Cancers de la thyroïde : Épidémiologie, Diagnostic et Traitement

Telechargé par Oussama TALAH
CHAPITRE
9
Cancers de lathyroïde
C.DoCao
Lescarcinomesthyroïdiensépithéliaux de souche folli-
culairereprésententlatrèsgrande majoritédestumeurs
thyroïdiennes.Ilssedistinguentparfréquencedécrois-
santeencarcinomesbien différencs(papillairesetvési-
culaires),peudifférencsetanaplasiques.Lâge avancé,
le caractèrepeudifrencié de latumeur,une maladie
invasivesontlestroisprincipaux facteurs de mauvaispro-
nostic.Lescancers médullairesveloppésàpartirdes
cellulesCreprésententenviron 5à8%destumeurs thy-
roïdiennes.Onlesdépisteparle dosage de lacalcitonine
etparune enquêterigoureusedanslesfamillesporteuses
d’une prédisposition génétique. Lesautrestumeurs mali-
gnes(lymphomes,tastasesintrathyroïdiennes)sont
beaucoupplus rares.
Plus de 80%desmaladesatteints de cancerthyroï-
dien développentdesvartéshistologiquesbien diffé-
renciéesdévolution lentequeguéritlachirurgie. Une
faible minoritéprésentedesformesdélétères,responsa-
blesde récidiveslocorégionalesoudévolution métasta-
tiqueganglionnaire,pulmonaireetosseuse. Lesmalades
non guérispeuventcontinueràrecevoirdestraitements
radiométaboliques,êtreréopérés,etplus récemmentêtre
inclus dansdesétudesévaluantdestrapiesmoléculai-
resciblées.La priseencharge despatients atteints de can-
cers thyroïdiensfaitappel àdescompétencesmultiples
(chirurgien,radiologue,médecin nucaire,endocrino-
logue,etc.). Lemédecin généralisteest particulièrement
impliquédansleur reconnaissance,etparticipe àlasur-
veillanceoncologique.
Épidémiologie etétiopathogénie
descancers thyroïdiens[1-3]
Lincidencedescancers thyroïdiensaaugmentéaucours
desdeux dernièrescennies,en raison d’une meilleure
tection échographiqueethistopathologiquedesformes
infracliniques.Environ 5000 nouveaux casde cancers
de lathyroïde sontcouverts annuellementen France.
Ilssonttroisfoisplus fréquents chezlafemme quechez
lhomme. Parallèlement,lamortalitéliée aucancerthy-
roïdien restestable,estimée à400 cèsparanenFrance.
Lescancers de lathyroïde ne sontdoncpassiraresmais
sontgénéralementde bon pronostic.
Leseulfacteur de risquereconnuest lexposition aux
rayonsionisantsnotammentchezlenfant.Laugmentation
durisquedecancerexistepour une irradiation de la
région cervicale surieureà100 mGy,surtout avant
lâge de 15 ans.Lescancers thyroïdiensradio-induits
sontde type papillaire. Aprèslexplosion de lacentrale de
Tchernobylen1986,il napasétéétabli en Francedesur-
risquedecancerde lathyroïde lié àlaccidentnucaire.
Laugmentation régulièredunombredecancers thyroï-
diensconstatée danslaplupart despays occidentaux est
attribuée àune amélioration despratiquesdiagnostiques.
Linfluencedesfacteurs environnementaux comme
celle desfacteurs hormonaux etreproductifschezla
femme restedébattue. La charge en iode danslalimenta-
tion pourraitavoirunimpactsur ladistribution desvarié-
téshistologiques:lacarenceeniode semble favoriserla
survenuedecancers folliculaires,tandisquelescancers
papillairessontplus fréquents danslesrégionsàrégime
alimentairerichementiodé.
