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Centaurea cyanus L.
Bleuet
2 . 3 Mauvaises herbes des champs : bonnes ou mauvaises ?
herbes
sauvages
des champs :
Bonnes ou mauvaises ?
On trouve les adventices ou mauvaises herbes dans tous les milieux gérés par
l’homme. Atteignant des densités étonnantes si on ne réussit pas à les contenir,
elles affectent le développement des cultures et génèrent des pertes de récolte
importantes. A l’opposé, du fait de l’efficacité des pratiques culturales de notre
agriculture moderne, certaines sont devenues rares ou sont en voie d’extinction.
Or on sait qu’elles ont aussi un rôle fonctionnel important dans les écosystèmes
et participent à la biodiversité.
Concourir à développer une agriculture durable conjuguant production suffisante, de qualité et respect des équilibres naturels et des territoires est un défi et
un objectif ambitieux pour l’agronomie d’aujourd’hui. L’étude des relations
entre agriculture et biodiversité constitue une thématique de recherche actuelle.
Conception : INRA Dijon et Jardin des sciences, tous droits réservés.
Contact : [email protected]
Remerciements aux acteurs de l’UMR BGA sans qui cette exposition n’aurait pu voir le jour, et notamment
Bruno Chauvel, Jacques Gasquez et Nicolas Munier-Jolain pour leurs apports scientifiques.
Droits photos : INRA sauf mention spéciale. Graphisme : L. Brunot - www.indelebil.fr
Une version itinérante est disponible en prêt pour les associations et les établissements scolaires.
Les herbes
des champs :
Que sont-elles ?
Définitions
Mauvaises herbes, plantes adventices ou fleurs sauvages des champs ?
La définition ‘officielle’ de « mauvaise herbe » :
« plante indésirable là où elle se trouve »
• Indésirables en raison des dégâts occasionnés dans les cultures qu’elles infestent.
• Mais elles ont aussi certaines vertus et en cela pourquoi les qualifier de ‘mauvaises’ ?
Les paysans des Andes centrales (Pérou, Bolivie, Equateur) récoltent toujours certaines espèces adventices présentes
dans les cultures pour l’alimentation du bétail, voire pour la
consommation humaine en cas de disette. Certaines adventices sont utilisées par l’homme pour des objets utilitaires (brosse en chiendent, chapeau, …) ou pour des raisons
alimentaires ou médicales.
« Qu’est-ce donc qu‘une mauvaise herbe, sinon une plante dont on
n’a pas encore découvert les vertus ? » (Emerson)
On emploie aussi le terme « adventices »
Matricaria recutita L.
De la matricaire camomille à l’infusette
Plantes qui poussent spontanément dans les milieux modifiés par l’homme,
qu’elles soient autochtones ou originaires d’autres continents.
Solanum nigrum L.
Morelle noire
Un peu de linguistique
Adventice vient du latin ‘advenire’ : venir d’ailleurs
En latin
. ‘herba’ = herbe, mauvaise herbe
. ‘zizania’ = ivraie, mauvaise herbe
. Zizania (ivraie) vient du grec zizanion (ivraie) …
… qui viendrait du syriaque zizon (ivraie ?)
… qui viendrait du sumerien zizan (blé !)
Et en bourguignon ? Crinses = mauvaises graines (mêlées au froment)
Et en breton ? Louzoù (c’est un collectif)
Ce joli tournesol est indésirable dans une culture de blé, et devenir…
une mauvaise herbe !
4 . 5 Définitions et généralités
D’où
viennent-elles ?
Stellaria media L.
Mouron des oiseaux
Fleur fortement grossie
Les espèces adventices sont majoritairement originaires
de zones climatiques favorisant des cycles de végétation
courts, en adéquation avec les cycles courts des cultures.
Apophytes
Origine géographique : Natives ou autochtones
Biologie : favorisées par les milieux défrichés
Exemples :
. Convolvulus arvensis L. - Liseron des champs. Dans les vignes.
. Stellaria media V. - Mouron des Oiseaux. Dans les jardins.
. Mercurialis annua L. - Mercuriale. Dans les jardins.
