32-450-A-20
Imagerie
des
pneumoconioses
hors
amiante
M.
Brauner,
J.
Durrleman,
D.
Piver,
P.-Y.
Brillet
Les
pneumoconioses
sont
des
réactions
tissulaires
dues
à
l’accumulation
de
poussières
minérales
dans
les
poumons.
En
fonction
de
la
nature
des
particules,
on
distingue
les
pneumoconioses
fibrogènes,
les
pneumoconioses
de
surcharge
et
les
formes
mixtes,
les
plus
fréquentes.
Ces
maladies
sont
le
plus
souvent
dues
à
une
exposition
professionnelle.
Les
pneumoconioses
les
plus
fréquentes
sont
la
silicose,
la
pneu-
moconiose
du
mineur
de
charbon
et
l’asbestose.
L’imagerie
a
souvent
un
rôle
clé
dans
l’évaluation
de
ces
maladies.
Elle
évoque
souvent
le
diagnostic
qui
est
fait
par
sa
confrontation
à
l’histoire
professionnelle.
©
2017
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Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots-clés
:
Pneumoconiose
;
Silicose
;
Pneumoconiose
du
mineur
de
charbon
;
Pneumoconiose
due
aux
métaux
;
Talcose
Plan
Introduction
1
Guide
technique
1
Silicose
2
Silicose
aiguë
2
Silicose
chronique
classique
2
Pneumoconiose
du
mineur
de
charbon
(PMC)
3
Forme
simple
3
Forme
compliquée
3
Pneumoconioses
liées
aux
métaux
3
Pneumoconiose
aux
métaux
durs
4
Bérylliose
4
Pneumoconioses
de
surcharge
par
exposition
à
des
particules
métalliques
inertes
ou
non
métalliques
4
Talcoses
4
Pneumoconiose
du
prothésiste
dentaire
5
Conclusion
6
Introduction
Les
pneumoconioses
sont
le
plus
souvent
dues
à
une
exposi-
tion
professionnelle.
En
fonction
de
la
nature
des
particules,
on
distingue
les
pneumoconioses
fibrogènes,
les
pneumoconioses
de
surcharge
et
les
formes
mixtes.
Les
pneumoconioses
fibrogènes
donnent
une
réaction
tissulaire
fibreuse,
nodulaire
comme
dans
la
silicose,
la
bérylliose
et
la
tal-
cose
ou
diffuse
comme
dans
l’asbestose,
traitée
dans
un
autre
article.
Les
pneumoconioses
de
surcharge
donnent
une
réaction
tissu-
laire
non
fibreuse
sous
forme
de
particules
inertes
s’accumulant
dans
les
macrophages
comme
dans
la
sidérose,
la
stannose
et
la
barytose [1,
2].
Les
pneumoconioses
les
plus
fréquentes
sont
la
silicose,
la
pneu-
moconiose
du
mineur
de
charbon
et
l’asbestose,
traitée
dans
un
autre
article.
Guide
technique
La
tomodensitométrie
(TDM)
thoracique
apparaît
comme
un
complément
essentiel
de
la
radiographie
thoracique
et
a
une
place
de
choix
dans
la
stratégie
d’exploration
des
pneumoco-
nioses.
Elle
doit
être
intégrée
parmi
les
autres
investigations
dans
une
optique
qui,
selon
les
cas,
peut
être
diagnostique
ou
de
sur-
veillance
évolutive.
La
TDM
permet
de
détecter
certaines
formes
infraradiographiques
de
pneumoconioses,
d’en
orienter
le
diag-
nostic
dans
les
formes
atypiques,
de
surveiller
l’évolution
et
de
dépister
certaines
complications.
L’examen
TDM
doit
être
un
examen
«
haute
résolution
»
(TDM
HR)
pour
optimiser
la
résolution
spatiale.
Il
comprend
soit
des
coupes
millimétriques
échantillonnées
tous
les
centi-
mètres,
soit
une
acquisition
volumique.
Cette
exploration
de
base
peut
être
complétée
dans
certains
cas
par
des
coupes
en
procu-
bitus
pour
apprécier
le
caractère
gravito-dépendant
de
certaines
images
ou
par
des
coupes
en
expiration
à
la
recherche
d’un
piégeage
ou
d’une
trachéo-broncho-malacie.
