Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1986, 5 (3), 587-603. Brucellose des bovins et des petits ruminants : diagnostic, prophylaxie et vaccination* R. F E N S T E R B A N K * * Résumé : Les rapports reçus de quarante-huit pays constituent un très bon échantillonnage montrant l'universalité des problèmes posés par la brucellose et la diversité des moyens de lutte mis en application. Parmi les quarante-huit pays, treize sont arrivés à l'éradication complète de la maladie, dix-sept sont en cours d'assainissement plus ou moins avancé, huit ont un plan de vaccination destiné dans un premier temps à faire baisser la prévalence de la maladie et dix n'ont pas encore de plan de prophylaxie bien défini ou en complète application. Pour le diagnostic, les deux épreuves sérologiques les plus employées sont le test au Rose Bengale et le ring test, avec recours à la fixation du complément ou à la séro-agglutination en cas de doute. Le besoin de recourir à des épreuves sérologiques complémentaires plus sensibles et plus spécifiques et aux examens bactériologiques s'est imposé dans des pays assainis où des réactions sérologiques croisées posaient des problèmes. Vingt pays pratiquent une prophylaxie sanitaire stricte et dix-huit une prophylaxie mixte médico-sanitaire. La vaccination est pratiquée à peu près exclusivement avec la souche B19, soit uniquement sur les génisses ou en plus sur les adultes, en utilisant des doses réduites de vaccin par voie sous-cutanée ou conjonctivale. La brucellose des petits ruminants, moins universellement répandue mais plus contagieuse que la brucellose bovine, est combattue dans dix-sept pays par abattage et vaccination avec la souche Rev. 1, sauf dans un pays sur le point d'arriver à l'éradication par l'application stricte d'une politique d'abattages. L'épididymite contagieuse du bélier due à B. ovis, sans danger pour l'homme, est une maladie rencontrée dans huit des pays ayant fourni un rapport. Ces pays appliquent une prophylaxie soit sanitaire stricte, soit mixte. MOTS-CLÉS : Brucella - Brucellose - Maladies des bovins - Maladies des caprins - Maladies des ovins - Prophylaxie - Revues - Services vétérinaires Techniques de diagnostic - Vaccination. INTRODUCTION La prévalence de la brucellose et les moyens mis en œuvre pour son éradication ou la protection des cheptels assainis ont fait l'objet de rapports émanant de quarante-huit pays (onze d'Afrique, huit des Amériques, onze d'Asie et d'Océanie et dix-huit d'Europe), et un de la Communauté Economique Européenne. Cet e * Rapport présenté à la 5 4 Session Générale de l'OIE, Paris, 26-30 mai 1986 (Thème technique I). ** I N R A , Centre de Recherches de Tours, Station de Pathologie de la Reproduction, Nouzilly, 37380 Monnaie, France. — 588 — échantillonnage réalisé à partir de presque la moitié des Pays Membres de l'OIE est très représentatif tant au plan géographique qu'épidémiologique, exprimant ainsi la diversité des situations sanitaires et des modes de contrôle en application. TABLEAU I Liste des Pays Membres de VOIE dont les rapports ont été analysés Ethiopie Finlande France Grande-Bretagne Grèce Iran Irlande Italie Japon Malaysia Malawi Mexique Nigéria Norvège Nouvelle-Zélande Oman Afrique du Sud Allemande (Rép. Dém.) Allemagne (Rép. Féd.) Arabie Saoudite Argentine Australie Autriche Burkina Faso Canada Centrafricaine (Rép.) Chili Chypre Colombie Corée (Rép.) Cuba Etats-Unis d'Amérique Ouganda Pologne Portugal Roumanie Soudan Sri Lanka Suisse Taïwan Tchécoslovaquie URSS Uruguay Vanuatu Yougoslavie Zaïre Zambie Zimbabwe L'homme s'infecte au contact des animaux ou en consommant des aliments d'origine animale. La brucellose constitue donc un problème de santé publique, d'autant plus grave que la maladie humaine est souvent invalidante quand elle ne peut pas être soignée correctement à son début. La brucellose animale constitue également un problème économique sérieux, avec des pertes considérables et des entraves au commerce international des animaux. Ces raisons ont amené tous les pays à lutter contre ce fléau, ou tout au moins à réfléchir aux actions possibles, en fonction de leurs moyens. Le résultat en est que plusieurs pays sont maintenant déclarés indemnes de brucellose, ou sont en cours d'éradication alors que d'autres, cependant conscients du problème, n'ont encore rien pu entreprendre de coordonné. Il faut reconnaître qu'il s'agit d'une entreprise difficile à cause des incertitudes du dépistage, longue à cause des recontaminations, et coûteuse à cause des moyens mis en œuvre et des abattages qu'elle entraîne. Comme chaque maladie infectieuse, la brucellose a des caractéristiques propres. La plus importante nous paraît être sa contagiosité. L'avortement provoque l'excrétion brutale de 10 à 10 bactéries alors que 15 millions de Brucella déposées sur la conjonctive des génisses gestantes en infectent 95%. La quantité de Brucella excrétées lors d'un avortement pourrait donc infecter de 60 000 à 600 000 génisses gestantes. La maladie présente aussi un caractère multiplicatif très net puisque 15 x 10 Brucella inoculées à des génisses gestantes peuvent provoquer l'excrétion de 10 à 10 bactéries en cas d'avortement ultérieur. Il faut, en plus, évoquer l'excrétion plus discrète, mais non moins dangereuse, au moment du vêlage à terme d'une vache infectée, pas