PROGRAMME D’HISTOIRE-GEOGRAPHIE tlea&D HISTOIRE Chapitre1 : La seconde guerre mondiale et ses conséquences (12h) Leçon1 : La seconde guerre mondiale (6h) Leçon2 :Les conséquences de la seconde guerre mondiale (2h) Leçon3 : L’Organisation des Nations Unies (ONU) (4h) Chapitre2 : Les relations internationales de 1945 à nos jours (8h) Leçon1 : Les tensions idéologiques et conflits : les deux blocs, la guerre froide, la coexistence pacifique, la détente (5h) Leçon2 : La fin de la guerre froide (3h) Chapitre3 : La décolonisation de l’Afrique et le mouvement du non-alignement (19h) Leçon1 : Les facteurs de la décolonisation (2h) Leçon2 : Les formes d’accession à l’indépendance en Afrique anglaise (3h) Leçon3 : Les formes d’accession à l’indépendance en Afrique française (4h) Leçon4 : La décolonisation de la Haute-Volta (3h) Leçon5 : l’évolution politique du Burkina Faso de 1960 à nos jours (2h) Leçon6 : Les problèmes de l’Afrique indépendante (3h) Leçon7 : Le non-alignement (3h) Chapitre4 : Les civilisations négro-africaines (7h) Leçon1 : La notion de civilisation et son évolution (2h) Leçon2 : Les civilisations négro-africaines (5h) GEOGRAPHIE Chapitre1 : Le Burkina Faso (12h) Leçon1 : Milieu naturel et développement du Burkina Faso (2h) Leçon2 : Dynamique de population et développement du Burkina Faso (2h) Leçon3 : Le secteur primaire : agriculture, élevage, pêche (2h) Leçon4 : Le secteur secondaire : artisanat et industrie (2h) Leçon5 : Le secteur tertiaire : transports, commerce, tourisme et télécommunications (2h) Leçon6 : Le Burkina Faso en Afrique et dans le monde (2h) Chapitre2 : Les grandes puissances mondiales (22h) Leçon1 : Les caractéristiques d’une grande puissance (2h) Leçon2 : Les Etats Unis d’Amérique (8h) Leçon3 : L’Union Européenne (6h) Leçon4 : La Chine populaire (6h) Chapitre3 : Deux puissances régionales africaines (8h) Leçon1 : L’Afrique du Sud (4h) Leçon2 : Le Nigeria (4h) 1 Chapitre1 : La seconde guerre mondiale et ses conséquences Leçon1 : La seconde guerre mondiale Introduction De 1939 à 1945, un nouveau conflit mobilise le monde entier. Commencé en Europe, il s’étendra progressivement sur les autres continents. Plusieurs causes sont à l’origine de cette guerre qui s’est déroulée en plusieurs étapes. Les forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) dominent la guerre dans un premier temps, permettant à l’Allemagne d’occuper l’Europe et au Japon de devenir le maître de l’Asie du Sud-Est. Cependant, à partir de 1943, c’est le début du revers jusqu’en 1945 avec la victoire des forces de la grande alliance ou des forces alliées. I.Les causes de la guerre Plusieurs événements sont à l’origine de l’éclatement de la seconde guerre mondiale. On a entre autres, l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie, la guerre civile espagnole, l’invasion de la Chine par le Japon, la crise tchécoslovaque, la crise autrichienne et celle polonaise. 1.l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie En octobre 1935, l’Italie, poussée par son désir de conquérir de nouvelles terres et surtout par le désir de vengeance de sa défaite en 1896 à Adoua face aux troupes de Ménélick II, décide d’envahir l’Ethiopie. Celle-ci fait appel à la SDN dont elle était membre depuis 1923. La SDN se contente d’infliger des sanctions économiques à l’Italie. Le 1er mai 1936, devant l’avancée des troupes italiennes, l’empereur éthiopien, le négus Haïlé Sélassié se refugie à Londres. Le 5 mai, l’Ethiopie capitule et le 9 mai, le roi italien, Victor III est proclamé roi de l’Ethiopie. Le pays vient ainsi d’être envahi par l’Italie. La crise éthiopienne révèle l’impuissance de la SDN à faire face aux problèmes internationaux et elle marque la rupture entre les démocraties et l’Italie puis la fin de l’isolement d’Hitler qui trouve dorénavant un allié, à savoir l’Italie. 2.La guerre civile espagnole En avril 1931, une république est proclamée en Espagne. Mais celle-ci connaît une instabilité politique à cause des luttes, des querelles internes pour le contrôle du pouvoir. En 1936, une guerre éclate entre d’une part les forces dites républicaines (les libéraux et socialistes) et d’autre part les forces traditionnelles, des pouvoirs forts, totalitaires. Il s’agit d’une monarchie éclairé et les grands propriétaires fonciers. Les forces traditionnelles sont dirigées par le général Franco et vite cette crise devient internationale avec les nombreux soutiens accordés aux deux camps. L’Allemagne et l’Italie apportent leur soutien à Franco. La France, la GB et l’urss apportent leur soutien aux forces républicaines encore appelées front populaire. Cette guerre devient un terrain d’affrontement entre les démocraties libérales et les dictatures. L’Italie et l’Allemagne apportent du soutien militaire (hommes et matériels de guerre) aux forces traditionnelles de Franco. L’URSS en fait de même pour les forces républicaines mais la France et GB s’abstiennent d’intervenir pour éviter selon elles, l’internationalisation du conflit. 2 En octobre 1936, le Général Franco, sûr de sa victoire, forme un gouvernement et se fait appelé chef suprême du gouvernent et de l’Etat. L’Italie et l’Allemagne reconnaissent ce gouvernement. Sur le plan interne, la guerre civile a permis l’instauration d’un régime totalitaire. Au niveau international, elle a permis surtout à Hitler de tester son arsenal de guerre. Le rapprochement entre l’Italie et l’Allemagne devient effectif et se manifeste par la signature d’un accord défensif dénommé axe Rome-Berlin. En novembre 1936, Hitler signe avec le Japon, le pacte anti-Komintern dirigé contre l’urss. En novembre 1937, l’Italie adhère à ce pacte et ces trois puissances forment désormais l’axe Rome-Berlin-Tokyo. La crise espagnole a aussi révélé la faiblesse des démocraties occidentales, leur peur de la guerre et leur incapacité à soutenir leur ami. 3.l’invasion de la Chine par le Japon Depuis la création de l’Etat indépendant de Mandchoukouo, le Japon n’a cessé d’accroitre son influence à travers de nouvelles conquêtes. Le 7 juillet 1937, prétextant la disparition d’un soldat nippon sur le pont maropollo, le Japon envahit la Chine pour rechercher son soldat : c’est le début de la seconde guerre mondiale en Extrême Orient. Très vite, le Japon occupe les grandes villes chinoises. La SDN une fois de plus se limite à de simples protestations. Devant l’ennemi commun,les deux frères ennemis chinois qui sont en guerre (les communistes de Mao Zédonget les nationalistes de tchankaïtchek) sont obligés de faire l’union sacrée pour défendre leur pays. Mais malgré cette union, le Japon occupe de vastes territoires chinois et devient le maître de l’Asie du Sud-Est. 4.La crise autrichienne En juillet 1934, Hitler avait tenté sans succès de réaliser l’Anschluss (l’intégration de l’Autriche à l’Allemagne) à cause de la vive opposition de Mussolini. Mais à partir de 1937, Mussolini renonce à soutenir l’indépendance de l’Autriche à cause de l’axe Rome-Berlin. Ayant les mains libres, Hitler contraint le chancelier autrichien Schuschnigg le 12 février 1937 à prendre comme ministre de l’intérieur, le chef des nazis autrichiens Seyss-Inquart. Il refuse et propose un référendum pour le 13 mars 1938 afin de régler la question. Le 11 mars 1938, Hitler lui lance un ultimatum et le contraint à démissionner. Le 12 mars, à l’appel de Seyss-Inquart, les troupes allemandes envahissent l’Autriche. Le 13 mars, l’Anschluss est proclamé. Le 10 avril, un vote sanctionne à 99% de voix, l’intégration de l’Autriche à l’Allemagne ou Anschluss. La France et la GB se contentent de protester. L’URSS et la SDN ne réagissent pas. Encouragé par cette réaction timide, Hitler se tourne vers la Tchécoslovaquie. 5.La crise des Sudètes et la conférence de Munich Cette crise a évolué en deux phases ; la crise de septembre 1938 et celle de mars 1939. -La crise de septembre 1938 : elle commence le 12 septembre 1938 lorsque le chef des nazis tchécoslovaques Conrad réclame l’autonomie pour les minorités allemandes de la région des sudètes. Le président tchèque Benès refuse mais par la suite accepte avec la médiation de la France et de la GB. Le 15 septembre 1938, le premier ministre anglais Chamberlain rencontre Hitler pour discuter de la question. 3 Mais celui-ci pose de nouvelles revendications. En effet, Hitler fait part à Chamberlain de son désir d’annexer toutes les régions tchécoslovaques peuplées à au moins 50% d’Allemands. Pour éviter la guerre, les alliés Français et Anglais de la Tchécoslovaquie cèdent aux revendications d’Hitler. Mais celui-ci se montre de plus en plus exigent et proclame que dès le 1er octobre 1938, les dites régions soient évacuées par les Tchèques. En Tchécoslovaquie, c’est l’indignation générale et le pays mobilise son armée. La France, l’Italie, la GB, l’urss et l’Allemagne en font autant. La tension monte et la guerre est imminente. C’est dans ce contexte que Mussolini décide de convoquer une conférence internationale à Munich en Allemagne (les 29 et 30 septembre 1938) dans l’espoir de sauver la paix et éviter la guerre. La rencontre réunit quatre (04) puissances ; notamment la France représentée par Daladier, la GB par Chamberlain, l’Italie par Mussolini et l’Allemagne par Hitler. Les grands absents étaient la Tchécoslovaquie et l’urss. A l’issue des débats, la conférence donne entièrement satisfaction à Hitler avec la condition qu’il renonce à d’autres revendications territoriales. Les Tchèques, abandonnés par les alliés Français et Anglais au nom de la paix, doivent accepter l’exécution de la proposition des quatre (04) grands dès le 30 septembre 1938. Le président Benès démissionne. En France et en GB, les populations jubilent car leurs dirigeants ont sauvegardé la paix et éviter la guerre. Par contre, l’urss mécontente de son absence à Munich accuse les occidentaux de lâcheté et de trahison. Pour Staline, Munich est la capitulation des occidentaux et discrédite les démocraties occidentales. -la crise de mars 1939 : après les accords de Munich, le président Benès démissionnaire est remplacé par Hacha. Cette 2ème crise est liée aux rivalités entre Tchèques et Slovaques. En effet, à la demande d’Hitler, les Slovaques proclament leur indépendance le 24 mars 1939 et sollicitent aussi la protection de l’Allemagne. Sous la menace d’Hitler, le président Hacha cède les régions de la Bohème et de la Moravie à l’Allemagne. Ces régions sont transformées en protectorats allemands. Le 23 mars, Hitler annexe la Lituanie. A travers ces annexions, Hitler concrétise le début de la conquête de l’espace vital. Les démocraties sont stupéfaites et se rendent compte du manque de parole donnée d’Hitler, de leur naïveté et de l’erreur monumentale que constitue la politique d’apaisement. Le 8 avril 1939, Mussolini de son côté annexe l’Albanie et menace de conquérir la Grèce. Les enseignements que l’on peut tirer de cette crise sont : -Hitler a obtenu par la négociation ce qu’il n’a pas eu par la force en convaincant les démocraties qu’il s’agissait de sa dernière revendication territoriale ; -les démocraties sont soulagées d’avoir évité une guerre immédiate et d’entre en phase avec leurs opinions publiques. Elles sont aussi soulagées de disposer de plus de temps pour corriger leurs imperfections militaires ; -pour la première fois, Hitler a annexé des populations non germanophones ; -il est démontré que les rapports de force et les intérêts du moment des grandes puissances priment sur les droits des petites nations ; etc. 6.La crise polonaise Les revendications du 21 avril 1939 ont fortement indigné l’opinion européenne lorsque Hitler posa le problème de la Pologne remettant en cause le statut international de Dantzig et en réclamant le corridor polonais pour relier la Prusse orientale au reste de l’Allemagne. La Pologne rejette ces revendications et mobilise 4 son armée. La France et la GB se réveillent et décident de soutenir fermement les Etats menacés par Hitler et Mussolini. Elles concluent des alliances avec la Grèce, la Turquie et la Roumanie. L’Allemagne et l’Italie répondent à ce réveil des occidentaux par la signature d’un pacte de défense dénommé pacte d’acier le 22 mai 1939. Les deux camps vont chercher à nouer une alliance stratégique avec l’Union Soviétique. Finalement et à la surprise générale, Hitler annonce la signature d’un pacte de non agression Germano-soviétique pour 10 ans le 23 août 1939. Le 25 août, l’Angleterre renforce son alliance avec la Pologne. On note cependant que le pacte germanosoviétique comportait des clauses secrètes ; à savoir la division de la Pologne en deux et son partage entre Soviétiques et Allemands après son occupation et la reconnaissance du droit de l’urss sur la Finlande et les Etats Baltes. Le pacte germano-soviétique présente également un double intérêt : pour Staline, ce pacte décline vers l’Ouest la menace allemande et lui permet de se préparer militairement. Il lui permet aussi de reconquérir ses territoires perdus en 1919, notamment les Etats Baltes (Albanie, Slovénie et la Lituanie). Enfin, Staline pense qu’une longue guerre contre les occidentaux les épuiserait et permettrait alors une expansion du communisme. Pour Hitler, ce pacte lui donne des avantages économiques en lui permettant de se ravitailler en matières premières auprès de l’urss pour alimenter son industrie de guerre. Ce pacte présente un intérêt militaire car il évite une alliance entre les occidentaux et les soviétiques qui obligerait Hitler à combattre sur deux fronts opposés en cas de guerre. Dans l’immédiat, le pacte assure à Hitler une entière liberté d’action en Pologne. Le 29 août 1939, Hitler adresse au gouvernement polonais un ultimatum. Le 30 août, la Pologne mobilise son armée et le 31 août, elle rompt ses relations diplomatiques avec l’Allemagne. Le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre, les troupes allemandes envahissent la Pologne au petit matin. Le 3 septembre à 12h, la GB remet sa déclaration de guerre à Hitler. Le même jour à 17h, Hitler reçoit celle de la France. Tout en proclamant sa fidélité au pacte germano-italienne, Mussolini renonce pour l’instant à la guerre. Ces événements marquent le début de la seconde guerre mondiale qui va se dérouler en plusieurs étapes. II. Les principales étapes de la guerre La seconde guerre mondiale s’est déroulée en trois principales étapes. Il s’agit des étapes des victoires de l’Axe (1939 à 1941), de l’équilibre des forces(1941 à 1943) et de la victoire finale des alliés (1943 à 1945). 1.Les victoires de l’Axe (1939à 1941) Durant cette période, les forces de l’axe dominent la guerre à travers de brillantes victoires sur tous les fronts. er -La campagne polonaise : attaquée le 1 septembre 1939, la Pologne est vaincue en quatre semaines de combat avant que la France et la GB n’aient le temps de lui apporter leur secours. Elle capitule en effet le 28 septembre 1939. Cette victoire rapide de l’Allemagne est liée d’une part au caractère traditionnel de l’armée polonaise et d’autre part à la puissance de feu déployée par l’armée allemande. En effet, Hitler expérimente sa nouvelle stratégie de guerre appelée ‘’guerre éclair’’ ou ‘’Blitzkrieg’’. Cette stratégie est fondée sur l’attaque surprise et l’usage conjugué et massif des trois corps d’armée (les armées aérienne, de terrestre et marine). 5 Conformément au pacte germano-soviétique, les troupes soviétiques occupent l’Est de la Pologne. -la drôle de guerre : après la défaite polonaise, Hitler n’attaque pas immédiatement les alliés de la Pologne. Il se contente de transférer l’essentiel de ses troupes vers l’Ouest. Pendant ce temps, les occidentaux (Français et Anglais) qui ont pourtant déclaré la guerre à Hitler n’agissent pas non plus ; sans doute pour mieux se préparer mais surtout par crainte. Ainsi, d’octobre 1939 à mai 1940, les deux adversaires s’observent sans agir. C’est cette attitude qui est appelée drôle de guerre. -les manœuvres militaires en Scandinavie : durant la drôle de guerre, on observe néanmoins quelques manœuvres militaires dans le Nord de l’Europe. En décembre 1939, l’Union soviétique attaque la Finlande qui est vaincue en avril 1940. Dans le même mois, les troupes franco-britanniques, pour couper les voies d’approvisionnement de fer suédois à l’Allemagne minent les eaux norvégiennes. Hitler réagit à cette manœuvre en occupant la Norvège et le Danemark pour assurer la sécurité de ses approvisionnements. -la campagne française : le 10 mai 1940, conformément au ‘’plan Manstein’’, c'est-àdire l’ouverture du front Ouest, les troupes allemandes violent la neutralité des pays du BENELUX (Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) pour se lancer à l’assaut de ces pays. La France essaie de leur apporter secours. C’est en ce moment que les Allemands décident d’attaquer la France en ouvrant un front au sud à travers les Ardennes. L’Allemagne opère des percées significatives grâce à la technique de la guerre éclair. Le 15 mai, les Pays-Bas capitule ; le 21 mai, les forces allemandes du front sud atteignent l’atlantique en encerclant alors les forces alliées. Le 28 mai, la Belgique capitule, les troupes anglo-françaises encerclées replient vers Dunkerque où elles sont évacuées vers l’Angleterre. Les populations civiles migrent en masse vers le sud du pays. Le 10 juin 1940, alors que la France est près de la défaite, l’Italie lui déclare la guerre. Le gouvernement français quitte Paris pour Tours puis pour Bordeaux avec Paul Reynaud comme chef du gouvernement qui souhaite continuer la guerre. La débâcle de Dunkerque du 28 mai au 4 juin 1940 a occasionné d’importantes pertes en hommes et en matériels. Toute la stratégie française de guerre est désorganisée, la progression allemande est fulgurante et c’est le « sauve qui peut » du côté français. Le 16 juin 1940, Paul Reynaudest remplacé par le Maréchal Pétain héros de la première guerre mondiale). Ce dernier forme un nouveau gouvernement et demande l’armistice à l’Allemagne le 17 juin 1940. Le général De Gaulle qui avait quitté Bordeaux deux jours plutôt pour Londres, lance un appel à la résistance le 18 juin 1940 sur les antennes de la radio BBC. Le 22 juin 1940, cet armistice est signé avec l’Allemagne et le 24 juin avec l’Italie. La défaite française est liée d’une part à l’impréparation, au caractère traditionnel de son armement et aux stratégies de guerre dépassées qu’elle a appliquées et d’autre part, à la puissance de feu de l’armée allemande (armements modernes, soldats nombreux et bien formés) et surtout à la guerre éclair. La conduite à tenir après cette ‘’défaite’’ française divise la classe politique, l’armée et le peuple français. Le maréchal Pétain et ses partisans sont opposés à la poursuite de la guerre car ils estiment qu’elle accentuerait la destruction de la France et de son peuple. Le général De Gaulle, réfugié à Londres fédère tous les opposants à l’armistice autour de sa personne car il pense que la France n’a perdu qu’une bataille et non la guerre. Il fallait donc continuer la guerre car la France a du soutien ; c'est-à-dire l’Angleterre, les USA et son immense empire colonial africain. Les conditions de l’armistice sont lourdes pour la France qui est occupée au 2/3, le 6 gouvernement de Pétain transporté dans la zone du sud et a pour capitale Vichy. Les prisonniers de guerre français resteront prisonniers, l’Allemagne doit exploiter les ressources françaises à son profit. En fait, la France doit payer l’entretien des troupes d’occupation. -la bataille d’Angleterre : après la défaite française, l’Angleterre était devenue la seule des démocraties occidentales toujours en guerre contre l’Allemagne en Europe de l’Est. Malgré cette situation de solitude, le nouveau premier ministre anglais, Churchill déclare sa ferme volonté de continuer la guerre contre l’Allemagne. De son côté, dès la défaite française Hitler a commencé à envisager un débarquement sur la GB. En août 1940, il lance son aviation contre les forces britanniques. Le 7 septembre 1940, il ordonne un bombardement massif des grandes villes anglaises surtout la capitale Londres mais les forces aériennes britanniques résistent grâce aux radars mis en service par la Royal Air Force (RAF). Les pertes matérielles infligées par l’armée de l’air allemande appelée Luftwaffe sont énormes mais Churchill demande au peuple britannique d’organiser une résistance patriotique. Grâce au système de détection, l’Angleterre réplique et fait subir à la Luftwaffe d’importantes pertes et Hitler est obligé à la fin de l’été 1940 de renoncer provisoirement à son projet d’invasion de la GB. La bataille d’Angleterre marque le premier échec allemand dans la seconde guerre mondiale. Après cet échec, Hitler change de stratégie et décide de transporter les opérations militaires dans l’atlantique et dans la méditerranée. -la guerre dans l’atlantique et dans la méditerranée : dans ces deux régions, l’objectif d’Hitler est de couper les voies de ravitaillement qui passent par l’atlantique et la méditerranée pour soutenir l’effort de guerre britannique. Malgré leur neutralité au début de la guerre, on constate que les Américains soutiennent l’effort de guerre britannique. Ainsi en septembre 1940, les Américains avaient donné des destroyers à la GB. Pour couper ces voies d’approvisionnement, Hitler décide à partir de 1941 de mener une guerre sous-marine dans l’atlantique. Malgré cette guerre, les Américains vont renforcer leur collaboration avec la GB. En mars 1941, le congrès américain vote une loi dénommée ‘’Prêt-bail’’ qui autorise le président des USA à vendre des armes ou à prêter du matériel de guerre à tout pays en guerre contre l’Allemagne. L’Angleterre en est le premier bénéficiaire. La collaboration anglo-américaine se renforce en août 1941 lorsque le président Roosevelt rencontra le premier ministre Churchill au Canada. Dans la méditerranée, la stratégie d’Hitler était de neutraliser les bases anglaises, notamment celles de Gibraltar, de Malte et d’Alexandrie. Les hostilités dans la région commencent en fin 1940 lorsque les italiens attaquent sans succès la Grèce à partir de l’Albanie. Hitler occupe immédiatement la Crête (région méditerranéenne) et y installe une base aéro-navale au début de l’année 1941. Les Anglais attaquent la Libye et s’empare du port de Toubrouk et de la ville de Bengazi en février 1941. Mais, ils sont délogés au Printemps 1941 par les troupes allemandes de l’afrikakorps dirigées par le maréchal Rommel. Au Proche-Orient, les alliés assurent leur main-mise sur l’Irak, l’Iran, la Syrie et le Liban. Les combats se stabilisent à partir de l’été 1941. Les alliés réussissent à sauvegarder le canal de Suez mais l’occupation de la Crête oblige les convois britanniques à contourner l’Afrique. 