Cancer du col de l'utérus Mis à jour : Jeudi 23 Janvier 2020 Le cancer du col de l'utérus est lié à une infection par un virus, le papillomavirus humain. Depuis vingt ans et la généralisation de mesures de dépistage, le cancer du col de l'utérus est devenu deux fois moins fréquent et deux fois moins meurtrier. L'existence de vaccins contre le papillomavirus laisse espérer que cette tendance positive se poursuive, à condition que les frottis de dépistage continuent à être faits par les patientes. Qu'est-ce que le cancer du col de l'utérus ? Le terme « cancer du col de l’utérus » correspond à la présence de cellules anormales au sein de la muqueuse qui recouvre le col de l’utérus (la partie basse de l’utérus qui fait la jonction avec le vagin). Ces cellules deviennent anormales en cas d’infection prolongée par un virus de la famille des papillomavirus humains (HPV, Human PapillomaVirus). Ces virus sont transmis par voie sexuelle. Avant de devenir cancéreuses, les cellules passent par un état précancéreux appelé « dysplasie du col de l’utérus ». La transformation des cellules du col en cellules cancéreuses est lente : elle est liée à la présence chronique des papillomavirus au niveau du col pendant au moins dix à quinze ans. Un examen simple, le frottis cervico-utérin, permet de dépister la dysplasie du col de l’utérus et, de ce fait, la plupart des cancers du col de l’utérus sont diagnostiqués et traités avant même de devenir réellement des cancers, ce qui permet une guérison complète. Selon les cellules à l’origine du cancer, on distingue deux formes de cancer du col de l’utérus : les carcinomes épidermoïdes, qui représentent 80 à 90 % des cancers du col de l’utérus et naissent dans les cellules qui tapissent le bas du col. les adénocarcinomes, qui représentent 10 à 20 % des cancers du col de l’utérus et apparaissent dans les cellules qui tapissent le haut du col. Les autres cancers à papillomavirus humain De la même manière qu’il peut, après des années d’infection, provoquer un cancer du col de l’utérus, le papillomavirus humain (HPV) peut être à l’origine de cancers d’autres organes. Par exemple, chez les personnes, hommes et femmes, qui pratiquent la pénétration anale passive sans préservatif, le HPV peut provoquer des cancers du rectum et de l’anus, similaires à ceux observés au niveau du col. De plus, le HPV est à l’origine de cancers du vagin, de la vulve et du pénis, ainsi que de la gorge, du voile du palais, de la base de la langue et des amygdales, probablement après une contamination lors de fellation. Le cancer du col de l'utérus est-il une maladie fréquente ? En France, le cancer du col de l’utérus est, en terme de fréquence, le 11e cancer diagnostiqué chez les femmes : un peu moins de 3 000 nouveaux cas chaque année, à l’origine d’environ un millier de décès. Mais cette statistique reflète le diagnostic de cancers déclarés. Les diagnostics de dysplasie du col de l’utérus (l’état précancéreux) sont beaucoup plus fréquents : environ 50 000 nouveaux cas chaque année, identifiés grâce à plus de 6 millions de frottis cervico-utérins. Les cancers du col de l’utérus sont généralement diagnostiqués chez des femmes âgées de 35 à 45 ans. Dans certaines régions du monde, le cancer du col de l’utérus est beaucoup plus fréquent et beaucoup plus grave. Par exemple, il représente probablement la première cause de décès par cancer en Afrique et en Amérique du sud. Qui est à risque de cancer du col de l'utérus ? Certains facteurs de risque de développer un cancer du col de l’utérus ont été identifiés : commencer sa vie sexuelle à un jeune âge et avoir eu de nombreux partenaires sexuels (ce qui augmente le risque d’être infectée par de nombreuses souches de papillomavirus) ; le fait de ne pas systématiquement utiliser de préservatifs lors de rapports sexuels ; la présence d’autres infections sexuellement transmissibles (infection à chlamydies, gonococcie, syphilis, etc.) ; négliger de faire régulièrement