M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Gestion des espaces naturels INTRODUCTION I. QUELQUES CONSTATS Parfois, sur les espaces naturels, on assiste à : ‐ Des enjeux mal identifiés où les intérêts naturalistes personnels pèsent lourd ‐ Des travaux empiriques, des recettes (coteau calcaire = pâturage ovin ; tourbière = étrépage) ‐ Une «expertise» du gestionnaire mal comprise par les autres acteurs ‐ Des moyens inadaptés, qui mettent parfois en danger le patrimoine ‐ Des choix non remis en question malgré les échecs (on se cache derrière le caractère aléatoire du vivant) ‐ Des choix qui varient dans le temps, au fil des équipes qui gèrent l’espace. C’EST POURQUOI, DEPUIS 40 ANS, LES GESTIONNAIRES D’ESPACES NATURELS METTENT EN ŒUVRE UNE DÉMARCHE DE GESTION !!! II. CE QUE VOUS DEVEZ APPRENDRE Savoir gérer c’est : Utiliser l’enchaînement logique des étapes nécessaire à une bonne gestion. Se représenter la démarche de gestion comme un ensemble cohérent. Proposer des solutions pertinentes, réalistes, que l’on peut évaluer et critiquer. Connaître le vocabulaire professionnel, comprendre et partager le sens des concepts. Savoir formuler rigoureusement des phrases qui ont du sens, adaptées au monde professionnel, savoir rédiger une argumentation solide. Replacer les étapes vécues lors de sa propre expérience dans une démarche de gestion. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 1 : LES PRINCIPES I. Trois type de gestions I.a) La gestion empirique Activités qui s’appuient exclusivement sur l’expérience et l’observation, sans suivre les méthodes, les principes scientifiques. Modèle justifié par ses défenseurs parce que « traditionnel » (on a toujours fait ça, il n’y a pas de raison de faire autrement) : certaines pratiques en agriculture, sylviculture, espaces verts, etc. Les activités s’appuient généralement sur des savoirs écologiques paysans qui ont « fait leurs preuves ». Souvent associé à une mauvaise connaissance des écosystèmes : possibilité de faire des erreurs sans s’en rendre compte. I.b) La gestion expérimentale Méthodes qui s’appuient sur des tests d’hypothèses mis en place pour étudier des phénomènes naturels et rechercher les lois qui les régissent, en les reproduisant artificiellement. Domaine de la recherche scientifique appliquée : s’appuie sur des méthodes et techniques de haut niveau. Gestion lourde à mettre en place, longue à produire des résultats qui nécessite de contrôler l’environnement pour ne tester que peu de variables. Difficile à mettre en œuvre sans artificialiser le milieu. I.c) Le modèle de la gestion adaptative Gestion de nature cyclique* qui permet, à partir des leçons tirées des résultats antérieurs, d’améliorer la réponse aux enjeux écologiques et humains incertains et variables. Cette gestion suppose de tester systématiquement les hypothèses de départ pour adapter la gestion et apprendre à mieux gérer. Alexander, 2008, MEA, 2005 et FOS, 2001 Approche de la gestion des systèmes naturels qui se fonde sur l’apprentissage en adaptant les pratiques en fonction de ce qui a été appris. Boorman, 1999 La gestion adaptative est fondée dans l’idée que les hommes n’en savent pas assez pour gérer les écosystèmes. Lee, 1999 II. La gestion adaptative : cinq clés 1) Démarche qui nécessite de décrire des hypothèses. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels 2) Démarche qui nécessite un suivi*² continu et une évaluation régulière des hypothèses (par itérations). 3) Démarche où la gestion est modifiée ou non en fonction des résultats de la gestion antérieure. 4) Démarche de progrès 5) Démarche basée sur l’apprentissage collectif (gestionnaire, parties prenantes, usagers et scientifiques). La gestion doit être un processus continu, itératif et de progrès. Alexander, 2008 Comité de pilotage Comité scientifiques Comité techniques Comité de gestion Comité consultatif Comité opérationnels CSRPN : Conseil scientifique régional du patrimoine naturel = Ensemble des scientifique au niveau régional, élaboration des listes rouges. CNPN : Comité National de la protection de la nature M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 2 : VOCABULAIRE ESSENTIEL i. Vocabulaire du diagnostic CIBLE : Population ou écosystème choisis pour représenter la biodiversité globale d’un site ou la question centrale d’un programme thématique. • Un ensemble de couples nicheurs de Busard Saint-Martin • Une lande sèche • Un cours d’eau Plusieurs cibles peuvent être choisies mais plus les cibles sont nombreuses, plus la gestion est complexe. Le choix des cibles est donc une