le dopage, cancer du sport

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LE DOPAGE, CANCER DU
SPORT
Des témoins à charge
Selon le médecin anglo-saxon M.M. Gauthier, environ 80% de tous les cancers
sont liés à des causes environnementales et aux habitudes de vie. Par le biais d'une
alimentation saine et équilibrée, de l'abstention du tabac et d'une pratique sportive
régulière sans le soutien de la chimie, l'incidence de certaines tumeurs est
diminuée.
En revanche, une suractivité telle que la compétition de haut niveau l'impose,
ajoutée à l'utilisation de substances dopantes semble faciliter l’éclosion de certains
cancers.
Dans le Miroir des Sports du 25 juillet 1960, le docteur Robert Boncour alors médecin adjoint du Tour de
France cycliste, annonçait : « D'effroyables dangers menacent la vie du champion cobaye transformé en
champion-suicide. Notre inquiétude de médecins pénétrés de notre mission est immense. Car les
conséquences des manœuvres chimiques auxquelles sont soumis les sportifs en mal de rendement sont
parfaitement prévisibles.
Hormones anabolisantes et corticoïdes les plus dangereux
Les anciennes méthodes de doping déjà très nocives, utilisaient entre autres les amphétamines et
apparentés ainsi que la strychnine; le danger était au cœur, au foie, au rein, au système nerveux.
Dysfonctions neurovégétatives, hypertension, insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale parfois
mortelles, pénalisaient les fins de carrière précoces des abonnés de ces méthodes. Les nouveaux
produits issus des découvertes relativement récentes de la pharmacologie pathologique, utilisent les
hormones et les corticoïdes. S'il est permis de déterminer une hiérarchie dans les risques que toutes ces
méthodes comportent, et pour fixer les idées, ces dernières sont infiniment plus dangereuses. On peut
affirmer que l'emploi irrationnel d'hormone mâle et de corticoïdes divers, et j'insiste, comporte un
effroyable danger qui menace la vie même du coureur-cobaye dans un laps de temps impossible à
déterminer. »
Cette courageuse prise de position du praticien avait été provoquée par les révélations sur la préparation
biologique de Gastone Nencini, leader de la grande boucle 1960.
« Les deux bras reliés à un bocal »
Ce dernier, lors des soirs d'étape "les deux bras reliés à un bocal", se prêtait à une double perfusion de
sérum à base d'hormones mâles.
Lors de ce même Tour de France, sur l'initiative de Félix Lévitan, directeur-adjoint de la course, un débat,
réunissant les médecins présents sur le Tour et en particulier le docteur italien Enrico Peracino, médecin
traitant de Nencini, a eu lieu à Briançon, terme de l'étape de l'Izoard. Il s'agissait, pour tous les hommes de
l'art, d'examiner en commun certains problèmes notamment le cas du champion italien, relevant moins de
la technique médicale pure que de l'éthique de la médecine et des droits et devoirs des médecins dans les
questions de rendement d'un travailleur de force, comme l'est un athlète qui pratique le cyclisme sur route.