Archéophytes
Origine géographique : Mésopotamie (croissant fertile)
Saison sèche marquée
Période d’introduction en Europe : Origine de l’agriculture
Néolithique (- 5000 avant JC)
Biologie : annuelles germination en automne-hiver, cycle court
Exemples :
. Agrostemma githago L. - Nielle des blés. Dans les céréales d’hiver.
. Centaurea cyanus L. - Bleuet. Dans les céréales d’hiver, colza.
Néophytes récentes
Origine géographique : Continent américain
Période d’introduction en Europe : après le XVIIIème siècle
Biologie : envahissantes
Exemples :
. Ambrosia artemisiifolia L. - Ambroisie. Dans les cultures printanières ou estivales, friches.
Néophytes anciennes
Origine géographique : Continent américain
Période d’introduction en Europe : Après Christophe Colomb (XV-XVIème siècle)
Biologie : annuelles germination en printemps-été
Exemples :
. Amaranthus retroflexus L. - Amaranthe. Dans les cultures d’été surtout.
. Erigeron Canadensis L. - Érigéron du Canada. Dans les friches, vignes, jachères, maïs.
Nuisibilité
des mauvaises herbes :
Pourquoi faut-il les contrôler ?
Elles sont préjudiciables aux objectifs de l’agriculteur.
Cirsium Arvense L.
Chardon vivace
La nuisibilité sur la culture des mauvaises
herbes peut être directe
De façon indirecte
• en réduisant les rendements
À cause de la compétition pour les éléments minéraux,
l’eau, la lumière ou encore par parasitisme. La biomasse produite par les adventices se fait aux dépens de
la biomasse de la culture.
• en dégradant la qualité des récoltes (résidus toxiques
par exemple) avec un risque d’empoisonnement des
hommes ou des animaux.
• en rendant difficiles les conditions de récolte.
Les mauvaises herbes peuvent héberger des bioagresseurs (maladies, ravageurs, virus) qui
peuvent à leur tour contribuer à des diminutions
de rendements. Le vulpin est hôte de la rouille
brune et contribue à la multiplication des spores
de cette maladie du blé.
Par ailleurs, la production de semences par les
mauvaises herbes génère un risque potentiel important pour les années suivantes. En terme de
gestion à long terme, on doit se préoccuper du
stock semencier dans le sol.
La verse complique la récolte
Pertes de production estimées dans le monde entre
2001 et 2003
Blé
Riz
Maïs
Pertes potentielles en % liées
. aux virus : 2,5 %
. aux maladies : 16 %
. aux ravageurs : 9 %
. aux adventices : 23 %
Pertes potentielles en % liées
. aux virus : 2 %
. aux maladies : 13,5 %
. aux ravageurs : 25 %
. aux adventices : 37 %
Pertes potentielles en % liées
. aux virus : 3 %
. aux maladies : 9 %
. aux ravageurs : 16 %
. aux adventices : 40 %
Production : 795 Mt
6 . 7 Définitions et généralités
Production : 933 Mt
Production : 518 Mt
Anchomenus dorsalis
Beaucoup de carabes sont granivores
Services
écologiques
des plantes adventices
Dans les espaces cultivés, les mauvaises herbes constituent la flore
sauvage. Ces plantes contribuent à des « services » que l’agriculture
et la vie modernes ont peu à peu réduits.
Valeur patrimoniale
Biodiversité et équilibres naturels
Par leur présence dans le paysage, le long des
bordures ou dans les parcelles cultivées, les
mauvaises herbes contribuent à la diversité des
paysages. Leur présence diversifiée contribue à
la valeur patrimoniale et esthétique des territoires.
Les feuilles et les semences des adventices sont
consommées par différents animaux, oiseaux ou insectes. Elles ont une place naturelle dans les chaînes
alimentaires.
Bleuet de nos campagnes et pollinisateur
Les fleurs colorées attirent des pollinisateurs.
Pendant l’hiver, les semences des mauvaises herbes
peuvent jouer un rôle important dans la survie d’oiseaux granivores. De plus la présence de la flore sauvage dans les cultures peut limiter l’érosion, améliorer la
structure du sol ou héberger des organismes auxiliaires.