2. L’équilibre des forces (1941-1943) A partir de 1941, la guerre devient véritablement mondiale avec l’entrée en guerre de 7 l’urss et des USA au côté des Alliés. -Le conflit germano-soviétique : le pacte germano-soviétique était en réalité une mesure d’opportunité pour les deux pays. Dès septembre 1940, Hitler met au point le projet d’invasion de l’Union Soviétique baptisé ‘’plan Barbarossa ou Barberousse’’. Ce plan est selon lui, la dernière étape de la guerre et doit aboutir à l’écrasement total de l’Union Soviétique par une campagne rapide. Il occupe ainsi durant l’été 1941 les pays Baltes, la Biélorussie, l’Ukraine, le Caucase et le nord de la Crimée. La déroute des Soviétiques s’explique aussi par son matériel militaire traditionnel et l’insuffisance des cadres de commandement. L’armée soviétique est obligée de battre en retraite mais l’offensive allemande bute sur les villes de Moscou et de Leningrad où l’armée rouge oppose une vive résistance patriotique. Les combats diminuent d’intensité à la fin de l’année 1941 à cause des mauvaises conditions climatiques, notamment un hiver très rigoureux. -l’entrée en guerre des USA : dans la conquête de son espace, le Japon envahit la Chine en 1940 et vise l’occupation du Sud-Est asiatique. Cependant, cette expansion japonaise en Asie constitue une véritable menace pour les intérêts économiques américains dans la région. C’est pourquoi, suite à un ultimatum adressé au Japon, les Américains décident en juillet 1941 d’imposer un embargo sur les exportations en direction du Japon, notamment certaines matières premières stratégiques comme le pétrole et le fer. Les Américains exigent également leur évacuation des zones occupées. En réponse à cette politique américaine, l’aviation japonaise, dirigée par l’amiral Tojo attaque par surprise le 7 septembre 1941, la base aéro-navale américaine installée à Pearl Harbor dans les îles Hawaï. Cette agression japonaise suscite l’indignation générale de l’opinion publique américaine qui réclame l’entrée en guerre des USA. Le 8 décembre 1941, le président américain Franklin Roosevelt annonce officiellement l’entrée en guerre des USA. Le même jour, l’Italie et l’Allemagne, au nom du pacte axe Rome-Berlin-Tokyo se rangent du côté du Japon. A partir de 1942, les Américains s’allient aux Soviétiques pour former une grande coalition dénommée ‘’la grande alliance’’ pour lutter contre les forces de l’Axe. Ils vont étendre dans ce sens le Prêt-bail aux Soviétiques pour renforcer leur capacité opérationnelle. -l’ordre nouveau : dans le premier semestre de l’année 1942, on note que les forces de l’Axe dominent la guerre et sont à leur apogée. Elles vont réorganiser les pays occupés selon leur besoin en imposant un nouvel ordre politique et économique. Sur le plan politique, les pays et territoires administrés sont directement ou indirectement occupés par l’Allemagne et le Japon. En Europe, Hitler encourage la colonisation de l’Europe de l’Est pour réaliser l’espace vital. Il applique aussi une politique d’épuration des races dites dangereuses, notamment les juifs, les slaves et les tziganes. Cette épuration est faite dans les camps de concentration, les chambres à gaz et les fours crématoires. Le Japon de son côté encourage aussi la japonisation des territoires occupés. Sur le plan économique, les deux pays procèdent à un pillage systématique et une exploitation des ressources économiques de pays occupés. Cette politique d’occupation, d’exploitation et de domination entraine la terreur, la misère et des pertes humaines dans les territoires occupés. Dans les pays occupés, on note cependant l’émergence de groupuscules de résistance pour s’opposer à ce nouvel ordre. Ces groupes utilisent comme moyens d’action, les actes de sabotage, la guérilla et la presse clandestine. Certains individus et surtout la France de Pétain 8 vont collaborer avec le nouvel ordre imposé par l’Allemagne en Europe. La France de Pétain par exemple a adopté des lois anti-sémites, a participé à la déportation des juifs vers les camps de concentration. En février 1942, avec l’instauration du service de travail obligatoire, la France va ravitailler l’Allemagne en main-d’œuvre pour soutenir son industrie de guerre. -le reflux des forces de l’axe :le premier semestre de l’année 1942 marque l’apogée des forces de l’Axe sur tous les fronts mais à partir de juin 1942, on observe un coup d’arrêt aux victoires de la puissance de l’Axe. C’est le début du reflux et de l’effondrement progressif des puissances de l’Axe. Ce retournement de situation est lié à plusieurs facteurs dont les plus importants sont : la bonne organisation des puissances de la grande alliance. Par exemple, les Anglais et les Américains vont unir leurs forces et organiser des opérations communes en Europe. Aussi, les trois puissances de la grande alliance vont tenir régulièrement des rencontres pour planifier des stratégies de lutte commune contre l’Axe (Moscou en 1942, Téhéran en 1943) ; le soutien décisif des USA sur le plan financier, humain et militaire ; l’avancée technologique et scientifique de la grande alliance concernant la fabrication des armes de destruction massive et de matériels militaires sophistiqués. Les grandes batailles qui ont caractérisé le retournement de la situation au profit de la grande alliance sont les suivantes : +les batailles de Midway et de Guadalcanal : en juin 1942, les japonais subissent pour la première fois de lourdes pertes à Midway (île du pacifique) face aux USA. Avec cette victoire, les Américains commencent progressivement à maîtriser la guerre dans cette partie. En août 1942, les japonais subissent une nouvelle défaite en Nouvelle Guinée et en octobre 1942, les Américains réalisent une victoire importante à Guadalcanal dans les îles Salomon. Après ce succès, les Américains passent à la contre offensive ; obligeant les japonais à se défendre dorénavant. +la bataille d’El Alamein et ‘’l’opération Torch’’ en Afrique dunord : depuis 1940, les Alliés et les forces de l’Axe (Allemagne et Italie), s’affrontent dans la région de la méditerranée pour le contrôle du canal de Suez. Le 1er novembre 1942, les troupes alliées réussissent sous le commandement du général anglais Montgomery à déloger les forces allemandes de l’afrikakorps du maréchal Rommel aidées par les forces italiennes de la région El-Alamein au nord de l’Egypte. Ce succès facilite la libération du reste de l’Afrique du nord avec l’opération Torch. En effet, le 8 novembre 1942, les forces anglo-américaines soutenues par les résistants français gaullistes débarquent en Afrique du nord, notamment au Maroc et en Algérie sous le commandement du général américain Eisenhower. Cette défaite constitue un tournant dans la guerre. En effet, la défaite sonne le moral de tout allemand sur le front et en Allemagne. Hitler est de plus en plus contesté ouvertement. L’armée allemande sort affaiblie avec des pertes matérielles énormes et 500.000 soldats tués ou faits prisonniers. Du côté des alliés, la victoire à Stalingrad brise l’invincibilité de l’armée allemande et fait naître l’espoir d’une victoire finale. Après leur victoire, les Soviétiques passent à la contre offensive. 3. La victoire finale des Alliés (1943-1945) A. La libération de l’Europe -la bataille de Stalingrad : après l’échec du plan Barbarossa qui visait l’occupation rapide de l’Union Soviétique, les Allemands lancent une nouvelle offensive durant l’été 1942. Mais, les troupes allemandes sont confrontées à d’énormes difficultés 9 pour la prise de la ville de Stalingrad. Pour les Allemands, Stalingrad est un centre industriel et un carrefour important de communication qu’il faille conquérir. Stalingrad est une ville symbole qu’il faut défendre à tout prix. Les combats autour de cette ville sont rudes et Staline développe le thème de guerre patriotique pour galvaniser la résistance. En novembre 1942, l’armée allemande dirigée par le général Von Paulus est encerclée dans les faubourgs de Stalingrad. Elle est obligée de capituler le 2 février 1943 devant le général russe Joukov. Cette défaite est la première de l’armée allemande. -la capitulation de l’Italie : à partir de l’Afrique du nord, les troupes anglo-américaines libèrent Sicile le 10 juillet 1943. Le 25 juillet, Mussolini est désavoué par le grand peuple. Il est arrêté et déporté au nord de l’Italie puis remplacé par le maréchal Badoglio qui signe l’armistice avec les alliés le 3 septembre 1943. Mais Hitler, pour soutenir son allié, envahit le nord et le centre de l’Italie. Mussolini est libéré par une opération commando. Il va créer au nord une république fasciste. Il faut attendre début 1945 pour voir cette résistance totalement neutralisée. -le débarquement de Normandie ou ‘’l’opérationoverlord’’ : 6 juin 1944 : Cette opération avait pour objectif d’ouvrir un second front à l’Ouest de l’Europe pour soulager le front Est et aussi libérer la France de la domination nazie. C’est ainsi que dès le 6juin 1944, les forces américaines, anglaises et canadiennes lancent une attaque contre l’Allemagne à partir de la France. L’Afrique du nord étant totalement libérée par l’opération Torch, les alliés peuvent alors à partir de cette région organiser la contre offensive pour libérer l’Europe occidentale. Les troupes alliées sous le commandement du général américain Eisenhower débarque ce jour en Normandie sur cinq points de la côte française. Le débarquement mobilise trois millions de soldats, onze milles avions de guerre, cinq milles bateaux et cinq ports artificiels pour faciliter l’opération. Pour empêcher l’Allemagne de repérer les secteurs choisis pour le débarquement, les alliés procèdent avant le jour j à de nombreux bombardements tout azimut. Ainsi, les Allemands qui attendaient le débarquement au Sud-Ouest sont surpris le 6 juin en Normandie. Après d’intenses combats, les alliés opèrent une percée significative sur les lignes ennemies. Le 15 août, pendant que les opérations se poursuivent au Nord-Ouest, les alliés organisent un autre débarquement au Sud de la France, notamment en Provence sous la direction du général Leclerc. Le 15 août 1944, les forces du général Leclerc, soutenues par la résistance intérieure française, libèrent la capitale Paris. Le 26 août, le général De Gaulle forme un nouveau gouvernement français qu’il dirige. Les Allemands sont obligés de se replier dans le Nord-Est de la France. Les occidentaux organisent alors l’assaut final contre l’Allemagne. B)La victoire soviétique en Europe orientale La défaite allemande à Stalingrad a été un espoir pour les forces de la grande alliance. Les Soviétiques vont utiliser leurs matériels modernes livrés par leurs usines délocalisées en Sibérie et en Oural ainsi que le matériel américain (prêt-bail) pour passer à la contre offensive. Dès l’hiver 1943-1944 (décembre-mars), tout le territoire soviétique était libéré et à partir de l’été 1944, l’armée rouge libère l’Europe orientale, notamment la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Yougoslavie, l’Autriche, la Pologne, etc. 10 2.La défaite allemande Dès avril 1944, l’Allemagne est menacée d’invasion par les forces alliées. En juillet 1944, des officiers allemands mécontents de la politique d’Hitler et désireux demander l’armistice, organisent un attentat contre Hitler mais ils échouent. Hitler mobilise les dernières forces allemandes, notamment les enfants et les vieillards. Il ordonne l’accélération de la recherche pour de nouvelles armes de destruction, notamment les fusées B1 et B2, V1 et V2. Il mobilise certains matériels de ces recherches contre l’Angleterre mais la Royal Air Force réagit avec efficacité. En décembre 1944, Hitler lance une dernière offensive désespérée au Sud de la France à travers les Ardennes, mais il échoue. Au début de l’année 1945, les Alliés lancent l’assaut final contre l’Allemagne. Ils libèrent le Nord de l’Italie et Mussolini qui tentait de fuir est abattu par un résistant italien. A l’Est, l’armée rouge est la première à franchir la frontière allemande et investir la capitale Berlin le 19 avril 1945 ; Le 26 avril, les forces occidentales et les soviétiques font leur jonction sur l’Elbe (fleuve situé à l’Ouest de l’Allemagne). Le 30 avril 1945, Hitler se suicide dans son bunker, le 7 mai 1945, l’Allemagne signe la capitulation avec les occidentaux à Reims en France devant le général américain Eisenhower. Le 8 mai, elle capitule à Berlin avec le maréchal Joukov. 3.La capitulation japonaise A partir de 1943, les forces américaines dans le pacifique, dirigées par les généraux Mc Arthur et Nimitz organisent la contre offensive. Ils adoptent comme tactique le « saut de mouton ». Ainsi, par bonds successifs, ils enlèvent toutes les bases japonaises dans le pacifique avec l’aide australienne et chinoise. En juin 1945, les Américains sont à Okinawa. Malgré la progression rapide des Américains, le Japon ne renonce pas et s’engage même dans la guerre des avions suicides bourrés d’explosifs pilotés par des kamikazes qui se précipitent sur les navires américains. Pour neutraliser cette résistance japonaise et limiter les pertes humaines et matérielles, le président américain Harry Truman ordonne le lancement des deux bombes atomiques ; l’une à Hiroshima le 6août 1945 et l’autre à Nagasaki le 9 août 1945. Face aux nombreux dégâts enregistrés, le Japon demande la capitulation sans condition le 19 août 1945. L’empereur japonais demande alors à son peuple « d’accepter l’inacceptable ». La capitulation japonaise est signée le 2 septembre 1945 ; mettant ainsi fin à la seconde guerre mondiale avec la victoire de la grande alliance. III.L’Afrique et le Burkina Faso dans la seconde guerre mondiale L’Afrique a participé énormément à l’effort de guerre qui a permis la victoire de la grande alliance durant la seconde guerre mondiale. Cette victoire est aussi une victoire africaine. La participation africaine et burkinabè ont été de plusieurs natures : 1. La participation militaire 11 L’Afrique a participé militairement en fournissant des soldats et en abritant des batailles dont certaines ont été stratégiques dans l’évolution de la guerre. A) La contribution humaine Elle s’est faite à travers le recrutement massif de soldats en Afrique du Nord et en Afrique Noire. Ces combattants appelés tirailleurs sénégalais ont combattu avec héroïsme et loyauté et se sont sacrifiés au profit des puissances coloniales européennes en guerre contre l’Axe. De 1940 à 1944, l’Afrique occidentale française après son ralliement à la résistance française, l’Afrique équatoriale française, Madagascar, l’Afrique du nord et les colonies anglaises ont fourni entre 400.000 et 500.000 soldats. B) Les combats en terres africaines L’Afrique a été un terrain qui a abrité de nombreuses batailles dont les plus significatives ont lieu en Afrique du nord. Ainsi, on a observé des affrontements entre les colonies de l’Axe et les colonies alliées. Les batailles en Afrique du nord, notamment la bataille d’El Alamein et l’opération Torch ont permis de libérer cette partie de l’Afrique et de la transformer en base arrière pour des opérations en vue de la libération de l’Europe occidentale. Au Burkina Faso, on a également retrouvé une base militaire ayant servi durant la seconde guerre mondiale (camp militaire de Dédougou). 2. La contribution économique L’Afrique a joué un rôle économique important dans l’effort de guerre des alliés. A)La contribution matérielle Elle s’est faite à travers l’exploitation des ressources naturelles africaines. L’Afrique a fourni des matières premières primaires, notamment le coton en Egypte et au Burkina Faso ; les céréales, notamment le riz de Madagascar, l’arachide du Sénégal, du Nigéria, le café, le cacao de la CI et du Ghana, le bois et le caoutchouc du Gabon, etc. L’Afrique a également fourni de matières premières minières comme le fer et surtout l’uranium du Katanga qui a servi à la fabrication de la bombe atomique. B)La contribution financière Elle s’est faite d’une part à travers le durcissement du prélèvement des impôts dans les colonies comme le BF pour alimenter l’effort de guerre. D’autre part, l’Afrique a joué un rôle bancaire pour la France notamment. En effet, après son occupation, la France était devenue une zone d’insécurité économique. Son trésor fut déporté et conservé à Kayes au Mali. 3.La contribution politique A)Le rôle géostratégique de l’Afrique De par sa position par rapport au continent européen, l’Afrique et surtout septentrionale, a joué un rôle stratégique dans l’évolution de la seconde guerre, notamment la défaite française. Elle était une zone stratégique de ravitaillement et de surveillance des mers. C’est ce qui explique les durs combats dans la méditerranée pour le contrôle du canal de Suez et le Proche Orient. Aussi, l’Afrique du Nord, par sa situation géographique a permis aux alliés de planifier les premiers 12 débarquements pour la libération de l’Europe. Exemple de débarquement en Sicile. B)Le rôle politique L’Afrique sur le plan politique a joué un rôle important pour la France. En effet, après l’armistice, l’Afrique était devenue la capitale de la France résistance. Le général De Gaulle, leader de ce mouvement de résistance va implanter son QG à Alger après 1942.c’est à partir de là qu’il va mobiliser les colonies françaises et coordonner la résistance pour soutenir les alliés. IV.Les conséquences de la participation africaine Elles sont nombreuses et de plusieurs natures. 1.Les conséquences économiques La seconde guerre mondiale a entrainé des pillages des ressources économiques africaines. L’aggravation du travail forcé et le durcissement du prélèvement de l’impôt ont occasionné des pertes en vies humaines et accentué la pauvreté des populations. A ces pertes s’ajoutent les pertes humaines sur les fronts de combat. On estime que les 2/3 des soldats mobilisés sont restés sur les fronts. En somme, la seconde guerre mondiale a freiné le développement du continent africain. 2.Les conséquences politiques A la conférence de Brazzaville en janvier 1944, le Gal De Gaulle promettait l’autonomie contre un engagement plus significatif dans l’effort de guerre. Mais après la guerre, ces promesses ne sont pas tenues. Cela suscita le découragement chez les Africains. Il est accentué par le traitement différencié entre les anciens combattants européens et ceux africains concernant la question des pensions. Mais au-delà du mécontentement, la guerre a entrainé l’éveil des consciences et le renforcement nationaliste. Les mouvements de contestation de l’ordre colonial vont s’intensifier et conduire aux indépendances. Conclusion La seconde guerre mondiale qui a débuté en septembre 1939 a pris fin en 1945 avec la capitulation de l’Allemagne et du Japon. Ce fut une guerre totale où l’ensemble du potentiel humain, économique et militaire des pays en guerre fut engagé. Elle n’a pas été seulement un conflit entre deux coalitions armées (les puissances alliées et les puissances de l’Axe), elle a été surtout un conflit idéologique entre les démocraties libérales et socialistes d’une part et les régimes totalitaires et dictatoriaux d’autre part. Elle présente également les formes d’un conflit nouveau qui fait appel aux moyens de destruction massive. Le lourd bilan qu’elle occasionne fait naître un sursaut de l’humanité qui recherche de nouveaux équilibres et de nouvelles valeurs afin de préserver le monde d’une telle catastrophe. 13 Leçon 2 : Les conséquences de la seconde guerre mondiale Introduction La seconde guerre mondiale qui s’achève en septembre 1945 laisse un bilan très lourd pour la plupart des pays engagés. L’Europe est le continent le plus affecté. Les conséquences de ce conflit sur le plan humain, moral, économique et politique vont engager et modifier le destin de l’Europe et du monde entier. 1.Le bilan humain et moral A)Le bilan humain La seconde guerre mondiale a entrainé d’énormes pertes humaines (50 à 60 millions de morts). C’est le conflit le plus sanglant de l’humanité. L’ampleur des pertes humaines, surtout des pertes civiles s’explique par les bombardements, les travaux forcés, les déportations, le rationnement alimentaire subi par les populations des territoires occupés, les assassinats d’otages et l’usage des armes de destruction massive. L’Europe est le continent le plus touché parce qu’elle a abrité de nombreuses batailles, surtout sa partie orientale qui a subi la guerre pendant une longue période. L’URSS compte environ 20 millions de morts, 6 millions pour la Pologne, 1,5 millions pour la Yougoslavie. Les pertes en Europe occidentale sont relativement moindre ; 600.000 morts pour la France, 450.000 en Italie, 400.000 en GB, 400.000 aux USA et environ 6 millions pour l’Allemagne. En Asie, les pertes humaines sont élevées pour la Chine (15 millions) et pour le Japon (1,5 millions). Pour l’Afrique (confère leçon précédente). En plus des pertes humaines, la guerre a entrainé un déplacement forcé des populations qui fuyaient les combats et les politiques raciales. On a également observé une chute de la natalité et un déséquilibre démographique surtout en Europe à cause de la mortalité élevée ; d’où l’adoption de politique nataliste au lendemain de la guerre par la plupart des pays affectés. B) Le bilan moral D’une part, les actes de destruction massive et les assassinats collectifs d’otages ont choqué l’opinion mondiale. Il s’agit des bombardements visant les villes afin de terroriser les populations civiles et briser leur moral. Exemple :la bataille d’Angleterre, le bombardement de Berlin et de a ville allemande de Brest à la fin de la guerre. Les deux bombes atomiques ont aussi marqué les esprits au regard de leurs conséquences immédiates, à moyen terme et à long terme. On peut noter également les comportements inhumains infligés à leurs prisonniers de guerre par les Japonais. Le massacre de plusieurs milliers d’officiers polonais par les soviétiques au 14 cours de leur occupation de l’Est de la Pologne. D’autre part, le monde entier est resté traumatisé par l’horreur nazi, notamment sa volonté d’exterminer des populations toute entière. Les victimes de cette barbarie furent les Slaves et les Tziganes. Mais c’est surtout le peuple juif qui paya le plus lourd tribut de la folie allemande. Progressivement isolé dans la société allemande à partir de 1933, leur sort est scellé en 1941 à travers l’application de la ‘’solution finale’’. Six (6) millions de Juifs périssent ainsi dans les camps de concentration et d’extermination dont les plus célèbres sont Dachau, Birkenau, Auschwitz. Dans ces camps, les modes d’extermination étaient les chambres à gaz, les fours crématoires, les exécutions sommaires. Cette extermination appelée la Shoah est considérée comme un génocide. Dans ce camp, certains servaient de cobayes pour des expériences scientifiques. Les responsables de ces crimes seront punis mais ces horreurs continuent d’irriter la conscience universelle et on se pose des questions sur la civilisation occidentale basée sur la science et la technique. 