Le docteur Robert Boncour, médecin du Tour, exprimait sans détour les dangers de telles préparations
dont les conséquences cliniques à terme étaient inconnues : « Où en sera Nencini dans cinq ans, dans
dix ans ? Certains médicaments employés peuvent lui être extrêmement préjudiciables. »
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Et en plus il fumait…
« Vous prenez l’athlète pour un alambic »
Dans l'Aurore, Jean Leulliot avait recueilli les avertissements d'un autre médecin présent sur le Tour,
adressant cette mise en garde au docteur de Nencini : « Vous prenez un athlète pour un alambic. Vous
exagérez. L'abus de vos drogues est nocif et dangereux. Pour l'instant, le coureur les supporte, mais
pouvez-vous affirmer que, dans trois ou quatre ans, il ne sera pas victime des terribles effets de vos
soins ? »
Le médecin-chef du Tour, le docteur Pierre Dumas, lui aussi, commençait à s'inquiéter sérieusement de la
participation de la médecine à l'essor du dopage : « Ce qui est grave, c'est que les dopeurs, désormais,
sont les médecins... » De plus, comme ces deux confrères français, il dénonçait les conséquences, au
plan santé, de l'utilisation des potions récemment introduites dans le milieu athlétique : « Les nouvelles
méthodes de dopage utilisent les hormones mâles, les stéroïdes anabolisants et les corticoïdes. Leur
emploi irrationnel sur des sujets sains comporte une terrible menace, administrés de cette manière ces
produits sont cancérigènes. La médecine doit être prophylactique et non mortelle. »
« Votre maison de bois pour alimenter votre feu »
Gastone Nencini s'est éteint en 1980, emporté par un cancer un mois avant de fêter ses 50 ans. Il est
bien sûr difficile d'affirmer qu'il y a une relation de cause à effet, d'autant que le cancer n'a pas besoin
d'être stimulé pour provoquer la destruction de l'organisme. Mais les hormones mâles et la cortisone, pris
à doses continues, n'ont-ils pas des effets similaires. Un médecin, en parlant des terribles effets
secondaires de la cortisone a eu une comparaison judicieuse : « C'est un peu comme si vous utilisiez
votre maison de bois pour alimenter votre feu. Ainsi, un organisme affaibli, détruit par les drogues
développe plus facilement un cancer. »
SUBSTANCES DOPANTES
COMPLICATIONS CANCÉREUSES
Arsenic
-
Hormone de croissance (hGH)
-
Alcool
Anabolisants (stéroïdes et hormone mâle)
Cancers digestifs
Cancers du foie et de la prostate
Néphroblastome (cancer du rein)
Cancer arsenical (atteint la peau mais aussi
l’appareil pulmonaire et le foie)
Acanthosis nigricans (affection cutanée
d'origine cancéreuse)
Complications cancéreuses de quelques substances dopantes
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Nous avons sélectionné quelques témoins à charge
1959 - STRYCHNINE - Cyclisme : vingt ans de moins
Charles Pélissier, le benjamin de la dynastie Pélissier, est mort d'un cancer à l'âge de 56 ans. Avec
ses frères Henri et Francis, il fit trembler le monde cycliste pendant plus de 30 ans. Dans les
années 1930, au moment de son plein rendement au firmament du cyclisme professionnel, la
strychnine et la caféine étaient les stimulants les plus prisés.
Pierre Naudin, journaliste, écrivain et témoin de la carrière du plus jeune des Pélissier, dans son
ouvrage "La foire au muscle", consacré aux déviations du sport, affirme à son propos : "... Je suis
certain que le regretté Charles Pélissier aurait vécu vingt ans de plus s'il n'avait pas avalé tant de
boulettes de strychnine..." [Naudin P. .-La foire au muscle. - Paris, Les Edit. Français Réunis, 1961. -377 p (p 296)]
1970 - ANABOLISANTS - Athlétisme (poids) ; un lanceur tchécoslovaque victime 'un
cancer de la prostate
« Une pièce importante vient d'être versée au "dossier noir" des anabolisants qui peuvent
provoquer le cancer de la prostate. Un lanceur de poids tchécoslovaque, dont nous tairons le nom,
serait mort l'an passé d'un cancer de la prostate à 23 ans. Il avait réussi 18 m au poids. »
[L'Équipe, 04.06.1971]
1977 - ANABOLISANTS - Athlétisme (Pentathlon) : opérée d'une tumeur
« Eva Wilms était encore recordwoman du monde du pentathlon à l'approche de la finale de la
coupe d'Europe des épreuves combinées à Lille à la mi-septembre 1977, lorsqu'on apprit qu'en
raison d'un coup de froid elle ne viendrait pas avec l'équipe de RFA. A Lille, on le sait, le record du
monde de l'Allemande allait être battu par la Soviétique Nadyezhda Tkatchenko, 4 839 points
contre 4 823 points. En fait, on vient d'apprendre ces jours-ci que la blonde Eva Wilms a été opérée
d'urgence à la clinique Harlachung de Munich. Une tumeur s'était développée dans la poitrine. Sur
le moment, il fut même question de tumeur aux poumons. Eva Wilms était effondrée. Des analyses
sont en cours pour connaître la nature exacte de cette tumeur (maligne ou bénigne).
