Évaluation du dossier de soins Il était une fois, à l’hôpital Rothschild... Avant de définir ce qu’est l’évaluation du dossier de soins à l’hôpital Rothschild, examinons rapidement à quoi ressemblent les réactions des personnes face à l'évaluation. De façon générale, et en simplifiant un peu les choses, l’évaluation représente la mesure des écarts entre une situation observée et une situation de référence. L’ évaluation n’implique pas forcément un jugement de valeur. Elle doit sécuriser les personnels mais aussi l’institution en leur donnant des repères de progression et en mettant en évidence une équipe de professionnels efficients. Elle signifie : construire et se construire, évoluer et faire évoluer, progresser, s’impliquer et impliquer les autres, améliorer, adapter et s’adapter. Tout individu au travail ne peut se situer dans une approche qualité que si les conditions suivantes sont réunies : – avoir un sentiment de travail bien fait, c’est-à-dire pouvoir accomplir son travail dans des conditions matérielles, humaines, contextuelles compatibles avec une production de qualité et bénéficier d’un temps d’évaluation et d’observation fine du travail produit ; – percevoir la possibilité de développement et de progression : les perspectives d’une possibilité de carrière au sein de l’institution ne sont-elles pas un moteur déterminant de l’énergie positive au travail ? – connaître ses responsabilités face aux tâches confiées ; – évaluer les ressources humaines de l’hôpital et les faire prospérer par des conditions de travail permettant une reconnaissance sociale. Une évaluation permanente La force de l’évaluation est sa permanence. Plus elle est continue, plus elle est naturelle et inscrite dans les mœurs. Elle favorise chez chacun le développement de 14 l’esprit critique pour améliorer une situation. L’hôpital est aujourd’hui un gros navire qui affronte les tempêtes. Pour arriver à bon port, il lui faut faire régulièrement le point sur sa route. C’est ainsi qu’au lendemain de la mise en place des 35 heures, de la refonte du décret de compétences des infirmières et de la légalisation de l’accès du patient à son dossier médical, il nous a semblé incontournable de remanier les modalités de l’évaluation annuelle du dossier de soins à l’hôpital Rothschild. Selon nous, l’organisation des soins doit privilégier : – la coopération, l’efficacité, la qualité et la sécurité ; – la globalisation de la prise en charge du patient ; – une meilleure coordination entre les professionnels et les secteurs d’activités ; – la mobilité et la motivation des personnels ; – la communication entre les individus ; – la réaffirmation des valeurs et de l’éthique des professionnels au service de la santé et de l’individu. La tenue et l’évaluation du dossier de soins font partie intégrante de l’organisation hospitalière et, plus précisément, de l’organisation des soins. Il incombe aux infirmières de veiller à la cohérence des données recueillies dans le dossier de soins et de mentionner toutes les informations relatives au suivi du programme thérapeutique de chaque patient. De la même manière que les infirmières s’engagent professionnellement, les autres partenaires Professions Santé Infirmier Infirmière - No 47 - juin-juillet 2003 de santé ont le devoir de s’impliquer par le biais de l’écriture et de contribuer efficacement à la prise en charge globale du patient. Quelle que soit notre conviction au sein de la direction des soins, nous nous sommes appliqués, au préalable, à répondre sans ambiguïté aux questions posées par les professionnels entraînés dans la folle aventure de l’évaluation annuelle du dossier de soins. Pourquoi ? A quoi doit servir l’évaluation ou dans quels buts la fait-on ? • Amélioration de la qualité de l’intervention, en l’occurrence la tenue du dossier de soins. • Vérification de son utilité et de son efficience (la mise en place du logiciel Gilda en est la parfaite illustration). • Confirmation des choix politiques (Direction centrale du service de soins infirmiers). • Réponse à une contrainte institutionnelle (restructuration et reconversion de l’hôpital Rothschild). Quoi ? Que veut-on vérifier ? • L’efficacité : les améliorations des scores et les changements observés sont-ils dus à l’intervention précédente avec son panel de recommandations et d’observations en tous genres ? • L’efficience : quels coûts induits n’avait-on pas escomptés ? • La pertinence : par rapport aux besoins des usagers, des professionnels, de l’institution, des décideurs et de la communauté. Comment ? Que va-t-on exactement observer et les questions techniques ontelles été examinées de manière objective ? • Les outils de relevé sont fiables, validés et opérationnels (référen- Brèves... tiels émanant de la Direction centrale du service de soins infirmiers). • La population observée est suffisante et adéquate (évaluation sur échantillonnage de dossiers