étape importante. Attention : ne pas confondre cible et enjeu (voir plus loin). ESPÈCES CIBLES Espèce parapluie : dont le domaine vital est assez large pour que sa protection assure celle des autres espèces appartenant à la même communauté. (Ramade, 2002). Espèce ingénieur : qui par son activité modifie significativement son environnement, qui module directement ou indirectement la disponibilité de ressources pour d'autres espèces en provoquant des changements d'état physique des matériaux biotiques ou abiotiques (Jones et al, 1994). Espèce clé de voûte : qui a un effet disproportionné sur son environnement comparativement à ses effectifs ou à sa biomasse. Espèce qui structure son écosystème ou en assure l'équilibre écologique. (Paine, 1995) Menace : Activité, généralement humaine, qui dégrade ou perturbe directement une ou plusieurs cibles. • Le drainage • La pollution de l’eau Facteur : Terme générique englobant les menaces indirectes, les occasions qui se présentent et les parties prenantes / de manière indirecte. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels • La politique agricole commune • La spéculation foncière EXEMPLE : « Busard Saint-Martin » Menaces : disparition des habitats due à l’activité humaine (fauche) fréquentation Facteurs : fermeture des milieux (boisement) changement de propriétaire Diagnostic Conclusion, généralement prospective, faisant suite à l'examen analytique d'une situation souvent jugée critique ou complexe. CNTRL –2012 Examen analytique : déterminer les cibles, menaces et facteurs Fondation de la Tour du Valat : fondation privé qui fait des recherches sur l’écologie des oiseaux et qui ont mis en place des modèles de gestion innovent. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Finalité : ce que l’on souhaite transformer, l’état qu’on souhaite d’une cible à long terme. (exemple : Butor étoilé ⇒ Cible ; Conserver un nombre de couple de Butor ⇒ Finalité) Impact recherché du projet, état souhaité d’une cible. • Bon état écologique du cours d’eau • Population viable Objectif : à moyen terme Résultat escompté, mesurable, d’un projet. • Plus de 10 couples de Busard cendré Stratégie : Groupe d’actions qui opèrent conjointement pour réduire des menaces/des facteurs. • Effacement des ouvrages + lutte contre pollution + réserve pêche • Écopastoralisme + débroussaillement M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Indicateur : Entité mesurable et liée à un besoin d’information : statut d’une cible (Indicateur d’état), changement d’un facteur ou d’une menace (Indicateur de pression), progrès réalisés (Indicateur de réponse). Indicateur métrique : ce qui est mesurable (Le nombre de mâles chanteurs, Le nombre de jeune à l’envol) et le seuil est une valeur numérique à partir de laquelle on estime que l’indicateur est positif • Nombre de couples de Busard Saint-Martin • Nombre d’agriculteurs ayant signé un contrat Gestion : • Ensemble des choix (intervention ou non) qui permet d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixé. Mike Alexander 2008 • Ensemble des démarches intellectuelles et techniques qui visent à assurer la protection, la conservation et l’aménagement d’un espace naturel. Bioretet al. 2009 M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 3 – LE MODÈLE QUALITÉ DE LA GESTION ADAPTATIVE I. La base : la roue de Deming (PDCA) Modèle proposé par Shewhart popularisée par Deming dans les années 1950. Moyen mnémotechnique qui permet de se souvenir des étapes à suivre pour améliorer la qualité dans une organisation, dans un projet. II. Le modèle du CMP PLANIFIER RÉAGIR AGIR VÉRIFIER M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels III. Le modèle de l’OFB RÉAGIR PLANIFIER VÉRIFIER AGIR IV. Les étapes de notre schéma 1. Contexte : ce qui détermine l’action 2. État initial : inventaire et hiérarchisation des cibles, menaces et facteurs 3. Diagnostic : définition des enjeux et choix définitif des cibles 4. Objectif : finalités et objectifs 5. Stratégies : actions 6. Évaluation : résultats et indicateurs M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 4 - ORIGINE DU PLAN DE GESTION I. Bref historique À partir des années 1950, des échanges internationaux entre parcs permettent à l’UICN de formaliser une démarche commune qui sera publiée en 1973 puis de nombreuses fois jusqu’à aujourd’hui. En 1976, un manuel est rédigée en espagnol par la FAO pour assister ses états membres dans la planification de la gestion des parcs nationaux à partir des retours d’expériences. Il est traduit en anglais et en français en 1978 puis révisé en 