Hotton Baptiste
Fiche de lecture : BURRIN Philippe, Fascisme, nazisme, autoritarisme, Seuil, 2000, 319p
Philippe Burrin est un historien dont les recherches portent sur les idéologies, les mouvements et les
partis politiques en Europe durant l’entre-deux-guerres. À partir de ses travaux sur la Seconde Guerre
mondiale, il a tenté de définir les notions de violence de masse et de génocide. Licencié de relations
internationales (1975), il obtient son doctorat en sciences politiques (1985) à l’Institut universitaire
de hautes études internationales (HEI) de Genève sous la direction de Saul Friedländer, spécialiste de
l’Allemagne nazie. L’historien a commencé une carrière universitaire en tant qu’assistant d’Histoire
contemporaine (1982-1985), puis maître-assistant (1985-1988) à l’université de Genève, Philippe
Burrin retrouve l’HEI en tant que professeur adjoint (1988-1993), puis comme professeur d’Histoire
des relations internationales, à partir de 1993. Depuis 2004, il est Directeur de HEI et occupe le même
poste du nouvel Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), à partir de
janvier 2008. Parallèlement à ses recherches, Burrin s’investit en tant que scientifique dans de
nombreux projets animés par le souci du « devoir de mémoire ». Ainsi, il sera consultant pour la
conception du centre de documentation du Mémorial de l'Holocauste Mahnmal à Berlin (2001).
Philippe Burrin fut l’un des experts au procès de Maurice Papon à Bordeaux en 1997.
La thèse exposée par Philippe Burrin dans son ouvrage se compose en trois parties : situer le fascisme
par rapport au communisme, son pendant dans la famille des totalitarismes, pour déceler
ressemblances et limites mais aussi en reliant le fascisme à l’autoritarisme où il puisa l’essentiel de
ses forces; analyser le fascisme en tant qu’idéologie, en tant que famille politique pourvue d’un
imaginaire qui la distingue des autres régimes ; enfin, examiner à travers l’exemple français du régime
de Vichy la dimension transnationale du fascisme.
Pour le premier aspect, la thèse de l’universitaire suisse repose sur le fait qu’historiquement, l’arrivée
au pouvoir de partis fascistes, dans laquelle la conjoncture à la fois politique, sociale et militaire qui
joua un rôle déterminant, occupe moins d’importance que la réceptivité que trouvèrent les partis
fascistes et qui permit leur stabilisation. L’historien affirme que la présence d’une culture autoritaire
enracinée a fait le lit du fascisme, et cette culture a permis l’épanouissement d’autres formes de
pouvoir, tel que le franquisme, avec lesquels il avait une parenté indéniable, mais dont il importe de
le distinguer.
De plus, la comparaison des totalitarismes permet à la fois de préciser l’intérêt et les limites de la
notion : dans l’article consacré à Hitler et Staline, l’art du parallèle ne bloque jamais la réflexion mais
au contraire le dynamise et l’hiérarchise. L’examen des similitudes de la configuration des régimes :
pouvoir du chef suprême, rôle de l’idéologie, action du parti unique, mobilisation des masses et de
la différence des situations nationales structures sociales, héritages historiques, idéologies débouche
finalement sur la mise en valeur de deux principes de structuration de la thèse de Philippe Burrin :
« D’un côté, un pouvoir plébiscitaire, de l’autre, une dictature révolutionnaire » selon les mots de
l’historien, à partir desquels ce dernier peut organiser la compréhension des différences entre ces
régimes : style de commandement, rapport à la société, nature de la violence de masse.