Lire l'article complet

publicité
Soins Libéraux
Syndrome des jambes sans repos
Une pathologie encore peu connue
Négligé jusqu’au consensus international de 2002, le
restless legs syndrome (RLS) touche environ 8,5 % de la
population. Parmi les patients, certains présentent des
formes assez sévères pour nécessiter un traitement
médical.
P
auline a 45 ans et, depuis
quelques semaines, elle ne
peut plus dormir : à peine
allongée, ses membres inférieurs la
font terriblement souffrir, au point de
l’empêcher de s’endormir ou de la
réveiller. Elle se plaint d’impatiences
musculaires accompagnées de
symptômes sensitifs tels que dysesthésies, paresthésies. Elle doit, pour
faire cesser les douleurs, se lever et
marcher un peu dans sa maison. La
rémission est de courte durée,
puisque les symptômes réapparaissent dès qu’elle se couche, dès
qu’elle s’assoit.
Définition
Selon la réunion de consensus définissant le RLS, pour parler de syndrome des jambes sans repos,
quatre critères doivent être réunis.
D’abord, un besoin impérieux de
bouger les membres inférieurs,
auquel s’associent fréquemment des
sensations paresthésiques, l’ensemble créant un inconfort plus ou
moins important.
Deuxième critère : ces phénomènes
apparaissent ou sont aggravés par la
position allongée ou assise et pendant les périodes de repos. Troisième
critère : ils cessent ou, au moins, sont
soulagés par l’exécution de mouvements tels que la marche ou la pratique des étirements. Dernier critère
à retrouver : ils sont à recrudescence
nocturne.
C’est d’ailleurs un élément de gravité
ou au moins d’inconfort, puisque l’insomnie, liée aux réveils multiples, à
répétition, peut souvent en résulter.
Cette fragmentation du sommeil lui
fait perdre ses qualités réparatrices et
entraîne à la longue une fatigue avec
somnolence diurne susceptible de
gâcher considérablement la vie.
Physiopathologie
Diagnostiquée depuis peu, la maladie commence à être mieux connue
dans ses manifestations, mais aussi
dans ses mécanismes de déclenchement. L’existence de familles porteuses du syndrome aurait tendance
à affirmer l’origine génétique des
troubles. Plus de la moitié des
patients présentent des antécédents
familiaux. Sa transmission serait autosomique récessive ou dominante, on
ne sait pas encore. Ce qui est mieux
connu, c’est la participation de la
dopamine. En analysant la transmission dopaminergique striatale, on a
pu ainsi noter, grâce au TEP, que
celle-ci était déficitaire d’au moins
10 %, comme on peut aussi l’observer dans la maladie de Parkinson.
L’association des deux affections est
d’ailleurs possible.
Le RLS est à prévalence féminine et
débute autour de 45 ans. Il peut s’y
associer un diabète ou une hypothyroïdie, une anémie, une PCE, une
insuffisance rénale. Ce sont alors
davantage des facteurs déclenchants
ou aggravants que des facteurs étiologiques. De même, l’action de certains médicaments est en cause : les
antidépresseurs, les neuroleptiques,
les inhibiteurs calciques. Ils ont en
commun d’intervenir sur la transmission dopaminergique.
Traitement
À défaut de pouvoir être réellement
étiologique, le traitement sera palliatif. Il s’agit d’abord de corriger les fac-
teurs favorisants déjà vus. Il faut ainsi
arrêter tout médicament susceptible
d’être en cause et aussi corriger des
déséquilibres métaboliques. Moyens
palliatifs, mais qui prennent toute
leur importance, sont les conseils
d’hygiène de vie : il faut apprendre
au patient à gérer son stress en pratiquant des exercices de relaxation,
voire du sport. L’activité physique est
à préconiser, surtout en fin de journée. Avant de se coucher, il peut
ainsi faire une séance d’étirement
des membres inférieurs. Il doit aussi
éviter les excitants tels que le thé et
le café, ou encore les alcools. Chez
une patiente anxieuse, autogérant
mal son stress, la prescription de
sédatifs nerveux légers peut s’avérer
utile. Pour les formes plus sévères, la
prescription d’antalgiques, le plus
souvent de palier II, est possible.
Pour les formes sévères et handicapantes, on peut adjoindre les agonistes de la dopamine en traitement
de fond et les opiacés ou anticonvulsivants comme antalgiques.
JB
8e Congrès international sur la maladie de
Parkinson et les mouvements involontaires,
Rome 2004
Groupes de substances ne
devant pas être administrées à
des patients avec RLS :
– neuroleptiques (butyrophénones, phénothiazine),
– antiémétiques antagonisant la
dopamine (métoclopramide, atosil...),
– antidépresseurs tricycliques
et tétracycliques (trimipramine,
amitriptyline...),
– antagonistes des opiacés
(naloxone...),
– pirenzépine, dihydrobenzpéridol, thalamonal, ranitidine/cimétidine,
– étomidate, propofol, enflurane.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
45
Téléchargement