Telechargé par mathilde.est

Vivisection -Final

publicité
THÈME : ANIMAUX ET TECHNOSCIENCES
1er paradigme = Vivisection
2ème paradigme = Expérimentation Animal
3ème paradigme = Méthodes Alternatives
Paradigme VIVISECTION
PLAN :
1. Dissection -> Vivisection
2. Historique (dynamique collective la menant de méthode à la mode, à pratique de masse et
paradigme institutionnalisé) et conditions sociales
3. Passage de buts essentiellement théologiques, philosophique à des buts scientifiques
4. Idéologie des Vivisecteurs
5. Mouvement Antivivisecteur
6. Rapports homme-animaux
7. Conclusion
Questions à la fin
De la Vivisection à L’expérimentation Animale
La vivisection, un paradigme institutionnalisé
- Jean-Yves BORY, docteur en histoire contemporaine.
1. Dissection -> Vivisection
 « Dissection » concerne les cadavres.
 Vivisection concerne l’humain, l’animal et le végétal.
Distinction entre « vivisection sanglante » et « non-sanglante » selon qu’il y ait ou non mutilation.
Le développement de la vivisection s’explique davantage par un choix délibéré que par des
facteurs scientifiques (les 2 seules exemples d’applications médicales que les vivisecteurs pouvaient
donner étant les ligatures et la glycogénie pour le diabète), l’Académie de médecine ayant exposé
tous ses inconvénients (peu fiable, résultats contradictoires, facteurs biologiques multiples
empêchant une interprétation sûre, etc). Ce choix sociétal correspond à la fois à une volonté
politique et idéologique et aux déductions du christianisme > S’inscrit dans un projet d’édification
d’une société rationaliste et anticléricale mené par les élites républicaines. La vivisection s’accordait
à une idéologie de renouveau de l’homme dont les valeurs méritocratiques s’opposaient à l’ordre
ancien royaliste et catholique (affirmation d’une science inductive et matérialiste face aux dogmes énoncé de foi ne pouvant être remis en cause- et déductions du christianisme).
 Passage de la vivisection à un paradigme institutionnalisé en l’espace de 50 ans.
Pour mieux comprendre cette dynamique collective la menant de méthode à la mode, à pratique
de masse et paradigme institutionnalisé, dressons un portrait historique (et des conditions sociales)
de l’époque.
2. Historique et conditions sociales
Au 4ème siècle avant notre ère, par Aristote sur des animaux (Grèce). Met au point une méthode de
recherche efficace et rigoureuse : observation systématique des faits avant toute réflexion. Au
cours de cette période il rédige Les parties des animaux, en anatomie comparée notamment. Il
entreprend la classification des espèces selon la complexité de leur âme -> Études en anatomie
animales brillantes, pas pour l’anatomie humaine (hypothèses erronées sur la fonction d’organes :
cœur siège de la conscience, cerveau ne sert qu'à refroidir le sang). Il a inspiré Kant.
Au 3ème sur êtres humains (prisonniers condamnés à mort) par Théophraste, Hérophile, Érasistrate
(Égypte). Théophraste = ambition de parvenir à énoncer les causes de ce qu’il constate, ce qu’il ne
peut faire qu’en manifestant une attitude critique à l'égard des théories générales -> accumulation
d’observations, recours à l’analogie et construction de nouvelles hypothèses (si pertinent).
Hérophile & Érasistrate = parmi les 1ers médecins à s'intéresser au corps en santé et essayer de
comprendre le fonctionnement normal du corps (tradition hippocratique axée sur problème de la
maladie) : nouvelle dimension épistémique de la médecine par étude de l'anatomie.
Au 2ème siècle en Grèce par Claude Gallien sur des animaux. Il organisait séances publiques de
dissections/vivisections où il exposait ses théories et invitait l’auditoire à tirer conclusions des
expérimentations.
Pratique oubliée durant Moyen-Âge qui réapparaitra à la Renaissance, en Italie. La dissection
servait également de spectacle (dont les pratiquants les plus célèbres sont André Vésale, Realdo
Colombo, Frabricius d’Aquapendente, ce dernier a été le 1er à créer un théâtre anatomique)
Au 17ème siècle, avec la naissance de la science moderne : devient un principe méthodologique
fondé sur l’hypothèse, la manipulation et l’observation + commence à avoir des finalités médicales.