2.Le bilan économique A)Le bilan matériel Le bilan matériel de la seconde guerre mondiale est lourd, surtout pour le continent européen qui a abrité l’essentiel des champs de bataille. L’ampleur des pertes matérielles d’une manière générale est due aux bombardements aériens, à l’utilisation d’armes de destruction massive, aux actes de sabotage et à la tactique de la terre brûlée utilisée par l’URSS au début de l’opération Barbarossa. Ces pertes en Europe sont élevées pour l’Europe orientale. Par exemple, l’URSS a perdu plus de nombreuses villes. En Pologne, 50% des moyens de transport et des équipements industriels sont détruits en Europe occidentale. Ces dégâts sont énormes en Allemagne avec les régions industrielles détruites comme celle de la Ruhr et de Berlin. En France, les pertes matérielles concernent la destruction d’environ 80% d’installations portuaires françaises. La destruction des champs et de régions industrielles surtout au nord. Pour le continent asiatique les dégâts sont immenses pour le Japon qui a vu sa capitale Tokyo et ses grands centres industriels détruits. Ses villes d’Hiroshima et de Nagasaki ont été rasées par les bombes atomiques. En plus du Japon, certaines villes du pacifique, notamment la Malaisie et l’Indonésie qui ont subi des raids aériens présentant un bilan matériel également lourd pour le continent africain, les dégâts matériels sont surtout significatifs dans sa partie septentrionale qui a connu de rudes batailles. B) Le bilan financier Il est également très lourd pour l’Europe. Les dépenses militaires européennes s’élevaient à environ 1 milliard 100 millions de dollars. Pour financer l’effort de guerre, l’Europe a fait recours à l’impôt, à l’emprunt et au pillage des pays occupés. L’Europe sort très endettée de la guerre envers surtout les USA. Cependant, certains pays situés très loin des champs de bataille ont profité de la guerre pour s’enrichir en augmentant leur capacité de production économique pour répondre aux besoins de la guerre. Il s’agit du Canada, de l’Australie, de l’Argentine, du Brésil et surtout des USA. Les Américains en effet, ont accru leur production agricole et industrielle en augmentant leur richesse nationale et en améliorant leur niveau de vie. A la fin de 15 la guerre, les USA détenaient environ 80% des richesses mondiales et ils sont devenus par conséquent les grands financiers du monde. La guerre a permis aux USA de résoudre les séquelles de la crise économique de 1929. C) Les progrès scientifiques et techniques La seconde guerre mondiale a entrainé un bond en avant dans les domaines de la science et de la technique avec de nombreuses innovations. Sur le plan technique, on peut retenir d’une part l’avènement de l’électronique avec de nouvelles inventions comme le radar, les missiles téléguidés, les fusées, etc. D’autre part, il y a le début de l’informatique avec la mise au point de l’ordinateur. Dans le domaine des sciences, on peut noter l’amélioration des procédés de transfusion sanguine et de réanimation, la mise au point d’antibiotiques qui vont permettre une amélioration de la médecine. Ces progrès sont également remarquables en physique avec la maîtrise de l’énergie nucléaire et en chimie avec la découverte de nouvelles matières plastiques. En somme, tous ces progrès réalisés durant la guerre vont poser les jalons d’une nouvelle révolution scientifique et industrielle. 3. Le bilan politique A) Bouleversements politiques La seconde guerre mondiale entraine l’effondrement politique de l’Europe occidentale et l’émergence de deux grandes puissances, à savoir les USA qui assurent le leadership politique de l’occident et l’Union Soviétique qui domine l’Europe Orientale. L’émergence de ces deux puissances entraîne la bipolarisation du monde et la guerre froide car elles ont des idéologies différentes, opposées et rivales. Par ailleurs, l’effondrement et la perte de prestige de l’Europe occidentale favorise le mouvement de la décolonisation en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Afrique. B) Le règlement de la guerre La seconde guerre mondiale qui s’achève en septembre 1945 laisse un bilan lourd et des vainqueurs divisés. L’organisation de la paix et le règlement du conflit s’annoncent plus difficiles qu’en 1919. Plusieurs conférences sont organisées dans ce sens : -la conférence de Yalta : elle est organisée du 4 au 11 février 1945 en Crimée dans le Sud-Ouest de l’Union Soviétique quelques mois avant la défaite allemande. Elle réunit les trois grands de la grande alliance (les USA de Roosevelt, la GB de Churchill et l’urss de Staline). La conférence avait pour objectif de discuter de la reconstruction du monde après la guerre et particulièrement du sort de l’Allemagne. Les grandes décisions de la conférence étaient : -les trois grands décident de la convocation d’une conférence en avril-mai 1945 à San-Francisco pour asseoir l’ONU. Ils s’entendent aussi sur la question du droit de veto ; -l’Allemagne doit subir le désarmement, la désindustrialisation, la dénazification et un démembrement. Pour le démembrement, l’Allemagne est divisée en quatre zones d’occupation avec la partie Est occupée par l’URSS et la partie Ouest par 16 les occidentaux(USA, GB, France). La partie soviétique englobe Berlin la capitale qui subit le même démembrement. -pour la Pologne, les trois n’arrivent pas à s’entendre parce que Staline refuse de restituer les territoires que son pays a annexés en 1939. En dehors de ces résolutions, les trois grands décident que les criminels de guerre nazis seront recherchés et jugés par un tribunal international. Dans l’ensemble, la conférence de Yalta est perçue comme une victoire pour les Soviétiques qui ont réussi à arracher des compromis favorables pour leur pays. Certains estiment aussi que Yalta fut un partage du monde parce que la conférence a permis aux grandes puissances, notamment les USA et l’urss d’étendre leur influence politique sur des régions hors de leurs frontières. -la conférence de Postdam : elle est organisée à Postdam (ville allemande) après la capitulation du 3ème Reich. Elle s’est déroulée du 17 juillet au 2 août 1945. Elle a réuni iles trois grands du monde, à savoir Truman des USA, Staline de l’URSS et la GB de Churchill). La conférence a décidé de l’application des décisions prises à Yalta. Pour l’Allemagne, on procède à l’occupation effective du pays par la délimitation des zones d’occupation, la désindustrialisation est faite par le démantèlement des grosses industries. La dénazification est faite par l’interdiction du parti nazi. Conformément aux décisions de Yalta, l’urss occupe l’Est et les occidentaux la partie Ouest. La capitale Berlin subit la même occupation. Les trois décident du non rétablissement d’un gouvernement central allemand. -la conférence de Paris : elle regroupe les occidentaux essentiellement et a lieu de juillet à octobre 1946 dans la capitale française. Son objectif était de finaliser les traités de paix avec les pays qui ont soutenu l’Allemagne durant la guerre. Il s’agit de l’Italie, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Finlande. La signature de ces traités finalisés à Paris interviendra le 10 février 1947. Les décisions de la conférence sont : -pour l’Italie : on décide qu’elle abandonne l’Ethiopie et l’Albanie, qu’elle cède les territoires de Rhodes et Dodécanèse à la Grèce et une partie d’Istrie à la Yougoslavie. -pour la Finlande, on décide qu’elle doit céder la Carélie à l’URSS. -pour la Roumanie, on décida qu’elle doit abandonner la Bessarabie à l’URSS. -la Hongrie et la Bulgarie sont rétablies sur leurs frontières de 1920. -on décide aussi que les pays Baltes (Lituanie, Lettonie et l’Estonie) sont intégrés à l’Union Soviétique. -Pour le cas de l’Autriche, on décide qu’elle doit subir le même démembrement que l’Allemagne (divisée en 4 zones d’occupation) et l’Anschluss fut interdite. Ce traité sera signé en mai 1955. Pendant que se déroulent les négociations de paix, les criminels de guerre nazis accusés de ‘’crime contre l’humanité’’, de ‘’crime de guerre’’, de ‘’crime contre la paix’’ sont recherchés et leur procès débute le 20 octobre 1945 à Nuremberg. NB : le traité de paix entre les occidentaux et le Japon est signé en 1951 à SanFrancisco aux USA. Il ramène les frontières japonaises à celles d’avant 1931. Conclusion 17 La seconde guerre mondiale a laissé un bilan économique, politique, humain et moral lourd, surtout pour l’Europe. En 1945, les traités de paix ont modifié sensiblement la carte du monde et particulièrement celle de l’Europe. L’émergence des deux grandes puissances (USA, URSS) et leur difficulté à s’entendre pour bâtir un monde nouveau à cause de leur idéologie, bascule le monde à nouveau dans une ère de tension dans la vie internationale avec la bipolarisation et la guerre froide. Leçon 3 : L’Organisation des Nations Unies (ONU) Introduction L’ONU est une organisation internationale créée à la fin de la seconde guerre mondiale en remplacement de la Société Des Nations (SDN) qui, elle a été créée à l’issue de la première guerre mondiale. Elle est donc née de l’impuissance de la SDN face aux problèmes internationaux et de son incapacité à sauvegarder la paix mondiale. L’ONU est une association d’Etats souverains dont le but est de contenir la paix et la sécurité internationales. Très souvent critiquée pour ses nombreuses insuffisances, l’onu demeure néanmoins une structure internationale nécessaire. I.Origine, Objectifs et Principes 1.Origine Ce sont les nations démocratiques qui étaient en guerre contre les puissances de l’Axe durant la seconde guerre mondiale qui ont créé l’ONU à la fin de la ce conflit. Mais, cette création a été le fruit d’un long processus de négociations qui se sont déroulées durant d’importantes rencontres pendant la guerre. Les principales rencontres qui ont marqué la création de cette organisation sont : -la conférence du Canada (août 1941): cette rencontre réunit le président américain (Franklin Roosevelt) et le président britannique (Winston Churchill). Au cours de cette rencontre, Roosevelt fait par de sa volonté de créer une organisation plus forte, basée sur les principes démocratiques après la guerre pour remplacer la SDN. Ils élaborent ensemble un document baptisé la charte de l’atlantique dans lequel ils définissent les principes démocratiques élémentaires qui devaient être appliqués 18 dans le monde après la guerre pour sauvegarder la paix internationale. Ce document est l’acte fondateur de l’onu. -la conférence de Washington (janvier 1942): 26 pays en guerre contre l’Axe se retrouvent à Washington et signent « la déclaration des Nations Unies ». Pour la première fois, le terme Nations Unies est utilisé. Ces pays s’engagent pour un système de paix et de sécurité dans le monde. -la conférence de Moscou (octobre 1943) : durant cette conférence, les USA, l’URSS, la GB et la Chine affirment « la nécessité d’établir aussitôt que possible une organisation générale fondée sur le principe d’une égale souveraineté de tous les Etats pacifiques afin d’assurer la paix et la sécurité internationales ». -la conférence de Téhéran (décembre 1943) : elle regroupe Staline, Churchill et Roosevelt. On y d’une organisation qui pourrait intervenir en cas de menace de la paix et de la sécurité. -la conférence de Dumbarton Oaks (21 septembre-7 octobre 1944) : elle réunissait les USA, la GB, la Chine, et l’URSS. La France était absente parce qu’elle avait un gouvernement provisoire mais la GB lutait pour sa reconnaissance. Le but de cette rencontre était la création de l’ONU. On lance donc les organes mais les points de discorde étaient le droit de veto et la question des voix de l’URSS (16 pays). -la conférence de Yalta (4-11 février 1945) : trois nations étaient présentes (les USA, l’URSS et la GB). A cette conférence, il est décidé que l’urss aura trois voix (Russie, Ukraine, et Biélorussie) et les cinq (5) membres permanents auront le droit de veto. -la conférence de San-Francisco (avril-juin 1945) : elle établit la charte de l’onu qui fixe les principes, les objectifs et les organes de l’institution. 2. Les principes de l’ONU Ce sont essentiellement : -le maintien de la paix dans le monde par des moyens pacifiques : -l’interdiction d’ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; -l’égalité de la souveraineté de tous les Etats membres ; -le respect des résolutions prises par le conseil de sécurité ; -le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; 3. Les objectifs de l’ONU Les principaux objectifs de l’ONU sont : - le maintien de la paix et la sécurité internationales ; - la défense des intérêts et les droits fondamentaux de l’Homme, - la promotion de la coopération entre toutes les nations ; etc. Pour atteindre ces objectifs, l’ONU s’est dotée d’organes pour faciliter son fonctionnement. II. Les structures et le fonctionnement de l’ONU Au terme de sa charte, six (6) principaux organes assurent le fonctionnement des Nations Unies. L’action de ces organes est renforcée par de nombreux services et institutions spécialisées. 1.Les organes principaux A) L’Assemblée générale C’est l’organe principal de délibération. Elle se compose des représentants de tous 19 les Etats membres qui disposent chacun d’une voix. Elle discute des problèmes menaçant la paix mondiale, les questions relatives aux droits humains et à la coopération. Elle tient annuellement une session ordinaire au début du dernier trimestre de l’année mais en cas de crise grave, des sessions extraordinaires sont tenues. Elle élit le secrétaire général et les membres des autres organes sur proposition du conseil de sécurité, vote le budget de l’ONU, etc. Les décisions sont prises à la majorité simple, sauf pour les questions importantes où il faut les deux tiers. B)Le conseil de sécurité C’est l’organe qui a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. C’est donc l’organe exécutif de l’onu. Il se compose de 15 membres dont 5 permanents que sont les USA, l’urss, la GB, la France et la Chine populaire et 10 membres non permanents élus pour un mandat de deux (2) ans. Chaque membre dispose d’une voix et les décisions sont prises par un vote affirmatif de neuf au moins des 15 membres. Cependant, les 5 membres permanents disposent chacun du droit de veto qui est le pouvoir d’annuler une décision par simple opposition à celle-ci. Le conseil de sécurité se réunit chaque fois qu’une situation met en danger la paix mondiale et prend des résolutions qui s’imposent à tous les pays membres. Sa tâche principale est de préserver la paix et la sécurité collectives. Il facilite le règlement des différends par voie de négociation, d’enquête, de médiation, d’arbitrage, de conciliation. Il fait parfois recours aux organismes sous-régionaux (CEDEAO, SADEC). En cas de conflit, le conseil de sécurité envoie les forces des nations unies, appelées casques bleus qui peuvent intervenir comme une force de maintien de la paix en s’interposant entre les belligérants afin de faciliter le dialogue pour une solution pacifique. Ils peuvent également être des forces de consolidation de la paix afin d’aider et d’accompagner les pays qui sortent de crises pour l’enracinement de la paix. Exemples du Libéria, du Kossovo, de la Sierra-Leone. Enfin, conformément à la charte, les casques bleus peuvent intervenir comme une armée de libération pour libérer un pays agressé. Exemples de la Corée (1950-1953) et dans le Golf en 1991. C) Le secrétariat général C’est l’organe administratif de l’organisation. Il est piloté par le secrétaire général qui est le plus haut fonctionnaire de l’institution. Il est élu par l’ag sur recommandation du conseil de sécurité pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable une seule fois. Il administre l’organisation et est soutenu par de nombreux fonctionnaires internationaux affectés dans divers lieux à travers le monde pour assurer la mission de l’ONU. Il dispose d’un budget alimenté par les contributions des Etats membres. Le SG attire l’attention du monde sur les problèmes qui peuvent mettre la paix en danger. Il prépare chaque année le rapport des activités de l’ONU qu’il soumet à l’ag. Depuis sa création, l’onu a connu huit (8) secrétaires généraux qui sont : le norvégien Grygvelt (1946-1953) ; le suédois Dag hammarkjold (1953-1961) ; le birmanienu.Than (1961-1971) ; l’autrichien Kurt Waldheim (1972-1981) ; le pérouvien Xavier Perez De Cueillar (1982-1991) ; l’égyptien Boutros Boutros Ghali (1992-1996) ; le ghanéen Kofi Annan (1996-2006) et le sud coréen Ban Ki-Moon (2007 à nos jours). D)Le conseil économique et social 20 Il est chargé de la coopération en toutes les matières, de favoriser la coopération concernant les questions humanitaires et mêmes économiques de l’humanité, des niveaux de vie matérielle. Il est composé de 54 membres élus pour trois (3)ans. Il coordonne également les activités des nombreux services et institutions spécialisées. Par exemple : -sur le plan économique : nous avons le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et aussi l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Le FMI favorise la coopération monétaire, assure la stabilité monétaire des monnaies, leur convertibilité, exige leur dévaluation si cela est nécessaire et encadre économiquement les pays en voie de développement. Quant à la banque mondiale, elle est créée en 1945 et elle fait la promotion de l’économie libérale, finance les grands projets, fait des prêts à long terme, fait des prêts aux entreprises privées sous l’aval de l’Etat. L’OMC est créée en janvier 1995 et son siège est Genève en Suisse. Elle garantit la liberté des échanges, évite le protectionnisme, lutte contre le dumping, milite pour une mondialisation de l’économie. -sur les plans humanitaire, social et culturel : de nombreuses institutions y interviennent. Il s’agit de : °OMS : son siège est à Genève en Suisse. Elle organise des campagnes de sensibilisation et de vaccination. Elle apporte son assistance aux pays en voie de développement et légifère sur les médicaments. °FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Elle est basée à Rome en Italie. Elle lutte contre la faim, les déséquilibres alimentaires, participe à la gestion de l’environnement, etc. °UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) : elle est basée à Paris, lutte contre l’analphabétisme, prône le métissage culturel, participe à la construction d’écoles, octroie des bourses d’étude, organise des foras de recherche, etc. °UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) : elle est basée à Washington. Elle lutte pour les droits des enfants rescapés de guerre, lutte contre l’exploitation et le trafic des enfants et la pédophilie. En plus de ces institutions, on le PNUD, le UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), l’OIT, le PAM, l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), etc. E) La cour internationale de justice C’est le principal organe judiciaire de l’ONU. Elle siège à la Haye aux Pays-Bas. Elle se compose de 15 juges internationaux élus par l’ag pour neuf (9) ans. Ce tribunal règle les conflits entre les Etats sur leur demande. Elle doit refléter toutes les civilisations du monde. F) Le conseil de tutelle Il a été créé pour accompagner les différents territoires sous-mandat vers leur autonomie ou leur indépendance. Nous pouvons aujourd’hui dire que cet organe a atteint son objectif. Composé des cinq membres permanents, il a depuis lors modifié son règlement intérieur et se réunit d’une manière occasionnelle 21 2. Les forces les faiblesses de l’ONU A. Les forces -Dans les domaines économique, social et culturel Dans les domaines économique, social et culturel, l’ONU a fourni des efforts louables depuis sa création dans la lutte contre la maladie, la faim, la pauvreté, la misère et l’ignorance. Elle apporte une assistance technique, financière, matérielle et accorde des bourses d’études à de nombreux pays en difficultés pour les accompagner dans leurs efforts de développement. Elle émet régulièrement des recommandations pour que les pays riches augmentent leurs aides aux pays pauvres et militent pour la suppression de la dette des pays confrontés à d’énormes difficultés. Elle œuvre également pour la promotion de la diversité culturelle et la tolérance à travers les actions de l’Unesco. -Au plan politique Depuis sa création, l’ONU a œuvré pour l’indépendance des peuples colonisés. Son action a favorisé l’indépendance des territoires sous-mandat français, notamment le Liban, la Syrie. En 1960, à travers sa résolution 1514, l’ONU a exigé l’indépendance de tous les peuples colonisés au nom de sa charte. Cette action favorisa l’indépendance des pays africains durant les années 1960. Par ailleurs, l’ONU depuis 1945 œuvre pour le respect des droits humains et la promotion de la bonne gouvernance. Pour les droits humains, l’ONU a publié en 1948, la déclaration universelle des droits de l’homme. En matière de gouvernance, l’ONU œuvre pour l’enracinement de la démocratie dans ce sens. Elle organise, surveille et accompagne la tenue d’élections transparentes, libres et démocratiques dans les pays en crise pour un retour à la paix. -Dans le domaine de la paix et de la sécurité internationale Créée essentiellement dans le but de maintenir la paix et la sécurité internationales, l’ONU n’a pu éviter le déclenchement de nombreux conflits qui ont parfois menacé la paix et la sécurité dans le monde. Cependant, elle a beaucoup œuvré en faveur de la résolution des foyers de tensions dans la perspective de sauvegarder la paix mondiale. Son action a permis la résolution de nombreux conflits : par exemples, la guerre de Corée (1950-1953), la crise des fusées de Cuba (1962), la guerre du Golf (1991). En Afrique, son action a favorisé le retour de la paix dans de nombreux pays qui étaient victimes de guerre civile. Exemples, la RDC, le Liberia, la Sierra-Leone. L’action de l’organisation en faveur de la paix et de la sécurité internationales a valu en 1988, l’attribution du prix Nobel de la paix aux forces de maintien de la paix des nations unies ou casques bleus. B. Les faiblesses de l’onu Malgré la noblesse de ses ambitions, l’ONU a du mal à atteindre certains de ses objectifs et les causes sont entre autres : -l’usage abusive du droit de veto par les membres permanents en faveur de leurs intérêts et non pour servir la cause de l’organisation ; -l’influence des grandes puissances sur le fonctionnement de l’organisation, surtout les USA qui agissent souvent selon leur gré ; -la lourdeur et la lenteur administratives qui retardent parfois la prise de décisions urgentes. -le non respect de la charte par les Etats membres ; 22 -l’impuissance de l’ONU face à la question du désarmement nucléaire, le terrorisme international, la pollution de l’environnement et les changements climatiques, le fossé qui s’agrandit entre le