Mise s au p oint t n i Mise s au p o La prise en charge des toxicomanes par les traitements de substitution dans les Hauts-de-Seine B. Le Dieu de Ville*, C. Chemier*, G. Limido*, B. Trutt** Les instances conventionnelles des Hauts-de-Seine ont mis en place en 2000, à l’aide de quatre questionnaires différents, une étude collective d’évaluation des pratiques professionnelles concernant les modalités de prescription et de délivrance des produits de substitution et la prise en charge des toxicomanes en ville. Objectif : disposer d’une approche des différents facteurs à l’origine des éventuelles difficultés rencontrées par les patients et par chacun des acteurs de santé sur le terrain dans le cadre des traitements de substitution. Mise s au poin t Pour réaliser cette étude, un groupe de travail s’est mis en place. Il a réuni des médecins généralistes libéraux, des médecins-conseils, des psychiatres de CSST, un médecin d’une ECIMUD, un médecin d’un centre de santé, un médecin d’un réseau “toxicomanie”, des pharmaciens, une assistante sociale (dans ce département, huit centres spécialisés, trois réseaux ville/hôpital, trois équipes de liaison hospitalière (ECIMUD) sont opérationnels). Après accord de la CNIL, une requête informatique a sélectionné les patients ayant eu un remboursement de traitement de substitution, prescrit et délivré dans les Hauts-de-Seine en décembre 2000. Un échantillon représentatif de 400 patients a été constitué par tirage aléatoire : 300 patients sous buprénorphine haut dosage (83,3 % d’hommes ; moyenne d’âge 36 ans), 100 sous méthadone (70 % d’hommes ; moyenne d’âge 37,8 ans). Une fois l’échantillon de patients constitué, ce recueil a été effectué, d’une part, au travers de questionnaires remplis par les médecins traitants, les pharmaciens et les patients, d’autre part, grâce aux informations recueillies par les médecins-conseils directement auprès des patients. Les médecins prescripteurs et les pharmaciens (tableau I) • Les médecins prescripteurs Les prescriptions (pour chaque patient, la plus récente parmi celles du prescripteur le plus fréquemment retrouvé) émanaient de 157 médecins différents, dont 93,6 % de médecins généralistes et 2 % de psychiatres : 131 médecins prescrivaient à 1 à 3 patients, 21 à 4 à 10 patients, 5 à plus de 10. • Les pharmaciens Dans cette étude, 166 pharmaciens avaient délivré un traitement de substitution : 140 à 1 à 3 patients, 25 à 4 à 10 patients, 1 à plus de 10. • Les prescriptions remboursées en décembre 2000 L’analyse des prescriptions de traitements de substitution a montré qu’elles émanaient d’un seul médecin pour 83 % des patients (omnipraticien dans 60,7 % des cas) et de deux médecins pour 12,3 % des patients. Seuls 1,9 % des patients avaient quatre prescripteurs différents, voire plus, ce qui pouvait correspondre à un comportement de nomadisme médical. Certains médicaments, prescrits aux patients sélectionnés, ont été pris en compte en raison de leurs risques d’interactions ou d’effets indésirables avec les traitements de substitution. Ainsi, 37,5 % des patients prenaient des benzodiazépines et 26 % des hypnotiques (flunitrazépam dans 6,3 % des cas). Des chevauchements de prescriptions ont pu être établis de façon certaine pour près de 10 % des patients. • La déliv rance des traitements de substitution 86,3 % des patients se faisaient délivrer leur traitement dans une seule et même pharmacie. Seuls 2,2 % se rendaient dans plus de quatre pharmacies différentes. L’analyse des quatre questionnaires • Le questionnaire adressé aux médecins p rescripteurs (tableau I) Parmi les 395 envoyés aux médecins traitants, 196 questionnaires ont été retournés dont 185 exploitables (131 patients sous buprénorphine haut dosage et 54 sous méthadone). Les médecins ayant reçu les questionnaires étaient les médecins habituels de 85,5 % Tableau I. * Médecin conseil, échelon local du service médical de l'Assurance maladie des Hauts-de Seine, Nanterre Cedex ; 113, rue des troisFontanots, 92026 Nanterre. ** Médecin conseil régional, service médical de l'Assurance maladie d'Île-de-France ; 17, rue de Flandres, 75170 Paris. Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003 400 patients sélectionnés par tirage au sort 400 patients convoqués au service médical 215 autoquestionnaires complétés 52 395 questionnaires adressés aux 157 médecins prescripteurs (pour 5 patients, le prescripteur n'a pu être identifié) 219 questionnaires "médecins conseils" complétés 400 questionnaires adressés aux 166 pharmaciens 283 questionnaires 196 questionnaires "médecins prescripteurs" "pharmaciens" complétés complétés Mise s au p oint Mise s au p oint Tableau II. Prise en charge sociale des patients non pris en charge par des structures spécialisées. Patients sous buprénorphine HD non pris en charge par des structures spécialisées (n = 84) (%) Prise en charge par des travailleurs sociaux Absence de prise en charge par des travailleurs sociaux Non réponse Patients sous méthadone non pris en charge par des structures spécialisées (n = 21) (%) 20,2 9,5 73,8 6 81 9,5 Tableau