« L’important, c’est le tissu vivant de la planète, dont nous faisons partie
et dont on dépend, avec ses notions de diversité et d’interactions »
Place dans
l’inconscient
collectif :
Quelques exemples
Déjà dans l’évangile
La hantise du Petit Prince : l’envahissement de
sa planète par des boababs «mauvaises herbes»
Le blé et la mauvaise herbe Evangile de Saint Matthieu (Mt 13, 24-30)
© Succession Antoine de Saint Exupéry
…
25 Pendant que les gens dormaient, l’ennemi est venu et a semé la mauvaise herbe au milieu du blé, puis il
est parti.
26 Quand le blé en herbe a donné la tige et le grain, les mauvaises herbes aussi sont apparues.
27 Alors les serviteurs du maître de maison sont allés le trouver pour lui dire : Seigneur, n’est-ce pas de la
bonne semence que tu as semée dans ton champ ? Et d’où viennent ces mauvaises herbes ?
28 Lui leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Alors les serviteurs lui demandent : Veux-tu que nous allions les ramasser ?
29 Mais il leur dit : Ne le faites pas ; en ramassant les mauvaises herbes vous pourriez aussi arracher le blé …
© Métropole Rennes - 2006
© L’école des loisirs - 1994 - Paris
Dans la chanson
« Je suis d’la mauvaise herbe,
Braves gens, braves gens
C’est pas moi qu’on rumine
Et c’est pas moi qu’on met en gerbe…
Et je m’demande
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange que j’vive un peu… »
Georges Brassens - La Mauvaise Herbe
8 . 9 Définitions et généralités
Proverbes
et mauvaises herbes
• La mauvaise herbe pousse mieux que la bonne.
• Le champ du paresseux est plein de mauvaises
herbes.
• Ce qu’il y a de plus beau dans les cimetières,
ce sont les mauvaises herbes. (Francis Picabia)
Quel est
leur cycle
de végétation ?
Un organe de
réserve de
«vivace»
Comment fonctionnent-elles ?
Parmi les mauvaises herbes des champs cultivés, on observe une
dominance des espèces annuelles, et quelques plantes vivaces adaptées.
Les plantes annuelles
Les plantes annuelles (vulpin, coquelicot, bleuet,
mercuriale… ) représentent environ 80% des espèces des champs cultivés. Elles ont un cycle de
développement qui dure moins d’une année et
elles ne fleurissent qu’une seule fois. Elles se maintiennent par les semences produites en fin de
cycle et qui sont stockées dans le sol (stock de semences).
Ces semences peuvent rester vivantes enfouies
dans le sol pendant des périodes qui varient de
quelques mois (brome) à à quelques années, voire
plusieurs dizaines d’années (coquelicot). Ce stock
semencier et son évolution doivent être pris en
compte dans les stratégies de gestion des mauvaises herbes sur le long terme.
Les plantes vivaces
Les espèces vivaces peuvent se maintenir dans les
champs par leur production de semences mais
surtout par leurs organes végétatifs, qui persistent
plusieurs années : bulbilles, bulbes, rhizomes, racines. Elles peuvent avoir un fort pouvoir de régénération (chiendent) ou un rhizome très profond
avec des réserves (chardon).
Les semences : organes de dissémination tant pour les annuelles que pour les vivaces.
Le cycle peut être court (plante bisannuelle 2 années) ou peut se poursuivre sur de nombreuses
années, certaines espèces ne produisant que rarement des semences.
Chardons, carottes, chiendents, liserons, pissenlits,
rumex, plantains sont des espèces vivaces très communes dans les zones de culture (exemples ci-dessous).
Variabilité de la date de germination de quelques mauvaises herbes
Les plantes annuelles ont des caractéristiques
biologiques qui leur permettent de s’adapter à
des conditions très changeantes. Ceci leur permet de survivre malgré l’ensemble des pratiques de désherbage. Par ailleurs la diversité
des adventices fait qu’une partie d’entre elles
trouve toujours des conditions favorables à
leur développement.
Mauvaises
herbes
et adventices
des parcelles
cultivées
Les espèces sauvages des champs cultivés ont des exigences
écologiques qui expliquent en partie leur présence ou leur
absence dans les parcelles cultivées.