Au 19ème devient pratique de masse (imposée au début du siècle avec l’appui des pouvoirs publics,
elle passe du statut de méthode à la mode à celui de paradigme institutionnalisé évoluant vers sa
dimension industrielle : l’expérimentation animale). Les buts : déterminer effets d’un produit sur
organisme, fonction d’un organe en le supprimant et en voyant les effets produits. De plus
permettait de s’entrainer (exercices chir) et d’enseigner (démonstration devant classe > 8
opérations par étudiant à effectuer sur un cheval afin que chacun s’exerce…). Exemple de François
Magendie (pionniers de la physiologie expérimentale moderne) qui coupait racines nerveuses de la
ME de chiots pour distinguer racines motrices des sensitives ; Mathieu Orfila injectait des poisons
irritants (avertit du succès de ces opérations par les cris de douleurs de l’animal).
« La douleur, constitutive de la vivisection, en était souvent une condition indispensable ».
3. Passage de buts essentiellement théologiques, philosophique à des buts scientifiques :
Pas toujours eu de motivations scientifiques : connaissance des détails anatomiques avait des buts
essentiellement théologiques et philosophiques.
4. Idéologie des Vivisecteurs :
Les vivisecteurs (se nomment ainsi àpd 1840) partagent foi en la science, en ses bienfaits pour le
progrès et la société (optimisme scientifique partagé par tous les médecins de l’époque). Ils étaient
matérialistes (système philosophique soutenant que toute chose est composée de matière et que,
fondamentalement, tout phénomène est le résultat d'interactions matérielles) et parfois vitalistes
(théorie attribuant à la vie une force propre, principe autre que celui de l'âme ou des phénomènes
physico-chimiques). Ils partagent une foi envers une expérience organisée de manière rigoureuse.
La gratuité des expériences est essentielle pour établir une science autonome, faisant des
vivisections des performances à accomplir. Elles s’instituèrent aussi en diverses instance de
propagation et reproduction (conférences publiques, démonstrations, cours de physio).
Au début du siècle l’engouement pour elle s’inscrivait dans une dynamique de réorganisation de la
société, inspirée des idées des Lumières (œuvrant pour progrès en combattant l’irrationnel et
l’obscurantisme). La Révolution puis l’Empire instaurèrent des politiques publiques favorables aux
sciences physico-chimiques car efficace industriellement et militairement. L’insatisfaction envers la
médecine mène à la réorganisation et la création de nouvelles disciplines : climat général
d’optimisme, influence du messianisme révolutionnaire (issue de l’idéologie allemande, se voue à
jouer un rôle libérateur quasi divin pour l’humanité à accomplir une mission exceptionnelle), le désir
de rationalisation se concrétisèrent par le développement de la démarche expérimentale.
5. Mouvement antivivisecteur :
Les premières protestations vinrent des vivisecteurs eux-mêmes. En effet ceux-ci se partagent en 2
catégories : absolutistes (ou ultras - revendiquant la liberté totale d’usage des animaux et mettant
en avant les découvertes permises par la vivisection) et modérés (appelant à la retenue, dont les
protestations mêlent considérations compassionnelles et scientifiques > analogie homme-animal =
construction sociale balbutiante). Consensus en 1840 clôture le débat : les perspectives de
professionnalisation de la vivisection et sa reconnaissance officielle firent disparaitre (officiellement
du moins) l’opposition scientifique.
