_________________________________________________________________________________________________________________ PILES À COMBUSTIBLE
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 340 − 3
■La f.é.m. de la pile
E
est égale à la différence des potentiels
d'électrode (indice « c » pour cathode et « a » pour anode), soit :
(5)
où chaque potentiel d'électrode est défini comme étant la différence
de potentiel (interne) à l'interface électrode/électrolyte correspon-
dante.
Pour une réaction électrochimique, symbolisée par
(où A et B sont les espèces réagissantes), le potentiel d'électrode
se calcule par la loi de Nernst, soit :
avec potentiel standard (mesuré par rapport à l’électrode
standard à hydrogène ESH, de potentiel d’électrode
nul à 25 °C, par définition),
a
A,
a
Bactivités de A et B,
R
constante molaire des gaz,
T
température thermodynamique.
1.2 Cinétiques réactionnelles
■En dehors de l'équilibre, c'est-à-dire lorsque la pile débite un
courant électrique d'intensité I non nulle, la f.é.m. de la pile
E
(I)
s'écarte de sa valeur à l'équilibre
E
eq =
E
(I = 0), soit :
(6)
Cela résulte des valeurs finies des vitesses des réactions électro-
chimiques (3) et (4) impliquées, ce qui se traduit par l'existence de
surtensions
η
, définies comme étant l'écart des potentiels d'élec-
trode à leur valeurs d'équilibre :
(7)
avec
η
a > 0 (oxydation du combustible) et :
(8)
avec
η
c < 0 (réduction du comburant).
EE
c
+
E
a
–
–=
Ane
–
+
B
⇔
E
AB⁄
E
AB⁄
0
RT
nF
--------
a
A
a
B
------
ln+=
E
AB⁄
0
E
I()
E
c
+I()
E
a
–I()–=
E
eq
<
η
a
E
a
–I()
E
eq
–
–=
η
c
E
c
+I()
E
eq
+I()–=
Historique des piles à combustible
La première pile à combustible fut découverte vers le milieu du
XIXe siècle par sir William Grove, juriste au Royaume-Uni de Sa
Majesté [1], [2]. Il s’agissait d’une pile hydrogène/oxygène en milieu
acide sulfurique dilué en contact avec des électrodes de platine pla-
tiné [1]. Grove construisit une batterie de 50 cellules élémentaires
capable de décomposer l’eau en hydrogène et oxygène [2]. Cepen-
dant, la puissance de la batterie était trop faible (quelques milliam-
pères par centimètre carré à 0,73 V) par suite de la faible surface de
contact entre gaz, électrolyte et électrodes. Il nota l’importance
d’une grande surface de contact.
A la fin du XIXe siècle (1895) la première pile à combustible de
puissance (1,5 kW) fut construite par W.W. Jacques [3]. Cette pile
charbon-air utilisait un électrolyte KOH fondu à 450 °C, une anode
consommable de coke (combustible) et une cathode à air en fer. Ses
performances étaient remarquables (100 mA/cm2 à 1 V), et elle était
déjà envisagée, à cette époque, pour un usage domestique ou pour
un véhicule électrique.
Mais ce n'est qu'à partir des années 1930 que les piles à combus-
tible devinrent crédibles, grâce aux travaux de l'ingénieur anglais
Francis T. Bacon, qui peut être considéré comme le pionnier de leur
développement industriel. En effet, les premiers travaux de Bacon à
Cambridge sur une pile à combustible hydrogène/oxygène en
milieu KOH aqueux (température de 80 à 200 °C, pression de gaz de
quelques atmosphères à 40 atmosphères, électrodes poreuses de
nickel et d'oxydes de nickel) [4], conduisirent à la réalisation en 1953
d'un premier prototype de puissance notable (quelques kilowatts
pour des densités de courant de 1 A/cm2 à 0,8 V). Cela démontra
l'intérêt de ces sources d'énergie pour la production d'électricité
dans des applications nécessitant une grande densité massique
d'énergie et opérant en atmosphère confinée [5]. En particulier, le
programme spatial américain de la NASA (
National Aeronautics
and Space Administration
) conduisit, à la fin des années cinquante,
à une série de réalisations technologiques concernant des piles à
électrolyte polymère solide (SPEFC de General Electric), pour le pro-
gramme GEMINI, et, à partir des années soixante, à la fabrication de
piles alcalines de type Bacon par Pratt et Whitney (devenu United
Technologies Corporation), pour les missions lunaires APOLLO et
maintenant pour les navettes spatiales.
Parallèlement, Justi et Winsel, en Allemagne, développèrent des
piles alcalines (AFC) de quelques kilowatts, avec des électrodes de
nickel de Raney de grandes surfaces actives (électrodes à double
squelette ou DSK) [6], tandis que, aux États-Unis, H.K. Ihrig, chez
Allis-Chalmers Manufactoring Company, fabriqua une pile de 15 kW
pour tracteur électrique [7] et K.V. Kordesch, chez Union Carbide,
réalisa une pile alcaline de 6 kW qui, associée à des batteries
plomb/acide (puissance de 16 kW), alimenta une Austin A-40 à pro-
pulsion électrique [8]. Cette voiture, d'une autonomie de 300 km
pour 2 kg d'hydrogène embarqué dans des bouteilles sous pression
(poids total 82 kg), a effectivement fonctionné pendant 3 ans et
effectué plus de 16 000 km.
La réussite technologique de ces programmes encouragea un
grand nombre de recherches, principalement aux États-Unis, mais
aussi en Europe et au Japon, sur la mise au point de piles utilisant
aussi bien l'hydrogène que d'autres combustibles (hydrazine,
méthanol, hydrocarbures saturés...), en vue d'applications terres-
tres. Ainsi, le programme TARGET (
Team to Advance Research for
Gas Energy Transformation
), démarré en 1967 et impliquant les
compagnies électriques et les compagnies gazières américaines,
conduisit à la réalisation en 1977 d'une unité expérimentale de
1 MW (PC-19 Pilot Power Plant) et en 1983 d'une unité de 4,5 MW
(Mark-II) implantée au centre de New York (Manhattan). Ces unités,
fabriquées par Westhinghouse, d'une part, et United Technologies
Corporation, d'autre part, utilisent des piles à combustible hydro-
gène/air à acide phosphorique (PAFC) fonctionnant à près de 200 °C
sous 8 atmosphères. L'hydrogène peut être obtenu par reformage
de différents combustibles : charbon, gaz naturel, hydrocarbures
légers, naphta.
Par ailleurs, les piles à combustible à membrane échangeuse de
protons (PEMFC) connurent, à partir de 1987, un développement
spectaculaire, grâce notamment aux travaux de la compagnie cana-
dienne Ballard Power Systems [9]. Les caractéristiques remarqua-
bles des piles Ballard (32 kW en 1997 et 1 kW/kg et 0,8 kW/L pour la
pile Mk 7) permettent d'envisager le développement de véhicules
électriques alimentés par des piles à combustible hydrogène/air :
bus Ballard expérimentés à partir de 1991 prototypes de voitures
particulières équipés de PEMFC (Daimler-Chrysler, Toyota…).