toujours dépistée par la sérologie, et le danger des génisses nées de mères brucelliques qui peuvent se révéler infectées elles-mêmes au moment de leur premier vêlage, après une phase souvent prolongée de sérologie négative. I2 6 12 13 l3 — 589 — Cette contagiosité explique les recontaminations observées dans les troupeaux qu'on croit assainis. Sans ces recontaminations, la prophylaxie par abattage des réagissants serait très vite efficace. A l'inverse, si la vaccination était efficace à 100%, l'éradication serait acquise très rapidement par l'injection de vaccin à tous les animaux. Ce n'est pas le cas et une campagne d'éradication de la brucellose est une course entre son élimination par abattage et sa propagation qu'on peut éven­ tuellement freiner par la vaccination. Les moyens de lutte contre la maladie sont le dépistage et la prophylaxie qui inclut ou non la vaccination. Ces trois points seront examinés en intégrant les infor­ mations contenues dans les rapports et en les confrontant aux données scientifiques les plus récentes. LA BRUCELLOSE BOVINE LE DÉPISTAGE Il a pour but de rechercher l'infection brucellique, d'en connaître la prévalence et la distribution et, pour les pays où l'éradication est acquise, de surveiller l'absence de recontaminations. Il met en jeu des épreuves sérologiques et allergi­ ques, et la recherche de l'agent par bactériologie. Le dépistage sérologique Il utilise des épreuves de base, destinées au dépistage de masse, associées à des épreuves complémentaires pour élucider le cas des réponses douteuses. Les prélève­ ments intéressent le sang, pris sur l'animal vivant et à l'abattoir (Canada), et le lait. Le dépistage met en évidence les anticorps, témoins de l'infection. Celle-ci apparaît après une période variable d'incubation, puis tend à devenir chronique, avec des anticorps de classes IgG1, IgG2 et IgM (32) en proportions relatives différentes selon le stade d'évolution de la maladie. Par ailleurs, la vaccination, souvent utili­ sée, est elle-même responsable de la formation d'anticorps des mêmes classes. L'épreuve sérologique idéale doit établir un diagnostic précoce, identifier les infec­ tés chroniques et différencier les anticorps de vaccination de ceux d'infection. Elle doit, de plus, être économique, simple et rapide à effectuer puisqu'elle s'adresse à une très grande quantité de prélèvements. Aucune épreuve sérologique ne possède toutes ces qualités. La séro-agglutination lente en tubes (SAW), ancêtre des épreuves sérologiques, est toujours largement utilisée puisqu'elle est l'épreuve de base pour douze pays, et une épreuve complémentaire pour dix-sept autres. La preuve de son efficacité réside dans le fait que la majorité des pays maintenant déclarés indemnes l'ont utilisée, associée toutefois à la fixation du complément ou au ring test. La SAW met en évi­ dence les anticorps des classes IgG2 et IgM (32). On lui reproche de dépister parfois tardivement les animaux récemment infectés et de ne pas bien détecter l'infection chronique, ou de ne la déceler que par des titres bas et difficiles à interpréter (26, 39). Ce dernier défaut paraît particulièrement grave quand on connaît la chronicité habituelle de la maladie. La fixation du complément (FC) est utilisée comme test de base dans deux pays (Malaysia et Nouvelle-Zélande, ce dernier pays l'ayant automatisé) et comme test complémentaire pratiquement partout ailleurs. Détectant les anticorps des classes — 590 — IgG1 et IgM, ce test est considéré comme le plus sensible et le plus précis, permet­ tant une distinction relative entre anticorps vaccinaux et infectieux (2, 39). La FC présente l'inconvénient d'être délicate et longue à exécuter et nécessitant le travail d'un technicien entraîné, ce qui ne permet malheureusement pas souvent son utilisa­ tion comme épreuve de base. Le test au Rose Bengale (RBT) est une agglutination rapide sur lame de sérum pur avec un antigène coloré et à pH 3,6. C'est l'épreuve de base pour vingt-trois pays sur les trente qui disent l'utiliser. On observe donc un large consensus sur l'uti­ lisation de cette épreuve. Ce consensus paraît justifié dans la mesure où le RBT est un test économique, simple et rapide, donnant peu de faux résultats négatifs ou positifs obligeant à une FC de contrôle (ou SAW + FC) (13). Les immunoglobulines responsables de la réaction sont les IgGl (9) comme pour la FC, et parfois les IgM en fonction du mode de préparation de l'antigène (D. Levieux, communication personnelle). Ce test dépiste l'infection plus précocement que la SAW (13), en même temps que la FC (39), ou parfois avant la FC (20). Le test de l'anneau ou ring test (RT) est également largement utilisé. Il détecte les immunoglobulines du lait, soit provenant du sang par filtration (IgM), soit pro­ duites localement dans la mamelle (IgA), organe qui compte parmi les plus fré­ quemment infectés. Très efficace (35, 48), c'est une épreuve facile à réaliser et éco­ nomique. Le RT peut être réalisé à grande fréquence (mensuelle) aussi bien pour le dépistage des troupeaux laitiers infectés (le RT a été le dépistage de base en Suisse, en particulier) que pour la surveillance ininterrompue des troupeaux assainis. Le succès remporté par ce test semble dû davantage à sa fréquence de réalisation qu'à sa sensibilité (Grande-Bretagne) qui diminue avec la taille du