1991. Ces guides ont inspiré les méthodes appliquées en Europe au début des années 1970 Date importantes : • 1986 → Premier plan de gestion français (Tour du Valat) • 1991 → RNF - Guide méthodologique pour la réalisation des plans de gestion ; EUROSITE - European guidelines for the preparation of site management Plans • 2007 → CMP - Normes ouvertes pour la Conservation de la nature M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels I.a) Conservation measures partnership Normes ouvertes pour la Conservation de la nature (2007 en français, révisé en 2013 en anglais) Traduction française attendue Partenariat mondiale pour la nature entre les plus grosse ONG et l’UICN http://cmp-openstandards.org/download-os/ I.b) M. Alexander Spécialiste international de la gestion d’espaces naturels. Planification de la gestion pour la conservation de la nature (2008) Logiciel CMS i pour les plans de gestion http://www.software4conservation.com Le premier logiciel de gestion d’espace naturel protégée « CMS ». Un nouveau → Miradi M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels gestion allégés (modèle anglais) ; informatisé les plan de gestion (logiciel en anglais, la France innove peu) II. Définition du plan de gestion Planification : Organisation dans le temps de la réalisation d'objectifs. Plan : Projet comportant une suite d'opérations en vue de d’atteindre un objectif ou une série d‘objectifs. Plan de gestion : Document écrit, discuté et approuvé qui décrit un site ou une zone, ainsi que les problèmes ou opportunités de gestion pour la protection de ses milieux naturels, de sa géomorphologie ou de ses paysages, et qui permet à des objectifs fondés sur ces informations d'être atteints grâce à un travail pertinent sur une durée de temps prédéterminée. Eurosite, 2001 M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Annexe Historique → 15 ans pour mettre en place des zones Natura 2000 en France du à une groupe opposer à cette protection Natura 2000. Ils ont gagné dans un premier temps. Mais les zones ont au final était réalisées. Projet porté par l’ancien maire de Bordeaux et par l’ancien parti politique CPNT → Groupe des neuf : • Fédération de chasse • Fédération de pêche • Gros propriétaire foncier agricole • Gros propriétaire foncier forestier • Fédération de sport mécanique • ……… Plan de gestion : • 1 ans et 3 ans → docob • 5 ans → suffisamment cours pour avoir des résultats • 10 ans → document découpé en deux : 5ans < évaluation < 5ans • 12 – 15 ans → charte de parc • 20 ans → document forestier (DAF, DSG) Court terme Moyen terme Long terme M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 5 – LA CONNAISSANCE DU CONTEXTE I. Le modèle QQOQCP Travail : dans ce contexte, quels sont les objectifs à définir pour un gestionnaire ? Texte ENS → L’ouverture au public, Espace spécialisé dans la valorisation de la nature, Protection des espèces et des habitats. Finalité : Valoriser et préserver, Moyen d’action : Acquisition et Taxe d’aménagement. Texte Directive habitat, faune, flore → Préservation, Protection et Amélioration de la qualité de l’environnement y compris la conservation des habitat naturel ainsi que la faune et la flore sauvage en appuyant sur la notion d’intérêt général. Préservation : Maintenir en l’état une ressource Protection : Réglementaire ⇒ texte qui interdise un certain nombre d’activité. Conservation ⇒ l’ensemble des moyens mis en œuvre pour conserver le patrimoine naturel Environnement : Ce qui nous entoure ( qualité des sols, de l’air, du climat, …) / Ministère du cadre de vie → de environnement → de l’écologie (historique) Texte Site classé → aucun monument ou sites classés ne peuvent être modifié ou détruit sauf autorisation spéciale (outil le plus de la préservation) II. Où ? Localisation du site à différentes échelles Localisation dans un ensemble biogéographique → Situation au sein d’un ensemble de sites de même nature, en faisant apparaître les liens fonctionnels entre ces sites. