Fibres de carbone par Jean LUYCKX Ingénieur CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) (Chimie Industrielle) Détaché par Elf Atochem à la Direction Technique de la société Soficar, en charge des qualifications aéronautiques et du développement 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 2. 2.1 Procédés de fabrication des fibres de carbone............................... Fibres obtenues à partir de rayonne .......................................................... Fibres obtenues à partir de PAN................................................................. 1.2.1 Précurseur ........................................................................................... 1.2.2 Traitements thermiques ..................................................................... 1.2.3 Traitements de surface ....................................................................... 1.2.4 Ensimage............................................................................................. Fibres obtenues à partir de brai ................................................................. 1.3.1 Précurseur ........................................................................................... 1.3.2 Mésophase .......................................................................................... Comparaison des fibres de carbone ex-PAN et ex-brai............................ A 2 210 - 2 — 3 — 3 — 3 — 3 — 5 — 5 — 6 — 6 — 6 — 7 Propriétés physiques et chimiques..................................................... Propriétés mécaniques................................................................................ 2.1.1 Propriétés en traction ......................................................................... 2.1.2 Classement des fibres de carbone selon leurs propriétés en traction ........................................................................................... 2.1.3 Comparaison avec les autres fibres de renforcement..................... 2.1.4 Comparaison avec les matériaux métalliques ................................. Autres propriétés physiques....................................................................... 2.2.1 Propriétés électriques......................................................................... 2.2.2 Propriétés thermiques........................................................................ 2.2.3 Transparence aux rayons X ............................................................... — — — 8 8 8 — — — — — — — 8 8 8 11 11 11 12 3. 3.1 3.2 Matériaux particuliers ............................................................................ Composites carbone/carbone..................................................................... Fibres de carbone métallisées .................................................................... — — — 12 12 13 4. 4.1 4.2 4.3 Marchés et applications......................................................................... Production mondiale ................................................................................... Marchés ........................................................................................................ Principales applications .............................................................................. 4.3.1 Aéronautique et espace ..................................................................... 4.3.2 Sport .................................................................................................... 4.3.3 Autres applications............................................................................. — — — — — — — 13 13 13 13 13 14 14 5. Conclusion ................................................................................................. — 15 2.2 Doc. A 2 210 2 - 1994 Pour en savoir plus........................................................................................... a fibre de carbone est obtenue par pyrolyse d’une fibre organique appelée précurseur. Elle offre deux possibilités d’utilisation : la première en tant que carbone pour les propriétés de cet élément, la seconde en tant que fibre flexible et qui convient à toutes les formes de produits finis. Les propriétés caractéristiques du carbone sont liées à sa structure de type graphite : faible coefficient de frottement, bonne résistance à l’usure, faible coefficient de dilatation linéique, haute tenue en température en service continu, bonne conductivité électrique, très grande résistance aux produits chimiques et à la corrosion. A 2 210 L Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 1 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ Les propriétés physiques et mécaniques des fibres de carbone dépendent elles-mêmes : — de la nature chimique du précurseur ; — des conditions physiques et chimiques de fabrication des fibres du précurseur ; — des procédés et des conditions de traitement thermique du précurseur. Les caractéristiques physiques et mécaniques des fibres de carbone, spécialement celles des fibres dites « haut module » et « haute ténacité », sont utilisées dans les matériaux composites. Le choix des résines et la technologie utilisée modifient les caractéristiques des fibres de carbone. La fibre de carbone à hautes performances idéale serait une fibre qui présenterait les propriétés mécaniques théoriques du graphite monocristallin, soit une résistance à la rupture en traction de 180 GPa et un module de traction de 1 020 GPa. 1. Procédés de fabrication des fibres de carbone Historique La première fibre de carbone, obtenue en 1880 par T. Edison à partir d’une fibre de bambou, fut brevetée et utilisée comme filament dans une lampe à incandescence. Puis elle fut réinventée à la fin des années 50 par la Barnebey-Cheney Company et la National Carbon Company aux États-Unis et le Carbone-Lorraine en France. La fibre était fabriquée à partir de tresses, de tissus ou d’un mat de fibres de rayonne agrafé puis chauffé sur un cadre rigide. Ce type de fibres de carbone était utilisé comme tissu de filtration, comme réfractaire, ou comme fibres de renforcement dans les composites antiabrasion carbone-carbone. Au début des années 60, les recherches-développements se sont focalisés sur l’obtention de fibres de carbone de haut module et de haute ténacité. Shindo de l’Institut de Recherche Industrielle d’Osaka (Japon) trouva et breveta en 1961 un procédé d’obtention de fibres de carbone à partir de fibres de polyacrylonitrile (PAN), de résistance en traction : 1 500 MPa et de module de traction : 150 GPa. En 1964, la société Union Carbide (USA) démarra une production commerciale de fibres de carbone obtenue à partir de rayonne, le Thornel 25 de résistance en traction : 1 250 MPa et de module de traction : 175 GPa. Watt et Phillips, de l’Atomic Energy Research Establishment de Harwell (Grande-Bretagne), développèrent des fibres de carbone à partir de PAN avec un rendement de carbonisation (§ 1.2.2.2) supérieur à celui obtenu à partir de la rayonne. L’idée de régler la tension des précurseurs pendant toute la durée du traitement thermique, clé de l’obtention de fibres de haut module, fut découverte indépendamment par Bacon (Union Carbide), Shindo et Watt. A 2 210 − 2 Historique Watt et Johnson continuèrent d’étudier la technologie d’obtention d’une fibre de carbone à hautes performances ex-PAN [1] au Royal Aircraft Establishment (Grande-Bretagne). Trois compagnies anglaises, Morgan Crucible, Rolls Royce et Courtaulds, acquirent la licence et commencèrent en 1967 la fabrication de fibres de carbone sous forme semi-industrielle. Suite au brevet déposé par Shindo, deux compagnies japonaises eurent la possibilité de l’utiliser. Nippon Carbon et Tokai Denkyoku démarrèrent une petite production en 1969. En 1970, Toray Industries (Japon) et Union Carbide (USA) signèrent un accord d’échange technique, le précurseur étant fourni par Toray. En 1971, Toray démarra une production et une commercialisation de fibres de carbone ex-PAN, suivi par Hercules (USA) et Le Carbone-Lorraine en collaboration avec Rhône-Poulenc (France) en 1972 et Toho Beslon /Rayon (Japon) en 1973. Depuis, les propriétés mécaniques des fibres de carbone ex-PAN ont été améliorées, leur conférant une place privilégiée comme matériau à hautes performances pour des applications structurales dans l’aéronautique. La transformation par pyrolyse des fibres de brai, issu de la houille ou du pétrole, en fibres de carbone fut étudiée par Ohtani à l’université de Gunma au Japon en 1964 et par le CERCHAR en France de 1969 à 1972. Les premières fibres de carbone fabriquées à partir de précurseurs brais sont apparues dans les années 70. Ce type de fibres fut produit et commercialisé par Kureha Chemical Industry au Japon et par Ashland Petroleum, Amoco et Exxon aux États-Unis. Singer (Union Carbide) trouva que, pour obtenir une fibre de carbone à haute performance ex-brai, le choix de la matière première était fondamental. Sur cette base, en 1975, Union Carbide développa la série des Thornel P, fibres de carbone de haut module. À titre d’exemple, le Thornel P 120 possède un module de traction de 825 GPa, ce qui représente plus de 80 % du module théorique du graphite (1 020 GPa). Les procédés correspondants ont évolué en permanence pour conduire de nos jours à des fibres dont la résistance en traction atteint celles des premières générations de fibres ex-PAN. Si, dès 1967, des industries de hautes technologies, telle l’industrie aéronautique, tant aux États-Unis qu’en Europe, ont commencé à utiliser des composites à renfort carbone en remplacement des matériaux métalliques [2], il fallut attendre 1974 pour voir les premières utilisations industrielles. Sous l’impulsion des producteurs japonais de fibres de carbone, ces premières applications se firent en Asie dans le domaine du sport avec les fabrications de clubs de golf et de cannes à pêche. