische Interpretation durch den Evangelisten Markus, ibid., p. 231-243, et K.M. FISCHER, Der johanneische Christus und der gnostiche Erlôser, Ueberlegungen auf Grund von Joh 10, ibid., p. 245-266. 18. Avec les traductions de textes mandéens de W. BRANDT et M. LIDZBARSKI, on avait parfois vu dans le mandéisme une sorte de gnose juive à tendance baptisté qui expliquerait les origines du gnosticisme. Pour un état de la question récent, cf. K. RUDOLPH, Der Mandàismus in der neueren Gnosisforschung, in Gnosis, Festschrift H. Jonas, ed. B. ALAND, Gôttingen 1978, p. 244-277; sur le manichéisme, cf. G. WIDENGREN, Der Manichàismus. Kurzgefasste Geschichte der Problemforschung, ibid., p. 278-315, et surtout le bulletin annuel de M. TARDIEU in Abstracta Iranica, depuis le vol. I, 1978 (p. 17-22). 19.0p. cit., p. 183. 20. Voici les références de ces collections : a) le manuscrit de Londres (Codex Askewianus, British Museum Add. 5114) appelé communément Pistis Sophia; découvert à la fin du 18e s., il faut édité par C. SCHMIDT, Copenhague 1925 (déjà en traduction allemande, Leipzig 1905; 3e ed. avec W. TILL, Berlin 1959, repr. 1962 dans la collection G.C.S. 45, 13); en traduction anglaise récente avec le texte copte de C. SCHMIDT, V. MACDERMOT, Pistis Sophia, Leiden 1978 (coll. N.H.S. IX); en traduction française, E. AMELINEAU, La Pistis Sophia, Paris (repr. Paris, Editions Arche, 1975). b) le manuscrit d'Oxford (Codex Brucianus, Bodleian mss. 96) appelé communément Livres de Ieou I-II et V Anonyme de Bruce; découvert en 1769 env., il fut aussi édité par C. SCHMIDT, Leipzig 1892 (Texte und Untersuch., 8); en traduction al emande dans le volume cité ci-dessus G.C.S. 45, 13 , repr. Berlin 1962; en traduction anglaise, C.A. BAYNES, A Coptic GnosticTreatise , Cambridge 1933 (repr. Ann Arbor 1970) et V. MACDERMOT, The Books of Jeu, Leiden 1978 (coll. N.H.S., XIII); en traduction française E. AMELINEAU, Notice sur le papyrus gnostique Bruce, Texte et traduction, in Notices et extraits de mss. de la B.N. et autres bibliothèques, 29/1, Paris 1891, p. 65305. 290 Jean-Daniel DUBOIS c) le manuscrit de Berlin (BG 8502) qui contient M Evangile de Marie, Г'Apocryphe de Jean, la Sophia de Jésus-Christ et un Acte de Pierre. Il fut édité et traduit par W. TILL, Die gnostischen Schriften des koptischen Papyrus Berolinensis 8502, Berlin 1955 (1972^ avec H. -M. SCHENKE), coll. Texte und Untersuch. 60. Il existe une traduction anglaise de ces textes dans le volume collectif éd. J.M. ROBINSON, The Nag Hammadi Library in English, San Francisco 1977 = Leiden 1977. Une traduction française va paraître dans le premier volume de la collection que lance M. TARDIEU, «Sources Gnostiques et Manichéennes», Paris, Cerf. ; VEvangile de Marie a aussi fait l'objet d'une thèse de A. PASQUIER, à paraître aux Presses de l'Université Laval, Québec, Canada. d) la collection de Nag Hammadi (au Caire, Musée Copte n° 4851; 10544 à 55; 10589-10590; 11597 et 11640) découverte en 1945; elle a été entièrement publiée en fac-similés: The Fac-similés Edition of the Nag Hammadi Codices, Leiden 1972-1979, 11 vol. (et une introduction et corrigenda) . On trouvera la liste des traités de Nag Hammadi dans The Coptic Gnostic Library, in Novum Testamentům, XII, 1970, p. 83-85, ou dans M. TARDIEU, Le Congrès de Yale sur le Gnosticisme, REA, XXIV, 1978, p. 208-209. M. TARDIEU a présenté un essai de compréhension de l'ensemble de ces collections dans l'article Gnostiqu es (collections), Encyclopedia Universalis, Supplément, t. I, 1980, p. 673-675, ainsi que dans Prurit d'écrire et haine sociale chez les gnostiques, in Le racisme, mythes et sciences, Pour Léon Poliakov, éd. M. OLENDER, Bruxelles Ed. Complexes, 1981, p. 167-176. 