Les
techniques
de
post-traitement
sont
parfois
utiles,
notamment
l’analyse
en
pro-
jection
d’intensité
minimale
(miniP)
qui
potentialise
l’analyse
de
l’emphysème
et
des
lumières
bronchiques.
Pour
l’analyse
en
miniP,
les
coupes
doivent
être
épaissies
de
5
mm
et
recons-
truites
en
filtre
mou.
L’analyse
en
projection
d’intensité
maximale
(MIP)
permet
de
mieux
évaluer
la
distribution
de
micronodules
à
l’échelle
du
lobule
pulmonaire
secondaire,
surtout
lorsqu’ils
sont
peu
nombreux.
Les
coupes
doivent
être
alors
épaissies
de
5
à
7
mm.
EMC
-
Radiologie
et
imagerie
médicale
-
cardiovasculaire
-
thoracique
-
cervicale 1
Volume
12
>
n4
>
novembre
2017
http://dx.doi.org/10.1016/S1879-8535(17)77292-3
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32-450-A-20 Imagerie
des
pneumoconioses
hors
amiante
L’injection
de
produit
de
contraste
est
généralement
inutile
en
première
intention.
Elle
peut
néanmoins
dans
certains
cas
aider
à
reconnaître
des
adénopathies
médiastinales
et
surtout
hilaires
ou
une
dilatation
des
artères
pulmonaires
et
une
dilatation
ou
une
hypertrophie
du
cœur
droit.
La
surveillance
évolutive
est
effectuée
à
faible
dose
d’irradiation.
La
perte
modérée
de
qualité
des
examens
ne
gêne
pas
l’interprétation
dans
la
majorité
des
cas.
Silicose
La
silicose
est
une
maladie
pulmonaire
provoquée
par
l’inhalation
de
poussières
contenant
de
la
silice
cristalline
(dioxyde
de
silice
SiO2).
De
nombreux
métiers
peuvent
être
impliqués.
Ils
sont
listés
dans
le
Tableau
25
des
maladies
professionnelles
du
régime
général
(www.inrs-mp.fr/mp/cgi-
bin/mppage.pl?state=1&acc=5&gs=&rgm=2)
ou
dans
le
Tableau
22
du
régime
agricole.
Les
secteurs
les
plus
exposés
concernent
les
extractions
de
roches,
les
travaux
de
sablage,
ponc¸age
ou
meulage,
les
industries
du
verre
et
de
la
céramique.
Silicose
aiguë
Il
s’agit
d’une
silicoprotéinose
provoquée
par
l’inhalation
d’une
grande
quantité
de
silice
sur
une
courte
période
de
temps.
Elle
est
rare
et
grave
avec
une
dyspnée
progressant
rapidement.
Elle
concernait
principalement
les
travaux
sans
protection
de
sablage
ou
de
creusement
de
galeries
dans
des
roches
riches
en
silice
cris-
talline.
Elle
ne
se
voit
plus
en
France.
En
TDM
HR,
la
silicoprotéinose
se
manifeste
par
de
nombreux
micronodules
centrolobulaires
et
des
condensations
bilatérales
postérieures
contenant
souvent
des
calcifications [3].
Des
gan-
glions
hilaires
calcifiés
sont
généralement
présents.
L’aspect
TDM
est
différent
de
la
protéinose
alvéolaire
primitive
qui
s’exprime
principalement
par
un
crazy
paving
et
ceci
alors
que
les
deux
affec-
tions
ont
pourtant
un
même
aspect
pathologique [4].
Silicose
chronique
classique
Elle
est
la
conséquence
d’une
exposition
aux
poussières
de
silice,
faible
et
prolongée.
Le
diagnostic
repose
sur
la
notion
d’exposition
et
sur
la
radio-
graphie
thoracique.
Néanmoins,
la
radiographie
thoracique
peut
être
normale
dans
les
formes
peu
sévères.
