32-450-A-20 Imagerie des pneumoconioses hors amiante M. Brauner, J. Durrleman, D. Piver, P.-Y. Brillet Les pneumoconioses sont des réactions tissulaires dues à l’accumulation de poussières minérales dans les poumons. En fonction de la nature des particules, on distingue les pneumoconioses fibrogènes, les pneumoconioses de surcharge et les formes mixtes, les plus fréquentes. Ces maladies sont le plus souvent dues à une exposition professionnelle. Les pneumoconioses les plus fréquentes sont la silicose, la pneumoconiose du mineur de charbon et l’asbestose. L’imagerie a souvent un rôle clé dans l’évaluation de ces maladies. Elle évoque souvent le diagnostic qui est fait par sa confrontation à l’histoire professionnelle. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Pneumoconiose ; Silicose ; Pneumoconiose du mineur de charbon ; Pneumoconiose due aux métaux ; Talcose Plan ■ Introduction 1 ■ Guide technique 1 ■ Silicose Silicose aiguë Silicose chronique classique 2 2 2 ■ Pneumoconiose du mineur de charbon (PMC) Forme simple Forme compliquée 3 3 3 ■ Pneumoconioses liées aux métaux Pneumoconiose aux métaux durs Bérylliose Pneumoconioses de surcharge par exposition à des particules métalliques inertes ou non métalliques 3 4 4 4 ■ Talcoses 4 ■ Pneumoconiose du prothésiste dentaire 5 ■ Conclusion 6 Introduction Les pneumoconioses sont le plus souvent dues à une exposition professionnelle. En fonction de la nature des particules, on distingue les pneumoconioses fibrogènes, les pneumoconioses de surcharge et les formes mixtes. Les pneumoconioses fibrogènes donnent une réaction tissulaire fibreuse, nodulaire comme dans la silicose, la bérylliose et la talcose ou diffuse comme dans l’asbestose, traitée dans un autre article. Les pneumoconioses de surcharge donnent une réaction tissulaire non fibreuse sous forme de particules inertes s’accumulant dans les macrophages comme dans la sidérose, la stannose et la barytose [1, 2] . Les pneumoconioses les plus fréquentes sont la silicose, la pneumoconiose du mineur de charbon et l’asbestose, traitée dans un autre article. Guide technique La tomodensitométrie (TDM) thoracique apparaît comme un complément essentiel de la radiographie thoracique et a une place de choix dans la stratégie d’exploration des pneumoconioses. Elle doit être intégrée parmi les autres investigations dans une optique qui, selon les cas, peut être diagnostique ou de surveillance évolutive. La TDM permet de détecter certaines formes infraradiographiques de pneumoconioses, d’en orienter le diagnostic dans les formes atypiques, de surveiller l’évolution et de dépister certaines complications. L’examen TDM doit être un examen « haute résolution » (TDM HR) pour optimiser la résolution spatiale. Il comprend soit des coupes millimétriques échantillonnées tous les centimètres, soit une acquisition volumique. Cette exploration de base peut être complétée dans certains cas par des coupes en procubitus pour apprécier le caractère gravito-dépendant de certaines images ou par des coupes en expiration à la recherche d’un piégeage ou d’une trachéo-broncho-malacie. Les techniques de post-traitement sont parfois utiles, notamment l’analyse en projection d’intensité minimale (miniP) qui potentialise l’analyse de l’emphysème et des lumières bronchiques. Pour l’analyse en miniP, les coupes doivent être épaissies de 5 mm et reconstruites en filtre mou. L’analyse en projection d’intensité maximale (MIP) permet de mieux évaluer la distribution de micronodules à l’échelle du lobule pulmonaire secondaire, surtout lorsqu’ils sont peu nombreux. Les coupes doivent être alors épaissies de 5 à 7 mm. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale Volume 12 > n◦ 4 > novembre 2017 http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8535(17)77292-3 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 1 32-450-A-20 Imagerie des pneumoconioses hors amiante L’injection de produit de contraste est généralement inutile en première intention. Elle peut néanmoins dans certains cas aider à reconnaître des adénopathies médiastinales et surtout hilaires ou une dilatation des artères pulmonaires et une dilatation ou une hypertrophie du cœur droit. La surveillance évolutive est effectuée à faible dose d’irradiation. La perte modérée de qualité des examens ne gêne pas l’interprétation dans la majorité des cas. Silicose La silicose est une maladie pulmonaire provoquée par l’inhalation de poussières contenant