[Accroche]
Selon l’historien Fernand Braudel (1902-1985), l’histoire de l’Europe est rythmée par une
succession d’économies-monde du XI au XIX siècle. Il désigne ainsi un espace, caractérisé par
l’intensité des relations commerciales et économiques entre ses différentes composantes, qui
cherche à étendre son influence à l’échelle mondiale ; il est organisé autour d’un centre rayonnant
sur des périphéries plus ou moins intégrées.
[Définition du sujet et problématique]
Durant la période comprise entre le milieu du XIX siècle et 1914, la Grande-Bretagne
s’affirme comme la première puissance économique européenne et mondiale. Dans quelle mesure
le monde britannique, organisé autour de ce territoire, est-il une économie-monde ?
[Annonce du plan]
Nous répondrons à cette problématique en présentant d’abord le fonctionnement de cet
espace, puis ses fondements, avant d’en décrire les limites.
I. Le monde britannique, un fonctionnement d’économie-monde
1. Un centre, des périphéries
* La Grande-Bretagne est la première puissance économique mondiale durant la seconde moitié
du XIX siècle. Londres est une métropole économique mondiale (siège de bourse des valeurs,
des bourses de commerce, des grandes entreprises) qui fait figure d’hyper-centre.
* L’Irlande, unie à la Grande-Bretagne au sein du Royaume-Uni, est une périphérie proche et
intégrée.
* En périphérie lointaine mais intégrée, l’Empire colonial, composé en 1914 des colonies et des
dominions (territoires autonomes sous tutelle britannique), est situé sur tous les continents.
* L’ « Empire informel » qui désigne tous les territoires sous influence britannique (en particulier
les Etats-Unis, l’Amérique latine et la Chine), représente les périphéries lointaines en cours
d’intégration.
2. D’intenses flux entre le centre et les périphéries
* Des flux commerciaux : la Grande-Bretagne exporte des produits industriels et importe des
produits bruts (produits agricoles, matières premières, métaux). Ils sont à l’origine de véritables
dépendances : à la fin du XIX siècle, la Grande-Bretagne assure 80% des échanges extérieurs de
la Nouvelle-Zélande.
* Des flux financiers : la Grande-Bretagne investit dans l’ensemble du monde britannique. Au début
du XX siècle, elle est ainsi le premier investisseur étranger en Chine (1/3 des investissements).
* Des flux migratoires : des millions d’Anglais et d’Irlandais émigrent vers les Etats-Unis, le Canada,
l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine et l’Afrique du Sud.