III. Répartition des patients selon leurs antécédents sociaux et médicaux. Patients sous buprénorphine HD (n = 131) (%) Activité professionnelle 65,6 Hospitalisations * 25 Tentatives de sevrage avant traitement 44,4 Overdoses Avant traitement Depuis traitement 10,7 2,4 Tentatives de suicide 8,4 3 Patients sous méthadone (n = 54) (%) 44,4 25 40,7 Avant traitement Depuis traitement 9,2 14,8 3,7 * Au moins une hospitalisation dans les 12 mois précédant l’enquête. Tableau IV. Répartition des patients selon leurs conduites addictives. Patients sous buprénorphine HD (n = 131) (%) Toxicomanie depuis plus de 10 ans 50,4 Conduites addictives Avant traitement Au moment déclarées : de l’étude – héroïne 89,3 10,7 – cocaïne 22,1 9,9 – cannabis 6,9 39,7 – alcool 7,6 39,7 – benzodiazépines 33,6 Patients sous méthadone (n = 54) (%) Avant traitement 81,5 13 11,1 55,6 Au moment de l’étude 9,3 7,4 37 50 33,3 Tableau V. Répartition des patients selon les pathologies en cours. Patients sous buprénorphine HD (n = 131) (%) Sérologie hépatite C positive Sérologie hépatite B positive Sérologie VIH positive Pathologie(s) psychiatrique(s) sévère(s) Patients sous méthadone (n = 54) (%) 45,8 8,4 13 59,3 9,3 13 17,6 33,3 53 des patients sous buprénorphine haut dosage (depuis 2 à 5 ans pour 39,7 % d’entre eux) et de 90,7 % des patients sous méthadone (depuis 2 à 5 ans pour 38,9 % d’entre eux). Il est à noter que 35,9 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 61,1 % de ceux sous méthadone étaient suivis par une structure de soins spécialisée. La grande majorité des patients non pris en charge par ces structures ne bénéficiait pas d’une prise en charge sociale (tableau II). Voir aussi “Répartition des patients selon leurs antécédents sociaux et médicaux” (tableau III). L’alcoolisation excessive des patients était un phénomène marqué pour les patients sous buprénorphine haut dosage, mais plus important encore chez les patients sous méthadone (50 %). Par ailleurs, une consommation notable et régulière de benzodiazépines touchait plus de 30 % des patients dans les deux groupes (tableau IV). La prévalence de l’hépatite C était très importante puisqu’au moins 45,8 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 59,3 % des patients sous méthadone étaient porteurs du VHC (tableau V). Mise s au poin t – Le traitement de substitution : 71 % des prescriptions de buprénorphine haut dosage et 77,8 % de celles de méthadone étaient renouvelés par le médecin. Ainsi, 38,9 % des patients sous buprénorphine haut dosage avaient déjà interrompu leur traitement plus d’une semaine, 7,4 % des patients sous méthadone l’avaient fait (tableau VI). ➭ Les posologies : de 0,4 mg à 24 mg/jour, une posologie moyenne de 8,2 mg/jour pour la buprénorphine haut dosage (3 patients recevaient une dose supérieure à la posologie quotidienne maximale recommandée de 16 mg/jour) ; 5 mg à 120 mg/jour, posologie moyenne de 46,8 mg/jour pour la méthadone, (1 patient recevait une posologie supérieure à 100 mg/jour). ➭ Prescription et délivrance du traitement de substitution : d’après les médecins traitants, le contact, entre le médecin prescripteur et le pharmacien désigné par le patient a été effectif pour 63,4 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 90,7 % des patients sous méthadone. Les modalités de délivrance étaient mentionnées sur l’ordonnance pour 77,9 % des patients sous buprénor- Mise s au p oint t n i Mise s au p o Tableau VI. Répartition des patients selon les motifs d’interruption du traitement de substitution. Patients sous buprénorphine HD (n = 58) (%) Reprise de drogue Tentative de sevrage Tentative de sevrage + reprise de drogue simultanée Patients sous méthadone (n = 4) (%) 49 21,6 25 25 11,8 50 Tableau VII. Rythmes de délivrance du traitement de substitution prescrit par les médecins entre le médecin prescripteur et le pharmacien désigné par le patient. 1 par jour 1 par semaine 1 par 14 jours 1 par 28 jours Autre Patients sous buprénorphine HD (n = 102) Patients sous méthadone (n = 48) 2 17,6 12,7 35,3 32,4 2,1 14,6 37,5 45,8 Mise s au poin t Tableau VIII. Traitements associés au traitement de substitution déclarés par les médecins. Anxiolytiques Hypnotiques Antidépresseurs Patients sous buprénorphine HD (n = 131) Patients sous méthadone (n = 54) 28,2 15,3 11,5 42,6 31,5 20,1 Tableau IX. Traitements associés aux traitements de substitution (questionnaire pharmaciens). Anxiolytiques Hypnotiques Antidépresseurs Patients sous buprénorphine HD (n = 131) (65,5 %) Patients sous méthadone (n = 54) (89,2 %) 33,5 26,5 5,5 43,9 28,9 16,4 phine haut dosage et 88,9 % des patients sous méthadone (tableau VII). ➭ Les associations médicamenteuses : les médecins ont déclaré prescrire régulièrement d’autres traitements à 47,3 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 68,5 % de ceux sous méthadone (ensemble des questionnaires). – Les difficultés rencontrées : 40,7 % des médecins s’estimaient incomplètement informés sur les traitements de substitution, 36 % ressentaient un besoin de formation, et ce qu’ils appartiennent ou non à une