us c u o c s Fo ocuFs ocus F F Valoriser les outils de prévention existants Michel Erlich * Depuis de nombreuses années, on constate une prolifération de l’offre d’outils de prévention. Sur les quatre dernières années, la base de données de Toxibase qui recense les outils de prévention, en a “ rentré” plus de 400 divers et variés. C’est dire l’importance de la production dans ce domaine… Derrière cette profusion, il faut voir le dynamisme des acteurs de prévention souvent convaincus qu’il suffit d’un bon outil pour faire une bonne prévention. Mais il faut voir aussi l’expression du débat sur la drogue et de l’affrontement idéologique que celui-ci suscite. Encore et toujours ! Comment y voir clair, quel ménage faire dans cette production prolifique ? Depuis le 13 janvier 2000, la commission de validation des outils de prévention de la MILDT s’est livrée à un important travail de “screening” de ces outils : 100 d’entre eux ont été examinés et 46 validés. Vous en trouverez la liste dans la “Fiche”. Préliminaire, flash-back : à cette question, le premier Forum des outils de prévention, “Les cités européennes face à la drogue”, qui s’était tenu à l’initiative de FIRST (Formation information recherches sida, toxicomanies) en janvier 1990 au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg, avait tenté d’apporter un début de réponse en cherchant à mieux comprendre comment se construisent les discours, les images, les représentations à propos des toxicomanies. Faisant suite à cet événement, le ministère de la Jeunesse et des Sports a tenu à promouvoir une collaboration entre une quinzaine d’associations et d’institutions concernées par les usages de drogues, avec le soutien de la Délégation générale à la lutte contre la drogue et la toxicomanie, avec pour objectif la réalisation d’un fichier national des outils pédagogiques destinés à la prévention des toxicomanies. * Chargé de mission prévention MILDT, secrétariat permanent de la Commission de validation des outils de prévention. michel.erlich @mildt.premier-ministre.gouv.fr Tél. : 01 44 63 21 04. Fax : 01 44 63 21 02. MILDT : 7, rue Saint-Georges 75009 Paris. Ce fut l’initiative “ Jalons”. Il s’agissait, non seulement de répertorier les outils existants, mais aussi de proposer aux utilisateurs une appréciation critique susceptible de guider leur choix face à la prolifération de l’offre. Afin d’analyser les outils recensés de la façon la plus rigoureuse et la plus cohérente possible, il fallait en passer par une étape indispensable : celle de l’élaboration d’une pensée commune qui devait pouvoir être assumée “par chacun des membres des groupes de travail et permettre de définir ensemble des critères pour l’analyse des outils” (Jalons, 1992). La commission de validation des outils En 2000, La Mission de lutte contre la drogue et la toxicomanie innove en créant la Commission de validation des outils de prévention des usages des produits psychoactifs. Composée de représentants des administrations membres du Comité interministériel de la MILDT, et d’experts scientifiques du champ de la connaissance 79 des comportements des jeunes, des conduites de consommation de produits psycho-actifs et de la pédagogie de la prévention, ses objectifs en étaient : d’apporter un soutien technique aux concepteurs de projets ; de garantir la fiabilité des contenus et une plus grande cohérence des messages de prévention ; de constituer, à l’échelon national, une banque de données accessible à tous. Elle se prononce en fonction de critères partagés par tous ses membres portant sur l’exactitude des données, le respect des personnes et des lois, la qualité scientifique, pédagogique et technique, l’adéquation entre le public visé et l’outil lui-même. Un consensus, s’appuyant sur le questionnement et le dialogue, est recherché au sein de la Commission. Pour guider les experts dans l’examen des outils, une grille de validation dont les critères ont été mis au point avec l’appui de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) a été élaborée. La Commission délivre un avis qui décide de la validation. Pour saisir la Commission de validation des outils de prévention, la procédure est simple. Il faut prendre contact avec le Secrétariat permanent de la Commission et adresser un courrier au président de la MILDT demandant l’examen de l’outil. L’outil sera ensuite examiné par plusieurs experts qui rendront leurs conclusions lors de la session de la Commission qui se tient environ tous les deux mois. Le bilan d’étape La Commission de validation des outils de prévention des usages de substances psychactives a tenu 15 séances de travail depuis son installation le 13 janvier 2000. Plus de 100 outils de prévention d’origines et de conceptions très diverses ont été examinés. 46 outils ont été validés par la Commission (voir liste jointe, Fiche). La MILDT publie sur son site l’ensemble des outils proposés à la validation. L’assiduité des membres de la Commission traduit l’intérêt que chacun trouve à cette procédure de validation. La Commission est un observatoire privilégié des actions de prévention menées sur le territoire qui a l’ambition de servir de référence à la production d’outils en recommandant au niveau national des outils validés. us c u o c s Fo ocuFs ocus F F diffusion. Dans ces conditions, pourquoi “labelliser” un outil que les acteurs de prévention ne trouveront pas sur le marché ? Des nouveaux outils ? oui mais Pour réaliser son propre outil de prévention, surtout si l’on veut impliquer des financements publics, il faut s’entourer d’un certain nombre de précautions, car une telle “entreprise” nécessite des connaissances et des savoir-faire multiples: connaissance des sujets et des ressources, des ressorts de prévention, maîtrise des techniques de communication et de graphisme… Si la création d’un outil peut être l’occasion de mobiliser les acteurs de prévention locaux autour d’un objectif commun, un certain nombre de