Eninteraction avecdautresévénements oncogéniques,
desfacteurs génétiquespourraientfavoriserlasurvenuede
cancers thyroïdiens.Lesgènescandidats en cours détude
sontimpliquésdanslarégulation ducycle cellulaire,les
voiesde signalisation kinase-dépendante,lesvoiesde
réparation de lADN, le métabolisme deshormonesthyroï-
diennes.Lestumeurs thyroïdiennesbénignesetmalignes
(cancerpapillaire) ontétéassociéesàlapolyposeadéno-
mateusefamiliale (gène APC)etàlamaladie de Cowden
(gène PTEN). Certainsréarrangements somatiquesdu
gène RET ( REarranged during Transfection)favorisent
lescancers papillaires,tandisquelesmutationsgerminales
dumême gène setraduisentparlaconstitution de tumeurs
endocrinesmultiplesdontle cancermédullairethyroïdien.
Cinq pour centdescancers papillairessurviennentchez
plusieurs membresd’une même famille. Certainessitua-
tionssuggèrentune coïncidence:patients âs,goitres
multinodulaires,microcarcinomespapillaires.Dautres
atteintesfamilialesrevêtentuncaractèregénétiquege
de survenueprécoce,stade évoluéducarcinome papillaire,
plurifocalitédessions,transmission verticale descas.
Cytologie etanatomopathologie
thyroïdienne [4,5]
Cytologie thyroïdienne etprédiction
de malignité
Chezle patienteuthyroïdien,on recommande dexplo-
rerparcytologie lesnodulesthyroïdienstissulairesde
plus de 1cm,sipossible aucours d’unexamen écho-
graphique. Leslimitesde lalecturecytologiquesont
léchantillonnage inadéquatetlestumeurs folliculaires.
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72 Pathologies
Lesperformancesdiagnostiquesdépendentautantde
lexriencedupraticien ponctionneur quedecelle du
cytologisteinterprétantlesétalements.Lecancerpapil-
lairepeut êtrereconnugrâceaux anomaliesnucaires
caractéristiques.Leserreurs parexcèssontrares.Encas
de cytologie évoquantune tumeur thyroïdienne follicu-
laire,le risquedecancerest de lordrede20-30 %. Si
létude cytologique—quiaconcerutalementcel-
lulairedequalité—est rassurante,le risquedemécon-
naîtreuncancerest modeste,atteignantseulement2%
danscertainesséries.
Examen extempora
Lanalyseextemporanée peropératoirepeut êtrepriseen
défaut etconnaîtrelamalignitéenprésencede:cancer
vésiculaireàinvasion minime,cancerpapillaireàvariante
vésiculaire,goitresplurinodulairesvolumineux,micro-
carcinomespapillaires.
Classification anatomopathologique
descancers thyroïdiens
Onutiliselaclassification destumeurs de lathyroïde
réactualisée en 2004[5](tableau9-1).
Lescancers papillairesreprésententplus de 80%des
tumeurs thyroïdiennes.Ilssonten règle générale de très
bon pronosticcardévolution lenteetcouverts àun
stade précoce. Cest le casdumicrocancerpapillairede
lathyroïde,défini parune taille de moinsde 10mm,dont
lesétudesautopsiquesontrévélé qu’il pouvaitconcerner
jusqu’à36 %desadultes.Macroscopiquement,lescarci-
nomespapillairesseprésententsous laforme de nodule
blanchâtreinfiltrantouencapsulé. Histologiquement,ils
sontcaractérisésparune architecturepapillaireetdéfinis
parlareconnaissancedecellulestumoralesaux noyaux
clarifiés,rainurés,présentantdeschevauchements,des
inclusions(fig. 9-1). Parfois,le diagnosticpeut êtresug-
réenamontde lexamen histopathologiquedevant
desprésentationséchographiquesetcytologiquesévo-
catrices:foyers de microcalcificationsausein d’un
nodule hypoéchogène maldélimité,adénopathie kysti-
que,anomaliesnucairescaractéristiquesslexamen
cytologique.
Lâge moyen de survenueducancerpapillaireest de
45 ans.Ilest volontiers multifocal,bilatéral,lymphophile
etdonne desadénopathiescervicalesetmédiastinalesdans
30 à80%descas.La présenced’unenvahissementgan-
glionnairenemodifie paslasurvie globale maisaccrt
le risqueultérieur de rechutelocale. Destastasespul-
monairessous laforme de miliairesoude micronodules
surviennentdans5à10%descas.Denombreux variants
ducancerpapillairesontcrits.Lesformeshistologi-
quesde moinsbon pronosticsontlescancers papillaires
TABLEAU 9-1
Tumeurs thyroïdiennesmalignesde lathyroïde selon laclassification de l’OMS (2004).