structure spécialisée. ➭ Pour 31,3 % des patients sous buprénorphine haut dosage, aucune difficulté parti- culière n’avait été signalée. Pour 11,5 % des patients, les médecins avaient des difficultés à diminuer les posologies. Par ailleurs, le manque de compliance de 9,9 % des patients et l’impossibilité de les fidéliser compliquaient leur suivi médical ; 10,7 % des patients présentaient des troubles du comportement, des pathologies psychiatriques ou une alcoolisation chronique. La difficulté à mettre en place un suivi spécialisé régulier, constituait un handicap important dans leur prise en charge. ➭ Pour 29,6 % des patients sous méthadone, aucune difficulté n’était exprimée. Pour 5,6 % de ces patients, les médecins ne parvenaient pas à diminuer les doses du traitement et 7,4 % des patients se mon- Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003 54 traient peu compliants. La prise en charge était compliquée par les troubles psychiatriques de 27,8 % des patients et l’alcoolisation chronique de 11,1 % d’entre eux. De plus, pour 7,4 % de leurs patients, les médecins jugeaient la fréquence des consultations trop importante du fait de la législation. • Le questionnaire adressé aux pharmaciens d’officine Parmi les 282 patients dont les questionnaires étaient exploitables, 201 recevaient de la buprénorphine haut dosage (71,3 %) et 80 de la méthadone (28,4 %). Un patient recevait à la fois les deux produits. – Le traitement de substitution : les pharmaciens délivraient le traitement de substitution depuis 2 à 5 ans à 43,8 % des patients sous buprénorphine haut dosage et à 48,8 % de ceux sous méthadone. Pour 49,8 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 76,3 % des patients sous méthadone, un contact médecin-pharmacien s’était établi, conformément aux recommandations. ➭ Les associations médicamenteuses : certains traitements ont été relevés en raison du risque d’interactions médicamenteuses ou d’effets secondaires possibles en association avec les traitements de substitution. Ils étaient prescrits sur la même ordonnance ou sur des ordonnances différentes et émanaient du même médecin ou de médecins différents (tableau IX). ➭ Médicaments ou produits associés non prescrits : 7,5 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 1,3 % des patients sous méthadone continuaient, malgré leur traitement de substitution, à acheter des seringues dans la même pharmacie que celle qui délivrait le traitement, et pouvaient être suspectés, soit de poursuivre leur pratique de toxicomanie, soit de s’injecter leur traitement. Trois pour cent des patients sous buprénorphine haut dosage et 1,3 % des patients sous méthadone avaient encore recours à des médicaments à base de codéine vraisemblablement à des fins de toxicomanie. ➭ La délivrance des traitements de substitution (ensemble des questionnaires) : pour 39,3 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 50 % des patients sous méthadone, la délivrance était fractionnée : – buprénorphine haut dosage : dans 69,5 % Mise s au p oint Mise s au p oint Tableau X. Répartition des patients selon leurs caractéristiques sociodémographiques* (autoquestionnaires). Patients sous buprénorphine HD (n = 161) (%) Mode d’hébergement – seul – famille ou amis – aucune condition de vie stable Statut marital – célibataire Enfants – aucun Ressources financières ** – Salaire – Assedic, RMI, pension Activité professionnelle – en cours Patients sous méthadone (n = 54) (%) 25,5 49,7 20,4 44,5 1,9 7,4 50,9 55,6 50,9 51,9 47,2 60,9 35,2 59,3 50,9 37 * Sur 215 questionnaires complétés au service médical. ** Plusieurs sources de revenus peuvent être associées. Tableau XI. Les antécédents sociaux et médicaux des patients (autoquestionnaires). Patients sous buprénorphine HD (n = 161) (%) Patients sous méthadone (n = 54) (%) 46 40,7 75,1 83,5 Incarcération Tentatives de sevrage – 1 ou plus Overdoses – 1 ou plus Avant traitement Depuis traitement 34,8 1,2 Avant traitement Depuis traitement 33,3 3,7 Tableau XII. Répartition des patients selon les conduites addictives en cours (autoquestionnaires). Patients sous buprénorphine HD (n = 161) (%) Tabac Alcool en quantité excessive Drogues Patients sous méthadone (n = 54) (%) 98,1 42,9 37,3 des cas délivrance par période de 7 jours, dans 11 % des cas par période de 14 jours, et délivrance quotidienne dans 3,7 % des cas ; – méthadone : dans 82,5 % des cas, délivrance par période de 7 jours et délivrance quotidienne dans 2,5 % des cas. Pour 59,2 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 46,3 % des patients sous méthadone, le traitement était délivré en une seule fois (soit 28 jours de traitement pour la buprénorphine haut dosage et 14 jours pour la méthadone, correspondant à la période maximale autorisée). – Évaluation des bénéfices du traitement de substitution pour les patients selon les 92,6 42,6 33,3 pharmaciens : pour 30,9 % des patients sous buprénorphine haut dosage, les bénéfices évoqués par les pharmaciens étaient par ordre décroissant : une diminution de l’agressivité des patients à leur encontre et l’instauration