
Cancers de lathyroïde 75
unprélèvementganglionnairedescompartiments laté-
raux,le long desaxesjugulo-carotidiens,pour réaliserun
curage latéralcompletsil’analyseextemporanée indique
unenvahissementganglionnaireàceniveau.La systéma-
tisation ducurage ganglionnaireest encorediscutée.
Siaucungesteganglionnairen’aétéeffectué,il n’est
pasutile de réopérerdansle seulbut d’évaluerle statut
ganglionnaire. Letraitementradio-isotopiqueàveniret
leséchographiesde surveillanceultérieuresvontpermet-
tredes’assurerde l’absenced’adénopathiesoude dis-
cuterd’une deuxième cervicotomie siunenvahissement
ganglionnaireest éventuellementmisen évidence.
Demême il n’y apaslieude totalisersilathyroïdec-
tomie aétépartielle conduisantàlareconnaissanced’un
cancerpapillairedemoinsde 20 mm,sous réservedel’in-
tégritééchographiqueduloberestant.
Lescomplicationsspécifiquesde lachirurgie thyroï-
dienne sontl’hypoparathyroïdie etlaparalysie récurren-
tielle dontle risqueest de 1à5%,fonction de l’expérience
deséquipeschirurgicalesetde l’extension tumorale. Une
dysphonie etune hypocalcémietransitoirespeuventsur-
venirplus fréquemment.
Traitementradiométabolique
Radio-ablation desreliquats thyroïdiens
Letraitementradiométaboliquevienten complément
de lathyroïdectomie totale. Ilaplusieurs buts :détruire
tout tissu thyroïdien résiduel pour octroyeràlathyro-
globuline lavaleur de marqueur tumoral,traiterd’éven-
tuelsfoyers tumoraux microoumacroscopiques,réaliser
le biland’extension parune cartographie corpsentier
deséventuelsfoyers captantl’iode. Iln’est pasrecom-
mandé pour destumeurs àtrèsfaible risquederechute
(pT1<1cmN0M0).
Cetraitementest administrésous laforme d’une gélule
d’iode 131(activitéde30 à100 mCi=3,7GBq) àingé-
reren une foischezunpatienten hypothyroïdieclinique
(TSH >30 mUI/L)ouayantreçudeux injectionsintra-
musculairesde TSH recombinantehumaine exogène
(thyrotropinealfa, Thyrogen )à24heuresd’intervalle. En
effet,l’élévation de laTSH augmentelecaptage sélectif
de l’iode parlescellulesthyroïdiennessainesettumora-
les.L’iode 131émetalors unrayonnementbquidétruit
sur 1à2mm le tissu avoisinant.L’hospitalisation en
chambreprotégée est nécessairependant3à5jours.Pour
ne pascompromettrel’efficacitédel’iode 131,il faudra
éviterune contamination pard’autrescomposants iodés
en amontdutraitement(amiodarone,agents de contraste
iodés,antiseptiquesiodés). Lechoixdesmodalitésde sti-
mulation de laTSH dépend ducentre,de l’étatgénéraldu
malade etdustade ducancer.Pour obtenirune élévation
de laTSH endogène àplus de 30 mUI/L, il faut inter-
romprependant3à4semaineslasubstitution parlévo-
thyroxine,cequiimpliqueune période d’hypothyroïdie
iatrogène parfoispénible àvivre. L’utilisation de larhTSH
en alternativeausevrage deshormonesthyroïdiennesest
possible chezlespatients àfaible risque. Lecoût de ce
progrèsthérapeutiqueest àconfronteràl’économie des
arrêts de travail etaubénéficeentermesde qualitédevie
pour le malade.
Une imagerie scintigraphiqueducorpsentierest réa-
lisée 3à7jours aprèsl’ingestion de lagélule d’iode.
L’image scintigraphiquepost-thérapeutiquepermetde
visualiserune fixation cervicale antérieurecorrespondant
aureliquatthyroïdien sain captantl’iode quiseradétruit
ultérieurement.L’intensitédelafixation dulitthyroïdien
est corrélée auvolume durésiduàtraiter.Siunreliquat
thyroïdien postopératoireest important,plusieurs traite-
ments utilisantdesactivitésfaibles(30 mCi) sontparfois
nécessairespour éviterune réaction inflammatoirecervi-
cale excessive.
Danslagrande majoritédescas,lathyroïdectomie
totale aétécurative. Letraitementradiométaboliqueper-
metde vérifierl’absencedefixation anormale de l’iode
en dehors dulitthyroïdien etde basersur le dosage de la
thyroglobuline,lasurveillancecarcinologique.
Leseffets indésirablesde laradiothérapiemétabolique
interne sonttransitoiresetd’intensitémodérée :nausées,
parotidite,modification dugoût,rarementxérostomie,
œdème cervicalsilereliquatest volumineux.Une hydra-
tation abondanteest conseillée,laréaction œdémateuse
cervicale répond àune corticothérapie orale courte.
Letraitementradiométaboliqueest contre-indiquéen
casde grossesse. Lerespectdesmesuresde radioprotec-
tion,expliquéesaumalade,est essentiel. Ildoitéviteren
particulierle contactde femmesenceintesoude trèsjeu-
nesenfants pendantlesquelquespremiers jours.
Traitementdesmétastasesfixant
l’iode 131[12]
Encasde maladie résiduelle,l’administration de l’iode
permetd’une part une cartographie desdifférentesloca-
lisationstumoralesavantde précisercesatteintespardes
moyensd’imagerie adaptés(échographie,scanner,radio-
graphiescentrées,scintigraphie osseuse,IRM dusquelette
axial) et,d’autrepart,d’indiquerlapoursuitedutraitement
pardesdosesitérativesd’iode 131siledegrédefixation
de l’iode apparaîtsuffisant(fig. 9-2). Cependant,lorsque
cebilanisotopiquedécèle une ouplusieurs adénopathies
cervico-médiastinalespersistantes,cesdernièresdoivent
fairel’objetd’une exérèsechirurgicale.
Lestroisfacteurs prédictifsde l’efficacitédutraite-
mentisotopiquesontl’histologie (79–93%defixation de
l’iode en casde tumeurs bien différenciéescontre54%de
fixation en casde tumeurs peudifférenciées),le jeune âge
(90%defixation desmétastaseschezdessujets de moins
de 40anscontre56%defixation au-delàde 40ans),la
faible taille desmétastases,en particulierpulmonaires.
Lespatients peuventêtretraitéstous les3–12mois
en fonction de l’intensitédelafixation etduvolume de
maladie résiduelle àstériliser.Une disparition desfoyers
de fixation est observée chez43%despatients pour une
dosetotale de 100 à600 mCid’iode 131(22 GBq). Chez
lespatients répondantautraitementisotopique,le taux de
survie à10ansest de 92%.
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