Il faut se garder bien sûr de toute conclusion pour l'instant mais attirer simplement l'attention sur le
fait qu'Eva Wilms s'est littéralement transformée morphologiquement depuis deux ans pour
atteindre les performances que l'on sait au poids (21,43 m, troisième performance mondiale). Eva
Wilms a-t-elle pris des anabolisants ? Très possible. Alors peut-être que cette tumeur aurait une
relation avec un régime d'anabolisants. L'opération, en tout cas, s'est très bien passée et Eva
Wilms, interrogée par notre confrère du Bild, Mark Hoerwich, a déclaré qu'elle espérait reprendre
l'entraînement le mois prochain. »
[L'Equipe, 11.10.1977]
1983 - ANABOLISANTS – Culturisme : cancer généralisé à point de départ génital
Les parents d'Hacik Beyaz étaient d'origine turque. Mais il avait toujours vécu en Belgique. Et il y
est mort, à l'aube de ses 24 ans, le 17 juillet 1983. "Tik", c'est son surnom faisait du bodybuilding.
Dans ce sport, pour atteindre le top, il faut en passer par les anabolisants.
"Il faut, dès lors, se poser la question de savoir comment Tik s'est procuré les anabolisants qu'il
prenait en doses impressionnantes selon les témoignages de ses proches. Un de ses frères nous a
même dit : "Tik croquait les comprimés d'anabolisants comme des bonbons. Comme et quand il en
avait envie". Et son père d'ajouter : "Avant d'aller à son travail de portier, il s'injectait des
anabolisants. Et il était même arrivé à un point où, pour s'exciter sexuellement, il prenait également
des anabolisants".
Généralement, on conseille de prescrire un ou deux comprimés de 5 milligrammes par jour au
maximum durant deux semaines. Or, sachant qu'une boîte de Dianabol® comporte 20 comprimés
de 5 mg et que le Dr S., dont 12 ordonnances ont été retrouvées par les parents de Tik, en aurait
prescrit treize boîtes sur une durée d'un mois, on peut estimer que cela procurait à Tik des doses
quotidiennes de huit comprimés environ. L'équation est simple : on a prescrit à Tik des doses quatre
fois plus fortes qu'à un malade et ce, pendant le double de la durée maximale du traitement.
Résultat : il est mort d'un cancer généralisé à point de départ génital."
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(...) "Les parents croyaient que leur fils était décédé d'un cancer généralisé causé par l'ingestion des
anabolisants et qui aurait débuté par les organes digestifs avant de se propager dans les reins et
les testicules. "Médicalement, cela ne colle pas, précise le Dr Jean Simon, du service de médecine
sportive de l'Université libre de Bruxelles. Aucune étude scientifique ne prouve qu'un stéroïde
anabolisant entraîne la transformation d'une cellule normale en cellule cancéreuse. Cependant, on
peut affirmer scientifiquement que les anabolisants font flamber un cancer génital existant qui
envoie alors des métastases dans tout le corps du malade par la voie du sang et contamine les
organes."
Du côté des médecins qui ont opéré Hacik Beyaz à l'Hôpital d'Ixelles, on illustre ce raisonnement :
"Le patient est arrivé souffrant d'un cancer génital que l'on a opéré et un petit mois plus tard il
mourait d'un cancer généralisé."
Scientifiquement, il faut mettre les points sur les "i" car si Tik n'avait pas pris les doses massives
d'anabolisants qu'on suppose qu'il a prise, son cancer génital n'aurait pas explosé comme il l'a fait.
