Table des matières Remerciements ....................................................................... 3 Introduction .............................................................................. 4 1-Localisation générale de l’étude ............................... 5 1.1 Situation géographique ............................................................. 5 1.2 Historique de la situation économique, agricole et humain de la vallée ........................................................ 7 1.2.1 Situation Economique .................................................... 7 1.2.2 Pratiques agricoles et pastorales .................................. 7 2-Fondamentaux pour l’étude du site ........................ 10 2.1 Qu’est ce qu’une couchade et quelles sont ses caractéristiques ? 10 2.2 Caractéristiques écologiques du site ......................................... 11 2.2.1 Climatologie ................................................................. 11 2.2.2 Géologie et pédologie .................................................. 11 3-Étude de la couchade du Lauzanier ....................... 13 3.1 Quantité et fréquence des émissions ...................................... 13 3.2 Inventaire floristique ................................................................ 15 3.2.1 Méthodologie ............................................................... 15 3.2.2 Relevés phytosociologiques ....................................... 18 3.2.2.1 Rumex alpinus .................................................. 21 3.2.2.2 Chenopodium bonus-Henricus ......................... 21 3.3 Mesure du pH du sol .......................................................... 23 3.4 Diagnostic de la texture du sol .............................................. 24 3.5 Topographie ............................................................................ 26 4-Discussion sur les méthodes de restauration .. 27 4.1 Étude sur Rumex alpinus ........................................................ 27 4.2 Conception d’un protocole expérimental au Lauzanier ......... 30 4.3 Autres solutions étudiées....................................................... 33 4.3.1 Pâturage des équins .................................................... 34 4.3.2 Pâturage des ovins ...................................................... 35 4.3.3 Chaulage ...................................................................... 35 4.3.4 Activation pédofaunique ............................................... 36 4.4 Résumé des solutions ............................................................. 37 Conclusion .............................................................................. 39 Annexes .................................................................................... 40 Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier mon responsable de formation, Stéphane Guibert, sans qui je n’aurais jamais eu les bons contacts pour un stage dans un parc national en milieu montagnard, comme celui du Mercantour, détail qui me tenait particulièrement à cœur. Je remercie aussi infiniment mon maître de stage, Ludovic Klein, chef de l’antenne Ubaye et le chef de service territorial Ubaye-Verdon, Xavier Fribourg, de leur confiance, pour m’avoir confié un travail sur un sujet d’étude aussi passionnant, instructif et où quasiment tout était à faire. Je tiens aussi à remercier l’équipe du service Connaissance et Gestion du Patrimoine du Parc national du Mercantour, et plus particulièrement Claire Crassous, pour le temps qu’elle m’a consacré, son suivi du projet, ainsi que ses nombreux conseils et corrections. Pour terminer, je remercie chaleureusement toute l’équipe de l’Antenne Ubaye, pour son partage, ses connaissances et sa bonne humeur tout au long de cet été. 3 Introduction D ans le cadre de mon stage de BTS GPN, j’ai été sollicité par le Parc National du Mercantour, en collaboration avec la commune de Val d’Oronaye, afin de répondre à une problématique de restauration de couchade d’ovins, milieu dégradé, sur une pelouse alpine. Plusieurs études et relevés ont déjà été réalisés sur le vallon et le site du lac du Lauzanier. Elles ont permis de mieux comprendre des caractéristiques écologiques et agronomiques sans pour autant expertiser la zone de couchade en elle-même. L’ objectif est donc de synthétiser les études préétablies, mettre en place un certain nombre de relevés et inventaires, en vue de propositions de protocoles et de gestions sur le long terme. Bien entendu, ces solutions doivent être durables et compatibles avec les objectifs du Parc National du Mercantour en matière de protection de la flore et de la faune sauvage. Figure 1. Lac du Lauzanier depuis la chapelle (couchade au premier plan) 4 1 Localisation générale de l’étude 1.1 Situation géographique Figure 2. Situation géographique du Parc national du Mercantour et du lac du Lauzanier 5 La zone d’étude se situe dans le haut du vallon de l’Ubayette, à proximité des rives N-O du lac du Lauzanier, à 2284 m d’altitude. (Coordonnées GPS 44.380806, 6.871991) Ce territoire est situé sur l’ancienne commune de Larche (fusionnée en 2015 avec le village de Meyronnes sous le nom de Val d’Oronaye), en Haute-Ubaye. L’Ubayette, qui descend du Lauzanier, rejoint l’Ubaye, peu après Meyronnes. Toute la limite est du vallon coïncide avec la frontière italienne. La zone étudiée est contenue dans la zone cœur du PNM. Les pâtures autour du lac du Lauzanier étaient utilisées par le berger seulement en quartier d’août. A sa mort, en 2015, les élus locaux et le PNM ont décidé d’un commun accord de mettre en défens toute cette zone. Figure 3. Situation et limitation géographique de la couchade étudiée 6 1. 2 Historique de la situation économique, agricole et humain de la vallée 1.2.1 Situation économique Depuis la seconde guerre mondiale, l’ économie de la vallée est modeste, où, tout comme dans les autres vallées des Alpes du Sud, elle est assurée par : - Une activité agricole résiduelle cantonnée dans le fond de la vallée de l’Ubaye (blé, fourrage avec arrosage par aspersion), mais pratiquement absente des hautes vallées (l’absence de tradition fromagère est une des raisons de cet absence) - Le développement du tourisme hivernal et estival (attrait des hautes vallées de l’Ubaye grâce, entre autres, à la Grande Traversée des Alpes, aux sites de ski de fond et de randonnée, aux animations proposées par le PNM (Parc National du Mercantour), à la proximité des stations de Pra-Loup et Sauze, etc - L’ existence de cette importante voie de communication avec l’ Italie qu’est la route du Col de Larche. 