Nord et le Sud ; -l’absence d’une autorité véritable et d’une réelle indépendance de l’organisation car les intérêts partisans des Etats y ont une place non négligeable ; -la non permanence des casques bleus est un frein à la réaction rapide dans les foyers de tension et même parfois à une intervention ; -pendant la guerre froide, elle a été victime de marginalisation car ce sont les rapports de force entre les deux supers-puissances (USA et URSS) qui ont régi la scène internationale ; -malgré l’existence de nombreuses organisations intervenant dans les domaines sociaux, humanitaires, économiques et culturels, le monde est toujours marqué par les famines, les maladies, l’analphabétisme, la sous-scolarisation, la pauvreté, la montée du nationalisme et de l’intégrisme religieux ces dernières années, etc. III. La problématique de la réforme de l’ONU Depuis les deux dernières décennies, il est de plus en plus question de reformer le système des nations unies. Cette réforme est voulue pour plusieurs raisons. D’une part, le contexte international depuis la création de l’organisation a beaucoup évolué et l’ONU doit s’y adaptée. D’autre part, le nombre de ses membres a nettement évolué passant de 52 à 192 de nos jours et de nouvelles puissances ont émergées. Par ailleurs, la réforme s’impose pour que l’onu puisse affronter avec efficacité les difficultés actuelles du monde. Les projets de réformes concernent l’élargissement du conseil de sécurité à d’autres puissances, la révision du principe du droit de veto, le renforcement des mécanismes de prises de décisions afin de réduire la lourdeur administrative et la révision du régime de sanction. Tous ces projets de réforme sont initiés car : -les puissances économiques mondiales comme le Japon, l’Allemagne, le Canada ne sont pas représentées ; -des puissances régionales comme la RSA, le Nigéria, l’Inde, etc. ne sont représentées ; -des continents comme l’Afrique et l’Océanie ne sont pas représentés au niveau du conseil de sécurité avec droit de veto; -une puissance démographique comme l’Inde n’est pas représentée ; -Aucun pays musulman n’est au conseil de sécurité avec droit de veto ; etc. Cependant, cette question divise le monde et même des continents car : -les USA souhaitent un élargissement restreint des membres permanents au Japon et à l’Allemagne ; -la Chine s’oppose à la désignation du Japon comme membre permanent ; -l’Afrique réclame deux (2) sièges que les USA ne souhaitent pas (plusieurs pays africains se disputent les deux sièges envisagés ; notamment l’Afrique du sud, le Nigeria, le Sénégal, l’Algérie, l’Ethiopie. Cette question de réforme initiée par Kofi Annan a été léguée à Ban Ki-Moon. Conclusion Depuis sa création en 1945, l’ONU œuvre pour le maintien de la paix, de la sécurité, de renforcement de la coopération internationale. Son action n’est pas toujours couronné de succès mais son importance n’est pas à démontrée. Elle a pu jusqu’à présent éviter une troisième guerre mondiale et constitue une tribune internationale 23 où tous les pays petits et grands peuvent faire entendre leur voix et trouvé des solutions à leur préoccupation. Face à ces insuffisances, sa réforme s’impose de nos jours pour renforcer son efficacité et sa crédibilité. Chapitre2 : Les relations internationales de 1945 à nos jours Leçon1 : Les tensions idéologiques et conflits : les deux blocs, la guerre froide, la détente, la coexistence pacifique 24 Introduction L’amitié qui liait les Alliés pendant la seconde guerre mondiale était sans fondement idéologique. C’était en effet, une amitié qui reposait sur un concours de circonstance caractérisé par l’ennui commun qui était l’Allemagne d’Hitler. Au sortir donc de la guerre, cette amitié sera mise à rude épreuve ; ce qui entrainera le monde vers la bipolarisation symbolisée par la guerre froide et la coexistence pacifique jusqu’à la fin du siècle. I. La formation des deux blocs 1.La rupture de la grande alliance L’union sacrée entre les démocraties et l’URSS face à l’adversité des pays de l’Axe n’a pas fait long feu. Déjà, pendant les deux dernières années de la guerre (1944-1945), les relations entre l’URSS et les autres pays alliés, surtout les USA, s’étaient refroidies pour plusieurs raisons dont l’essentiel réside dans le non respect des engagements pris dans les grandes conférences de Yalta et de Postdam. Il s’agit notamment de : -l’imposition par l’URSS de régimes socialiste dans les pays d’Europe centrale et orientale (Roumanie, Hongrie, Albanie, Pologne, etc.), libérés par l’armée rouge ; -l’ambition soviétique de propager le communisme dans le monde ; -la survivance des divergences idéologiques entre le capitalisme et le communisme et les suspicions réciproques ; -le soutien accordé par l’URSS aux mouvements communistes en Grèce et en Iran ; -l’ambition américaine de dominer le nouvel ordre mondial d’après guerre à travers leur statut onusien ; notamment leur rôle déterminant dans la création de l’Onu, leur place dans les institutions de brettonswoods et l’hégémonie du dollar américain, etc. -la suspension sans concertation de l’aide fournie par les USA à l’urss dans le cadre du Prêt bail le 20 août 1945. 2.La création des deux blocs La rupture de la grande alliance est devenue manifeste en 1947. Au terme d’un processus qui a duré environ deux (2) ans, les deux blocs antagonistes voient le jour sous l’impulsion des deux doctrines opposées. -la doctrine Truman : elle est encore appelée doctrine de containment ou d’endiguement. C’est une doctrine qui visait à encercler la sphère d’influence soviétique afin d’éviter l’extension du communisme. Elle consistait d’une part à soutenir les pays menacés de basculement dans le juron soviétique du fait de l’activisme des groupuscules communistes et d’autre part à lutter contre les ennemis de l’intérieur ; c'est-à-dire les compatriotes adeptes du communisme. C’est l’exemple de la chasse aux sorcières dans le cadre du Maccarthysme aux USA. -la doctrine Jdanov : elle visait à travers la création du Kominform (bureau de liaison et d’informations communes des partis communistes) à renforcer les relations entre les partis et les leaders communistes du monde entier mais aussi à les soutenir activement. C’est aussi un forum pour les échanges d’expériences politiques. Il s’agit donc de répandre le communisme à travers le monde. C’est ainsi que le monde devenait bipolaire à partir de 1947 à travers les blocs suivants : +le bloc capitaliste ou occidental : il s’est formé autour des USA et il correspond à la sphère d’influence des USA. +le bloc socialiste, communiste ou oriental : il s’est constitué autour de l’urss et 25 correspond à la zone d’influence de l’Union Soviétique. Chaque bloc a renforcé sa cohésion et sa solidarité à travers des structures militaires, politiques et économiques. Au plan militaire : l’otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) Est une organisation militaire du bloc Ouest. En effet, la présence de l’armée rouge en Europe centrale inquiète les occidentaux. C’est ainsi qu’en mars 1948, ils signent le traité de Bruxelles réunissant le BENELUX, l’Angleterre et la France. Ce traité évolue pour donner le traité de l’Atlantique Nord signé le 4 avril 1949 à Washington. A l’origine de ce traité, il y avait douze (12) pays dont les USA, le Canada, le Portugal, la Norvège, le Danemark, l’Italie, l’Islande et les cinq (5) pays du traité de Bruxelles. C’est en 1952 que la Turquie et la Grèce y adhèrent tandis que l’Allemagne y entre en 1954 avec surtout la première crise de Berlin. Le commandement militaire suprême est assuré par les USA. L’OTAN est complétée progressivement par d’autres accords pour couvrir l’ensemble du monde. Ainsi, en 1954 on a la création de l’otase (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est), le pacte de Bagdad signé en 1955 pour couvrir le Moyen-Orient, l’anzus (Australie, Nouvelle Zélande, Etats Unis) créée en 1951 pour couvrir la région de l’Océanie). Devant l’OTAN, le bloc oriental s’organise et crée en 1955 le pacte de Varsovie dont les principaux objectifs étaient le maintien de la paix au sein du bloc et l’assistance mutuelle entre Etats du bloc. Le commandement supérieur est assuré par les Soviétiques. Au plan politique : on a le conseil européen créé à Strasbourg en France en 1949 et Qui regroupait tous les pays capitalistes. Il s’agit pour ce conseil de tisser les liens entre les Etats à économie libérale, de développer la solidarité entre ces Etats. A côté de ce conseil, il y le Kominform créé en 1947. Cette structure avait une prérogative politique (confère doctrine Jdanov). Au plan économique : on a l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique) créé en 1948 et dont le rôle a surtout été de coordonner l’utilisation des fonds du plan Marshall. Cette structure a évolué pour devenir en 1960 l’ocde (Organisation Economique de la Communauté Européenne). On a aussi la création de la CEE (Communauté Economique Européenne) qui est devenue l’UE (Union Européenne) de nos jours. A côté de ces structures capitalistes, on a le COMECON ou CAEM (Conseil d’Aide Economique Mutuelle) créé en janvier 1949 avec les principaux objectifs suivants : la coopération technique et scientifique, le développement des échanges entre Etats communistes et l’harmonisation des plans de production. C’est dans ce sens que chaque pays fut spécialisé (Bulgarie : agriculture ; Roumanie : pétro-chimie ; Tchécoslovaquie : sidérurgie (acier) ; l’URSS (elle produit abondamment dans tous les domaines). Au total, nous pouvons affirmer qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’amitié qui liait les Alliés va s’effilocher (se déchirer, séparer, diviser). Les raisons de cette situation sont d’abord idéologiques mais elle est surtout suscitée par les ambitions démesurées des deux nouvelles puissances. Mais pour manifester cette ambition, ces deux puissances vont donner une nouvelle configuration au monde à travers des structures politiques, économiques et militaires qui vont diriger leurs différentes doctrines. Une fois structurées selon leurs besoins et leurs ambitions, les nouvelles puissances vont amener le monde dans une logique de guerre appelée guerre froide. 26 II. La guerre froide La guerre froide est la matérialisation des rapports qui existaient entre les deux blocs issus de la bipolarisation du monde après 1947. Ces rapports se caractérisaient par une situation de non-guerre et de non-paix marquée par des crises directes non armées, des conflits périphériques (par des Etats interposés), par une méfiance réciproque et par une opposition idéologique (capitalisme contre communisme). C’est aussi une période qui est difficile à maintenir dans une tranche de temps à cause du caractère imprévu de ses événements. 1. Les premières crises de la guerre froide A. Le refus du plan Marshall par le bloc Est Le plan Marshall, initié par le secrétaire d’Etat américain à l’économie Georges Marshall est un programme d’aide collective de quatre (4) ans (1948-1952) qui ambitionnait de soutenir les pays européens ruinés par la guerre dans leur effort de reconstruction. Le bloc occidental l’a accueilli favorablement et les principaux bénéficiaires étaient la GB, la France, l’Allemagne de l’Ouest (RFA), l’Italie, le Japon, etc. Quant au bloc oriental, il a considéré ce plan comme un moyen de domination économique et d’asservissement imaginé par les USA. A ses yeux, le plan Marshall serait un instrument d’expansion du capitalisme dans le monde. Après avoir donc décliné l’offre, l’urss incite ses Etats satellites à faire de même. B.Le blocus de Berlin (juin 1948-mai 1949) Conformément à une résolution prise par les trois (3) grands lors de la conférence de Yalta, le territoire allemand et la capitale Berlin furent divisées en quatre (4) zones d’occupation : une zone soviétique, une zone américaine, une zone britannique et une zone française. Ainsi, les trois zones d’occupation occidentales devenaient des enclaves dans la zone d’occupation soviétique. En mai 1948, les occidentaux (les USA, la GB, la France) décident à la conférence de Londres de fusionner leurs zones d’occupation pour constituer un espace économique. Ils entreprennent également de créer une monnaie propre et unique appelée Deutschemark et la création d’un Etat Ouest-Allemand. L’URSS proteste vivement contre ces décisions qu’elle qualifie de violation des accords de paix concernant l’Allemagne. Les soviétiques réagissent le 24 juin 1948 en instaurant le blocus de Berlin ; c'est-àdire en fermant toutes les voies terrestres (routes et voies ferrées) d’accès à Berlin Ouest. Pour faire face à ce blocus, les occidentaux, notamment les USA mettent sur pied un pont aérien pour contourner ce blocus qui asphyxiait Berlin-Ouest. Ce pont aérien consistait à ravitailler Berlin-Ouest en divers produits (produits alimentaires, hydrocarbures, vêtements, matériels de construction, etc.) par avion. Mais constatant l’inefficacité du blocus et la désapprobation de l’opinion internationale, Staline fait lever le blocus le 5 mai 1949. Les conséquences de ce blocus sont énormes. Avec elle, on a la division effective de l’Allemagne. En effet, le 8 mai 1949 la République Fédérale d’Allemagne (RFA) est proclamée par les occidentaux avec pour capitale Bonn et le 7 octobre 1949, on a la création de la République Démocratique d’Allemagne (RDA) par les Soviétiques avec Berlin-Est comme capitale. La naissance de ces Etats achève non seulement la 27 division de l’Allemagne mais aussi de l’Europe toute entière. Aussi, la crise a entrainé le durcissement des tensions marquées par la course aux armements. La capitale Berlin, administrée par les deux camps devient l’enjeu de la guerre froide. C.La victoire communiste de Mao Zedong La guerre civile entre les communistes de Mao et les nationalistes de Tchang kaïtchèk en Chine, interrompue par la seconde guerre mondiale, reprend en 1946. Après d’intenses combats, la victoire des communistes dirigés par Mao est totale en 1949 sur les nationalistes. Le 1eroctobre 1949, Mao proclame la naissance de la République populaire de Chine. Les nationalistes battus se réfugient sur l’île de Formose (Taïwan actuel) où Tchang kaïtchèk maintient la République de Chine. D.La guerre de Corée (1950-1953) Le contexte -Avant la guerre : le Japon est présent en Corée depuis 1898. En 1907, la Corée devient un protectorat japonais et en 1910, elle devient une colonie proprement dite. -Pendant la guerre : en 1945, le Japon est chassé de la Corée par les troupes alliées ; notamment les Américains et les Soviétiques qui s’installent de part et d’autre du 38ème parallèle : Américains au Sud et Soviétiques au Nord. -Après la guerre : les incompréhensions de l’immédiat après guerre défavorisent la création d’un Etat unifié et dirigé par un gouvernement responsable signée à Postdam. Dès 1948, Soviétiques et Américains installés de part et d’autre créent des gouvernements à leur convenance. Au nord, un gouvernement pro-communiste et au Sud un gouvernement pro-capitaliste. Le 15 août 1948, c’est la création de la Corée du Sud à Séoul et le 9 octobre 1948, c’est la création de la Corée du Nord à Pyong Yang. Les troupes Américaines et Soviétiques embarquent en Janvier 1949. Les accrochages fréquents entre les différentes troupes de la zone de démarcation dégénèrent en véritable conflit. Le déroulement de la guerre La guerre commence véritablement le 25 juin 1950 lorsque les troupes nord coréennes franchissent le 38ème parallèle, menaçant ainsi le régime de Séoul. Celle-ci fait appel à l’ONU. Le conseil de sécurité, boycotté par l’urss, adopte le 27 juin 1950 une résolution permettant à l’onu d’intervenir dans le conflit coréen. Entre septembre et octobre 1950, les troupes onusiennes composées en grande partie d’Américains ème repoussent les Nord-coréens ; dépassant eux aussi le 38 parallèle. Avec l’aide de la Chine, les troupes onusiennes conduites par le général Mc Arthur sont repoussées jusqu’au sud d’octobre 1950 à janvier 1961.Mc Arthur demande l’utilisation de la bombe atomique ; ce que Truman refuse et le remplace par le général Ridgway.De janvier à avril 1951, les troupes onusiennes se ressaisissent et repoussent les nordème coréens jusqu’au 38 parallèle. C’est en ce moment que commencent les négociations (18 juillet 1951) qui aboutissent à l’armistice de Pan Mun Jom le 22 ème juillet 1953. L’armistice rétablit la frontière entre les deux Corées au 38 parallèle en attendant des élections pour leur réunification. Cet armistice est d’abord un armistice qui met fin aux hostilités mais ensuite il constituera un élément important pour la détente des relations internationales. Les conséquences de la guerre de Corée -une guerre très meurtrière (environ 2millions de morts) et avec elle, la guerre froide prend une dimension internationale ; 28 -l’armistice de Pan Mun Jom consacre la division de la Corée en deux entités et met fin à la guerre ; -c’est un demi échec pour les Américains avec environs 30.000 morts car ils ont ‘’mordu la poussière’’ devant deux petites armées (Corée du Nord et Chine) ; -une relance de l’économie japonaise qui profite pour vendre ses armes ; -une réussite pour la Chine qui s’illustre sur le plan international désormais ; -la guerre a aussi démontré que les deux super-puissances savaient doser leur opposition ; -un réarmement du Japon et de l’Allemagne car on leur permet désormais d’avoir une capacité de défense réelle en cas d’agression extérieure. Mais il est important de savoir que les deux super-grands maintiennent toujours leur zone d’influence jusqu’à nos jours et qu’il n’y a pas eu de traité de paix entre les deux Corées ; donc, elles sont toujours en conflit officiellement. 2.La détente (1953-1956) Il s’agit d’un dégel de la guerre froide, d’une volonté des deux super-puissances et des deux blocs de se tolérer pour exister dans le même monde. Cette nouvelle donne s’explique par plusieurs raisons. A.Les causes de la détente Les principales causes de la détente sont : -la mort de Staline (5 mars 1953) : il est remplacé par un triumvirat ou un troïka composé de Khrouchtchev (secrétaire général du PCUS), Malenkov (président du conseil) et Boulganine (ministre de la défense). Dès son arrivée au pouvoir, ce triumvirat opta pour une déstalinisation du pays. Il s’agit pour eux de montrer la supériorité du communisme aux plans économique, idéologique, diplomatique et non sur le plan militaire ; -l’arrivée du général David Eisenhower : son équipe rompt avec l’attitude anticommuniste de Mc Arthur marquée par des espionnages, de faux procès, des dénonciations arbitraires, etc. Pour son équipe, il faut communiquer avec les Soviétiques. -l’équilibre de la terreur : depuis 1953, l’URSS dispose d’une bombe H ; donc d’une force nucléaire. Il y a la crainte de détruire le monde, il y a donc respect mutuel. B.Les manifestations de la détente La détente s’est manifestée par : -l’armistice de Pan Mun Jom signé en juillet 1953 ; -l’accord de Genève en Suisse en 1954 qui met fin à la guerre d’Indochine entre la France et les nationaliste indochinois ; -l’adhésion de l’urss à l’Unesco en 1954 ; -la reconnaissance de la RFA par l’urss en 1955 ; -la dissolution du Kominform en 1956 ; -l’entrée massive à l’ONU de certains Etats dont les candidatures avaient été bloquées par les droits de veto (Turquie, Albanie, Hongrie). Malheureusement, à partir de 1956, la trêve fera place au retour des tensions. 3. Le retour des crises (1956-1962) A. La crise du canal de Suez Origine 29 En juillet 1952, une révolution renverse le Raïs Farouk en Egypte, balayant ainsi la monarchie et proclamant la république égyptienne. En 1954, Nasser devient le chef suprême en s’imposant à ses camarades (Néguib). Au départ, il se montre modéré et il tente une ouverture sur l’occident. Dans ce sens, il demande un prêt financier pour la construction du barrage d’Assouan et des armes aux Britanniques, aux Français et aux USA. On les lui refuse. La France refuse car Nasser soutient les Arabes Algériens (FLN) qui sont en guerre contre elle. La GB refuse parce Nasser fait ombrage à leur influence dans la zone arabe. Les USA refusent à cause de la concurrence du coton qui pourrait se créer si le barrage d’Assouan est créé. Nasser se tourne alors vers les Soviétiques. Il pense que la meilleure manière de stimuler l’aide soviétique est de nationaliser le canal de Suez. Ainsi, les Soviétiques auront un avantage économique et stratégique en passant par ce canal pour vendre leurs produits. De plus, il pourrait lui-même en tirer un profit financier. Pour Nasser, le canal est une preuve que l’Egypte est sous le joug colonial. Toutes ces raisons l’amènent à nationaliser le canal. Face à cette situation, Français et Britanniques préparent un complot contre le régime de Nasser avec la complicité de Israël son voisin. Le déroulement Les 29 et 30 octobre 1956, Israël attaque l’Egypte dans la région du canal. La France et la Grande Bretagne interviennent pour séparer les deux pays en conflit et elles profitent pour occuper le canal. Le 5 novembre 1956, l’urss de Nikita Khrouchtchev, alliée de l’Egypte refuse cette épreuve de force occidentale et lance un ultimatum aux trois agresseurs (Israël, France, GB) puis demande leur retrait immédiat avec menace nucléaire (bombe atomique). L’ONU et les USA aussi condamnent cette agression et font pression pour qu’elle prenne fin. Condamnés de toute part, Français, Britanniques et Israéliens se retirent de l’Egypte le 6 novembre 1956. Les conséquences de la crise -Français et Anglais sont humiliés, ils perdent leur influence dans la zone ; -Soviétiques augmentent leur influence dans la zone arabe ; -Nasser réussit sa sortie sur la scène internationale et démontre qu’il est le leader du monde arabe ; -les USA se retrouvent dans le Moyen-Orient, mais en face des Soviétiques ; -l’urss apparait désormais comme le défenseur des petits Etats contre l’impérialisme, etc. B. La guerre française d’Indochine (Indochine=Vietnam+Laos+Cambodge) La défaite française de juin 1940 a entrainé l’occupation de l’Indochine par le Japon. En 1945, les Japonais battus, sont chassés du pays. En 1947, Hô Chi Minh, leader du parti nationaliste vietnamien exilé en Chine durant la guerre, proclame l’indépendance du Vietnam avec la création de la République Démocratique du Vietnam. La France, puissance colonisatrice, rejette cette indépendance et Hô Chi Minh organise la lutte armée pour défendre l’indépendance de son pays. Mais cette guerre de décolonisation qui commence va évoluer en conflit de la guerre froide à partir de 1949 avec le soutien de la Chine aux forces de Hô Chi Minh appelées Vietminn et l’appui financier des USA à la France. 