Il serait peut-être mort de sa tumeur mais aurait peut-être aussi survécu à l'ablation de son
testicule. Auquel cas, il aurait même pu espérer terminer ses jours (presque) comme s'il ne s'était
rien passé. Cependant, le résultat est là : Tik est décédé."
[Sport Magazine, 1983, novembre, pp 136-140]
1985 - ANABOLISANTS - Athlétisme (disque) : emporté par un cancer
Janos Farago, champion hongrois spécialiste du lancer du disque, vient de disparaître à l'âge de 38
ans, emporté par un cancer. Dans une interview publiée par un quotidien de Budapest, Mme
Farago a déclaré que son mari avait pu, grâce aux anabolisants, grossir de 35 kilos (95 à 130) et
voir ses performances suivre la même courbe. Par la suite, il souffrit de troubles hépatiques et
d'inflammations rénales aiguës, il dut de surcroît subir l'ablation d'un rein.
Sa veuve a déclaré que son mari avait été victime de l'utilisation des drogues qu'il avait absorbées
pendant de nombreuses années.
1987 - ANABOLISANTS - Culturisme : cancer fatal dû officiellement à la prise de
stéroïdes anabolisants
1. « David Daljit Singh, un culturiste qui était âgé de vingt-sept ans, est le premier sportif britannique
dont la mort a été due officiellement à la prise de stéroïdes anabolisants. David Singh s'est éteint
dans un hôpital londonien, le foie éclaté. Conclusion du praticien : "Des prises de drogues sauvages
ont conduit cet homme à la mort ».
[L'Equipe Magazine, 26.09.1987]
2. « Un culturiste amateur de vingt-sept ans est mort dans un hôpital londonien des suites d'une
quadruple tumeur au foie. Le coroner chargé de diagnostiquer les causes de ce décès a estimé
que des produits anabolisants étaient en cause : "Des prises de drogue sans surveillance ont tué
cet homme, a-t-il déclaré. Il est choquant de voir dans un sport potentiellement favorable à la santé
physique un si grand nombre de pratiquants penser qu'ils doivent utiliser des stéroïdes. »
[L'Equipe, 13.10.1988]
1992 - ANABOLISANTS - Football américain : lymphome cérébral lié à la prise
régulière et intense de stéroïdes anabolisants
« La mort de Lyle Alzado, le célèbre footballeur américain, va servir d'exemple aux jeunes, outreAtlantique, qui seraient tentés par le dopage. Originaire de Brooklyn, Alzado était devenu une
figure du football avant de décliner et de perdre sa place de vedette.
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Lyle Alzado (1949-1992), célèbre footballeur américain,
décédé d’un lymphome cérébral en rapport avec son
dopage aux stéroïdes anabolisants
Le sportif s'adonnait de façon régulière au dopage par les stéroïdes anabolisants, à tel point que
cela lui coûtait jusqu'à 20 000 dollars par an. Alzado a présenté au début de 1991 les premiers
signes du lymphome cérébral qui l'a emporté en mai de l’année suivante. Les médecins qui l'ont
soigné ont expliqué que la prise régulière et intense de stéroïdes anabolisants peut être à l'origine
d'une atteinte sévère du système immunitaire qui favorise notamment la survenue de lymphomes,
de leucémies ou de maladie de Hodgkin. »
[Le Quotidien du Médecin, 18.05.1992]
Références
d’Amours Y. .- L’activité physique et le cancer in « Activité physique santé et maladie ». –
Montréal (CAN), éd. Québec-Amérique, 1988. – 253 p (pp 99-104)
Gauthier M.M. – [L’exercice peut réduire le risque de cancer] (en anglais). – The Physician and
Sportsmedicine, 1986, 14, n° 10, octobre, pp 171-178
Goldman B. .- [La mort dans le vestiaire. Sports et stéroïdes] (en anglais). – Londres (GBR),
Century Publishing, 1984. – 370 p
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