de patients sortis). • Les évaluateurs sont qualifiés (formation dispensée par le cadre expert en soins infirmiers de l’hôpital Rothschild avec supports pédagogiques remis aux évaluateurs). Pour qui ? Pour qui “roule” l’évaluateur ? • Déjà pour les protagonistes de l’évaluation eux-mêmes ! • Surtout pour les patients (contribution permanente à l’amélioration de la prestation globale de soins). • Pour les instances. • Pour la hiérarchie (Direction centrale du service de soins infirmiers). Alors, et après ? Comment est-il prévu d’utiliser les résultats ? • Recommandations. • Réduction des écarts. • Aide à la décision. • Soutien (formation adaptée si nécessaire). • Décisions. • Sanctions (impacts sur les points CIRES). La Direction centrale du service de soins infirmiers a ainsi soumis un projet de réaménagement des rôles dans l’évaluation du dossier de soins afin d’impliquer les personnels, principaux utilisateurs du dossier de soins, et également d’améliorer la qualité des prestations de soins dans leur intégralité. Les infirmières et les cadres infirmiers, évaluateurs tout désignés, ont eu en première intention une attitude de prudence, voire de méfiance. Il est vrai que, si certaines personnes ont exprimé des réserves, des hésitations face à cet état de fait, d’autres ont d’emblée accueilli favorablement le changement proposé. Les quelques résistances que nous avons pu ren- contrer s’inscrivaient totalement dans une logique de peur de l’inconnu, de rupture dans les habitudes, ce qui constitue, en soi, une mesure d’économie. Notre projet s’inscrit totalement dans notre philosophie de gestion intégrale de la qualité des soins. Afin d’apprécier l’accomplissement des objectifs que nous avons fixés en début de projet, nous avons évalué, et ce avec trois années d’expérience, la qualité des soins infirmiers par le biais de l’évaluation du dossier de soins. Nous espérons avoir transformé les contraintes en défis collectifs et favorisé les remises en question de chacun pour essayer de mieux faire. Nous nous félicitons des retombées de la démarche entreprise : – au niveau de la conception de la pratique infirmière ; – au niveau de notre implication dans la démarche qualité ; – au niveau de la responsabilisation des personnels ; – au niveau de notre stratégie de management (mode participatif, partenariat, volontariat, communication permanente avec les services de soins, utilisation des instances officielles, soutien de la direction de l’hôpital Rothschild, (AP-HP, Paris). Conclusion S’il est vrai que les infirmières cherchent des solutions pour obtenir une meilleure tenue de leurs dossiers, elles ne sont pas encore toutes intimement convaincues que l’évaluation annuelle du dossier de soins leur ouvrira une voie royale dans l’identification des points de difficulté et qu’elle leur permettra d’en rechercher les causes pour y remédier. L’engagement et l’implication des personnels constitueront des composantes fondamentales et un gage de réussite de l’action projetée. Muriel Nauche Cadre supérieur infirmier ; expert en soins, Hôpitaux récompensés La Fondation Hôpitaux de ParisHôpitaux de France et son jury ont attribué trois prix aux hôpitaux de Jeumont, Rennes et Quimper. Ces prix récompensent les établissements hospitaliers français qui se sont mobilisés dans le cadre de l’opération “+ de vie” 2002, campagne nationale de solidarité en faveur des personnes âgées hospitalisées qui s’est déroulée du 1er au 26 octobre 2002. Pour les hôpitaux qui ont manqué l’opération 2003 en n’envoyant pas les dossiers de candidature à temps, rendezvous en octobre prochain pour la 7e édition de l’opération “+ de vie”. (Contact : C. Moreau. Téléphone : 01 40 27 19 29). Exportations de médicaments à bas prix Les Quinze de l’Union européenne (UE), ont adopté récemment un mécanisme destiné à favoriser les exportations de médicaments à prix réduits vers les pays pauvres en empêchant leur réimportation illégale dans l’UE. Le système prévoit notamment l’apposition d’un logo spécifique sur ces médicaments pour que les douanes des pays membres puissent empêcher leur retour dans l’UE. Les médicaments visés par ce système concernent pour l’instant le sida, la tuberculose et le paludisme. Mais la liste pourrait être étendue ultérieurement. Cette initiative de l’UE est distincte du débat actuel mené au sein de l’Organisation mondiale du commerce. CMU en Guyane Le nombre de bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) en Guyane était d’environ 50 000 en décembre 2002, soit un tiers de la population légale (156 790 habitants), un chiffre dépassant de loin les prévisions, selon des données recueillies par l’AFP. Les chiffres montrent une progression importante : 8 000 bénéficiaires de plus par rapport à décembre 2001, où ils étaient 42 000 (source Medhermes). hôpital Rothschild (AP-HP). Professions Santé Infirmier Infirmière - No 47 - juin-juillet 2003 15