un frottis cervico-utérin (ce qui semble multiplier par trois le risque de cancer du col) ; le tabagisme ; l’âge ; une baisse des défenses immunitaires à cause d’une maladie (par exemple, le VIH/sida) ou d’un traitement (chimiothérapie anticancéreuse, biothérapies des maladies auto-immunes, traitement contre le rejet d’une greffe, etc.) ; le fait d’avoir pris du Distilbène (diéthylstilbestrol) ou d’être la fille d’une femme qui a reçu ce médicament utilisé dans les années 1940-1970 contre les fausses couches à répétition ; l’usage prolongé des pilules contraceptives pourrait également être un facteur de risque de développer un cancer du col. Mais on ignore si cet effet est dû aux hormones contenues dans ces pilules ou au fait que les femmes qui prennent la pilule sont moins enclines à exiger l’usage du préservatif par leurs partenaires. Quelles sont les causes du cancer du col de l'utérus ? Le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers pour lesquels la cause est clairement identifiée. Il est dû à l’infection persistante du vagin et du col par un virus de la famille des papillomavirus humains (HPV), transmis au cours de rapports sexuels. Il existe plus d’une centaine de types (« souches ») de HPV (dont ceux à l’origine des verrues bénignes de la peau). Les souches 16 et 18 de HPV sont à l’origine de plus de 70 % des cas du cancer du col, mais également à l’origine de verrues génitales (parfois appelées condylomes ou « crêtes de coq »). Les infections par HPV sont très fréquentes. L’évolution de ces infections par HPV varie selon les personnes. Après la contamination, le plus souvent, les papillomavirus sont éliminés par le système immunitaire en quelques mois. Parfois, le système immunitaire n’y parvient pas et l’infection s’installe pour de nombreuses années, voire pour toute la vie, provoquant parfois des verrues génitales, parfois des lésions de dysplasie et un cancer du col, parfois les deux. L’action des HPV pour transformer les cellules du col prend plus d’une dizaine d’années et, de ce fait, le cancer du col de l’utérus est un cancer qui apparaît lentement, ce qui facilite son dépistage pour peu qu’un frottis cervico-utérin soit pratiqué tous les trois ans. Peut-on prévenir le cancer du col de l'utérus ? Les mesures de prévention du cancer du col de l’utérus sont liées à sa nature infectieuse et à l’existence de lésions précancéreuses faciles à dépister. De plus, l’arrêt du tabac peut contribuer à prévenir ce cancer chez les femmes infectées par le HPV. Se protéger des infections sexuellement transmissibles L’usage systématique du préservatif réduit à la fois le risque d’être infectée par le papillomavirus et celui de souffrir d’autres infections sexuellement transmissibles dont la présence augmente indirectement le risque de développer un cancer du col de l’utérus. Traiter les infections par le HPV Lorsque l’infection par le HPV s’accompagne de signes visibles tels que des verrues génitales, il est important de la traiter de manière à éliminer le HPV. Cela n’est pas toujours possible mais pourrait néanmoins contribuer à réduire le risque de cancer du col. Dépister régulièrement les lésions précancéreuses Le frottis cervico-utérin reste le moyen de référence pour dépister des cellules du col anormales qui pourraient donner naissance à un cancer. Cet examen doit être effectué tous les trois ans, entre 25 et 65 ans, même chez les femmes qui ont été vaccinées contre le HPV. Vacciner contre les infections à papillomavirus La vaccination contre les infections à Papillomavirus humain (HPV) vient en complément du dépistage par frottis. Elle est recommandée pour toutes les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans. Cette vaccination est d’autant plus efficace que les jeunes filles n'ont pas encore eu de rapports sexuels ayant pu les exposer au papillomavirus. L’une des doses du vaccin peut être co-administrée avec le rappel diphtérie-tétanos-poliomyélite- coqueluche