La politique agricole en Côte d’Ivoire Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Cours de Politiques agricoles, Antoine Besson Janvier 2019 Filière agronomie Haute Ecole du paysage, de l’ingénierie et d’architecture (hepia-GE) Route de Presinge 150, 1254 Jussy Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles Table des matières 1. Introduction .................................................................................................................................... 3 1. Généralité ......................................................................................................................................... 3 2. Typologie des systèmes ............................................................................................................. 4 3. Productions principales et exportation .............................................................................. 4 4. Importations ................................................................................................................................... 5 5. Politique agricole .......................................................................................................................... 5 5.1. Droit de douane ..................................................................................................................... 6 5.2. Soutien interne ....................................................................................................................... 6 5.3. Formation et recherche ...................................................................................................... 7 6. Cacao .................................................................................................................................................. 7 7. Conclusion ....................................................................................................................................... 8 2 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles 1. Introduction Indépendante depuis 1960, la Côte d’Ivoire a traversé plusieurs années de crise militaro-politique, qui ont ralenti son développement1. En 2010, l’élection d'Alassane Ouattara signe l’entrée dans une période de paix et de relance économique. L’agriculture est une part importante du succès de la Côte d’Ivoire de ces dernières années : elle compte pour 20% de son PIB2, qui s’élève à 40.5 milliard de dollars en 2017.3 1. Généralité En 2017, la population de la Côte d’Ivoire est de l’ordre de 24 millions habitants4. 44.5% de ces habitants font partie de la population rurale. La démographie montre une augmentation stable. Depuis la seconde moitié du 20ème siècle, on observe une baisse de la proportion de la population dans les campagnes: 68 % de la population était rurale en 1975 contre 49.7% en 2014. Les jeunes, constituant la majorité de la population ivoirienne, sont attirés par le travail proposé dans les villes, qui se développent de plus en plus. La superficie du pays est de 32 250 000 ha, dont 20 600 000 ha sont des terres agricoles, constituées de 2 900 000 ha de terre arable, 4 500 000 ha de culture permanente et 13 200 000 ha de prairie permanente et de pâturage. Il y a 0.12 ha de terre arable/habitant, inférieur à la moyenne mondiale étant de 0,194 ha/hab5. La consommation en intrant est relativement instable, avec une légère tendance à l’augmentation depuis 2011. Elle est de 43’000 tonnes d’azote, 30’000 de phosphate, et 43’000 de potassium en 2014. Sans prendre en compte la surface des 1 2 http://www.fao.org/3/a-be840f.pdf http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=NV.AGR.TOTL.ZS&codePay s=CIV&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=2&codeStat2=x&codePays2=CIV&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=fr 3 http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=NY.GDP.MKTP.CD&codePa ys=CIV&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=2&codeStat2=x&codePays2=CIV&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=f r 4 5 http://www.fao.org/faostat/en/#data/OA https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/ag.lnd.arbl.ha.pc 3 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles prairies permanentes et pâturage, il y a 5,8 kg d’azote utilisés pas ha de surface agricole, contre 108 kg d’azote/ha en Suisse (tableau 1). Pour les producteurs de coton, il existe une subvention pour les intrants de 7 milliards de FCfa par année (équivalent à environ 2 millions de CHF). Azote Phosphate P2o5 Potassium K2o 43’000 tonnes 5,8 kg/ha 30’000 tonnes 4 kg/ha 43’000 tonnes 5,8 kg/ha CH: 47’000 tonnes 108 kg/ha CH: 14’000 tonnes 32 kg/ha CH: 18’000 tonnes 41 kg/ha Tableau 1 : consommation en intrants de l’année 2014 Selon la classification de Köppen-Geiger, la Côte d’Ivoire est caractérisée par 3 climats tropicaux différents: la majorité du pays est représentée par un climat de type savane tropicale. Au sud, ouest et est, il y a un climat de type mousson et pour finir à l'extrême sud ouest du pays une zone de climat équatoriale est présente.6 Les températures minimales et maximales se situent vers 19°C et 33°C. En moyenne, les précipitations sont de 1’550 mm par année. Les plus fortes pluies ont lieu d'avril à octobre : il y a entre 100 et 600 mm de précipitation en un mois7. 