Le climat et la nature du sol d’une part, les pratiques de
l’agriculteur d’autre part (date de semis, écartement des rangs
de la culture, apports d’engrais) définissent la composition de la
communauté des espèces présentes dans une parcelle.
Dans les vignes et les vergers …
La plus grande stabilité des cultures pérennes permet le
développement d’espèces vivaces. En cas de travail du
sol, on peut y trouver l’ensemble des espèces adventices.
Allium sphaerocephalon L.
Ail à tête ronde
Dans les bouquets séchés
10 . 11 Présentation de quelques mauvaises herbes
Calendula arvensis L.
Annuelle
Espèce en forte régression
Sonchus asper L.
Laiteron des champs
Semences dispersées par le vent
Dans les cultures
de printemps et d’été …
Espèces qui germent à la sortie de l’hiver dans les premières cultures de printemps (orge, pois et betteraves).
Anagallis arvensis L.
Mouron rouge
Toxiques pour beaucoup d’animaux
Solanum nigrum L.
Morelle noire
Proche de la tomate
Espèces qui germent à la faveur du réchauffement du sol et qui
supportent un fort ensoleillement (plante héliophile). Dans les
maïs, sojas et tournesols.
Abutilon theophrasti Med
Abutilon d’Avicenne
Originaire de Chine
Setaria verticillata (L.) P. Beauv.
Sétaire sauvage
consommée par les oiseaux
Dans les cultures d’hiver...
Se trouvent des espèces qui germent préférentiellement à l’automne, après le semis de la
plante cultivée et qui peuvent résister au froid
de l’hiver.
Scandix pecten-veneris L.
Peigne de Vénus
Dans les blés des sols calcaires
Papaver rhoeas L.
Grand coquelicot
Emblématique des blés d‘hiver
Avena sativa subsp. fatua L.
Avoine folle
Très répandue dans les années 1960 dans les blés
Dans les prairies et les pâtures …
Espèces qui sont favorisées par des conditions de sols
tassés ou humides et qui ne sont pas consommées par le
bétail (refus) ou pouvant être toxiques.
Carduus pycnocephalus L.
Chardon à têtes denses
Consommées seulement par les ânes
12 . 13 Présentation de quelques mauvaises herbes
Rumex obtusifolius L.
Colchicum autumnale L.
Patience sauvage
Redoutée dans les champs et les prairies
Colchique d’automne
Fleurs à la fin de l’été, feuilles au printemps suivant
Mauvaises herbes
des zones
Taraxacum Sect. Vulgaria
Pissenlit
urbanisées
Espèces qui se développent dans notre environnement proche en
profitant des espaces générés par nos activités quotidiennes.
Sur nos trottoirs …
Dans nos jardins …
Mercurialis annua L.
Mercuriale annuelle
Cardamine hirsuta L.
Cardamine hirsute
Euphorbia helioscopia L.
Euphorbe réveil matin
Poa annua L.
Senecio vulgaris L.
Pâturin annuel
Seneçon vulgaire
Sur nos pelouses…
Stellaria media L.
Plantago lanceolata L.
Prunella vulgaris L.
Mouron des oiseaux
Plantago lancéolé
Brunelle commune
Mauvaises herbes
rares
ou en voie
Centaurea cyanus L.
d’extinction
Bleuet
Espèce emblématique en régression
dans l’ouest de la France
Ce sont souvent des espèces annuelles, généralement originaires de
la zone méditerranéenne ou du Moyen-Orient. Présentes sur notre
territoire depuis le début des activités agricoles (archéophytes), leur
régression est liée aux changements des pratiques culturales depuis le
début du XXème siècle. Elles ont une valeur patrimoniale écologique.
Exemple des plantes messicoles
ou plantes annuelles des moissons
Bromus secalinus subsp Velutinus
Brome velouté
Plante très rare des moissons
Adonis annua L.
Adonis d’automne
En forte régresson.
