Ce geste de se toucher (une micro-démangeaison le plus souvent) est le meilleur
révélateur de notre état interne car il permet de réguler les émotions et d’évacuer les
tensions. On a tendance à augmenter sa fréquence pour de multiples
raisons lorsqu’on est anxieux, gêné ou stressé mais aussi lorsqu’on s’ennuie. On
l’accomplit aussi quand on ne ressent rien de particulier. Tout cela, sans que nous
nous en rendions compte, la plupart du temps.
Ce phénomène est même « archaïque », venant de la nuit des temps et avant
même la naissance : en 2013, des chercheurs britanniques ont découvert que les
fœtus portent déjà la main à leur visage pour développer leur sens du toucher et
également lorsque leur mère est dans une situation d’anxiété.
Une fois toutes les 2min30 en moyenne !
Ce mouvement est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit souvent. Une étude
australienne en 2015 (confortée par une étude japonaise en 2019), réalisée sur un
groupe de vingt-six étudiants, montrait qu’ils se touchaient, en moyenne, vingt-trois
fois par heure, soit environ une fois toutes les 2min30. 44 % de ces contacts
impliquaient une muqueuse (yeux, nez et bouche) et 56 % des zones non
muqueuses. Parmi les contacts avec les muqueuses, 36 % concernaient la bouche,
31 % le nez, 27 % les yeux et 6 % une combinaison de ces trois zones.
Cette fréquence est très variable selon individus, certains se touchant
machinalement jusqu’à… « trois mille fois par jour », indiquaient les agences
régionales de santé françaises (ARS) dans un communiqué de novembre 2017
portant sur les gestes barrières pour se protéger du virus de la grippe.
Un changement de nos habitudes
Les experts du comportement expliquent souvent qu’il est nécessaire d’abord de
prendre conscience des situations dans lesquelles nous portons nos mains à notre
visage (fatigue, stress, ennui …) pour pouvoir se défaire ensuite de ce geste,
intempestif actuellement surtout quand il est compulsif.
Cette prise de conscience ne suffit pas à le faire disparaître la plupart du temps. Si
les habitudes mettent des années à s’implanter, il est vain de vouloir les arrêter d’un
seul coup (surtout, quand on sait que les maghrébins sont par nature plutôt tactiles).
Il vaut mieux prévoir d’en venir à bout avec le temps en essayant de réduire
progressivement ce réflexe de cinq à deux ou trois fois par heure par exemple
jusqu’à parvenir à le maîtriser complètement.
Il faut parallèlement développer de nouvelles habitudes de substitution, proches
autant que possible des anciennes, mais sans risque. Se toucher l'arrière de la
tête, plus éloignée des muqueuses, est par exemple une nouvelle attitude
excellente.