prévu entre 11 et 13 ans. Par ailleurs, un rattrapage est possible pour les jeunes filles et jeunes femmes jusqu'à 19 ans révolus. Trois vaccins pour la prévention des infections à papillomavirus liées au cancer du col sont actuellement commercialisés en France : CERVARIX, GARDASIL et GARDASIL 9. Ces trois vaccins ne sont pas interchangeables et toute vaccination commencée avec l'un d'eux doit être menée à son terme avec le même vaccin. Désormais, les jeunes filles vaccinées pour la première fois doivent l'être avec le vaccin GARDASIL 9. Comme ces vaccins protègent contre les HPV responsables d’environ 70 % des cancers du col, le dépistage du cancer du col de l'utérus, même de manière moins fréquente, reste indispensable. On ignore si ces vaccins peuvent contribuer à la prévention du cancer du col chez les femmes déjà infectées par les HPV. Ces vaccins sont administrés en deux injections espacées de 6 mois pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans et en trois injections espacées de 2 puis de 4 mois pour les adolescentes âgées de 15 et 19 ans. Leur durée de protection n’a pas encore été clairement établie. Plus de 10 ans après les premières recommandations de vaccination contre les HPV, seulement 24 % des jeunes Françaises âgées de 16 ans se sont faites vacciner selon un schéma complet, un pourcentage bien en dessous de l'objectif de 60 % fixé à l'horizon 2019 dans le cadre du Plan Cancer. Selon la Haute autorité de santé, les professionnels de santé ont du mal à faire accepter ce vaccin, tant du fait de la méfiance antivaccinale qui sévit actuellement, que de la difficulté à expliquer cette vaccination à des adolescents qui n'ont pas encore commencé leur vie sexuelle. Courant 2020, la vaccination contre les HPV devrait également être recommandée pour tous les garçons de 11 à 14 ans (au lieu de la réserver aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, jusqu'à 26 ans révolus, comme c'est le cas aujourd'hui). En effet, une vaccination contre les HPV de tous les hommes bénéficierait non seulement à leur santé, en les protégeant directement (ce virus peut également être responsable de cancers des organes génitaux masculins ou de l'anus), mais améliorerait aussi la protection des jeunes filles et femmes non vaccinées. Cette hypothèse de la protection indirecte semble être confirmée par l'expérience des pays qui ont obtenu une couverture vaccinale élevée chez les jeunes filles et qui constatent aujourd'hui les bénéfices de la vaccination chez les garçons. L'effet de ces vaccins sur la mortalité sera particulièrement sensible dans les pays en voie de développement où la pratique de frottis cervico-utérins réguliers n'est pas réalisable. Quels sont les symptômes du cancer du col de l'utérus ? La plupart du temps, les cancers du col de l’utérus provoquent peu de symptômes, d’où l’importance d’un dépistage régulier. Lorsqu’un cancer du col de l’utérus est à un stade avancé, la femme peut présenter différents symptômes : des saignements vaginaux, en particulier après les rapports sexuels, même après la ménopause ou en dehors des règles ; des règles plus abondantes ou plus longues qu’à l’accoutumée ; des pertes vaginales nauséabondes ; des douleurs du vagin (en particulier pendant les rapports sexuels), du bassin ou du bas du dos. Comment évolue le cancer du col de l'utérus ? Aujourd’hui, en France, le taux de survie cinq ans après un diagnostic de cancer du col de l’utérus est variable selon le stade d’évolution du cancer au moment du diagnostic : ce taux varie de 93 % (stade I, voir ci-dessous) à 35 % (stade IV). Lorsque le cancer du col de l’utérus est invasif et en l’absence de traitement, les cellules cancéreuses vont progressivement envahir l’utérus et les organes voisins (vagin, rectum, vessie) puis migrer, via la circulation de la lymphe, dans les ganglions lymphatiques qui drainent cette région du corps. Sans traitement, ces cellules vont ensuite passer dans la circulation