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Guide d’échantillonnage des plantes potagères dans le cadre des diagnostics environnementaux - 2014
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INTRODUCTION
L’appréciation de l’impact d’une installation potentiellement polluante (activités industrielles,
minières ou de service) en fonctionnement ou à l’arrêt implique la connaissance de la qualité
de l’environnement au voisinage de cette installation. Cela nécessite la caractérisation de la
contamination potentielle des différents compartiments environnementaux (e.g. sol, eau, air,
végétaux) susceptible d’entraîner une exposition de la population humaine aux polluants.
Cette étape est primordiale et préconisée par les différents guides en vigueur relatifs à la
gestion des sites et sols pollués et des études d’impact liées aux installations en
fonctionnement. Elle s’intègre dans la phase de diagnostic de l’environnement du site ou de
l’installation considéré(e).
La présence de potagers
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à proximité d’installations ou de friches industrielles amène souvent
à examiner lors des diagnostics environnementaux la qualité sanitaire des productions
végétales issues de ces potagers et consommées par la population. Trois méthodes sont
envisageables pour déterminer les teneurs en polluants des organes comestibles : deux
s’appuient sur les concentrations mesurées dans les sols cultivés (sélection dans la littérature
de valeurs de bioconcentration
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ou utilisation de modèles de transfert sol-plante) ; la troisième
consiste à mesurer directement les concentrations dans les plantes échantillonnées. Cette
troisième méthode permet d’intégrer l’ensemble des facteurs influençant le transfert d’une
substance donnée vers une plante et un organe considérés. Cela permet en outre de prendre en
considération la contribution d’autres milieux d’exposition des végétaux que les sols telles
que les retombées de poussières ou les eaux d’arrosage par exemple. En effet, si la
contamination des végétaux par des polluants se fait le plus souvent par transfert racinaire (ou
sol-plante), les transferts foliaires de métaux peuvent être prépondérants lorsque des particules
atmosphériques submicroniques riches en métaux se déposent sur les parties aériennes des
plantes potagères. Le recours à la mesure via l’échantillonnage de végétaux n’est cependant
pas systématique et sa mise en œuvre doit être justifiée, en accord notamment avec le principe
de proportionnalité selon lequel doit être conduite un diagnostic de site. En effet, les moyens
d’investigation consacrés aux différentes voies d’exposition potentielles des personnes
doivent être dimensionnés en fonction de l’importance qu’ont ces voies dans leur exposition
globale.
Par ailleurs, pour être pertinent, le recours aux mesures doit suivre un travail réfléchi et
rigoureux. A cette fin, il est crucial d’adopter un protocole d’échantillonnage des végétaux qui
soit adapté au mieux aux contraintes locales, en intégrant l’ensemble des éléments influant sur
la contamination des plantes (e.g. historique de l’installation, mais aussi des potagers, type de
contaminations, type de sols et de végétaux, présence d’autres sources de polluants). Il est
essentiel que ce protocole soit maîtrisé en vue d’estimer et de réduire les biais associés à cet
échantillonnage et les erreurs d’interprétation et de gestion qui pourraient en découler.
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Le potager est défini comme une parcelle, plus ou moins proche d’une habitation, cultivée par un particulier qui
consomme sa production (Annexe 5). L’ouvrage « Jardins potagers : terres inconnues ? » 2013, Edp
Sciences présente un ensemble de connaissances pluridisciplinaires récentes sur les jardins.
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Dans le présent guide, le facteur de bioconcentration désigne la relation entre la teneur en une substance dans le
milieu de culture (généralement le sol, parfois l’eau) et la concentration de cette même substance susceptible
d’être présente dans les plantes cultivées au sein de ce milieu. Ce facteur est généralement établi à partir de
résultats expérimentaux.