La
forme
simple
est
caractérisée
par
les
nodules
silicotiques
de
1
à
10
mm
qui
ont
un
centre
de
collagène
et
une
périphérie
de
macrophages
chargés
de
particules
qui
apparaissent
biréfringentes
en
lumière
polarisée.
La
forme
compliquée
est
faite
de
masses
de
fibrose
progressive
formées
par
la
confluence
de
nodules
et
associée
à
des
lésions
d’emphysème.
Les
particules
fines
de
1
à
5
m
de
diamètre
se
déposent
dans
les
bronchioles
respiratoires
au
centre
du
lobule
pulmonaire
secondaire.
Les
différences
de
flux
lymphatique
selon
les
zones
pulmonaires
expliquent
la
faible
clairance
des
particules
et
en
conséquence
le
maximum
de
lésions
dans
le
territoire
postérieur
du
lobe
supérieur
droit [5].
Forme
simple
(Tableau
1)
En
radiographie,
elle
se
manifeste
par
de
petits
nodules
de
2
à
5
mm,
bien
limités,
prédominant
dans
les
territoires
supérieurs
et
postérieurs
(Fig.
1A).
Des
adénomégalies
hilaires
et
médiastinales
sont
fréquentes,
le
plus
souvent
calcifiées,
typiquement
à
leur
périphérie
en
«
coquille
d’œuf
».
En
TDM
HR,
ces
petits
nodules
sont
à
la
fois
centrolobulaires
et
sous-pleuraux
(Fig.
1B,
2A).
Ils
sont
parfois
calcifiés.
La
présence
de
micronodules
centrolobu-
laires
branchés
est
possible
et
il
y
a
parfois
des
septa
interlobulaires
épaissis [6] (Fig.
1B).
Akira [7] a
étudié
90
cas
de
pneumoconiose
avec
petits
nodules
sur
la
radiographie
thoracique
et
parmi
eux
61
cas
de
silicose.
Ces
61
patients
se
répartissaient
en
32
qui
avaient
de
petits
nodules
de
moins
de
1,5
mm
de
diamètre
de
type
p
selon
l’International
Labour
Organization,
23
qui
avaient
de
petits
nodules
de
1,5
à
3
mm
de
diamètre
de
type
q
et
six
qui
avaient
des
opacités
rondes
de
plus
de
3
mm
de
diamètre
de
type
r.
Ces
nodules
avaient
des
aspects
différents
en
TDM
HR.
Les
nodules
de
type
p
en
radiogra-
phie
correspondaient
à
des
opacités
centrolobulaires
mal
définies
avec
parfois
un
aspect
branché
et
souvent
un
emphysème
centro-
lobulaire
focal
associé.
Cet
emphysème
centrolobulaire
est
ignoré
par
la
radiographie
thoracique,
d’où
l’intérêt
du
scanner
pour
rechercher,
décrire
et
caractériser
ces
images.
Les
nodules
de
type
q
et
r
en
radiographie
correspondaient
soit
à
des
nodules
ronds
bien
limités,
soit
à
des
nodules
irréguliers.
Forme
compliquée
(Tableau
1)
En
radiographie,
elle
se
manifeste
par
de
grandes
opacités
ini-
tialement
situées
principalement
dans
la
périphérie
des
lobes
supérieurs
puis
qui
ont
tendance
à
se
rapprocher
des
hiles,
Tableau
1.
Signes
tomodensitométriques
de
la
silicose
chronique.
Forme
simple Forme
compliquée
Micronodules
centrolobulaires
et
sous-pleuraux
Nodules
et
masses
de
fibrose
Prédominance
supérieure
et
postérieure
Prédominance
supérieure
et
postérieure
Parfois
calcifiés Calcifications
fréquentes
Septa
interlobulaires
épaissis
(rares)
Emphysème
paracicatriciel
fréquent
Adénomégalies
souvent
calcifiées
Adénomégalies
souvent
calcifiées
Cavitation
possible
AB
Figure
1.
Silicose
simple.
A.
Radiographie
de
thorax.
Micronodules
et
réti-
culations
à
larges
mailles
diffuses.
B.
Coupe
TDM.
Micronodules
lymphatiques
(centrolobulaires
et
sous-pleuraux),
polygones
septaux
déformés
et
distorsion
de
la
grande
scis-
sure
droite.
