Telechargé par Sofiani Mostfay

Tu veux une gifle

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- Tu veux une gifle ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que si tu me frappes, je te tuerai.
- Et pourquoi donc ?
- Parce qu'un homme qui me frappe est un homme qui ne mérite pas de vivre.
- Et quel droit tu auras de décider de ma mort ?
- Celui que tu m'auras donné quand tu m'auras giflé.
- Ca se tient.
- Oui. Tu veux me gifler ?
- Non, je ne veux plus.
- C'est heureux.
- Mais souviens-toi que je ne voulais pas te frapper, je te le proposais. Tu avais le choix.
- Oui, et j'ai choisi que tu ne me gifles pas.
- Non, tu m'as averti que dans le cas où je te giflerais, tu aurais à me tuer. Tu as en quelque
sorte accepter sous condition. Pourquoi ne pas avoir simplement refusé ? Je crois que tu
étais tenté que je te gifle. Et par là, de me tuer.
- Peut-être.
- Dans ce cas, je suis perplexe. Est-ce le droit de mort sur moi qui te tentait ou était-ce la
douleur probable de la gifle ?
- Il faut que je réponde ?
- Oui.
- Je ne suis ni violent ni faible.
- La violence et la faiblesse s'opposent ?
- Pas forcément. Ca dépend.
- Explique-moi.
- Il y a des violents faibles et des faibles violents.
- Et toi tu es quoi ?
- Aucun des deux. Je ne demande rien à personne.
- Et pourtant tu as pensé à me tuer. C'est très violent.
- Oui, mais tu as été faible avant.
- Ah donc violence et faiblesse se complètent ?
- Non. Je ne te suis pas complémentaire et je n'ai pas besoin de toi.
- En principe. Mais dans le cas présent, il fallait bien que te je gifle pour que tu puisses me
tuer légitimement.
- Et si tu n'avais pas été là, je n'aurais eu à tuer personne. Tu es la cause de tout ça.
- Alors tu es ma conséquence ?
- Non, je ne dépends pas de toi, ni maintenant ni jamais.
- Il faut que tu choisisses, tu ne peux pas être rien.
- Si, regarde.
- Quoi ?
- Regarde-moi et regarde-toi : tu es là, moi aussi. Tu as pensé à me gifler, j'ai jugé que je
t'aurais tué pour ça. A part ça, il n'y a rien.
- Bon tu n'es pas violent. Mais faible ? L'es-tu ?
- Je te l'ai dit.
- Bien sûr, mais c'est aussi à moi de le décider. Et je juge que tu es faible.
- Pour quelles raisons ?
- Pour la raison unique que tu étais prêt à te faire battre pour pouvoir tuer ensuite. C'est
faible.
- Je n'étais pas prêt à cette gifle. J'en ai imaginé les suites, et t'ai averti des risques que tu
courais. Je trouve que j'ai été bon.
- Non, car si tu avais été vraiment fort, tu ne m'aurais pas laissé imaginer que je puisse
t'administrer cette gifle. - C'est justement là que tu te trompes. J'ai été suffisamment fort pour
te laisser l'opportunité de me frapper, en te prévenant du danger en conséquence. Je savais
que tu ne me toucherais pas.
- Tu le sais maintenant que c'est passé, mais au moment même, avoue que tu as bluffé.
- Je suis resté maître de mon esprit à tout moment.
- Je n'avais donc aucune chance ?
- Peu de chances en effet.
- Ca devrait m'anéantir, mais en fait je le savais.
- Oui, et ce dès le début.
- Oui, tu as raison.
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