2l.Op.cit., p. 146-147. 22. Nag Hammadi Bibliography, 1948-1969, Leiden 1971 (coll. N.H.S., I), et son supplément qui paraît en principe une fois par an dans le dernier fascicule d'une année de la revue néerlandaise Novum Testamentům sous le titre «Bibliographia Gnostica, Supplementum». 23. Gnosis und spàtantiker Geist, I. Die mythologische Gnosis, Gôttingen 1934 (3e éd. augmentée 1964); ПД Von der Mythologie zur mystischen Philosophie, Gôttingen 1954 (1966^). Il existe une version très abrégée de ces recherches dans The Gnostic Religion, The Message of the Alien God and the Beginnings of Christianity, Boston 1958 (1963^; repr. 1972); cet ouvrage a été traduit en français sous le titre La religion gnostique, Paris, Flammarion, 1978, coll. «Idées et recherches». Malgré quelques adjonctions et corrections, cette traduction française offre des recherches datant pour la plupart de la période de l'article de Puech. Par contre, le volume bref et parfois dense de H. LEISEGANG, La gnose, Paris, Payot, 1951 (repr. 1971), coll. «Petite Bibliothèque», garde encore de son intérêt, malgré son ancienneté (original Stuttgart 1924, 1955 4). 24. Livres I et III-V, n° 100 (1965), 152-153 (1969), 210-211 (1971) et 263264 (1979), éd. A. ROUSSEAU, B. HEMERDINGER, С MERCIER, L.DOUTRELEAU. L'introduction du Livre I (n. 263) ne tient pas compte de l'état des connaissances actuelles sur la gnose. L'ouvrage de R. BERTHOUZOZ, au contraire, Liberté et Grâce suivant la théologie d'Irénée de Lyon, Paris-Fribourg 1980, qui porte sur l'anthropologie de la Grande Notice d'Irénée (Livre I, 1-8 et IV, 37-39) est un modèle d'exégèse iré- DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 291 néenne. 25. № 46 (1957) éd. P. de LABRIOLLE - F. REFOULE. 26. № 216-217 (1975) éd. J. -P. MAHE. 27. № 280-281 (1981) éd. J.-C. FREDOUILLE; cette édition est précieuse pax les nombreuses précisions de l'auteur sur le vocabulaire de Tertullien comparé à celui des gnostiques. 28. Epiphane contre les gnostiques, Tel Quel, 88, 1981, p. 64-81 avec un commentaire (p. 81-91). 29. Pour Clément : depuis 1941, cf. n° 2, 30, 38, 70, 108, 158, 283-284, éd. С MONDESERT, H. -I. MARROU, M. HARL, A. PLASSART, C. MATRAY, A. LE BOLLUEC. Pour les Extraits de Théodote conservés par Clément (cf. n° 23, 1947, repr. 1970), éd. F. SAGNARD, à qui l'on doit un monument d'études valentiniennes, La Gnose valentinienne et le témoignage de S. Irénée, Paris 1947. 30. Cf. n° 120, 157, 222 (depuis 1966), éd. С BLANC. Sur Hcracléon, cf. les chapitres du livre de F. SAGNARD, op. cit. ; de plus on peut comparer utilement ces Extraits à l'un des grands textes de la collection de Nag Hammadi, le Traité Tripartite (CG I, 5) que les éditeurs attribuent à l'école occidentale du Valen tinisme à qui appartenait Héracléon (cf. R. KASSER - M. MALININE - H. -C. PUECH - G. QUISPEL J. ZANDFE, Tractatus Tripartitus, Berne, t. I, 1973; t. II, 1975; il s'agit d'un texte très long, près de 100 pages de texte copte. Pour le Contre Celse, cf. n° 132, 136, 147, 150 et 227 (1967-1976), éd. M. BORRET. 