d’une relation de confiance ; une gratification professionnelle avec le sentiment d’avoir aidé leurs patients à sortir du milieu de la drogue ; la satisfaction de pouvoir assurer un suivi du traitement. Aucun bénéfice personnel n’était évoqué par le pharmacien pour 24,4 % de ces patients. Pour 35,2 % des patients sous méthadone, les bénéfices les plus fréquemment évoqués par les pharmaciens étaient (par ordre décroissant) : une gratification du rôle 55 social du pharmacien ; l’instauration d’une relation de confiance ; la valorisation de leur rôle d’acteur en santé publique renforçant la relation pharmacien-patient. Les pharmaciens n’avaient constaté aucun bénéfice particulier pour 15 % de ces patients. Mise s au poin t – Évaluation des difficultés rencontrées par les pharmaciens : pour 22,9 % des patients sous buprénorphine haut dosage, les difficultés évoquées étaient (par ordre décroissant) : l’agressivité des patients ; la suspicion d’usage détourné ou de revente illicite des spécialités pharmaceutiques prescrites à des fins de toxicomanie ; les contraintes administratives liées aux modes de délivrance fractionnée de la buprénorphine haut dosage. Pour 46,3 % des patients, les pharmaciens avaient déclaré n’avoir aucune difficulté particulière dans la délivrance de ce type de traitement. Pour 37,5 % des patients sous méthadone, les difficultés évoquées étaient essentiellement liées aux contraintes administratives de la délivrance de méthadone et à l’absence d’une gestion rigoureuse par les patients de leurs visites chez leur médecin, obligeant alors les pharmaciens à avancer les produits. Les problèmes liés à l’agressivité des patients étaient moins souvent soulevés. Les pharmaciens avaient déclaré n’avoir aucune difficulté particulière en ce qui concernait 30 % de ces patients. • Les autoquestionnaires Un tiers des patients gardait une consommation persistante d’une ou plusieurs drogues et consommait au moins un des produits mentionnés (tableaux XI, XII et XIII). – Le traitement de substitution : Parmi les 215 patients, 95,3 % avaient constaté des améliorations dans un ou plusieurs domaines de leur vie. Seuls 9 patients (4 sous buprénorphine haut dosage et 5 sous méthadone) n’avaient signalé aucun bénéfice particulier. Enfin, 37,9 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 22,2 % de ceux sous méthadone ne rencontraient aucune difficulté particulière (tableau XIV). Les principales difficultés énoncées par les 137 patients qui en ont parlé, étaient consécutives à la fréquence importante des consultations conformément à la législation en cours, d’une part, pour la prescription du traitement, d’autre part, pour sa délivrance. Par ailleurs, un éloignement Mise s au p oint t n i Mise s au p o Tableau XIII. Nature des drogues consommées au moment de l’enquête. Patients sous buprénorphine HD ayant une consommation persistante de drogues (n = 60) (%) Patients sous méthadone ayant une consommation persistante de drogues (n = 54) (%) 21,6 21,7 65 22,2 5,6 66,7 Cocaïne Héroïne Cannabis Tableau XIV. Bénéfices constatés par les patients depuis la prise d’un traitement de substitution. Patients sous buprénorphine HD (n = 156) (%) Amélioration de la qualité de vie Amélioration des rapports avec la famille Amélioration de la santé Meilleure intégration sociale Meilleure intégration professionnelle Amélioration des rapports avec les amis Amélioration des rapports avec la justice Baisse des risques infectieux Autres Patients sous méthadone (n = 49) (%) 75,6 93,9 71,8 63,5 52,6 73,5 69,4 57,1 Mise s au poin t 43,6 34,7 42,3 61,2 37,8 32 4,5 38,8 42,9 16,3 Tableau XV. Difficultés rencontrées par les patients sous traitement de substitution. Patients sous buprénorphine HD ayant des difficultés (n = 96) (%) Difficultés dues à la fréquence des consultations Difficultés pour se procurer le traitement lors de l’éloignement du domicile Difficultés pour se rendre fréquemment à la pharmacie Respect difficile de la prescription médicale Effets indésirables du traitement Difficultés à trouver un médecin traitant pour la prescription Autres Patients sous méthadone ayant des difficultés (n = 41) (%) 52,1 68,3 48,9 87,8 37,5 48,8 23,9 15,6 2,4 17,1 7,3 12,5 24,4 2,4 prolongé du domicile, donc du prescripteur et du pharmacien habituel, rendait l’accès au traitement difficile (tableau XV). ➭ Les associations médicamenteuses : 40,4 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 53,7 % de ceux sous méthadone déclaraient prendre un somnifère ou un tranquillisant, soit seul, soit en associa- tion avec d’autres traitements (antidépresseurs, neuroleptiques, autres, etc.). ➭ Les attitudes déviantes : 11,2 % des patients sous buprénorphine haut dosage ont reconnu se procurer parfois leur traitement de façon détournée, sans ordonnance, contre 1,9 % des patients sous méthadone. Parmi les patients sous buprénorphine haut Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003 56 dosage, 11,2 % ont déclaré s’injecter le traitement et 5,6 % ont déclaré le “sniffer”. Par ailleurs, 13,7 % des patients recevant de la