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Localisation administrative et foncière → Situation au sein d’unités administratives (commune, EPCI, département, etc.) et dans le parcellaire cadastral. Surface → Surface du site, surface du site comprise à l’intérieur du périmètre de zonages. Coordonnées, altitudes moyennes, etc. III. Pour quoi ? Quelles finalités ? Présentation des politiques publiques de protection de la nature qui déterminent la sélection du site et la gestion à mettre en œuvre : ◦ Politiques de connaissance et d’inventaire, de recherche scientifique (type ZNIEFF, listes rouges) ◦ Politiques de conservation d’écosystèmes (type RNN, CN2000) ou d’espèces (type APPB, PNA → Plan National d’Action) ◦ Politiques d’accueil au public (type ENS, PDIPR → Plan département des itinéraire de promenades et de randonnées) ◦ Politiques en faveur des paysages (type OGS → Opération grand sites, PNR) ◦ Etc. Ce n’est pas le gestionnaire qui choisit les finalités : il répond aux finalités des politiques publiques qui s’appliquent au site qu’il gère. IV. Quoi ? Présentation rapide des principaux éléments du patrimoine sur lesquels porte la gestion : Espèces → Principales espèces pour lesquelles le site a été désigné, pour lesquelles la gestion est mise en œuvre. Écosystèmes → Principaux habitats pour lesquels le site a été désigné, pour lesquels la gestion est mise en œuvre. Autres éléments du patrimoine : entités géologiques, paysages, petit patrimoine bâti, etc. V. Qui ? Présentation de tous ceux qui interviennent sur le site. Acteurs → Personne ou entité qui agit directement ou indirectement sur le site, qui le transforme : MOA, services instructeurs (administratifs, techniques et financiers), prestataires (AMOA, MOE ou exécution) et partenaires Parties prenantes et usagers → Personne ou entité susceptible d’impacter ou d’être affectée par la gestion d’un site, ou qui considère être concernée par celle-ci. Publics et usagers → Personne ou entité qui utilise le site pour des usagers sociorécréatifs ou économiques, pour lequels est promue la valorisation du site (usagers : usagers déjà présent ; public : usagers potentiels. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels VI. Quand ? Historique : faits marquants Connaissance ancienne du site → Histoire de la connaissance naturaliste du site et de sa reconnaissance scientifique. Désignation du site → Chronologie des statuts réglementaires sur le site et de leurs modifications (extensions de périmètre par exemple). Gestion antérieure → Chronologie de la gestion effectuée (gestionnaires successifs) et des documents de gestion. Trajectoire écologique VII. Comment ? Présentation des stratégies de gestion actuelles du site. Documents de gestion ou d’orientation : ◦ DocOb, SAGE, SRCE → Schéma Régional de Cohérence Écologique (document graphique qui va faire l’inventaire des trames vertes et bleues) ◦ Charte de PNR, PLU, SCoT. ◦ PSG → Plan Simple de Gestion (pour tout les propriétaires privés de plus de 25ha) ou aménagement forestier. Infrastructures de gestion → Moyens humains et matériels Modes de gouvernance → COPIL, Conseil scientifique, comité consultatif , Comité de pilotage, Comité techniques, Comité de gestion Gouvernance : façon dont les choses sont décidées Compromis : un arrangement dans lequel deux (ou plusieurs) parties font des concessions mutuelles dans le but d'arriver à une collaboration. Consensus : accord des volontés sans aucune opposition formelle. Instance de gouvernance : configuration où les parties prenantes vont se retrouver pour décider (comité, conseil, commission) Assemblée générale (tous les adhérents, 1 fois par an) → Bilan, élection du bureau ▼ CA ← Président, secrétaire, trésoriers M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 7 – LES ENJEUX et LES CIBLES I. Les enjeux Les enjeux concernent quelques-chose auquel on tient (un espace, une activité, une espèce) et qui est directement ou indirectement menacé à court termes ou à long termes (enjeu potentiel) C’est ce que l’on risque de perde ou ce que l’on peut gagner, ce qu’il y a « en jeu » Il faut qu’il y ai de la valeur et que cette valeur risque d’augmenter ou de régresser sur lequel on a du pouvoir. II. Types d’enjeux III. Comment hiérarchiser Hiérarchiser selon les dynamiques Hiérarchiser selon la rareté, la représentativité Hiérarchiser selon la fonctionnalité Hiérarchiser selon les statuts de conservation Hiérarchiser selon les statuts de protection IV. Formulation des enjeux Ne pas commencer par un verbe Enjeu pour qui ? Particuliers ou général ? M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Mettre côte à côte la cible et la menaces qui pèse sur la cible Les hiérarchiser : primaire, secondaire Formulation sous forme de perte Localisation des enjeux M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 8 – LES OBJECTIFS I. Les objectifs I.a) Définition Ce sont des résultats, des états ou des tendances attendu(es) dans le futur. Ces objectifs sont directement liés aux enjeux et à la responsabilité du gestionnaire (statut du site, des éléments du patrimoine). Deux niveaux sont décrits : les objectifs à long terme (finalités