31. The Nag Hammadi Library in English, éd. J.M. ROBINSON, San Francisco 1977 = Leiden 1977. 32. 1972-1979 (cf. notre note 20 (d) ). 33. J.M. ROBINSON a rédigé une présentation des diverses branches de cet institut dans The Institute for Antiquity and Christianity, in NTS, 16, 1969-1970, p. 178195; pour le projet de la bibliothèque de Nag Hammadi, op. cit., p. 185-190, avec une liste des collaborateurs (p. 188-190); cette liste a quelque peu évolué in The Coptic Gnostic Library, NT, XII, 1970, p. 83-85. On doit aussi à J.M. ROBINSON un premier état des recherches sur Nag Hammadi dans The Coptic Gnostic Library Today, NTS, 14, 1967-1968, p. 356-401, et une présentation illustrée de la découverte, dans un numéro spécial du Biblical Archeologist , 421 A, 1979, p. 195-256. 34. The Gospel of the Egyptians, éd. A. BOEHLIG - F. WISSE - P. LABIB, Leiden 1975 (N.H.S., IV). 35. Nag Hammadi Codices V, 2-5 and VI with Papyrus Berolinensis 8502, 1 ans 4, ed. D.M. PARROT, Leiden 1979, (N.H.S., XI). Il s'agit des 4 apocalypses du Codex V et de tout le codex VI, avec YEvangile de Marie et V Acte de Pierre, du papyrus de Berlin. 36. Nag Hammadi Codices IX and X, ed. B. PEARSON, Leiden 1981, (N.H.S., XV). 37. Cf. N.H.S., IX et XIII dans notre note 20, (a) et (b). 38. On trouvera la liste dans M. KRAUSE, Die Texte von Nag Hammadi, in Gnosis, Festschrift H. Jonas, ed. B. ALAND, Gôttingen 1978, p. 219 n. 26. Il faut ajou- 292 Jean-Daniel DUBOIS ter H.-G. BETIIGE, Der sogennante «Brief des Petrus an Philippus», ThLZ, 1978, p. 161-170. 39. Lettre de Pierre à Philippe; L'Authentikos Logos, éd. J.-E. MENARD, (1977); Hermès en Haute Egypte, t. I, éd. J.-P. MAHE (1978), il s'agit de l'Ogdoade et de l'Ennéade, et de La prière d'action de grâces; Protennoia Trimorphe, éd. Y. JANSSENS, (1978); Hypostase des Archontes, éd. B. BARC, (1980). Deux volumes sont sous presse : Le 2e Traité du Grand Seth (L. PAINCHAUD), et VEvangile de Marie (A. PASQUIER). Les Trois Stèles de Seth (P. CLAUDE), YExégèse de l'Ame (J.-M. SEVRIN), les Sentences de Sextus (P.-H. POIRIER qui traitera aussi du fragment de Platon), ainsi que le deuxième tome des Hermetica de J.P. MAHE vont paraître d'ici un an . 40. Ch. О YEN, Fragmente einer subachmimischen Version der gnostichen «Schrift Ohne Titel», in Essays on the Nag Hammadi Texts, in Honour of P. Labib, Leiden 1975 (N.H.S., VI), p. 125-144; cf. catalogue du British Museum, ed. W. CRUM, n° 522 soit BM Or. 4926 (1). 41. A Fragment of Nag Hammadi Codex III in the Beinecke Library : Yale Inv. 1784, BASP, 17, 1-2, 1980, p. 53-60 (à propos d'une page du Dialogue du Sauveur, Codex III, p. 145-146). 42. Cf. notre Les textes de Nag Hammadi en 1974 : un bilan, in EThR, 1974, p. 377-390, part. p. 384-385. 43. Gnostic and Canonical Traditions, in Le origini dello gnosticismo, (Messina 13-18 Apríle 1966), ed. U. BIANCHI, Leiden 1970, p. 552-562. 