buprénorphine haut dosage faisaient parfois bénéficier d’autres personnes de leur traitement, contre 9,3 % de ceux sous méthadone. • Les questionnaires médecins-conseils Les médecins-conseils ont complété 219 questionnaires après convocation des 400 patients au service médical : 162 patients recevaient du buprénorphine haut dosage (74 %), 56 de la méthadone (25,6 %), 1 patient recevait les deux produits à la fois. – La prise en charge médico-administrative : 98 % des patients étaient assurés sociaux et 2 % des ayants-droits. Parmi les patients sous buprénorphine haut dosage, 57,4 % bénéficiaient d’une exonération du ticket modérateur, contre 71,4 % des patients sous méthadone. – Les antécédents : près de 25 % des patients ont été hospitalisés au moins une fois dans les 12 mois précédant l’enquête. Les patients sous méthadone présentaient une toxicomanie plus ancienne que les patients sous buprénorphine haut dosage, puisque plus de 40 % d’entre eux étaient toxicomanes depuis 16 à 20 ans contre moins de 25 % des patients sous buprénorphine haut dosage. – Le suivi médical des patients : seuls 5 patients sous buprénorphine haut dosage et 1 patient sous méthadone avaient consulté le médecin prescripteur suite à une injonction de soins ; 59,2 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 67,9 % des patients sous méthadone avaient déclaré consulter aussi ce même médecin pour toutes leurs pathologies. Toutefois, 10 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 7,1 % de ceux sous méthadone ont déclaré consulter aussi d’autres médecins pour la prescription de leur traitement de substitution, essentiellement des médecins généralistes. Voir aussi “Conduites addictives en cours au moment de l’étude” et examen clinique des conseils (tableaux XVI et XVII). Un quart des patients sous buprénorphine haut dosage (25,9 %) et près de la moitié de ceux sous méthadone (42,9 %) étaient suivis par une structure de soins spécialisée. Pour 46,7 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 25 % de ceux sous méthadone, ce type de prise en charge n’avait pas pu se mettre en place par refus des patients. Une prise en charge avait été initiée, puis Mise s au p oint Mise s au p oint Tableau XVI. Conduites addictives en cours repérées par le médecin conseil. Patients sous buprénorphine HD (n = 162) (%) Patients sous méthadone (n = 56) (%) 95 87,5 19,4 10 9,4 37,5 33,9 8,9 1,8 46,4 Tabac : plus de 10 cig/jour Alcool : plus de 3 verres/jour – Cocaïne – Héroïne – Cannabis Tableau XVII. Répartition des patients lors de l’examen clinique réalisé par le médecin conseil. Patients sous buprénorphine HD (n = 162) (%) Altération de l’état général Traces d’injections Signes d’insuffisance hépato-cellulaire État dentaire défectueux Lésions cutanées Troubles du comportement Patients sous méthadone (n = 56) (%) 16,7 13 30,4 14,3 13,6 50,6 14,2 17,3 19,6 64,3 19,6 21,4 Tableau XVIII. Associations médicamenteuses avec les traitements de substitution. Anxiolytiques Hypnotiques Antidépresseurs Patients sous buprénorphine HD (n = 162) (%) Patients sous méthadone (n = 56) (%) 34,6 20,4 8 46,4 25 14,3 avait dû être interrompue par absence de coopération des patients pour 8,6 % de ceux sous buprénorphine haut dosage et 13 % de ceux sous méthadone. Par ailleurs, 6,8 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 9,3 % de ceux sous méthadone signalaient un suivi par des professionnels de santé, hors centres spécialisés. – Le traitement de substitution ➭ Les posologies : entre 0,4 mg et 24 mg par jour, posologie moyenne de 7,3 mg par jour pour la buprénorphine haut dosage (4 patients recevaient une posologie supérieure à 16 mg par jour) ; entre 5 mg et 120 mg par jour, posologie moyenne de 46,4 mg par jour pour la méthadone (1 patient recevait une dose supérieure à 100 mg par jour). ➭ Les associations médicamenteuses (tableau XVIII). Discussion Les résultats portant sur des prescriptions présentées au remboursement ne peuvent être totalement assimilés à la consommation effective des patients. De plus, certaines prescriptions de méthadone, délivrées aux patients dans les centres spécialisés de soins aux toxicomanes, ne sont pas présentées au remboursement et échappent donc aux bases informatiques de l’Assurance maladie. Aussi, afin de rester représentatif des données du Comité départemental de suivi des traitements de substitution des Hauts-de-Seine, et de corriger le biais de recrutement induit par la sous-représentation de la méthadone dans nos bases, l’échantillon des 400 patients sélectionnés a été constitué de 300 patients sous buprénorphine haut dosage et de 100 patients sous méthadone. 