2. Typologie des systèmes Il existe 1 650 000 exploitation végétales en Côte d’Ivoire et 665 000 pratiquant l'élevage. En moyenne seul 5.6 % des chefs d’exploitation appartiennent à Organisation Professionnelle Agricole ou d'Élevage (OPA). Le niveau d’instruction des agriculteurs est très faible : 80 % des femmes et 65% des hommes n’ont reçu aucune éducation. Le monde agricole ivoirien est caractérisé par un problème de vieillissement de la population. La moyenne d'âge des paysans est d’environ 43 ans, par rapport à l’espérance de vie du pays qui est de 54 ans. Les exploitations de cultures végétales sont de taille relativement petite: 45.5% sont composés de 1 parcelle (une parcelle représente une surface de 4 hectares, ce terme n’est pas le même que celui communément utilisé). 3. Productions principales et exportation Actuellement, les principales exportations du pays sont le cacao, le café, l’anacarde, le coton, les fruits tropicaux (bananes, ananas, etc.), le manioc, le caoutchouc et le plastique. Les cultures agricoles destinées à l’exportation représentent 40% de la 6 7 https://www.hydrol-earth-syst-sci.net/11/1633/2007/hess-11-1633-2007.pdf https://fr.climate-data.org/afrique/cote-d-ivoire-134/ 4 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles production. En 2016, les exportations ont générés 10.3 milliards de dollars. Les importations ont quant à elles coûtées 8.15 milliards de dollars. Hors les produits d’exportations, le pays produit de grandes quantité d’aliments consommés par les habitants (igname, manioc, riz, plantains et maïs) (Tableau 2). Tableau 2 : Productions agricoles supérieur à 1 million de tonne Avec 35 % de la production mondiale, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Ce secteur représente 10% du PIB du pays. Ce pays est aussi le premier producteur d’anacarde, détenant 25% du marché mondial. Le caoutchouc est aussi une part importante de l’économie : 340 000 tonnes ont été produites en 20158. 4. Importations Jusqu’à aujourd’hui, les importations effectuées par la Côte d’Ivoire portent surtout sur le riz, les produits pharmaceutiques, les produits pétroliers, les machines et les véhicules9. En 2017, 1.3 millions de tonnes de riz ont été importées10. 5. Politique agricole En 1992, le plan directeur de développement agricole (PDDA) est mis en place pour donner un cadre de référence aux interventions de l’Etat11. Mis en place dans un environnement peu favorable, il n’atteint que partiellement ses objectifs et est remplacé une quinzaine d’année plus tard par la PNIA. 8 9 http://www.economiesafricaines.com/les-territoires/cote-d-ivoire/les-secteurs-d-activite/le-secteur-agricole https://www.waystocap.com/blog/fr/le-processus-dimportation-ivoirien/ 10 11 http://www.ondr.ci/statistique_importations.php L’agriculture de la Côte d’Ivoire à la loupe, Ducroquet, H. et al, 2017 5 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles Le Gouvernement de Côte d’Ivoire a adopté le Programme National d’investissement Agricole (PNIA) 2018-202512 (ainsi que le PRIA (Plan régional d’investissement agricole)) et le Plan National de Développement (PND) 2016-2020. Ces programmes sont élaborés en intégrant les principes d’une gestion axée sur les résultats et basée sur les droits humains et de genre13. Ces différents plans tentent de donner une structure à la politique agricole. Par exemple, les articles 55, 56, 65 et 75 de la Lois Ivoiriennes veulent : - Mettre en place une réserve de semences de prébase et de base - Prendre en charge les dégâts des catastrophes naturelles - Mettre en place des aménagements hydro-agricoles - Distribuer des intrants à moindre coût - Disposer d’engrais, de produits phytosanitaires et vétérinaire de qualité - Promouvoir la mécanisation 5.1. Droit de douane La procédure d’importation comme celle de l’exportation sont soumises à des conditions de formalités impliquant la déclaration en douane des produits. Pour cela, il faut fournir un certain nombres de documents issus de divers ministères et administration14. La Côte d’Ivoire fait partie des Membre de l’Union Économique et monétaire Ouest Africaine où il n’existe pas de droit de douane entre ses différents membres. Les produits importés entrent dans 5 catégories différentes