troupeau. C'est un test d'alerte précoce puisque la sérologie ne peut jamais être répétée aussi fréquem­ ment. L'addition de formol (concentration finale 0,2%) préserve le lait jusqu'à 14 jours et semble augmenter la sensibilité du test plutôt que la réduire (GrandeBretagne). Enfin, le RT peut être utilisé au niveau individuel. Dépister les troupeaux à sérologie positive est facile en début de prophylaxie. Avec les progrès de l'assainissement, ou une fois l'éradication acquise, apparaissent de nouveaux problèmes qui doivent être traités d'une façon plus élaborée, et sou­ vent au niveau individuel. Outre les épreuves déjà classiques, au Rivanol, au mercapto-éthanol (39, 42) et à l'antiglobuline de Coombs, de nouvelles épreuves sont à l'étude (16, 44, 51). Parmi ces nouvelles épreuves encore à l'étude, l'ELISA pratiquée sur le sérum ou le lactosérum (Grande-Bretagne) paraît très prometteuse. D'autres difficultés apparaissent également avec la réactions croisées entre Brucella et autres germes tels sérogroupe 09, différentes Salmonella, Escherichia coli, plus spécifique à cause de son pH 3,6 (13). L'addition cet inconvénient de la SAW (Grande-Bretagne). SAW et la FC en raison de que Yersinia enterocolitica etc. (11), le RBT paraissant d'EDTA (43) semble éviter Le dépistage allergique L'infection à Brucella crée un état de sensibilisation qui peut être révélé par les réactions d'hypersensibilité de type retardé provoquées par l'injection d'allergènes extraits des Brucella. Parmi un grand nombre, les allergènes extraits selon le pro­ cédé de Bhongbhibhat et coll. (6) présentent l'avantage de ne pas provoquer la for­ mation d'anticorps dépistés par les tests sérologiques de routine ni de sensibiliser. On peut donc répéter ce dépistage sans perturber les diagnostics sérologiques ou — 591 — allergiques ultérieurs. Ce test est proposé (21) pour le dépistage de routine et comme test supplémentaire dans les troupeaux à problèmes. Quatre pays l'utilisent : Nouvelle-Zélande, RFA, Tchécoslovaquie et URSS. La Nouvelle-Zélande lui recon­ naît une spécificité de 100% et une sensibilité de 60 à 68% et en prévoit l'utilisation pour un diagnostic simultané de la tuberculose et de la brucellose. Le dépistage bactériologique La majorité des pays pratique la recherche bactériologique des Brucella. Cette recherche est faite principalement à l'occasion des avortements dont la déclaration est le plus souvent obligatoire. La décharge vaginale, le colostrum, l'avorton et le placenta contiennent alors une très grande quantité de Brucella chez les animaux infectés. L'excrétion dans le lait est recherchée soit au niveau individuel (vache à sérologie négative, mais RT positif), soit à grande échelle comme complément des autres examens (Etats-Unis). La recherche des Brucella peut être faite enfin à partir de ganglions et d'organes prélevés à l'abattoir (Canada) ou du liquide de ponction des hygromas fréquents (15) sur des animaux africains infectés (Burkina Faso). Cette recherche a l'avantage de donner la preuve directe de la maladie, en cas d'iso­ lement. Elle nécessite de bons laboratoires et des techniciens bien entraînés. L'utili­ sation des milieux sélectifs est systématique. Il faudra se souvenir toutefois que le biovar 2 de B. abortus requiert l'addition de sérum dans le milieu. Le milieu de Kuzdas et Morse et le WE de Renoux, dont l'utilisation est souvent signalée, n'en comprennent pas et ne permettent donc pas l'isolement de ce biovar. On leur préfè­ rera avantageusement le milieu de Farrell (19) qui en contient. La recherche et l'identification bactériologique des Brucella, complémentaire des méthodes immunologiques, sont indispensables à une évaluation correcte du statut épidémiologique des troupeaux ou groupes humains. L'identification des Brucella, espèces et biovars, a beaucoup progressé grâce à l'utilisation d'une série de bactériophages, étu­ diés dans plusieurs pays. Une identification correcte est donc devenue accessible à des laboratoires non spécialisés. L'information apportée par le typage ou la mise en évidence de caractères marqueurs rares permet de connaître et de tracer les sources de l'infection. PROPHYLAXIE Le dépistage de la brucellose est obligatoire sur la totalité du territoire ou par­ tiellement dans des zones déterminées (provinces, régions naturelles) de trente-deux pays. Il est partiel et repose généralement sur le volontariat ou sur l'intérêt porté à certaines zones (bassins laitiers près des grandes villes, fermes d'Etat ou expérimen­ tales...) dans les seize autres pays. Un schéma de qualification, décrivant les critères que doivent remplir les troupeaux pour être reconnus indemnes, existe dans vingtsix pays. Dans la très grande majorité des pays, l'avortement est soumis à déclara­ tion obligatoire et déclenche une cascade de diagnostics et de mesures de police sanitaire. En fonction de leur état sanitaire actuel et des modes de prophylaxie qui y sont ou ont été adoptés, on peut classer les quarante-huit pays en cinq groupes (voir Tableau II). On observe que treize pays sont officiellement déclarés indemnes de brucellose (colonne 1). La vaccination y est interdite ou n'y est pas pratiquée, bien qu'au moins cinq d'entre eux l'aient utilisée en début d'éradication. Le dépistage continue d'y être pratiqué avec vigilance. Quelques pays où le