1.2.2 Pratiques agricoles et pastorales Jusqu’en 1940, tout le vallon était fauché pratiquement jusqu’aux crêtes. L’ ampleur de cette pratique se retrouve encore dans les vestiges de très nombreux canaux d’irrigation. Les moutons utilisaient l’espace laissé par les vaches et les chevaux. «Cette différenciation des parcelles et la plurispécificité du bétail conféraient au Lauzanier une richesse floristique qu’il aurait perdu, aux dires des témoignages des locaux.» (Lambertin, 1995) Figure 4. Lac du Lauzanier en 1960 L’abandon total, dans les hautes vallées, de la vie agricole a généré la disparition des anciennes prairies de fauche et du mode traditionnel de conduite de la montagne par les habitants au profit des transhumants. Sans irrigation, livré uniquement au bétail ovin, le vallon a forcément changé de physionomie depuis presque 80 ans (Lambertin, 1995). 7 La physionomie de notre zone d’étude découle de ce changement de pratiques : Les troupeaux constitués de plus d’un millier de têtes sont concentrés la nuit dans des couchades (parcs de nuit), en général près des cabanes de bergers. De plus, le retour naturel du loup au milieu des années 90 a favorisé cette concentration par des clôtures de protection des troupeaux. Ce parcage régulier, pendant plusieurs dizaines d’années, a donc également modifié le caractère physionomique et écologique de ces zones. L’activité pastorale est menée depuis plusieurs siècle autour du lac du Lauzanier. En 2010, dans le cadre d’un étude paléoenvironnementale, dont l’objectif était de retracer l’évolution de l’état écologique du lac du Lauzanier, des carottages on révélé la présence de spores de Sporormiella sp datant de la période Romaine (haut Empire). En effet, Sporormiella est un genre de champignon aujourd’hui considéré comme le plus directement lié à la présence de troupeaux d’herbivores. Il se développe sur les déjections animales (champignon dit « coprophiles »). Depuis la fin des années 50, la pression pastorale dans le bassin versant a fortement diminué. Au début des années 80 le troupeau du Lauzanier atteignait 1000 têtes. et passait deux mois sur l’alpage (juillet/aout). Au milieu des années 90, les 2 alpages du Prayer et du Lauzanier étaient utilisés par le même éleveur. Durant cette période les moutons dormaient en couche libre et utilisaient peu les bords du lac. A partir de la fin des années 90, le troupeau fut regroupé tous les soirs vers la chapelle et derrière la cabane du berger. Figure 5. Moutons transhumants pâturant dans le vallon du Lauzanier 8 Quelques chiffres concernant les charges du troupeau autour du lac en 1989 : - Quartier d’août utilisé du 30/07 au 25/09 : 56 jours - Chargement : 185 JBP/ha (nombre de journée de brebis au pâturage/ha) - 1300 ovins (Brebis mères + tardons + agnelles de race mérinos) - Transhumant du Var - Pâturage utilisé par le même troupeau depuis 15 ans ZOOM sur le lac du Lauzanier Le choix de réaliser le projet de restauration spécifiquement sur la couchade à proximité du lac du Lauzanier n’est pas un hasard. En effet, ce lac fut le 1er lac du PNM à faire parti du réseau LACS SENTINELLES. Ce projet initié en 2010 et qui fait l’objet de suivi depuis 2014, permet de relever un certain nombre de points chaque année : Protocole commun : - Profil de sonde - Secchi (protocole de mesure de la transparence de l’eau) - Chaîne de capteurs thermiques Protocoles optionnels : - Zooplancton - Phytoplancton - Chlorophylle a - Communauté piscicole (structure d’âge, étude des contenus stomacaux, étude génétique) Le fait que ce soit un lac suivit sur le long terme, permettra peut être de voir si la restauration de la couchade du Lauzanier aura des conséquences sur le niveau trophique de l’eau. 9 2 Fondamentaux pour l’étude du site 2.1 Qu’est ce qu’une couchade et quelles sont ses caractéristiques ? Le parc de nuit est un «outil» ancestral des pasteurs. Ses fonctions sont multiples : - rassemblement et contention des animaux - protection des troupeaux la nuit contre la prédation par la faune sauvage (retour naturel du loup au début des années 90) - fertilisation de certains faciès (nardaies) en vue d’une meilleur valeur fourragère - récolte des restitutions du troupeaux, nommée migon, qui était destiné à améliorer les propriétés physiques du sol pour les cultures (fonction perdue aujourd’hui aujourd’hui dans les Alpes). (Lapeyronie, 2003). Il peut être de type libre ou imposé avec des systèmes mobiles (ex: filets) ou fixes (ex : murets en pierre). Physionomiquement, c’est une zone d’extension limitée dont le tapis végétal tranche avec la végétation environnante, par sa composition (abondance de plantes nitrophiles), sa densité et sa hauteur (>50cm) (Jouglet, 1999). Ce milieu est caractérisé par un excès de restitutions animales ainsi que par un fort tassement du sol. Figure 6. Couchade du Lauzanier 10 2.2 Caractéristiques écologiques du site 2.2.1 Climatologie Le Lauzanier présente l’originalité de se placer à un véritable carrefour d’influences climatiques. Le climat, quoique alpin, subit l’influence méditerranéenne. La température extrême de l’hiver n’est pas aussi rigoureuse que celle qui règne à la même altitude dans d’autres régions, car le vallon (qui suit une trajectoire Nord-Sud) est largement ouvert au soleil avec une exposition principale Est-Ouest. La mer n’étant pas très éloignée, les «excès» thermiques sont limités. Aucune neige éternelle à proximité, n’est capable de refroidir les nuits durant l’été. (P.Marié, 1950) D’autre part, la plaine du Pô, toute proche, apporte au Lauzanier ses brouillards et ses vents tièdes chargés de pluie, par la dépression du col de Larche (Lavagne-Vire, 1960). Le régime climatique présente un pic de précipitations centré sur les saisons d’automme-hiver (longs épisodes pluvieux ou neigeux) alors que le printemps et l’été, plus secs, sont caractérisés par des orages violents et très localisés (site séolane, 2017). 2.2.2 Géologie et pédologie La géologie du bassin versant est composée des grès d’Annot, de marnes et de calcaires nummulitiques. Nous pouvons noter la présence de deux failles sur les bordures est et ouest du lac (Mulder, 2010). Figure 7. Stratigraphie autour du lac du Lauzanier 11 Plus précisément, le tour du lac est composé de grès d’Annot (ensemble inférieur gréso-pélitique). L’ensemble inférieur comporte 60 % de turbidites fines avec quelques intercalations de turbidites plus grossières à forte extension latérale dessinant des séquences à tendance négative. (Jean, 1985 : « Les grès d’annot au NW du massif de l’Argentera-Mercantour, sédimentologie, paléographie ») En ce qui concerne la structure du sol autour du lac (figure 8), elle est composée d’alluvions récentes ou actuelles, inondables composées essentiellement de limon gris-noir (noté Fz) et de moraine (noté gG) Figure 8. Carte géologique (infoterre) Figure 9. Coupe géologique du bassin versant du Lac du Lauzanier (Mulder et al. 2010) 12 3 Étude de la couchade du Lauzanier Comme mentionné plus haut, la zone étudiée est