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UNIVERSITE de CAEN
------FACULTE de MEDECINE
Année 2012
N°
THESE POUR L’OBTENTION
DU GRADE DE DOCTEUR EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le :
Par
Madame Marianne NAJAC-PASCAL
Née le 21 Juillet 1984 à NARBONNE (AUDE)
:
Séquelles locorégionales après traitement chirurgical du
cancer du sein et suivi post-thérapeutique
en médecine générale
Réalisation d’outils d’aide à la prise en charge du lymphœdème du membre
supérieur après cancer du sein
en Basse Normandie
Président :
Monsieur le Professeur Jacques LUET
Membres :
Monsieur le Professeur Khaled MEFLAH
Monsieur le Professeur Pierre DENISE
Directeur de thèse :
Madame le Docteur Claire DELORME
UNIVERSITE DE CAEN
FACULTE DE MEDECINE
Année Universitaire 2011 - 2012
Doyen
Professeur J.L. GERARD
Assesseurs
Professeur D. AGOSTINI
Professeur P. DELAMILLIEURE
Professeur G. DEFER
Secrétaire Générale
Madame C. CARRE
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
M.
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Mme
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Mle
Mme
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M.
AGOSTINI Denis
ALVES Arnaud
BABIN Emmanuel
BALEYTE Jean-Marc
BENATEAU Hervé
BENSADOUN Henri
BIENVENU Boris
BOUVARD Gérard
BRAZO Perrine
BROUARD Jacques
BUSTANY Pierre
CHAPON Françoise
CHICHE Laurence
EMERY Evelyne
COMPERE Jean-François
COQUEREL Antoine
COURTHEOUX Patrick
DAO Manh Thông
DEFER Gilles
DELAMILLIEURE Pascal
DENISE Pierre
DERLON Jean-Michel
DOLLFUS Sonia
DREYFUS Michel
DU CHEYRON Damien
FELLAHI Jean-Luc
FREYMUTH François(en surnombre)
GALATEAU-SALLE Françoise
GERARD Jean-Louis
GROLLIER Gilles
GUILLAMO Jean-Sébastien
GUILLOIS Bernard
HABRAND Jean-Louis
HAMON Martial
HAMON Michèle
HANOUZ Jean-Luc
HERLICOVIEZ Michel
HERON Jean-François
HULET Christophe
HURAULT de LIGNY Bruno
Biophysique et Médecine nucléaire
Chirurgie digestive
Oto-Rhino-Laryngologie
Pédopsychiatrie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Urologie
Médecine interne
Biophysique et Médecine nucléaire
Psychiatrie d’adultes
Pédiatrie
Pharmacologie
Histologie, Embryologie
Chirurgie digestive
Neurochirurgie
Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie
Pharmacologie
Radiologie et imagerie médicale
Hépatologie-Gastro-Entérologie
Neurologie
Psychiatrie d’adultes
Physiologie
Neurochirurgie
Psychiatrie d'adultes
Gynécologie-Obstétrique
Réanimation médicale
Anesthésiologie et Réanimation médicale
Bactériologie, Virologie
Anatomie Pathologique
Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale
Cardiologie
Neurologie
Pédiatrie
Radiothérapie
Cardiologie
Radiologie et Imagerie médicale
Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale
Gynécologie et Obstétrique
Cancérologie
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Néphrologie
2
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ICARD Philippe
Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire
Mme
JOLY-LOBBEDEZ Florence
Cancérologie
Mme
KOTTLER Marie-Laure
Biochimie et Biologie Moléculaire
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LAUNOY Guy
Epidémiologie, Economie de la santé et prévention
M.
LE COUTOUR Xavier
Epidémiologie, Economie de la santé et prévention
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LE MAUFF Brigitte
Immunologie
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LECLERCQ Roland
Microbiologie
M.
LEROY François
Rééducation fonctionnelle
M.
MAIZA Dominique
Chirurgie vasculaire
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MALLET Jean-François
Chirurgie infantile
M.
MANRIQUE Alain
Biophysique et Médecine nucléaire
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MARCELLI Christian
Rhumatologie
M.
MASSETTI Massimo
Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire
M.
MAUREL Jean
Chirurgie Générale
M.
MAZOYER Bernard
Radiologie et Imagerie Médicale
M.
MILLIEZ Paul
Cardiologie
M.
MOREAU Sylvain
Anatomie/Oto-Rhino-Laryngologie
M.
MOURIAUX Frédéric
Ophtalmologie
M.
NORMAND Hervé
Physiologie
M.
PELAGE Jean-Pierre
Radiologie et Imagerie médicale
Mme
PIQUET Marie-Astrid
Nutrition
M.
RAVASSE Philippe
Chirurgie Infantile
M.
REIMUND Jean-Marie
Hépato-Gastroentérologie
M.
REZNIK Yves
Endocrinologie
M.
ROUPIE Eric
Thérapeutique
M.
