A ctualités recherche Actualités recherche > Nature Medicine > Gastroenterology > Cancer Cell > British Medical Journal Influence de la transmission intrafamiliale sur le risque de cancer gastrique Coordonnée par M. Chamaillard L’ REVUE de presse 66 > New England Journal of Medicine infection par la bactérie à Gram négatif Helicobacter pylori représente un facteur de risque majeur de développement de lésions précancéreuses et d’adénocarcinomes gastriques. La taille de la fratrie et l’ordre des naissances modulent la transmission de ce pathogène, qui a lieu le plus souvent pendant les premiers mois après la naissance. Blaser et al. ont donc émis l’hypothèse selon laquelle la structure familiale pourrait être un facteur de risque de cancer gastrique à l’âge adulte. Dans cette étude restreinte à une population à forte prévalence de cancers gastriques, 261 hommes parmi 9 935 individus examinés ont développé un cancer de l’estomac sur une période de 28 ans, avec un âge moyen au diagnostic de 73 ans. Environ 92 % et 72 % de ces malades, et 79 % et 59 % des sujets contrôles, étaient infectés respectivement par H. pylori et par des souches de type cagA+, confortant le rôle majeur joué par H. pylori dans le développement du cancer gastrique (odds-ratio = 2,97 [IC95 : 1,70-5,21]). Après ajustement sur l’âge et le tabagisme, les fratries de plus de 7 frères et sœurs colonisés par H. pylori présentaient un risque significativement plus élevé de cancer gastrique (1,7 [1,02,9]), notamment ceux infectés par les souches de type cagA+ (2,2 [1,2-4,0]). Les auteurs ont également pu démontrer l’influence majeure de l’ordre des naissances. En effet, les enfants nés au moins en quatrième position dans la fratrie, les patients séropositifs pour H. pylori (2,0 [1,0-3,9]) et ceux colonisés uniquement par des souches de type cagA+ (2,8 [1,26,1]) développent préférentiellement un cancer gastrique de type intestinal, qui est la forme la plus fréquente du cancer gastrique. Une des explications possibles est la transmission de souches provenant de sujets plus âgés, qui se sont adaptées aux défenses de l’hôte (et qui sont donc plus virulentes), introduisant un avantage pour le pathogène vis-à-vis de la réponse immunitaire de l’enfant nouvellement infecté qui, elle, est en cours de maturation. > Blaser MJ, Nomura A, Lee J et al. Early-life family structure and microbially induced cancer risk. PLoS Med 2007;4:e7. De nouvelles pistes thérapeutiques dans les hépatopathies biliaires d’origine auto-immune L es patients souffrant de cirrhose biliaire primitive (CBP) ont une forte prévalence d’autoanticorps dirigés contre des protéines mitochondriennes (AMA), tout particulièrement contre la sous-unité E2 du complexe du pyruvate déshydrogénase (PDC). L’étiologie de cette maladie est complexe et divers mécanismes pathophysiologiques pourraient rendre compte de cette inflammation chronique, comme un défaut d’élimination d’agents infectieux, une réaction auto-immune et/ou immunoallergique. Les toll-like receptors (TLR) sont des récepteurs membranaires à certains composés bactériens. Une hyperproduction d’anticorps IgM par des cellules du sang périphérique isolées (PBMC), en réponse à la stimulation par l’ADN microbien (agoniste de TLR9), pourrait participer à la pathogenèse de la CBP. Une perte de tolérance (génération d’anticorps AMA par des lymphocytes B hyperactivés ou autoréactifs) contre un agoniste de TLR9 a ainsi été récem- ment incriminée, comme cela a été proposé pour d’autres pathologies auto-immunes. Dans cette étude, la quasi-totalité des patients étaient séropositifs (94 %) pour des anticorps antimitochondriaux, alors qu’aucun des sujets contrôles ne présentait de titres significativement élevés pour ces anticorps. La stimulation in vitro par un agoniste synthétique et spécifique de TLR9 induisait une hyperproduction d’anticorps AMA par les PBMC. De plus, l’activation par l’agoniste de TLR9 α augmentait significativement le nombre de canaux sensibles au calcium chez les patients avec CBP par rapport aux sujets contrôles. Or, les auteurs ont également démontré que le blocage pharmacologique de canaux potassiques abolissait les effets de l’activation de TLR9 sur la production d’anticorps AMA par les PBMC. En conclusion, cette étude suggère une dysrégulation des lymphocytes B et de l’immunité innée, sans pour autant identifier une composante étiologique bactérienne spécifique. C’est ainsi que le rôle physiopathologique de la translocation de la flore bactérienne intestinale mériterait que d’autres investigations soient menées dans ce sens. Quels que soient le mécanisme pathologique et la nature des espèces bactériennes impliquées, ces travaux soulignent le potentiel thérapeutique d’inhibiteurs pharmacologiques des canaux potassiques chez les patients souffrant de maladies auto-immunes comme la CBP. Des données chez l’homme sont maintenant attendues, même si de nombreux essais cliniques ont dû être suspendus prématurément en raison d’effets secondaires graves. > Moritoki Y, Lian ZX, Wulff H et al. AMA production in primary biliary cirrhosis is promoted by the TLR9 ligand CpG and suppressed by potassium channel blockers. Hepatology 2007;45:314-22. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - nos 3-4 - mars-avril 2007