déplacement des animaux est Prévalence déclarés Vaccination Non Non encore fixée Obligatoire selon les zones Rare Recommandée Obligatoire A l'initiative selon les selon les zones des éleveurs ou zones ou partout des responsables Mixte Obligatoire Autriche Australie Afrique du Sud Arabie Saoudite Burkina Faso Canada Chypre Chili Argentine Ethiopie Finlande Corée Cuba Colombie Malawi Grande-Bretagne Grèce Etats-Unis Iran Nigéria Irlande Taïwan France Mexique Oman Japon Vanuatu Italie Sri Lanka Ouganda Norvège Yougoslavie Malaysia Uruguay Rép. Centrafricaine Pologne Nouvelle-Zélande Zaïre Soudan RDA Portugal Zambie RFA URSS Zimbabwe Roumanie Suisse Tchécoslovaquie Pays officiellement Très faible Très faible Variable Pas complètement à moyenne à moyenne selon les pays déterminée indemnes et zones Mode de prophylaxie Sanitaire Abattage Obligatoire des réagissants Modes de prophylaxie de la brucellose bovine selon les pays TABLEAU II — 592 — — 593 — très contrôlé ou qui sont géographiquement protégés (Norvège) pratiquent cepen­ dant un dépistage allégé. Dans sept autres pays (colonne 2), dont certains sont sur le point de réussir l'éradication, la vaccination n'est pas pratiquée non plus, sauf de façon exceptionnelle en Grèce. Dix-huit pays pratiquent une prophylaxie mixte. Dans dix de ces pays (colonne 3), l'accent est mis sur l'abattage obligatoire des animaux infectés, la vaccination n'étant pratiquée que dans certaines zones. Pour les huit autres pays (colonne 4), la prophylaxie est essentiellement basée sur la vaccination des génisses, et même des adultes, l'abattage des infectés n'étant obligatoire que dans des zones bien détermi­ nées. Dans les dix derniers pays, la brucellose a été diagnostiquée parfois depuis fort longtemps. Tous sont confrontés à des difficultés considérables en moyens humains et/ou financiers, et à des pathologies « majeures » telles que peste bovine, péripneumonie et charbon bactéridien, qui font passer la brucellose au second rang car elle ne tue pas les adultes (Ethiopie, Soudan). Souvent, le nomadisme (Soudan) rend le dépistage illusoire, fût-ce par sondages. La présence de réservoirs sauvages (Vanuatu) pose des problèmes encore mal ou pas du tout élucidés. La vaccination est pratiquée dans tous ces pays, davantage à l'initiative individuelle que selon un plan concerté, avec des hésitations sur le choix du vaccin à utiliser (Ethiopie) ou sur le mode de son administration, envisagée par voie conjonctivale par le Burkina Faso. Ce classement présente fatalement un caractère artificiel. Il a l'intérêt de mettre en évidence la diversité des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus. Il n'est pas possible de recourir partout à un seul et même plan de lutte, en raison de condi­ tions très variables selon les pays. La stratégie doit être choisie après une réflexion approfondie et correcte (39), telle qu'elle apparaît dans plusieurs rapports, portant d'abord sur les moyens humains, techniques et financiers disponibles. Les hommes jouent un rôle déterminant dans la lutte. Il faut pouvoir compter sur un état-major de vétérinaires et techniciens capables d'interpréter correctement les résultats du dépistage et d'intervenir judicieusement sur le déroulement des opé­ rations. Les éleveurs ne supportent les contraintes qui leur sont imposées et ne com­ prennent les difficultés du dépistage et de l'assainissement que dans la mesure où ils ont été suffisamment informés et motivés, notions sur lesquelles insistent particuliè­ rement les rapports du Canada, de Chypre et de la Tchécoslovaquie. Les moyens techniques sont les laboratoires dont l'absence ou l'insuffisance peuvent rendre vain le plan le mieux conçu. Sous cette rubrique, il convient d'évo­ quer aussi des stratégies particulières, telles que la définition d'une zone assainie destinée à fournir des animaux sains de remplacement (Chili). Les moyens financiers représentent un paramètre très important : le coût de la prophylaxie est très élevé sur une longue période. Avant toute décision, une étude économique doit être faite sur un modèle simple (14) ou plus élaboré (5, 27). Le souci du meilleur rapport coût/bénéfice transparaît dans la majorité des rapports. A l'inverse, l'absence de moyens suffisants est évoquée par plusieurs pays en voie de développement pour expliquer l'absence actuelle de plan de lutte. La prévalence de la maladie est un élément primordial, devant orienter le choix du mode de prophylaxie, sanitaire seule, médicale seule ou mixte médico-sanitaire. En tenant compte des différences de prévalence à l'intérieur d'un même pays, les — 594 — opérations peuvent être menées de façon diverse selon les zones ainsi déterminées (Chili, Portugal). Les modalités d'élevage, les habitudes commerciales, le regroupe­ ment ou la dispersion des fermes, la taille des troupeaux, la proportion d'animaux vaccinés, l'isolement des parturientes (RDA) sont des paramètres très importants (27, 30, 40, 53) dont certains pays ont tenu compte, au même titre que le contrôle des importations et des mouvements d'animaux, très strict dans la majorité des pays à prophylaxie obligatoire. Il y a enfin les réservoirs sauvages qu'on connaît souvent mal et parfois pas du tout (Vanuatu). Au cours du déroulement des opérations, des modifications ont été apportées en fonction des progrès de