Cahier de l’auto-immunité –médecine interne – Dr Khadija Moussayer
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nerveuses, soit approximativement le même nombre que celles de la moelle épinière (le
cerveau en contient une centaine de milliards).
Les neurones du SNE (système nerveux entérique) et le SNC (système nerveux central
: partie du système nerveux comprenant l'encéphale et la moelle spinale.) partagent
la même origine embryonnaire, des similarités fonctionnelles et chimiques : vingt
neurotransmetteurs ont été répertoriés dans le SNE (sérotonine, acétylcholine,
noradrénaline …). La sérotonine est produite à 95 % dans l’intestin. Le SNE est connecté
au système nerveux central via le nerf pneumogastrique qui joue un rôle fondamental
dans la régulation végétative (digestion, fréquence cardiaque…) ainsi que dans le contrôle
sensorimoteur du larynx, et donc de la phonation. Il véhicule un courant permanent de
messages entre le cerveau et l’intestin.
Il existe donc un axe intestin-cerveau qui contrôle les processus digestifs, le
comportement alimentaire, le système immunitaire gastro-intestinal et la réponse au
stress, à la douleur ou aux émotions. Ce SNE s’apparente au cerveau, souffrant parfois
des mêmes maux. Il est également capable de lui transmettre les siens en générant des
émotions. Le stress, ressenti au niveau du SNE, agit directement sur la muqueuse
intestinale et provoque la sécrétion de sérotonine. Le SNE serait aussi capable de se
souvenir et participerait à la phase de rêves pendant le sommeil en produisant également
de la sérotonine.
A contrario, le SNE peut être lésé lors de maladies qui touchent le cerveau comme la
maladie de Parkinson. Les lésions spécifiques observées dans les pathologies neuro-
génératives se retrouvent dans les neurones du SNE. Les substances chimiques neuro-
actives (antiparkinsoniennes, neuroleptiques …) agissent également au niveau du SNE,
provoquant ainsi de nombreuses manifestations digestives (troubles du transit, spasmes,
irritations …).
IV/ Barrière intestinale et maladies auto-immunes
La rupture de la barrière intestinale serait à l’origine des troubles auto-immuns par la mise
en relation d’un environnement perturbateur avec des gènes prédisposants. En cas
d’hyperperméabilité de la barrière intestinale, une entrée massive de molécules provenant
d’aliments mal digérés ou de substances xénobiotiques issues de l’alimentation ou de
prises médicamenteuses peut déclencher, selon le terrain génétique, des troubles auto-
immuns intestinaux et extra-intestinaux affectant la peau, les articulations, les tendons, les
muscles, la thyroïde, les poumons, le système nerveux…
Ce nouveau paradigme suggère que les processus d’auto-immunité sont susceptibles
d’être arrêtés si cette interaction est empêchée en rétablissant la fonction de la barrière
intestinale.
IV.1/ Le diabète de type 1
Des scientifiques ont comparé la composition et l’interaction du microbiote chez des
enfants développant des auto-anticorps spécifiques au diabète avec les mêmes données
chez des enfants en bonne santé. L’existence d’interactions, chez les diabétiques de type
1, entre leur microbiote et certains anticorps typiques du diabète des années avant même