Ce fut ensuite au tour des protecteurs des animaux et des médecins publicistes (écrivant des
textes engagés sur vie sociale et politique). SPA (créée en 1845) met en œuvre une protection
utilitaire combattant les abus de force contre les utiles auxiliaires de l’homme civilisé (afin qu’ils
restent civilisés). Les désaccords au sein de la SPA, l’émergence d’une nouvelle sensibilité et
l’influence anglaise aboutirent à la création de 2 sociétés antivivisectionnistes (qui évolueront de
façon divergentes) : la Société française contre la vivisection (1882 ; versant réformiste réclamant
une loi limitant la vivisection pour éviter tout abus = expériences désignées comme inutiles et donc
moralement condamnables > sur le modèle de la loi Anglaise de 1876 - celle-ci devenant en 1882
une instance au service du pouvoir public par le fait d’un accord secret avec ce dernier. Société se
rapprochant ensuite de la SPA et devint un organe de propagande de la vivisection sous couvert de
la combattre) et la Ligue populaire contre la vivisection (créée par Marie Hulot en 1883 ; position
abolitionniste - qui évolua vite vers l’outrance et un féminisme vengeur, se constituant alors une
identité repoussante). De ce fait, victoire encore une fois des vivisecteurs dû aux conditions sociales
évoquées auparavant mais aussi au fait que ces derniers avaient des alliés plus puissants : les
pouvoirs publics. Les médecins, paradoxalement, furent conquis lorsque la vivisection se détourna
des soucis cliniques (vers 1850) pour se consacrer à la recherche. Conquête pouvant se mesurer par
3 mots qui poussèrent nombre de médecins à considérer avec bienveillance le scientisme (science
expérimentale = seule source fiable de savoir sur le monde) : enrichissement (politique publique de
contrôle sanitaire leur donne le monopole de la santé et l’accès à la position de notable), prestige
(Cf. carrière de Claude Bernard), anesthésie (permet de conquérir la clientèle). De plus vivisecteurs
agissaient directement auprès du public en faisant conférences.
Catégorie stratégique de la population : les femmes parachevèrent la victoire de la vivisection
(s’y investirent dès 1880, cette carrière devenant moyen d’émancipation efficace).
Dernier point relatif à la victoire des vivisecteurs : la carrière de L. Pasteur marquera débuts de
l’expérimentation animale, la vivisection industrielle faisant son entrée définitive dans les mœurs,
adhésion en masse (point intéressant: contrairement au mouvement antivivisectionniste dont la
surreprésentation des élites sociales l’empêchait de se constituer en mouvement social -> en effet
les préoccupations du mouvement ouvrier étrangères au leurs qui, de plus, exigeaient bagage
intellectuel et loisirs dont ouvriers ne disposaient pas).
Il ressort de tout cela que le rayonnement de la France et de la Révolution à travers des figures
scientifiques héroïques était plus important qu’une incertaine recherche de la vérité. Le plus
important était de faire croire que des succès thérapeutiques étaient obtenus plutôt que de les
obtenir (le succès peut être irréel : c’est la croyance en eux qui doit être réelle).
La version officielle de la science, soutenue par le pouvoir politique, s’imposait - fabriquant d’un côté
des figures héroïques, de l’autre des fantaisistes incompétents.
Liberté totale d’expérimenter perdura, à l’échelle industrielle. Ce n’est qu’en 1963 qu’a été
promulguée une loi réglementant l’expérimentation animale (largement ignorée les années qui
suivirent). Les lois et réglementations votées depuis sous la sollicitation de l’Europe sont mieux
connues et, peut-être, appliquées.
Pourtant, le mouvement antivivisecteurs perdura et réémerge en 1900, rencontrant un vrai succès
auprès de parlementaires (représentants du peuple ; obtenant légitimité scientifique). L’incapacité
d’éradiquer l’antivivisection tient à son caractère lui aussi de paradigmatique.
 Antivivisection motivée par la lutte contre la cruauté faite aux animaux. Elle existera tant
qu’existera la vivisection (opposition au mauvais traitement envers les animaux). Comme dit
précédemment, accorder de la considération aux animaux constitue un moyen à nous en
accorder davantage .
6. Rapports homme-animaux :
Concernant les conditions relatives aux rapports homme-animaux : On parle à la fois du fait que
les animaux domestiques au 19ème siècle étaient pour la majorité travailleurs = population sociale
d’esclave (« moteur essentiel du développement économique » de l’époque).
C’est précisément car les choses ne s'accordent pas entre elles, que surgit le problème
philosophique. On a donc essayer de mettre en lumière les paradoxes retrouver dans les textes.
On leur reconnaît la capacité de souffrir. A la même époque on est par ailleurs d'accord pour
dire que le modèle animal n’est pas un modèle prédictif fiable en matière de santé.
Bref on continue de le considérer apte à représenter l'homme dans les expériences, à faire des
analogies avec celui-ci (malgré des preuves scientifiques démontrant le contraire) mais restant
inférieur à l'homme, alors que sa sensibilité est reconnue...