l'assainissement (interdiction de la vaccination par exem­ ple) ou avec l'apparition de nouvelles techniques (adoption du RBT, vaccination des adultes, vaccination par voie conjonctivale, etc.). Cette flexibilité du plan initial impose une nouvelle information approfondie des intervenants. Cette réflexion débouche sur le choix entre trois modes d'intervention : a) La prophylaxie sanitaire stricte vise à l'éradication par abattage des animaux infectés. C'est la méthode la plus radicale et sans doute la plus économique lorsque la prévalence est faible et les conditions favorables. Elle doit être exécutée avec une grande rigueur et rapidement de façon à diminuer au maximum les recontamina­ tions. La lecture des rapports nous donne une réponse partielle à la question sou­ vent posée sur le seuil de prévalence au-dessous duquel la prophylaxie sanitaire est techniquement et économiquement réalisable : trois pays ont réussi leur éradication selon ce procédé avec au départ 10,5 à 11% des troupeaux infectés (Finlande), 20% (Tchécoslovaquie) et 5% des animaux (Suisse). Ces informations n'incluent mal­ heureusement pas d'indications concernant la taille des troupeaux, leur dispersion, les obstacles géographiques à la propagation de la maladie... qui sont autant de paramètres influant très fortement sur les progrès de l'assainissement. b) La prophylaxie médicale vise la diminution de la prévalence et le maintien à son plus bas niveau par la vaccination généralisée. En fait, aucun des pays rappor­ teurs ne l'utilise seule sans au moins quelques abattages, imposés ou dirigés, même si elle représente pour plusieurs pays d'Amérique Centrale ou du Sud la base de leur action. c) La prophylaxie mixte est l'association simultanée ou successive des deux pré­ cédentes, par l'abattage des réagissants et la protection des cheptels sains par la vac­ cination. La vaccination, obligatoire ou recommandée, s'adresse d'abord aux génis­ ses par inoculation de la souche B19 à l'âge de 3 à 8 mois, sauf en Arabie Saoudite où le vaccin H38 est utilisé. Les résultats de la vaccination sont nets : en dix années de vaccination intensive dans certaines zones, la prévalence de la maladie est descendue de 7 à 3 % au Chili, avec une couverture maximale de vaccination estimée à 72,9% des génisses, et de 17 à 3 % en Argentine, avec une couverture maximale de 79,4%. La prévalence géné­ rale est de 0,4% en Uruguay, après vingt années de vaccination ayant porté sur 95% des génisses. Ajoutons qu'en République Sud-Africaine, « la prévalence la plus basse a été observée dans une province où le contrôle strict de la vaccination des génisses avait été maintenu pendant de nombreuses années », ce qui correspond très exactement à ce qui avait été observé aux Etats-Unis (29). La vaccination dimi­ nue donc la prévalence de la maladie et les recontaminations à un point tel que les abattages deviennent moins nombreux et plus rentables. A cet égard, la vaccination par voie conjonctivale (46), avec la possibilité de faire des rappels augmentant le — 595 niveau de protection, devrait donner des résultats encore meilleurs. Elle est donc particulièrement recommandable aux pays en voie de développement pour aborder le contrôle de la maladie. Au plan expérimental, et depuis quelques années, on procède à la vaccination des adultes pour maîtriser les problèmes de recontaminations dans les troupeaux en cours d'assainissement. On utilise alors la souche 19 à dose réduite, soit par voie sous-cutanée (Cuba, Nouvelle-Zélande, République Sud-Africaine, Sri Lanka, Etats-Unis) ou par voie conjonctivale (France, Italie). Les résultats ont été très nets (42, 46). Dans ce mode mixte de prophylaxie, la question se pose de savoir quand arrêter la vaccination et conclure l'éradication par l'abattage des derniers réagissants. Il existe un seuil de prévalence au-dessous duquel la vaccination coûte plus en abat­ tage de génisses indemnes (présentant des anticorps vaccinaux résiduels) que le bénéfice qui en découle. Ce problème est évoqué par la Grande-Bretagne qui pense ainsi avoir probablement abattu plus de génisses que nécessaire. Les experts de l'OMS proposent de 1 à 5% des troupeaux comme seuil de prévalence et même 0,5% dans des conditions difficiles (grands troupeaux). Une fois de plus, la déter­ mination de ce seuil doit découler des conditions d'élevage. VACCINATION On dispose de trois vaccins : les vaccins tués 45/20 (37) et H38 (47) et la souche vivante Brucella abortus B19 (8). Les vaccins tués ont l'avantage, de principe, de se conserver mieux qu'un vaccin vivant. Le 45/20, utilisé en plus du B19 en Ethiopie, France, Irlande, Malawi et Portugal, est non-agglutinogène, mais pose des problè­ mes de contrôle et d'efficacité, variable selon le mode de préparation. Le H38, uti­ lisé en Arabie Saoudite et en Ethiopie, est très efficace mais présente l'inconvénient majeur d'être agglutinogène, posant des problèmes insolubles de dépistage parmi les animaux vaccinés. Il n'est donc pas surprenant que le B19 soit utilisé dans tous les pays qui prati­ quent la vaccination, sauf l'Arabie Saoudite. Ce large consensus est justifié dans la mesure où ce vaccin fait l'objet depuis les années 1930 d'une somme considérable d'études et de publications sur son efficacité (29, 33, 34, 36), les modalités de son emploi (42, 46) et son contrôle (45). La résistance induite par le B19 n'est pas complète, mais serait constante tout au long de la vie économique des vaches (34, 36), bien que cette opinion ait été mise en doute par la suite. Son utilisation a permis à de nombreux pays de diminuer la pré­ valence de la maladie jusqu'à un point où l'éradication devient réalisable (29), ainsi que le montrent les résultats observés en Argentine, au Chili et en Uruguay. L'inconvénient de l'utilisation du B19 est la persistance des anticorps vaccinaux chez 1 à 2% des animaux, même ayant été vaccinés très jeunes (4 mois). Curieuse­ ment, aucun rapport ne mentionne cet inconvénient, sauf celui de la GrandeBretagne qui estime avoir abattu plus d'animaux que nécessaire, pour cette raison. Deux nouveaux procédés de vaccination permettent de pallier ce dernier incon­ vénient en utilisant des doses réduites de B19. Le premier a été mis au point par Nicoletti et coll. (42) pour éviter les nombreuses contaminations rendant impossible l'éradication par abattages dans les très grands troupeaux américains. Il consiste à injecter par voie sous-cutanée de 3 X 10 à 3 X 10 B19 aux génisses de 4 à 12 mois 8 9 — 596 — aux Etats-Unis et, au Canada, aux animaux destinés à être exportés aux Etats-Unis, et de 3 x 10 (Nouvelle-Zélande) et de 5 à 10 x 10 (Etats-Unis) aux adultes. La réponse sérologique est diminuée en intensité et en durée, et l'immunité conférée paraît équivalente à celle donnée par la vaccination classique. 8 8 L'autre procédé, mis au point par Plommet et coll. (46), consiste à inoculer 5 x 10 B19 par voie conjonctivale en deux fois à 6-12 mois d'intervalle. Les anti­ corps vaccinaux disparaissent complètement dans un délai maximal de 4 mois, quel que soit l'âge des animaux et les vaccinations antérieures avec le B19 qu'ils ont subies. Ce procédé lève donc totalement les contraintes d'âge de vaccination. En cas d'urgence, il peut être utilisé en rappel chez des animaux ayant reçu la vaccination classique à l'âge de 4 à 8 mois. Il induit une immunité supérieure à celle donnée par la vaccination classique, du fait du rappel. 9 Pour toutes les maladies contagieuses, la protection d'un ensemble d'animaux est fonction du pourcentage d'animaux vaccinés, mais pour certaines, un pourcen­ tage de 60 à 80% suffit à protéger contre l'extension de la maladie. Il ne paraît pas en être ainsi avec la brucellose du fait du caractère très multiplicatif de la maladie. Les études de Vanderwagen et coll. (53) montrent qu'une faille, même faible, dans le nombre des animaux vaccinés permet à la maladie de se développer très vite. Enfin, la vaccination doit être pratiquée régulièrement pendant suffisamment de temps pour arriver à un abaissement de la prévalence tel que la prophylaxie sani­ taire seule soit techniquement et économiquement réalisable. Il est possible qu'une vaccination quasi exhaustive d'une population bovine par la méthode conjonctivale (comprenant donc un rappel qui renforce et prolonge l'immunité) conduise, à elle seule, à un contrôle presque total de la maladie au bout de quelques années. Abandonnant la bactérie entière, utilisée vivante ou tuée comme vaccin, la recherche se penche actuellement vers l'isolement de la fraction de bactérie et même des antigènes de cette fraction, responsables de la protection : c'est le vaccin « chi­ mique ». Poussant plus loin, il faudra caractériser les déterminants (épitopes) de ces antigènes protecteurs. S'ils sont de nature polysaccharidique, on obtiendra, par couplage avec une macromolécule, un vaccin « semi-synthétique ». S'ils sont de nature protéique, la connaissance des séquences des acides aminés dans les peptides obtenus par coupe enzymatique permettra d'obtenir un vaccin « synthétique », après couplage aussi avec une macromolécule. Enfin, des vaccins pourraient être obtenus par génie génétique après clonage des gènes des antigènes protecteurs et leur inclusion dans une bactérie non pathogène (E. coli). Dans tous les cas, on recherchera une distinction non ambiguë entre les anticorps de vaccination et ceux de l'infection. LA BRUCELLOSE DES PETITS RUMINANTS D U E A B. MELITENSIS L'infection à B. melitensis paraît moins largement répartie dans le monde que celle à B. abortus. Dix-sept pays en signalent la présence sur leur territoire (Arabie Saoudite, Argentine, Chypre, Ethiopie, France, Grèce, Iran, Italie, Mexique, Nigé­ ria, Oman, Ouganda, Portugal, Soudan, Sri Lanka, URSS et Yougoslavie). Treize pays indiquent son absence (Australie, Canada, Cuba, Finlande, Grande-Bretagne, Irlande, Nouvelle-Zélande, République Démocratique Allemande, République Fédérale d'Allemagne, République Sud-Africaine, Suisse, Etats-Unis et Sri Lanka). Dix-huit pays ne donnent pas d'indication sur la présence ou l'absence de la maladie. — 597 — Le dépistage est obligatoire et généralisé dans dix pays, partiel dans trois. Les épreuves de SAW, FC et RBT sont utilisées comme pour les bovins. La FC est con­ sidérée comme le test le plus sensible et le plus spécifique, mais l'épreuve au Rose Bengale, cependant estimée généralement comme moins sensible, est très largement utilisée pour sa simplicité d'exécution et son faible prix de revient. Selon les pays, la FC est utilisée comme épreuve principale de dépistage (Chypre) ou comme épreuve complémentaire du RBT (France). La SAW est encore largement