ou caps) et les objectifs opérationnels (à moyen terme). La définition des objectifs, tout autant que celle des enjeux est essentielle et forme une charnière entre le diagnostic et les actions à mener. Ce sont les objectifs qui seront évalués à la fin de la période de gestion et qui permettront de s’améliorer par le processus d’apprentissage caractéristique de la gestion adaptative. La formulation des objectifs répond à des règles précises. Tendances attendu(es) : Objectif à long terme ou des finalités selon le statut Résultats : Objectif à moyen terme, évalués lors de la révision d’un document de gestion La formulation des objectifs : ◦ Commence par un verbe d’action : améliorer, conserver, développer, rétablir, restaurer, augmenter, contribuer, maintenir, renforcer, intégrer, etc. ◦ Être clairs, lisibles et précis pour être partagés avec les parties prenantes. ◦ Concerner des cibles (éléments représentatifs du patrimoine). ◦ Contenir ou être associer à des indicateurs métrique d’état des cibles. État des cibles Habitat Espèce Surface, intégrité de biodiversité, continuité Nombre de reproducteur, effectif de la écologique population, fragmentation de l’espèce ◦ Pouvoir être atteints sur la durée choisie. I.b) Les deux types d’objectif OLT : Vision des acteurs sur un site OMT : Résultat techniques attendues au bout de cinq ou dix ans Long terme : Améliorer l’état de conservation de … . Finalité : M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Objectif : II. Objectifs à long terme II.a) Typologie Conservation : inclus tout les moyens disponible pour rendre pérenne des éléments du patrimoine Valorisation socio-récréative : loisir de la population durable : il ne faut pas que cette valorisation soit une menace Fait l’objet d’un plan de gestion Fait l’objet d’un plan d’interprétation Amélioration des connaissance : devient un moyen pour atteindre les finalités Pourquoi « État de conservation » : désigne l’écart entre l’instant T et l’état de référence M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels correspond à l’état de référence Améliorer l’état de conservation les habitats ou espèces cibles. Objectif à long terme du projet tutoré Améliorer l’état de conservation de la chevêche d’Athéna (arbre têtard) II.b) Facteur d’influence des objectif à long terme Favorable : ceux qui vont conduire l’objectif à être atteint le plus rapidement possible Interne : directement sur le site Externe : à l’extérieur du site Facteur d’influence du projet tutoré Interne Externe Favorable Maîtrise publique du foncier Facteur réglementaire (site classé) Présence d’association Défavorable Manque de connaissance Dégradation des territoires de chasse de la chevêche d’Athéna M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels III. Objectif à moyen terme III.a) Critère des objectifs à moyens termes M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 9 – PLAN D’ACTION I. Les ACTIONS Ce sont les moyens concrets choisis par le gestionnaire pour atteindre les objectifs opérationnels. Une action (entretien d’une mare) correspond à un ensemble d’opérations unitaires (débroussailler, faucarder, supprimer les déchets) déclinées en tâches (affûter, faire le plein…). Ces niveaux opérationnels ne sont généralement pas décrits dans un projet de gestion. Plusieurs actions peuvent être regroupées géographiquement en unités de gestion lorsque celles-ci regroupent de mêmes systèmes écologiques (mêmes habitats, populations). Une unité de gestion s’appuie sur une stratégie d’action (ensemble cohérent d’actions). Les actions sont décrites avec rigueur et précision. Les informations suivantes sont nécessaires à cette description : • Intitulé et codification • Priorité • Objectif opérationnel concerné • Description technique précise des conditions de mise en œuvre (protocoles de suivi, cahiers des charges de travaux, etc.) - Informations quantitatives (surfaces, longueurs, etc.) • Fréquence, durée et échéance • Maître d’œuvre et prestataire(s) • Coût estimé • Indicateurs OPÉRATION oo Olt ACTION OPÉRATION tâche ACTION OPÉRATION tâche oo tâche STRATÉGIE oo ACTION Olt oo M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels II. CODIFICATION DES ACTIONS III. Le PLAN D’ACTION C’est la programmation prévisionnelle des actions au cours de la période de gestion. Cette planification permet de répartir les moyens disponibles ou de déterminer à l’avance les besoins. Deux échelles sont souvent associées : le plan d’action pluriannuel (une colonne par année) et le plan d’action annuel (liste des actions à conduire pour une