These Sakho Résumé Projet de recherche-Financement agriculture-D Sakho 2012 Draft5b.docx

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (SENEGAL)
(UCAD)
Faculté des Sciences Économiques et de Gestion
(FASEG)
PROJET DE THÈSE EN SCIENCES ÉCONOMIQUES
Préparé par :
Daouda Sakho
Mars 2016
FINANCEMENT DES CHAÎNES DE VALEURS
AGRICOLES EN AFRIQUE DE L’OUEST :
Expérience sénégalaise de la filière rizicole, modèles
et approches novatrices de financement d’un marché
des produits agricoles intégré, organi et compétitif.
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RÉSUMÉ
L’entrée des agricultures familiales africaines dans une logique d’intensification et
d’insertion dans un marché des capitaux exigeant a rendu nécessaire l’organisation
de l’accès des agriculteurs au financement. Toutefois, les approches et les dispositifs
d’accès aux financements, qui relevaient essentiellement des organismes étatiques,
ont profondément évolué en quelques décennies au début des années 80 après de
multiples échecs des dispositifs de crédit agricole, qui seront démantelés dans le
cadre des politiques de libéralisation du secteur financier privilégiant l’accès par le
marché. Ces innovations caractérisées par l’émergence de nouvelles institutions de
financement de proximité comme les institutions de microfinance ont à leur tour
montré leurs limites dans la fourniture de services financiers adaptés aux spécificités
et besoins d’investissement des activités agricoles. Les crises alimentaires
successives de la dernière décennie ont rendu urgentes les réponses aux multiples
contraintes à la production et à la commercialisation des produits agricoles parmi
lesquelles la question du financement. Pour faire face à cette problématique, une
approche du financement fondée sur une analyse des chaînes de valeurs agricoles
permet d’approfondir le diagnostic des contraintes et proposer des dispositifs de
financement adaptés aux spécificités de l’agriculture, et cohérents avec le contexte
du marché financier rural. Pour identifier les limites des systèmes de financement
actuels, une revue des approches actuelles et des dispositifs de financement
existants permettra de montrer l’apport d’une approche différenciée basée sur
l’analyse des chaînes de valeurs ainsi que les dispositifs et mécanismes de
financement novateurs permises par cette approche. Le concept de ‘‘chaîne de
valeurs agricoles’’ qui couvre l’ensemble des catégories d’activités et de participants
impliqués dans la transmission des produits agricoles du champ du fermier à la table
du consommateur permet d’aller au-delà des approches partielles et peu efficaces
centrées sur le financement des intrants agricoles ou sur la commercialisation. Une
revue documentaire des bases théoriques du financement des chaînes de valeurs
agricoles et des études de cas permettront de jeter les bases d’une contribution à
l’étude de la problématique du financement de l’agriculture sénégalaise. Cette
recherche vise à contribuer à la documentation des expériences de financement de
l’agriculture et à capitaliser les leçons tirées de celles-ci en apprenant des succès et
des échecs a travers des études de cas. Cette contribution permettra aux praticiens
de disposer d’analyses poussées qui pourront contribuer à éclairer leurs futurs
programmes et plans d’actions et propositions de produits financiers en direction du
secteur agricole. Le thème de cette recherche : ‘‘Financement des chaînes de
valeurs agricoles en Afrique de l’Ouest : Expérience sénégalaise de la filière
rizicole, modèles et approches novatrices de financement d’un marché des
produits agricoles intégré, organisé et compétitif’’, ambitionne de contribuer à
lever les contraintes de financement de l’agriculture en apportant un éclairage
novateur basé sur les expériences de l’approche par les chaînes de valeurs.
Mots clés :
Financement, chaînes de valeurs agricoles, filière rizicole, marché agricoles,
récépissé-warrant, warrantage, contractualisation, accès au crédit, stockage,
crédit-stockage, intrants, semences, assurance agricole, risques agricoles.
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Introduction
Le Sénégal, comme la plupart des autres pays du sahel, fait face à une situation
alimentaire relativement difficile. L’écart entre la production nationale et les besoins
croissants de la population n’a cessé de se creuser au fil des années. Différentes
causes sont généralement mises en avant pour expliquer cette dégradation de la
situation alimentaire du pays, telles que la baisse de la fertilité des sols, la faiblesse
de l’incitation des prix et l’abandon des politiques de soutien agricole (A. Dieng,
2006).
Le problème se pose avec acuité dans le secteur du riz qui constituent l’aliment de
base pour les populations urbaines et rurales. En effet, avec une consommation
apparente de riz par habitant qui tourne autour de 90 kg par tête et par an, dont à
peine 30 % sont couverts par la production nationale, le pays est un des plus gros
importateurs de riz en Afrique de l'Ouest et le premier importateur mondial du riz
brisé à 100%.