Tumeurs épithélialesCarcinome vésiculaireCarcinome vésiculaireàinvasion minime
Carcinome vésiculairelargementinvasif
Carcinome vésiculaireàcellulesclaires
Carcinome vésiculaireoncocytaire
Carcinome papillaireMicrocarcinome papillaire
Carcinome papillaireàforme vésiculaire
Carcinome papillaireàcelluleshautes
Carcinome papillairescrosantdiffus
Carcinome papillaireoncocytaire
Carcinome peudifférencCarcinome insulaire
Carcinome trabéculo-vésiculaire
Carcinome indifférencié ouanaplasique
Carcinome médullaireSporadique
Familial
Mixtes,papillo-vésiculairesetmédullaires
Autrestumeurs épithélialesThymome
Tératome
Carcinome épidermoïde
Carcinome muco-épidermoïde
Tumeurs non épithélialesLymphomes
Sarcomes
Paragangliome
MétastasesintrathyroïdiennesMélanome
Adénocarcinome rénal
Adénocarcinome mammaire
Adénocarcinome pulmonaire
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Cancers de lathyroïde 73
oncocytaires,àcelluleshautes,etscrosants diffus plutôt
juvéniles.
Lescancers vésiculaires(oufolliculaires,danslalit-
tératureanglo-saxonne) sontresponsablesde 10à15 %
descasde cancers thyroïdiensdifférencs.La malignité
est affirmée parlaprésencedinvasion de lacapsule
tumorale et/oulexistencedembolesvasculairesou
lymphatiques.Cescritèresne peuventêtreapprécsà
lexamen cytologique,doùlesincertitudesdansleur
reconnaissancepréopératoire. Ilest descasoùon ne peut
trancherentrecarcinome ettumeur bénigne,on parle
alors dadénome vésiculairatypiquou«àpronostic
indéterminé».
Lecancervésiculairesurvientplus tard,vers lâge de
50ansen moyenne. Sa diffusion sefaitparvoie hémato-
gène (métastasespulmonaires,osseuses,cérébrales). On
distinguelecarcinome vésiculaireencapsuàinvasion
minime ducarcinome vésiculairefranchementinvasif de
pronosticplus réservé. Lesparticularitésducarcinome
vésiculaireoncocytairedoiventêtresoulignées:il peut
récidiverlocalementsur le mode ganglionnaireetdonner
destastasesviscérales,il est inaccessible autraitement
radio-isotopique.
Lescancers peudifférencsreprésentent5à7%des
carcinomesthyroïdiens.Ilssontreconnus comme une
entitépathologiqueàpart entredufaitde leur pro-
nosticintermédiaireentrelesformesbien différenciées
etindifférenciées.Cegroupe comprend notammentles
cancers insulairesettrabéculaires,darchitecturesolide,
microfollicullaire. Ilssontresponsablesd’une fréquence
élevée de récidivesetde métastases(64%). La morta-
litéliée aux cancers thyroïdienspeudifférencsest de
34%.
Lescancers anaplasiquesetleslymphomesthyroïdiens
seronttraitésrespectivementaux pages77et79.
Facteurs pronostiques
descancers thyroïdiens
différencsetstratification
en groupesàrisque[6-8]
Lesprincipaux facteurs de mauvaispronosticdescancers
thyroïdiensde souche folliculairesont:
1. lâge (< 16ans,>45ans);
2.lataille tumorale (> 4cm) ;
3.lextension extrathyroïdienne,lenvahissementgan-
glionnairemassif,laprésencedemétastases;
4. une histologie défavorable (cancerpapillaireàcellules
hautesouscrosantdiffus,cancervésiculairelargement
invasif,cancerpeudifférenc,canceroncocytaire);
5. lafixation dufluorodéoxyglucoseentomographie à
émission de positons;
6.une priseencharge inadaptée.
AB
C
Fig. 9.1. Aspects microscopiquesdescancers thyroïdiens
papillaire(a),folliculaire(b)etpeudifférencié (c).