44. Cf. J.W.B. BARNS, Greek and Coptic Papyri from the Covers of the Nag Hammadi Codices, A Preliminary Report, in Essays on the Nag Hammadi Texts, (coll. N.H.S., VI), Leiden 1975, p. 9-17 (et une note de E.G. TURNER, ibid., p. 17-18); cf. aussi notre Les textes de Nag Hammadi en 1974 : un bilan, ElhR, 191 A, p. 383-385. 45. The Facsimile Edition of the Nag Hammadi Codices : Cartonnage, (vol.XI), Leiden 1979. 46. Nag Hammadi Codices, Greek and Coptic Papyri from the Cartonnage of the Covers, ed. J.W. B. BARNS - G.M. BROWNE - J.C. SHELTON, Leiden 1981, (N.H.S., XVI). 47. Cf. M. KRAUSE, Die Texte von Nag Hammadi, in Gnosis, Festschrift H. Jonas, Góttingen 1978, p. 241-243. 48. Le manichéisme, in Histoire des Religions, Encyclopédie de la Pléiade, Paris, 1972, t. II, p. 523-645, part. p. 636 sq. 49. Cf. par ex. W. SUNDERMANN, Mittelpersiche und partische kosmogonische und Parabeltexte der Manichàer, Berlin 1973; M. BOYCE, A Reader in Manichean Middle Persian and Parthian, Téhéran-Liège 1975. 50. Cf. les travaux peu connus en France de S. LIEU, A Lapsed Chinese Manichean's Correspondence with a Confucian Official in the Late Sung Dynasty (1265), Bull, of the John Ry lands Libr., 59, 1977, p. 397-425; Polemics against Manicheism as a Subversive Cult in Sung China, B.J.R.L., 62, 1979, p. 132-167 ; Precept and Practice in Manichean Monasticism, JThS, 32, 1981, p. 153-173; DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 293 et surtout The Religion of Light, An Introduction to the History of Manicheism in China (Center of Asian Studies Occas. Papers and Monogr., 38), Hong Kong 1979. 51. Ed. A. HENRICHS - L. KOENEN, in ZPE, IX, I, 1975, p. 1-85 et XXXII, 1978, p. 87-200; et le tout récent Que sais-je ? (n° 1940) de M. TARDIEU, Le manichéisme, Paris, 1981, p. 9 sq., 15 sq ., 67 sq . 52. Gnosis and Gnosticism, Vllth Intern. Conf. on Patristic Studies, {Oxford 1975),Ы. M. KRAUSE, Leiden 1977 (N.H.S., VIII); Proceedings of the Xllth Intern. Congress of the Intern. Assoc. for the History of Religions (Stockholm Aug 16-22, 1970), ed. C.J. BLEEKER - G. WIDENGREN - E.J. SHARPE, Leiden 1975 (Supplts. to Numen, XXXI), p. 179 sq. (pour Nag Hammadi). 53. M. KRAUSE fut le premier président de cette Société ; B. LAYTON en est l'actuel président (R. KASSER, vice-président). Les actes du colloque du Caire ont paru dans Nag Hammadi and Gnosis (Cairo 1976), ed. R. McL. WILSON, Leiden 1978 (N.H.S., XIV) et dans The Future of Coptic Studies, ed. R. McL. WILSON, Leiden 1978 (Coptic Studies, I), ainsi que dans la revue ENCHORIA, t. VIII, Sonderband 1978. 54. Le origini dello gnosticismo, Colloquio di Messina, 1966, ed. U. BIANCHI, Leiden 1967 (19702), (Studies in the Hist, of Rel., XII); une partie seulement du Congrès de Yale est parue à l'heure actuelle : The Rediscovery of Gnosticism, Yale 1978, t. I : The School of Valentinus, ed. B. LAYTON, Leiden 1980 (St. in the Hist, of Rel., XLI); cf. aussi un rapport détaillé de ce Congrès et la critique sur le Colloque de Messine in M. TARDIEU, Le Congrès de Yale sur le Gnosticisme, REA, XXIV, 1978, p. 188-209; le t. II des actes vient de paraître, Leiden 1981. 55. Proceedings of the Intern. Colloquium on Gnosticism, Stockholm, 1973, ed. G. WIDENGREN, Stockholm-Leiden 1977; Les textes de Nag Hammadi, Strasbourg 1974, ed. J.