57 • L’analyse des résultats, en ce qui concerne les patients ➭ Comme dans la plupart des observations (2, 6, 7), une nette sur-représentation masculine (80 % d’hommes) a été constatée, un peu moins marquée cependant pour les patients sous méthadone (70 % d’hommes) (35). ➭ La moyenne d’âge était un peu plus élevée dans notre étude qu’habituellement (6, 7, 10, 11, 16), phénomène plus marqué encore pour les patients sous méthadone (37,8 ans) que pour les patients sous buprénorphine haut dosage (36 ans). Ce constat semble confirmer un certain vieillissement de la population des toxicomanes pris en charge (2, 16), pouvant en partie s’expliquer par un maintien prolongé dans le système de soins et par une entrée plus tardive dans la substitution (15). Cela pose éventuellement le problème de l’accès aux soins des plus jeunes. Les patients, essentiellement célibataires, avaient un habitat fixe pour la grande majorité d’entre eux. ➭ L’insertion professionnelle bénéficiait à plus de la moitié des patients sous buprénorphine haut dosage mais seulement à 37 % de ceux sous méthadone (7, 12), qui semblaient présenter un profil socio-professionnel plus défavorable, caractérisé par une plus longue dépendance à l’héroïne que les patients sous buprénorphine haut dosage. L’analyse des résultats a montré, en effet, que la population était majoritairement constituée de patients au long passé de toxicomanie (plus de 10 ans), le plus souvent déjà “substitués” depuis de nombreux mois, et plutôt en phase de stabilisation du traitement (tableaux X et XI). ➭ Sur le plan médical, le taux de patients séropositifs pour l’hépatite C était très élevé (45,8 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 59,3 % de ceux sous méthadone), en cohérence avec d’autres études françaises (16). Treize pour cent des patients présentaient une sérologie VIH positive quel que soit le traitement (tableau V). Les troubles psychiatriques évalués par les médecins traitants touchaient jusqu’au tiers des patients sous méthadone et l’alcoolisation chronique d’un grand nombre de patients en rendait le suivi médical plus difficile. Mise s au poin t • En ce qui concerne le traitement de substitution ➭ L’efficacité des traitements a été jugée satisfaisante par les patients puisque plus Mise s au p oint t n i Mise s au p o de 95 % d’entre eux avaient constaté une amélioration dans un ou plusieurs domaines de leur vie. ➭ L’amélioration de la qualité de la vie a été presque systématiquement signalée, l’amélioration des rapports familiaux étant citée par plus de 70 % des patients et l’amélioration de la santé par 66 %. Les professionnels de santé semblaient toutefois un peu plus mesurés. Les bénéfices des traitements de substitution, évoqués par les médecins, concernaient essentiellement l’arrêt ou la diminution de la consommation de drogue, la réinsertion sociale et une meilleure intégration professionnelle étant peu citées. ➭ Les difficultés signalées par les patients sous traitements de substitution concernaient le plus souvent le rythme jugé trop fréquent des consultations et des délivrances en officine, ainsi que la difficulté d’approvisionnement en cas d’éloignement du domicile (congés, déplacements professionnels…). En revanche, les médecins signalaient prioritairement les difficultés rencontrées du fait des troubles psychiatriques et de l’alcoolisation excessive de leurs patients, surtout pour les patients sous méthadone, alors que les pharmaciens constataient une agressivité excessive des patients sous buprénorphine haut dosage. Le faible nombre de médecins différents consultés par chaque patient a montré une forte fidélisation envers les prescripteurs (6, 14), avec un nomadisme très minoritaire. ➭ Les posologies quotidiennes prescrites étaient de 8,2 mg par jour en moyenne pour le buprénorphine haut dosage et 46,8 mg par jour pour la méthadone, les posologies extrêmes étant exceptionnelles dans le questionnaire des médecins prescripteurs. ➭ Plus de 11 % des patients sous buprénorphine haut dosage reconnaissaient s’injecter leur traitement, taux comparable à celui déjà retrouvé dans d’autres études (10). La revente semblait moins concerner les patients sous méthadone (9,3 %) que ceux sous buprénorphine haut dosage (13,7 %), et la possibilité de se procurer le traitement de façon détournée sans ordonnance touchait 11,2 % des patients sous buprénorphine haut dosage pour seulement 1,9 % des patients sous méthadone. ➭ Les associations médicamenteuses : les prescriptions de benzodiazépines concernaient 28,2 (médecins prescripteurs) à 34,6 % (médecin conseil) des patients sous buprénorphine haut dosage et celles d’hypnotiques, 15,3 (médecins prescripteurs) à 20,4 % (médecin conseil) de ceux-ci. Les prescriptions de benzodiazépines concernaient 42,6 à 46,4 % des patients sous méthadone, et celles d’hypnotiques 25 à 31,5 % d’entre eux, selon l’origine des réponses. On peut noter la sous-évaluation systématique par les médecins traitants, de la prise réelle de benzodiazépines par leurs patients, probablement du fait de l’ignorance de coprescriptions. Ces données sont comparables à celle de la littérature (6, 7, 14), mais très supérieures à celles de la consommation habituelle de psychotropes dans la population générale (11 %) (4). Toutefois, compte tenu de l’implication des benzodiazépines dans la survenue de dépressions respiratoires fatales, une plus grande sensibilisation des médecins semble indispensable. Outre la recherche d’effet euphorisant, cette consommation associée