un reposoir d’animaux domestiques, de type ovins, mis en défens en 2016. Plus précisément, c’est une couche nocturne de quartier d’août, où ont dormi les bêtes parquées durant de nombreuses années. En effet, en 1937 on parlait déjà d’extension de végétation typique de couchade (voir Annexe I) Sa surface comprend 3 zones, une grande près de l’ancienne cabane du berger et de la chapelle d’environ 1,5 ha et deux plus petites sur les hauteurs représentant au total environ 1,7 ha. 3.1 Quantité et fréquence des émissions Les mictions dépendent de nombreux facteurs liés à l’alimentation (teneur en eau notamment), à l’animal et à l’environnement climatique. Les calculs ont été réalisés d’après les estimations de l’étude P.Lapeyronie, 2003 sur l’écologie des parcs de nuit dans le PN du Mercantour. Les chiffres et calculs sont fait à partir d’études de brebis adultes de 65 kg (race Merinos d’Arles) au pâturage : La quantité de fèces émise lors d’une nuit en parc par tête, d’une durée moyenne Figure 12. Zones et surfaces de la couchade du Lauzanier 13 de 13h30 (pour les troupeaux suivis dans le Parc national du Mercantour) peut être estimé légèrement supérieur à 1kg (1,020kg) pour les fèces fraîches, soit 220g de matières sèches. Pour une effectif moyen de 1300 animaux les restitutions azotées correspondent à 17kg par nuit. Si on rapporte ces chiffres au troupeau qu’il y avait au Lauzanier (1300 têtes), ces quantités correspondent à 1,3 t pour les fèces fraîches et à 286 kg pour les matières sèches par jour. Pour résumer, Il faut ajouter à cela la quantité d’urine, très variable selon les conditions (température, pluviosité, teneur en eau du fourrage, disponibilité des abreuvements). On considère une émission de 2kg d’urine par jour (l’eau représente 87% de la masse émise) (Lançon, 1978 ; Smith et Frost, 2000). On peut donc admettre une production d’urine émise chaque nuit équivalente à 1,1 kg. Pour un troupeau de 1300 têtes il faut donc compter 1,4 t d’urine soit : 1,22 t d’eau et 180 kg de MS par nuit. Compte tenu des teneurs moyennes en azote de fèces et des urines émises par des animaux au pâturage, les restitutions totales peuvent être estimées à 13,2 g d’azote par brebis et par nuit. un troupeau de 1300 brebis émet au sol 2,7 t d’excréments frais (fèces et urine) correspondant à une restitution moyenne de 460 kg de MS, apportant 17 kg d’azote par nuit. Le troupeaux restait sur place pendant 56 jours par an, nous en déduisons un total de 151,2 t d’excréments frais, soit 25,8 t de MS, apportant 950 kg d’azote par année. Le tout est à multiplier par le nombre d’années où les animaux ont utilisé cet espace comme reposoir, c’est à dire à minima 20 ans, ce qui correspond à 3024 t d’excréments frais, soit 516 t de MS, apportant l’équivalent de 19 t d’azote. Chiffres provenant d’une étude de Paul Lapeyronie, en novembre 2003 sur les incidences paysagères et l’impact sur les pelouses des estives des parcs à troupeaux. 14 3.2 Inventaire floristique Une étude des différents faciès a été faite en 1990 par Michel Lambertin (figure 13). La couchade était définie comme une nardaie. Ces nardaies peuvent être dues à un surpâturage et un piétinement excessif ancien. L’utilisation de pelouses dominées par le nard raide (Nardus Stricta) en parcs de nuit tournants, aboutit à la régression de ce type de faciès grâce à l’effet de fumure qui profite à d’autres espèces comme la fétuque rouge (Festuca rubra), l’agrostide commune (Agrostis capillaris), la fléole des Alpes (Phleum alpinum), le pâturin des Alpes (Poa alpina), le trèfle des prés (Trifolium pratense) ou le trèfle rampant (Trifolium repens). Toutefois, une sur-présence des brebis entrainant un excès d’apport en azote peut provoquer un développement excessif de l’ortie dioïque (Urtica dioica), du chénopode bon-Henri (Chenopodium bonus-henricus) ou du rumex des Alpes (Rumex alpinus).(PNE). Ce dernier type de flore est celui que nous retrouvons actuellement sur place. Nous pouvons donc supposer qu’il y a eu une trop forte concentration d’animaux sur cet espace. Les Nardaies - Appartenance phytosociologique: Nardion - Espèces : Nardus Stricta, Festuca rubra, Trifolium Alpinum, Deschampsia, Flexuosa, Poa violacea, Geum montanum, Arnica Montana, Alopecurus Gerardi, Carex sempervirens 3.2.1 Méthodologie La première opération a consisté à repérer et délimiter in situ les zones de relevé écologiquement et floristiquement homogène. Une fois cette étape effectuée, un relevé a été fait, à l’aide d’un GPS, pour relever les points des différents quadrats servent à réaliser les relevés botaniques : - Quadrat 1 (zone Chénopode/Rumex) : 44,381N 6,8716E alt 2294,47 - Quadrat 2 (zone Rumex) : 44.380792N , 6.871631E alt 2291,02 - Quadrat 3 ( zone intermédiaire) : 44,3803N 6,8715E alt 2286,67 - Quadrat 4 ( zone humide) : 44.380211N 6.871141E alt 2284,72 - Quadrat 5 ( zone non dégradée 1) : 44,3798N 6,8715E alt 2287,27 - Quadrat 6 ( zone non dégradée 2) : 44,3802N 6,872E alt 2289,56 15 Figure 13. Carte des faciès en 1989 de Michel Lambertin (numérisée) 16 Une fois repéré, l’inventaire phytosociologique proprement dit a pu être réalisé. Voici les échelles d’abondance-dominance, de sociabilité et de phénologie utilisées : Abondance - Dominance : 5 : les individus de l’espèce, en nombre variable, recouvrent plus des trois-quarts de la surface occupée par le peuplement. 4 : les individus, en nombre variable, recouvrent une surface comprise entre la moitié et les troisquarts de celle du peuplement. -prise entre le quart et la moitié de celle du peuplement. 2 : les individus sont abondants ou très abondants ; ils recouvrent une surface comprise entre le vingtième et le quart de celle occupée par le peuplement. 1 : les individus sont peu abondants ou abondants ; ils recouvrent une surface inférieure au vingtième de celle du peuplement. + : les individus sont en petit nombre ; leur recouvrement est négligeable. R: les individus sont rares ; leur recouvrement est négligeable. 3 : les individus, en nombre variable, recouvrent une surface com- Figure 14. Carte des localisation des quadrats 17 Sociabilité : 5 : les individus de l’espèce forment un peuplement continu, étendu et dense. 4 : les individus forment un peuplement étendu et lâche ou de petites colonies. 3 : les individus forment de petites plages assez nombreuses. 2 : les individus sont en groupes d’étendue restreinte. 