-E. MÉNARD, Leiden 1975 (N.H.S., VII). Le colloque de l'Université McMaster, Hamilton, Canada, a donné lieu à la publication de E.P. SANDERS, (éd.), Jewish and Christian Self-Definition, 1. 1 : The Shaping of Christianity in the Second and Third Centuries, London 1980; le t. II -.Aspects of Judaism in the Graeco-Roman Period, London, vient de paraître en juillet 1981. L'équipe de recherche sur Nag Hammadi de l'Université Laval (Québec) a organisé un colloque en août 1978; les actes de ce Colloque International sur les Textes de Nag Hammadi, ed. B. BARC, vient de paraître dans la «Bibliothèque Copte de Nag Hammadi», Section 'Etudes' I, Québec- Louvain 1981. Le colloque de Louvain (mars 1980) - cf. notre note 11 - s'est déroulé dans l'esprit du Colloque de Messine. Les actes vont paraître début 1982. Les actes du congrès de Rome (I.A.C.S., Sept. 1980) vont aussi paraître sous la direction de F. WISSE). 56. Mélanges d'histoire des religions offerts à H.-Ch. Puech, Paris 1974 (cf. aussi les recueils d'articles de PUECH, En quête de la Gnose, Paris 1978, 2 vol.; Sur le Manichéisme et autres essais, Paris 1979); Gnosis, Festschrift fur H. Jonas, ed. B. ALAND, Gôttingen 1978; Studies in Gnosticism and Hellenistic Religions, ed. R, VAN DE)N 294 Jean-Daniel DUBOIS BROEK - M J. VERMASEREN, Leiden 1981 (E.P.R.O.E.R., 91); cf. aussi le recueil d'articles de QUISPEL, Gnostic Studies, Istambul, vol. I-II, 1974-1975. Ex Orbe Religionům, Studia G. Widengren, Leiden 1972, vol. I-II (St. in the Hist, of Rel. XXI- XXII), surtout 1. 1, p. 389 sq.; Paganisme, Judaisme, Christianisme, Mélanges H. Simon, Paris 1978; Kerugma und Logos, Beitràge zu den geistesgeschichtlichen Beziehungen zwischen Antike und Christentum, Festschrift fur C. Andresen, éd. A. M. RITTER, Góttingen 1979; Early Christian Literature and the Classical Intellectual Tradition, in honorent RM. Grant, éd. W.R. SCHOEDEL - R. L. WILKEN, Paris 1979 (Théologie historique, 53). 57. Le origini dello gnosticismo, Leiden 1970^, p. XX sq. et la communication de Jonas, Delimitation of the Gnostic Phenomenon - Typological and Historical, ibid., p. 90-108 qui a beaucoup inspiré ce document final; ср. les critiques de К. RUDOLPH in ThRdschau, 36, 1971, p. 15-33. 58. Cf. respectivement The Rediscovery of Gnosticism, Leiden 1980, t.I, p. 176 sq. et 194 sq.; pour les remarques finales du séminaire, cf. p. 351-353. 59. Das sethianische System nach Nag Hammadi Handschriften, in Studia Coptica, éd. P. NAGEL, Berlin 1974, p. 165-173. 60. Le Congrès de Yale ..., REA., XXIV, 1978, p. 207. 61. Pour un état de la question récent, cf. J.-D. KAESTLI, L'Evangile de Thomas, ïnEThR, 1979, p. 375-396. 62. In Trajectories Through Early Christianity (avec J.M. ROBINSON), Philadelphia 1971; et Dialog und Spruchiiberlieferung in den gnostischen Texten von Nag Hammadi, Evangelische Theologie, 39, 1979/6, p. 532-556; Gnostic Sayings as Witnesses for the Development of the Sayings Tradition, in The Rediscovery of Gnosticism, Leiden 1980, 1. 1, p. 238-261; cf. aussi les travaux de l'une de ses disciples E. Pagels. 63. Cf. particulièrement Apocryphal and Canonical Gospels, HThR, 73, 1980, p. 105-130. 