de la silice cristalline (dioxyde de silice SiO2 ). De nombreux métiers peuvent être impliqués. Ils sont listés dans le Tableau 25 des maladies professionnelles du régime général (www.inrs-mp.fr/mp/cgibin/mppage.pl?state=1&acc=5&gs=&rgm=2) ou dans le Tableau 22 du régime agricole. Les secteurs les plus exposés concernent les extractions de roches, les travaux de sablage, ponçage ou meulage, les industries du verre et de la céramique. Silicose aiguë Il s’agit d’une silicoprotéinose provoquée par l’inhalation d’une grande quantité de silice sur une courte période de temps. Elle est rare et grave avec une dyspnée progressant rapidement. Elle concernait principalement les travaux sans protection de sablage ou de creusement de galeries dans des roches riches en silice cristalline. Elle ne se voit plus en France. En TDM HR, la silicoprotéinose se manifeste par de nombreux micronodules centrolobulaires et des condensations bilatérales postérieures contenant souvent des calcifications [3] . Des ganglions hilaires calcifiés sont généralement présents. L’aspect TDM est différent de la protéinose alvéolaire primitive qui s’exprime principalement par un crazy paving et ceci alors que les deux affections ont pourtant un même aspect pathologique [4] . Silicose chronique classique Elle est la conséquence d’une exposition aux poussières de silice, faible et prolongée. Le diagnostic repose sur la notion d’exposition et sur la radiographie thoracique. Néanmoins, la radiographie thoracique peut être normale dans les formes peu sévères. La forme simple est caractérisée par les nodules silicotiques de 1 à 10 mm qui ont un centre de collagène et une périphérie de macrophages chargés de particules qui apparaissent biréfringentes en lumière polarisée. La forme compliquée est faite de masses de fibrose progressive formées par la confluence de nodules et associée à des lésions d’emphysème. Les particules fines de 1 à 5 m de diamètre se déposent dans les bronchioles respiratoires au centre du lobule pulmonaire secondaire. Les différences de flux lymphatique selon les zones pulmonaires expliquent la faible clairance des particules et en conséquence le maximum de lésions dans le territoire postérieur du lobe supérieur droit [5] . Forme simple (Tableau 1) En radiographie, elle se manifeste par de petits nodules de 2 à 5 mm, bien limités, prédominant dans les territoires supérieurs et postérieurs (Fig. 1A). Des adénomégalies hilaires et médiastinales sont fréquentes, le plus souvent calcifiées, typiquement à leur périphérie en « coquille d’œuf ». En TDM HR, ces petits nodules sont à la fois centrolobulaires et sous-pleuraux (Fig. 1B, 2A). Ils sont parfois calcifiés. La présence de micronodules centrolobulaires branchés est possible et il y a parfois des septa interlobulaires épaissis [6] (Fig. 1B). Akira [7] a étudié 90 cas de pneumoconiose avec petits nodules sur la radiographie thoracique et parmi eux 61 cas de silicose. Ces 61 patients se répartissaient en 32 qui avaient de petits nodules de moins de 1,5 mm de diamètre de type p selon l’International Labour Organization, 23 qui avaient de petits nodules de 1,5 à 3 mm de diamètre de type q et six qui avaient des opacités rondes de plus de 3 mm de diamètre de type r. Ces nodules avaient des aspects différents en TDM HR. Les nodules de type p en radiographie correspondaient à des opacités centrolobulaires mal définies avec parfois un aspect branché et souvent un emphysème centrolobulaire focal associé. Cet emphysème centrolobulaire est ignoré par la radiographie thoracique, d’où l’intérêt du scanner pour rechercher, décrire et caractériser ces images. Les nodules de type q et r en radiographie correspondaient soit à des nodules ronds bien limités, soit à des nodules irréguliers. Forme compliquée (Tableau 1) En radiographie, elle se manifeste par de grandes opacités initialement situées principalement dans la périphérie des lobes supérieurs puis qui ont tendance à se rapprocher des hiles, Tableau 1. Signes tomodensitométriques de la silicose chronique. Forme simple Forme compliquée Micronodules centrolobulaires et sous-pleuraux Nodules et masses de fibrose Prédominance supérieure et postérieure Prédominance supérieure et postérieure Parfois calcifiés Calcifications fréquentes Septa interlobulaires épaissis (rares) Emphysème paracicatriciel fréquent Adénomégalies souvent calcifiées Adénomégalies souvent calcifiées Cavitation possible Figure 1. Silicose simple. A. Radiographie