2EMC
-
Radiologie
et
imagerie
médicale
-
cardiovasculaire
-
thoracique
-
cervicale
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Imagerie
des
pneumoconioses
hors
amiante 32-450-A-20
A B
Figure
2.
Silicose.
TDM.
A.
Silicose
simple.
Coupe
TDM
en
2003.
Micronodules
denses
et
bien
limités,
polygones
septaux
et
distorsions
scissurales.
B.
Silicose
compliquée.
Coupe
TDM
en
2016.
Masses
de
fibrose
périhilaires,
polygones
septaux
déformés
et
épaississements
pleuraux
bilatéraux.
A B
Figure
3.
Silicose
compliquée.
TDM.
A.
Coupe
TDM
en
2002.
Masses
de
fibrose
des
lobes
supérieurs,
bulles
d’emphysème
sous-
pleurales
à
gauche
et
épaississements
pleuraux
modérés.
B.
Coupe
TDM
en
2008.
Surinfection
à
Myco-
bacterium
kansasii.
Cavitations
bilatérales
à
paroi
épaisse,
masses
de
fibrose
et
nodules.
Majoration
nette
de
l’épaississement
pleural
bilatéral.
laissant
des
zones
d’emphysème
entre
les
masses
et
la
plèvre.
Les
adénopathies
hilaires
sont
fréquentes
et
souvent
calcifiées.
En
TDM
HR,
il
y
a
des
nodules
et
des
masses
de
fibrose
(Fig.
2B,
3A)
associées
à
des
signes
de
distorsion
et
à
des
bulles
d’emphysème
paracicatriciel [8].
Ces
masses
contiennent
souvent
des
calcifications.
Elles
sont
le
plus
souvent
lobaires
supé-
rieures,
mais
elles
peuvent
s’étendre
à
d’autres
territoires.
Les
adénomégalies
hilaires
et
médiastinales
sont
fréquentes [9].
Les
épaississements
pleuraux
sont
fréquents
(Fig.
3A,
B),
et
les
épan-
chements
pleuraux
rares [10].
Des
cavités
peuvent
se
développer
dans
les
masses.
Elles
peuvent
être
dues
à
une
nécrobiose
aseptique
des
masses
silico-
tiques
ou
à
une
mycobactériose
(Fig.
3B).
D’autres
complications
sont
possibles
:
greffe
aspergillaire,
pneumothorax,
insuffisance
respiratoire
chronique,
cœur
pulmonaire
chronique,
cancer
bron-
chique.
Corrélations
fonctionnelles
La
présence
de
nodules
confluents
et
de
masses
en
radiographie
et
en
scanner
est
associée
à
une
perte
de
volume
pulmonaire,
à
un
trouble
ventilatoire
obstructif
et
à
des
anomalies
des
échanges
gazeux
par
comparaison
aux
travailleurs
exposés
qui
n’ont
pas
ces
anomalies [11].
Les
corrélations
entre
la
profusion
nodulaire
en
TDM
et
les
perturbations
fonctionnelles
sont
médiocres.
Il
y
a,
en
revanche,
une
bonne
corrélation
entre
le
score
d’emphysème
en
TDM
et
le
trouble
ventilatoire
obstructif
ou
les
anomalies
du
transfert
du
CO [12].
Pneumoconiose
du
mineur
de
charbon
(PMC)
Cette
pneumoconiose
résulte
de
l’inhalation
de
poussières
de
charbon
contenant
des
quantités
variables
mais
généralement
faibles
de
silice.
Malgré
d’importantes
similitudes
en
imagerie,
la
PMC
est
une
maladie
différente
de
la
silicose
avec
une
histologie
différente [1].
La
lésion
initiale
est
la
macule
péribronchiolaire,
centrolo-
bulaire,
zone
pigmentée
noire
faite
de
macrophages
riches
en
poussières
de
charbon,
contenant
une
faible
quantité
de
col-
lagène
et
entourée
de
petites
zones
d’emphysème.
Dans
les
formes
compliquées
apparaissent
des
masses
noires
et
amorphes
d’anthracose
avec
du
collagène
en
périphérie.