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE 1.1 Fibres obtenues à partir de rayonne Les premières fibres de carbone étaient fabriquées à partir de tresses, de tissus ou d’un mat de fibres de rayonne, l’ensemble étant agrafé sur un cadre rigide et chauffé dans une première étape à 1 000 -1 500 oC pour transformer la cellulose en carbone sous atmosphère inerte, puis à 2 000-2 500 oC pour obtenir une meilleure résistance à l’oxydation à température élevée. Aucune tension particulière n’était appliquée pendant le traitement thermique ; c’est pourquoi les propriétés mécaniques des fibres de carbone obtenues n’étaient pas aussi élevées que celles obtenues aujourd’hui à partir d’un précurseur sous tension contrôlée pendant le traitement thermique vers 1 500 oC. De plus hauts modules et de plus hautes ténacités furent en effet obtenus en augmentant la tension et les températures du traitement thermique (tableau 1). La production de ces fibres cessa lorsqu’elles perdirent leur compétitivité économique vis-à-vis des fibres de carbone obtenues à partir de PAN et de brais mésophases (§ 1.3.2). Les principales raisons en étaient le coût des matières premières et des procédés, le tout accentué par les propriétés mécaniques moins performantes des fibres. (0) Tableau 1 – Propriétés mécaniques en traction des fibres de carbone fabriquées entre 1960 et 1974 à partir de fibres de rayonne Producteur Union Carbide Produit commercialisé Thornel Thornel Thornel Thornel 25 40 50 100 Module de traction (GPa) Résistance en traction (MPa) 175 280 350 700 1 250 1 750 2 000 3 500 1.2 Fibres obtenues à partir de PAN Après filage, les monofilaments peuvent être étirés jusqu’à 500 % d’allongement, afin de leur conférer une orientation axiale préférentielle. Cette opération est souvent accompagnée de traitements à chaud par passage sur des rouleaux chauffants ou dans de la vapeur d’eau. La plupart des précurseurs PAN sont constitués de 1 000 à 1 200 filaments d’environ 0,16 tex ou mg/m et d’un diamètre de 10 à 20 µm. Certains précurseurs PAN peuvent contenir 24 000 ou 48 000, voire 320 000 filaments comme dans les PAN à usage textile, mais ils ne permettent pas d’obtenir des fibres de carbone à très hautes performances. 1.2.2 Traitements thermiques L’ensemble du procédé d’obtention des fibres de carbone à partir de PAN est présenté sur la figure 1. 1.2.2.1 Oxydation L’étape d’oxydation du précurseur s’effectue dans un four régulé sous air, à des températures se situant entre 200 et 300 oC pendant un temps pouvant varier de 30 min à 3 h, selon les profils tempstempératures propres à chaque procédé. L’oxydation du PAN est une réaction fortement exothermique (dégageant jusqu’à 3 800 kJ/kg). Elle exige un contrôle très rigoureux de la cinétique si l’on veut éviter la fusion des monofilaments. Lors de l’oxydation, le précurseur, dont la masse apparente n’augmente que de quelques pour-cent, subit de très profondes modifications physiques et chimiques. Les filaments de PAN passent d’un état plastique à un état infusible thermiquement stable. Chimiquement, le précurseur est partiellement déshydrogéné par oxydation et des doubles liaisons apparaissent. Le PAN de formule chimique simplifiée (C3H3N)n se transforme en (C3H1, 4NO0,6 )m . Plusieurs modèles de structures de types cycloaromatiques ont été proposés [5]. Le modèle de Takahagi et coll. est donné sur la figure 2. Pendant cette étape et l’étape suivante – la carbonisation – les propriétés élastiques de la fibre se modifient en continu. Il est donc essentiel de maintenir en permanence une tension appropriée si l’on veut conserver une orientation axiale à la fibre. 1.2.1 Précurseur 1.2.2.2 Carbonisation Les fils de polyacrylonitrile (PAN) précurseur sont fabriqués selon la technologie bien établie de polymérisation et de filage des fibres acryliques à usage textile par voie solvant, mais avec des différences sensibles. Différents comonomères peuvent être utilisés, par exemple l’acrylate ou le méthacrylate de méthyle, et leurs taux varient d’un fabricant à l’autre. Ces comonomères sont aussi choisis pour favoriser la stabilisation du précurseur lors de l’étape d’oxydation et pour éviter la fusion des monofilaments. Pour les mêmes raisons, les filaments du précurseur sont généralement recouverts d’un agent de protection (finish) tel un corps gras ou un produit siliconé, qui a pour but d’éviter la fusion, de prévenir le collage des filaments entre eux et de participer éventuellement au mécanisme d’oxydation en limitant l’effet exothermique. Chaque fabricant utilise un solvant du PAN et une solution coagulante différente. Ces choix, liés aux procédés, sont importants car ils déterminent la pureté du PAN qui est directement liée à sa stabilité thermique. La forme et le diamètre du monofilament dépendent de la forme et du diamètre de la filière utilisée ainsi que du couple solvant/solution coagulante. Différents degrés de régularité de surface peuvent être obtenus selon le solvant et la solution coagulante utilisés [3]. La nature des impuretés métalliques présentes dans la fibre de carbone dépend des impuretés présentes dans le PAN précurseur et des sels utilisés lors de la fabrication du précurseur [4]. À titre indicatif, les fibres d’Hercules (USA), IM-6G et ASA-W, contiennent environ 1 000 ppm de sodium (soit 0,1 % en masse), ce qui fait penser à l’utilisation de comonomères contenant du sodium. La fibre de BASF, le Celion G-40X, contient plus de 100 ppm de zinc provenant vraisemblablement du chlorure de zinc en solution aqueuse employé pour dissoudre le PAN. Le précurseur stabilisé pendant l’étape précédente est carbonisé sous azote, jusqu’à des températures de l’ordre de 1 200 à 1 500 oC pendant un temps qui peut varier de 2 à 10 min. Dans cette étape, environ 60 % de la masse du PAN oxydé sont éliminés sous forme de gaz. Ces gaz sont essentiellement constitués par de la vapeur d’eau, des dérivés carbonés CO2 , CO, CH4 et azotés HCN, N2 , NH3 . Figure 1 – Principe du procédé de fabrication des fibres de carbone ex-PAN Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 3 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ Figure 3 – Microtexture d’une fibre de carbone de haute résistance ex-PAN (d’après [6]) Figure 2 – Processus physico-chimiques de transformation des fibres de carbone ex-PAN La microstructure de la fibre de carbone, c’est-à-dire l’arrangement des plans polyaromatiques, varie de façon continue. Les caractéristiques mécaniques de la fibre sont directement liées au réarrangement qui s’effectue pendant ce processus. Après cette opération, une fibre dite « haute résistance » est obtenue. Elle peut être considérée comme chimiquement amorphe. Les zones cristallines sont désordonnées et peu développées. Cette fibre est constituée d’un empilement de couches carbonées polyaromatiques, d’un diamètre de l’ordre de 1 nm. Ces unités structurales de base (USB) sont raccordées entre elles par des jonctions présumées contenir des hétéroatomes (N, H) dans des liaisons chimiques distordant la structure. La structure globale est orientée axialement et froissée dans un plan perpendiculaire à l’axe de la fibre (figure 3). Selon les auteurs du modèle, les propriétés mécaniques de la fibre sont liées à la densité des liaisons entre USB et à la compacité de la texture [6]. Une fibre « carbonisée » contient entre 90 et 97 % de carbone, moins de 10 % d’azote, environ 1 % d’oxygène et moins de 1 % d’hydrogène. En règle générale, les propriétés mécaniques, dont le module de traction, augmentent avec la température du traitement de la carbonisation [7], alors que la ténacité atteint son optimum vers 1 400 oC (figure 4). A 2 210 − 4 Figure 4 – Effets de la température de traitement thermique sur les propriétés mécaniques en traction des fibres de carbone ex-PAN (d’après [7]) L’augmentation en continu du module de traction avec la température de carbonisation et l’optimum de la résistance en traction obtenu vers 1 400 oC expliquent bien les voies d’obtention de deux types de fibres de carbone, l’un « haute résistance » et l’autre « haut module », que permet le PAN. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE 1.2.2.3 Graphitisation Dans cette étape, la fibre carbonisée est portée, sous gaz inerte, quelques minutes à une température de 2 000 à 3 000 oC. La fibre contient alors plus de 99 % de carbone. Cette opération permet d’obtenir une fibre dite « haut module ». Comparée à la fibre carbonisée, la fibre graphitisée possède une structure où l’unité structurale de base contient un nombre de couches polyaromatiques plus élevé (une dizaine ou plus), d’un diamètre de l’ordre de 5 nm. Les soudures entre USB conduisent à une structure plus compacte, plus dense et plus continue. Cette structure cristalline (figure 5) possède une rigidité plus élevée que la structure de la fibre dite « haute résistance » [8]. Nous nous garderons cependant d’aller plus en avant dans l’interprétation des relations structure-propriétés qui font encore l’objet de recherches et donnent lieu à bien des débats. 