30 Le 7 mai 1954, les 12.000 soldats français sont encerclés dans la cuvette de Dien Bien Phu. C’est la déroute totale pour les forces françaises. Le 21 juillet 1954, devant ce désastre, la France signe les accords de paix de Genève mettant fin à la guerre. Ces accords entérinent l’indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam mais le Vietnam est provisoirement divisé en deux à partir du 17ème parallèle avec au nord la République Démocratique du Vietnam dirigée par Hô Chi Minh et au sud, la République nationaliste du sud vietnamien pro-américaine dirigée par Bao Daï. Des élections sont prévues pour 1956 afin de réunifier le pays. C.La deuxième crise de Berlin (1958-1961) Berlin-Ouest représentait le miroir de la doctrine capitaliste, de l’économie libérale en Allemagne de l’Est. Elle représentait un paradis terrestre dans un environnement de pauvreté généralisée, de misère (famine, chômage, maladies, etc). Elle attire donc les populations de l’Allemagne de l’Est, surtout celles de Berlin-Est qui migrent en masse vers cette partie Ouest de Berlin à la recherche de meilleures conditions existentielles. Face à cette « hémorragie humaine », c'est-à-dire la fuite de nombreux habitants de Berlin-Est vers Berlin-Ouest, Khrouchtchev fait construire dans la nuit du 12 au 13 août 1961, un mur fortifié et électrisé de 46 kms de long et 4m de haut séparant Berlin Est et Berlin Ouest. Ce mur symbolisait non seulement la division de Berlin mais aussi celle de l’Europe et du monde entier. Il fut qualifié par les occidentaux de mur de la honte. Il a fallu attendre le 9 novembre 1989 pour voir ce mur tomber ; mettant ainsi fin à la guerre froide. Les conséquences de cette crise sont les suivantes : -la séparation davantage du peuple allemand et mêmes des familles ; -l’échec des soviétiques face aux occidentaux ; -une réussite pour les occidentaux qui ont su s’accrocher ; -le mur indispose l’opinion mondiale ; -le paroxysme de la rupture entre les deux blocs, les deux Allemagnes ; etc. D. La crise des fusées de Cuba (1962) Rappel historique En 1898, Cuba se libère de la domination espagnole avec l’aide des USA. Dès lors, il devient une véritable colonie des USA. En effet, les Américains se sont donnés un certain nombre de droits dont le droit d’intervention et de mettre la main sur l’économie cubaine. Cette situation déplait aux nationalistes cubains qui pensent que c’est une situation néo-colonialiste. Contexte Le 26 juillet 1952, Fidel Castro tente un coup d’Etat qui échoue. Il est arrêté, emprisonné et libéré en 1955. Réfugié au Mexique, Castro recrute des guerriers et forme une armée dans le but de libérer son pays des mains du dictateur proaméricain Fulgencio Batista. Il est soutenu dans cette œuvre par son ami Che Guevara. ème En décembre 1956, il tente un 2 coup d’Etat qui échoue encore. En décembre 1958, il réussit à prendre le pouvoir avec l’aide surtout des paysans cubains. En 1960, il entreprend des réformes agraires et industrielles. Au niveau des réformes agraires par exemple, les Américains perdent 136.000 hectares et au niveau industriel, 380 entreprises américaines sont nationalisées. Ces réformes entrainent une rupture totale entre Cubains et Américains. Les Américains cherchent donc à 31 renverser Castro en organisant le 15 avril 1961, « l’opération de la baie des cochons » où 2000 anti-castrices armés par les USA (FBI et CIA) débarquent à Cuba pour le renverser. Ce fut un échec car ils sont arrêtés et emprisonnés. Le déroulement En 1962, les Américains reviennent à la charge et cette fois-ci, ils imposent un blocus économique aux Cubains. En effet, ils refusent non seulement d’acheter le sucre cubain mais aussi d’apporter leur aide financière aux Cubains. C’est ainsi que Castro se tourne vers l’urss qui constitue aussi un gros marché de consommation. Dans le cadre de cette nouvelle coopération, l’urss apporte un prêt de 700 millions de dollar au Cuba et pense armer le pays contre toute agression extérieure. C’est ainsi que les Soviétiques installent sur l’île de Cuba, une base de lancement de missiles orientées vers les intérêts américains (bases militaires, villes, canal de Panama, etc.). Les avions U2 américains découvrent le scénario en octobre 1962. Les Américains réagissent et transforment le blocus économique en blocus frontalier puis demandent le démantèlement systématique des installations. Les navires de guerre américains sillonnent l’île de Cuba pour l’isoler du reste du monde. Quant à l’urss, elle tenait à achever ses installations. Ainsi, le monde entier est pris par la peur parce qu’une troisième guerre se prépare car les deux grands sont face à face. L’ONU organise une séance diplomatique avec l’appui du pape Jean XXIII et les négociations s’ouvrent. Les Américains exigent le retrait des missiles et bombardiers soviétiques ; ceci obtenu, alors ils lèveront le blocus frontalier. Les Soviétiques quant à eux, exigent que les Américains n’occupent plus Cuba après leur départ. Le 28 octobre 1962, les Soviétiques démantèlent leur dispositif et les Américains lèvent le blocus. C’est ainsi que la crise s’apaise pour le bonheur de l’humanité. La crise de Cuba fut l’une des graves crises de la guerre froide car ayant opposé directement les deux super-puissances. Elle a failli conduire le monde à la guerre nucléaire. Ses conséquences sont multiples. Pour l’URSS, la crise sonne comme un échec vis-à-vis des USA et le président Khrouchtchev est très critiqué pour sa reculade devant la détermination américaine. Il est remplacé en 1964 par Leonid Brejnev. Elle accentua également les divergences entre la Chine de Mao et L’URSS car Mao condamne l’attitude de Khrouchtchev qu’il qualifie de défaitiste. Pour les USA, la crise renforce l’image de Kennedy qui sera très respecté car le dénouement de la crise consacre la victoire politique des USA sur L’URSS. Au niveau des relations internationales, la crise ouvre une nouvelle période d’apaisement et de collaboration entre les deux blocs et cette période est appelée l’ère de la coexistence pacifique. 4. La coexistence pacifique Après la frayeur de la crise de Cuba, les deux supers puissances et toute la communauté internationale se sont rendu compte de l’ampleur des menaces et du caractère suicidaire d’une confrontation entre les deux supers grands. Sous l’action des artisans de la paix et surtout de l’équilibre de la terreur, les USA et l’urss ravivent la coexistence déjà amorcée après la guerre de Corée. Cette coexistence pacifique attenue la guerre froide et une collaboration s’instaure entre les deux blocs. C’est ainsi que : Sur les plans politiques et diplomatiques 32 -l’installation du téléphone rouge le 20 juin 1963 : il s’agit d’une ligne téléphonique directe entre la Maison Blanche et le Kremlin dans l’intention de favoriser les échanges directs afin d’instaurer une confiance réciproque ; -la prise de contact et l’instauration des relations diplomatiques entre la RFA et la RDA à partir du 13 mars 1970 ; -les rencontres entre les deux supers-puissances se multiplient : Khrouchtchev et Kennedy et plus tard Brejnev et Richard Nixon ; -l’établissement d’une coopération économique, scientifique et technique entre les deux blocs ; Sur le plan militaire A ce niveau, les deux blocs s’accordent sur la nécessité de limiter la course aux armements. Dans cette logique, plusieurs accords de désarmement ont été signés. -les accords soviéto-américains du 27 janvier 1967 démilitarisent l’espace; c'est-àdire interdisent une course aux armements dans l’espace et sur terre ; -le traité de Moscou de 1972 interdit tout essai nucléaire autre que sur terre ; c'est-àdire dans l’atmosphère ou en mer ; -les accords SALT I (1972) et II (1979) limitent le nombre et la portée de certains armements stratégiques, notamment les missiles ; Sur le plan économique Dans ce domaine, les deux blocs mettent fin à leur autarcie en multipliant les liens commerciaux. L’URSS en a profité pour accroître ses achats de blé et d’usines clé en main ; c'est-à-dire le transfert de la technologie de l’Occident vers l’Orient. 5.Les limites de la coexistence pacifique Malgré le dégel dans les rapports Est-Ouest, les oppositions entre les deux blocs ne cessent pas complètement. C’est ainsi que toutes les tensions internationales sont marquées par une implication directe ou indirecte des deux blocs. A.La deuxième guerre d’Indochine ou la guerre du Vietnam Cette guerre vient contrarier les relations internationales entre 1963 et 1975 qui, en fait, sont caractérisées par la coexistence pacifique. Cette guerre fut l’une des plus meurtrières de l’époque contemporaine à cause des moyens militaires utilisés. Après la défaite française, les USA dans leur volonté d’endiguer le communisme et de ne pas laisser le Vietnam basculer dans le camp socialiste se substituent à la France. La guerre prend alors une tournure idéologique, opposant capitalisme et communisme, un pays du tiers monde ayant pris l’option socialiste et le leadeur du monde capitalisme. Malgré un déséquilibre apparent et le déploiement d’énormes moyens financiers, matériels et humains, les troupes américaines piétinent puis le Vietnam devient un bourbier. Ils y subissent des revers militaires, engloutissant d’énormes moyens à perte et récoltent des condamnations morales de la part de l’opinion publique américaine et mondiale. Le Vietnam du Sud, anti communiste reçoit l’aide américaine et cela suscita la naissance du FNL des Viêt-Cong, un mouvement communiste au sud. Ce mouvement est soutenu par les populations qui souhaitent l’unification du pays. Le Vietnam du nord reçoit l’aide soviétique et le secours chinois. Le Vietnam du nord et le FNL unissent leur force pour infliger une défaite inoubliable aux Américains dans une guérilla. Sous la pression nationale et internationale, les USA présidés par Richard Nixon arrêtent les bombardements et Hanoï accepte le principe de discussion. C’est ainsi 33 que les négociations s’ouvrent entre USA et Vietnamiens du nord à Paris le 10 mai 1968 pour aboutir aux accords de Paris le 28 janvier 1973 dont les principales résolutions sont : -un cessez le feu immédiat ; -le retrait des troupes américaines de tout le territoire vietnamien ; -un engagement des nord vietnamiens à rechercher dans un consensus l’autodétermination du Vietnam ; etc. Profitant de leur avantage sur le terrain et remettant en cause les résolutions de l’accord de Paris, les communistes nord vietnamiens reprennent l’offensive et s’emparent de Saigon (la capitale sud vietnamienne)et placent tout le pays sous leur autorité le 30 avril 1975. Le Vietnam alors réunifié devient un pays socialiste, membre du bloc Est. La politique américaine d’intervention directe est alors un échec. B.La crise angolaise La décolonisation de l’Angola, à l’instar de celle des autres colonies portugaises s’est effectuée à travers une guerre de libération. Tout comme au Vietnam, la guerre d’indépendance est devenue une guerre civile doublée d’une guerre idéologique. Deux mouvements politiques se sont affrontés pour le contrôle du pouvoir. Il s’agit du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola), dirigé par Agostino Neto puis José Edouardo Dos Santos d’obédience socialiste et soutenu par L’URSS et le Cuba de Fidel Castro et l’Unita (Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola) dirigée par Jonas Savimbi et soutenue par les occidentaux, notamment les USA et leurs alliés dans la région (le Zaïre de Mobutu sesséséko et l’Afrique du Sud). Cet affrontement se termine par une victoire du MPLA. Conclusion Les relations internationales après la seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1980 ont été marquées par des tensions et une rivalité idéologique, économique, politique et militaire entre les deux blocs nés en 1947 et pilotés par les deux grands vainqueurs de la guerre. Ces tensions parfois manifestées par des conflits localisés et violents ont failli conduire le monde vers une guerre généralisée. Mais à partir du début des années 1990, les deux blocs, surtout celui de l’Est s’affaiblissent et conduisent progressivement à la fin de la bipolarisation et de la guerre froide. Leçon 2 : La fin de la bipolarisation Introduction A partir de la fin des années 1980 et début des années 1990, le monde entre dans une nouvelle ère qui est celle de l’approfondissement de la coexistence. Cet approfondissement s’est manifesté par une dislocation du bloc oriental et la multiplication des mésententes au sein du bloc occidental. Tous ces événements entrainent la fin de la bipolarisation du monde et de la guerre froide. I.La dislocation du bloc Est 1.Les débuts de la rupture 34 Les pays du bloc oriental, à partir de 1960 rencontrent d’énormes problèmes socioéconomiques (pauvreté, chômage, niveau de vie bas, absence de liberté etc). La colère gronde alors dans ces différents pays. En 1968, le parti communiste tchécoslovaque et la population entreprennent un mouvement de démocratisation plus connu sous le nom de « printemps de Prague ». L’URSS refuse cette expérience qui voulait allier démocratie et socialisme. L’URSS intervient militairement le 21 août 1968 pour mater cette révolte et renverser le pouvoir. Cette intervention musclée a été condamnée par la plupart des autres démocraties populaires dans ces différents pays et une résistance passive s’organise contre la politique soviétique. Cette résistance se manifeste par l’absentéisme au travail, l’émergence d’une économie parallèle ou marché noir, la création d’organisations d’opposition qui revendiquent l’application des droits universels de l’onu. Persécutés et emprisonnés, les opposants et les dissidents poursuivent leurs actions clandestinement. Ces différentes actions seront couronnées en 1980 par la renaissance du syndicat indépendant. B)La rupture du bloc oriental En URSS, les problèmes socio-économiques sont également importants : la misère et la pauvreté affectent la majorité de la population. Pourquoi le Michael Gorbatchev qui prend le pouvoir en URSS en 1985 décide de réformer le système économique afin de promouvoir le développement socio-économique. Il entreprend alors une politique d’ouverture appelée la Perestroïka qui vise à s’ouvrir au monde libéral pour faire appel à la technologie occidentale afin de moderniser l’économie soviétique. Il entreprend également une politique de transparence appelée la Glasnost afin d’assainir la gestion des affaires du pays. Sa politique d’ouverture va progressivement aboutir à l’éclatement du bloc oriental et la dislocation l’urss. En effet, profitant des vœux de liberté liée à l’ouverture prônée par Gorbatchev, les sociétés civiles dans tous les pays du bloc de l’Est manifestent en masse et réclament le changement. La rupture intervient à partir de 1989. Le système du parti unique est supprimé en 1989. En Pologne, les leadeurs du syndicat solidarité « Solidarnosc » participe au gouvernement. En Roumanie, une révolution met fin au pouvoir du dictateur Ceausescu. En novembre 1989, le mur de Berlin est démantelé. La chute de ce mur symbolise la chute du rideau de fer et va accélérer la dislocation du bloc de l’Est. En octobre 1990, la RFA et la RDA à l’issue d’élection sont réunifiées. La même année, les premières élections pluralistes sont organisées dans presque tous les pays du bloc de l’Est, marquant la chute du communisme. En 1991, on assiste à la dislocation de l’urss. D’août à septembre 1991, les républiques fédérales de l’urss déclarent une à une leur indépendance. Le 25 décembre 1991, Michael Gorbatchev démissionne face à l’effondrement du communisme et de l’urss. Il est remplacé par Boris Eltsine qui devient le premier président de la fédération de Russie. Les deux principales organisations internationales du bloc de l’Est, à savoir CAEM et le Pacte de Varsovie sont également dissoutes en 1991. Cette dislocation met fin au bloc de l’Est et en même temps à la bipolarisation et à la guerre froide. Par ailleurs, plusieurs accords militaires sont signés entre les deux grands pour préserver l’humanité du danger nucléaire après la fin de la guerre froide. Ainsi, on a l’accord de Washington signé en 1987 qui décidait du retrait ou la destruction de toutes les forces nucléaires américaines et soviétiques implantées en 35 Europe, notamment les missiles. En août 1991, le président Bush et le président Gorbatchev signaient à Genève les accords START (Accord sur la réduction des armes stratégiques). Ces accords prévoyaient d’environ 30% du nombre d’armes nucléaires détenues par les deux camps. Ces accords ont été renouvelés en 2009 par le président Obama et Medvedev. II. Les problématiques du monde de l’après guerre froide 1.Vers un monde unipolaire ou multipolaire ? Pour les tenants de cette théorie, les USA sont devenus après la fin de la bipolarisation « les gendarmes du monde » mais certains critiquent cette thèse et s’inquiètent au contraire de l’impérialisme qu’une hyper-puissance américaine privée de tout contre poids pourrait exercer sur le monde. Au début des années 2000, l’attentat du 11 septembre 2001 conjugué à la récession de l’économie, ont ébranlé l’hégémonie des USA. Progressivement, on tend vers un monde multipolaire avec notamment l’émergence d’autres grandes puissances comme l’ue, le Japon et la Chine. 2.La mondialisation La mondialisation est l’extension des activités capitalistes à l’échelle mondiale, caractère de l’ouverture des économies et la chute des barrières douanières. La mondialisation met en concurrence tous les acteurs économiques. Elle tend à favoriser les grands au dépend des petits, les multinationales au dépend des petites entreprises. De ce fait, la mondialisation accroit les inégalités et élargit le fossé entre le monde riche et le tiers-monde. Elle se caractérise par la mise en place d’un modèle commun dans le domaine politique (démocratie, droit de l’Homme…), dans le domaine économique (le libéralisme) et le domaine culturel (société de consommation). Cette mondialisation aboutit à une uniformisation des cultures et des modes de vie. La mondialisation présente d’énormes effets pervers : -elle accroit les inégalités entre riches et pauvres ; -elle provoque un pillage systématique des richesses, un épuisement des ressources minières, énergétiques, une déforestation massive parce qu’elle est fondée sur le profit et la productivité ; -elle génère une pollution générale de l’atmosphère, des ressources en eau, des sols parce que l’économie est tournée vers la rentabilité immédiate et excessive ; -elle entraine l’effet de réchauffement climatique et de serre ; Face à ces effets pervers, de nombreuses voix se font entendre pour contester la mondialisation parmi eux, il y a les anti-mondialistes, c'est-à-dire ceux qui prônent un arrêt total de la mondialisation, sa mise en cause et un retour de l’ordre ancien fondé sur la vie traditionnelle et les productions autarciques. La thèse défendue par les antimondialistes n’a pas beaucoup d’effets (pas partagée) parce qu’elle semble utopique. Il y a également ce groupe des altermondialistes. Ils proposent des aménagements en profondeur de la mondialisation pour qu’elle ait un visage plus humain. Ils prônent une limitation du libéralisme pour en contrôler les dérives. C’est pourquoi ils s’opposent d’une manière ferme à l’accord général sur les services (AGS) qui fait de tous les services, des secteurs ouverts à la concurrence. Ils appuient l’idée de privilégier le développement humain durable fondé sur une économie des ressources 36 épuisables, un développement des énergies renouvelables (le solaire, la géothermique, l’énergie éolienne) et une réduction des atteintes à l’environnement. Ils sont souvent favorables au commerce équitable qui garantit au producteur surtout du tiers-monde un prix leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie. Les propositions des altermondialistes de plus en plus écoutées par exemple depuis le sommet de Rio (1992) sur l’environnement, le développement durable est devenu une priorité partout dans le monde. 3.Les nouveaux conflits La fin de la guerre froide n’a pas mis fin aux tensions dans la vie internationale. Ainsi, l’après guerre froide est marqué par de nouveaux conflits et de nouvelles menaces sur la sécurité internationale. Ces nouveaux conflits s’expliquent surtout par des problèmes politiques. On a par exemple des tensions liées à la guerre de libération comme le cas du problème palestinien qui demeure non résolu. On a aussi des crises liées à la mauvaise gouvernance, surtout en Afrique. Ces crises ont plongé beaucoup de pays dans la guerre civile, l’instabilité politique (la CI, le Libéria, la Sierra-Léone, la Somalie, le Soudan et le Rwanda, etc.). En plus de ces conflits, le monde de l’après guerre froide est marqué par la montée de l’intégrisme religieux, surtout dans le monde Arabo-musulman avec une poussée de l’islamisme. Ces mouvements islamistes alimentent le terrorisme international. Les attentats du 11 septembre 2011 ont dévoilé de façon explicite cette nouvelle menace qui vise surtout les intérêts américains. Cette date aussi est la naissance de l’hyper-terrorisme pratiqué par le mouvement Al-Qaïda créé par Ben Laden. La montée de l’islamisme et du terrorisme international témoigne du refus du monde Arabo-musulman d’accepter l’impérialisme américain et la volonté des occidentaux de mondialiser leur culture au mépris des cultures locales. Conclusion La guerre froide prend fin en 1991 avec l’effondrement du bloc communiste. Avec la fin de la guerre froide, les USA se positionnent comme une super-puissance mondiale. Mais depuis le début des années 2000, cette suer-puissance est remise en cause par la montée de l’ue, de la Chine populaire, du Japon, etc. Et on note qu’ils rencontrent aussi des difficultés avec notamment le développement du terrorisme international qui vise surtout les intérêts occidentaux. 37 Chapitre 3 : La décolonisation de l’Afrique et le mouvement du non alignement Leçon1 : Les facteurs de la décolonisation Introduction Le 19e siècle a été le siècle de la colonisation car il a vu les grandes puissances d’Europe notamment l’Angleterre et la France se tailler de grands empires dans le monde. Le 20e siècle est celui de la décolonisation et de l’émergence politique du Tiers monde. La décolonisation est le processus par lequel, les pays colonisés se sont libérés de la domination coloniale. En Afrique noire, la décolonisation a commencé après la deuxième guerre mondiale. Les causes de ce mouvement sont communes, mais les situations locales, la diversité des intérêts économiques ont introduit des différences importantes. D’une manière générale, on peut dire que la décolonisation a plusieurs facteurs internes et externes. 