Libérale Rhumatologie Comment soulager la douleur aiguë ? La douleur est subjective et son intensité est perçue différemment d’un patient à l’autre. On distingue deux formes de douleur dont l’approche est sensiblement différente : la douleur aiguë et la douleur chronique. L a douleur aiguë apparaît brutalement. Elle engendre des signes physiques désagréables et s’accompagne d’une réelle anxiété. Il est essentiel d’en traiter la cause et de la soulager avant qu’elle ne devienne chronique et ne laisse des traces, notamment sur le psychique et le comportement du patient. La douleur aiguë en rhumatologie est l’une des douleurs les plus fréquentes et les plus intenses. La mise en route du traitement et la bonne puissance de la technique antalgique doivent s’exercer en tenant compte du malade et du lieu de sa prise en charge, souvent effectuée à domicile. En rhumatologie, la douleur aiguë doit être identifiée rapidement et soignée très vite, avec l’efficacité que représentent les nouveaux traitements. Elle peut être rebelle sans pour cela être chronique. Principal motif de consultation La douleur est le principal motif de consultation en rhumatologie. Son évaluation est une étape importante pour juger de l’évolution de la maladie, notamment vers le chronique, et de la réponse au traitement. Elle doit permettre également de tenir compte du retentissement fonctionnel du type de la douleur, modifiée dans le temps et selon les activités. Le problème principal est de reconnaître la cause de la douleur pour la traiter. Les douleurs rhumatologiques sont divisées schématiquement en plusieurs types. • Les douleurs articulaires sont des douleurs par excès de nociception, classées en douleurs mécaniques et inflammatoires. On distingue : – l’arthrose, dont la douleur serait d’origine capsulo-ligamentaire et osseuse. L’arthrose peut être responsable de douleurs nocturnes aux changements de position ou lors de stations prolongées. Chez le sujet âgé, elle s’associe souvent à d’autres composantes douloureuses, neurologiques ou vasculaires. Elle peut parfois révéler une dépression masquée. La topogra- 42 phie de la douleur est quelquefois trompeuse, située à distance de l’articulation en cause (douleur du genou révélant une coxarthrose) ; – l’arthrite, dont la douleur dite “inflammatoire” serait liée à l’activation des récepteurs synoviaux et des substances chimiques. La douleur se caractérise par son rythme : elle apparaît et augmente au repos, est maximale en fin de nuit, imposant un déverrouillage matinal plus ou moins long, puis diminue avec l’activité. • Dans les atteintes néoplasiques, la douleur osseuse est liée à un envahissement tumoral avec libération de substances inflammatoires locales proprioceptives. • Dans les ostéopathies métaboliques, la douleur serait liée à une hyperpression osseuse et à un hyper-remodelage osseux local. • Les pathologies musculaires (tendinopathies, syndrome myofacial...) peuvent causer des douleurs souvent exacerbées par le stress, la tension psychique, localisées aux muscles atteints, ou référées, à distance. • Dans la douleur radiculaire, intervient un élément mécanique lié à la compression par la hernie discale de la racine nerveuse, ainsi qu’un élément inflammatoire lié à la hernie elle-même. Une prise en charge multiple En rhumatologie, la prise en charge est multiple, elle nécessite une compliance thérapeutique et une éducation des patients. Pour l’infirmière, évaluer la douleur aiguë, c’est écouter le patient, et mettre en œuvre les moyens thérapeutiques pour apporter un soulagement durable, voire définitif. La grande prévalence de la douleur rhumatismale dans la population gériatrique doit entraîner une mobilisation des partenaires de santé. Il faut éviter impérativement l’immobilisation de ces personnes afin de ne pas altérer leur autonomie. D’autant que les traitements existent. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 39 - août-septembre 2002 Anne Cormi