1.2.3 Traitements de surface D’autres procédés tels que le traitement thermique par plasma ou l’immersion des fibres dans une solution oxydante puis chauffage dans un four peuvent être mentionnés [11] [12]. La plupart des fabricants utilisent aujourd’hui l’oxydation électrolytique qui peut être contrôlée rapidement, appliquée en continu, dans un temps relativement court. La couche de surface oxydée créée est fine et peut être renouvelée rapidement par l’attaque de la couche immédiatement inférieure. Il n’est donc pas nécessaire que ce traitement dure longtemps. La teneur en oxygène chimiquement liée à la fibre se situe aux environs de 1 %. À titre d’exemple, après oxydation modérée, l’analyse spectrale de l’oxygène dans des fibres de haute résistance donne la composition suivante : hydroxyle (OH) : 73 %, carbonyle (CO) : 10 % et carboxyle (COOH) : 17 %. La poursuite de l’oxydation fait passer ces taux respectivement à 24 %, 22 % et 54 % [13]. Cela est attesté par les spectres obtenus en analyse de surface, en particulier par ESCA [14]. Nota : ESCA : Electron Spectroscopy for Chemical Analysis. La fibre de carbone est principalement utilisée dans le renforcement des matériaux composites employés comme éléments structuraux. Le carbone est chimiquement peu réactif et présente naturellement une faible adhérence vis-à-vis d’une matrice polymérique. Il est donc essentiel de fabriquer des fibres qui posséderont une bonne adhérence. Cette condition est obtenue en traitant la fibre en surface par un procédé physique ou chimique. Un procédé physique peut être, par exemple, la « whiskérisation ». Il aura pour effet de créer des fibrilles tout au long des monofilaments qui serviront d’agent de liaison. Un procédé chimique peut être un traitement de surface par oxydation. Il aura pour effet de créer, sur les couches superficielles de la fibre, des fonctions chimiques polaires qui sont essentiellement – dans le cas habituel d’un traitement par oxydation électrolytique ou chimique – des dérivés d’oxydation du carbone, c’est-à-dire des fonctions hydroxyle, cétone, carboxyle, pour ne citer que les principales. Les procédés chimiques d’oxydation peuvent être, par exemple, le passage des fibres de carbone dans : — un bain bouillant d’acide nitrique à 60-70 % pendant plusieurs heures [9] ; — une phase gazeuse sous air à 450 oC pendant quelques minutes ; — une solution électrolytique d’acide sulfurique, de soude, de bicarbonate d’ammonium où le courant électrique passe via une anode en fibre de carbone [10]. Figure 5 – Microtexture d’une fibre de carbone de haut module ex-PAN (d’après [8]) L’influence du traitement de surface est surtout importante au niveau de l’adhérence fibre-matrice [15]. Dans le cas très courant des résines époxydes, l’analyse du phénomène se fait par la mesure du cisaillement interlaminaire [16] en comparant des fibres traitées, non traitées ou surtraitées en surface (figure 6). L’amélioration des résistances en traction et au cisaillement interlaminaire des composites unidirectionnels avec le niveau (essentiellement la durée) de traitement de surface est constatée avec un optimum correspondant au traitement industriel standard. Dans le cas des composites quasi isotropes [17], les résultats de mesures de résistance en compression (figure 7) confirment ces conclusions [18]. 1.2.4 Ensimage L’agent d’ensimage doit être choisi pour lier les monofilaments d’une mèche et améliorer la résistance au frottement. Il a aussi pour but de diminuer la formation de « bourres » et de faciliter la mise en œuvre de la fibre de carbone lors des opérations d’enroulement, de tissage et de préimprégnation. Les composants de l’ensimage sont judicieusement choisis pour être compatibles avec les matrices polymériques et n’avoir aucune influence néfaste sur les propriétés physiques ou chimiques du matériau composite. C’est pourquoi les fabricants veillent, bien entendu, à ce que la qualité des ensimages qu’ils proposent ne varie pas dans le temps. Figure 6 – Influence du degré de traitement de surface sur les propriétés mécaniques de composites unidirectionnels carbone T 300/ résine 3620 époxyde (d’après doc. Toray et [18]) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 5 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ Tableau 2 – Propriétés mécaniques en traction des fibres de carbone obtenues à partir de fibres de brai Précurseur Producteur Brai isotrope Kureha Chemical (Japon) Module Résistance Produit de traction en traction commercialisé (GPa) (MPa) Kureca T-101 (carbonisation) Kureca T-102 (graphitisation) 33 790 33 690 Thornel P 25W Amoco Thornel P 55S Performance Brai Thornel P 75S mésophase Products (1) Thornel P 100 (USA) Thornel P 120 160 380 520 724 827 1 400 1 900 2 100 2 200 2 200 (1) A repris les produits d’Union Carbide. Figure 7 – Influence du degré de traitement de surface sur les propriétés mécaniques de composites carbone T 300/ résine époxyde 3620 quasi isotrope (d’après doc. Toray et [18]) À titre d’exemple, pour une utilisation au contact des résines époxydes, les principaux composants des ensimages sont à base de résines époxydes de masses moléculaires élevées. Avec le développement de nouvelles matrices thermodurcissables telles que polyimides et polybismaléimides, ou bien thermoplastiques telles que polyétherimides, poly(sulfure de polyphénylène) et polyéthercétones, à hautes performances thermiques, la nécessité d’utiliser des ensimages spécifiques reste une question ouverte [19]. Dans le brai, des microdomaines sphériques, au sein desquels les interactions entre les nuages électroniques délocalisés des cycles carbonés confèrent au milieu une structure de cristal liquide ( phase nématique), constituent la mésophase proprement dite. Le traitement thermique se traduit donc par la croissance progressive de cette mésophase au sein du brai isotrope, jusqu’à un point d’inversion de phase à partir duquel la mésophase devient la phase continue du milieu. La poursuite du traitement thermique peut conduire à la formation de « semi-coke » infusible. La durée et la température doivent être adaptées pour éviter ce phénomène indésirable. Il est clair que la mésophase obtenue a une composition chimique et une anisotropie de structure idéales pour l’obtention de fibres de carbone aux propriétés mécaniques optimales dans le sens longitudinal (axial). 1.3.2.1 Filage et étirage de la mésophase 1.3 Fibres obtenues à partir de brai 1.3.1 Précurseur Le brai est issu de résidus de houille ou de pétrole. C’est un mélange d’hydrocarbures aromatiques. Le brai peut être filé et former des fibres. Ces fibres sont cependant très fragiles et difficiles à manipuler, comparativement aux fibres de PAN. Le brai, comme la plupart des matières organiques, peut être carbonisé à haute température sous atmosphère inerte et produire du carbone. À l’origine, ces fibres de carbone étaient obtenues à partir de brais isotropes, c’est-à-dire sans orientation particulière. Elles se caractérisaient par de faibles résistances à la rupture et de faibles modules de traction, ces propriétés mécaniques étant liées à l’isotropie du brai. Les fabricants découvrirent rapidement que les brais dits « mésophases », obtenus par traitement thermique de brais isotropes sélectionnés et purifiés, conduisaient à des fibres de carbone à structure orientée axialement et de hautes performances mécaniques (tableau 2). (0) 1.3.2 Mésophase Les molécules polyaromatiques de moins d’une dizaine de cycles et sans orientation particulière, constituant les brais isotropes, sont soumises à des réactions de condensation par traitement thermique, sous atmosphère inerte, entre 350 et 450 oC. Il en résulte la formation de molécules de masse beaucoup plus élevée, dont la taille croît régulièrement avec la durée du traitement thermique. A 2 210 − 6 Le filage et l’étirage de la mésophase ont pour but l’orientation de la structure dans la direction axiale. Le filage a lieu par voie fondue et les propriétés d’écoulement fluide de la mésophase plastique vont être déterminantes pour atteindre cet objectif. Plus le développement de la mésophase au sein du brai isotrope aura été poussé (et cela est souhaitable pour obtenir des fibres performantes), plus la viscosité sera grande et plus le filage sera difficile. La viscosité de la mésophase peut être abaissée en augmentant la température de filage, mais la limite de cette solution est fixée par la dégradation possible de la mésophase. La viscosité va aussi dépendre des masses moléculaires des espèces présentes, donc des réactions de polymérisation qui ont eu lieu durant le traitement thermique et qui vont conduire à la formation de la mésophase. Une fraction volumique élevée de mésophase correspond à une masse moléculaire élevée qui rend l’étape de filage et d’étirage très délicate. Il est nécessaire de parvenir à un compromis entre la fraction volumique de mésophase qui doit être aussi élevée que possible et la température de filage qui doit rester relativement basse. La pression et la température de la filière influent sur la texture intime du produit fini. Aujourd’hui, les fabricants préfèrent utiliser des précurseurs brais riches en mésophase dont la température de ramollissement est peu élevée. Ces précurseurs peuvent être obtenus par purification de brais isotropes en éliminant les produits volatils, sous pression réduite, par barbotage de gaz inerte, distillation ou hydrogénation. Toutes ces précautions ont pour but d’éviter la présence initiale de semi-coke dont on a vu les inconvénients. Compte tenu de toutes ces considérations, le brai mésophase, chauffé entre 350 et 450 oC, passe généralement au travers de filières, en forme de cône, de 0,1 à 0,4 mm de diamètre. Il est ensuite étiré, jusqu’à un allongement de 300 à 500 %, avant d’être enroulé Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE sur un tambour tournant (bobineuse). Ces conditions opératoires peuvent conduire à deux types extrêmes de texture, représentés sur la figure 8 : — texture radiale, qui donne une fibre plus sensible à la présence de défauts, tels que porosités inclusions de particules de semi-coke ou d’impuretés ; le comportement fragile du matériau sera alors lié à la propagation de défauts de l’intérieur vers l’extérieur suivant les rayons de la fibre ; — texture en oignon qui limite ce mauvais comportement [20]. 