1) Les causes externes Ce sont les conséquences de la seconde guerre mondiale, l’action de l’onu, l’action des deux super-puissances, la conférence de Bandoeng et le rôle de l’opinion publique européenne. - Les conséquences de la deuxième guerre mondiale : Durant les deux guerres mondiales, les Alliés ont fait appel aux tirailleurs africains pour lutter contre l’Axe au nom de la liberté et de la dignité. Après la participation à la deuxième guerre mondiale surtout, les Africains se rendirent compte de la barbarie des Européens dans les combats et de leur vulnérabilité. Ils eurent le sentiment qu’ils étaient dans la même situation que les Alliés et devait lutter pour leur émancipation. - l’action de l’ONU : elle a joué un rôle important dans l’essor du nationalisme car sa charte « prônait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Très vite, l’ONU est devenue la tribune de l’anticolonialisme militant avec la création du conseil de tutelle et la déclaration universelle des droits de l’homme en décembre 1948. - l’action des deux super-puissances : en effet, à cause de leur idéologie libérale, de leur passé colonial mais aussi de leurs intérêts, les USA ont été favorables à la décolonisation. Quant à l’urss, à cause de son idéologie communiste qui prônait l’égalité des 38 peuples, était favorable à la libération des peuples dominés d’Afrique. Elle concevait la colonisation comme un produit du capitalisme et de l’impérialisme européen. - La conférence de Bandoeng (18 au 24 avril 1955) : elle aide les pays colonisés à se défaire de leurs maîtres en condamnant le colonialisme sous toutes ses formes, en soutenant la cause de la liberté et de l’indépendance des peuples colonisés et en renforçant la solidarité afro-asiatique dans la lutte contre la colonisation. - Le rôle de l’opinion publique européenne: en Europe, l’opinion publique est restée divisée sur le bien fondé de la colonisation. Dès la fin de la guerre, hommes d’église, philanthropes et certains partis politiques d’obédience communiste vont faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour accélérer le processus de la décolonisation. 2) Les facteurs internes Ce sont les conséquences de l’économie monétaire, les causes socio-politiques, les causes religieuses - Les conséquences de l’économie monétaire L’introduction de la monnaie a eu pour conséquence l’abandon des cultures vivrières et l’acquittement de l’impôt en numéraire. Il en est résulté la misère (famine, accroissement de la pauvreté...) Qui a fini par convaincre les indigènes que la colonisation était synonyme d’appauvrissement, d’où la montée de l’hostilité contre le système colonial. - Les causes sociopolitiques L’instruction a permis la formation d’une élite locale pénétrée d’idées occidentales. Cette intelligentsia allait former plus tard des partis politiques et des syndicats sur le modèle occidental. Comme partis politiques, on avait le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) créé en 1946, le Parti du Rassemblement Africain (PRA) créé en 1947 et le Parti Africain de l’Indépendance (PAI) créé en 1958. Ces partis politiques ont joué un rôle décisif dans la décolonisation de l’Afrique car leurs leadeurs vont demander l’application de ce qu’on leur avait enseigné ; à savoir la liberté, l’égalité, la dignité...Exemples de premiers intellectuels Ouezzin Coulibaly, Joseph Ki-Zerbo, Mamadou Konaté, Léopold Sédar Senghor, Lamine Gueye, Félix Houphouët-Boigny, Kwamé Nkrumah, … Il y a également les syndicats comme la Confédération Générale des Travailleurs Africains (CGTA), l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), le 39 Syndicat Autonome des cheminots, le Syndicat des forces ouvrières, ... Sans le vouloir, l’élite formée par le colonisateur pour l’assister dans les tâches d’encadrement allait se retourner contre lui. - Les causes religieuses Après avoir aidé l’armée et l’administration coloniale à s’implanter, les églises chrétiennes, constantes dans leur principe, ont fini par diffuser au sein des populations colonisées, les concepts de liberté, d’égalité entre les hommes sans distinction de races ; portant ainsi atteinte involontairement à l’autorité du colon. Pour toutes ces raisons, les puissances coloniales ont été obligées de réviser leurs politiques coloniales au lendemain de la guerre. Conclusion Tous les facteurs ci-dessus cités ont contribué à l’éclatement des empires coloniaux. Certes, l’indépendance politique de l’Afrique est acquise mais celle économique reste encore une bataille. 40 Leçon2 : Les formes d’accession à l’indépendance en Afrique anglaise (Gold Coast ou actuel Ghana et Rhodésie du Sud ou actuel Zimbabwe) Introduction Après 1945, les groupes coloniaux éclatent partout dans le monde. Les peuples colonisés revendiquent leur émancipation avec la contribution de nombreux groupes de pression (les églises chrétiennes, les partis politiques, les syndicats, les associations de jeunes, les chefferies traditionnelles, les actions des USA, de l’urss et de l’onu). La décolonisation de l’Afrique anglaise s’est passée de façon pacifique dans l’ensemble par rapport à celle de l’Afrique française. 1. Le système colonial britannique Le système colonial britannique est jugé plus souple que celui de la France. En effet, ce système était fondé sur l’administration indirecte qui devait conduire les peuples colonisés à une maturité politique pour favoriser la gestion de leurs propres affaires par eux-mêmes. Le système anglais était plus basé sur la recherche d’intérêts économiques. C’est pourquoi la décolonisation de l’Afrique anglophone a été plus rapide et plus souple malgré quelques exceptions. 2. La décolonisation de la Gold Coast (actuel Ghana) Les mouvements d’émancipation en Gold Coast commencent après la première guerre mondiale. Mais la lutte pour l’indépendance va s’accentuer après la seconde guerre mondiale. En 1946, la Gold Coast obtenait de la Grande Bretagne la mise en place d’un conseil législatif autonome ; c'est-à-dire que la colonie pouvait élire ses 41 représentants qui vont adopter des lois sans demander l’avis de la métropole par rapport à la gouvernance du pays. Jusqu’en 1950, deux (2) partis politiques dominent la vie politique. Il s’agit en effet du parti du docteur Jean-Baptiste Danquah appelé UGCC (United Gold Coast Convention) et du parti du docteur Kwamé Nkrumah appelé CPP (Convention People Party) En 1950, le parti de n’krumah remporte les élections générales et forme un conseil exécutif de gouvernement que Kwamé n’krumah dirige. C’est en tant que chef du gouvernement que Nkrumah obtient en 1954 une grande autonomie pour son pays à l’exception des questions liées à la défense et des questions liées aux relations diplomatiques. Malgré cette grande autonomie, la CPP intensifie la pression et revendique l’indépendance totale. Celle –ci est proclamée le 6 mars 1957 par Kwamé n’krumah qui rebaptise son pays Ghana en mémoire de l’ancien empire du Ghana qui fut le 1er empire noir connu de l’histoire. En somme, la décolonisation de la Gold Coast a été surtout caractérisée et sa souplesse. 2. l’indépendance du Zimbabwe Contrairement à la Gold Coast, le processus d’accession à l’indépendance du Zimbabwe a été long et émaillé de violences intercommunautaires. En effet, le Zimbabwe colonisé au XIXème siècle a connu l’implantation d’une communauté blanche qui a monopolisé la vie économique et politique locale. La lutte pour l’indépendance du pays a été menée entre les différentes communautés ; à savoir les Noirs, principalement les deux (2) ethnies majoritaires ; les Shonas et les Matabélés et la minorité blanche. En 1957, les Noirs créent leur parti politique dénommé la ZAPU (Zimbabwe Africain People Union). Ce parti prône la lutte armée contre les Blancs qui se sont accaparés des richesses du pays ; notamment les bonnes terres et pour revendiquer l’indépendance. Les Blancs de leur côté mettent en place le Front Rhodésien (parti) et en 1965, le premier ministre du gouvernement blanc local IAN Smith proclame unilatéralement l’indépendance du Zimbabwe sans consulter les Noirs qui sont pourtant majoritaires et contre l’avis de la Grande Bretagne. Les Noirs protestent mais des désaccords internes aboutissent à l’éclatement de la ZAPU en deux (2) partis ; à savoir la ZANU (Zimbabwe Africain National Union), dirigée par Robert Mugabe qui est un shona et la nouvelle ZAPU dirigée par Joshua 42 Nkoma qui est Matabélé. Les Noirs, en particulier les partisans de la ZANU, mènent la lutte violente contre le pouvoir des Blancs et revendiquent l’indépendance totale du Zimbabwe sous la direction des Noirs. Sous la pression des Noirs, le Zimbabwe accède à l’indépendance en 1980sous la direction de Robert Mugabé à l’issue d’une conférence constitutionnelle organisée à Londres sous la supervision de la Grande Bretagne où les différentes forces politiques du pays s’engagèrent à gérer le pays dans le respect des droits des différentes communautés. Conclusion La décolonisation de l’Afrique anglaise s’est faite d’une manière générale dans la paix. Cela s’explique en grande partie par le fait que la politique coloniale britannique associait les Noirs dans les prises de décisions et les préparait à l’auto-gestion. Leçon3 : Les formes d’accession à l’indépendance en Afrique française (exemple de L’Algérie et de l’Afrique noire) Introduction La décolonisation française a été un processus très long et émaillé de luttes armées. Les difficultés de cette décolonisation sont liées en partie au système colonial français qui était basé sur la politique de l’assimilation et aussi aux gros intérêts qui liaient la France à ses colonies. L’exemple de la guerre d’Algérie illustre la décolonisation violente au niveau du processus d’accession à l’indépendance des peuples colonisés francophones et la décolonisation de l’Afrique noire française témoigne de la lenteur du processus d’accession à l’indépendance des colonies françaises. 43 1. L’indépendance de l’Algérie L’Algérie a été conquise en 1830 par la France. Elle avait un statut de colonie de peuplement. L’indépendance de cette colonie a été effective à l’issue d’une longue guerre de libération qui a opposé pendant huit (8) ans (1954-1962) le Front de Libération Nationale (FLN) à la France. La guerre d’Algérie est divisée en deux (2) phases ; la première de 1954 à 1958 qui est la période de la lutte armée entre les deux camps. En effet, c’est le 1er novembre 1954 que le FLN dirigé par ferrhatabbass déclenche les hostilités contre les intérêts français enalgérie par des actions terroristes. L’objectif du FLN est de liquider le système colonial et réclamer l’indépendance de l’Algérie. Face aux actions militaires du FLN qui agit par sa branche militaire appelée Armée de Libération Nationale (ALN), la France réagit avec vigueur et fermée en s’opposant à l’indépendance de l’Algérie et en décidant de neutraliser les groupes armés qualifiés de rebelles. La position de la France s’explique par le caractère particulier de l’Algérie qui est une colonie de peuplement qui accueille une importante communauté européenne estimée à 1 million. C’est pourquoi la France refuse l’indépendance de l’Algérie alors qu’elle s’est engagée pour celle-ci au Maroc et en Tunisie. Avec le début des actions militaires, la France nomme un nouveau gouverneur Jacques Soustelle chargé de contenir la révolte et de faire des réformes afin d’apaiser les contestations. Mais les réformes qu’il propose ne résolvent pas la situation parce que les Algériens veulent simplement l’indépendance. Le 20 août 1955, le FLN assassine 71 Européens et la France réagit en assassinant 1200 Arabes. La situation s’aggrave et l’armée d libération nationale développe le terrorisme urbain pour paralyser les grandes villes. La France déploie 400.000 parachutistes pour faire la police et sécuriser les villes. Mais les nationalistes arabes se replient dans les zones de l’intérieur et utilisent les territoires de la Tunisie et du Maroc pour mener des actions contre la France. Le 8 février 1958, l’armée française bombarde le village de Sakkied en Tunisie, prétextant poursuivre les combattants algériens qui voulaient se réfugier en Tunisie. L’attaque fait beaucoup de victimes civiles et l’opinion internationale est indignée. Le problème algérien embarrasse le gouvernement français et divise le peuple français. C’est dans cette situation confuse que la classe politique française fait appel au Général De Gaulle qui prend le pouvoir en Mai 1958. 44 La seconde phase du conflit commence avec l’arrivée du Général De Gaulle au pouvoir. Cette phase est caractérisée par l’ouverture des négociations entre la France et le FLN, négociations qui aboutissent aux accords d’Evian signés en Mars 1962, reconnaissant l’indépendance de l’Algérie. En effet après sa prise du pouvoir, le Général De Gaulle effectue un voyage en Algérie en août 1958 où il déclare ceci : « peuple algérien, je vous ai compris ». Face à l’ouverture prônée par le Gal De Gaulle, le gouvernement provisoire algérien accepte un cessez-le feu et l’ouverture de négociation avec la France. Ces négociations aboutissent aux accords d’Evian. Le 1er juillet 1962, les Algériens à l’issue d’un référendum se prononcent favorablement pour l’indépendance à 99,7% de « Oui ». Le 3 juillet 1962, la France reconnait l’indépendance de l’Algérie et le 29 septembre 1962, Ben Bella est élu 1er président de l’Algérie indépendante. 2. La décolonisation de l’Afrique noire française A la conférence de Brazzaville en 1944, la France avait promis l’autonomie à ses colonies d’Afrique noire contre leur engagement soutenu en faveur de l’effort de guerre. A la fin de la guerre, ces promesses n’ont pas été respectées et les colonies vont revendiquer leur émancipation. L’évolution politique de ces colonies jusqu’à leur indépendance est marquée par quatre étapes qui sont : - 27 octobre 1946 : la naissance de l’union française regroupant la France métropolitaine, les départements et territoires d’outre-mer et les colonies. Elle permit aux Africains d’avoir des acquis notamment l’extension du droit de vote, la fin des travaux forcés, la citoyenneté française car la France forme ses colonies une république une et indivisible. C’est ainsi que des députés noirs comme Félix Houphouët Boigny, Ouezzin Coulibaly, Mamadou Konaté, Lamine Gueye, …vont siéger au parlement français à Paris. -23 juin 1956 : vote de la loi-cadre ou loi Gaston Defferre qui consacre une large autonomie aux Territoires d’Outre-mer car chaque colonie pouvait installer une assemblée territoriale et un gouvernement avec des ministres africains mais présidé par un représentant de Paris. Elle introduit le suffrage universel mais cette loi est critiquée par des leaders comme Léopold Sédar Senghor car elle favorise la 45 balkanisation de l’Afrique. -28 septembre 1958 : Référendum sur la Communauté franco-africaine : dans cette communauté, la France reconnaît l’indépendance de chaque colonie qui reste tout de même rattachée à la France. De Gaulle propose un référendum aux colonies d’Afrique noire avec le choix suivant : voter « oui », c’est accepter la nouvelle constitution de 1958 et entrer dans la communauté franco-africaine. Par contre, voter « non », c’est la refuser, c’est se séparer de la France et prendre immédiatement son indépendance. Seule la Guinée de Sékou Touré vota « Non » en préférant la liberté dans la pauvreté que l’opulence dans l’esclavage. -l’ère des indépendances de 1960 : la plupart des pays d’Afrique noire francophone décident de prendre séparément leur indépendance vis-à-vis de la France. C’est ainsi que le 20 juin 1960, le Mali et le Sénégal accèdent à l’indépendance, le 1er août 1960 (Bénin), le 03 août 1960 (Niger), le 05 août 1960 (Haute-Volta), le 07 août 1960 (Côte d’Ivoire)… Les rêves des Etats-Unis d’Afrique de Kwamé N’Krumah, Modibo Keita et de Léopold sédar Senghor ne se réalisèrent pas. Conclusion Les pays d’Afrique francophone ont accédé à l’indépendance dans des conditions beaucoup plus difficiles que ceux d’Afrique anglophone. L’indépendance de l’Afrique du Nord a été émaillée de luttes sanglantes ; en témoigne l’exemple algérien et le processus d’accession à l’indépendance de l’Afrique noire française a été plus souple mais lent. Après l’indépendance politique, les pays africains ont hérité d’une série de problèmes auxquels il faut trouver des solutions. Leçon 4 : La décolonisation de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) Introduction Après le congrès de Berlin (du 15 novembre 1884 au 26 février 1885), le continent africain fut conquis et partagé entre les grandes puissances de l’époque. Le territoire de la future Haute-Volta n’échappera pas à cette logique. Après la lutte contre le colonialisme français, la Haute-Volta prit son indépendance le 5 août 1960. 46 1.Historique de la Haute-Volta coloniale de 1904 à 1944 -1904 : création de la colonie du Haut-Sénégal-Niger d’où naîtra plus tard la HauteVolta. -1919 : création de la colonie de Haute-Volta. Elle servira de réservoir de maind’œuvre pour tous les grands chantiers de l’Afrique Occidentale Française. -1932 : la France décida de démembrer la Haute-Volta et de la rattacher aux pays voisins avec leur principal mobile d’exploitation intensive et rapide de ces pays. 153.500 km2 et une population de 2.019.000 habitants seront rattachés à la Côte d’Ivoire, 70.700 km2 et 262.000 habitants seront rattachés au Niger et enfin 52.400 km2 et 712.000 habitants seront confiés au Soudan Français (actuel Mali). -1944 : la Haute-Volta divisée recevra le message de la conférence de Brazzaville du Général De Gaulle. Ce message promettait une certaine émancipation des colonies après la seconde guerre mondiale. 2.Les étapes de la décolonisation On a l’habitude de dire que le vrai processus de décolonisation de la Haute-Volta a commencée après la seconde guerre mondiale. En 1946, on a la création de l’Union Française. Un an avant la reconstitution de la Haute-Volta, les colonies d’Afrique noire française deviennent des Territoires d’Outre Mer dotés d’assemblées territoriales (ancêtres des assemblées nationales). Philippe Zinda Kabore fut élu premier député dans l’ancien territoire de la Haute-Volta. La loi cadre permit d’abolir les travaux forcés. Les Africains deviennent alors des citoyens et non des sujets de la France. En 1947, la Haute-Volta sera de nouveau reconstituée dans ses frontières de 1919. Cette reconstitution a été possible car selon le colon, il fallait éviter avec la création du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) en 1946 qui était proche du communisme, que cette partie du territoire de l’Afrique de l’Ouest ne tombe entre les mains des communistes. Les ‘’moghonanamsés’’ qui supportaient mal la partition de leurs royaumes joueront un rôle important dans la réunification du territoire voltaïque. En 1956, la loi cadre Defferre du ministre français d’Outre-mer, Gaston Defferre associé à Félix Houphouët Boigny fut mise en place. Ainsi, la colonie de la HauteVolta bénéficia de la création d’un conseil de gouvernement avec autonomie. Dans le cadre de la loi cadre, le vice-président était un Noir. Ce n’est qu’en 1958 que les Noirs dans les colonies françaises en Afrique noire pourront occuper la première place (la présidence). Daniel Ouezzin Coulibaly deviendra le vice-président du conseil de gouvernement en 1956. En 1958, on assiste à la création de la communauté française. Après le référendum organisé en 1958, les Voltaïques votèrent « Oui » pour l’appartenance à cette communauté. Le professeur Joseph Ki-Zerbo et ses compagnons avaient voté pour le « Non ». Le 11 décembre 1958 fut proclamée la république autonome de la Haute-Volta avec à sa tête, Maurice Yaméogo qui a succédé à Daniel Ouezzin Coulibaly décédé en septembre 1958. Le 5 août 1960, c’est la proclamation de l’indépendance de la Haute-Volta avec à sa tête, le président Maurice Yaméogo. Le pays aura désormais une politique extérieure et une armée autonome et sera membre à part entière de l’Organisation des Nations Unies dès le 20 septembre 1960. Le 11 décembre de chaque année est fêté comme date anniversaire de l’indépendance simplement à cause de la vocation agricole du 47 pays, août correspondant à la période des travaux champêtres. La lutte contre la colonisation de notre pays a revêtu plusieurs formes. 3. Les formes de lutte contre la colonisation française L’administration française du territoire de Haute-Volta pendant la période coloniale a été marquée par le prélèvement forcé de l’impôt de capitation (impôt par individu), la réquisition forcée des récoltes, les travaux forcés, le recrutement forcé de soldats, l’humiliation des populations autochtones, etc. La seconde guerre mondiale a été un prétexte supplémentaire pour accentuer les ponctions des bras valides. Tous ces conscrits n’étaient pas dirigés vers les casernes mais bien placés sous l’autorité du ministre du travail public. Nombreux sont ceux qui étaient envoyés dans les plantations des colons omniprésents en Côte d’Ivoire. On estime à 780.000 Voltaïques qui ont été déportés en CI entre 1919 et 1959. Tous ces facteurs vont amener les Voltaïques à se battre pour leur émancipation. Les formes de lutte ont été multiformes, parfois violentes mais le plus souvent pacifiques. De façon endogène, la décolonisation de la Haute-Volta a été le résultat de la lutte des peuples face aux abus des colons. Déjà au début du 20ème, le colonisateur français devait faire face à la révolte de 300.000 personnes peuplant le territoire de la Haute-Volta. Il fallait à cette époque créer rapidement la Haute-Volta pour rentabiliser l’action coloniale autour du « Mogho » fort qui pouvait mater ces révoltes. Par la suite, le colonisateur français devait faire face aux révoltes des peuples Bwaba, Samo, Lobi, Gourounsi, etc. L’école coloniale a contribué à former une élite intellectuelle qui va par la suite créer des partis politiques et des syndicats qui réclamèrent l’indépendance du pays. Parmi eux, on peut citer Philippe Zinda Kabore, Ouezzin Coulibaly, Nazi Boni, Gérard Kango Ouédraogo, Issoufou Joseph Conombo, Ki-Zerbo, Maurice Yaméogo, etc. En 1956, le Mouvement Démocratique Voltaïque (MDV) de Gérard Kango Ouédraogo est créé et luttera aux côtés des autres partis politiques comme le RDA pour l’émancipation de la Haute-Volta. Il faut noter également l’apport des anciens combattants dans l’émancipation de ce peuple. Sur le plan exogène, la Haute-Volta comme les autres pays colonisés bénéficiera du soutien du mouvement des non alignés, des Etats Unis d’Amérique, de l’Union Soviétique, de l’onu, etc. La France, pour éviter une décolonisation violente et sanglante comme ce qui se passait en Algérie opta pour l’indépendance pacifique de ce territoire. Conclusion Le Burkina Faso comme tous les pays colonisés d’Afrique, connaîtra après les indépendances des difficultés sur le plan économique, social et surtout politique. Le Burkina Faso ne peut pas résoudre seul toutes ses difficultés. Les autorités du pays doivent pour cela trouver des solutions endogènes et exogènes aux problèmes auxquels le pays est confronté et cela passe obligatoirement par une décolonisation mentale de la population. 