de benzodiazépines peut témoigner chez les patients substitués d’une posologie inadaptée ou d’une comorbidité psychiatrique insuffisamment prise en charge. En effet, l’importance des troubles psychiatriques et l’alcoolisation notable, constatées chez les patients substitués, soulignent la nécessité du dépistage et de la prise en charge associée de ces pathologies (9). Plusieurs auteurs s’accordent sur la sousévaluation des troubles psychiatriques par les professionnels de santé : des études anglo-saxonnes ont répertorié jusqu’à 70 % de pathologies psychiatriques chez les patients dépendants des substances psychoactives (8). Ainsi, la qualité du suivi psychiatrique, notamment avec le travail en réseau des professionnels de santé concernés, est un facteur fondamental de réussite. Une prise en charge adéquate de ces pathologies psychiatriques associées permet de voir diminuer ces coprescriptions dangereuses (10, 13). ➭ L’association avec du flunitrazépam, qui concerne 6,3 % des patients de notre étude, devrait pourtant rester très exceptionnelle (15). Les nouvelles règles de prescription de cette molécule devraient favoriser la rareté de cette coprescription. La prescription de produits codéinés à 1,8 % des patients peut, là encore, correspondre à une mauvaise adaptation de la posologie du traitement de substitution. Mise s au poin t Le Courrier des addictions (5), n° 2, avril-mai-juin 2003 58 ➭ Le rythme des prescriptions était le plus espacé possible, la délivrance se faisant le plus souvent “en une seule fois”. Toutefois, la réalité de la mention expresse du médecin sur l’ordonnance “en une seule fois” n’a pas pu être vérifiée. Ainsi, comme il est de règle, la fréquence des consultations est inversement proportionnelle à l’ancienneté de la mise sous traitement. ➭ La prescription des traitements de substitution devrait s’insérer dans le cadre d’une prise en charge globale, médicale, sociale et psychologique des patients. Or, seuls 10 % des patients déclaraient bénéficier d’un suivi psychiatrique par ailleurs (quel que soit le traitement pris) ; 15 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 13 % de ceux sous méthadone bénéficiaient du suivi d’un psychologue, alors que seuls 11,2 % des patients sous buprénorphine haut dosage et 20,4 % de ceux sous méthadone étaient suivis par une assistante sociale ; près de la moitié des patients sous buprénorphine haut dosage et un tiers des patients sous méthadone ne bénéficiaient d’aucune prise en charge par des structures spécialisées quelles qu’elles soient. ➭ Les contacts, préconisés entre le médecin prescripteur et le pharmacien, avaient lieu dans 50 à 90 % des cas selon les médecins ou les pharmaciens et selon le traitement pris, mais étaient toujours plus fréquents pour les patients sous méthadone. Conclusion L’implication d’un certain nombre de professionnels de santé du département dans les structures ou réseaux de soins spécialisés pour les patients toxicomanes est un facteur favorisant la qualité de la prise en charge. Certaines études ont, en effet, prouvé l’impact très positif de ces pratiques collaboratrices (36). Le travail en réseau, institué dès que possible avec les différents partenaires (pharmacien, psychiatre, centre spécialisé, assistante sociale, etc.), est un facteur de réussite important de l’adhésion des patients à un processus thérapeutique global avec suivi médical d’éventuelles pathologies associées à la toxicomanie. Toutefois, la fréquence des troubles psychiatriques, constatés et signalés, parfois générateurs de coprescriptions potentiellement dangereuses, la prise en charge sociale souvent insuffisante, les besoins de for- Mise s au p oint Mise s au p oint mation et d’information exprimés par les professionnels doivent inciter à multiplier les échanges entre ceux-ci, à développer les pratiques en réseaux, en y associant activement les services sociaux et médicosociaux. Références bibliographiques 1. Drogues et toxicomanies, indicateurs et tendances. OFDT, 1996 : 12, 24-5. 2. Suivi et évolution des patients toxicomanes en médecine générale (Arès 92, Epid 92), étude quantitative : octobre 1998. 3. La consommation de drogues. Actualité et dossier en santé publique, n° 22, mars 1998. 4. Drogues et toxicomanies, indicateurs et tendances. OFDT, 1999. 5. Comité de suivi des traitements de substitution dans le 92 : point sur le fonctionnement et les actions réalisées. Septembre 1998. 6. Cholley D, Weill G, Losson J. Traitement de sub- stitution par buprénorphine haut dosage (Subutex®) – suivi de la prescription à Colmar. Revue médicale de l’assurance maladie 1997 ; 3. 7. Seyer D, Dif C, Balthazard G, Sciortino V. Traitement de substitution par buprénorphine haut dosage : les recommandations sont-elles suivies ? Revue Médicale de l’assurance maladie – 3/4 1999. 8. Conférence de consensus des 23 et 24 avril 1998 : modalités de sevrage chez les toxicomanes dépendant des opiacés. 9. Gasquet I, Langon C, Parquet P. Facteurs prédictifs de réponse au traitement substitutif par buprénorphine haut dosage. Étude naturaliste en médecine générale. L’Encéphale 1999 ; XXV : 645-51. 