1.3.2.2 Traitements thermiques 1.3.2.2.1 Oxydation Alors que, dans le procédé ex-PAN, il est nécessaire de former une structure « échelle » (réticulée) irréversible préfigurant la structure carbonée finale et de la rendre infusible, dans le procédé ex-brai, cette structure existe déjà et l’oxydation a pour fonction essentielle de faire passer la mésophase d’un état thermoplastique à un état infusible, afin de pouvoir procéder à la carbonisation. Cette opération est effectuée en présence d’oxygène à des températures de 150 à 250 oC. Figure 8 – Fibres de carbone ex-brai : textures « oignon » et « radiale » 1.3.2.2.2 Carbonisation et graphitisation Le traitement thermique s’effectue dans des conditions pratiquement semblables à celles du PAN. Le précurseur brai stabilisé est carbonisé, sous gaz inerte, jusqu’à des températures de l’ordre de 1 500 oC, pour obtenir de la fibre de carbone brute. Cette carbonisation peut être suivie d’une graphitisation au-delà de 2 000 oC pour obtenir des modules de traction plus élevés. Lorsque la température de carbonisation ou de graphitisation croît, le module de traction des fibres augmente, mais, contrairement aux fibres de carbone ex-PAN, sans passage par un maximum de la résistance en traction (figure 9). Cependant, le niveau moyen de la résistance en traction des fibres ex-brai reste très inférieur à celui des fibres ex-PAN [21]. La préexistence d’une structure riche en carbone dans le précurseur donne lieu à un mécanisme de carbonisation très différent. Le faible retrait des fibres n’oblige pas à les maintenir sous une tension élevée, mais une tension minimale est nécessaire pendant le procédé. Dans cette étape, seulement 20 à 30 % de la masse de brai oxydé sont éliminés sous forme de gaz. Ces gaz sont surtout constitués de dérivés carbonés. Après carbonisation, les fibres de carbone ex-brai possèdent un taux de carbone supérieur à celui des fibres de carbone obtenues à partir de PAN. 1.4 Comparaison des fibres de carbone ex-PAN et ex-brai Figure 9 – Effet de la température du traitement thermique sur les propriétés mécaniques en traction des fibres ex-brai (d’après [21]) Les fibres ex-brai sont encore actuellement produites au stade pilote ou semi-industriel. Les producteurs ont de grandes difficultés à obtenir des précurseurs de qualité constante, c’est-à-dire purifiés. À ces difficultés s’ajoutent les opérations de filage très délicates des brais. Au contraire, les fibres de PAN, qui bénéficient d’une technique de polymérisation et de filage issue de l’industrie textile, possèdent un plus haut degré de fiabilité en production industrielle. Elles possèdent une haute ténacité, une grande rigidité et une faible densité. Les procédés ex-brai permettent actuellement d’obtenir des filtres de carbone de haut module, dont la résistance en traction est limitée. Les procédés ex-PAN restent aujourd’hui techniquement inégalés dans la fabrication de fibres de carbone de haute (3 000 MPa) ou très haute ( 5 000 MPa) résistance en traction et à modules intermédiaires (de 230 à 300 GPa) (figure 10). Figure 10 – Comparaison des propriétés mécaniques en traction des fibres de carbone ex-PAN et ex-brai Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 7 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ 2. Propriétés physiques et chimiques L’utilisation des fibres de carbone s’est développée dans les matériaux composites utilisés comme matériaux à « hautes performances ». Les matériaux composites, comme les produits naturels tels que le bois et les os, sont hétérogènes et anisotropes. Ils sont aujourd’hui en concurrence avec les métaux, matériaux isotropes et homogènes. L’augmentation des connaissances acquises, liée à l’augmentation des expériences d’utilisation, a démontré que des structures très légères pouvaient être fabriquées à partir des matériaux composites. Ces matériaux peuvent même remplacer les métaux les plus légers tels que l’aluminium ou ses alliages. 2.1 Propriétés mécaniques Les fibres de carbone sont, en général, classées selon leurs propriétés mécaniques, les plus importantes étant les propriétés en traction. Il convient de distinguer celles obtenues sur les fils eux-mêmes de celles obtenues sur les matériaux composites. Dans le premier cas, les valeurs obtenues sont propres à la fibre, alors que, dans le second cas, l’influence de la matrice peut être déterminante. L’usage est de classer les fibres selon leurs propriétés en traction obtenues sur : — monofilament [22] ; — mèche « sèche », variante du précédent [23] ; — mèche imprégnée. 2.1.1 Propriétés en traction ■ La traction de monofilament est le test physique le plus significatif, puisqu’il caractérise l’élément de base de la fibre, le monofilament. Pour sa description, on se reportera aux normes correspondantes [Doc. A 2 210]. Cependant cet essai, très délicat à réaliser, convient mal pour un contrôle continu de qualité. ■ La difficulté de réalisation du test sur monofilament peut être contournée si l’on considère la distribution statistique des allongements à la rupture. Plutôt qu’un grand nombre d’essais individuels sur chaque monofilament, il suffit d’un essai de traction sur une mèche « sèche », par exemple sur une fibre commerciale composée de 3 000 monofilaments. Autrement dit, un seul essai est effectué sur un grand nombre de monofilaments à la fois. Cela est valable si les filaments sont initialement équitendus, ce qui suppose quelques précautions expérimentales. ■ Si les méthodes précédentes permettent une investigation théorique du matériau et l’établissement d’un lien avec des modèles micromécaniques, elles sont mal adaptées au contrôle continu de la qualité. C’est pourquoi la plupart des fabricants ont recours au test dit de traction sur mèche imprégnée. Après imprégnation par une résine, une mèche de fibres de carbone est chauffée selon diverses méthodes. La qualité de la mèche imprégnée doit être aussi régulière que possible. Le composite fabriqué à partir d’une seule mèche est testé. L’obtention des caractéristiques maximales de la fibre suppose que l’on utilise une résine dont l’allongement à la rupture soit au moins 2 à 3 fois supérieur à celui de la fibre. Cette méthode normalisée est, à de rares exceptions près, celle qui sert de référence pour le classement des fibres de carbone selon leurs propriétés en traction (tableau 3). Elle est également largement utilisée pour les autres fibres de renforcement telles que verre et aramides. 2.1.2 Classement des fibres de carbone selon leurs propriétés en traction Le contrôle de qualité des fibres de carbone en production porte pour l’essentiel sur les caractéristiques suivantes : — propriétés en traction ; — masse volumique ; — masse linéique ; — taux d’ensimage. Le critère de classement reste les propriétés en traction qui sont mesurées par : — le module d’élasticité (ou d’Young) en traction ; — la contrainte (ou résistance) à la rupture en traction ; — l’allongement à la rupture en traction. La classification des fibres de carbone d’après leurs propriétés en traction se fait en 5 catégories tout à fait arbitraires, mais correspond à l’historique de la mise au point des fibres : — d’usage général (fibres UG) : E < 200 — de haute résistance (fibre HR) : 200 E < 250 — de module intermédiaire (fibres MI) : 250 E < 400 — de haut module (fibres HM) : 400 E < 600 — de très haut module (fibre THM) : E 600 E désignant le module de traction en GPa. 2.1.3 Comparaison avec les autres fibres de renforcement Le tableau 4 présente, pour les fibres de carbone, de verre, d’aramide et de bore, quelques propriétés de base, données à titre indicatif. L’avantage des fibres de carbone sur les autres fibres résulte de leurs propriétés mécaniques. Cet avantage est conservé dans les matériaux composites. On remarquera en particulier : — le niveau très élevé des résistances et des modules en traction des fibres de carbone, en particulier des produits de nouvelle génération, « haute résistance » (T 800 H) ou « haut module » (M 40 J), comparés aux fibres de verre, d’aramide et de bore ; — le haut niveau de résistance en compression des fibres de bore ; — la faiblesse des fibres d’aramide en compression ; — le niveau plus élevé de la résistance au cisaillement interlaminaire des fibres de carbone ; — le relativement faible gain obtenu sur la résistance en compression des fibres de carbone de nouvelle génération, telles que les fibres T 800 H (Toray-Soficar), IMS (Toho Rayon), IM-7 (Hercules), qui peut être attribué à la manifestation de modes de rupture par microflambage, plus liés au module de traction dans le sens transversal ou de cisaillement, dont le niveau n’est pas augmenté (tableau 5). Avec un critère très simple tel que les propriétés en traction dans le sens des fibres, il est intéressant de comparer le rapport performance/masse des fibres par l’intermédiaire de la résistance et du module « spécifiques » qui correspondent à la résistance et au module divisés par la masse volumique du matériau. La présentation de ces propriétés spécifiques établit nettement la supériorité des fibres de carbone sur l’ensemble des autres matériaux composites unidirectionnels (UD) et des métaux (figure 11). 