Nystagmus sans strabisme
7
115
Classification
du nystagmus
■ NYSTAGMUS D’ORIGINE
NON OCULAIRE
Il s’agit des nystagmus acquis, notamment les nystagmus neuro-
logiques, les nystagmus de cause ORL et les nystagmus vestibu-
laires. Il convient de les éliminer d’emblée.
Les nystagmus neurologiques sont à ressort et témoignent
d’une lésion des voies sensorielles vestibulaires périphériques,
au niveau de l’oreille interne, ou centrales, au niveau des centres
situés dans le tronc cérébral.
Le nystagmus vestibulaire périphérique de caractère horizontal
ou horizontal rotatoire s’accompagne de vertiges , de nausées et de
vomissements. Il peut être de cause variable, infectieuse, vasculaire
ou tumorale.
Le nystagmus vestibulaire central ne s’accompagne pas de mani-
festations auditives et peut s’observer dans toute lésion infectieuse,
inflammatoire, vasculaire ou tumorale touchant le tronc cérébral .
Enfin, le nystagmus peut se voir dans les séquelles de trauma-
tisme crânien.
Les nystagmus neurologiques représentent 20 % des causes
reconnues de nystagmus chez l’enfant (troubles neurologiques péri-
nataux, anoxie, hématome sous- dural, hydrocéphalie, kyste arach-
noïdien…) . Il convient de ce fait de pratiquer les explorations neu-
roradiologiques de façon systématique afin d’éliminer une tumeur à
l’origine de 1 % à 2 % des nystagmus congénitaux précoces .
■ NYSTAGMUS OCULAIRES
PRÉCOCES
Nous séparerons les nystagmus de l’enfant en deux
groupes
[1, 3, 5, 8, 7]
: les nystagmus congénitaux et les nystagmus
manifestes latents — qui, dans ce chapitre, font partie du diagnos-
tic différentiel car ils rentrent dans le strabisme précoce.
En effet, ils sont de mécanismes physiopathologiques et de prise
en charge chirurgicale différents.
NYSTAGMUS CONGÉNITAUX
Ils sont manifestes. Ils ont été divisés par Cogan en nystagmus
moteur sans lésion oculaire décelable et en nystagmus sensoriel
comportant des lésions bilatérales des milieux oculaires, de la
rétine maculaire ou des voies optiques
[1]
. Les nystagmus congéni-
taux ont plusieurs caractères cliniques communs :
– le mouvement nystagmique est variable : il peut être pen-
dulaire ou à ressort, il peut être horizontal, plus rarement vertical
et/ou rotatoire ;
– il peut s’atténuer en vision binoculaire ;
– il peut être unidirectionnel, battant toujours dans la même
direction quels que soient l’œil fixateur et la direction du regard,
ou bidirectionnel, battant à droite dans le regard à droite, à
gauche dans le regard à gauche
[7]
;
– la vision binoculaire normale n’est pas rompue dans la majo-
rité des cas ; lorsqu’un strabisme est surajouté, la vision binocu-
laire est le plus souvent anormale ou absente ;
– l’acuité visuelle est variable ; le sujet nystagmique recherche
une zone privilégiée d’accalmie de son nystagmus le plus souvent.
Les nystagmus oculaires congénitaux peuvent être schématique-
ment liés à (fig. 7-2) :
– un défaut ou un retard de fovéation avec défaut du déve-
loppement de la fixation centrale. C’est le nystagmus essentiel par
– dans un nystagmus unidirectionnel, elle sera à la fin de la
course de la dérive ;
– dans un nystagmus bidirectionnel, dans le champ central
du regard (dans ce cas, le sujet dispose d’une vision optimale
en position primaire) ;
– dans une zone excentrée du champ du regard (le sujet
prend alors une position de torticolis horizontal, vertical et/ou
torsionnel avec un avantage visuel au détriment de l’inconfort
de la position de la tête) ;
– dans deux zones excentrées du champ en regard, l’une
dans le regard à droite, l’autre dans le regard à gauche,
en vision rapprochée, ou parfois à la fois dans une zone
excentrée dans le champ du regard et en vision rappro-
chée ;
– à la mesure de l’acuité visuelle en vision monoculaire droite
et gauche et en vision binoculaire en position primaire de loin
et en position de lecture de près, en position de torticolis et à
son opposée. L’acuité visuelle est variable dans le nystagmus :
elle dépend de l’intensité du nystagmus, du type de nystagmus
et des signes associés ; elle peut ainsi atteindre 10/10 si le nys-
tagmus est moteur, mais dépasse rarement 2/10 ou 3/10 si le
nystagmus est sensoriel ;
– à l’étude de la binocularité et à la recherche de l’association
à un strabisme (il est important de connaître l’état de la correspon-
dance rétinienne pour différencier les patients à vision binoculaire
normale des autres).
■ EXAMENS INSTRUMENTAUX
Certains auteurs ont recours à l’optocinétique (tambour de Barany )
ou aux épreuves vestibulométriques, mais l’examen de choix reste
l’oculographie .
Grâce à un examen électro- oculographique cinétique ou
photo- oculographique, on peut objectiver et préciser les carac-
tères du mouvement nystagmique, le sens et la vitesse de la
phase lente et de la phase rapide, ses variations selon l’œil fixa-
teur en vision monoculaire et binoculaire et selon la direction
du regard. Ces examens confirment l’existence ou l’absence de
mécanismes de compensation, se traduisant par une ou plu-
sieurs zones de moindres mouvements appelées zones d’accal-
mie . Ils permettent de localiser ces zones dans le champ du
regard
[3, 8, 7]
.
■ TESTS PRISMATIQUES
PRÉOPÉRATOIRES
Ces tests
[5]
sont intéressants lorsqu’on a pu objectiver cliniquement
et/ou électro- oculographiquement une zone privilégiée et qu’on a
une stratégie opératoire destinée à transférer cette zone en posi-
tion primaire et/ou de l’élargir. Il conviendra alors de confirmer
l’apport présupposé de l’intervention projetée dans un torticolis
par un test prismatique préopératoire, en proposant au patient de
porter à l’essai ou le soir, sous forme de primes en press- on, la
valeur de la déviation mesurée permettant de redresser le tortico-
lis. On fera ainsi porter au patient muni de la correction exacte de
son amétropie :
– des prismes dont la base est placée des deux côtés dans la
direction du torticolis simple ;
– des prismes à base temporale lorsque le nystagmus s’atténue
en convergence.
Si le sujet diminue ou renonce à son torticolis et/ou si le nys-
tagmus est atténué, le pronostic opératoire est en règle générale
bon.