1 : les individus sont isolés Phénologie : 3.2.2 Relevés phytosociologiques L’inventaire a été réalisé le 7 Juillet 2017 avec l’aide de Guy REBATTU, garde-moniteur au PNM. Pour les quadrats 1, 2 et 3 nous avons fait l’inventaire sur 2m². Pour les quadrats 4, 5 et 6, étant hors zone «couchade», la diversité floristique était nettement supérieur. Nous avons fait un inventaire de ces zones homogènes dans la limite de nos connaissances sans limitation précise d’une surface approximative de 2m². Les résultats se trouvent dans le tableau suivant (figure.15) g - germination juv - stade juvénile veg - stade végétatif bt - boutons floraux apparents fl - pleine floraison dfl - défloraison fr1 - début de fructification (fruits apparents) fr2 - fin de fructification (fruits mûrs) sec - plante sèche 18 Figure 15. Tableau des relevés de l’inventaire botanique 19 Il ressort de cet inventaire que deux espèces dominent largement, en termes de couverture, d’abondance et de biomasse, le reste de la végétation de la couchade: Rumex alpinus et Chenopodium bonus henricus. Il est donc intéressant de définir un peu plus précisément la biologie des ces 2 espèces caractéristiques des reposoirs à bestiaux du milieu alpin. Figure 16. (à gauche) Chenopodium bonus henricus sur la couchade. Figure 17. (à droite) Rumex alpinus proche de la couchade. 20 3.2.2.1 Rumex alpinus De la famille des polygonacées, dicotylédones comme l’oseille, le rumex est une plante vivace très robuste qui forme plusieurs tiges et peut atteindre des hauteurs de 50 à 120 cm. Espèce nitrophile, il s’installe préférentiellement sur des sols riches en azote, frais et bien drainés. L’inflorescence est une panicule aux teintes vertes prenant une teinte rouge au fur et à mesure de la saison. A fort pouvoir de régénération, la racine forme une couronne de rhizomes dont l’épaisseur et le nombre augmentent avec l’âge de la plante. Multiplication végétative : La racine se fragmente et des bourgeons dormants peuvent redonner des pousses sur les 3 à 10 cm de profondeur. Il est donc nécessaire d’arracher les racines au moins jusqu’à 10-15 cm de profondeur pour éradiquer la plante. Les rumex se multiplient par dissémination des graines (multiplication générative) et par prolifération des racines (multiplication végétative). Multiplication générative : Les graines se disséminent en quantité importante : un seul pied peut produire entre cent et plusieurs milliers de graines par an, viables pendant plusieurs décennies. Une semaine après la floraison, le pouvoir germinatif des graines est déjà élevé. Les graines sont particulièrement résistantes aussi au passage dans le tube digestif des animaux lorsqu’elles sont ingérées. Figure 18. Représentation de Rumex alpinus 3.2.2.2 Chenopodium bonus-henricus Chenopodium bonus-henricus fait partie de la famille des chénopodiacées. On l’appelle aussi ansérine bon-henri ou épinard sauvage. C’est une plante vivace dont le nom vient du grec « khên » : oie, et « pous » : pied (patte d’oie). Ses caractères bioindicateurs sont un sol riche à excédentaire en matière organique d’origine animale 21 et/ou en nitrate. C’est une plante nitrophile caractéristique des libérations brutales d’azote. En ce qui concerne sa multiplication, la plante se reproduit seulement par germination (graines). Seul les graines qui sont dans la couche superficiel du sol germent. Le chénopode peut germer à partir de mars, jusqu’en juin, voire jusqu’à septembre selon les conditions. Sa floraison s’étale de juin à septembre. Pour ce qui est de l’évolution du stock semencier dans le temps, une plante peut produire de 3.000 à 40.000 graines, ces dernières peuvent se conserver jusqu’à 40 ans dans le sol. Conclusion : Figure 19. Représentation de Chenopodium bonus-henricus En termes de propagation, les graines sont transportées par l’eau, tombées au sol près de la plante mère et/ou dispersées par les animaux (oiseaux) (draaf.auvergne-rhone-alpes). Pour conclure, Rumex alpinus est une plante de milieux globalement plus frais que le Chenopodium bonus-henricus, et dans ces conditions optimales de plus grande fraîcheur, il est plus compétitif que ce dernier (plus grand, feuilles plus larges). Concernant la grande Ortie (Urtica dioica), espèce qui se retrouve souvent sur les couchades, elle n’a pas été observé en juillet, en revanche fin août, quelques plants isolés étaient visibles. Cela peut s’expliquer, car en situations de reposoirs subalpins et alpins, de forte concurrence entre les plantes nitrophiles ont lieu. Urtica est normalement supplantée par Rumex et Chenopodium, plus compétitifs à ces étages, sauf si les conditions sont très sèches et chaudes (pentes bien exposées), cas de l’année 2017. 22 3.3 Mesure du pH du sol Afin de mieux connaitre la composition du sol, un certain nombre de relevés peuvent être réalisés. Toutefois, aucune fosse ou relevé à la tarière des différents horizons du sol n’a pu être effectué, par manque de moyen matériel. Malgré tout, un test pH (potentiel hydrogène) sur l’acidité du sol a pu être fait à l’aide d’un kit pH. Le protocole consiste à extraire de la terre à environ 10-15 cm sous la surface, la mélanger en faisant attention de supprimer tout autres agents composant le sol (cailloux, racines …). Il faut ensuite mettre 10 mm de terre dans un tube à essai, puis le compléter jusqu’à 35 mm par de l’eau distillée. Ensuite, une pastille révélatrice est insérée dans le tube et le tout est agité jusqu’à dissolution totale de celle-ci. Après avoir laissé reposer le tout, il faut attendre qu’il y ait décantation. L’eau va remonter au-dessus de la terre. Sa couleur aura pris une teinte qui devra être comparé aux couleurs référentielles de la notice. Cela indiquera le pH du sol. Plusieurs mesures ont été faites : - 2 dans la zone Chénopode-Rumex au point GPS (44,381N 6,8716E) - 1 dans la zone 100% Rumex au point GPS (44.380792N 6.871631E) - 1 dans la zone non dégradée au point GPS (44,3798N 6,8715E) Concernant les résultats, ils sont relativement similaires. Les mesures présentent une valeur entre 5 et 5,5 pH, soit un sol acide, tant dans la zone non dégradée, que dans la zone dégradée. Figure 20. Test pH du sol 23 3.4 Diagnostic de la texture du sol Un diagnostic tactile de l’horizon supérieur du sol a été réalisé d’après une procédure de la Chambre d’Agriculture de Bretagne et l’INRA (Dupont C, Rivière J.M., Tico S., 1992). Procédure : Le sol a été amené à l’état plastique («pâte à modeler») en y ajoutant un peu d’eau puis malaxé pour y détruire toute agrégation naturelle des particules du sol. Le volume de l’ordre d’un haricot a été pris et serrer fermement entre pouce et index en faisant glisser les deux doigts l’un contre l’autre. L’observation du comportement de cet échantillon au fur et à mesure de son dessèchement entre les doigts permet une première analyse : - Tant que le matériau reste plastique, on peut faire l’estimation du sable : pour notre cas, aucune sensation de rugosité entre les doigts, donc on en déduit que le sol comporte moins de 15 % de sable. - Quand le matériau s’assèche, on peut estimer l’argile : pour notre cas, une partie du sol tache les doigts en noir (matière organique) et le reste forme une poudre fine qui flotte dans l’air : il y a moins de 18 % d’argile. - La teneur en limon s’estime en faisant le complément à 100% des teneurs estimées en sable et en argile. Plus la texture d’un sol est limoneuse, plus son toucher est farineux. Dans notre cas la teneur en limon s’estime à plus ou moins 66% En ce qui concerne la teneur en matière organique, son estimation est assez aléatoire, mais la teinte foncée du sol et le toucher « gras » prouvent que cette teneur est élevée. Figure 21. Echantillon de sol D’autres tests complètent l’observation de la terre en place : fissuration et fragmentation, cohésion à l’état sec, battance et autres symptômes d’instabilité structurale. (d’après A. FLEURY et B. FOURNIER, INA-P.G) (in Durr et al, 1979). 