48 Leçon5 : l’évolution politique du Burkina Faso de 1960 à nos jours Introduction Depuis son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours, l’histoire politique du BF a été très mouvementée. C’est un pays qui a expérimenté à plusieurs reprises, différents régimes. 1.Des explorations à la colonisation Le BF (ancienne Haute-Volta) fut connu des explorateurs portugais vers le 15ème siècle. En effet, la dénomination Haute-Volta est survenue après la découverte de l’embouchure d’un fleuve du golfe de Guinée. Les explorateurs le baptisèrent « Rio de volta », ce qui traduit « fleuve de retour ». C’est ce nom qui se mua en Haute-Volta par les colons et demeura après les indépendances jusqu’au 04 août 1984. A cette date, les révolutionnaires au pouvoir rebaptisèrent le pays, BF (pays des hommes intègres). Les trois subdivisions du fleuve qui étaient appelées : Volta noire, Volta blanche et Volta rouge firent remplacées respectivement par les fleuves Mouhoun, Nakambé et Nazinon. 2.De la colonisation à l’indépendance Au 19ème siècle, la France entreprit la conquête du pays qui fut érigé en territoire militaire de 1894 à 1904 intégré à la colonie du Haut-Sénégal-Niger entre 1904 et 1919. Au sortir de la première guerre mondiale et après la victoire de l’Entente du 11 novembre 1918, la France dit-on, pour récompenser les efforts du peuple voltaïque, décida de détacher le pays du grand ensemble pour en faire une colonie à part er entière. Dans cette optique, un décret fut signé le 1 mars 1919. Mais, la joie des partisans de la scission fut e courte durée. Le 05 mars 1932, un autre décret de la métropole met fin à l’existence de la colonie de Haute-Volta, répartie entre celles de la Côte d’Ivoire, du Soudan français (Mali) et du Niger. Cette situation perdura jusqu’en 1947. A partir de cette année, les revendications des dignitaires et chefs coutumiers allaient aboutir au rétablissement de la colonie dans ses frontières de 1932. Cette reconstitution du territoire accéléra les luttes pour l’émancipation conformément au processus de décolonisation établi pour les autres 49 colonies de l’aof ; à savoir l’Union française, la loi-cadre, le référendum de 1958 et l’indépendance en 1960. 3.De l’indépendance à nos jours Au moment de l’indépendance, quatre (04) partis politiques occupent la scène politique voltaïque ; le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), dirigé par Daniel Ouezzin Coulibaly, le Parti Progressiste Voltaïque (PPV) de Gérard Kango Ouédraogo, le Mouvement Populaire Africain (MPA) de Nazi Boni et le Parti Social pour l’Emancipation des Masses Africaines (PSEMA) codirigé par Henri Guissou et Joseph Issoufou Conombo. La Haute-Volta devenue indépendante connaît une histoire caractérisée par une instabilité politique. En effet, Maurice Yaméogo premier président de la Haute-Volta indépendante imposa le parti unique à partir de la fin de l’année 1960 et personnalisa le pouvoir. Un fort mécontentement populaire entraina sa chute le 03 janvier 1966. De janvier 1966 à 1970, un premier régime militaire est conduit par le lieutenantcolonel Sangoulé Lamizana, qui organise le retour à une vie constitutionnelle aboutissant à la 2ème république en juin 1970. Lamizana demeure président et le RDA vainqueur aux élections législatives désigne Gérard Kango Ouédraogo comme premier ministre. Mais cette République échoue devant les contestations, les blocages dus à des rivalités internes au sein du RDA et en 1974 les militaires reviennent au pouvoir pour quatre (04) ans avec Lamizana comme président. En novembre 1977, la constitution de la 3ème république est adoptée et en 1978, ème Sangoulé Lamizana est élu président de cette 3 république mais l’agitation ème continue et le 25 novembre 1980, le colonel Saye Zerbo met fin à la 3 république et proclame le Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN). Ce régime d’exception n’arrive pas à endiguer les tensions sociales. Il est renversé à son tour le 07 novembre 1982 par le Conseil du Salut du Peuple (CSP) du médecin commandant Jean Baptiste Ouédraogo. Ce dernier nomme le capitaine Thomas Sankara comme premier ministre. Rapidement, le président entre en conflit avec son premier ministre. Sankara est évincé et son départ provoque une division de sein de l’armée dont une partie suit le commandant Jean Baptiste, Boukari, Lingani et les capitaines Blaise Compaoré, Henri Zongo et Thomas Sankara. Le 04 août 1983, les nouveaux maîtres du pays déposent le commandant Jean Baptiste Ouédraogo et proclament le Conseil National de la Révolution (CNR). Le 04 50 août 1984, la Haute-Volta devient Burkina Faso. Le CNR n’allait pas échapper au dicton qui dit que : « la Révolution dévore ses propres fils ». Ainsi, le 15 octobre 1987, le président du CNR, le capitaine Thomas Sankara, qualifié de déviationniste et d’autocrate est assassiné dans un coup d’Etat. L’ex-numéro2 de la Révolution, le capitaine Blaise Compaoré installe le régime de la rectification avec le Front populaire de 1987 à 1991. A partir de cette dernière année, il prône l’ouverture démocratique à travers un retour à une vie constitutionnelle marquée par l’adoption de la constitution du 02 juin 1991. Cette constitution marque la naissance de la quatrième (4ème) république. NB : Des indépendances à nos jours, le pays a connu quatre (04) constitutions : la 1ère sous Maurice Yaméogo, les 2ème et 3ème sous le général Lamizana et la 4ème en vigueur depuis 11 juin 1991. Le peuple a appris au cours de l’histoire que la devise du pays était « Unité-Travail-Justice » puis « la Patrie où la mort nous vaincrons » et enfin « Unité-Progrès-Justice ». Les écoliers ont successivement chanté deux hymnes nationaux : « la fière Volta » des indépendances et « le Ditanyé » de la Révolution toujours à quelques nuances près en vigueur. Conclusion Ce succinct aperçu historique du Burkina Faso laisse voir que l’histoire politique du pays a été très mouvementée en un demi-siècle d’indépendance. Depuis 1991, le pays connaît une stabilité politique. 51 Leçon6 : Les problèmes de l’Afrique noire indépendante Introduction De nos jours, presque tous les pays d’Afrique sont indépendants ; sauf la République arabesaharaouie Démocratique (RASD) ou Sahara Occidental occupé par le Maroc. Les indépendances n’ont pas résolu les nombreux problèmes politiques, économiques et sociaux. Bien au contraire, d’autres problèmes ont fait leur apparition. 1)Les problèmes économiques et sociaux Dans presque tous les pays du continent, l’agriculture reste l’activité économique dominante. Elle occupe la majeure partie des populations et n’arrive pas à couvrir leurs besoins. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait l’hostilité du milieu naturel, les méthodes et techniques culturales archaïques, l’insuffisance d’investissements. Cette agriculture est aussi caractérisée par une faible productivité, la médiocrité des systèmes de cultures qui restent traditionnels. Elle souffre également de la pauvreté des paysans qui sont généralement analphabètes. La production agricole est aussi mal orientée car les puissances coloniales avaient encouragé les cultures de rente au dépend des cultures vivrières. Cependant, certains pays côtiers ont su développer l’agriculture commerciale qui leur procure d’importantes recettes. Le statut de la terre est aussi flou dans presque tous les pays d’Afrique. On a parfois 52 une double propriété, l’Etat et les populations locales ; d’où des conflits. Quant à l’industrie, elle est encore insignifiante dans de nombreux pays. Assez souvent, elle est confrontée à des nombreuses difficultés comme les problèmes énergétique et technologique, de capitaux, de cadres, la concurrence étrangère, etc. Dans les domaines commerciaux et financiers, les pays africains sont condamnés à vendre des produits agricoles et miniers bruts pour obtenir des devises indispensables à l’achat des produits manufacturés des pays développés. Les prix de ces matières premières sont fixés par les instances internationales ; ce qui place les pays pauvres d’Afrique à la merci des spéculateurs internationaux contre lesquels ils sont impuissants. De plus, les prix des matières premières ne font que baisser alors que ceux des produits importés augmentent ; c’est la détérioration des termes de l’échange. Les échanges sont inégaux et cela accroît l’endettement extérieur de ces pays. Au niveau démographique et socio-culturel, l’augmentation rapide de la population due aux progrès de la médecine, de l’hygiène, la baisse du taux de mortalité, les infrastructures sociales de base (écoles, surpeuplées, infirmiers et médecins insuffisants, récoltes insuffisantes,… Au total, l’Afrique est un continent sous-développé qui rassemble tous les caractères socio-économiques du sous développement. Les nombreux problèmes économiques sont à l’origine des problèmes sociaux à savoir le chômage, la faim, l’analphabétisme, les maladies, etc. 2)Les problèmes politiques On a les problèmes liés à la balkanisation du continent : En procédant aux tracés des frontières sans tenir compte des réalités du terrain, le colonisateur a favorisé les conflits frontaliers. Après les indépendances, plusieurs cas de conflits frontaliers ont été signalés comme le Cameroun contre le Nigeria, le Burkina contre le Mali à deux reprises (en 1975 et 1985) etc. En outre, les conflits à caractère politico-ethnique ont déchiré et continuent de déchirer beaucoup d’Etats comme au Rwanda, au Libéria, en Sierra Leone, en Angola, en République Démocratique de Congo (RDC), et récemment en Côte d’Ivoire et au Soudan. Enfin, dans certains pays comme en Algérie, en Somalie et au Nigeria, pullulent les conflits à caractère religieux. Sur le plan intérieur, il y a l’instabilité politique due aux coups d’Etats : 50 coups d’Etats dont 25 réussis de 1960 à 1989 en Afrique. 53 Il y a aussi les problèmes liés aux relations avec les anciennes métropoles : la France, contrairement aux autres anciennes puissances européennes, continue de jouer un grand rôle en Afrique en concluant des accords de coopération économique, monétaire, militaire et culturel à travers la francophonie. Depuis 1990, le multipartisme qui devait favoriser la démocratisation du continent a du mal à s’installer. Cette situation est à l’origine de plusieurs élections contestées, de rebellions, de crises politiques. Conclusion Plusieurs décennies après les indépendances, l’Afrique noire reste à la traîne. N’ayant pas participé aux progrès scientifiques et techniques du xviiie siècle, le retard n’est pas insurmontable au regard des succès enregistrés sur d’autres continents colonisés notamment l’Asie et l’Amérique latine. Le diagnostic révèle que le mal du continent réside dans son émiettement en plusieurs Etats. Alors, il appartient aux Chefs d’Etat et de gouvernement de prendre des décisions courageuses dépassant les simples déclarations pour accélérer la naissance des Etats-Unis d’Afrique. Leçon7 : Le non-alignement Introduction Au lendemain de la seconde guerre, le monde s’est divisé en deux blocs idéologiques opposés. A côté de ces deux blocs, un groupe de pays indépendants décidèrent d’adopter une politique de neutralité vis-à-vis de ces deux blocs ; il s’agit du mouvement des non-alignés. 1.Naissance et évolution du mouvement A.Naissance Le non-alignement est né sous l’impulsion d’un ministre indien du nom de Nehru qui décida de regrouper à l’onu, le groupe afro-asiatique. Ce mouvement se distingue par la pratique d’une politique extérieure différente des deux (02) autres blocs. Nehru fut soutenu par le yougoslave Tito zosipbroz et l’égyptien Gamal Nasser. Les trois (03) initiateurs du mouvement convoquèrent une conférence à Belgrade en 1961 où fut signé le traité de création du mouvement. Les pays participants au 54 nombre de vingt cinq (25) adhèrent au mouvement au mouvement et décident de contribuer à l’établissement des relations internationales sur le principe de la ème) coexistence pacifique et de constituer un troisième (3 bloc. Ces pays ont aussi invité les USA et l’urss à entrer en contact afin d’éviter un conflit mondial. B.Evolution Le non-alignement s’est manifesté par une série de rencontres convoquées par les pays membres pour examiner au plus près les problèmes qu’ils vivent. Les principales rencontres et les thèmes abordés étaient : -La conférence du Caire (05 au 10 octobre 1964) : elle élabora un plan d’action pour libérer les pays encore colonisés. -La conférence d’Alger (05 au 09 septembre 1970) : elle adopta un programme d’action dont le but était de recomposer des rapports internationaux sur les plans politique, économique et culturel ; c’est le Nouvel Ordre Economique International (NOEI). -La conférence de Havane au Cuba (03 au 09 septembre 1979) : elle examina les points comme la suppression de force de domination et de ségrégation raciale, le soutien au mouvement de libération nationale, l’arrêt de la course aux armements, l’encouragement de la coopération économique entre es non-alignés, la dénonciation des alliances militaires entre les grandes puissances. -La conférence de Hararé au Zimbabwe (1er au 07 septembre 1986) : elle fustigea le le colonialisme et l’apartheid. -La conférence de Belgrade en Russie (04 au 07 septembre 1989) : elle traite des problèmes de l’environnement, de la drogue, du terrorisme, des conflits régionaux, des droits, de l’homme, etc. er -La conférence de Djakarta en Indonésie (1 au 06 septembre 1992) : elle traita de la démocratisation, du renforcement de l’efficacité de l’onu, de la dette, etc. -La conférence de Havane au Cuba en 1995 : elle réoriente les préoccupations du mouvement vers les questions d’actualité comme le fossé entre le Nord et le Sud, les conséquences des subventions accordées aux agriculteurs du Nord. 2.Structures, objectifs, principes et les problèmes du mouvement A.Structures Ce sont essentiellement la présidence qui est détenue par un chef d’Etat membre pour un mandat de trois (03) ans, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement 55 et le bureau de coordination qui se réunit une fois par an. B.Les objectifs Les principaux objectifs du mouvement sont : -Poursuivre la lutte de la libération nationale des peuples ; -Participer au maintien de la paix dans le monde ; -Se libérer de toute assimilation idéologique ; -Tirer profit de la bipolarisation du monde ; -Affirmer la personnalité, l’authenticité et la passivité des peuples dans la civilisation ; etc. De nos jours, le objectifs du mouvement sont relatifs à la lutte contre la pauvreté, la coopération Sud-Sud, réduire l’écart entre le Nord et le Sud, etc. C.Les principes Les principaux principes du mouvement sont : - chaque Etat doit pratiquer une politique indépendante reposant sur la coexistence d’Etat à système différent et sur le non-alignement ; - chaque Etat a l’obligation de soutenir conséquemment les mouvements nationaux d’indépendance ; - aucun Etat membre du mouvement ne doit être membre d’aucune alliance militaire conclue dans le cadre du conflit entre les grandes puissances ; etc. D) Les problèmes des non-alignés Les principaux problèmes des non-alignés aujourd’hui sont entre autres : -Le niveau de développement différent des Etats membres (pays pauvres et pays émergents) ; -Le fossé davantage large entre pays développés et pays sous-développés ; -l’accroissement de la pauvreté dans les PSD ; -La sous industrialisation ; -Peu d’influence dans les relations internationales ; etc. Conclusion Le mouvement des non-alignés est aujourd’hui une organisation vidée de toute sa substance dans la mesure où la guerre froide est terminée. C’est ainsi que certains pensent qu’il doit disparaître tandis que d’autres estiment qu’il doit être maintenu pour servir de cadre de revendication des pays membres, généralement pauvres vis-à -vis des pays économiquement développés. 56 Chapitre 4 : Les civilisations négro-africaines Leçon 1 : La notion de civilisation et son évolution Introduction La notion de civilisation est complexe en ce sens qu’elle associe plusieurs éléments constitutifs. Elle évolue, se combine à d’autres éléments et elle a une histoire. 1.Définition Le mot civilisation est apparu au xviiième siècle (1760) et il signifiait l’état des citadins par opposition aux campagnards, l’organisé par opposition à la barbarie, 57 à la sauvagerie. Cette définition est un jugement de valeur car l’on se réfère à soimême pour juger les autres. De plus en plus, la civilisation est comprise comme l’ensemble des caractères appartenant à une société, vivant sur un territoire déterminé à un certain moment de son histoire. La définition se base sur des faits sociologiques bien précis: croyance, coutumes, mœurs, langues, écritures, institutions politiques, sociales, économiques, etc. Donc, pour être civilisé, il faut avoir : -une organisation politique : monarchie, république, théocratie, tyrannie, démocratie, etc. -une division sociale : on a par exemples les nobles, les chevaliers, la plèbe, les esclaves, le clergé, le tiers-état, etc. -un type d’économie : régime des terres, technique culturale, échange, etc. -un système de valeur : moral, mentalité, sensibilité, croyance, etc. Ces composantes d’une civilisation sont prises globalement mais elles n’ont pas la même valeur. En effet, les faits religieux, techniques et économiques sont plus importants que les modes vestimentaires ou les goûts culinaires ou même les institutions politiques, qui sont éphémères. 2.Valeur d’une civilisation Une civilisation est un repère identitaire qui définit des attitudes à suivre devant des faits naturels ou surnaturels, donne des réponses aux grands problèmes moraux, métaphysiques, sociaux et politiques. Pour cela, la civilisation se base sur les traditions qui sont l’l’ensemble des souvenirs. Le mot d’Auguste Comte « l’humanité est composée de plus de morts que de vivants » indique la primauté du passé dans les civilisations. La valeur d’une civilisation n’est pas proportionnelle à l’espace et au temps qu’elle couvre. 3.l’évolution d’une civilisation Les opinions sur l’évolution des civilisations sont différentes. Certains donnent aux civilisations une évolution linéaire, sans rupture (naît, grandit et meurt). La thèse la plus répandue est l’évolution cyclique d’une civilisation : une même civilisation se succède à elle-même par des formes différentes. Par exemple, la civilisation occidentale actuelle a ses origines dans l’Antiquité en passant par le Moyen-âge, les Temps Modernes et le Temps Contemporain. En fait, chaque forme d’une civilisation à évolution cyclique, est une civilisation entière dans le cas d’une évolution linéaire. L’évolution d’une civilisation peut être très lente (Egypte pharaonique, Chine ancienne) et on est tenté de parler de stagnation : les formes des civilisations africaines avant la colonisation. ème L’évolution très rapide est considérée comme une mutation (l’Europe aux xvii ème et xix siècles), une révolution (les périodes que nous vivons). Les mutations s’accompagnent souvent de crises événementielles (colonisation, guerres, dépression économique, etc). 4.La diffusion des civilisations Les grandes civilisations se diffusent par : -les guerres : les croisades et le djihad ; -la révolution : exemple à Rome, en Grèce ; 58 -le commerce: les commerçants ont été ceux qui ont le plus contribué à propager les civilisations (relations entre l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique depuis le xvième siècle). De nos jours, le commerce est facilité par la langue anglaise devenue la langue du commerce international. -les échanges intellectuels : à ce titre, il faut souligner le rôle déterminant des universités, des séminaires et festivals. -la colonisation : de tous les agents de diffusion d’une civilisation, c’est le plus puissant de tous les temps modernes durant des siècles. La colonisation fut la forme normale de relations entre les nations évoluées et les groupements humains moins organisés politiquement, juridiquement et économiquement. -le rôle des missionnaires : toutes les religions (christianisme, islam) ont cherché à conquérir le monde. Les missionnaires venus d’ailleurs ont apporté avec eux leur langue et leurs coutumes. -aux masse-médias : radios, télévisions, journaux, cinéma, internet, etc. 5.Les principales civilisations Les principales civilisations rencontrées dans le monde sont : -la civilisation occidentale : européenne, américaine ; -la civilisation de l’Europe orientale ; -la civilisation musulmane ; -la civilisation asiatique : indienne, chinoise, japonaise, etc. -la civilisation d’Afrique noire ; etc. Conclusion En somme, l’on peut retenir que la civilisation est l’ensemble des genres de vie : outillage, procédés de travail, activités intellectuelles et artistiques. Autrement dit, l’ensemble des formes d’organisation politique, économique et sociale qui constituent l’originalité d’un peuple. Leçon 2 : Les civilisations négro-africaines Introduction La race noire s’étend sur la bande discontinue autour du globe et l’Afrique est le continent noir par excellence. Ce pays des Noirs est caractérisé par une grande diversité dans le cadre naturel, dans les genres de vie et les coutumes, dans les langues (ce qui explique l’émiettement des groupes humains) et dans les systèmes 59 politiques. L’Afrique noire a des civilisations très variées ; beaucoup n’ont pas encore fait l’objet d’étude exhaustive. Celles-ci évoluent et s’enrichissent d’apports étrangers, surtout depuis la colonisation, au point de ne plus paraître authentiques. Toutefois, les éléments traditionnels demeurent très tenaces dans les civilisations en mutation. I.Les structures sociales traditionnelles Les principales structures sociales traditionnelles africaines étaient la parenté, la hiérarchie, le mariage, la division du travail, la place de la femme, etc. 1.La parenté L’individu isolé n’existe pas. Il est intégré à un groupe social : -la famille : elle rassemble les descendants d’un même ancêtre, soudés par des liens de sang. La descendance elle peut être matrilinéaire (Baoulé, Ashanti, Bantou) ou patrilinéaire (Mossé, Songhaï). Le chef de famille, le plus âgé est l’administrateur des biens, le juge et le prêtre, etc. -le clan : il regroupe plusieurs familles ayant en commun un ancêtre mythique à qui elles rendent un culte, ont le même interdit religieux (totem). Le clan est dirigé par le patriarche. -la tribu : elle rassemble des clans liés par la même langue et la même culture. Il se confond souvent avec l’ethnie. L’ethnie tient de la communauté linguistique, des croyances, d’un passé commun, surtout du sentiment de former une communauté. L’union entre les clans peut avoir été imposée sous l’initiative d’un clan plus fort ou par un besoin défensif. 