de thorax. Micronodules et réticulations à larges mailles diffuses. B. Coupe TDM. Micronodules lymphatiques (centrolobulaires et sous-pleuraux), polygones septaux déformés et distorsion de la grande scissure droite. A 2 B EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Imagerie des pneumoconioses hors amiante 32-450-A-20 Figure 2. Silicose. TDM. A. Silicose simple. Coupe TDM en 2003. Micronodules denses et bien limités, polygones septaux et distorsions scissurales. B. Silicose compliquée. Coupe TDM en 2016. Masses de fibrose périhilaires, polygones septaux déformés et épaississements pleuraux bilatéraux. A B Figure 3. Silicose compliquée. TDM. A. Coupe TDM en 2002. Masses de fibrose des lobes supérieurs, bulles d’emphysème souspleurales à gauche et épaississements pleuraux modérés. B. Coupe TDM en 2008. Surinfection à Mycobacterium kansasii. Cavitations bilatérales à paroi épaisse, masses de fibrose et nodules. Majoration nette de l’épaississement pleural bilatéral. A laissant des zones d’emphysème entre les masses et la plèvre. Les adénopathies hilaires sont fréquentes et souvent calcifiées. En TDM HR, il y a des nodules et des masses de fibrose (Fig. 2B, 3A) associées à des signes de distorsion et à des bulles d’emphysème paracicatriciel [8] . Ces masses contiennent souvent des calcifications. Elles sont le plus souvent lobaires supérieures, mais elles peuvent s’étendre à d’autres territoires. Les adénomégalies hilaires et médiastinales sont fréquentes [9] . Les épaississements pleuraux sont fréquents (Fig. 3A, B), et les épanchements pleuraux rares [10] . Des cavités peuvent se développer dans les masses. Elles peuvent être dues à une nécrobiose aseptique des masses silicotiques ou à une mycobactériose (Fig. 3B). D’autres complications sont possibles : greffe aspergillaire, pneumothorax, insuffisance respiratoire chronique, cœur pulmonaire chronique, cancer bronchique. B formes compliquées apparaissent des masses noires et amorphes d’anthracose avec du collagène en périphérie. Ces masses peuvent évoluer vers la nécrose et la cavitation. Forme simple La radiographie des formes simples de PMC est faite de petits nodules de 1 à 5 mm dont les contours sont souvent moins bien définis que dans la silicose. La TDM HR peut montrer de petits nodules non visibles sur la radiographie [13] . En TDM HR, les petits nodules sont diffus mais prédominent dans les régions supérieures et postérieures. À l’échelle du lobule pulmonaire secondaire, ils sont centrolobulaires et sous-pleuraux. Ces nodules sous-pleuraux peuvent confluer en pseudoplaques lorsqu’ils sont nombreux [14] . Des adénomégalies hilaires et médiastinales sont parfois présentes. Corrélations fonctionnelles La présence de nodules confluents et de masses en radiographie et en scanner est associée à une perte de volume pulmonaire, à un trouble ventilatoire obstructif et à des anomalies des échanges gazeux par comparaison aux travailleurs exposés qui n’ont pas ces anomalies [11] . Les corrélations entre la profusion nodulaire en TDM et les perturbations fonctionnelles sont médiocres. Il y a, en revanche, une bonne corrélation entre le score d’emphysème en TDM et le trouble ventilatoire obstructif ou les anomalies du transfert du CO [12] . Pneumoconiose du mineur de charbon (PMC) Cette pneumoconiose résulte de l’inhalation de poussières de charbon contenant des quantités variables mais généralement faibles de silice. Malgré d’importantes similitudes en imagerie, la PMC est une maladie différente de la silicose avec une histologie différente [1] . La lésion initiale est la macule péribronchiolaire, centrolobulaire, zone pigmentée noire faite de macrophages riches en poussières de charbon, contenant une faible quantité de collagène et entourée de petites zones d’emphysème. Dans les Forme compliquée Elle est caractérisée par des masses de fibrose, ovales et entourées parfois d’emphysème paracicatriciel. Celui-ci semble moins important que dans la silicose. Ces masses s’accompagnent d’une distorsion de l’architecture pulmonaire. Elles contiennent des calcifications dans 25 % des cas et des zones de nécrose avec ou sans cavitation dans 30 % des cas [13] . Chez ces patients, le diagnostic différentiel entre masse de fibrose progressive et cancer du poumon peut être difficile en scanner. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a un intérêt majeur : toutes les masses de fibrose sont en hyposignal T2 alors que le cancer du poumon est presque toujours en signal intermédiaire ou en hypersignal T2 [15] . Pneumoconioses liées aux métaux Les pneumoconioses liées aux poussières et aux fumées de métaux donnent des pathologies variées que l’on peut classer en trois groupes de sévérités très différentes (Tableau 2) : • les métaux durs responsables de pneumonie interstitielle à cellules géantes et de fibrose pulmonaire ; EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 3 32-450-A-20 Imagerie des pneumoconioses hors amiante Tableau 2. Pathologie des atteintes pulmonaires dues aux métaux (d’après Kelleher [24] ). Cobalt Béryllium Pneumonie à cellules géantes ++ Granulomes sarcoid like + ++ Fibrose interstitielle + + Cadmium Aluminium Pneumonie aiguë (pneumonie chimique, œdème) ++ Nickel + ++ + + + • la bérylliose dont la pathologie respiratoire granulomateuse est liée à un mécanisme d’hypersensibilité ; • les pneumoconioses de surcharge par exposition à des particules métalliques inertes comme le fer, sans retentissement clinique et fonctionnel sauf lorsqu’elles sont associées à d’autres particules plus nocives. Nous ne traitons pas les pneumonies chimiques qui peuvent être observées par exemple avec le mercure, le cadmium et le nickel. Pneumoconiose aux métaux durs Il s’agit de pneumoconioses provoquées par l’exposition à des poussières de métaux durs : principalement carbure fritté de tungstène généralement associé au cobalt qui sert de liant (le frittage est une opération métallurgique qui consiste à mélanger une poudre de carbure avec le liant, le plus souvent le cobalt, sous haute pression et haute température). Ils servent à fabriquer des outils très résistants du fait de leur dureté. L’exposition aux poussières de cobalt seul peut également être pathogène. L’aspect le plus caractéristique de la pneumoconiose aux métaux durs est la pneumonie interstitielle à cellules géantes [16] , mais d’autres aspects ont été décrits : bronchiolite oblitérante, pneumopathie d’hypersensibilité [17] , pneumonie interstitielle desquamative, fibrose interstitielle diffuse de type pneumopathie interstitielle commune et fibrose des lobes supérieurs [18] sans que l’on connaisse les liens entre ces différentes affections qui pour certaines correspondent peut-être à des stades évolutifs différents d’une même maladie. La pneumonie interstitielle à cellules géantes est la mieux décrite. La radiographie thoracique montre généralement des foyers de « verre dépoli » et des opacités réticulées des lobes inférieurs, plus rarement des opacités réticulonodulaires et des condensations [19] . La TDM HR montre des foyers de « verre dépoli » et des micronodules centrolobulaires, des opacités réticulées, des opacités linéaires curvilignes sous-pleurales, des bulles sous-pleurales et des bronchectasies par traction [18, 19] . Les foyers de « verre dépoli » et les réticulations sont les anomalies les plus fréquentes [16] . Un « rayon de miel » peut apparaître dans les formes évoluées. Les stades précoces sont réversibles mais ce n’est plus le cas des formes évoluées. Les pneumoconioses aux métaux durs exposent au risque de cancer du poumon [20] . Bérylliose (Tableau 3) Le béryllium reste largement utilisé dans l’industrie. Les professions les plus exposées sont la fabrication d’alliages, l’industrie nucléaire, électronique et aéronautique. L’exposition au béryllium entraîne un risque de bérylliose pulmonaire chronique, surtout chez les sujets ayant une prédisposition génétique. La présence d’une inflammation granulomateuse du poumon et un test de prolifération lymphocytaire positif en présence de béryllium sont la clé du diagnostic [21] . La biopsie pulmonaire met en évidence des granulomes identiques à ceux de la sarcoïdose. La corticothérapie est indiquée lorsqu’il y a des anomalies fonctionnelles significatives. L’imagerie est très proche de celle de la sarcoïdose. Dans une série de 28 patients ayant une bérylliose prouvée, 15 (54 %) 4 Mercure + ++ Surcharge macrophagique Pneumonie interstitielle desquamative Fer ++ ++ ++ Tableau 3. Signes tomodensitométriques (TDM) de la bérylliose pulmonaire chronique. Forme habituelle Forme avancée TDM normale (25 %) Opacités linéaires et réticulées Micronodules Bronchectasies par traction Lignes septales Cavités en « rayon de miel » Épaississement des parois bronchiques Masses de fibrose « Verre dépoli » Kystes Adénomégalies avaient des anomalies radiographiques et 21 (75 %) au moins une