Ces
masses
peuvent
évoluer
vers
la
nécrose
et
la
cavitation.
Forme
simple
La
radiographie
des
formes
simples
de
PMC
est
faite
de
petits
nodules
de
1
à
5
mm
dont
les
contours
sont
souvent
moins
bien
définis
que
dans
la
silicose.
La
TDM
HR
peut
montrer
de
petits
nodules
non
visibles
sur
la
radiographie [13].
En
TDM
HR,
les
petits
nodules
sont
diffus
mais
prédominent
dans
les
régions
supérieures
et
postérieures.
À
l’échelle
du
lobule
pulmonaire
secondaire,
ils
sont
centrolobulaires
et
sous-pleuraux.
Ces
nodules
sous-pleuraux
peuvent
confluer
en
pseudoplaques
lorsqu’ils
sont
nombreux [14].
Des
adénomégalies
hilaires
et
médiastinales
sont
parfois
présentes.
Forme
compliquée
Elle
est
caractérisée
par
des
masses
de
fibrose,
ovales
et
entourées
parfois
d’emphysème
paracicatriciel.
Celui-ci
semble
moins
important
que
dans
la
silicose.
Ces
masses
s’accompagnent
d’une
distorsion
de
l’architecture
pulmo-
naire.
Elles
contiennent
des
calcifications
dans
25
%
des
cas
et
des
zones
de
nécrose
avec
ou
sans
cavitation
dans
30
%
des
cas [13].
Chez
ces
patients,
le
diagnostic
différentiel
entre
masse
de
fibrose
progressive
et
cancer
du
poumon
peut
être
difficile
en
scanner.
L’imagerie
par
résonance
magnétique
(IRM)
a
un
intérêt
majeur
:
toutes
les
masses
de
fibrose
sont
en
hyposignal
T2
alors
que
le
cancer
du
poumon
est
presque
toujours
en
signal
intermédiaire
ou
en
hypersignal
T2 [15].
Pneumoconioses
liées
aux
métaux
Les
pneumoconioses
liées
aux
poussières
et
aux
fumées
de
métaux
donnent
des
pathologies
variées
que
l’on
peut
classer
en
trois
groupes
de
sévérités
très
différentes
(Tableau
2)
:
les
métaux
durs
responsables
de
pneumonie
interstitielle
à
cel-
lules
géantes
et
de
fibrose
pulmonaire
;
EMC
-
Radiologie
et
imagerie
médicale
-
cardiovasculaire
-
thoracique
-
cervicale 3
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32-450-A-20 Imagerie
des
pneumoconioses
hors
amiante
Tableau
2.
Pathologie
des
atteintes
pulmonaires
dues
aux
métaux
(d’après
Kelleher [24]).
Cobalt
Béryllium
Cadmium
Aluminium
Fer
Mercure
Nickel
Pneumonie
à
cellules
géantes
++
Granulomes
sarcoid
like
+
++
+
Fibrose
interstitielle
+
+
++
++
+
Surcharge
macrophagique
++
Pneumonie
interstitielle
desquamative
+
+
Pneumonie
aiguë
(pneumonie
chimique,
œdème)
+
++
++
++
la
bérylliose
dont
la
pathologie
respiratoire
granulomateuse
est
liée
à
un
mécanisme
d’hypersensibilité
;
les
pneumoconioses
de
surcharge
par
exposition
à
des
particules
métalliques
inertes
comme
le
fer,
sans
retentissement
clinique
et
fonctionnel
sauf
lorsqu’elles
sont
associées
à
d’autres
parti-
cules
plus
nocives.
Nous
ne
traitons
pas
les
pneumonies
chimiques
qui
peuvent
être
observées
par
exemple
avec
le
mercure,
le
cadmium
et
le
nickel.
Pneumoconiose
aux
métaux
durs
Il
s’agit
de
pneumoconioses
provoquées
par
l’exposition
à
des
poussières
de
métaux
durs
:
principalement
carbure
fritté
de
tungs-
tène
généralement
associé
au
cobalt
qui
sert
de
liant
(le
frittage
est
une
opération
métallurgique
qui
consiste
à
mélanger
une
poudre
de
carbure
avec
le
liant,
le
plus
souvent
le
cobalt,
sous
haute
pres-
sion
et
haute
température).