2.1.4 Comparaison avec les matériaux métalliques Comme nous l’avons déjà dit, il convient de comparer (tableau 6) les matériaux métalliques isotropes aux structures composites multidirectionnelles quasi isotropes ; le plus courant est de considérer des empilements (0/± 45/90) ns c’est-à-dire où l’on a disposé une 1re couche de fibres à 0o, puis une 2e à + 45 o, puis une 3e à – 45 o puis une 4e à + 90 o, et ainsi de suite n fois, de façon symétrique. (0) A 2 210 − 8 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE Tableau 3 – Propriétés en traction comparées des fibres de carbone commercialisées (1) Fabricant Nom commercial Toray (Asie) et Soficar (Europe) Amoco Performance Products (USA) HR HR HR HR MI HM HM HM HM HM HM 230 230 250 230 294 392 377 436 475 540 588 3 530 4 210 4 410 4 900 5 490 2 740 4 410 4 210 3 920 4 020 3 920 1,5 1,8 1,8 2,1 1,9 0,7 1,2 1,0 0,8 0,8 0,7 PAN Bestfight HTA UTS IMA IMS HMA HMS HR HR MI MI MI HM 238 240 295 290 358 414 3 950 4 900 4 100 5 750 3 100 3 600 1,5 2,0 1,4 1,9 0,6 0,7 PAN Magnamite AS-2 AS-4 IM-6 IM-7 IM-8 HMU UHMS HR HR MI MI MI MI HM 225 235 280 281 303 360 440 3 450 3 900 5 000 5 400 5 400 2 760 3 450 1,3 1,5 1,5 1,6 1,6 0,7 0,8 PAN T-300 T-650/35 T-650/42 T-40 T-50 HR HR MI MI HM 231 241 290 290 390 3 450 4 550 5 030 5 650 2 900 1,4 1,7 1,7 1,8 0,7 PAN AS30 TR40 MR40 MR50 SR40 34-700 HR HR MI MI HM HR 206 235 289 289 475 234 3 140 4 710 4 400 5 100 4 200 4 500 1,5 2,0 1,5 1,7 0,9 1,9 PAN UG UG 33 33 800 700 2,4 2,1 Brai 390 520 755 825 1 900 2 100 2 350 2 350 0,5 0,4 0,3 0,3 Brai Thornel Pyrofil (3) (Asie) Mitsubishi Rayon (Asie) (2) T 300 T 300J T 400H T 700S T 800H M 40 M 40J M 46J M 50J M 55J M 60J Tenax Hercules (USA) Module Torayca Toho Rayon (Asie) et Akzo (Europe) Allongement à la rupture (%) Précurseur (GPa) Résistance à la rupture (MPa) Classe Grafil (USA) Kureha Chemical (Asie) Kureca Amoco Performance Products (USA) Thornel T 101 F T 201 F P-55 S P-75 S P-100 S P-120 S HM HM THM THM (1) D’après les fiches techniques des producteurs. (2) HM : de haut module ; HR : de haute résistance ; MI : de module intermédiaire ; THM : de très haut module ; UG : d’usage général. (3) À chaque nuance de Pyrofil correspond une nuance équivalente de Grafil. (0) (0) (0) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 9 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ Tableau 5 – Propriétés mécaniques de composites unidirectionnels carbone/résine époxyde à température ambiante (doc. Toray) Fibre Torayca................................ T 300 Résine ........................................... 3631 (1) Teneur volumique en fibres (%) . 60 Densité du composite.................. Sens longitudinal Résistance en traction (MPa)...... Module de traction (GPa)............ Allongement à la rupture (%) ..... Résistance en compression (MPa)............................................. Module de compression (GPa)... Cisaillement interlaminaire (MPa) Sens transversal Résistance en traction (MPa)...... Module de traction (GPa)............ Allongement à la rupture (%) ..... Coefficient de Poisson ................ (1) (2) Figure 11 – Comparaison des propriétés spécifiques des composites unidirectionnels carbone/époxyde à celles des autres fibres et des métaux Tableau 4 – Propriétés comparées des composites unidirectionnels à base de résines époxydes (1) renforcées par différentes fibres Fibre Traction 0o (4) Compression Résistance au Masse 0o (4) cisaillement volumique Résistance Module Résistance interlaminaire (MPa) (GPa) (MPa) (MPa) (g/cm3) Carbone (2) T 300 ............ T 300 J ......... T 400 H......... T 800 H......... M 40............. M 40 J.......... M 60 J.......... 1,53 1,54 1,56 1,56 1,57 1,54 1,64 1 760 2 050 2 450 2 840 1 180 2 250 1 860 125 125 135 150 215 215 340 1 370 1 370 1 470 1 570 930 1 130 780 100 100 100 100 80 90 70 Verre E ................... R ................... 2,04 2,01 1 400 1 900 46 52 910 970 70 70 Aramide (3) KEV 49 ......... 1,38 1 380 72 276 60 Bore............. 2,01 1 700 220 2 400 100 (1) (2) (3) (4) o T 800H 60 1,53 1,55 60 1,53 1 760 135 1,3 1 570 2 840 160 1,6 1 570 2 850 160 1,7 1 650 125 100 145 100 145 100 80 7,8 1,0 0,34 80 7,8 1,0 0,34 80 7,8 1,0 0,34 Résine époxyde, classe 180 oC, produite par Toray. Résine époxyde ductile, classe 180 oC, produite par Toray. Tableau 6 – Comparaison des caractéristiques mécaniques d’un alliage d’aluminium et des composites à renfort carbone de première (T 300) et de deuxième générations (T 800H ) (doc. Toray) Composites (0 / ± 45 / 90)ns Alliage d’aluminium 7075-T6 (2) Fibres de carbone..................................... Taux volumique de fibres (%) ................. Résine époxyde......................................... T 300 60 3601 (1) T 800H 60 3900-2 (1) Masse volumique du matériau (g/cm3). 1,53 1,55 2,8 50 60 70 555 325 47 820 660 55 540 460 70 660 350 660 350 440 440 490 160 190 100 490 150 440 95 440 440 490 370 Propriétés mécaniques Module de traction (GPa) ........................ Résistance en traction (MPa) : — sans trou .......................................... — avec trou.......................................... Module de compression (GPa)............... Résistance en compression (MPa) : — sans trou .......................................... — avec trou.......................................... Résistance en compression/choc (67 J/cm) : — avant choc (MPa)........................... — après choc (MPa) .......................... Force de pénétration avant choc (N) .... Force de pénétration après choc (N) .... (1) Résines époxydes définies dans le tableau 5. (2) T6 désigne le traitement thermique. Résines époxydes, classe 180 C (endurance thermique selon la norme CEI 216). Taux volumique de fibres : 60 %. Fibres Torayca produites par Toray. Fibres Kevlar produites par Du Pont. Dans le sens longitudinal. A 2 210 − 10 T 800H 3631 (1) 3900-2 (2) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE 2.1.4.1 Propriétés statiques Le choix entre métal et matériaux composites doit tenir compte des conditions d’utilisation qui peuvent être, par exemple dans l’aéronautique : — les conditions d’équilibre hygrothermique (baisse de la température de transition vitreuse de la résine du composite après vieillissement dans les conditions d’utilisation, se traduisant par un abaissement des propriétés mécaniques) ; — l’endommagement par première rupture d’une couche, en général à 90 o (first ply failure) ; — l’endommagement par un délaminage préexistant et la propagation de cet endommagement sous contrainte statique ou dynamique ; — l’endommagement consécutif à un choc ; — la sensibilité aux contraintes autour d’un trou [tests dits de traction trouée et de traction trouée habitée (vis...)]. Dans le cas d’un dimensionnement privilégiant les critères de rigidité, les composites carbone/résine époxyde de première génération (fibres de carbone de type T 300 ) sont déjà compétitifs en termes de propriétés spécifiques. Par contre, si les critères de tenue en compression et de résistance aux chocs sont privilégiés, l’avantage reste aux matériaux métalliques. 2.1.4.2 Propriétés dynamiques Une des qualités des composites renforcés de fibres de carbone est leur excellente tenue en fatigue. Bien qu’il soit difficile de trouver des comparaisons fiables sur la résistance en fatigue des matériaux, du fait des grandes différences de types de sollicitations appliquées et de la difficulté d’exploitation des résultats, il est possible d’en tirer les renseignements suivants. Pour un nombre élevé de cycles, par exemple 107, les rapports de la résistance après l’essai de fatigue à la résistance statique sont, selon la référence [24] : — de 0,35 pour les alliages légers ; — de 0,40 à 0,50 pour les aciers et l’alliage de titane TA 6V ; — de 0,70 à 0,90 pour les composites quasi isotropes fibres de carbone/résine époxyde. Tableau 7 – Résistivité transversale des fibres de carbone (d’après les fiches techniques) Fibre Précurseur Type Torayca T 300 Torayca M 40 Thornel P 55-S Thornel P 75-S Thornel P 100-S PAN PAN Brai Brai Brai HR HM HM HM THM Graphite Résistivité volumique (Ω · cm) Monocristallin 1,8 8 7 5 2,5 × 10 – 3 × 10 – 4 × 10 – 4 × 10 – 4 × 10 – 4 4 × 10 – 5 2.2.2 Propriétés thermiques 2.2.2.1 Résistance à l’oxydation Par nature, les fibres de carbone sont sensibles aux agents oxydants, mais la cinétique d’attaque dépend beaucoup de l’histoire thermique de la fibre, de sa composition chimique et de sa microtexture. Le développement de matériaux composites à base de résines de haute tenue en température (polyimides, polystyrylpyridine) a conduit à déterminer la résistance des fibres à l’oxydation dans l’air à haute température et des normes d’essais ont été publiées [Doc. A 2 210]. La microtexture à la périphérie du monofilament joue sans doute un rôle prédominant, mais aucune étude ne précise ce point. À titre d’exemple, nous présentons des courbes de perte de masse à 375 oC dans une étuve ventilée, d’après [27], obtenues par analyse thermogravimétrique de diverses fibres de carbone commerciales préalablement désensimées (figure 12). À d’autres températures et dans des conditions expérimentales différentes, les résultats peuvent évoluer [28]. 2.2 Autres propriétés physiques 2.2.1 Propriétés électriques 2.2.1.1 Conductivité électrique La conductivité électrique d’une fibre de carbone dépend directement de sa microstructure, en particulier de la taille des USB et de la continuité axiale des soudures. À cause de leur structure plus proche du graphite et de leur texture oignon ou radiale, les fibres ex-brai ont une conductivité électrique plus élevée que les fibres ex-PAN, donc une résistivité plus faible (tableau 7). (0) Globalement la conductivité électrique des fibres de carbone est de deux ou trois ordres de grandeur inférieure à celle des métaux [23]. 