Noyauclarifié avecinclusion intranucaire.
Æ
Embole tumoralvasculairedansunvaisseaude lacapsule
sionnelle.
o
Architecturesolide,microfolliculaire.
Imagesaimablementfourniesparle PrEmmanuelle Leteurtre,
anatomopathologie,CentreHospitalierde Lille.
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74Pathologies
Onutilisegénéralementlaclassification pTNM, établie
aprèslétude anatomopathologiqueetdéfinissantquatre
stadespronostiquestenantcompteduseuil de 45 ans[9]
(tableau9-2).
Dansle consensus françaisde priseencharge descan-
cers thyroïdiens,troisniveaux de risqueontétédéfinis[8]:
1. groupe àtrèsfaible risque(tumeur de moinsde 1cm,
unifocale,absencedeganglionsetde métastases
(T11cm,N0M0);
2.groupe àfaible risque(T1>1cmàT2N0M0);
3.groupe àhaut risque(T3-T4ouN1ouM1) ethistolo-
giesdéfavorables.
Lesgroupesàtrèsfaible risqueetàfaible risquerepré-
sentent70–80%descasde cancers thyroïdiensetcor-
respondentglobalementaux stadesIetII descancers
papillairesetvésiculairesàinvasion minime. La survie
à5ansest de 100 %. Lespatients àtrèsfaible risque
ontune survie identiqueàcelle de lapopulation géné-
rale. Même au-delàde 20 ansde suivi,lamortalitéliée
aucancerthyroïdien danscegroupe est limitée à1–2%.
Lesuiviprolongé pendant10à30 anssejustifie parla
possibilitéderechutestardives.
Legroupe àhaut risquecorrespond aux stadesIII etIV,
etaux variants histologiquespéjoratifs.Cegroupe repré-
sente20 %descancers thyroïdiens.Lerisquederechute
est de 4060 %etlamortalitéscifiqueà10ansest de
3060 %.
Priseencharge descancers
thyroïdiensdifférencs
papillairesetfolliculaires[8,10,11]
Mode de découverte
Uncancerthyroïdien peut êtresuspectéchezunsujet
consultantpour unnodule solitaireouungoitrenodu-
laire. Certainséléments doiventéveillerlattention et
faireconseillerune exploration cytologiquevoiredem-
blée une intervention :
examen clinique:nodule solitairechezunhomme,
consistanceferme ouindurée,contours irréguliers,
caractèredouloureux etde croissancerapide dunodule,
tuméfaction fixée aux plansprofonds,adénopathie(s)
homolatérale(s)aunodule,dysphonie parparalysie
récurrentielle;
examen échographique:nodule hypoéchogène,de
forme arrondie (épaissidansle diatreantéroposté-
rieur),de contours flous,vascularisation intranodulaire,
microcalcifications,adénopathieshomolatérales;
examen cytologique:suspectoumalin.
Deplus en plus,lescancers thyroïdienssontdiagnosti-
quéschezdessujets asymptomatiques.Ils’agittrèssou-
ventde cancers papillairesde petitetaille découverts dans
lapiècedethyroïdectomie totale pour goitremultinodu-
lairenormo ouhyperfonctionnel.
Évaluation préopératoire
Lévaluation préopératoirecomporteundosage de TSH,
de calcémie,une échographie cervicale,unexamen de
lamobilitédescordesvocales.Ledosage de calcitonine
segénéralise. Une ponction pour analysecytologiqueou
dosage de thyroglobuline dansle liquide de rinçage de
laiguille est pratiquée devantunnodule thyroïdien sus-
pectouune adénopathie caractérisée. La précision de
lévaluation préopératoirepermettrade guiderlacte
chirurgicalsilecancerparaîtinvasif :extension ganglion-
naireprésumée en échographie,scannercervicalvoire
endoscopie tracale ouœsophagienne.
Approche chirurgicale
Lesobjectifsdutraitementchirurgicalsont:
1. de réséquerlatumeur etdexplorerlesganglions;
2.dassimilerle malade àungroupe pronostiquedonné
selon laclassification TNM etlesconstatationspatho-
logiques;
3.denleverle maximumdetissu thyroïdien pour per-
mettreautraitementradio-ablatif àliode 131dêtre
efficace.