Le riz étant le principal aliment de base du Sénégal, la réalisation de la sécurité
alimentaire s’est traduit par une dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.
La crise alimentaire de 2007/2009, caractérisée par une flambée des prix sur le
marché mondial, a brutalement rappelé que cette politique fondée sur l’importation
du riz n’était pas viable à long terme. Cette crise a ainsi été le déclencheur d’une
politique d’autosuffisance alimentaire basée sur une production endogène.
Malgré les multiples interventions de politiques agricoles et programmes initiés par
les autorités sénégalaises en vue d’atteindre l’autosuffisance en riz, la production de
riz local, qui arrive à peine à satisfaire un tiers (30%) de la demande nationale, est
restée instable et variable d’une année à l’autre, tout en restant insuffisante en face
d’une demande toujours croissante.
Par conséquent, le riz importé est resté fortement majoritaire dans la ration
alimentaire de la population sénégalaise. Pour renverser la tendance le
gouvernement du Sénégal a décidé de réduire la dépendance de l’extérieur à travers
le lancement du programme nationale d’autosuffisance en riz (PNAR).
L’option stratégique de réaliser l’autosuffisance en riz, fixé d’abord à l’horizon 2012,
avant d’être révisé pour l’horizon 2018, découle d’une analyse de la situation de
l’approvisionnement du pays, de ses perspectives d’évolution probables, mais
surtout des atouts et du potentiel de création d’emplois et de richesses liés à
l’existence d’un vaste marché domestique du riz.
Problématique
Les difficultés de financement de la production caractéristiques de la filière
rizicolerestent encore un des facteurs limitants de la chaîne de valeurs.
L’endettement des exploitations familiales (coûts élevés des aménagements, cumul
de crédits de campagne non soldés, à cause d’invendus (avant 2000), et de sous
production (années 2003 : invasion acridienne – et 2006 / 2007 : attaques
d’oiseaux) sont des facteurs qui ont limité leur accès aux crédits.
Le dispositif de financement de la riziculture au Sénégal s’appuie sur des institutions
et pratiques issues des programmes d’appuis de l’Etat et de ses partenaires, de
même que d’initiatives privées d’opérateurs économiques formels et informels,
principalement dans la Vallée du Fleuve Sénégal. Dans ce contexte, la CNCAS occupe
une place prépondérante dans le dispositif de financement de la riziculture, en offrant
des produits financiers de base tels que les crédits de campagne, les crédits de
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commercialisation et les crédits à long terme pour le financement d’équipements.
Pour la Contre-saison 2012, la valeur des crédits de campagne octroyés par la
CNCAS s’est élevée à 1,9 milliards de francs CFA pour une surface totale de 7742 ha.
Le crédit de campagne proposé par le Crédit Agricole aux riziculteurs est octroyé à un
taux annuel subventionné de 7,5% sur une durée de 9 mois. Des crédits de
commercialisation pour l’achat de riz paddy lors de la récolte sont également
accessibles aux Unions et Opérateurs économiques à un taux de 12 %. Au cours des
campagnes de 2012, la CNCAS a développé, en collaboration avec la société VITAL et
certaines Unions de producteurs, un système de crédit intégré qui facilite la
commercialistation du paddy et le recouvrement des créances.
Pour le financement des stocks, la pratique du nantissement, de la tierce détention
ou autres formes de warrants n’est pas courante mais est en train d’être pilotées par
la firme VITAL en collaboration avec la CNCAS et d’autres institutions financières de
la place. En l’absence de tels mécanismes, les usiniers sont pour l’instant contraints
de constituer leurs stocks de matière première sur la base de fonds propres et de
crédits de commercialisation qui ne font pas intervenir la valeur du stock dans la
sécurisation du financement. Par contraste, l’importation du riz bénéficie au niveau
du port de Dakar d’un système de nantissement et de services de tierce détention
rodés – qui maximisent le levier financier des importateurs.
Le financement de la riziculture a résulté en un montant d’important impayés causés
par des sinistres naturels, de rendements insuffisants et de dysfonctionnements au
niveau de la commercialisation et du recouvrement. Ainsi un nombre important de
producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal n’est plus éligible aux crédits de la
CNCAS. Plusieurs de ces producteurs demeurent néanmoins actifs et le financement
de leur campagne provient des concours d’usiniers et de commerçants informels
ces derniers se finançant sur fonds propres et au travers de crédits bancaires
octroyés sur la base des modes usuels de sécurisation des crédits à court terme.
Les organismes de micro-crédit sont impliqués dans la riziculture mais à un niveau
plus modeste. Des institutions telles que le Credit Mutuel Senegal (CMS) et la
MEC-FEPRODES financent la produciton agricole ainsi que la commercialisation locale
du riz.