Utilisée comme cardiotonique
Androsace maxima L
Androsace des champs
Plante d’Europe centrale quasi disparue
Legousia speculum veneris
(L.) Chaix
Miroir de Venus
Nommé ainsi en l’honneur du fondateur du jardin botanique de Dijon Le
Gouz de Gerland
14 . 15 Présentation de quelques mauvaises herbes
Agrostemma githago L.
Nielle des blés
« Qui couronne le froment » Les semences
ont une certaine toxicté
Bupleurum rotundifolium L.
Plante rare des moissons calcaires
Mauvaises herbes
voyageuses :
les espèces envahissantes
Espèces voyageuses et acclimatées en provenance de zones lointaines dont la distribution et/ou l’abondance dans un territoire est
en augmentation continue, parfois rapide. Elles
posent
des problèmes écologiques
(menace la biodiversité),
agronomiques et parfois
de santé publique.
Buddleia davidii
Arbre à papillons . Asie
Importation volontaire XIXème siècle.
Toujours vendu
© CJBN
Ludwigia grandiflora
Jussie
Plante aquatique des régions tropicales
Introduction volontaire
© Dutartre Cemagref
Fallopia japonica
Renouée du Japon . Asie
Introduction volontaire
© CJBN + Gouvenel
Senecio inaequidens
Séneçon du Cap
Afrique du Sud
Importation involontaire XIXème siècle
Un exemple récent :
l’expansion de l’ambroisie
L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L., Asteraceae) est une plante annuelle originaire d’Amérique du Nord, introduite à la fin du 19ème siècle. En France, l’ambroisie est particulièrement présente en vallée du Rhône et progresse actuellement vers le
nord (Bourgogne) et vers le sud (Languedoc-Roussillon, PACA).
L’ambroisie pose d’importants problèmes de santé publique à cause
de son pollen allergisant. Dans notre pays, les problèmes d’allergies
liés à l’ambroisie sont essentiellement localisés en région RhôneAlpes (8,5 % - 12 % de la population).
D’autre part, l’ambroisie est également une adventice qui se développe dans les cultures de tournesol et de soja, ainsi que dans les intercultures, les jachères mal entretenues ou les friches agricoles.
Son caractère généraliste lui permet ensuite de pouvoir répondre de
manière optimale aux conditions environnementales rencontrées.
Dans le contexte actuel, l’ambroisie présente un potentiel d’envahissement considérable en France comme dans le reste de l’Europe.
Heracleum mantegazzianum
Berce du Caucase
photoallergisante
Méthodes de lutte
contre les mauvaises herbes :
un peu d’histoire
Depuis toujours, la lutte contre les mauvaises herbes a représenté une
part importante du temps de travail, souvent pénible et un coût élevé
quel que soit le type de milieux.
Les méthodes d’autrefois
L’avènement des herbicides
Réalisés essentiellement à la main, la fauche, le sarclage ou l’arrachage des adventices étaient des travaux pénibles, réalisés par l’homme et nécessitaient
une main d’oeuvre nombreuse.
Vers le milieu du XIXème siècle, l’efficacité de produits
chimiques en tant que désherbants a été testée sur
des végétaux (ex du sulfate de cuivre). Sont expérimentés ensuite de très nombreux produits
chimiques tels que des acides, des bases, des sels
(chlorate de soude), des engrais (qui brûlent les
plantules), le sulfate de fer (encore utilisé contre les
mousses), du sel marin, voire même des gaz de
combat.
Différents outils et méthodes ont été imaginés pour
faciliter le travail des ouvriers agricoles.
Le but de ces « nouvelles » techniques : diminuer
la pénibilité et la quantité du travail des hommes.
Le succès de ces techniques est dû notamment à
leur efficacité, à leur simplicité, et leur relativement
faible coût.
Longtemps limité à la herse et au sarclage, le désherbage mécanique par des outils tractés s’est développé
en France au début du XXème siècle.
Désherbage à l’acide sulfurique
Publicité années 1960 - BASF
© Rustica, Janvier 1934
Machine facilitant le binage
Sarclage manuel par des enfants d’orphelinat agricole
Rustica, Août 1933
Historiquement, la jachère (période sans culture
favorable à la gestion des mauvaises herbes par la
répétition des travaux du sol) a toujours été un
bon moyen de gestion des mauvaises herbes. Elle
est utilisée depuis longtemps.