anomalie en TDM attribuable à la bérylliose [22] . Dans cette même série, il y avait en TDM des micronodules chez 16 patients (57 %), des lignes septales chez 14 (50 %), un épaississement des parois bronchiques chez 13 (46 %), des zones de « verre dépoli » chez neuf patients (32 %) (Fig. 4A, B, 5A, 6A), des adénopathies médiastinales et/ou hilaires chez 11 patients (39 %). L’intensité des anomalies radiologiques, du « verre dépoli » en particulier, est corrélée à la gravité clinique [23] (Fig. 6A). Dans les formes avancées, une fibrose apparaît sous forme d’opacités linéaires et réticulées (Fig. 5B), principalement dans la périphérie des lobes inférieurs (Fig. 6B). Parfois il s’agit de bronchectasies par traction, d’un « rayon de miel » ou de masses de fibrose [22] , voire de kystes sous-pleuraux ou non. L’aluminium et le cobalt peuvent également être responsables de granulomatose et de fibrose (Tableau 1) [24] . Pneumoconioses de surcharge par exposition à des particules métalliques inertes ou non métalliques Les pneumoconioses de surcharge sont observées après l’inhalation de particules inertes métalliques : fer, étain, titane, baryum, ou non métalliques : antimoine, charbon pur. La mieux connue est la sidérose. Ces pneumoconioses sont caractérisées par des anomalies radiologiques. La sidérose pure est due à l’exposition à des particules de fer ou à des fumées d’oxyde de fer. Elle touche surtout les soudeurs à l’arc. Elle n’entraîne généralement pas de perturbation fonctionnelle, ni de fibrose pulmonaire, sauf lorsque le fer inhalé est associé à la silice (silicosidérose). Néanmoins, chez certains patients, la sidérose peut entraîner des signes cliniques et des perturbations fonctionnelles [24] . Dans la sidérose pure, les anomalies radiographiques sont des micronodules prédominant dans les régions moyennes et périhilaires [2] . Ils sont réversibles à l’arrêt de l’exposition. La TDM HR montre des micronodules centrolobulaires, peu denses, mal définis avec ou sans petites opacités linéaires branchées et plus rarement des plages de « verre dépoli » [25, 26] . Talcoses Le talc est un silicate de magnésium hydraté. Il a de multiples usages, en particulier dans l’industrie des cosmétiques EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Imagerie des pneumoconioses hors amiante 32-450-A-20 Figure 4. Bérylliose pulmonaire chronique. A. Radiographie de thorax. Adénomégalies hilaires bilatérales et augmentation modérée de la densité pulmonaire. B. Coupe TDM. « Verre dépoli » diffus hétérogène associé à des micronodules lymphatiques et à de rares lignes septales. A B Figure 5. Bérylliose pulmonaire chronique. A. Coupe TDM en juillet 2006. Foyers de condensations alvéolaires et de « verre dépoli » multifocaux. B. Coupe TDM en janvier 2008. Rétraction des lobes supérieurs avec opacités linéaires et bronchectasies par traction prédominant à droite, témoignant d’une fibrose telle qu’on peut la voir dans les sarcoïdoses fibreuses. A B Figure 6. Bérylliose pulmonaire chronique. A. Coupe TDM en octobre 1993. « Verre dépoli » dense et étendu prédominant dans les lobes inférieurs. B. Coupe TDM en juillet 2004. Évolution fibreuse avec réticulations, cavités en « rayon de miel » et diminution de volume du lobe inférieur droit. A et du caoutchouc. Les talcosilicoses et les talcoasbestoses ont une présentation qui dépend surtout du minéral associé. Nous n’envisageons que les talcoses pures. L’exposition au talc peut se faire par inhalation ou par voie veineuse chez les usagers de drogues [27] . Le talc inhalé ou injecté est responsable d’inflammation granulomateuse non nécrosante qui conduit à des masses de fibrose progressive [28] . La radiographie thoracique montre des petits nodules disséminés sans prédominance topographique et de grandes opacités formées par la coalescence des petits nodules. Les grandes opacités ont plus nettement tendance à progresser que les petits nodules [29] . Dans la série d’Akira [29] de talcose par inhalation, la TDM HR mettait en évidence comme anomalie prédominante des micronodules centrolobulaires de 1 à 2 mm chez 12 des 14 patients. Dans dix cas, il n’y avait pas de prédominance zonale. Des opacités plus volumineuses, de plus de 1 cm de diamètre, étaient présentes dans neuf cas. Les autres principales anomalies étaient des lignes septales (dix cas), des lignes sous-pleurales (neuf cas), du « verre dépoli » (huit cas), des plaques pleurales calcifiées ou non (sept