64. Hippolyt's Ketzerbekàmpfung und Polemik gegen die Gnostiker, Wiesbaden 1975 (Gôttingen Or. Forsch. VI, 4); Die Polemik der Gnostiker gegen das kirchlichen Christentum, Unter besonderer Berù'cksichtigung der Nag Hammadi-Traktate «Apokalypse des Petrus» (NHC VII, 3) und «Testimonium Veritatis (NHC IX, 3), Leiden 1978, (N.H.S., XII); Eine gnostische Pfmgstpredigt. Zur Auseinandersetzung zwischen gnostischen und kirchlichen Christentum am Beispiel der Epistula Petři ad Philippum (NHC VIII, 2)», in Zeitschrift fur Theologie und Kirche, 74, 1977, p. 323-343; Der gnostiche Traktát «Testimonium Veritatis» aus dem Nag Hammadi-Codex IX, Eine Úbersetzung, in ZNTW, 69, 1978, p. 91-117; Gnostic Instructions on the Organization of the Congregation (Yale 1978, tome II ); Eine neugefundene gnostische Gemeindeordnung. Zum Thema Geist und Amt im fruhen Chrstentum, Z.Th.K., 76, 1979, p. 30-60; Eine gnostische Paraphrase des Johanneischen Prologs. Zur Interpretation von Epistula Petri ad Philippum (NHC VIII, 2) 136,16-137, 4, in VChr, 33, 1979, p. 383-392; Gnosis als kirchengeschichtlicher Faktor, (Rome I.A.C.S., 1980, à paraître). DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 295 65. Die Anfánge der Theologie des Martyriums, Miinster 1980; Die Rolle des Petrus in gnostischen Texten (Rome I.A.C.S., 1980, à paraître dans un volume collectif sur La Lettre de Pierre à Philippe, préparé avec A.F.J. KLIJN, de l'Université de Groningen). 66. Cf. les travaux de J.-M. SEVRIN à Louvain, Les Noces spirituelles dans Y Evangile selon Philippe, Le Muséon, 87, 1974, p. 143-193; A propos de la Paraphrase de Sem, Le Muséon, 88, 1975, p. 69-96; La rédaction de V Exégèse de l'Ame (NH II, 6), Le Muséon, 92, 1979, p. 237-271; La connaissance et le rite d'après quelques textes de Nag Hammadi, Louvain 1980, à paraître (cf. notre note 11; on trouvera un aperçu de cette communication dans Gnosticisme et monde hellénistique, Louvain, 1980, p. 144147); Vestiges d'une tradition liturgique baptismale dans des écrits gnostiques du groupe Séthien, (Rome I.A.C.S., 1980, à paraître). 67. Sur le christianisme antique, cf. ces deux états de la question : R. SCROGGS, The Sociological Interpretation of the New Testament : The Present State of the Research, NTS, 26, 1979-1980, p. 164-179; D.J. HARRINGTON, Sociological Concepts and the Early Church : A Decade of Research, Theological Studies, 41, 1980, p. 181190. 68. Le origini dello gnosticismo, ed. U. BIANCHI, Leiden, 19702, p. XXVI : Par. VI du Document Final «... Le Colloque exprime le voeu que la recherche future approfondisse le côté culturel et sociologique du gnosticisme»; cf. aussi l'état de la question de K. RUDOLPH, in ThR,36, 1971, p. 119-124. 69. E.M. MENDELSON, Some Notes on a Sociological Approach to Gnosticism, in Le origini, Leiden 19702, p. 668-675; cf. aussi les travaux de H. GREEN, Suggested Sociological Themes in the Study of Gnosticism, VChr, 31, 1977, p. 169-180, et Valentinian Ritual. A Sociological Perspective (Congrès de Yale, 1978, tome II) , qui soulignent l'importance d'une recherche sur l'institutionnalisation des mouvements gnostiques et des catégories d'individus selon les gnostiques. 70. K. RUDOLPH, Randerscheinungen des Judentums und das Problem der Entstehung des Gnostizismus, Kairos, 9, 1967, p. 105-122; P. POKORNÝ, «DerUrsprung der Gnosis», Kairos, 9, 1967, p. 94-105; id., Der soziale Hintergrund der Gnosis, in Gnosis undNeues Testament, ed. K.