La rotation des cultures, outre la jachère, comprenait les cultures étouffantes (luzerne) et nettoyantes (sarclées) pour permettre la production
de céréales (cultures salissantes).
16 . 17 Evolution des méthodes de lutte
Les premiers herbicides « modernes » apparaissent en
France après la 2ème guerre mondiale. Entre 1960 et
1990, la diversité et l’usage de ces produits se généralisent, c’est l’âge d’or de la lutte chimique contre les
mauvaises herbes. On passe de quelques molécules
disponibles à plusieurs dizaines, les doses nécessaires
sont beaucoup réduites. Toutes les espèces de mauvaises herbes sont maîtrisées par ces produits. Les
techniques agricoles évoluent aussi et simplifient
beaucoup le travail de l’agriculteur.
La difficulté du désherbage chimique : trouver des
produits sélectifs, c’est-à-dire qui tuent les mauvaises
herbes et pas les cultures…
Une technique efficace mais qui a ses limites
A partir des années 1990, la chimie herbicide a connu une relative stagnation, avec peu
de nouvelles molécules découvertes et surtout l’apparition de normes environnementales et toxicologiques strictes : beaucoup des produits utilisés ont été retirés.
L’utilisation de variétés génétiquement modifiées, qui sont insensibles à un herbicide «
total », et donc permettant la régulation des mauvaises herbes avec ce produit, constituent un aboutissement de cette logique du contrôle chimique en zone cultivée.
L’apparition de résistances aux herbicides
L’ usage systématique et parfois mal approprié des herbicides a eu pour effet de sélectionner des plantes résistantes. Par exemple le 1er cas de résistance aux triazines a été
signalé aux USA en 1968.
Apparue en France en 1976, elle a concerné
jusqu’à 23 espèces dans le maïs, les vignes et
les voies ferrées. En 2009 dans le monde, la
quasi-totalité des herbicides sont concernés
par ce phénomène.
. Populations de coquelicots résistants à un herbicide dans un champ de blé
. Bande enherbée en bordure de fossé pour limiter
le transfert des pesticides
dans l’eau
. Amarantes résistantes
dans une culture de maïs
Impact sur la qualité de l’eau et du sol
Les résidus d’herbicides sont, parmi les pesticides, ceux que l’on retrouve le plus fréquemment dans les rivières et les nappes phréatiques. Différentes précautions environnementales sont maintenant exigées et visent à réduire les risques de transfert vers les rivières.
Conséquences sur la diversité…
Avec la modification des pratiques culturales depuis 50 ans, on observe une modification
de la composition de la flore adventice : certaines sont favorisées, d’autres défavorisées. De
1970 à 2000, la diversité des espèces des champs cultivés de Côte d’Or a diminué de 40 %.
Et demain ?
Vers le développement durable
Le début du 21ème siècle a été l’occasion de tournants conceptuels
importants concernant notamment la protection intégrée et la gestion
des biodiversités. On assiste actuellement à une réconciliation
progressive des agricultures, des territoires et du développement durable.
Deux éléments principaux sont pris en compte en agriculture :
1 - Face à la demande croissante (9 milliards d’hommes à
nourrir vers 2050), nécessité
d’assurer une production suffisante et de qualité.
2 - Préserver voire améliorer
la qualité de l’environnement.
S’engager dans les suites du
Grenelle de l’Environnement.
On cherche à utiliser des systèmes agricoles innovants, à développer
des pratiques de gestion des mauvaises herbes plus respectueuses de
l’environnement, réduisant l’usage des herbicides. Des solutions
existent, explorées en recherche, notamment la protection intégrée.
Doit-on imaginer comme le font certains une agriculture modulable,
avec des zones de forte production pour assurer une indispensable sécurité alimentaire mondiale et des zones « vertes » de gestion territoriale de proximité ?
Il y a adaptation progressive des systèmes agricoles à de nouveaux
modes de gestion. Ceci ne peut se faire sans une évolution en parallèle
des systèmes d’aides publiques. Quels choix de société pour demain ?
Comment promouvoir toutes les techniques alternatives disponibles en
appoint, notamment l’agriculture biologique ?