2.2.1.2 Comportement vis-à-vis des ondes électromagnétiques L’utilisation des fibres de carbone est connue au travers d’applications concernant le blindage électromagnétique. Pour les fréquences s’étageant de 100 à 1 000 MHz, l’atténuation en termes de puissance absorbée varie entre 30 et 50 dB pour une masse surfacique du préimprégné de 34 g /m2 [26]. Figure 12 – Tenue à l’oxydation de fibres de carbone désensimées sous air à 375 oC (d’après [27]) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 11 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ 2.2.2.2 Conductivité thermique et coefficient de dilatation volumique Comme dans le cas de la conductivité électrique, la conductivité thermique varie avec le degré de graphitisation de la fibre. Quelques valeurs sont données dans le tableau 8. On remarquera le niveau élevé de la conductivité thermique des fibres de carbone ex-brai. Aux environs de la température ambiante, le coefficient de dilatation thermique volumique ou CTE (coefficient of thermal expansion) dans le sens longitudinal est proche de zéro. Il devient de plus en plus négatif au fur et à mesure de l’augmentation du degré de graphitisation des fibres de carbone. Au-dessus de 700 oC, le CTE de toutes les fibres de carbone est positif. (0) Tableau 8 – Conductivité thermique et coefficient de dilatation thermique volumique des fibres de carbone (1) Conductivité thermique Fibre Précurseur Torayca T 300 Torayca M 40J Thornel P 55-S Thornel P 75-S Graphite PAN PAN Brai Brai Type m–1 (W · Long. (2) HR HM HM HM Monocristallin 2 600 K –1) · Trans. (3) 6,3 40 100 520 Coefficient de dilatation thermique volumique 0,7 1,2 100 (10–6 Long. (2) autre possibilité est le dépôt chimique en phase vapeur (DCPV). Dans ce procédé, chaque cycle successif comporte le craquage thermique d’un hydrocarbure léger sous pression à haute température et un écroûtage intermédiaire. L’adhérence de la matrice carbone sur les fibres de carbone est obtenue au cours des imprégnations et des cuissons successives. Les propriétés des composites carbone/carbone recherchées sont, outre la faible masse volumique du matériau (entre 1,5 et 2 g/cm3 ), essentiellement des propriétés thermomécaniques hors du commun jusqu’à des températures de plus de 2 000 oC (tableau 9) : — bonne résistance à l’abrasion oxydante ; — bonne tenue aux chocs thermiques (passages possibles de la température ambiante à plus de 2 000 oC dans les applications freinage) ; — coefficient de frottement élevé ; — très grande conductivité thermique (double de celle de l’acier). (0) Tableau 9 – Propriétés des composites carbone/carbone (d’après notice technique, le Carbone-Lorraine) Masse volumique (g /cm3)................................... 1,4 à 2,0 K –1) Résistance en traction (MPa) .............................. 60 à 700 Trans. (3) Module de traction (GPa) .................................... 15 à 380 Résistivité (en 10– 3 Ω · cm) ................................. 0,5 à 3,0 Coefficient de frottement : à sec ...................................................................... C/C contre acier lubrifié....................................... C/C contre C/C...................................................... 0,15 0,03 0,16 à 0,20 0,3 0 – 0,9 – 1,3 36 34 – 1,5 7 (1) D’après les fiches techniques des producteurs. (2) Dans le sens des fibres. (3) Dans le sens transversal. Nota : pour plus de détails sur les composites carbone/carbone, se reporter à l’article Matériaux composites thermostructuraux [A 7 804] dans ce traité. 2.2.3 Transparence aux rayons X La faible masse atomique du carbone conduit à une absorption des rayons X six fois moindre que celle de l’aluminium. Cette particularité est mise à profit dans les applications de type médical (§ 4). 3. Matériaux particuliers 3.1 Composites carbone /carbone Comme leur nom l’indique, il s’agit de matériaux dont le renfort est la fibre de carbone, la matrice étant du carbone amorphe. Le renfort de fibres de carbone est sous forme de tissu, feutre ou mat. Certains procédés partent de textures en PAN oxydé qui subissent ensuite un cycle de carbonisation [29]. Il n’est pas question ici d’entrer dans le détail des technologies – fort complexes – de fabrication de ces matériaux. Nous en indiquons cependant les grandes lignes (figure 13). La matrice carbone est déposée par imprégnation de brais liquides ou de résines phénoliques. Une pyrolyse sous atmosphère neutre permet, au cours de cycles successifs, de densifier soit à basse pression et à haute température, soit à haute pression et à des températures très élevées. Ces cycles sont destinés à remplir de carbone amorphe les interstices entre les fibres. Une A 2 210 − 12 Figure 13 – Principe du procédé de fabrication des composites carbone-carbone (source : Le Carbone-Lorraine) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE 3.2 Fibres de carbone métallisées Les plus classiques sont les fibres de carbone nickelées ou cuivrées. Le dépôt métallique d’environ 0,4 µm (sur des filaments de 7 µm de diamètre) est réalisé par électrodéposition, chimidéposition ou dépôt à haute température, de 1 500 à 2 000 oC, de la plupart des oxydes métalliques. L’intérêt principal des fibres ainsi obtenues est leurs conductivités thermique et électrique supérieures à celles de la fibre qui sert de substrat. 4. Marchés et applications 4.1 Production mondiale Les principaux producteurs, leur implantation mondiale, leurs marques commerciales et leurs capacités sont donnés sous forme de tableaux en [Doc. A 2 210]. La construction d’une unité de fibres de carbone doit être considérée comme un investissement lourd. Environ 300 MF étaient nécessaires en 1992 pour une unité de 350 t /an (donnée Soficar). Les capacités de production n’ont pas cessé d’augmenter jusqu’en 1990. Depuis deux ans, la tendance est à la stabilisation, voire à la décroissance. En effet, la demande mondiale qui provenait principalement des industries de hautes technologies, telles que par exemple l’aéronautique et l’espace incluant des applications civiles et militaires, a augmenté très fortement de 1970 à 1990. Depuis deux ans, ces marchés subissent une importante récession. Actuellement (1993), nous assistons à une bataille de prix et de compétitivité qui oblige certains producteurs, les plus faibles financièrement, à arrêter partiellement ou totalement leur production. D’autres reconsidèrent leur stratégie. Cependant, les perspectives à long terme du marché des fibres de carbone de hautes performances demeurent positives. Des applications industrielles nouvelles, issues d’un prix des matières premières plus compétitif et de meilleures connaissances du comportement des matériaux composites, de nouvelles technologies de transformation, comme par exemple les fibres imprégnées de matrice thermoplastique ou FIT, brevetées par Atochem [30] permettront l’émergence de nouvelles applications. 4.2 Marchés Si le marché principal mondial en 1992 des fibres de carbone reste l’aéronautique, il convient de considérer certaines particularités géographiques (figure 14). Cette vue globale masque la complexité du circuit commercial entre le fabricant de fibres et l’utilisateur final [31]. Cette complexité correspond aux divers types de mise en œuvre des matériaux composites comme, par exemple, le tissage, l’imprégnation, la pultrusion, l’enroulement filamentaire, le FIT... Cela se traduit par l’existence d’une palette étendue de semi-produits où des industries spécialisées, par exemple dans le tissage et l’imprégnation, tiennent une place prépondérante. 4.3 Principales applications 4.3.1 Aéronautique et espace Les premières utilisations des composites à renfort carbone dans l’aéronautique ont commencé dès 1968 à la fois en Europe avec les pales de l’hélicoptère Gazelle de L’Aérospatiale et les trappes d’accès des avions de chasse Vautour, et aux États-Unis avec les volets d’atterrissage du A- 4 de McDonnel-Douglas. Suite aux résultats Figure 14 – Répartition du marché des fibres de carbone en 1992 (estimation Soficar) encourageants de ces applications et aux gains de masse et d’énergie obtenus, L’Aérospatiale a réalisé à partir de 1973 des éléments en composite à renfort carbone pour le supersonique Concorde. C’est ainsi que des élevons, trappes du train principal, divers carénages et une extrémité de voilure furent fabriqués, testés et certifiés dans le but d’une application en série. Si les connaissances acquises n’ont pas encore été concrétisées sur d’autres avions de transport supersoniques, ces expériences sont la base des développements des produits composites sur les avions ATR et Air-Bus. Les matériaux composites utilisés font appel majoritairement aux fibres de carbone, ces dernières pouvant être associées aux fibres de verre ou d’aramide, d’où la richesse des possibilités techniques des matériaux composites [32] [33] [34]. Les fibres de carbone, en association avec des résines ignifuges telles que les résines phénoliques, peuvent remplacer avantageusement les fibres d’aramide dans des pièces d’habillage à l’intérieur de la carlingue. Les premières applications ont concerné des pièces dites secondaires au sens de la certification : aérofreins, déflecteurs (spoilers ), capotages, bords d’attaque, trappes d’accès, puis des pièces plus volumineuses comme les gouvernes (rudder ). Les programmes ont ensuite évolué vers la fabrication de pièces dites primaires comme les dérives verticales ou horizontales et les extrémités de la voilure principale dans le cas de l’ATR 72 [35]. Les critères de dimensionnement de ces pièces font qu’il est possible d’utiliser des fibres de carbone de première génération de type T 300, T 300J ou HTA. Néanmoins, pour aller plus loin, il est nécessaire de disposer de matériaux plus performants. Les produits de seconde génération, telles les fibres « haute résistance » de type T 800H, IMS, IM7, ou celles « haut module » de type M 40J, ont permis d’effectuer un saut quantitatif important pour les futures utilisations des fibres de carbone, grâce à l’augmentation de la déformation admissible de ces matériaux. Eurocopter fabrique aujourd’hui des pales d’hélicoptères avec des matériaux composites renforcés de fibres de carbone « haut module » [36]. Actuellement, dans les avions civils, la part des matériaux composites peut s’élever jusqu’à 15 % en masse de la structure. Il est prévu qu’elle augmente encore. Selon une étude de la NASA [37] et les documentations de la société Dassault, elle devrait se situer entre 35 et 50 % dans les programmes des avions militaires de l’an 2000. Dans le cas des hélicoptères (Eurocopter), ce pourcentage pourrait être supérieur (figure 15). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 13 FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ Figure 15 – Évolution de l’utilisation des matériaux composites dans l’aéronautique (d’après [37] et doc. Dassault, Aérospatiale, Eurocopter) Il convient également d’évoquer l’utilisation intensive de freins en composites carbone/carbone qui apportent un gain de poids appréciable. L’industrie spatiale utilise aussi de tels composites : les navettes spatiales sont thermiquement protégées par des revêtements en carbone /carbone et les propulseurs à poudre d’Ariane V seront équipés de tuyères dans ce même matériau (SEP). Les bras des antennes de satellites sont en fibres de carbone « haut module ». Un avenir prometteur dans ce domaine réside dans les futures stations orbitales. 