En raison de son statut d’activité de subsistance, le financement de la riziculture
pluviale est pour l’instant assuré par des projets et des ONG de proximité ainsi que
des organismes de micro-crédit appuyant les ménages ruraux. En 2012 des crédits à
la production de semences certifiées de riz NERICA ont été mis en place sur une base
pilote par le CNCAS.
L’assurance agricole proposée par la CNAAS pour la riziculture consiste en une
couverture des risques d’inondation et destruction par les oiseaux granivores.
L’assurance de la production rizicole demeure à ses débuts mais certaines initiatives
sont en cours dans la Vallée du Fleuve Sénégal : la CNAAS a démarré une
collaboration avec l’UNION de Boudoum en 2012 ; une expérience de
microassurance agricole est également en cours avec la MEC DELTA.
Du point de vue de l’investissement à long terme, l’aménagement des périmètres
irrigués a été financé par des concours de l’État et de ses partenaires financiers et
leur entretien est couvert par des contributions des unions hydrauliques qui, avec le
temps, ont constitué une épargne considérable au niveau de la CNCAS. La
construction de hangars a été jusqu’ici largement tributaire des subventions de l’Etat
et de ses partenaires. Toutefois certains usiniers ont récemment réalisé sur fonds
privés des constructions de magasins et ont installé des silos afin de pouvoir stocker
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leurs besoins en riz paddy et permettre une exploitation continue. Il n’existe
toutefois pas de mécanismes de crédit spécifiques au financement de constructions
immobilières et d’installations d’ensilage.
Une part importante de l’équipement agricole a été jusqu’ici financé par des
subventions et des lignes de crédits dédiées à la promotion de la riziculture. Par
ailleurs certaines entreprises privées ont également constitué des parcs de tracteurs
et moissonneuses, financés par un mix de fonds propres et de concours bancaires à
long terme intégrant quelques fois le crédit-bail cette dernière option demeurant
d’application limitée.
Historiquement, la création de plusieurs rizeries de la Vallée a été financée sur fonds
publics ou à travers des lignes de crédit mises en place par l’Etat (Fonds de
Promotion Economique, FPE). Récemment plusieurs rizeries ont été implantées (ou
sont en voie de l’être) par des capitaux privés conjugués à des financements
bancaires à long terme ainsi que du crédit-bail. Les petits ateliers de décortiquages
qui traitent plus de 70% de la production de la Vallée ont été créés et équipés sur
fonds propres et à travers des concours financiers informels.
Le suivi financier des acteurs de la Vallée souffre d’un manque de transparence qui
augmente significativement le risque des crédits octroyés aux producteurs. Les
CGER ont, dans la mesure de leurs moyens, contribué de façon remarquable à
améliorer la transparence de la gestion des crédits par les acteurs de la Vallée. Des
actions de renforcement des compétences financières de certaines entreprises de
transformation ont également amélioré leurs performances de gestion et facilité leur
croissance. Par ailleurs, on note depuis deux ans l’arrivée dans la Vallée d’une
nouvelle génération d’investisseurs privés tels que VITAL qui amènent avec eux des
compétences en matiére de gestion financière, ce qui facilite le suivi des dossiers et
stimule le développement de produits financiers innovants.
Avec l’entrée des agricultures familiales africaines dans une logique d’intensification
et d’insertion dans un marché des capitaux exigeant, organiser l’accès des
agriculteurs au financement a été au cœur des préoccupations des pays en
développement. Mais les approches et les dispositifs d’accès aux financements ont
profondément évolué en quelques décennies. Au XXème siècle, jusqu’au début des
années 80, l’accès au crédit agricole était un rôle de l’Etat. Après de multiples échecs,
les dispositifs de crédit agricole vont être démantelés dans le cadre des politiques de
libéralisation du secteur financier. Une nouvelle approche privilégiant l’accès aux
services financiers par le marché va s’imposer dans les années 80.
Au bout d’une vingtaine d’années de développement, ces innovations caractérisées
par l’approche par le marché et l’émergence de nouvelles institutions de financement
de proximité comme les institutions de microfinance ont à leur tour montré leurs
limites dans la fourniture de services financiers adaptés aux spécificités et besoins
d’investissement des activités agricoles et à la modernisation des systèmes agricoles
qui sont de plus en plus complexe en raison de la globalisation et de l’interconnexion
des marchés internationaux de produits agricoles.
Les besoins croissants de produits agro-alimentaires exacerbés par les crises
alimentaires successives de la dernière décennie, rendent urgentes les réponses aux
multiples contraintes à la production et à la commercialisation des produits agricoles
parmi lesquelles la question du financement et l’organisation des principales filières
agricoles.
Pour lever ces blocages, une approche de la problématique du financement de
l’agriculture fondée sur une analyse des chaînes de valeurs agricoles permet
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