24 Figure 22. Schématisation de la procédure de détermination de la texture du sol Dans notre cas, la réalisation d’un boudin de terre humide est possible, et il y a fissuration du boudin avant demi-fermeture de l’anneau. Si l’on converge les deux diagnostics on peut en déduire que l’argile est compris entre 10 et 30% et que le limon est bien supérieur à l’argile. 25 3.5 Topographie Afin de pouvoir faire un profil topographique de la zone étudiée, un transect Ouest-Est a été réalisé. L’eau s’écoule du lac, au sud, puis traverse la couchade avant de redescendre dans le vallon, au nord. Figure 23. Transect et profil topographique 26 Discussion 4 sur les méthodes de restauration Dans cette partie nous allons présenter un certain nombre de solutions qu’il serait intéressant d’explorer, afin de pouvoir restaurer des zones de couchade comme celle du lac du Lauzanier. Les propositions découlent de recherches bibliographique sur le sujet dont voici les grandes lignes. 4.1 Etude sur l’éradication de Rumex alpinus Un rapport d’étude de l’Acta Biologica Slovenica sur la suppression de Rumex alpinus a été publié en août 2016. L’objectif de cette étude était d’expérimenter sur le terrain diverses méthodes non chimiques d’éradications du Rumex: fauche, retrait manuel, brûlage, couverture par un film de polyéthylène noir, pâturage par des bovins et pâturage par des porcs. Les changements floristiques, la couverture, le nombre de pousses et la biomasse ont été surveillé à intervalles de 14 jours pendant trois années consécutives. L’expérience s’est déroulé pendant 3 ans (de 2012 à 2014) la zone Natura 2000 Karavanke (SI3000285) en milieu montagnard (à 1500m d’altitude). Voici un résumé des résultats qui ressortent de cette étude ainsi que sur d’autres, cités plus bas, sur Rumex alpinus et Rumex spp : La plupart des recherches qui s’intéressent aux changements floristiques, par diverses techniques de gestion, ont été réalisées sur des prairies semi-naturelles en plaines, ou bien sur l’impact d’autres espèces de Rumex (R. obtusifolius et R. crispus). Les études portant sur Rumex spp. sont en général dédiées à la suppression des plants sur les parcelles et moins sur les caractéristiques de l’espèce et de la communauté végétale qu’ils envahissent. La seule étude de suivi des modifications floristiques a été faite par Corradini et Artigianelli (1991). Le réensemencement des graminées était un point important pour établir une nouvelle communauté végétale concurrentielle pour prévenir un retour de R. Alpinus. L’utilisation de mélanges de graines de végétation autochtone ou l’utilisation de foin d’un type identique facilite la reprise de ces communautés de plantes. La plupart des études de contrôle ont été réalisées sur des espèces de plaine, par exemple Rumex obtusifolius et Rumex Crispus (Van Eekeren et al., 2006, Zaller 2004). 27 En outre, les études sur le Rumex alpinus ont souvent été partielles, en utilisant des méthodes particulières (également chimiques), ou à court terme (voir St’astna et al., 2010). En ce qui concerne l’étude slovène, la plus grande réduction de R. alpinus a été réalisée par la fauche, le recouvrement par film et l’arrachage manuel. Une fauche régulière et fréquente a déjà montré avoir influencé R. alpinus (Corradini Et Artigianelli 1991, Hujerova et al. 2013, St’astna et al. 2010, Tsarik, 1987). La fréquence de la fauche est l’aspect le plus important et, plus la fauche est fréquente, plus la suppression des plants est efficace. Lors de l’étude Slovène, la fauche a été réalisée tous les 14 jours durant les périodes de végétation (de miJuin à Septembre) ce qui s’est avéré efficace (Tsarik 1987, Zaller 2004). La réduction de la couverture et de la biomasse par la fauche a été très progressive par rapport au recouvrement et à l’arrachage. Ceci coïncide avec les conclusions de Courtney (1985): même cinq à sept coupes réduisent l’abondance de la parcelle jusqu’à 60%. Lorsque les parcelles sont moins fréquemment utilisées, l’émergence des semis et la survie des semis jusqu’à l’année prochaine augmentent (Tsarik 1987). Néanmoins, une suppression est possible grâce au fauchage et au retrait réguliers de la biomasse (Zaller 2004), mais pas sur du court terme (Pignatti et Pignatti 2014). La combinaison de la fauche et de l’ensemencement s’est avérée réussie, ce qui correspond avec les résultats de Corradini Et Artigianelli (1991). La concurrence des herbacées ne suffi pas à restreindre les R. alpinus sur le long terme (Zaller 2004) et doit être combiné avec une autre méthode. Il est important de couper le R. alpinus à une hauteur de 10 cm pour permettre à d’autres plantes de se régénérer plus rapidement. L’arrachage élimine avec succès les plants de R.alpinus mais c’est une méthode très chronophage. Le labour est habituellement appliqué comme solution non-chimique ultime sur les infestations lourdes de Rumex sur les terres arables, mais aussi sur les prairies, bien que des résultats contrastés sont rapportés (voir l’examen par (Zaller 2004). Lors de l’experience Slovène, la couche supérieure du sol (jusqu’à 12 cm) ainsi que les racines ont été enlevés. Puisque les rhizomes poussent habituellement à une prof- 28 fondeur allant jusqu’à 5 cm (Klimes 1992) ou, moins fréquemment, entre 10-12 cm (Kliment et Jarolimek 1995), l’enlèvement de R.alpinus a été réussi. Il faut enlever et détruire les racines afin qu’elles ne puissent pas se régénérer. En effet, de nouvelles plantes peuvent germer à partir des restes de fragments de racine et de la banque de semences (Tsarik 1987). Donc semer des graminées est important pour concurrencer les jeunes plants qui émergent. Après trois ans d’expérience, seulement quelques petites plantes étaient encore présentes dans les parcelles, ce qui est identique aux résultats de Bucharová (2003), alors qu’elle utilisait de l’herbicide. L’utilisation d’un film (ou de tout autre matériau de recouvrement) pour réduire la lumière aux mauvaises herbes ou à d’autres espèces envahissantes est une pratique courante (Bond et Grundy 2001) et a été appliquée avec succès à R. alpinus (Bechtold et Machatschek 2011). Le besoin en lumière est une ressource cruciale pour R. alpinus et le contrôle de cette lumière par la végétation concurrente, devrait être couronné de succès (Zaller 2004). Après un an, les plans ont été détruits à cause du manque de lumière et des températures élevées sous le film lors de la période estivale. Par contre, le «recouvrement» est moins adapté pour les grosses zones, en particulier dans les milieux montagnards où les conditions climatiques extrêmes sont défavorables. Le traitement par le brûlage réduit la biomasse mais pas le couvert végétal et les plans se régénèrent après la première année. Cette solution a été utilisée avec succès dans les prairies envahies de plants, mais seulement sur des tâches localement envahies ainsi que sur des plantes isolées. (Pötsch 2003). Cette méthode est donc moins adaptée aux grandes surfaces de R. alpinus. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus sur R. obtusifolius (Zaller 2004). Dans le cas de grandes surfaces, toutes les plantes ont été détruites par la chaleur et les herbacées n’ont, par la suite, pas pu concurrencer les plants de R. alpinus. Les espèces de Rumex sont rarement mangées par les animaux et le R. alpinus est évité par le bétail et les chevaux mais facilement mangé par les chèvres (Bohner 2005, Ellenberg 1996, Hejcman et al. 2014) et a été utilisé comme fourrage de porc dans le passé (Wendelberger, 1971). Dans l’étude Slovène, des bovins et des cochons ont été utilisés pour une seul saison, et cela a entraîné 29 une certaine suppression du couvert végétale de R. alpinus, mais cela est probablement plus dû au résultat du piétinage du bétail, qu’au pâturage des porcs. Le piétinement peut également réduire la biomasse de R. alpinus au-dessus du sol (Tsarik, 1987). Chèvres et moutons ,ou combinés avec d’autres types de bétail, sur les parcelles, peuvent éliminer efficacement les plantes des prairies (Hejcman et al., 2014). Nous devons également souligner que toutes les expériences de pâturage dans la bibliographie ont été faites dans les prairies dans lesquelles les plants sont dispersés, tandis que dans les alpages les plants forment de grands peuplements mono-spécifiques. 4.2 Conception d’un protocole expérimental au Lauzanier Les propositions pour le Lauzanier découlent directement des résultats de l’expérience slovène. Les solutions retenues et validées par le CBNA et le PNM dans un premier temps sont la fauche et l’arrachage. 4 parcelles tests, 1parcelle témoin et 1 parcelle pédagogique ont été mise en place sur une des zones homogène contenant du Chénopodium bonus-henricus et du Rumex alpinus. Chaque parcelle est de forme carré, de 3 mètres de côté. Les parcelles A, B, C et D sont sépa- rées de 1m, de sorte à éviter que les tests interfèrent entre eux, mais sans trop d’écart non plus, afin que les conditions aient plus de chances d’y être homogènes. Les caractéristiques de chaque parcelle test sont les suivantes (les coordonnées GPS correspondent à l’angle Nord-Est de chaque parcelle): -Parcelle A : Fauche + élimination de la biomasse* + réensemencement(coordonnés GPS 44.380640 ; 6.871898) -Parcelle B : Fauche + élimination de la biomasse* (coordonnés GPS 44.380640 ; 6.871910) - Parcelle C : Arrachage des plants et des racines + élimination de la biomasse* + réensemencement (coordonnés GPS 44.380627 ; 6.871898) - Parcelle D : Arrachage des plants et des racines + élimination de la biomasse* (coordonnés GPS 44.380627 ; 6.871910) - Parcelle T : zone témoin (coordonnés GPS 44.380590 ; 6.871910) pour comparer l’évolution avec les zones traitées. -Parcelle Pédagogique : Séparée en deux, la partie Nord arraché et la partie Sud fauché. Cette parcelle à été créée dans un but pédagogique afin de montrer le travail effectué. *Pour la période test, la biomasse est stockée ailleurs dans la couchade. 30 Figure 24. Disposition des parcelles de tests à l’échelle Concernant le protocole de fauche, une coupe est à prévoir tous les 14 jours, dès le début de la saison de végétation c’est à dire dès l’apparition des premières feuilles sur les plants (pour éviter la photosynthèse et donc une croissance importante) et une hauteur de végétation de 10 à 15cm (pour éviter un couvert qui réduirait l’ensoleillement des autres espèces). Cela dépendra des conditions climatiques mais l’on peut prévoir la première fauche dès le mois d’Avril/Mai, et la dernière courant Septembre/Octobre. Concernant le protocole d’arrachage, une suppression des racines sur une profondeur de 12 cm est à prévoir une fois par an, dès le début de la saison de végétation, comme pour la fauche. Le réensemencement doit être fait en essayant de récupérer du foin provenant de lieux ayant les même facteurs climatiques, géologiques, etc.(CBNA) La biomasse de la fauche et de l’arrachage doit être exportés, séchés puis brûlés ou enfouis profondément (>60cm). L’idéal serait une élimination de la biomasse par un stockage des résidus dans des sacs (pour éviter la dissémination des graines) qui seraient redescendus en vallée pour être détruites. Pour la période de tests, les résidus sont stockés sur un autre endroit de la couchade. 31 Les outils à prévoir sont (liste non-exaustive): - Râteau - Faucille - Pioche - Croc à 2 ou 3 dents Le temps à prévoir (pour 4 personnes) afin de réaliser ces différentes actions est basé sur la mise en place de l’expérimentation du 08/09/2017, soit : - 50 mn de trajet pour aller de Barcelonnette jusqu’au parking du pont rouge, au départ du sentier. - 1h30 de montée jusqu’à la couchade (possibilité de gagner 15mn Figure 25. Parcelles tests en avançant en voiture sur la partie carrossable du sentier). - 4h d’opérations de fauche, d’arrachage, de réensemencement et d’extraction de la biomasse. - 1h15 de descente jusqu’au début du sentier. - 50 mn de trajet pour retourner à Barcelonnette. Ce qui fait un total d’environ 8h30, soit une journée complète, pour 4 personnes. A cela on peut enlever, au minima,1h de mise en place des parcelles tests et le premier arrachage qui sera sans doute le plus laborieux. 