4.3.2 Sport — Biomédical : • supports et accessoires liés à la transparence des fibres de carbone aux rayons X et aux rayons γ [40] ; • prothèses internes liées à la biocompatibilité du matériau [41]. — Robotique : antennes paraboliques. — Mécanique : nombreuses petites pièces dont les caractéristiques sont la stabilité thermique et dimensionnelle, la résistance au frottement et les propriétés antistatiques. — Outillage : Comme déjà signalé en introduction, les articles de sport ont joué un rôle important lors du démarrage et dans le développement de l’utilisation des fibres de carbone. Abstraction faite de l’effet de mode ou de l’aspect commercial, il est incontestable que les matériaux composites à renfort carbone ont apporté des améliorations techniques. À titre indicatif, nous pouvons citer les exemples suivants : — raquettes de tennis : possibilité de jouer avec de grands tamis [38] ; — cannes à pêche : alliance de légèreté, de rigidité et de toucher ; — vélos : alliance de légèreté, de rigidité et de nervosité ; — marine : mâts, coques et pièces maîtresses de bateaux de compétition – America Cup – [39] ; — automobiles : coques en fibres de carbone et freins en carbone/carbone des véhicules de Formule 1, etc. A 2 210 − 14 4.3.3 Autres applications la fabrication de pièces de grandes dimensions en composite à renfort carbone nécessite des outillages dans ce même matériau (surtout dans l’industrie aéronautique). — Transports : • automobile : arbres de transmission [42] de certains véhicules (Renault Espace) ; • réservoirs LPG en composites ; • trains, TGV à deux étages : structure prévue en composite à renfort carbone. — Nucléaire : ultracentrifugeuses en carbone et éléments de la première paroi de réacteur en carbone / carbone [43]. — Bâtiment : bétons renforcés de fibres courtes et blindage électromagnétique de bâtiments par incorporation en façade de mats de carbone. Ces applications sont surtout développées au Japon et aux États-Unis [44] [45] [46] [47]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE 5. Conclusion À propos des coûts de fabrication des fibres de carbone par des procédés ex-brai et ex-PAN, il serait prématuré de donner une conclusion. Cependant, compte tenu des difficultés techniques d’obtenir des précurseurs de qualité constante et de la difficulté des opérations de filage, une incertitude plane sur les coûts finaux de production du procédé ex-brai. Nous constatons aujourd’hui que le marché des fibres de carbone est largement dominé par des producteurs utilisant le précurseur PAN. Si les propriétés des fibres de carbone ont été grandement améliorées, il reste à améliorer les propriétés et la connaissance des matériaux composites. D’où la nécessité d’une recherche intégrant fibres, matrices et interfaces, sans oublier les procédés de fabrication des produits finis [48]. De nombreuses applications à base de fibres de carbone restent à développer. Il ne s’agit certes pas de vouloir utiliser des fibres de carbone dans n’importe quelle application ; la considération du rapport performance/coût reste prépondérante en y intégrant tous les coûts de fabrication, de contrôle et de maintenance. De nombreuses applications potentielles dans les futurs programmes aéronautiques [49] seront non seulement à base de composites à fibres de carbone mais aussi à base de composites à renfort carbone associé à d’autres fibres dont les caractéristiques sont complémentaires. Concernant d’autres marchés potentiels, nous citerons les nombreux tests en cours dans l’industrie pétrolière off-shore [50] [51], le bâtiment [52] et les transports [53]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites A 2 210 − 15 P O U R Fibres de carbone par E N Jean LUYCKX Ingénieur CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) (Chimie Industrielle) Détaché par Elf Atochem à la Direction Technique de la société Soficar, en charge des qualifications aéronautiques et du développement Données économiques ■ Prix des fibres Il fluctue fortement en fonction des qualités produites, des coûts de contrôle et d’essais exigés par les clients. Depuis 1988, les prix moyens des fibres ex-PAN de haute résistance (HR), de module intermédiaire (MI) et de haut module (HM) ont globalement été divisés par deux voire trois, tandis que l’amélioration des connaissances et des technologies a permis des augmentations significatives des propriétés mécaniques. ■ Évolution du marché des fibres de carbone base PAN de 1992 à 2000 1992 1996 2000 Amoco (USA) ...................................... 950 1 150 Akzo (USA) .......................................... 365 2 270 2 270 Hercules/Hexcel (USA) ....................... 1 715 1 715 1 715 Avec l’arrivée de la crise économique dans les années 1992-1995, touchant particulièrement l’industrie aéronautique, qui a fait fortement chuter les prix et occasionner le retrait de certains producteurs du marché (Courtaulds, BASF, Asahi Kasei, etc.), les principaux producteurs de fibres de carbone ont cherché à se diversifier dans de nouvelles applications industrielles. Mitsubishi (J + USA)........................... 820 1 900 3 400 Toray (J + E) ........................................ 2 610 3 700 7 300 Toho (J + E) ......................................... 2 500 3 700 5 100 ■ Augmentation des capacités de production Le tableau A montre l’augmentation de la demande au cours des cinq dernières années, demande qui va continuer de croître dans les années futures. Depuis fin 1995, les unités de production de fibres de carbone sont saturées. Depuis le début 1996, la demande est supérieure à l’offre, et les principaux producteurs ont décidé d’augmenter leur capacité de production dès la fin 1996. Pour partie, ces nouvelles capacités sont opérationnelles depuis le début de 1997 et d’autres viendront en 1999. 1 - 1999 Années Capacités nominales de production (1) (2) (3) Pendant ces cinq dernières années, les fibres de carbone obtenues à partir d’une base PAN (polyacrilonitrile) ont accentué leur domination sur les fibres obtenues à partir des bases brai et autres matières premières (viscose, résidus pétroliers, etc.). Ces nouveaux marchés ont été, entre autres, les marchés du bâtiment et des travaux publics, pour lesquels les premières applications ont été faites au Japon dès 1984. Doc. A 2 210 Tableau A – Évolution des capacités de production et de la consommation des fibres de carbone dans le monde [(en tonnes), d’après Asian Chemical News (3 mars 1997)] Les principales augmentations de capacités nominales programmées fin 1997 sont les suivantes : — Toray : + 1 800 t /an au Japon (1998) et + 1 800 t /an aux USA (1999 nouveau site industriel) ; — Toho : + 1 000 t /an en Europe (1998) et + 200 t /an (1998) au Japon ; — Akzo : + 1 000 t /an aux USA (1998) à base de PAN textile ; — Mitsubishi : + 1 500 t /an au Japon (1998) ; — Zoltek : + 1 000 t /an en Europe (1998) à base de PAN textile. Compte tenu de ces données, dans quelques années, la différence de consommation des fibres de carbone du secteur aéronautique et de l’industrie, actuellement servie partiellement, sera encore plus accentuée. 1 850 Autres................................................... 2 160 810 1 810 Total ..................................................... 11 120 15 245 23 445 1 800 3 761 3 582 9 143 2 100 3 900 6 809 12 809 Consommation mondiale Aéronautique (4) ................................. Sport (4) ............................................... Industrie (4) ......................................... Total ..................................................... 2 350 2 250 1 900 6 500 (1) Capacité nominale : un seul type de fibres est fabriqué. Mixt products : tous les types de fibres sont fabriqués, ce qui entraîne l’arrêt de l’unité pour changer les bases d’où une réduction de la capacité de production. (2) Capacité réelle de production (mixt products) = capacité nominale multipliée par 0,6 à 0,8. (3) USA : États-Unis ; J : Japon ; E : Europe. (4) Données Soficar. De nombreuses études et des investissements lourds seront nécessaires à la mise au point des procédés de transformation de ces nouvelles fibres. Le rôle des préimprégnateurs et des autres transformateurs sera sans doute déterminant. Pour les cinq prochaines années, le taux de croissance global de la consommation des fibres de carbone devrait être supérieur à 10 % par an. Pour servir les demandes industrielles, de nouvelles fibres de carbone fabriquées à partir de PAN textile (de 50 000 à 320 000 monofilaments) apparaissent. Si ces fibres ont des caractéristiques mécaniques moindres, d’après leurs fabricants, les coûts de production en sont plus faibles. Il est difficile de savoir aujourd’hui si les fibres à larges mèches seront une alternative partielle aux fibres de carbone principalement produites aujourd’hui (de 3 000 à 24 000 monofilaments). (0) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites Doc. A 2 210 − 1 S A V O I R P L U S P O U R FIBRES DE CARBONE Références bibliographiques [1] [2] E N [3] [4] S A V O I R [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] P L U S ___________________________________________________________________________________________________________________ [12] [13] [14] [15] [16] [17] JOHNSON (J.W.), PHILLIPS (L.N.) et WATT (W.). – (Fibres de carbone orientées). Brevet anglais no 1110791, avril 1964. BACON (R.) et MOSES (C.T.). – Carbon fibres, from light bulbs to outer space. Symposium de l’American Chemical Society, New York, 18, avril 1986. 