année). D’autres plans ou programmes spécifiques peuvent également être proposés : programmes financiers, programmes de suivis, etc. Le plan d’action prend aujourd’hui de plus en plus souvent la forme d’un document indépendant : le programme opérationnel. Sa durée est de trois à cinq ans. Un rapport d’activité dresse chaque année le bilan du programme opérationnel et permet de réviser le programme opérationnel. IV. Les ÉTAPES du plan d’action pluriannuel Un projet de gestion (plan) peut être découpé en quelques grandes phases : conception et étude, réalisation opérationnelle, évaluation. Chaque phase du projet est découpée en étapes. Une étape est un jalon, un point notable marqué par un fait important. Ce terme désigne aussi la suite d’opérations à conduire au cours de la période qui précède et conduit à ce jalon (cf. Le tour de France). M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Ces étapes sont déterminées et programmées selon : Étape 1 Étape 2 Étape 3 la logique d’intervention (étape 1 : recherche de partenaires ; étape 2 : travaux ; étape 3 : suivi ; étape 4 : bilan), la phénologie des cibles (suivi des hivernants) et les conditions climatiques. la disponibilité des prestataires et partenaires et les contraintes réglementaires (période d’interdictions d’usages : feux) ainsi que celles des financements (échéances). M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 10 –ÉVALUATION ET INDICATEURS I. Indicateurs I.a) Le SUIVI C’est l’ensemble des activités permettant de suivre dans le temps et dans l’espace l’évolution d’informations qualitatives ou quantitatives de nature écologique ou biologique concernant un écosystème ou un paysage. La surveillance ou monitoring sont des modes de suivi en rapport avec un problème donné, dans le cadre de la gestion et de la politique environnementale : vérifier si des normes fixées sont atteintes ou dépassées, vérifier si les objectifs de gestion ont été atteints. La veille est une forme de surveillance légère que le gestionnaire exécute en même temps que d’autres tâches (présence espèces invasives par exemple). L’amélioration des connaissances naturalistes n’est pas un suivi, elle consiste à augmenter la connaissance de la biodiversité d’un site. I.b) Les INDICATEURS - Définition Un indicateur se définit comme toute mesure significative, relative ou absolue, utilisée pour apprécier les résultats obtenus, l’état d’avancement des travaux ou le contexte externe. Un « bon » indicateur doit toujours répondre à une double contrainte de sensibilité, vis-àvis des dynamiques que l’indicateur cherche à décrire et vis-à-vis du public qu’il cherche à toucher. Ils doivent produire du sens auprès des utilisateurs potentiels et faciliter les processus d’apprentissage individuel. Ils doivent participer à la clarification des enjeux et nourrir les débats à leurs propos. source : Levrel, 2007 I.c) Les INDICATEURS - Typologie D’efficacité : ce sont les taux d’atteinte des cibles ou des objectifs opérationnels. Ce sont des ratios entre ce que l’on devait atteindre et ce que l’on a réellement atteint. De qualité : c’est la mesure des conditions dans lesquelles a lieu l’action du service, c’està-dire le respect des procédures préalablement déterminées, ou la satisfaction des usagers. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels D’activité ou de moyens : c’est la mesure de la disponibilité, de l’affectation, du niveau de consommation des moyens humains, matériels, financiers par exemple pour une activité du service. D’efficience : ce sont les rapports entre les réalisations obtenues et les moyens consacrés à l’action ou au programme suivi. I.d) Les INDICATEURS Outil d’aide à la décision qui permet aux gestionnaires de mesurer une tendance ou un état à un instant donné. Les indicateurs sont composés d’une ou plusieurs métriques. Variable mesurée (semi-)quantitative calculée à une échelle donnée, à partir d’observations. Une métrique présente un lien fort et non ambigu avec la question ou l’objectif qu’elle est censée renseigner. Ensemble de techniques et de méthodes (échantillonnage) qui permet de mesurer une métrique Niveau d’exigence (ou d’ambition) souhaité par le gestionnaire et est fonction de l’objectif. EXEMPLE MESURE DE L’ÉTAT DE CONSERVATION D’UN HABITAT C’est l’écart entre l’état de référence et l’état observé. L’état de conservation est mesuré par un ensemble de variables auxquelles sont associés des « malus » pour calculer une note de 0 (détérioration totale) à 100 (état de référence). • Malus si régression de la surface de l’habitat • Malus si