sanguine pour aller s’installer et se multiplier dans le foie, les poumons, les os, le cerveau, etc. Ces tumeurs secondaires sont appelées « métastases ». Le cancer du col de l’utérus est un cancer d’évolution très lente et les métastases sont rares au moment du diagnostic. Les stades d'évolution du cancer du col de l'utérus En fonction des résultats des examens complémentaires, le médecin peut déterminer le stade d’évolution du cancer du col de l’utérus (ce qui conditionne son pronostic et son traitement). Pour cela, il utilise une classification dite « FIGO » qui prend en compte le degré d’envahissement des organes du bassin par la tumeur. En fonction du résultat de cette classification, le cancer du col de l’utérus est dit : de stade I, lorsqu’il n’affecte que le col de l’utérus ; de stade II, lorsqu’il dépasse le col mais reste limité ; de stade III, lorsque il affecte le tiers inférieur du vagin et la paroi de l’abdomen ; de stade IV, lorsqu’il a envahi la vessie, le rectum, la paroi de l’abdomen et que des métastases sont présentes. Peut-on dépister le cancer du col de l'utérus ? Le dépistage du cancer du col de l’utérus repose sur la recherche des lésions précancéreuses (également appelées dysplasies ou « néoplasies cervicales intra-épithéliales ») par le biais d’un frottis cervico-utérin (également appelé « frottis vaginal »), un examen simple, rapide et sans douleur. Ce frottis peut être réalisé par le médecin généraliste, un gynécologue, une sage-femme ou dans certains laboratoires d'analyses médicales sur préscription médicale. Il est remboursé à 70 % par l’Assurance maladie sur la base du tarif conventionnel. Le frottis cervico-utérin consiste à frotter le col avec une petite brosse de façon à recueillir des cellules de la paroi du col qui sont ensuite envoyées dans un laboratoire spécialisé pour être analysées au microscope. L’analyse peut révéler des cellules anormales à divers stades de transformation vers l’état de cellules cancéreuses. Néanmoins, ce test manque de sensibilité et 30 % des femmes qui présentent des lésions précancéreuses ne sont pas identifiées par le frottis. De nouveaux tests de dépistage, recherchant directement la présence du virus sont disponibles. Ces tests permettent d'identifier les femmes chroniquement infectées par les HPV avant l'apparition de lésions cellulaires (en France, une femme adulte sur dix est porteuse d'HPV). Ces femmes à risque augmenté peuvent alors être suivies avec des examens plus sensibles que le frottis. Depuis plus de vingt ans, les femmes âgées de 25 à 65 ans sont invitées à faire un frottis de dépistage tous les trois ans. Malheureusement, on estime que seulement une Française sur deux suit scrupuleusement ce conseil, les autres étant dépistées trop peu souvent, voire pas du tout. Le dépistage insuffisant est particulièrement fréquent chez les femmes issues de milieux défavorisés. En conséquence, un plan de dépistage systématique du cancer du col de l’utérus a été instauré en 2018, comme cela est pratiqué pour le cancer du sein (mammographie) ou celui du côlon (recherche de sang dans les selles). Un frottis cervico-utérin gratuit est désormais systématiquement proposé tous les 3 ans à chaque Française âgée de 25 à 65 ans (qui devront d’abord avoir obtenu deux frottis normaux à un an d’intervalle). Une brochure de l'Institut national du cancer explique ce dépistage systématique. Comment diagnostique-t-on le cancer du col de l'utérus ? Lorsque le médecin suspecte la présence d’un cancer du col de l’utérus, il a recours, au-delà de l’examen clinique et gynécologique, à divers examens complémentaires : le prélèvement d’un fragment de col (biopsie) au cours d’un examen direct du col (« colposcopie ») ; l’IRM du bassin pour évaluer une éventuelle extension du cancer. Dans certains cas, il peut être nécessaire de visualiser l’état de la vessie (« cystoscopie ») ou du rectum (« rectoscopie ») à la recherche d’extension de la tumeur. Une