Ils
servent
à
fabriquer
des
outils
très
résistants
du
fait
de
leur
dureté.
L’exposition
aux
poussières
de
cobalt
seul
peut
également
être
pathogène.
L’aspect
le
plus
caractéristique
de
la
pneumoconiose
aux
métaux
durs
est
la
pneumonie
interstitielle
à
cellules
géantes [16],
mais
d’autres
aspects
ont
été
décrits
:
bronchiolite
oblitérante,
pneumopathie
d’hypersensibilité [17],
pneumonie
interstitielle
desquamative,
fibrose
interstitielle
diffuse
de
type
pneumopathie
interstitielle
commune
et
fibrose
des
lobes
supérieurs [18] sans
que
l’on
connaisse
les
liens
entre
ces
différentes
affections
qui
pour
certaines
correspondent
peut-être
à
des
stades
évolutifs
différents
d’une
même
maladie.
La
pneumonie
interstitielle
à
cellules
géantes
est
la
mieux
décrite.
La
radiographie
thoracique
montre
généralement
des
foyers
de
«
verre
dépoli
»
et
des
opacités
réticulées
des
lobes
inférieurs,
plus
rarement
des
opacités
réticulonodulaires
et
des
condensations [19].
La
TDM
HR
montre
des
foyers
de
«
verre
dépoli
»
et
des
micronodules
centrolobulaires,
des
opacités
réti-
culées,
des
opacités
linéaires
curvilignes
sous-pleurales,
des
bulles
sous-pleurales
et
des
bronchectasies
par
traction [18,
19].
Les
foyers
de
«
verre
dépoli
»
et
les
réticulations
sont
les
anomalies
les
plus
fréquentes [16].
Un
«
rayon
de
miel
»
peut
apparaître
dans
les
formes
évoluées.
Les
stades
précoces
sont
réversibles
mais
ce
n’est
plus
le
cas
des
formes
évoluées.
Les
pneumoconioses
aux
métaux
durs
exposent
au
risque
de
cancer
du
poumon [20].
Bérylliose
(Tableau
3)
Le
béryllium
reste
largement
utilisé
dans
l’industrie.
Les
pro-
fessions
les
plus
exposées
sont
la
fabrication
d’alliages,
l’industrie
nucléaire,
électronique
et
aéronautique.
L’exposition
au
béryllium
entraîne
un
risque
de
bérylliose
pulmonaire
chronique,
surtout
chez
les
sujets
ayant
une
prédisposition
génétique.
La
présence
d’une
inflammation
granulomateuse
du
poumon
et
un
test
de
prolifération
lymphocytaire
positif
en
présence
de
béryllium
sont
la
clé
du
diagnostic [21].
La
biopsie
pulmonaire
met
en
évidence
des
granulomes
identiques
à
ceux
de
la
sarcoïdose.
La
cortico-
thérapie
est
indiquée
lorsqu’il
y
a
des
anomalies
fonctionnelles
significatives.
L’imagerie
est
très
proche
de
celle
de
la
sarcoïdose.
Dans
une
série
de
28
patients
ayant
une
bérylliose
prouvée,
15
(54
%)
Tableau
3.
Signes
tomodensitométriques
(TDM)
de
la
bérylliose
pulmonaire
chronique.
Forme
habituelle
Forme
avancée
TDM
normale
(25
%)
Opacités
linéaires
et
réticulées
Micronodules
Bronchectasies
par
traction
Lignes
septales
Cavités
en
«
rayon
de
miel
»
Épaississement
des
parois
bronchiques
Masses
de
fibrose
«
Verre
dépoli
»
Kystes
Adénomégalies
avaient
des
anomalies
radiographiques
et
21
(75
%)
au
moins
une
anomalie
en
TDM
attribuable
à
la
bérylliose [22].
Dans
cette
même
série,
il
y
avait
en
TDM
des
micronodules
chez
16
patients
(57
%),
des
lignes
septales
chez
14
(50
%),
un
épaississement
des
parois
bronchiques
chez
13
(46
%),
des
zones
de
«
verre
dépoli
»
chez
neuf
patients
(32
%)
(Fig.