dysfonctionnement écologique • Malus si défaut de composition spécifique (1) ▪ Malus si physionomie inadaptée ▪ Malus si cortèges incomplets ▪ Malus si espèces nitrophiles ▪ Malus si espèces envahissantes • Malus si altérations (2) ▪ Malus si atteintes nombreuses ou de grandes surfaces M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels II. Indicateurs composites II.a) Les INDICATEURS - Modèle PER Indicateurs de Pression : ils permettent de mesurer les menaces ou les facteurs. Exemple : nombre de véhicules par jour sur une route à migration d’amphibiens Indicateurs d’État : ils permettent de mesurer l’état des cibles. Exemple : nombre de crapauds communs dans les mares de reproduction Indicateurs de Réponse : ils permettent de mesurer les actions menées, les moyens mis en œuvre, l’activité du gestionnaire. Exemple : nombre de nuitées de sauvetage Ces trois indicateurs forment le modèle PER désormais recommandé dans les plans de gestion. Ce modèle simple peut être développé en un modèle DPSIR. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CHAPITRE 11 –OBLIGATIONS I. RÉSERVES NATURELLES NATIONALES Dans les trois ans qui suivent sa désignation, le gestionnaire élabore un projet de plan de gestion de la réserve naturelle qui s'appuie sur une évaluation scientifique du patrimoine naturel de la réserve et de son évolution et décrit les objectifs que le gestionnaire s'assigne en vue de la protection des espaces naturels de la réserve. Il recueille l'avis du comité consultatif et du conseil scientifique de la réserve et joint ces avis au dossier transmis au préfet. Le plan de gestion est arrêté pour une durée de cinq ans par le préfet, qui consulte le conseil scientifique régional du patrimoine naturel et les administrations civiles et militaires affectataires de terrains compris dans la réserve, ainsi que l'Office national des forêts lorsque la réserve inclut des forêts relevant du régime forestier. Le premier plan de gestion d'une réserve naturelle nouvellement créée est, en outre, soumis pour avis au Conseil national de la protection de la nature et pour accord à l'autorité militaire territorialement compétente, lorsque la réserve comprend des terrains militaires. Il est transmis pour information au ministre chargé de la protection de la nature. À l'issue de la première période de cinq ans, la mise en œuvre du plan fait l'objet d'une évaluation et le plan est renouvelé et, le cas échéant, modifié par décision préfectorale, pour une période comprise entre cinq et dix ans. Le nouveau plan est transmis pour information au ministre chargé de la protection de la nature. Si des modifications d'objectifs le justifient, le préfet consulte le Conseil national de la protection de la nature et, le cas échéant, recueille l'accord de l'autorité militaire territorialement compétente. Code environnement - Article R332-21 à R332-22 II. RÉSERVES NATURELLES RÉGIONALES Dans les trois ans suivant sa désignation, le gestionnaire élabore un projet de plan de gestion qui s'appuie sur une évaluation scientifique du patrimoine naturel de la réserve et de son évolution et décrit les objectifs que le gestionnaire s'assigne en vue de la protection des espaces naturels de la réserve. Il recueille l'avis du comité consultatif et, le cas échéant, du conseil scientifique de la réserve et joint ces avis au dossier transmis au président du conseil régional. Le plan de gestion d'une réserve naturelle régionale est approuvé, après consultation du conseil scientifique régional du patrimoine naturel, par délibération du conseil régional. Code environnement - Article R333-41 à R333-43 III. RESERVE BIOLOGIQUE Le document d'aménagement peut identifier des zones susceptibles de constituer des réserves biologiques dans un objectif de préservation ou de restauration du patrimoine naturel. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels Ces réserves biologiques sont créées par arrêté conjoint des ministres chargés de la forêt et de l'environnement, après avis du Conseil national de la protection de la nature, puis accord de la collectivité ou de la personne morale intéressée lorsque tout ou partie des bois et forêts concernés appartient à une collectivité ou à une personne morale mentionnée au 2° du I de l'article L. 211-1. L'arrêté de création d'une réserve biologique définit son périmètre et ses objectifs et peut interdire ou soumettre à des conditions particulières les activités susceptibles de compromettre la réalisation de ces objectifs. Toute modification du périmètre, des objectifs ou de la réglementation d'une réserve biologique