-W. TROEGER, Berlin 1973, p. 77-87. 71. Versuch einer soziologischen Verortung des antiken Gnostizismus, Numen, 17, 1970, p. 211-231 (et aussi les remarques de P. MUNZ dans Numen, 19, 1972, p. 4151, à propos de cet article). 72. En particulier Le christianisme de Jésus, Paris, Desclée, 1978, (traduction d'un livre allemand portant le titre «Sociologie du mouvement Jésus», Munich 1977); cf. aussi Studien zur Soziologie des Urchristentums, Tubingen 1979, 319 p. qui reprend une partie des articles de Theissen; on en trouvera la liste dans l'article cité de R. SCROGGS (cf. notre note 67), inNTS, 26, 1980, p. 174 n. 33. 73. Das Problem einer Soziologie und 'sozialen Verortung' der Gnosis, Kairos, 19, 1977, p. 35-44, part. p. 41-43; et son livre Die Gnosis, Wesen und Geschichte einer spàtantiker Religion, Leipzig 1977 - Gôttingen 1978. 296 Jean-Daniel DUBOIS 74. New- York - London 1979 (cf. les remarques critiques de G. STROUMSA in Numen, XXVII, 1980, p. 278-286); ce livre a été vendu en plusieurs centaines de milliers d'exemplaires; primé aux Etats-Unis, il a été présenté sur toute une page du Times; une traduction française va paraître d'ici quelques mois chez Gallimard. 75. Où en est le problème du gnosticisme ? op. cit., p. 164 sq. 76. Op. cit., introduction. 11 .Op. cit., p -141 sq. 78. Art. (collections) gnostiques, Encyclopedia Universalis, Supplément 1. 1, Paris 1980, p. 673-675, et Prurit d'écrire et haine sociale chez les gnostiques , in Pour Léon Poliakov, op. cit., Bruxelles 1981, p. 167-176. 79. Cf. déjà l'état de la question donné par PUECH, op. cit., p. 172 sq.; mais aussi les travaux de J. DANIELOU, par ex. Théologie du Judéo-Christianisme, Paris 1958, et de G. QUISPEL (en particulier Gnosticism and the New Testament , in The Bible and Modem Scholarship, éd. J. Ph. HYATT, London 1966, p. 252-271, et la réponse de H. JONAS, ibid., p. 279-293. Pour un exposé récent : cf. B.A. PEARSON, Jewish Elements in Gnosticism and the Development of Gnostic Self-Definition , in Jewish and Christian Self-Definition, ed. E.P. SANDERS, London 1980, t. I, p. 151-160 (et la bibliographie de PEARSON, ibid., p. 241 n. 5). 80. Par ex. B.A. PEARSON, Jewish Haggadic Traditions in the Testimony of Truth from Nag Hammadi (CG IX, 3), Mélanges G. Widengren, Leiden 1972, 1. 1, p. 457470; F.T. FALLON, The Enthronement of Sabaoth, Jewish Elements in Gnostic Creation Myths, Leiden 1978 (N.H.S., X); G. STROUMSA, Aher : a Gnostic, Congrès de Yale, 1978, tome II (cf. un résumé in M. TARDIEU, in REA., XXIV, 1978, p. 206), et sa thèse Another Seed : Studies in Gnostic Mythology, Leiden, à paraître ; В. BARC, Samaè'l - Saklas - Yaldabaoth - Recherche sur la genèse d'un mythe gnostique, Colloque International sur les Textes de Nag Hammadi (Québec 1978), Québec-Louvain 1981, p. 123-150, et son admirable commentaire de L'Hypostase des Archontes, QuébecLouvain 1980 (Bibliothèque Copte de Nag Hammadi, Section 'Textes', 5). 81. Pour Léon Poliakov, Bruxelles 1981, p. 172. 82. Op. cit., p. 116. 83. Op. cit., p. 172 (suite). 84 . Encyclopedia Universalis, Supplément, 1. 1, Paris 1980, p. 674.