4A,
B,
5A,
6A),
des
adénopathies
médiastinales
et/ou
hilaires
chez
11
patients
(39
%).
L’intensité
des
anomalies
radiologiques,
du
«verre
dépoli
»en
particulier,
est
corrélée
à
la
gravité
clinique [23] (Fig.
6A).
Dans
les
formes
avancées,
une
fibrose
apparaît
sous
forme
d’opacités
linéaires
et
réticulées
(Fig.
5B),
principalement
dans
la
périphérie
des
lobes
inférieurs
(Fig.
6B).
Parfois
il
s’agit
de
bron-
chectasies
par
traction,
d’un
«
rayon
de
miel
»
ou
de
masses
de
fibrose [22],
voire
de
kystes
sous-pleuraux
ou
non.
L’aluminium
et
le
cobalt
peuvent
également
être
responsables
de
granulomatose
et
de
fibrose
(Tableau
1)[24].
Pneumoconioses
de
surcharge
par
exposition
à
des
particules
métalliques
inertes
ou
non
métalliques
Les
pneumoconioses
de
surcharge
sont
observées
après
l’inhalation
de
particules
inertes
métalliques
:
fer,
étain,
titane,
baryum,
ou
non
métalliques
:
antimoine,
charbon
pur.
La
mieux
connue
est
la
sidérose.
Ces
pneumoconioses
sont
caractérisées
par
des
anomalies
radio-
logiques.
La
sidérose
pure
est
due
à
l’exposition
à
des
particules
de
fer
ou
à
des
fumées
d’oxyde
de
fer.
Elle
touche
surtout
les
soudeurs
à
l’arc.
Elle
n’entraîne
généralement
pas
de
perturbation
fonction-
nelle,
ni
de
fibrose
pulmonaire,
sauf
lorsque
le
fer
inhalé
est
associé
à
la
silice
(silicosidérose).
Néanmoins,
chez
certains
patients,
la
sidérose
peut
entraîner
des
signes
cliniques
et
des
perturbations
fonctionnelles [24].
Dans
la
sidérose
pure,
les
anomalies
radiographiques
sont
des
micronodules
prédominant
dans
les
régions
moyennes
et
péri-
hilaires [2].
Ils
sont
réversibles
à
l’arrêt
de
l’exposition.
La
TDM
HR
montre
des
micronodules
centrolobulaires,
peu
denses,
mal
définis
avec
ou
sans
petites
opacités
linéaires
branchées
et
plus
rarement
des
plages
de
«
verre
dépoli
»[25,
26].
Talcoses
Le
talc
est
un
silicate
de
magnésium
hydraté.
Il
a
de
mul-
tiples
usages,
en
particulier
dans
l’industrie
des
cosmétiques
4EMC
-
Radiologie
et
imagerie
médicale
-
cardiovasculaire
-
thoracique
-
cervicale
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Imagerie
des
pneumoconioses
hors
amiante 32-450-A-20
A B
Figure
4.
Bérylliose
pulmonaire
chronique.
A.
Radiographie
de
thorax.
Adénomégalies
hilaires
bilatérales
et
augmentation
modérée
de
la
densité
pulmonaire.
B.
Coupe
TDM.
«
Verre
dépoli
»
diffus
hétéro-
gène
associé
à
des
micronodules
lymphatiques
et
à
de
rares
lignes
septales.
AB
Figure
5.
Bérylliose
pulmonaire
chronique.
A.
Coupe
TDM
en
juillet
2006.
Foyers
de
condensations
alvéolaires
et
de
«
verre
dépoli
»
multifocaux.
B.
Coupe
TDM
en
janvier
2008.
Rétraction
des
lobes
supérieurs
avec
opacités
linéaires
et
bron-
chectasies
par
traction
prédominant
à
droite,
témoignant
d’une
fibrose
telle
qu’on
peut
la
voir
dans
les
sarcoïdoses
fibreuses.
AB
Figure
6.
Bérylliose
pulmonaire
chronique.
A.