32 Figure 26. Parcelle pédagogique Un certain nombre de mesures de suivies et photos, sur les zones tests, sont à réaliser sur chaque parcelle à chaque fin de saison: - Hauteur - Abondance/dominance - Inventaire botanique - Nombre de pieds de rumex et de chénopodes Afin d’éviter les effets de bordure, les mesures sont à prendre au centre des parcelles (laisser une marge de 1m) 4.3 Autres solutions étudiées Les parcelles tests mises en place sont un premier pas pour concevoir une méthode efficace à long terme de restauration de couchades. De plus, l’expérience se déroulant début Septembre, période durant laquelle la saison de végétation arrive à son terme et où les graines ont eu le temps d’être disséminées, les résultats de 2017 ne seront que peu significatifs. Cela permet néanmoins de mettre au point le protocole à suivre sur le terrain et de se donner une idée des besoins en termes de moyens humains, matériels et temporels. Il ne faut pas perdre à l’esprit que même si les solutions testées peuvent être efficaces (à moyen/long terme), il faut rester dans l’optique que la restauration doit se faire sur la surface d’une couchade entière, soit une surface qui peut atteindre plusieurs hectares. C’est pour cela que d’autres directions doivent aussi être explorées : 33 4.3.1 Pâturage des équins Faire paître des équins sur une zone de couchade pour la restaurer, n’a apparemment jamais été testé. «Habituellement, les plantes de type Rumex sont très peu consommées par les équidés, ou involontairement au stade jeune pousse» (ifce), car en effet, même si les règles de fonctionnement d’une prairie sont les mêmes, quelle que soit l’espèce d’herbivore, le comportement des chevaux au pâturage est particulier. Leur préférence pour l’herbe jeune et riche en protéines digestibles engendre le développement de zones pâturées où l’herbe est rasée et des zones de refus où l’herbe est moins consommée et où les chevaux déposent leurs fèces. Les chevaux utilisent moins largement les dicotylédones que les ruminants car ils seraient moins aptes à détoxifier leurs métabolites secondaires. Ils sont donc plutôt spécialistes des graminées. Hors, point intéressant, de par leur physiologie digestive, les chevaux sont moins contraints que les ruminants par la nécessité de réduire la taille des particules alimentaires lors de la digestion. Leur ingestion est de ce fait moins limitée par la qualité de l’aliment. Comparativement aux bovins, les chevaux se caractérisent donc par des niveaux d’ingestion élevés, notamment de fourrages grossiers et semblent plus efficaces pour contrôler la végétation à même niveau de chargement. Pour optimiser l’utilisation de l’herbe dans le rationnement des chevaux en offrant une herbe jeune et appétente, il faudra maintenir le couvert végétal au stade feuillu et limiter la montée en graines. Sans une gestion adaptée, le pâturage équin seul génère l’apparition de zones surpaturées où les ressources s’épuisent et d’autres sont gaspillées. La solution serait de concentrer les chevaux sur la zone par des filets, en parcage serré afin d’enlever aux animaux la possibilité de sélectionner les espèces plus attractives et ainsi de les obliger à consommer Rumex alpinus et Chenopodieum bonus-Henricus. En termes de chargement sur la surface on compte habituellement sur l’ensemble d’une période de pâturage une moyenne de 2 chevaux/Ha variant de 1 à 2,5 chx/Ha en fonction de la situation géographique (zones humides ou sèches) et en fonction de la qualité de la prairie (IFCE). Dans notre cas un nombre plus important d’animaux serait intéressant pour une consommation rapide des végétaux et éviter une sélection des 34 espèces par les bêtes. Il faut compter une entrée dans la parcelle quand, en moyenne, l’herbe a une hauteur de 7 à 10 cm. Celle-ci ne doit pas avoir dépassé 15 cm car cela accentue le développement de zones de refus, de zones d’herbes couchées. La parcelle est considérée comme bien pâturée lorsque l’herbe est en moyenne à 5 cm environ - limite basse à 3 cm à ne pas dépasser dans les zones pâturées. Il faudrait donc faire intervenir les chevaux en début de saison de végétation et les faire revenir régulièrement. Il faudra aussi éviter les périodes humides puisque le piétinement du sol par les animaux ne favorisera pas la consommation. Attention, il peut y avoir un risque d’intoxication pour les animaux. En effet, l’intoxication au Rumex est liée à l’ingestion répétée de la plante, plus rarement à l’ingestion unique d’une quantité très importante. L’acide oxalique provoque une irritation digestive qui entraîne de l’hypersalivation et des signes digestifs (diarrhée, régurgitations). La dose journalière toxique de cette plante est 0.1 – 0.5% du poids de l’animal. Dans les cas graves il peut survenir une insuffisance rénale aiguë et une hypocalcémie. (CPAE) 4.3.2 Pâturage des ovins La zone de défens se situant à la limite de la couchade, il peut être intéressant de faire passer le troupeau de la cabane de Donnadieu, afin d’éliminer la biomasse de façon efficace et peu pénible. Hors il est important de conduire le troupeau en un passage rapide et en parc fermé, afin de limiter les déjections et le piétinement. Le troupeau étant déjà sur place, les contraintes seraient moindre qu’avec des équins. Comme pour les chevaux, une consommation des plantes est à prévoir avant qu’elles n’atteignent un stade trop développé (tiges et feuilles trop grandes, floraison). Encore une fois, il faut éviter de faire passer le troupeau si la zone est humide car le piétinement dégraderait le terrain et les plants seraient moins appétents. 4.3.3 Chaulage La voie du chaulage pour rééquilibrer le Ph du sol à aussi été étudiée. Son rôle est de lutter contre l’acidification des sols (calcaire broyé ou concassé, chaux vive, boues chaulées...). Un sol est dit légèrement acide lorsque son pH (potentiel hydrogène) est compris entre 6 et 7. Les sols 35 les plus acides se rencontrent sous des climats froids et pluvieux. L’acidification résulte notamment d’un apport de matière azotés ammoniacaux ou uréiques, mais aussi des rejets de produits acides par les racines des plantes, de la minéralisation de la matière organique ou des retombées acides provenant de l’atmosphère. Hors les mesures du pH effectuées ont démontré que, même en zone non dégradée, le pH du sol reste acide Cela vient très probablement de la composition de la roche mère. De plus, des espèces comme Rumex alpinus, ont la capacité de vivre sur un large spectre pH (entre 4 et 8), ce qui ne réglerai pas son développement. C’est surtout la quantité de matière organique contenue dans le sol qui constitue la source du problème. 4.3.4 Activation pédofaunique Une dernière solution non testée non-chimique, serait une activation biologique du sol, clé déjà mentionnée plus haut. En plus des racines des plantes et de la microflore, le sol abrite de nombreux représentants de la faune. Appelée pédofaune, cette communauté rassemble les organismes présents de manière permanente ou tem- poraire dans le sol, à sa surface, ou dans les annexes (bois mort, sous les pierres,…). Elle est représentée par de nombreux taxons comprenant eux même des centaines voire des milliers d’espèces (Bachelier, 1978). Les abondances numériques sont très hétérogènes. En prairie, il y a en moyenne 150g de biomasse animale par mètre carré de terre ce qui représente environ 260 millions d’individus (Gobat et al., 2003) et confirme la dominance des espèces de petite taille. Cette communauté est active, elle se déplace, se nourrit, excrète et meurt et pour chacune de ces étapes, interfère avec le sol. Une stimulation et/ou un réapprovisionnement du sol en terme de pédofaune aurait pu être une voie à suivre, mais reste difficilement envisageable. Même si l’on s’éloigne de la pédofaune, on pourrait aussi imaginer une lutte biologique avec des espèces comme le coléoptère «Gastrophysa viridula», un prédateur naturel du rumex. Cependant l’efficacité est limitée sauf en cas de lâchers massifs(IFCE), et surtout ce type d’action n’est pas envisageable en cœur de Parc d’un point de vue éthique et réglementaire. 