questions doivent cependant être posées au préalable. Par exemple, il convient de s’assurer que l’outil projeté n’a pas déjà été réalisé par d’autres, peut- Nos athlètes manqueraient-ils à ce point de souffle ? Brèv Brèv s Brèv es èv es r B s e e Toutefois, cette volonté d’aider les concepteurs à améliorer leurs produits ne va pas sans créer certaines difficultés. Annoncer qu’un outil n’a pas été validé risque de produire un effet de “démobilisation” chez ses promoteurs. Pourtant, tous les outils présentés n’ont pas vocation à devenir “des outils nationaux”. Ils sont souvent la valorisation ou l’aboutissement d’actions de prévention la plupart du temps menées avec un groupe de jeunes, mais ne sont pas pour autant “exportables”, généralisables. La démarche de prévention peut être tout à fait digne d’intérêt, mais au final, la production faite ne prendre sens que pour le groupe qui en est l’auteur. D’autres outils, ont peut être des qualités plus “universelles”, mais ils n’ont pas mis en œuvre les moyens techniques voulus et ne sont pas parvenus à atteindre les objectifs que leurs concepteurs s’étaient fixés. D’autres, enfin, n’ont pu bénéficier que de moyens financiers réduits et ne pourront donc pas garantir une large Souvenir : 60 % des athlètes des jeux de Lillehammer étaient en possession d’une prescription de salbutamol, de salméterol, de formotérol ou de terbutaline, sous forme inhalée, la seule autorisée pour prévenir et traiter les crises d’asthme de repos et d’effort ! Même “épidémie” d’asthme, ces derniers temps, chez les pratiquants à bon niveau du cyclisme, de la natation, du triathlon, de l’athlétisme… C’est ce que l’on appelle (ne pas) manquer de souffle ! Il faut dire que les bêta-2 agonistes, bronchodilatateurs utilisés dans le traitement de cette forme d’asthme, sont aussi des agents stimulants et anabolisants, et comme tels consommés comme agents dopants. Or, pour départager ce qui ressort de la prescription médicale justifiée de l’alibi thérapeutique à des fins de dopage, il faudrait aujourd’hui disposer de nouvelles méthodes de dépistage. Pour le moment, la méthode la plus couramment employée est la chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, mais d’autres sont actuellement à l’étude qui devraient permettre de statuer sur la nature de la prescription destinée à une utilisation licite (par inhalation) ou frauduleuse (en fortes doses ou par voie orale). Marquis A, Marquet P (Limoges). La Lettre du Pharmacologue 2003 ; 17, n°1 : 10-3. Les hormones de croissance sont loin d’être anodines Les sportifs, surtout ceux qui exercent un sport où la performance est corrélée de façon significative à la masse musculaire, recherchent l’hormone de croissance (hGH) parce qu’elle a des effets anabolisants et lipolytiques, qu’elle augmente la résistance des tendons à l’effort, qu’elle favorise la diminution du temps de récupération en réduisant le catabolisme protidique. Appartenant à la classe E (hormones peptidiques, substances mimétiques et analogues) des substances interdites par le code antidopage du mouvement olympique et par le ministère de la Jeunesse et des Sports français, elle est facile d’emploi puisqu’elle s’administre par un stylo prêt pour l’auto-injection. Comme elle est actuellement non détectable dans le cadre des contrôles antidopage, elle fait l’objet d’un trafic à grande échelle. Or, loin d’être anodine, elle provoque des troubles de la glycorégulation, une élévation des acides gras libres, une rétention hydrosodée. Elle peut aussi être responsable d’une dysmorphie acrofaciale, faire “flamber” un cancer du sein et du côlon, provoquer, au point d’injection, des lipodystrophies. Brèv s Brè ves Quand on cherche, on peut trouver… la consommation initiale de stéroïdes anabolisants chez les jeunes hommes en traitement pour leur dépendance à l’alcool, à la cocaïne et aux opiacés. Dans cette étude qui a porté sur 223 hommes admis dans un service de traitement américain pour leur dépendance à l’alcool, à l’héroïne, à la cocaïne, 29 de ces patients, soit 13 % de l’ensemble, avaient bien pris des stéroïdes anabolisants mais cela n’avait été enregistré dans leur Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003 dossier médical que pour 4 d’entre eux. Parmi les 88 patients dont la drogue première était l’héroïne, 22 soit 25 % d’entre eux, reconnaissaient avoir pris des stéroïdes anabolisants contre 7, soit 5 % des 135 autres patients. Parmi ces 29 consommateurs de stéroïdes anabolisants, interviewés très précisément sur leur histoire, 7 héroïnomanes ont dit qu’ils avaient pour la première fois entendu parler de l’héroïne par des amis rencontrés au cours de leurs activités gymniques et qu’ils avaient d’ailleurs pu en acheter auprès de ceux qui leur avaient déjà vendu des stéroïdes anabolisants. Enfin, pour 7 de ces patients, les stéroïdes étaient les premières drogues qu’ils s’étaient injectées… Kanayama G et al. (Belmont), J Clin Psychiatry 2003 ; 64 : 156-60. e Le rôle de starter des stéroïdes anabolisants être avec plus de moyens. Il faut donc faire “un état des lieux” de l’existant et, pour cela, il ne faut pas hésiter à consulter les bases de données disponibles sur le sujet : CIRDD (Centre d’information et de ressources sur la drogue et les dépendances), base de données Toxibase, liste des outils validés par la MILDT, pédagothèque de l’INPES… Une fois cette première étape de “défrichage ” franchie, il faut ensuite “poser” et suivre une méthodologie rigoureuse. À noter : la “fiche d’identité producteur”, élaborée par la Commission de validation pour informer finement les experts sur les objectifs affichés par les producteurs d’outils, peut servir de repère méthodologique. Enfin, un point important est à souligner : il concerne la complémentarité entre prévention, information et communication. Si l’information est une des conditions nécessaires de la prévention, elle ne peut, en rien, se substituer à elle. 80 F.A.R.