forme de scanner (tomodensitométrie) est parfois pratiquée. De plus, en cas de suspicion de carcinome épidermoïde, un dosage sanguin est parfois effectué pour la confirmation du diagnostic et le suivi après le traitement (le « SCC »). Comment soigne-t-on le cancer du col de l'utérus ? Le traitement du cancer du col de l’utérus a pour objectif la guérison de la patiente, à défaut l’amélioration de sa qualité de vie et de sa survie, ainsi que le contrôle de l’évolution de la tumeur. Le traitement est fonction de l’étendue du cancer au moment du diagnostic. Il peut reposer sur des mesures chirurgicales (pour enlever les lésions précancéreuses ou la tumeur), sur l’exposition à des radiations ionisantes (la radiothérapie) et sur l’administration de médicaments de chimiothérapie anticancéreuse. Ces traitements peuvent être utilisés seuls ou en association. Comme pour les autres cancers, le traitement du cancer du col de l’utérus, lorsqu’il est à un stade déclaré et sévère, repose sur un ensemble de protocoles codifiés qui sont adaptés aux particularités de la patiente. Il est administré dans des centres de lutte contre le cancer accrédités par l’Institut national du cancer (INCa). Le traitement des lésions précancéreuses ou des petites tumeurs peut être effectué par un gynécologue hors d’un centre de lutte contre le cancer. La chirurgie dans le traitement du cancer du col de l'utérus Dans le contexte du traitement du cancer du col de l'utérus, la chirurgie est employée pour enlever les lésions précancéreuses ou la tumeur lorsque celle-ci est de petite taille et limitée au col de l'utérus. Les tumeurs de taille supérieure à quatre centimètres de diamètre ou qui sont étendues au-delà du col sont traitées par radiothérapie et chimiothérapie. Le traitement chirurgical des lésions précancéreuses du col de l'utérus Lorsque le frottis cervico-utérin révèle des lésions précancéreuses du col (dysplasie), il est nécessaire de les retirer pour éviter qu’elles évoluent en cancer. Cette intervention est généralement effectuée au cabinet du gynécologue ou lors d’une hospitalisation de jour. Elle nécessite au plus une anesthésie locale et se fait en utilisant un colposcope, une sorte de microscope qui permet de voir le col avec un certain grossissement. Selon la taille de la lésion et sa préférence, le gynécologue va utiliser diverses techniques pour détruire la lésion (et un peu de tissu sain autour) : la cryothérapie : l’application de froid brûle la lésion (comme pour traiter des verrues) ; l’électrochirurgie (ou bistouri électrique) : un courant électrique est appliqué sur la lésion pour la détruire ou l’enlever ; la chirurgie au laser : un rayon lumineux fortement chargé en énergie agit comme un scalpel ; la conisation : cette technique consiste à enlever la lésion (ou la tumeur si elle est petite) en prélevant un fragment de col en forme de cône. La conisation est préférée aux autres techniques lorsque la lésion est un peu étendue. Le traitement chirurgical des cancers invasifs du col de l'utérus Lorsque le cancer du col est déclaré, avec une tumeur trop volumineuse pour pratiquer une conisation, des techniques chirurgicales plus complexes sont nécessaires. Elles sont pratiquées à l’hôpital, sous anesthésie générale. L'ablation du col de l'utérus (trachélectomie) La trachélectomie consiste à enlever le col de l’utérus et à connecter directement le reste de l’utérus avec le vagin. Cette technique est réservée au cas où le cancer est limité au col, lorsque la patiente souhaite avoir un ou des enfants après la chirurgie. Dans ce cas, une fois enceinte, un cerclage est posé pour fermer l’utérus et empêcher une fausse couche. La naissance se fait alors par césarienne et le cerclage est enlevé après la naissance de l’enfant. Lorsque le chirurgien doit également enlever la partie supérieure du vagin et les ganglions lymphatiques locaux, on parle de « trachélectomie élargie ». L'ablation de l'utérus (hystérectomie) L’hystérectomie consiste à enlever complètement l’utérus (avec le col). Elle est pratiquée lorsque la tumeur est trop volumineuse pour faire une conisation et que la patiente ne souhaite pas ou plus avoir d’enfant. Lorsque le chirurgien enlève également les ganglions, on parle d’ « hystérectomie élargie ». Si la partie haute du vagin doit également être enlevée, on parle de « colpohystérectomie élargie ». Les complications de la chirurgie du cancer du col de l'utérus Les complications de la chirurgie du cancer du col de l’utérus sont plutôt observées lorsque le cancer a envahi les organes voisins ou qu’il a fallu enlever les ganglions lymphatiques qui drainent cette région. Lorsque le cancer a envahi les organes voisins, les complications sont souvent associées à la vessie et aux canaux qui amènent l’urine des reins vers la vessie (les uretères) : rétention urinaire (qui peut durer quelques jours ou quelques semaines et nécessite l’usage d’une sonde pour uriner), rétrécissement des uretères, voire communication anormale (fistule) entre la vessie et le vagin, ou l’un des uretères et le vagin. Ces complications sont rares. Lorsque les ganglions lymphatiques ont été enlevés, cette intervention peut provoquer une mauvaise circulation de la lymphe dans une jambe (ou les deux) : celle-ci gonfle et devient lourde et douloureuse, les éventuelles plaies qui s’y forment ont du mal à cicatriser et peuvent s’infecter. C’est le lymphœdème. Le traitement du lymphœdème repose sur le port d’un bandage compressif ou d’un bas de contention, associé à des séances de kinésithérapie (drainage lymphatique manuel). La prévention du lymphœdème dans le cancer du col de l'utérus Certaines mesures peuvent prévenir le lymphœdème ou éviter qu’il ne s’aggrave : Faites les séances de kinésithérapie prescrites par le chirurgien et pratiquez régulièrement chez vous les exercices recommandés par le kinésithérapeute. Protégez votre jambe et votre pied d’éventuelles blessures. En cas de plaie, désinfectez-la soigneusement le plus rapidement possible. Attention aux sports que vous pouvez pratiquer. Demandez conseil à votre médecin avant de refaire du sport. Évitez les bains chauds, les saunas, les hammams, les bains à remous, etc. Luttez contre l’embonpoint qui favorise l’apparition d’un lymphœdème. La radiothérapie dans le traitement du cancer du col de l'utérus Dans le contexte du traitement du cancer du col de l'utérus, les rayons ionisants (radiothérapie) sont utilisés après la chirurgie pour éliminer les cellules cancéreuses qui auraient pu rester dans le corps, ou pour traiter les cancers qui sont trop invasifs pour être opérés. Les rayons peuvent être projetés à travers la peau (radiothérapie externe) ou produits par des substances placées dans une sonde insérée au niveau du col (curiethérapie). Les séances de radiothérapie externe dans le cancer du col de l'utérus Dans le cadre du traitement du cancer du col de l’utérus, la radiothérapie est le plus souvent administrée pendant cinq jours consécutifs (à raison d'une séance par jour) durant cinq semaines. La curiethérapie dans le traitement du cancer du col de l'utérus La curiethérapie est une forme de radiothérapie où une sonde radioactive est insérée directement dans le vagin, au contact de l’endroit où se situe la tumeur. Elle peut être pratiquée avant la chirurgie (pour diminuer le volume de la tumeur) ou après la chirurgie ou la radiothérapie externe. Dans le traitement du cancer du col de l’utérus, on utilise généralement la curiethérapie dite « à bas débit de dose » où la patiente est hospitalisée plusieurs jours dans une chambre spéciale dont les murs bloquent la radioactivité. La sonde radioactive est laissée en place durant toute la durée de l’hospitalisation. Les effets indésirables de la radiothérapie du cancer du col de l'utérus Les séances de radiothérapie externe ou de curiethérapie nécessaires pour traiter le cancer du col de l’utérus peuvent provoquer certains