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Depuis 1987, un groupe de travail spécialisé de l’ISO élabore des normes internationales. Depuis 1991, une instance similaire s’est créée au CEN (Comité Européen de Normalisation). Les normes sur les fibres de carbone sont de deux types : — méthodes d’essais : elles reprennent les méthodes utilisées en contrôle de qualité par les fabricants ou les utilisateurs ; — spécifications : elles ont pour objet de définir les conditions de contrôle des produits, leur classification ou leur désignation ainsi que les valeurs minimales et maximales à atteindre pour leurs propriétés. Elles proviennent essentiellement des utilisateurs de l’aéronautique. Le tableau B présente les principales normes françaises, allemandes, japonaises et américaines, ainsi que les normes internationales correspondantes. Signalons par ailleurs les normes expérimentales françaises depuis 1992 concernant les tissus de carbone : T 25-200, -205, -210, -216, -220, -225, -230, -240 Doc. A 2 210 − 2 Rappelons également les méthodes normalisées par l’AFNOR pour le contrôle des composites à renfort carbone : — fabrication des plaques ................................................................ T 57-300 — traction .......................................................................................... T 57-301 — flexion ............................................................................................ T 57-302 — cisaillement interlaminaire .......................................................... T 57-303 Mentionnons également les travaux d’associations spécialisées telles que SACMA aux États-Unis ou AECMA en Europe. Nota SACMA : Suppliers of Advance Composite Materials. AECMA : Association Européenne des Constructeurs de Matériels Aéronautiques. SACMA, association américaine de fournisseurs, s’intéresse plus aux méthodes d’essais qu’aux spécifications ; en Europe, au contraire, l’intérêt de l’association d’utilisateurs qu’est l’AECMA se porte davantage sur les spécifications. (0) Sans entrer ici dans le détail de ces normes, les commentaires suivants peuvent être donnés : en ce qui concerne les méthodes d’essais, le présent article ne traite que des différentes caractéristiques physico-chimiques des fibres de carbone et des normes destinées à les déterminer. Quant aux Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites ___________________________________________________________________________________________________________________ FIBRES DE CARBONE Tableau B – Normes publiées concernant les fibres de carbone Thème AFNOR ■ Normes d’essais Traction mèches imprégnées ........................................ Traction monofilament................................................... Masse volumique ........................................................... Masse linéique ................................................................ Taux d’ensimage ............................................................ Torsion............................................................................. Diamètre des filaments .................................................. Résistance à l’oxydation thermique .............................. Analyse élémentaire ....................................................... Conductivité électrique .................................................. pH d’extraction de l’eau ................................................. JIS ASTM (3) ISO (4) (1) (2) Sect. 15 TC 61 SC 13 NF T 25-101 25965 R 7601 D 4018 NF ISO 11566 65382 R 7601 D 3379 NF ISO 40119 29965 R 7601 D 3800 NF T 25-103 29965 R 7601 D 3317 NF EN ISO 10548 29965 ................................. D 4102 ................................. 29965 R 7601 D 1423 NF ISO 11567 53811 R 7601 ................................. ................................. 29965 ................................. D 4102 T 25-107 ................................. ................................. R 7601 ................................. ................................. R 7601 ■ Normes de spécifications Vocabulaire et définitions .............................................. Désignation ..................................................................... Bases de spécifications .................................................. Fiches techniques produits/spécifications ................... NF ISO 472 A5 NF T 25-110 T 25-108 T 25-109 ■ Texture et structure Généralités ...................................................................... Analyse par diffraction des rayons X ............................ Analyse azimutale par diffraction des rayons X .......... Fractographie par microscopie électronique ............... Examen microscopique en lumière polarisée .............. Analyse par microdiffraction ......................................... Détermination des éléments métalloïdiques ............... T 25-111-1 T 25-111-2 T 25-111-3 T 25-111-4 T 25-111-5 T 25-111-6 T 25-112 (1) (2) (3) (4) DIN 65184 65184 65184 ................................. ................................. 10618 (projet) 11566 10119 1889 10548 472 A5 65579 NF ISO 11567 11-97 Fibres de carbone. Détermination du diamètre et de l’aire de la section transversale des filaments (remplace NF T 25-106, 10-89). Indice de classement : T 25-106. Pour plus de détails, se reporter aux articles Essais mécaniques des plastiques [AM 3 510] [AM 3 511] [AM 3 512] [AM 3 513] dans ce traité. D’une façon générale, il serait souhaitable que soient établies à moyen terme des normes internationales grâce aux travaux menés par l’ISO. T 25-107 9-87 Fibres de carbone. Analyse chimique. Détermination des impuretés métalliques. Association française de normalisation (AFNOR) T 25 Fibres de renfort autres que le verre T 25-108 9-85 Fibres de carbone. Guide pour l’établissement des spécifications. T 25-109 10-86 NF T 25-110 10-89 Fibres de carbone. Désignation. T 25-111-1 12-91 Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 1 : généralités. NF EN ISO 1886 1-95 Fibres de renfort. Méthodes d’échantillonnage pour le contrôle de réception de lots (remplace T 25-001, 10-87). Indice de classement : T 25-001. Fibres de carbone. Spécifications techniques. T 25-002 12-90 Fibres de renfort. Tissus secs. Défauts d’aspect. Définition et évaluation. T 25-111-2 12-91 T 25-003 12-92 Fibres de renfort. Fires de verre, de carbone et d’aramide. Vocabulaire bilingue (français-anglais). Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 2 : analyse par diffraction des rayons X. T 25-111-3 12-91 NF ISO 10119 10-96 Fibres de carbone. Détermination de la masse volumique (remplace NF T 25-100, 9-87). Indice de classement : T 25-100. Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 3 : analyse azimutale par diffraction des rayons X. T 25-111-4 12-91 Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 4 : fractographie par microscopie électronique. NF T 25-101 10-86 Fibres de carbone. Essai de traction sur fil (mèche continue) imprégné. T 25-111-5 12-91 Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 5 : examen microscopique en lumière polarisée. NF ISO 11566 11-97 Fibres de carbone. Détermination des propriétés en traction sur éprouvette monofilament. Indice de classement : T 25-102. T 25-111-6 12-91 Fibres de carbone. Texture et structure. Partie 6 : analyse par microdiffraction. NF T 25-103 9-87 Fibres de carbone. Détermination de la masse linéique. T 25-112 9-89 Fibres de carbone. Analyse chimique. Détermination des éléments métalloïdiques (norme commune DIN 65579). NF EN ISO 10548 5-96 Fibres de carbone. Détermination du taux d’ensimage (remplace NF T 25-104, 10-89). Indice de classement : T 25-104. T 25-200 10-86 Fibres de carbone. Tissus et nappes. Guide pour l’établissement des spécifications. 10-96 Plastiques. Vocabulaire. Amendement 5 : termes relatifs aux fibres de carbone (remplace NF T 25-105, 10-89). Indice de classement : T 25-105. T 25-201 9-92 Fibres de carbone. Tissus à base de fils. Généralités et tableau synoptique. T 25-205 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Toile de 93 g/mètre carré. Spécification. NF ISO 472 A5 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites E N 11567 Deutsches Institut für Normung. Japanese Industrial Standardization. American Society for Testing and Materials. International Organization for Standardization. propriétés en traction, il existe encore des divergences entre les différentes normes nationales en ce qui concerne le calcul du module en traction. P O U R Doc. A 2 210 − 3 S A V O I R P L U S P O U R E N FIBRES DE CARBONE ___________________________________________________________________________________________________________________ T 25-210 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Toile unidirectionnelle de 160 g/mètre carré. Spécification. T 25-216 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Toile de 193 g/mètre carré. Spécification. T 25-220 9-92 T 25-225 T 57 Composites plastiques T 57-300 9-88 Plastiques. Composites à renfort carbone. Tissus et nappes préimprégnés. Fabrication et contrôle des plaques d’essai. Fibres de carbone. Tissus. Satin de 4 de 220 g/mètre carré. Spécification. T 57-301 9-88 Plastiques. Composites à renfort carbone. Détermination des caractéristiques en traction. 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Satin de 5 de 285 g/mètre carré. Spécification. T 57-302 12-89 T 25-230 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Satin de 8 de 370 g/mètre carré. Spécification. Plastiques. Composites à renfort carbone. Détermination des caractéristiques en flexion. Méthode des 3 pannes. T 57-303 12-89 T 25-240 9-92 Fibres de carbone. Tissus. Satin de 8 de 375 g/mètre carré. Spécification. Plastiques. Composites à renfort carbone. Détermination de la contrainte de cisaillement interlaminaire. Méthode par flexion sur appuis rapprochés. S A V O I R P L U S Doc. A 2 210 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites