- Tu veux une gifle ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que si tu me frappes, je te tuerai.
- Et pourquoi donc ?
- Parce qu'un homme qui me frappe est un homme qui ne mérite pas de vivre.
- Et quel droit tu auras de décider de ma mort ?
- Celui que tu m'auras donné quand tu m'auras giflé.
- Ca se tient.
- Oui. Tu veux me gifler ?
- Non, je ne veux plus.
- C'est heureux.
- Mais souviens-toi que je ne voulais pas te frapper, je te le proposais. Tu avais le choix.
- Oui, et j'ai choisi que tu ne me gifles pas.
- Non, tu m'as averti que dans le cas où je te giflerais, tu aurais à me tuer. Tu as en quelque
sorte accepter sous condition. Pourquoi ne pas avoir simplement refusé ? Je crois que tu
étais tenté que je te gifle. Et par là, de me tuer.
- Peut-être.
- Dans ce cas, je suis perplexe. Est-ce le droit de mort sur moi qui te tentait ou était-ce la
douleur probable de la gifle ?
- Il faut que je réponde ?
- Oui.
- Je ne suis ni violent ni faible.
- La violence et la faiblesse s'opposent ?
- Pas forcément. Ca dépend.
- Explique-moi.
- Il y a des violents faibles et des faibles violents.
- Et toi tu es quoi ?
- Aucun des deux. Je ne demande rien à personne.
- Et pourtant tu as pensé à me tuer. C'est très violent.
- Oui, mais tu as été faible avant.
- Ah donc violence et faiblesse se complètent ?
- Non. Je ne te suis pas complémentaire et je n'ai pas besoin de toi.
- En principe. Mais dans le cas présent, il fallait bien que te je gifle pour que tu puisses me
tuer légitimement.
- Et si tu n'avais pas été là, je n'aurais eu à tuer personne. Tu es la cause de tout ça.
- Alors tu es ma conséquence ?
- Non, je ne dépends pas de toi, ni maintenant ni jamais.
- Il faut que tu choisisses, tu ne peux pas être rien.
- Si, regarde.
- Quoi ?
- Regarde-moi et regarde-toi : tu es là, moi aussi. Tu as pensé à me gifler, j'ai jugé que je
t'aurais tué pour ça. A part ça, il n'y a rien.
- Bon tu n'es pas violent. Mais faible ? L'es-tu ?
- Je te l'ai dit.
- Bien sûr, mais c'est aussi à moi de le décider. Et je juge que tu es faible.
- Pour quelles raisons ?
- Pour la raison unique que tu étais prêt à te faire battre pour pouvoir tuer ensuite. C'est
faible.
- Je n'étais pas prêt à cette gifle. J'en ai imaginé les suites, et t'ai averti des risques que tu
courais. Je trouve que j'ai été bon.