L’Utilitarisme et l’Éthique se baseront tous deux sur la raison, et non la sensibilité (qui implique une
subjectivité). La capacité de raisonnement apporte une vision plus globale.
Biais de confirmation : lorsqu’un individu est mu par de fortes impulsions il cherchera les raisons qui
argumentent dans son sens et tentera d’esquiver celles qui pourraient venir les contre-argumenter.
Comme on l’a précédemment vu avec Singer, pour qui l’être humain est plus raisonnant que
raisonnable : toute argumentation est bonne pour continuer de jouir de la situation qui lui convient,
alors même que nombre de preuves scientifiques et objectives prônent des indications contraires.
Ou selon Callicott comme vu lors d’une précédente présentation: Pas de raisons de donner priorités
à nos environnements de façon globale, le cercle le plus proches a priorité sur les autres sphères
morales (permettant ainsi d’ordonner les obligations éthiques et de résoudre les conflits
systématiquement)
Aujourd’hui, on retrouve encore ces paradoxes dans des débats en bioéthique : l’avancée de la
recherche dans les domaines médico-scientifiques est loin de faire consensus -> Robin nous en
parlera plus en profondeur en dernière partie de cette présentation.
7. Conclusion
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » dans une lettre de Gargantua à Pantagruel.
-> se placer dans le contexte de l’époque où « Science », « Religion » n’ont certainement pas les
mêmes significations qu’aujourd’hui. Si la Science est un ensemble de faits objectifs destiné à mieux
appréhender le fonctionnement et les mécanismes de notre environnement et ayant pour but de
décrire la réalité, elle ne se penche cependant pas sur les notions abstraites du mal, bien et la
morale, domaines réservés à la Religion. La science peut donc être à double tranchant selon
l’utilisation que l’on en fait -> être un adepte de la Science n’inclut pas avoir un esprit critique éclairé
sur la suite des découvertes fondamentales ou appliquées. Mais comment avoir cet esprit critique ?
Si l’on se réfère à cette citation, on peut déduire que Rabelais attachait de l’importance à la Religion
en tant que guide spirituel, c’est à dire à une éthique encadrant la Science.
On pourrait aussi citer Montaigne pour qui il vaut mieux une tête bien faite qu’une tête bien pleine.
Gargantua exhorte son fils Pantagruel à toujours associer sagesse et connaissances. Sans la sagesse,
les ruines de l’âme feront vite leur apparition, l’âme désignant tant l’individu que la société.
Science et Société ne sont pas séparables (observons les politiques qui ne ratent pas une occasion de
se saisir d’une opportunité : scandale du sang contaminé, triste période de la vache folle,… Sans
compter leur volonté de se mêler des activités des laboratoires scientifiques). La Science ne se résume
pas à mieux connaître le monde encore et toujours : Elle nous montre autant notre savoir que notre
ignorance, nous oblige, à chaque découverte, à nous remettre en question concernant le but à
atteindre et les conséquences à suivre.
La philosophie peut nous donner sagesse ; l’éthique, morale ; et la science, connaissance…
Pour conclure :
Le texte analysé insiste sur la notion de « Paradigme », décrit notamment par Thomas Kuhn (qui
s’est intéressé aux structures et à la dynamique des groupes scientifiques à travers l’histoire des
sciences ; pour lui le développement historique des théories est discontinu) comme un ensemble de
valeurs reconnues et techniques communes aux membres d’un groupe donné, scientifique ou non.
Ou encore « l’articulation des structures de la pensée aux structures sociales et instrumentales ».
Le mot a pris 2 sens majeurs : en science, celui de théorie dominante = VIVISECTION ; et dans les
autres domaines, celui d’ensemble d’idées fondées sur des visions du monde = ANTIVIVISECTION.
 A ce moment de l’analyse : véritable polémique se présentant comme un affrontement de
visions du monde, de paradigmes (au niveau des rapports homme-animaux où
l’incommensurabilité est totale entre manières de sentir -au sens éprouver- et de penser).
- Métaphore de modèle (animal, informatique… mais aussi humain)
Cmt cette notion est mobilisé dans ce discours sur l’animal. Voir sémantique.
Téléchargement