
ment, elle se manifeste par une dyspnée d’effort progres-
sive et souvent par une toux, fréquemment banalisée. De
plus, la BPCO peut s’associer à des effets extra-pulmo-
naires ou des comorbidités tels qu’atteintes cardio-vascu-
laires, modification de la composition corporelle, ostéopo-
rose et cancer pulmonaire
[8, 9]
.
Le diagnostic de BPCO repose sur les valeurs spiro-
métriques. Selon les recommandations GOLD (Global
initiative for chronic Obstructive Lung Diseases)
[7]
, un
syndrome obstructif irréversible est présent lorsque le
rapport de Tiffeneau (volume expiré maximal en 1 sec
(VEMS/capacité vitale forcée (CVF)) est 70% malgré
l’administration de broncho-dilatateurs. Il faut savoir que
le rapport de Tiffeneau fixé à 70% entraîne un excès
de diagnostic chez les patients de plus de 60 ans
[2, 10]
. Le
degré de sévérité de la BPCO (stade I à IV) s’établit sur la
valeur du VEMS et détermine le traitement à proposer
(Tableau I)
[7]
. Dans les stades I, le traitement comprend
les bronchodilatateurs à la demande ou en traitement de
fond. A partir du stade II, on préconise également le réen-
traînement à l’effort. Au stade III, les stéroïdes topiques
peuvent être ajoutés si le patient présente de fréquentes
exacerbations. Au stade IV, il faut considérer l’oxygéno-
thérapie, la ventilation non invasive (VNI) et les techniques
chirurgicales telles que la chirurgie de réduction de volume
ou la transplantation
[7, 11]
. Il faut bien entendu encoura-
ger les patients à cesser de fumer à tous les stades.
Il est important de relever que les manifestations systé-
miques de la BPCO ne sont pas mesurables par le VEMS.
Pour cette raison, Celli et al. ont développé un index
(index de BODE) qui tient compte du BMI, du degré
d’obstruction bronchique, de la dyspnée et de la capacité
physique
[12]
. Cet index, qui a été validé prospective-
ment, est un meilleur indicateur pronostic de décès (toutes
causes confondues) que le VEMS.
Atteintes systémiques et comorbidités
Le rapport entre la BPCO et les comorbidités associées
n’est pas clair. Différentes études suggèrent la présence
d’une inflammation pulmonaire et systémique
[8]
. La
BPCO est un facteur de risque indépendant du cancer
pulmonaire
[13]
et il est possible que certaines cytokines
inflammatoires jouent un rôle promoteur. La BPCO aug-
mente le risque de mortalité cardio-vasculaire et d’hospi-
talisation pour cause de problèmes cardiovasculaires
[14]
.
Des études suggèrent que les atteintes cardio-vasculaires
et les cancers pulmonaires représentent les causes les plus
fréquentes de mortalité dans les BPCO modérées à sévères
alors que c’est l’insuffisance respiratoire qui en est la
principale responsable dans les formes très sévères
[8, 9]
.
La BPCO est fréquemment associée à des troubles de
la composition corporelle. Une baisse de masse muscu-
laire est présente chez près de 30% des patients avec un
VEMS entre 30-70%
[15]
. Elle peut être associée à une
baisse de l’index de masse corporel (IMC) qui est un fac-
teur de mauvais pronostic
[12]
. La baisse de la masse mus-
culaire s’accompagne d’une intolérance à l’effort, d’une
fatigue et d’une aggravation de la dyspnée. D’autre part,
un nombre significatif de patients BPCO souffre d’obé-
sité malgré une baisse de masse musculaire
[16]
. Cette
obésité peut entraîner une résistance à l’insuline et contri-
buer au risque de maladie cardio-vasculaire. Il est impor-
tant de noter qu’en raison de la dyspnée, nombre de
patients réduisent leur activité physique ce qui contribue
à aggraver la perte de masse musculaire. Enfin, les troubles
de la composition corporelle s’aggravent encore lorsque
les patients nécessitent des stéroïdes systémiques au long
cours.
Prise en charge de la BPCO
Selon les guidelines internationales et suisses
[7, 17]
, la
prise en charge de la BPCO reposent sur:
1. La détermination et le monitoring de l’atteinte respi-
ratoire.
2. La réduction des facteurs de risque.
3. Le traitement de la BPCO stabilisée (bronchodilata-
teurs, stéroïdes topiques, réentraînement à l’effort, oxy-
génothérapie, vaccins).
4. Le traitement des exacerbations (intensifications des
traitements en cours, antibiothérapie, VNI).
5. Les traitements chirurgicaux (bullectomie, résection
de volume, transplantation).
La prise en charge palliative de ces patients, dont la
maladie est évolutive et incurable, est habituellement à
peine esquissée dans les recommandations de prise en
charge
[7]
. Cependant, l’American College of Chest Physi-
cians a pris position en soutenant la prise en charge pallia-
tive de patients souffrant de maladies respiratoires ou car-
diaques chroniques
[18]
. Dans les guidelines communes de
100
A. Sauty, C. Mazzocato, Bronchopneumopathie chronique obstructive: quelle place pour les soins palliatifs?
INFO
Kara
, vol. 24, N° 3/2009
Tableau I: Degré de sévérité de la BPCO selon GOLD [7].
* VEMS mesuré après l’administration de bronchodilatateurs.
** PO2(pression partielle d’O2) 60 mmHg.
Stade I: léger VEMS/CVF 0.70
VEMS* 80% du prédit
Stade II: modéré VEMS/CVF 0.70
50% VEMS* < 80% du prédit
Stade III: sévère VEMS/CVF 0.70
30% VEMS* 50% du prédit
Stade IV: très sévère VEMS/CVF 0.70
VEMS* 30% du prédit ou
VEMS* 50% + insuffisance respiratoire
chronique**
02_sauty.qxp 24.8.2009 9:10 Page 100
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