Coupe
TDM
en
octobre
1993.
«Verre
dépoli
»
dense
et
étendu
prédominant
dans
les
lobes
infé-
rieurs.
B.
Coupe
TDM
en
juillet
2004.
Évolution
fibreuse
avec
réticulations,
cavités
en
«
rayon
de
miel
»
et
diminution
de
volume
du
lobe
inférieur
droit.
et
du
caoutchouc.
Les
talcosilicoses
et
les
talcoasbestoses
ont
une
présentation
qui
dépend
surtout
du
minéral
associé.
Nous
n’envisageons
que
les
talcoses
pures.
L’exposition
au
talc
peut
se
faire
par
inhalation
ou
par
voie
veineuse
chez
les
usa-
gers
de
drogues [27].
Le
talc
inhalé
ou
injecté
est
responsable
d’inflammation
granulomateuse
non
nécrosante
qui
conduit
à
des
masses
de
fibrose
progressive [28].
La
radiographie
thoracique
montre
des
petits
nodules
dissé-
minés
sans
prédominance
topographique
et
de
grandes
opacités
formées
par
la
coalescence
des
petits
nodules.
Les
grandes
opa-
cités
ont
plus
nettement
tendance
à
progresser
que
les
petits
nodules [29].
Dans
la
série
d’Akira [29] de
talcose
par
inhalation,
la
TDM
HR
mettait
en
évidence
comme
anomalie
prédominante
des
micro-
nodules
centrolobulaires
de
1
à
2
mm
chez
12
des
14
patients.
Dans
dix
cas,
il
n’y
avait
pas
de
prédominance
zonale.
Des
opa-
cités
plus
volumineuses,
de
plus
de
1
cm
de
diamètre,
étaient
présentes
dans
neuf
cas.
Les
autres
principales
anomalies
étaient
des
lignes
septales
(dix
cas),
des
lignes
sous-pleurales
(neuf
cas),
du
«
verre
dépoli
»
(huit
cas),
des
plaques
pleurales
calcifiées
ou
non
(sept
cas).
Huit
patients
avaient
des
adénomégalies
modérées.
Des
anomalies
identiques
ont
été
trouvées
dans
la
série
de
Ferreira [30].
La
talcose
par
voie
intraveineuse
est
le
plus
souvent
due
à
l’auto-
injection
par
les
drogués
de
méthylphénidate
(Ritaline®).
Ward [31]
a
rapporté
12
cas
de
talcose
dont
sept
liés
à
la
Ritaline®et
cinq
à
d’autres
drogues.
En
TDM
HR,
des
micronodules
diffus,
très
fins,
de
moins
de
1
mm,
étaient
présents
dans
cinq
cas
et
chez
trois
d’entre
eux
il
y
avait
aussi
des
masses
des
lobes
supérieurs.
Il
y
avait
des
opacités
en
«
verre
dépoli
»
dans
deux
cas
et
un
emphysème
panlobulaire
chez
six
des
sept
patients
drogués
à
la
Ritaline®.
Cette
fréquence
d’un
emphysème
panlobulaire
ressem-
blant
à
celui
du
déficit
en
alpha-1-antitrypsine
avec
la
Ritaline®
avait
déjà
été
observée
par
Stern [32].
Il
y
a
d’autres
silicatoses
plus
rares
que
la
talcose
comme
la
kaolinose
ou
la
schistose
(maladie
des
ardoisiers).
Pneumoconiose
du
prothésiste
dentaire
La
fabrication
de
prothèses
dentaires
expose
le
technicien
à
l’inhalation
de
poussières
diverses
et
souvent
associées
:
silice,
métaux
durs,
alliages
métalliques
et
résines
acryliques.
La
silice
et
les
alliages
métalliques
à
base
de
chrome,
cobalt
et
molybdène
sont
le
plus
souvent
responsables
de
pneumoconioses
avec
une
prévalence
proche
de
11
%
en
France [33].
Les
pneumopathies
d’hypersensibilité
sont
liées
à
diverses
substances
:
méthacrylates
EMC
-
Radiologie
et
imagerie
médicale
-
cardiovasculaire
-
thoracique
-
cervicale 5
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