est décidée par arrêté pris dans les conditions prévues au deuxième alinéa du présent article. Les réserves biologiques sont gérées conformément à un plan de gestion, approuvé par arrêté conjoint des ministres chargés de la forêt et de l'environnement. Ce plan de gestion fait partie intégrante du document d'aménagement auquel il est annexé. Instruction 98-T-37 du 30/12/1998 IV. TERRAINS DU CEL Lorsque les immeubles relevant du conservatoire constituent un site cohérent au regard des objectifs poursuivis, un plan de gestion est élaboré par le conservatoire en concertation avec le gestionnaireet les communes concernées. À partir d'un bilan écologique et patrimonial ainsi que des protections juridiques existantes, le plan de gestion définit les objectifs et les orientations selon lesquels ce site doit être géré. Le plan de gestion peut comporter des recommandations visant à restreindre l'accès du public et les usages des immeubles du site ainsi que, le cas échéant, leur inscription éventuelle dans les plans départementaux des espaces, sites et itinéraires de sports de nature mentionnés à l'article L. 311-3 du code du sport. Approuvé par le directeur du conservatoire, le plan de gestion est transmis au maire de la commune, au préfet de département et au préfet de région. Code environnement - Article R322-13 V. TERRAINS D’UN CEN La gestion durable de sites par la mise en œuvre d’opérations spécifiques adaptées, en régie ou déléguées, définies par un plan de gestion et bénéficiant d’un suivi scientifique. Les Conservatoires d'espaces naturels fondent leurs actions, au plus près du terrain et auprès des acteurs publics et privés, sur le dialogue, la concertation et le partage des savoirs, qu’ils soient profanes ou académiques, pour porter des projets de préservation de la biodiversité et accompagner des politiques publiques ou des initiatives privées y contribuant ; Charte des CEN validée par le CA d’ENF le 30 mars 2003, révisée le 28 mars 2015. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CONCLUSION I. Les points-clé d’un plan de gestion 1. La gestion des milieux naturels est un travail continu, et le plan de gestion constitue un outil essentiel pour en valoriser au mieux les ressources. 2. Un plan de gestion est un instrument de planification interne à un organisme gestionnaire, mais il est aussi un outil de communication avec les partenaires pour montrer l'importance d'un site et pour expliciter la nécessité de certaines activités. 3. Élaborer un plan de gestion ne se limite pas seulement à la rédaction du document en lui-même, c'est un processus à part entière : les réflexions et les discussions qu'il implique (internes ou externes à l'organisme) sont souvent aussi importantes que le document final lui-même. 4. Un plan de gestion est autant un outil de terrain qu'un document administratif; il ne doit pas prendre la poussière sur une étagère. Il devrait être taché de café, froissé et très abîmé. 5. Ce sont les résultats sur le terrain qui comptent. Les suivis sont indispensables pour mesurer ces résultats et pour évaluer si la gestion est pertinente par rapport aux résultats escomptés. 6. Un plan de gestion doit avoir des fondements scientifiques, mais il n'est pas un rapport scientifique. Il devrait décrire ceux des éléments qui ont une importance pour la gestion ou qui justifient les choix de gestion du gestionnaire. 7. Un plan de gestion devrait être à la fois visionnaire (en se plaçant dans l'avenir), ambitieux (en se plaçant un peu au-dessus de ce qui semble réalisable) et réaliste. Un équilibre devra être trouvé entre ambition et réalité. 8. L'élaboration d'un plan de gestion nécessite des contacts appropriés avec les partenaires-clefs. En d'autres termes, préparez à l'avance des documents d'information clairs, et intégrez les partenaires dès le début de la procédure de planification. Gardez l'esprit ouvert, essayez de trouver des intérêts communs, et ne perdez pas de vue vos propres objectifs. 9. Un plan de gestion doit être souple, et nécessite des mises à jour régulières. M55 Démarche de projet d’aménagement et de valorisation des espaces naturels CE QUE LE PLAN DE GESTION PERMET : ‐ Adapter les modes d’intervention aux enjeux. Remettre en question les choix en fonction des résultats antérieurs (démarche adaptative). ‐ Faire les bons choix sur la base de fondements scientifiques. ‐ Faire comprendre ses choix, les partager avec d’autres acteurs (démarche globale d’apprentissage - concertation). ‐ S’assurer d’une démarche continue, quelles que soient les équipes qui gèrent l’espace.