36 4.4 Résumé des solutions 37 Rappel des points à suivre ou conseillés : - Il est très important de débuter ces opérations en début de saison de végétation, c’est-à-dire lors de l’apparition des premières feuilles, afin d’éviter tout phénomène de photosynthèse. - La lutte doit se réaliser sur plusieurs années consécutives. - Lors de la fauche ou du pâturage, une coupe trop rase du couvert végétal (en dessous de 5- 7 cm) sera plus délétère pour les plantes fourragères (graminées) que pour le rumex doté de grandes réserves dans ses racines et plus apte à la repousse. - Les inflorescences doivent être exportées, séchées puis brûlées ou enfouies profondément. L’idéal serait une élimination de la biomasse par un stockage des résidus dans des sacs (pour éviter la dissémination des graines) qui seraient redescendus en vallée pour être détruites. - La capacité germinative semble être neutralisée lorsque les graines de rumex passent par la technique de compostage (températures élevées) - Pour l’arrachage à la main, le faire lorsque les conditions sont humides et surtout quand les plants sont petits au printemps, le racines s’enlèvent plus facilement. - Attention à ne pas entraîner la remontée de graines et de fragments de racines en surface qui repartent en végétation lors de l’arrachage. - Ressemer rapidement les zones nues avant que les adventices ne prennent la place pour maintenir un couvert herbacé productif. Attention la concurrence avec le rumex est plus que rude... - Les graines pour réensemencer peuvent être récoltées par la fauche mais sur des milieux aux caractéristiques écologiques similaires et plutôt sur des zones luxuriantes afin de mieux contenir la repousse de rumex et chénopode. (ex : lors de la fauche de la Reine des alpes) En conclusion, aucun traitement n’élimine définitivement rumex et chénopode, seule la prévention sur leurs causes d’apparition est efficace. 38 Conclusion Tout d’abord, il est important de rappeler que, notre zone d’étude a été mis en défens, par conséquent, il n’y a plus d’apport de restitution des troupeaux d’ovins, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres couchades qui sont réutilisées chaque été. En effet, une restauration ne peut être envisagée sur une couchade exploitée tous les ans. Des mesures de préventions seraient donc à explorer, afin de limiter l’explosion de communautés de Rumex alpinus, Chenopodium bonus Henricus et autres Urtica dioica. Le plus important serait le choix de l’emplacement des couchades qui devrait être sélectionné avec soin. En effet, des zones constituées de peu de terre (éboulis, dalles…) seraient l’idéal, car ce type de milieu empêcherait la pousse des plants. Mais attention, car les milieux d’éboulis peuvent aussi être des habitats remarquables contenant des espèces à fort enjeux. L’utilisation de parcs de nuit mobile (constitué par un filet à mouton, en prévoyant 1m² par brebis pendant 3 ou 4 nuits) est recommandé notamment par l’ATEN (Atelier technique des espaces naturels) afin de répartir et d’éviter la concentration de restitutions animales sur un seul point. Le risque est que suivant la taille, la concentration du troupeau, la place ainsi que la contrainte de changer régulièrement de lieux les parcs de nuit, la procédure soit mal suivie et qu’au lieu de se retrouver avec une seule « tâche » on se retrouverait avec plusieurs « tâches », et donc une plus grande surface à traiter. Finalement, il ne faut pas perdre de vue que chaque zone de pâturage, et donc de couchade, a ses propres facteurs biotiques et abiotiques, ainsi que ses propres contraintes de gestion pastorale. Donc même si des solutions générales peuvent être trouvées, une procédure au cas par cas devra être mise en œuvre. 39 ANNEXES 40 Annexe I : Extrait des «Actes de la réserve du Lauzanier (N°3 - 1937)» «senceEncontinue quelques points du moyen et du haut Lauzanier, la prédes troupeaux a provoqué, surtout aux abords des parcs à moutons, la croissance d’une puissante végétation de Rumex qui a étouffé la totalité des autres plantes composant habituellement la prairie alpine. Ce phénomène, bien connu en montagne, s’est aggravé ici par l’extension des Rumex en des points assez éloignés des parcs fixes. En effet, certaines parties de la vallée, heureusement assez restreintes, ne possèdent qu’une mince couche de terre végétale recouvrant des roches de grès d’Annot absolument imperméables. L’accumulation de l’ammoniaque qui stagne très concentré en ces points est la cause de l’envahissement de la prairie par ces oseilles sauvages. Etant donné le peu d’épaisseur de la terre végétale, nous pensons que, puisque les pacages n’auront plus lieu en cet endroit, les pluies et l’eau provenant de la fonte des neiges auront assez rapidement lavé le sol des excès d’ammoniaque qu’il contient. Nous nous proposons, dès l’été prochain, et durant les années à venir, de suivre attentivement le processus de la «disparition des Rumex», ainsi que le retour progressif de la prairie à l’équilibre normal. » 41 Annexe II : Photographie de Villageois de Larche devant la chapelle, vers 1952. Collection rené Jean - (On peut noter que le couvert végétal contient déjà de nombreux Chénopodes et Rumex) 42 Annexe III : Comparaison de la physionomie floristique entre le 04/07/2017 et le 11/09/2017 43 Annexe IV : Photos de la couchade datant du 04/07/2017 Vue de la couchade Vue de la cabane du berger depuis la chapelle 44 Vue du sentier qui monte à la chapelle Vue de plants de Chenopodium bonus-henricus depuis la chapelle 45 Vue de la partie ouest de la zone humide et de la couchade Vue de la partie sud de la zone humide de la couchade 46 Annexe V : Comparaison du lac du Lauzanier En comparant ces 2 photos ayant le même cadrage, on peut faire quelques constations : - le niveau d’eau n’a pas changé ; - le versant à gauche de la photo s’est bien enherbé ; on voit une petite ravine qui a perdu de l’activité. - l’exutoire (à gauche) semble s’être chargé en sédiment, tout comme l’amont du lac (au fond de la photo). Photo du lac du Lauzanier de 2012 (image trouvée sur le web) Photo historique du Lac du Lauzanier , datée «vers 1900» ©Album famille Barbaroux-Musée de la vallée 47