c o a c h i n g Le coaching médical Regard sur : notre surmenage professionnel ■ I. Moley-Massol* LE COACH – développe le potentiel de l’individu et l’aide à améliorer ses performances professionnelles tout en affirmant sa singularité ; – permet à chacun d’élaborer la propre solution à son problème ; – accompagne vers le changement et l’adaptabilité et développe l’autonomie. POUR QUOI FAIRE ? – aider à voir plus clair, prendre du recul, s’adapter aux changements, – gérer ses émotions, son stress, son temps, ses conflits, – changements de postes, – projet de carrière, – performance dans sa fonction, – problèmes relationnels au travail, d’isolement, d’incompréhension, de débordement, – problèmes de motivation au travail, – identité au travail, sensation de dévalorisation, de non-reconnaissance, – sensation d’usure, d’épuisement... EN PRATIQUE – entretiens individuels de 1 à 2 heures, – définition précise de l’objectif à atteindre et du délai pour y parvenir, – confidentialité. * Coach, docteur en médecine, diplômée de psychologie médicale, mastère HEC, membre adhérent de la Société française de coaching. [email protected] 48 QU’EST-CE QUE LE COACHING ? Comme un certain nombre de mots anglais importés dans notre langue, coaching a une origine française, puisqu’il vient du mot coche, le carrosse. Au départ, le coach était chargé d’entraîner des sportifs de haut niveau, puis son champ d’action s’est élargi en France, au sein des entreprises, vers l’accompagnement d’une certaine élite dirigeante, dans le but d’améliorer la performance de ces managers, et de développer leurs compétences et leurs ressources, pour eux-mêmes, mais aussi pour toute leur équipe. Aujourd’hui, le rôle des coachs ces nouveaux “cochers”, déborde largement du cadre des grands dirigeants d’entreprise et concerne de plus en plus d’individus en difficulté ou en interrogation professionnelle. Le coach est un guide, un accompagnateur, un interlocuteur privilégié qui aide une personne en demande à prendre du recul pour une analyse plus claire de sa situation professionnelle et la verbalisation de ses émotions. Il lui permet de trouver la propre solution à son problème, de s’autonomiser et de redonner du sens à sa fonction. Le coach responsabilise la personne dans la recherche d’une nouvelle voie de solutions et dans la mise en œuvre de méthodes et de comportements nouveaux. Il ne s’agit pas de transformer l’individu, mais d’agir au mieux avec ce que l’on est. Ni conseiller, ni mentor, il aide la personne à se définir non pas seulement comme un homme ou une femme de solutions, mais comme un être de ressources. Ni “psy”, ni “gourou”, le coach travaille sur la base d’un contrat qui définit clairement l’objectif à atteindre (en général un seul objectif ) et le cadre précis du travail à réaliser pour y parvenir : entretiens individuels, nombre, durée et fréquence des séances... Le coach ne se substitue pas à un “psy”, dans la mesure où il ne traite pas des troubles psychiques, ne pose pas de diagnostic clinique et ne conduit pas de psychothérapie. Il existe différentes formes de coaching individuel : ✓ le soutien, où la personne traverse une période plus ou moins difficile et où elle va rechercher un lieu de parole, sans fixer d’objectifs très précis ; ✓ la gestion de crise, où une décision doit être rapidement prise ; ✓ la recherche de performance, où le coaching s’inscrit dans un cadre très opérationnel. Dans tous les cas, il s’agit, pour la personne coachée, de reconsidérer ses croyances, ses valeurs et éventuellement ses systèmes de représentations, et de se construire, potentiellement, une identité nouvelle d’homme ou de femme de ressources, tout en préservant sa singularité. POUR EN SAVOIR PLUS ... ❏ Lenhardt V. Les responsables porteurs de sens, culture et pratique du coaching. INSEP Editions, 1992. Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. I - n° 1 - octobre-novembre-décembre 2003 Le coaching médical Regard sur : notre surmenage professionnel LE COACHING DES MÉDECINS : UN ACCOMPAGNEMENT QUI POURRAIT BIEN PRENDRE UNE PLACE DE CHOIX “Médecins, victimes du burn-out ?” © Correspondances en médecine 2002 ; III (1) : 60-1. Près de la moitié des médecins libéraux sont victimes d’épuisement comme l’indique une récente enquête menée par l’Union régionale de Bourgogne. Le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental. Il se manifeste par une grande fatigue et un sentiment de découragement et d’isolement. Cet état est toujours causé par un excès de tensions émotionnelles. Il est le résultat d’un engagement intense et soutenu dans des situations émotionnellement exigeantes. Un tel engagement se rencontre fréquemment dans les professions d’aide, avec, en première ligne, les soignants. Le médecin subit, aujourd’hui, un surcroît de pressions légales et administratives ainsi que de responsabilités qui aggravent sa charge professionnelle et son stress. L’isolement du médecin, qui affronte souvent de plein fouet la violence de la maladie et l’exigence grandissante des malades, s’accompagne parfois d’un sentiment d’incompréhension, de frustration et de non-reconnaissance de sa tâche et de son rôle. Le médecin peut ainsi se laisser enfermer dans un certain nombre de paradoxes. Plus il est en difficulté, moins il peut le montrer. Plus il est en situation de responsabilités, plus il est fantasmé par les autres et par lui-même. Descendre de sa position “haute” devient difficile et, même lorsqu’il le souhaite réellement, ou en éprouve le besoin, les patients acceptent difficilement le doute ou l’interrogation. C’est le paradoxe de la solitude : plus le médecin est seul et a besoin d’aide, plus il lui est difficile d’en demander. Ainsi, la question de l’aide à laquelle il a besoin d’avoir recours et celle de son équilibre deviennent primordiales. La souffrance du soignant est rarement reconnue, alors que ses sources de souffrance sont nombreuses. Faute d’être verbalisées, elles peuvent aboutir à des états dépressifs. La fatigue, le stress, le doute frappent de plus en plus de praticiens, avec leur cortège de perceptions négatives, telles que la culpabilité, l’impuissance et la démotivation. Un grand nombre de médecins expriment le besoin de prendre du recul par rapport à leur exercice, à la vision qu’ils en ont et à l’évolution de la médecine et de la relation au patient. Le coaching est une des réponses possibles pour le médecin d’aujourd’hui. Le coaching peut l’aider à retrouver le souffle nécessaire à une meilleure compréhension de son métier et de sa relation aux patients. Cette démarche peut lui permettre de mobiliser ses ressources, d’optimiser ses compétences, de dépasser certaines difficultés comme l’annonce d’une mauvaise nouvelle ou un problème de communication avec un patient difficile, de mieux gérer son stress et son temps et de fixer les limites de son investissement, sans culpabilité. Libéré d’un certain nombre de contraintes, le praticien se rend plus disponible pour le malade et plus réceptif à sa demande. Il lui devient alors plus facile de décrypter une demande de soins qui s’exprime parfois au-delà des symptômes. Il est peut-être temps de reconnaître enfin que le médecin, comme tout soignant, a lui aussi besoin d’être aidé, écouté, entendu et accompagné pour que ce métier, souvent choisi avec passion redevienne un lieu privilégié pour son épanouissement. Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. I - n° 1 - octobre-novembre-décembre 2003 49