2.La hiérarchie (les classes sociales) La hiérarchie réglemente les rapports sociaux repose sur le sexe, le lignage, l’âge. Dans la hiérarchie de l’âge, les jeunes doivent respect aux classes âgées ; le passage à l’échelle supérieure est marqué par l’initiation : la circoncision, l’excision, les scarifications diverses, les purifications, les exercices divers, etc. Les centres d’initiation sont des centres d’éducation des jeunes par les aînés. L’éducation est continue et implique tout le monde. Dans la plupart des sociétés, l’homme, quelque soit son âge, passe avant la femme. La hiérarchie de lignage découpe la société en grosses catégories : nobles, hommes libres, gens de castes (forgerons, griots), esclaves, etc. La mobilité sur l’échelle sociale est rare, sauf pour les esclaves. 3.Le mariage Il s’agit d’un pacte collectif et non d’une union entre deux individus. Généralement, il est interdit de trouver son conjoint dans le même clan. L’inceste, sévèrement puni, est souvent considéré comme générateur de calamités(sécheresse, maladie, famine, etc. Le mariage est exogamique. Le clan ou la famille qui reçoit une femme en ‘’indemnise’’ le clan par la dot. Le mariage est créateur de la parenté à plaisanterie. Le mariage est interdit entre les gens de castes et les autres. La polygamie est pratiquée en partie à cause des interdits qui frappent la femme durant la période de grossesse ou d’allaitement. L’une des conséquences est la division du ménage en groupes utérins rattachés à la famille des oncles maternels. La femme peut être plus riche que son époux (bétail, commerce, champs, etc). Le divorce est rarement prononcé car les problèmes sont gérés par les deux familles du 60 couple ; autrement la dot est remboursée. 4.La division du travail Elle existe et tient compte des classes sociales et du sexe. Les gens de caste ont le monopole exclusif de leur métier (griot, forge, poterie, élevage, chasse, pêche, boucherie, etc). Les hommes se chargent des travaux pénibles (abattage des arbres par exemple) et les femmes, les travaux moins pénibles. Cependant, la cuisine relève toujours de la femme. Les relations entre les castes sont souvent teintées de mépris et de crainte. 5.La place de la femme La femme s’occupe des travaux domestiques, de l’éducation et du soin des enfants, du désherbage dans les champs, etc. Sur le plan politique, le conseil des vieilles est parfois consulté par les rois. Elle participe à la vie économique par diverses activités comme le petit commerce et l’élevage. Mais dans certaines sociétés, sa condition est difficile : pas de droit à l’héritage, pas d’accès à la terre, abandonnée à elle-même et privée de ses enfants à la mort de son mari, doit subir la cohabitation avec des coépouses, mariage forcé, etc. II.Les structures politiques traditionnelles Il s’agit surtout du pouvoir au niveau du clan, de la tribu et du royaume. 1.Le clan et la tribu Au niveau du clan, le pouvoir est détenu par l’aîné du lignage (la gérontocratie). Un tel système se retrouve chez les pygmées et Bassa du sud Cameroun. Dans la tribu (village) ; le chef est assisté d’un conseil composé des chefs de clan, de dignitaires et de chef religieux. 2.Le royaume Le royaume est plus étendu que la tribu et regroupe des populations diverses. Le roi est de la lignée du conquérant fondateur du royaume. Son pouvoir est sacré et il tient en mains les destinées du pays : pluies, santé, fécondité, juge divin ; il est interdit parfois de le voir, de prononcer son nom (chez les Ifé par exemple). La classe dirigeante forme l’aristocratie héréditaire. Elle mène l’armée et lève les impôts. Une hiérarchie rigoureuse régit la cour. er A côté du chef politique se trouve le pouvoir religieux détenu par le chef de terre (1 occupant du territoire). Il peut être tellement puissant qu’il peut juger et même condamner les rois politiques. Souvent, il assiste au couronnement du roi à qui il donne la puissance (alliance de la terre, puissance surnaturelle). III.Les fondements magiques, religieux et culturels 1.Les fondements magico-religieux L’Africain est avant tout un croyant, un animiste. Le sacré tient une place importante dans la société africaine. Aussi, les activités profanes sont-elles difficiles à dissocier des activités sacrées (lutte et chasse). La vie est imprégnée de magie et de religion. Les religions africaines reposent sur quelques principes généraux : -la cosmologie : ensemble des lois générales régissant l’univers, le système de force 61 qu’on peut capturer, exploiter, diriger, neutraliser par le canal de la participation religieuse. -les puissances invisibles : +le totem : il peut être un animal, une plante, ou un site qui a fait bénéficier à un clan, à un individu de son pouvoir extraordinaire. Le bénéficiaire, pour témoigner sa gratitude lie une alliance avec la puissance protectrice. Cette alliance se traduit par le respect qui interdit de regarder, de chasser, de cueillir, de toucher, de consommer ni même de prononcer le nom du totem. Les hommages se font par des offrandes alimentaires le plus souvent. Il existe aussi des totems qui sont des animaux dont la consommation a été néfaste à l’ancêtre ou à quelqu’un du même nom. +les mânes (âmes des morts) : le culte des ancêtres est l’une des caractéristiques des religions africaines. Les défunts continuent de participer à la vie de la société. Leur force vitale est nécessaire aux vivants. Ces derniers, pour rendre cette force encore plus efficace doivent faire des offrandes et des hommages aux mânes. +les divinités invisibles : elles sont responsables de l’ordre ou du désordre de l’univers. Les maux sont considérés comme des sanctions ou des moyens de la manifestation de divinités. Ceux qui les honorent sont protégés. Ces divinités ne doivent pas être confondues avec le Dieu créateur tout puissant, fondamentalement bon et dont on ne s’occupe guère. Les divinités invisibles sont nombreuses et diverses. Par exemple, dieu de tel fleuve, puits, champs, arbre, de tel animal, etc. A.Les cultes Les cultes ont pour but d’honorer les divinités, de solliciter leur assistance, de réparer un tort, de les consulter. Ils se traduisent par des offrandes, des sacrifices de tout genre : nourriture, vie, cendre, etc. Le sacrifice est un transfert de force. Il profite au sacrificateur et à l’esprit auquel l’on s’adresse (sang, vie). Les sacrifices les plus importants se font le plus souvent lors des semailles et des récoltes. Les prêtres sont des intermédiaires entre les divinités et les hommes. Ils sont investis d’une force spéciale qui leur permet de communiquer avec les dieux. Le prêtre peut être le plus âgé des clans, le roi, le maître de terre mais il est toujours un homme. B.Les magiciens et les sorciers Ce sont des personnages particulièrement doués pour guérir et interpréter les désirs des divinités. Les magiciens sont des personnages ayant acquis grâce à une alliance avec un hôte surnaturel, l’accès à certains pouvoirs extraordinaires dont il fait bénéficier ses consultants. Devin et croyant, il peut déceler les causes invisibles, provoquer les pluies, l’arrêter, guérir. Le sorcier peut être possédé par un esprit maléfique qui l’utilise contre ses semblables : capture des âmes, maladies, métamorphose en animal, etc. Ainsi est-il craint. Mais une fois un sorcier maléfique repéré, il est sévèrement puni (hyène, ostracisme, fourmi, etc). Souvent, les prêtres sont en même temps sorciers et magiciens. C.Les sociétés secrètes Il s’agit d’organisations politico-religieuses. Elles ont pour but de faire respecter la coutume. Elles frappent les individus néfastes de la société (indiscrets, traitres, rebelles, etc.). Elles agissent au nom des puissances surnaturelles, font régner la terreur pour assurer l’ordre social. Le chef de la société secrète est le grand prêtre. 2.Les fondements culturels 62 A.Les langues et les littératures Les langues africaines sont nombreuses et variées (plusieurs centaines). Les plus importantes sont le Bambara-Dioula, le Haoussa, le Kiswahili, etc qui tendent à devenir des langues véhiculaires. Ces langues africaines ne sont pas traditionnellement écrites, sauf la Barsa et la Bamoun. Mais, l’écriture arabe et les caractères latins ont servi et continuent de servir dans la transcription des langues africaines. La littérature orale par contre est très riche. Elle est avant tout utilitaire. Les différents genres sont : -les récits épiques, les légendes ; -la cosmogonie visant à expliquer l’origine, l’interaction des éléments de l’univers ; -les contes moraux dialectiques ; -les proverbes, les chants berceurs, les chants à l’honneur d’un mort, d’une connaissance, chants de fête, les chants satiriques, etc. -le théâtre (Bambara) : intrigues, dialogues entrecoupés de chants, de danses, etc. Ce sont les griots qui sont les meilleurs littéraires des sociétés africaines. B.Les sciences Pas de sciences de la nature et de créations abstraites basées sur les mathématiques. Cela est dû à l’absence de l’écriture qui fixe la pensée. Cependant, la notion de sciences existe, notamment en astronomie et en pharmacie. -l’astronomie : elle est nécessaire aux cultes et aux pratiques agraires : liaison astrosaison. -la pharmacopée : les guérisseurs noirs disposent d’une importante quantité de remèdes souvent camouflés sous un amas de rites. Ils soignent la dysenterie, la constipation, les morsures de serpents, la lèpre, etc. Ils connaissent les vaccins et les contre-poisons, l’embaumement, etc. En plus, quelques techniques artisanales sont pratiquées par les Africains. Il s’agit par exemples de la métallurgie qui est connue dans toute l’Afrique noire (fonte, laiton, cuivre, bronze), la céramique à ouvrages variés, la maroquinerie, le tissage, la poterie, la vannerie, la brasserie (dolo, bangui), l’huilerie, savonnerie, etc. C.l’art Les constantes de l’art négro-africain sont l’art fonctionnel (utilitaire), l’art synthétique (qui va à l’essentiel, sans recherche de l’esthétique) et l’art souvent anonyme (pièces religieuses). Les variétés de l’art africain sont l’architecture, la sculpture (masques), les ustensiles les outils, les orfèvreries, la peinture, la musique, la danse, etc. Les instruments de musique sont très variés (à percussion, à vent, à corde, etc.). Le rythme l’emporte sur la mélodie. La danse est rarement un spectacle pur, mais une technique privilégiée de participation (danses religieuses de chasseurs, de lutteurs, de funérailles des vieilles personnes, de guerre, de chef politique, etc). Elle est l’expression la plus originale de l’art africain, elle combine une musique au rythme puissant avec la beauté des masques et des costumes africains. La culture africaine a largement étendu son influence dans le monde. Elle est la source du Jazz et les religions africaines sont fortement présentes en Amérique latine (Haïti, Brésil). 63 IV.Les structures économiques traditionnelles Les principales structures traditionnelles du continent étaient l’agriculture, l’élevage et les échanges. 1.l’agriculture L’Africain se sert volontiers des fruits de la campagne pour compléter son alimentation (gibier, feuilles, racines, fruits, etc). La chasse rentre dans les activités de l’Africain. Aussi est-il toujours animé. Les engins de chasse dénotent d’une grande ingéniosité des chasseurs. La pêche est le monopole de certaines tribus (Bozo, Somono, etc). Certains peuples comme les Pygmées vivent uniquement de cueillette, de chasse et de pêche. Les Bochimans d’Afrique australe sont des chasseurs. En Afrique traditionnelle, la terre appartient à la collectivité : tribu, clan, village, etc. L’exploitant n’est qu’un usufruitier et peut perdre ce privilège. Ce caractère collectiviste s’explique par le fait que l’économie est celle de l’auto-peuple. Il faut mentionner aussi la cohésion familiale pour expliquer ce collectivisme. Le plus souvent, le travail s’effectue collectivement. Les nombreuses associations ont pour but d’augmenter les énergies, surtout lorsque la musique s’y mêle. Les techniques culturales sont nombreuses et la culture la plus répandue est celle de la culture itinérante sur brûlis. Cependant, certains peuples comme les Kabyè (nord Togo), pour des raisons de sécurité et de démographie, pratiquent l’agriculture intensive tandis que les Paré du Kenya pratiquent l’irrigation. Les Kabyè connaissent l’assolement et l’usage des engrais naturels. Les Sérères du Sénégal associent l’élevage et l’agriculture. Le riz se cultive par culture sèche, par submersion et par irrigation (comme chez les Kissi). Les sélections des espèces permettent de s’adapter aux conditions climatiques. En somme,l’Afrique connaît des formes développées de domination du sol. Les espèces sont innombrables (manioc, arachide, maïs, etc). 2.l’élevage L’élevage du petit bétail relève de tout le monde et ce sont surtout les enfants qui s’en chargent. Mais l’élevage du grand bétail est une spécialité de certains peuples comme les Peulhs, les Hottentots, les Zoulous, les Massaï, etc. Ces peuples sont forcément nomades. 3.Les échanges Les échanges sont la principale manifestation des liens sociaux. On a par exemple : -le don : c’est un phénomène très important des sociétés traditionnelles. Ce geste parfois obligatoire est rigoureusement réglé. Il engage aussi bien l’offreur que le bénéficiaire. Les occasions de dons sont les mariages, les funérailles, les naissances, les fêtes religieuses, etc. Parfois, l’élevage et une bonne partie des produits agricoles se dépensent en dons, si bien que l’on peut dire que le don est un moteur de l’économie traditionnelle. Il faut distinguer les dons de rémunération, d’hommages, de remerciements, etc. Les dépenses de prestige sont l’une des composantes des échanges dans les sociétés traditionnelles. Ces dépenses font le rang social. L’homme important est celui qui donne, celui qui dépense. Aussi, l’exploitation des griots est-elle importante dans certaines sociétés (surtout au Sénégal et au Mali). -les activités commerciales :on a le commerce intérieur et le commerce extérieur. 64 +le commerce intérieur : bien que la consommation laisse peu de produits et que l’élevage soit plutôt sentimental, le commerce intérieur existe au sein des sociétés africaines. Il est caractérisé par le marchandage. Les monnaies les plus connues sont les cauris, les barres de fer, de cuivre, les bandes d’étoffes, les mesures de grain. Mais le troc reste important. +le commerce extérieur : le commerce saharien dans le sens Nord-Sud portait sur le cuivre, le sol, les dattes, les tissus ; dans le sens Sud-Nord, sur l’or, la cola, l’ivoire, les esclaves, etc. L’or, surtout celui de l’empire du Mali, était le principal moteur du commerce méditerranéen au Moyen-âge. Sur la côte orientale, influencée par les Arabes depuis les premiers siècles après Jésus Christ, le commerce était mieux organisé, les monnaies plus nombreuses, chinoises, byzantines, égyptiennes. Les principales voies sont : -Oualata vers Alger en passant par Taoudéni, Teghazza, Sidjilmassa ; -Tombouctou vers le Caire par l’Aïr et le Tibesti ; -Tombouctou vers Tripoli en passant par l’Adrar, Fezzan ; Les villes commerciales ont développé les villes de Djenné, Tombouctou, Teghazza, Sidjilmassa, Sofala, Zanzibar, Mombassa. V.Les transformations et changements Les civilisations africaines n’ont pas cessé d’évoluer. L’apport occidental par la traite négrière et surtout la colonisation et la décolonisation constituent une illustration. Les traditions les plus vivaces se modifient sans cesse et certaines ont tendance à disparaître. 1.Les transformations des structures sociales A.l’éclatement de la famille La famille en grande unité éclate et se réduit de plus en plus au foyer. Ainsi, l’individu peut s’émanciper et vivre indépendamment des autres membres de son clan. Les hiérarchies traditionnelles tendent à disparaître. La femme s’émancipe aussi, d’où l’extension des divorces et de la prostitution. Cependant, cette émancipation féminine ne semble pas avoir fait régresser la polygamie qui souvent va de pair avec la hausse du niveau de vie. La sédentarisation chez certains éleveurs et le morcellement de l’héritage sont aussi les conséquences de l’éclatement de la grande famille. Cependant, cet éclatement de la grande famille ne va pas sans résistance. Ceci à cause de l’héritage difficile à effacer. C’est ainsi que la solidarité clanique continue de jouer, et que certains interdits restent vivaces, de même que le choix des femmes. B.Les nouveaux milieux sociaux La vie moderne marquée par l’Occident constitue un monde à part où le rural se perd. Il s’agit d’un ensemble hétérogène où l’argent et les horaires fixes règlementent le travail. -Les mœurs de la ville : la ville se caractérise par de nombreuses distractions (cinéma, affiches, étalages, etc. Les modes vestimentaires, le système de valeurs, les genres d’association diffèrent de ceux de la campagne. Notons également l’importance de la prostitution, du chômage et du parasitisme à cause de l’exode rural. Cependant, la ville n’a pas encore entièrement rompu avec la campagne (quartiers ethniques, parfois rivaux, systèmes de mariage, retour en campagne pour 65 certaines pratiques religieuses. -les nouvelles catégories : les salariés (fonctionnaires et ceux du privé) sont partagés entre le modernisme et la tradition. Les valeurs, la nourriture, les vêtements les relations tendent à ressembler à ceux des occidentaux. -la nouvelle bourgeoisie : il s’agit des gros planteurs, des commerçants, des employeurs qui vivent comme des occidentaux, c'est-à-dire très richement. Mais eux aussi ne sont pas entièrement détachés du milieu traditionnel. 2.Les transformations des structures politiques La politique est le domaine qui a été le plus touché par l’Occident. La colonisation européenne a porté des coups sérieux aux autorités traditionnelles. Parfois, les chefs ont été relégués à l’échelle la plus basse de l’administration. Liés aux colonisateurs, ils ont obligé leurs anciens sujets à effectuer les travaux imposés ; d’où leur impopularité, surtout auprès des politiciens et des syndicalistes de certains pays. Les frontières artificielles ont contribué à effriter le pouvoir traditionnel. Dans certaines régions, l’émancipation individuelle et les nouvelles institutions politiques ont détruit presque entièrement le cadre politique traditionnel. Les jeunes gouvernements africains sont pour la plupart opposés à la chefferie traditionnelle et s’efforce de la détruire. Mais les difficultés et la faim insatiable du pouvoir poussent certains politiciens à s’appuyer sur la chefferie. Nombre d’élus sont des princes ou soumis aux princes. La disparition totale de la chefferie n’est donc pas pour un avenir proche. En politique, le phénomène ethnique intervient : le tribalisme ou l’ethnicisme. Bien souvent, les sièges ministériels sont davantage répartis en fonction des critères ethniques ou régionaux pour équilibrer la représentativité au gouvernement. 3.Le dynamisme des structures religieuses On observe un ébranlement général des croyances et des pratiques religieuses traditionnelles par les conversions au christianisme, à l’islam et par l’indifférence. -l’islam noir : introduit par les armes et le commerce, l’islam s’est rapidement répandu grâce à ses affinités avec les religions africaines. En effet, l’interdiction de consommer le porc et l’alcool est considérée comme des totems. L’immolation des moutons, les sacrifices expiatoires ressemblent aux pratiques magiques traditionnelles. Les marabouts qui jouent le rôle de magiciens et de sorciers tiennent une place importante dans la société (mariages, baptêmes, funérailles, etc). L’islam compte de nombreuses confréries ou sectes. Ainsi, a-t-on la Quadrya, le Tidjania, le Senoussya, le Mouridisme, le Hanafisme, l’Ahmadyya et en Afrique orientale, on a retrouve les Sunnites, les ismaélites, les Kharidjites. L’islam adapté aux exigences africaines grâce à son implantation séculaire et à son respect par le colonisateur, a réussi à s’imposer mieux que le christianisme. Mais cet islam est loin d’être orthodoxe. L’islam est à l’origine de certaines formes de gouvernement : sultanat et émirat. Il s’agit d’Etats théocratiques où la vie sociale est inspirée du coran. Un émirat est une unité politique régie par les conquérants musulmans à l’issue d’une guerre sainte tandis que le sultanat est un royaume musulman gouverné par un représentant de la dynastie locale, plus ou moins convertie à l’islam. -le christianisme : l’Afrique noire compte un grand nombre de chrétiens installés en Afrique Orientale, centrale (RDC, Congo Brazzaville, Angola, Cameroun du sud) et le long du Golfe de Guinée. Parfois, le christianisme a été considéré comme faisant partie de la civilisation européenne que la colonisation voulait imposer ; d’où les résistances au christianisme. Faute d’une appréhension de la philosophie africaine, 66 les missionnaires ne sont parvenus à imposer à leurs fidèles qu’un christianisme superficiel. D’où l’africanisation clandestine du christianisme. -le syncrétisme : il s’agit de religions faites d’emprunts animistes, musulmans et chrétiens proches du vaudou haïtien. On a les exemples du Kimbanguisme, les talismans arabes, les Hindous, les médailles miraculeuses, gris-gris et étoiles de réussite se côtoient. -l’indifférence religieuse : elle s’apparente au syncrétisme, se répand rapidement et constitue peut-être le début d’une nouvelle religion en Afrique. 4.Le dynamisme des structures économiques L’impact occidental a créé un déséquilibre par son économie de traite, la rupture du commerce entre Africains et Arabes, l’introduction des produits européens, la création des emplois nouveaux et la monétarisation de l’économie. La division du travail traditionnel et les cadres traditionnels disparaissent peu à peu. Les nomades se sédentarisent et les chasseurs se tournent vers l’agriculture. L’individualisme économique s’installe peu à peu. L’Occident a augmenté d’une manière considérable la circulation des richesses tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Ceci grâce aux comptoirs, aux routes, à la monnaie, aux salaires, la suppression des frontières tribales. L’argent intervient partout. Ainsi, certains dons symboliques se font maintenant en argent (exemple de la dot). La quête de faveurs féminines est l’une des manifestations les plus coûteuses en Afrique car les présents offerts aux belles familles et leur entourage sont de plus en plus importants. Ce sont les prétendants les plus généreux qui l’emportent généralement. En ville pour des raisons économiques, nombre de jeunes ne se marient pas. Le célibat se supporte d’autant plus facilement que la prostitution et le concubinage sont développés. Les dépenses de prestige et la recherche d’un standing de vie démesuré détournent bon nombre d’Africains des investissements productifs. Conclusion L’Africain actuel est en train de se forger une civilisation à cheval entre la civilisation occidentale et les civilisations traditionnelles. 67