10. Gainet JM, Chollet D, Weill G. Un réseau de soins évalue les résultats d’un programme de substitution par buprénorphine haut dosage. Revue médicale de l’assurance maladie janvier ; mars 2000 ; 1. 11. Traitement de substitution en médecine de ville. URCAM d’Aquitaine, janvier 2001. Mise s au poin t s Brèv es èv es r B s e e Coquelicot pour connaître la prévalence du VIH et du VHC Brèv Brèv 12. Thirion X, Barrau K, Micaleff G et al. Traitement de substitution de la dépendance aux opiacés dans les centres de soins : le programme OPPIDUM des CEIP. Ann Med Interne 2000 ; 151, suppl A, A10-7. 13. Gagnon A, Robinet S, Bronner C, Parquet PJ. Substitution des opiacés : place et rôle des réseaux. La revue du praticien, médecine générale 2000 ; 14 (509) : 1627-35. 14. Ronflé E, Thirion X, Lapierre V et al. Substitution par le Subutex : les deux tiers des patients sont observants. La revue du praticien, médecine générale 2001 ; 15 (521) : 23-8. 15. Traitements de substitution aux opiacés en médecine de ville. Union régionale des caisses d’assurance maladie d’Aquitaine. Janvier 2001. 16. De Ducla M, Gagnon A, Mucchielli A et al. Suivi de patients pharmaco-dépendants aux opiacés traités par buprénorphine haut dosage à partir de réseaux de soins. Ann Med Interne 2000 ; 151, suppl A. : A27-A32. Pour actualiser notre connaissance de la prévalence de ces deux contaminations parmi les usagers de drogues (les derniers chiffres datent de 1998), l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a lancé une grande enquête nationale, baptisée “Coquelicot”, financée par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), qui incluera cette fois les usagers suivis par les médecins généralistes et les structures de prévention et pas seulement les patients suivis par un centre de soins spécialisé. Les usagers de drogues se verront proposer de remplir un questionnaire et de donner une goutte de sang, prélevée au bout de leur doigt et déposée sur un buvard. Cette étude à l’échelle nationale a été précédée en 2002 par une étude pilote menée à Marseille. Entre avril et juin 2002, le Dr Julien Emmanuelli et Marie Jauffret-Roustide ont recueilli 167 questionnaires : parmi eux, 83 % avaient accepté le prélèvement sanguin. Résultats : la prévalence déclarée et sur la base des résultats au test du VIH a été de 22 % et celle du VHC, sur la base du test, de 72,6 % (contre 51,6 % selon les réponses au questionnaire). Ainsi, 95 % des participants à l’étude avaient pourtant déjà bénéficié par le passé d’un test de dépistage du VHC, ce qui tend à prouver qu’un certain nombre d’entre eux se sont contaminés depuis. La “phase nationale” de l’enquête Coquelicot, qui se déroulera dans Paris et sa banlieue, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Lille produira des résultats au cours du premier trimestre de l’année prochaine. normes d’ “éligibilité” pour bénéficier de la méthadone !), que d’avoir évalué l’efficacité d’un traitement par la buprénorphine haut dosage appuyé par une thérapie cognitivo-comportementale intensive. Dans cette étude réalisée par des psychiatres du Karolinska Institute de Stockholm, menée en collaboration avec MaryJeanne Kreek la pionnière américaine de la méthadone (laboratoire de biologie et des maladies addictives de l’université Rockefeller de New York), les auteurs ont sélectionné un groupe de 40 héroïnomanes, tous âgés de plus de 20 ans, dépendant de l’héroïne depuis plus d’un an : 20 d’entre eux ont reçu 16 mg par jour de buprénorphine haut dosage administrée par la voie sublinguale, pendant 12 mois (sous contrôle quotidien pendant 6 mois, et en auto-administration à domicile ensuite). Les 20 autres sujets du groupe “placebo”, ont commencé par recevoir pendant 6 jours de la buprénorphine haut dosage par doses dégressives pour limiter l’apparition des signes de manque, puis un placebo prévu pour leur être donné jusqu’à la fin de la première année. Tous ces patients ont été d’abord maintenus en hospitalisation en service fermé pour limiter leurs prises d’alcool ou de drogues au cours de la première semaine suivant la randomisation. Ensuite, ils participaient plusieurs fois par semaine à des séances de thérapie cognitivo-comportementale et bénéficiaient d’un accompagnement individuel spécifique hebdomadaire. Par ailleurs, ils devaient tous se soumettre, trois fois par semaine, à des analyses d’urine. Au bout d’un an, on enregistrait un taux de rétention dans le traitement nul dans le groupe placebo et de 75 % dans celui des patients qui recevaient de la buprénorphine haut dosage. Par ailleurs, 75 % des analyses d’urine de ceux-ci étaient “clean” pour toutes les drogues recherchées. Kakko J, Svanborg KD, Kreek MJ, Heilig M. (Stockholm, NewYork), The Lancet 22 février 2003 ; 361 : 662-7. e Brèv s Brè ves La buprénorphine à l’honneur en Suède C’est une première en Suède, pays qui a accepté les traitements de substitution à l’héroïne par la seule méthadone qu’avec beaucoup de réticence (9 héroïnomanes suédois sur 10 ne rentrent pas dans les 59 F.A.R.