cas). Huit patients avaient des adénomégalies modérées. Des anomalies identiques ont été trouvées dans la série de Ferreira [30] . La talcose par voie intraveineuse est le plus souvent due à l’auto® injection par les drogués de méthylphénidate (Ritaline ). Ward [31] B ® a rapporté 12 cas de talcose dont sept liés à la Ritaline et cinq à d’autres drogues. En TDM HR, des micronodules diffus, très fins, de moins de 1 mm, étaient présents dans cinq cas et chez trois d’entre eux il y avait aussi des masses des lobes supérieurs. Il y avait des opacités en « verre dépoli » dans deux cas et un emphysème panlobulaire chez six des sept patients drogués à la ® Ritaline . Cette fréquence d’un emphysème panlobulaire ressem® blant à celui du déficit en alpha-1-antitrypsine avec la Ritaline [32] avait déjà été observée par Stern . Il y a d’autres silicatoses plus rares que la talcose comme la kaolinose ou la schistose (maladie des ardoisiers). Pneumoconiose du prothésiste dentaire La fabrication de prothèses dentaires expose le technicien à l’inhalation de poussières diverses et souvent associées : silice, métaux durs, alliages métalliques et résines acryliques. La silice et les alliages métalliques à base de chrome, cobalt et molybdène sont le plus souvent responsables de pneumoconioses avec une prévalence proche de 11 % en France [33] . Les pneumopathies d’hypersensibilité sont liées à diverses substances : méthacrylates EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 5 32-450-A-20 Imagerie des pneumoconioses hors amiante [6] [7] [8] [9] [10] Figure 7. Pneumoconiose du prothésiste dentaire. Aspect de silicose avec micronodules lymphatiques et lignes septales nodulaires. Tableau 4. Aspect radiologique des pneumoconioses. [11] [12] Nodulaire Réticulaire Nodulaire et/ou réticulaire Silicose Asbestose Pneumoconiose aluminium Mineur de charbon Pneumoconiose métaux durs Pneumoconiose mixte Sidérose Talcoasbestose Talcosilicose [13] [14] [15] Bérylliose pulmonaire chronique [16] utilisés dans les résines, métaux durs et en particulier cobalt, béryllium mais aussi titane, gallium, indium et palladium. En fait, l’évolution des techniques entraîne des modifications dans les produits utilisés [33] . L’imagerie est dépendante de la nature et de la durée des produits employés (Fig. 7) et du niveau de protection dans les ateliers. Conclusion Les pneumoconioses sont des maladies professionnelles. Les deux plus fréquentes sont la silicose et la pneumoconiose du mineur de charbon. Dans certains cas, l’aspect en scanner est d’emblée évocateur mais généralement, la combinaison de l’histoire professionnelle et de l’imagerie permet de faire le diagnostic (Tableau 4). Certaines pneumoconioses sont fibrosantes et d’autres pas. Le scanner permet une bonne analyse des composantes fibreuses et non fibreuses. [17] [18] [19] [20] [21] [22] Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] [2] [3] [4] [5] 6 Kim KI, Kim CW, Lee MK, Lee KS, Park CK, Choi SJ, et al. Imaging of occupational lung disease. 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Université Paris 13, Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) Sorbonne-Paris-Cité, UPRES EA 2363, 74, rue Marcel-Cachin, 93017 Bobigny, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Brauner M, Durrleman J, Piver D, Brillet PY. Imagerie des pneumoconioses hors amiante. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale 2017;12(4):1-7 [Article 32-450-A-20]. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels Iconographies supplémentaires Vidéos/ Animations Documents légaux Information au patient EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. Informations supplémentaires Autoévaluations Cas clinique 7 Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et em-premium.com : 1 autoévaluation Cliquez ici 2 iconographies supplémentaires Iconosup 8 Pneumoconiose du mineur de charbon simple. Petits nodules diffus mais prédominant dans les régions supérieures et postérieures. Ils sont centrolobulaires et sous-pleuraux. Cliquez ici Iconosup 9 Pneumoconiose du mineur de charbon compliquée. Masses de fibrose, ovales, associées à quelques petits nodules à contours flous, avec très peu d'emphysème paracicatriciel. Cliquez ici Cliquez ici pour télécharger le PDF des iconographies supplémentaires © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 06/10/2017 par CH DE LA COTE BASQUE - (54654). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.