Lorsquelecanceraétésuspectéavantlintervention
(ouen peropératoireàlétude extemporanée),le traite-
mentchirurgicalrecommandé est lathyroïdectomie totale,
idéalementcomplétée d’uncurage ganglionnaireducom-
partimentcentral. Certaineséquipespratiquentégalement
TABLEAU 9-2
Classification TNM descancers
thyroïdienspapillaire,folliculaire
etmédullaire(UICC, 6 eédition).
T1
T2
T3
T4a
T4b
N1a
N1b
Nx
M0
M1
2cmintrathyroïdien
>2cmet4cmintrathyroïdien
>4cmouavecextension extrathyroïdienne
minime (muscle sternothyroïdien,tissus
mous rithyroïdiens)
Extension extrathyroïdienne (peau,larynx,
trachée,œsophage,nerfrécurrent)
Extension extrathyroïdienne (aponévrose
prévertébrale,vaisseaux médiastinaux,
artèrecarotidienne)
MétastaseniveauVI (prétracaux
etparatracaux)
Autrescompartiments (homo ou
controlatéral,bilatéral,médiastin surieur)
Évaluation ganglionnaireinsuffisante
Pasde métastase
Métastase
Stade Âge <45ansÂge >45ans
IM0T1N0M0
II M1T2N0M0
III T3N0M0
ouT1-3N1aM0
IV A:T4aouN1b
B:T4b
C:M1
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Cancers de lathyroïde 75
unprélèvementganglionnairedescompartiments laté-
raux,le long desaxesjugulo-carotidiens,pour réaliserun
curage latéralcompletsilanalyseextemporanée indique
unenvahissementganglionnaireàceniveau.La systéma-
tisation ducurage ganglionnaireest encorediscutée.
Siaucungesteganglionnairenaétéeffectué,il nest
pasutile de réopérerdansle seulbut dévaluerle statut
ganglionnaire. Letraitementradio-isotopiqueàveniret
leséchographiesde surveillanceultérieuresvontpermet-
tredes’assurerde labsencedadénopathiesoude dis-
cuterd’une deuxième cervicotomie siunenvahissement
ganglionnaireest éventuellementmisen évidence.
Demême il n’y apaslieude totalisersilathyroïdec-
tomie aétépartielle conduisantàlareconnaissanced’un
cancerpapillairedemoinsde 20 mm,sous réservedelin-
tégritééchographiqueduloberestant.
Lescomplicationsscifiquesde lachirurgie thyroï-
dienne sontlhypoparathyroïdie etlaparalysie récurren-
tielle dontle risqueest de 1à5%,fonction de lexrience
deséquipeschirurgicalesetde lextension tumorale. Une
dysphonie etune hypocalcémietransitoirespeuventsur-
venirplus fréquemment.
Traitementradiométabolique
Radio-ablation desreliquats thyroïdiens
Letraitementradiométaboliquevienten complément
de lathyroïdectomie totale. Ilaplusieurs buts :truire
tout tissu thyroïdien résiduel pour octroyeràlathyro-
globuline lavaleur de marqueur tumoral,traiterdéven-
tuelsfoyers tumoraux microoumacroscopiques,réaliser
le bilandextension parune cartographie corpsentier
deséventuelsfoyers captantliode. Ilnest pasrecom-
mandé pour destumeurs àtrèsfaible risquederechute
(pT1<1cmN0M0).