La Protection Intégrée ( PI )
L’amélioration de la PI est
l’objet de recherches actuelles :
• Est-ce que ça marche ?
Oui. Les résultats d’essais
montrent qu’on peut encore
réduire l’usage des herbicides.
• Est-ce que c’est facile à mettre
en oeuvre par les agriculteurs?
Pas forcément. La diversification des cultures et des techniques complexifie l’activité
agricole, et notamment nécessite de trouver des débouchés rentables pour les
cultures nouvelles.
18 . 19 Evolution des méthodes de lutte
Objectif : limiter l’usage d’herbicide autant que possible.
Moyen : combiner toutes les méthodes agronomiques limitant
les infestations.
• Diversifier les cultures pour
éviter de sélectionner les espèces
adventices les plus adaptées à
une culture donnée.
• Gérer le stock de semences du
sol, le labour enfouit les semences en profondeur le travail
du sol superficiel réduit le stock
semencier de surface …mais le
semis direct sans travail du sol limite aussi les levées d’adventices.
• Esquiver les périodes de levées
en modifiant les périodes de semis.
• Augmenter la compétitivité
des cultures en semant des variétés hautes, luxuriantes, à forte
densité, en rangs resserrés.
• Désherbage curatif non
chimique désherbage mécanique.
• Désherbage chimique en dernier recours par exemple uniquement sur le rang, en complément de désherbage mécanique
des inter-rangs.
Un aperçu des méthodes non chimiques
de désherbage à effet partiel
Insuffisamment efficaces, elles ne peuvent assurer seules la maîtrise des infestations.
Elles doivent être impérativement couplées à d’autres moyens agronomiques.
Essentiellement désherbage mécanique
• Avantages :
pas de résidus de pesticides dans l’environnement.
• Inconvénients :
efficacité limitée aux petites plantules nécessite
un sol bien sec besoin d’équipement spécifique
temps de travail plus élevé que le chimique
coût énergétique, émission de CO2 mais le
coût énergétique reste faible par rapport aux
autres intrants agricoles (engrais, émissions de
N2O au champ).
Mais aussi…
• désherbage thermique
coût énergétique élevé.
• mulchs plastiques (production légumière)
problème de gestion des déchets.
Les apports de l’écologie
des paysages
Les recherches menées en écologie du paysage
mettent en évidence qu’un paysage diversifié
et complexe est plus à même d’abriter une flore
adventice plus diverse et des communautés
plus équilibrées : exemple des bords de champ,
des bordures herbacées…
Les recherches actuelles visent à une meilleure
compréhension de la dynamique de la flore
adventice à cette échelle. De ces études pourront émerger une meilleure articulation entre
écologie et agronomie, l’adaptation des méthodes de gestion agricoles, en prenant en
compte aussi la gestion des biodiversités et des
territoires.
Désherbage thermique à la vapeur et à la flamme © Club AgriAvenir // Herse
étrille, outil popularisé par l’agriculture bio en céréales Houe rotative // Bineuse
// Bineuse ‘à doigts’ // Sarclage Manuel en maraîchage bio // Mulchs
L’agriculture biologique
Elle propose, pour réduire la pollution, d’utiliser les alternatives agronomiques et mécaniques à l’utilisation
des herbicides de synthèse. Pour l’instant, seuls
quelques % de la surface agricole française est en bio.
Cette proportion est nettement plus élevée dans certains autres pays européens (une dizaine de %), qui
ont choisi d’aider plus massivement cette filière. Toutefois ce système n’est pas généralisable à l’ensemble
de la production et des exploitations. Ce type d’agriculture est également plus sensible aux aléas climatiques et plus demandeuse de travail.
Pour lutter contre les mauvaises herbes des cultures, il
est possible d’utiliser des techniques de gestion curative (désherbages mécanique ou thermique) mais
l’essentiel consiste à gérer, de manière préventive,
l’apparition des mauvaises herbes. Le recours au désherbage manuel dans ce type d’agriculture n’est pas
exclu. En agriculture biologique, il restera toujours
quelques mauvaises herbes dans les parcelles de
culture mais le milieu restera exempt de pesticides.
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