ayant chacune des pourcentages de taxes spécifiques (Tableau 3)15. Catégorie 0 Catégorie I Catégorie II Catégorie III Catégorie IV 0% 5% 10% 20% 35% Tableau 3 : Pourcentage de taxes selon la catégorie du produit L’équipements et certains intrants particuliers entrent dans la catégorie I. La plupart des intrants entrent dans la catégorie II. 5.2. Soutien interne Le PNIA 2010-15 qui soutient le développement agricole, avec comme objectif la réduction de la pauvreté et la croissance du secteur agricole, se décline en sept programmes16: - Amélioration de la productivité et de la compétitivité des productions végétales, animales et halieutiques 12 13 14 15 16 http://www.agriculture.gouv.ci/uploads/3fe1443e914ded117bbe92e33c3c2923.pdf http://www.fao.org/3/a-be840f.pdf http://www.douanes.ci/?page=Infos.Dedouanement.dedouanement&rub=dedouanement https://www.objectif-import-export.fr/fr/marches-internationaux/fiche-pays/cote-d-ivoire/reglementations-douanes PNIA 2010-2015 6 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo - Politiques agricoles Développement des filières Amélioration de la gouvernance du secteur agricole Renforcement des capacités des parties prenantes au développement de l’agriculture Renforcement des activités de la filière pêche et aquaculture Gestion durable des productions animales Renforcement des activités de la filière bois et de la forêt. 5.3. Formation et recherche Le Ministère de l’Agriculture et du Développement rural à créé l’INFPA, l’institut national de formation professionnelle agricole. Les Pouvoirs publics ont fait une réforme dans le domaine de la recherche appliquée: ils ont regroupé, en 1998, les instituts IDEFOR, IDESSA et CIRT au sein d’une même entité, le Centre National de Recherche Agronomique de Côte d’Ivoire (CNRA)17. 6. Cacao Le Conseil du café et du cacao est l’organisme de gestion de ces 2 filières. C’est un lien entre le gouvernement et les producteurs, géré par un conseil constitué des 2 partis. Un système de prix garanti de 750 FCfa/kg (1.3 CHF/kg) est en place. Ce chiffre couvre le prix de production qui est de 680 FCfa/kg (1.2 CHF/kg). Le financement provient du gouvernement, mais est géré par le conseil. La Côte d’Ivoire a produit près de 2 034 000 tonnes de cacao sur une surface de 4.1 millions d’hectares. Le pays estime avoir exporté environ 725’000 tonnes en 2016. Ces dernières années, des grandes entreprises (Mars et Nestlé) ont financé le développement d’une nouvelle variété de cacao appelée Mercedes, un croisement plus résistant et productif. Le gouvernement les a ensuite distribués aux fermiers ivoiriens, engendrant une augmentation de la production. La variété classique de cacao produit environ 500 kg/ha, tandis que cette nouvelle variété a un rendement de 1500 kg/ha18. La demande n’a pas été assez forte pour absorber cette augmentation, ce qui s’est traduit par une chute des prix en 2016-17. Le Conseil de la Côte d’Ivoire a décidé de réduire sa production pour stabiliser les prix. La distribution de graines à haut rendement a été suspendue19. De plus, des mesures ont été prises cette année pour détruire des plantations infectées par la swollen shoot, une maladie qui a fait des ravages dans les cultures20. 17 18 19 20 L’agriculture de la Côte d’Ivoire à la loupe, Ducroquet, H. et al, 2017 http://lesivoiriensontdutalent.blogspot.com/2015/07/mercedes-le-cacao-au-rendement.html https://www.financialafrik.com/2018/03/13/la-cote-divoire-veut-reduire-sa-production-de-cacao/ https://afrique.latribune.fr/entreprises/agriculture/2018-01-23/cote-d-ivoire-destruction-de-100-000-hectares-de-cacaoyersinfectes-par-le-swollen-shoot-765736.html 7 Aurélie Membrez et Vladimir Redondo Politiques agricoles 7. Conclusion L’efficacité de la production de cacao a permis à la Côte d’Ivoire de développer son économie à la suite de son indépendance. Cependant, son agriculture, part importante de son PIB, présente plusieurs faiblesses : elle mise beaucoup sur le cacao, ce qui la rend vulnérable lors de baisse de la demande. De plus, la politique agricole manque d’applications réelles. De nombreux programmes tentent de donner une structure pour améliorer la production agricole, mais manque de mise en pratique. Il serait intéressant que ce pays vise l’autonomie alimentaire en renforçant sa production de riz. Elle a amorcé un changement en diversifiant ses cultures d’exportation : la production d’anacarde s’est par exemple développée. Comme l’économie de ce pays repose fortement sur l’exportation de produits agricole, il est nécessaire d’apporter une meilleure structure à sa politique agricole par le biais de subventions aidant les paysans. Pour ce faire, une plus grande transparence au budget agricole, ayant été victime de fraudes et détournements est capitale. 8