Cetraitementest administrésous laforme d’une gélule
diode 131(activitéde30 à100 mCi=3,7GBq) àingé-
reren une foischezunpatienten hypothyroïdieclinique
(TSH >30 mUI/L)ouayantreçudeux injectionsintra-
musculairesde TSH recombinantehumaine exogène
(thyrotropinealfa, Thyrogen )à24heuresdintervalle. En
effet,lélévation de laTSH augmentelecaptage sélectif
de liode parlescellulesthyroïdiennessainesettumora-
les.Liode 13metalors unrayonnementbquidétruit
sur 1à2mm le tissu avoisinant.Lhospitalisation en
chambreprotégée est cessairependant3à5jours.Pour
ne pascompromettrelefficacitédeliode 131,il faudra
éviterune contamination pardautrescomposants iodés
en amontdutraitement(amiodarone,agents de contraste
iodés,antiseptiquesiodés). Lechoixdesmodalitésde sti-
mulation de laTSH dépend ducentre,de létatgénéraldu
malade etdustade ducancer.Pour obtenirune élévation
de laTSH endogène àplus de 30 mUI/L, il faut inter-
romprependant3à4semaineslasubstitution parvo-
thyroxine,cequiimpliqueune période dhypothyroïdie
iatrogène parfoispénible àvivre. L’utilisation de larhTSH
en alternativeausevrage deshormonesthyroïdiennesest
possible chezlespatients àfaible risque. Lecoût de ce
progrèstrapeutiqueest àconfronteràléconomie des
arrêts de travail etaubénéficeentermesde qualitédevie
pour le malade.
Une imagerie scintigraphiqueducorpsentierest réa-
lisée 3à7jours aprèslingestion de lagélule diode.
Limage scintigraphiquepost-trapeutiquepermetde
visualiserune fixation cervicale antérieurecorrespondant
aureliquatthyroïdien sain captantliode quiseratruit
ultérieurement.Lintensitédelafixation dulitthyroïdien
est corrélée auvolume durésiduàtraiter.Siunreliquat
thyroïdien postopératoireest important,plusieurs traite-
ments utilisantdesactivitésfaibles(30 mCi) sontparfois
cessairespour éviterune réaction inflammatoirecervi-
cale excessive.
Danslagrande majoritédescas,lathyroïdectomie
totale aétécurative. Letraitementradiométaboliqueper-
metde vérifierlabsencedefixation anormale de liode
en dehors dulitthyroïdien etde basersur le dosage de la
thyroglobuline,lasurveillancecarcinologique.
Leseffets indésirablesde laradiotrapiemétabolique
interne sonttransitoiresetdintensitémodérée :nausées,
parotidite,modification dugoût,rarementxérostomie,
œdème cervicalsilereliquatest volumineux.Une hydra-
tation abondanteest conseillée,laréaction œdémateuse
cervicale répond àune corticotrapie orale courte.
Letraitementradiométaboliqueest contre-indiquéen
casde grossesse. Lerespectdesmesuresde radioprotec-
tion,expliquéesaumalade,est essentiel. Ildoitéviteren
particulierle contactde femmesenceintesoude trèsjeu-
nesenfants pendantlesquelquespremiers jours.
Traitementdestastasesfixant
l’iode 131[12]
Encasde maladie résiduelle,ladministration de liode
permetd’une part une cartographie desdifférentesloca-
lisationstumoralesavantde précisercesatteintespardes
moyensdimagerie adaptéschographie,scanner,radio-
graphiescentrées,scintigraphie osseuse,IRM dusquelette
axial) et,dautrepart,dindiquerlapoursuitedutraitement
pardesdosesitérativesdiode 131siledegrédefixation
de liode apparaîtsuffisant(fig. 9-2). Cependant,lorsque
cebilanisotopiquedécèle une ouplusieurs adénopathies
cervico-médiastinalespersistantes,cesdernièresdoivent
fairelobjetd’une exérèsechirurgicale.
Lestroisfacteurs prédictifsde lefficacitédutraite-
mentisotopiquesontlhistologie (79–93%defixation de
liode en casde tumeurs bien différenciéescontre54%de
fixation en casde tumeurs peudifférenciées),le jeune âge
(90%defixation destastaseschezdessujets de moins
de 40anscontre56%defixation au-delàde 40ans),la
faible taille destastases,en particulierpulmonaires.
Lespatients peuventêtretraitéstous les3–12mois
en fonction de lintensitédelafixation etduvolume de
maladie résiduelle àstériliser.Une disparition desfoyers
de fixation est observée chez43%despatients pour une
dosetotale de 100 à600 mCidiode 131(22 GBq). Chez
lespatients répondantautraitementisotopique,le taux de
survie à10ansest de 92%.
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