36 DOSSIER Les stomies digestives >> DOSSIER Ce ne sont pas des plaies mais... Infos ... Pose d’une stomie La pose d’une stomie impose une information du patient sur l’acte opératoire lui-même et nécessite un accompagnement pour l’aider à assumer une modification de l’image corporelle dont les conséquences psychologiques sont variables. De plus, il a besoin d’aide pour faire face à une perturbation plus ou moins importante de ses habitudes de vie : alimentation, soins quotidiens de la stomie, étude et adaptation de l’appareillage dont dépend sa qualité de vie. Dès le XVIIe siècle, la littérature relate deux interventions chirurgicales appelées gastrostomies. Aujourd’hui, les parties du tube digestif peuvent être mises en abouchement à la peau. Ce sont les stomies, qui sont des dérivations définitives ou provisoires. Considérées comme des orifices naturels et non comme des plaies, leur prise en charge est spécifique, mais fait appel aux pansements. L es stomies peuvent concerner également l’arbre urinaire. Au niveau de l’appareil digestif, il y a des stomies d’alimentation, d’évacuation ou de mise en repos d’un organe. Plus récente est la fonction de stomathérapeute, visant à aider le patient à surmonter un handicap dont les répercussions psychiques, sociales et familiales sont parfois lourdes de conséquences. Indications Une stomie digestive ou entérostomie signifie que, temporairement ou définitivement, l’intestin est abouché à la peau. Le malade présente alors une incontinence des matières par la stomie dont le but consiste à mettre l’intestin au repos, la partie située en aval étant exclue de la fonction digestive, sauf dans le cas de la jéjunostomie. Les stomies sont indiquées dans les pathologies infectieuses, les pathologies malignes et les pathologies inflammatoires. On distingue trois classes de stomies. • La jéjunostomie : c’est l’abouchement du jéjunum à la peau ; elle permet d’assurer l’alimentation d’un malade dont la partie haute du tube digestif n’est pas fonctionnelle. • L’iléostomie : c’est l’abouchement de l’iléon par sa partie terminale ou latérale à la peau. Elle est caractérisée par des selles liquidiennes et abondantes. • La colostomie : c’est la réalisation d’une stomie au niveau du côlon. Plus la colostomie est basse, plus les selles sont solides et peu abondantes. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005 Encadrement psychologique Surveillance Le rôle infirmier est capital dans la prise en charge du malade entérostomisé. Avant l’intervention, l’infirmier doit expliquer au patient la nécessité vitale du port d’un anus artificiel, le mettre au courant du fait que les selles seront éliminées provisoirement ou définitivement par un abouchement sur l’abdomen, et l’aider dans la mesure du possible à accepter la réalité que lui impose sa maladie. Après l’intervention, l’infirmier doit apporter un soutien au patient, surtout lors du premier pansement. Lorsque le malade découvre la stomie, il doit lui donner le maximum de temps au cours de la discussion pour le rassurer et le sécuriser. Si la stomie est provisoire, on doit lui expliquer que c’est une situation passagère et qu’il retournera à la situation normale dans un ou deux mois. Quand la stomie est définitive, il faut soutenir psychologiquement le malade, qui doit faire des efforts pour s’y adapter. La famille doit également être impliquée dans l’aide à apporter au patient. Le choix de l’appareillage (système avec une pièce, système à deux pièces, système à plusieurs pièces) doit être approprié à chaque type de stomie, en tenant compte des possibilités de participation du patient. En dehors de la surveillance cutanée, essentielle, le personnel de santé puis, très rapidement, le patient lui-même contrôleront l’état du côlon, afin de prévenir ou détecter au mieux une complication hémorragique externe, le plus souvent liée à un lâchage de suture. En ce cas, une reprise chirurgicale est indispensable. Autre complication à craindre : une nécrose de l’extrémité terminale avec, à l’aspect, un côlon qui change de couleur constituant un signe d’alerte. Si le prolapsus simple, en l’absence de complications, ne pose que peu de problèmes, il n’en est pas de même de la sténose orificielle secondaire, qui peut nécessiter une intervention réparatrice. ALP L’importance de l’hygiène – Vider la poche de recueil chaque fois qu’elle est remplie. – Nettoyer la stomie avec un antiseptique non irritant ou du sérum physiologique. – Appliquer une crème protectrice de la peau autour de la stomie s’il y a un début d’irritation. – Appareiller le malade en fonction des situations et des moyens disponibles. – Changer le linge du malade après avoir fait sa toilette. – Changer le pansement d’une manière aseptique. – Apprendre au malade à s’auto- appareiller, car la stomie digestive conduit à l’incontinence des matières fécales chez le sujet et impose la mise en place d’un appareillage de recueil (exception faite pour la jéjunostomie). Les infirmières et infirmiers diplômés d’État peuvent suivre une formation d’entérostoma-thérapeutes agréée par l’association française d’entérostoma-thérapeutes (A.F.E.T.) et le World Council of Enterostomal Therapists (W.C.E.T.)