effets indésirables. Ces effets peuvent apparaître après les séances, mais également à long terme, pendant les deux années qui suivent la radiothérapie. Ces effets indésirables diffèrent selon chaque patiente et selon la dose de rayons administrée. Ils sont plus fréquents chez les patientes qui reçoivent également une chimiothérapie anticancéreuse. Ils ne sont heureusement pas tous ressentis. Les médecins spécialisés savent dépister ces effets précocement et aider leurs patientes à mieux les supporter. Après les séances de radiothérapie ou de curiethérapie de l’utérus, ces effets indésirables peuvent être : des diarrhées les deux premières semaines de traitement ; des nausées et des vomissements ; des crises d’hémorroïdes ; des envies d’uriner fréquentes ; des rougeurs de la peau de la vulve et de la raie des fesses ; une chute des poils du pubis ; une inflammation du vagin avec des pertes vaginales blanches ou sanguinolentes (surtout lors de curiethérapie). Plusieurs mois après le traitement par radiothérapie, il arrive que la patiente continue à ressentir : de la sécheresse vaginale ; des saignements du vagin ou du rectum ; une cystite, voire de l’incontinence urinaire ; une colite (maux de ventre) aggravée par la consommation de fruits et de légumes. La radiothérapie, comme le traitement par chirurgie, peut également déclencher la ménopause. Dans ce cas, le gynécologue pourra prescrire des hormones de remplacement pour soulager les symptômes gênants classiques : bouffées de chaleur, troubles du sommeil, etc. Ce traitement hormonal de substitution est tout à fait possible chez les femmes qui ont souffert de cancer du col de l’utérus. La chimiothérapie dans le traitement du cancer du col de l'utérus Dans le contexte du cancer du col de l'utérus, la chimiothérapie n'est prescrite que dans le traitement des cancers invasifs et ceux pour lesquels il a été nécessaire d'enlever les ganglions lymphatiques locaux. Le plus souvent, elle est associée à un traitement par radiothérapie. La chimiothérapie du cancer du col de l'utérus en pratique En général, la chimiothérapie du cancer du col de l’utérus consiste en quatre à six séances de perfusion intraveineuse (les « cures ») espacées de trois semaines. Le traitement dure donc entre trois et six mois. Le choix des médicaments utilisés est fonction des caractéristiques de la tumeur. Les effets indésirables de la chimiothérapie du cancer du col de l'utérus La chimiothérapie nécessaire pour traiter le cancer du col de l’utérus peut provoquer certains effets indésirables. Ces effets ne sont heureusement pas tous ressentis par les patientes. Les médecins spécialisés savent aider leurs patientes à prévenir ces effets indésirables à l’aide de traitements spécifiques, et à mieux les supporter lorsqu’ils surviennent. Ces effets indésirables peuvent être : des nausées et des vomissements ; de la fatigue et une anémie ; des diarrhées ; une baisse des défenses immunitaires ; des saignements ; des fourmillements dans les pieds et les mains ; des douleurs des muscles et des articulations. Les protocoles de chimiothérapie mis en place dans le traitement des cancers du col de l’utérus ne font généralement pas tomber les cheveux, ni les poils. Le suivi après un cancer du col de l'utérus Les femmes qui ont subi un traitement contre le cancer du col de l’utérus font l’objet d’un suivi médical régulier pendant plusieurs années, afin de dépister rapidement d’éventuelles récidives. En général, ce suivi débute par des consultations tous les quatre mois pendant deux ans, puis tous les six mois pendant trois ans, puis une fois par an. Au cours des consultations de suivi, un examen clinique est effectué avec un frottis tous les six mois pendant un an, puis tous les ans, sauf chez les femmes qui ont reçu un traitement par radiothérapie (la radiothérapie rend les frottis difficiles à interpréter). Dans certains cas particuliers, une IRM est faite tous les ans pendant cinq ans.