utilisée en dépit du fait qu'elle est considérée comme le test le moins sensible (41, 54), en particulier, lors de brucellose ancienne (31), même lorsqu'elle est faite en solution de NaCl à 5% au lieu de 0,85% ou avec un antigène préparé avec B. melitensis (1). Ces trois épreuves, utilisées seules ou simultanément, donnent de bons résultats au niveau du troupeau, mais ne permettent guère d'identifier individuellement plus de 70% des animaux infectés (41). Ce fait explique les difficultés rencontrées dans le dépistage, et par là, celles de l'éradication. Le diagnostic allergique (22) est utilisé dans trois pays (Chypre, Suisse et URSS). Il se prête très bien au dépistage de masse et évite de nombreuses prises de sang et recherches de laboratoire. Bien que ne dépistant pas davantage tous les infectés que les épreuves sérologiques, il a donné des résultats tout à fait satisfai­ sants à Chypre. La prophylaxie sanitaire stricte, menée avec compétence et diligence à Chypre, a donné des résultats impressionnants : l'infection a été réduite, entre 1973 et 1984, de 99,7% chez les ovins et de 99,4% chez les caprins. C'est vraisemblablement un des rares pays à être sur le point de réussir l'éradication de la brucellose des petits ruminants par prophylaxie sanitaire seule. Des résultats non négligeables ont été obtenus localement par ce mode de prophylaxie dans d'autres pays. Cependant, la brucellose des petits ruminants paraît plus rebelle à ce mode d'intervention, avec une contagiosité plus élevée et un dépistage individuel moins satisfaisant que celui des bovins. Tous les autres pays où l'infection à B. melitensis est signalée pratiquent la vac­ cination avec la souche Rev. 1, avec des résultats très encourageants (Grèce). La souche vaccinale Rev. 1 (18) confère effectivement une immunité excellente (3, 17, 31). Son utilisation aurait même permis l'élimination de la maladie dans de très grands troupeaux de moutons en URSS (52). La vaccination avec Rev. 1 présente toutefois deux inconvénients (4) : a) Elle sensibilise longtemps, perturbant ainsi le diagnostic allergique ultérieur. b) Elle provoque la formation d'anticorps qui disparaissent très rapidement chez la majorité des animaux, mais persistent chez certains d'entre eux parfois long­ temps. Ce dernier inconvénient peut être éliminé par l'utilisation de la voie conjonc­ tivale pour l'administration du vaccin (24). ÉPIDIDYMITE CONTAGIEUSE D U BÉLIER D U E A B. OVIS La maladie est signalée dans huit pays : Australie, Canada, Etats-Unis, France, Nouvelle-Zélande, République Sud-Africaine, Roumanie et Uruguay. Les rapports des autres pays n'en font pas état. Aucun cas de contamination humaine n'ayant été signalé à ce jour, la lutte contre cette maladie ne se justifie que par ses inciden­ ces sur l'élevage ovin (baisse de la fertilité des mâles, quelques avortements). — 598 — Le dépistage est fait par FC ou immunodiffusion en gélose (29). Ces épreuves semblent cependant manquer de sensibilité, d'où les recherches actuellement menées pour mettre au point un test ELISA (50, 55). Le dépistage clinique par palpation doit être associé aux épreuves de sérologie. La recherche des B. ovis se fait aisément sur milieu de Brown (7) à partir de la semence ou de morceaux d'organes et de ganglions prélevés à l'abattoir. La prophylaxie sanitaire seule est actuellement appliquée en Australie, au Canada et en Roumanie. Elle est difficile, mais efficace (49). Les autres pays appli­ quent une prophylaxie mixte, en utilisant des vaccins à base de B. ovis tuées (38) (Nouvelle-Zélande, Etats-Unis) ou le vaccin Rev. 1 (23, 25) (République SudAfricaine, France). CONCLUSION La lecture des quarante-huit rapports montre l'universalité et l'importance des problèmes posés par la brucellose. Tous les pays sont concernés, ceux qui ont des troupeaux infectés comme ceux qui n'en ont plus, mais qui doivent persévérer dans une surveillance ininterrompue. Pour ces derniers, la moindre faille pour le dépis­ tage ou le contrôle du mouvement des animaux peut compromettre leur état indemne. Pour le diagnostic sérologique, les épreuves les plus utilisées sont le RBT, le RT et la FC. Ce choix est justifié : les experts reconnaissent l'efficacité, c'est-à-dire la sensibilité et la spécificité de ces trois tests. Cela est particulièrement vrai pour la FC. Malheureusement, une réalisation technique délicate et longue et une demande en laboratoires équipés et en personnel compétent font qu'elle ne peut guère être utilisée comme épreuve de base. La FC est donc généralement un test complémen­ taire de référence, employé en cas de résultats douteux aux autres épreuves. En revanche, le RBT et le RT sont très faciles à exécuter, d'un prix de revient modique et ne nécessitent pas d'équipements sophistiqués. Ils sont donc tout naturellement désignés pour les dépistages de masse. Des problèmes se posent cependant à propos de l'antigène au Rose Bengale. L'antigène actuel, préparé à partir de la souche B. abortus 99 (A> M) semble mal détecter les anticorps d'infection à Brucella (M>A) (B. abortus biovar 5, B. melitensis biovar 1) (12). La question est actuellement à l'étude concernant la ou les souches de préparation de l'antigène, ou des antigènes, et des sérums étalons de contrôle. La SAW est de plus en plus délaissée depuis que le RBT existe. Cela paraît justi­ fié également : l'épreuve est moins sensible et moins spécifique que les trois précé­ dentes. Curieusement, on observe un certain conservatisme pour cette épreuve, le plus souvent dans les pays qui ont terminé leur éradication après l'avoir employée régulièrement, associée il est vrai à la FC et au RT. Les autres épreuves (test au Rivanol, à l'EDTA, etc.) ou celles actuellement encore à l'étude (ELISA, IHLT, etc.) sont utilisées d'une façon beaucoup moins intensive, et souvent pour des cas particuliers (troupeaux, animaux à problèmes). Elles sont destinées avant tout à différencier les anticorps vaccinaux ou non spécifi­ ques de ceux dus à l'infection et à augmenter la sensibilité de détection. Leur emploi correspond à des besoins nouveaux qui apparaissent en fin d'éradication et après éradication. — 599 — Le diagnostic allergique est peu employé. Il a cependant donné de très bons résultats à Chypre. Il devrait être utilisé plus fréquemment, en particulier chez les petits ruminants. La bactérioscopie, trop imprécise, devient progressivement obsolète. En revan­ che, de nouveaux milieux sélectifs, de nouveaux moyens d'identification et de typage des Brucella sont de plus en plus utilisés pour donner un diagnostic précis pouvant servir de base à des investigations épidémiologiques à développer. Dans l'attente des vaccins du futur évoqués plus haut, et avec l'abandon pres­ que général des vaccins tués 45/20 et H38, les vaccins B19 et Rev. 1 sont pratique­ ment les seuls utilisés. L'emploi de ces vaccins vient de connaître un regain d'intérêt en raison du développement des méthodes modernes de vaccination, à doses rédui­ tes ou par voie conjonctivale, qui en rendent l'utilisation plus compatible avec les impératifs du dépistage et plus efficace par les rappels possibles par voie conjoncti­ vale. Il existe encore de nombreuses lacunes à combler dans la connaissance de la bru­ cellose. De nombreuses équipes de scientifiques continuent leur travail de recher­ che. Il existe aussi des problèmes de standardisation à résoudre concernant les anti­ gènes de diagnostic, les vaccins, leur préparation et leur contrôle. Toutefois, les connaissances et l'expérience dont on dispose actuellement sur la maladie doivent permettre de lutter contre la brucellose avec des chances d'autant plus importantes qu'une stratégie adéquate aura été mieux réfléchie et choisie. La réussite des pays déclarés indemnes est suffisante pour nous en convaincre. * * * Annexe e 54 SESSION GÉNÉRALE DE L'OIE RÉSOLUTION N° XII BRUCELLOSE DES BOVINS ET DES PETITS RUMINANTS : DIAGNOSTIC, PROPHYLAXIE ET VACCINATION CONSIDÉRANT QUE les infections à Brucella abortus et Brucella melitensis présentent un danger pour la santé publique et occasionnent des pertes économiques pour l'élevage ; plusieurs pays ont démarré ou terminé un programme d'éradication de la bru­ cellose ; aucune épreuve sérologique ne permet une différenciation complète entre les anticorps produits par l'infection naturelle de ceux induits par la vaccination ; pour les bovins, les épreuves de diagnostic telles que la séro-agglutination lente en tube, l'agglutination rapide sur lame avec un antigène tamponné tel que celui au Rose Bengale, associées à la fixation du complément, ont fait la preuve de leur effi­ cacité depuis de nombreuses années ainsi que pour les petits ruminants les épreuves au Rose Bengale, allergique et la fixation du complément ; — 600 — des programmes de vaccination permettent de maintenir la maladie à un bas niveau ; les vaccins vivants tels que les souches B19 et Rev. 1 ont montré leur efficacité, LE COMITÉ RECOMMANDE QUE 1. Un programme de lutte contre la brucellose prenne en compte la prévalence de la maladie, la situation économique, l'espèce animale en cause et les méthodes de conduite de l'élevage dans le pays concerné. 2. Les pays voulant entreprendre un programme de lutte contre la brucellose adoptent les techniques confirmées de diagnostic. 3. Des techniques plus élaborées de diagnostic telles que ELISA, IHLT, aggluti­ nation en présence de EDTA puissent être utilisées pour la phase finale de l'éradica­ tion et la surveillance des troupeaux assainis. 4. La prophylaxie sanitaire par abattage soit reconnue comme méthode à privi­ légier pour l'éradication de la maladie. 5. Lorsque les circonstances économiques, épidémiologiques ou autres empê­ chent la mise en œuvre d'une prophylaxie basée exclusivement sur l'abattage, la vaccination avec les vaccins vivants déjà cités soit utilisée pour réduire la prévalence de la maladie, les études sur les doses et voies d'administration devant être poursui­ vies. 6. Pour le contrôle de la maladie soit mise en place une infrastructure vétérinaire fonctionnelle prenant en compte : a) des ressources adéquates en personnel, financement et transport ; b) la surveillance des importations et de la circulation des animaux ; c) la prévalence de la maladie et sa déclaration obligatoire. (Adoptée par le Comité international de l'OIE le 29 mai 1986.) * * * BIBLIOGRAPHIE 1. ALTON G . G . (1970). — Caprine brucellosis. FAO/WHO expert commitee on brucellosis, Doc. BRUC/WP/707. 2. ALTON G . G . (1980). — The use and interpretation of the complement fixation test in the diagnosis of animal brucellosis. Doc. WHO/BRUC/80.355. 3 . 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