RYCKELYNCK Jean-Philippe
Néphrologie
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TROUSSARD Xavier
Hématologie
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VABRET Astrid
Bactériologie - Virologie
M.
VERDON Renaud
Maladies infectieuses
Mme VERNEUIL Laurence
Dermatologie
M.
VIADER Fausto
Neurologie
M.
VIELPEAU Claude (en surnombre)Chirurgie Orthopédique et Traumatologie
M.
VON THEOBALD Peter
Gynécologie et Obstétrique
Mme
ZALCMAN Emmanuèle
Anatomie et cytologie pathologique
M.
ZALCMAN Gérard
Pneumologie
PROFESSEUR DES UNIVERSITES DE MEDECINE GENERALE
M.
LUET Jacques
PROFESSEUR ASSOCIE de Médecine générale
Mme
Mr
SAMUELSON Marianne
ROBERT Jean-Charles
Médecine Générale (Cherbourg)
Médecine Générale (Villers sur Mer)
PRAG
Mme
LELEU Solveig
3
UNIVERSITE DE CAEN
FACULTE DE MEDECINE
Année Universitaire 2011 - 2012
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES-PRATICIENS
HOSPITALIERS
M.
Mle
M.
M.
Mme
M.
ALLOUCHE Stéphane
BENHAIM Annie
BESNARD Stéphane
CATTOIR Vincent
CLIN-GODARD Bénédicte
CONSTANS Jean-Marc
Biochimie et Biologie Moléculaire
Biologie Cellulaire
Physiologie
Bactériologie-Virologie
Médecine et santé au travail
Radiologie et Imagerie Médicale - option
biologique
M.
COULBAULT Laurent
M.
CREVEUIL Christian
Mme DEBOUT Claire
Mme DEBRUYNE Danièle
Mme DENIS Isabelle
reproduction
Mme DERLON-BOREL Annie
M.
ETARD Olivier
Mme GUITTET-BAUD Lydia
prévention
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HITIER Martin
M.
LANDEMORE Gérard
Mme LAROCHE Dominique
Mme LELONG-BOULOUARD Véronique
Mme LEPORRIER Nathalie
Mme LEVALLET Guénaëlle
M.
MITTRE Hervé
M.
PARIENTI Jean-Jacques
Communication
M.
SESBOUE Bruno
Mme SZERMAN-POISSON Ethel
Reproduction
M.
VERGNAUD Michel
Biochimie et Biologie moléculaire
Informatique Médicale
Histologie, embryologie, cytogénétique
Pharmacologie fondamentale
Biologie du Développement et de la
Hématologie
Physiologie
Epidémiologie, économie de la santé et
Anatomie
Histologie, embryologie, cytogénétique
Biophysique et traitement de l'image
Pharmacologie fondamentale
Génétique
Cytologie et Histologie
Biologie cellulaire
Biostatistiques, Infor. Médicale et Tech. de
Physiologie
Biologie du Développement et de la
Bactériologie, Virologie
Maître de conférences Associé de Médecine générale
Mme AULANIER Sylvie
Médecine générale (Le Havre)
Mr
Médecine générale (Villers sur Mer)
ROBERT Jean-Charles
4
A Monsieur le Professeur Jacques LUET,
Pour m’avoir fait l’honneur de présider ce jury de thèse,
Qu’il soit assuré de ma reconnaissance et de mon plus profond respect.
5
A Monsieur le Professeur Pierre DENISE,
Pour avoir accepté de participer à ce jury,
Qu’il soit assuré de ma reconnaissance et de mon plus profond respect.
6
A Monsieur le Professeur Khaled MEFLAH,
Pour avoir accepté de participer à ce jury,
Qu’il soit assuré de ma reconnaissance et de mon plus profond respect.
7
Au Docteur Claire DELORME, directrice de Thèse,
Pour sa disponibilité, son enthousiasme et sa persévérance dans ce projet,
Pour m’avoir accompagné et encadré dans la réalisation de ce travail,
Qu’elle soit assurée de ma reconnaissance et de mon plus profond respect.
8
A tous ceux qui m’ont soutenu dans l’élaboration de ce travail :
A toute l’équipe du Réseau Régional Douleur de Basse Normandie
Au groupe de travail « Lymphologie » du Comité opérationnel, Bénédicte, Aline, Cécile,
Bertrand, Annie et Martine, pour m’avoir accueilli avec autant d’enthousiasme dans un but
commun, réfléchir pour l’amélioration des soins dans le domaine de la douleur et des soins de
support,
A toutes les personnes qui ont croisé mon chemin au cours de mes études médicales et qui ont
participé à ma formation,
Aux Docteurs Christine Even, Christian Chatelier, Olivier Crinière, Jean-Charles Robert, Ghislain
De Carpentier, Sylvio Bitker, maîtres de stage en milieu ambulatoire, qui m’ont donné envie
d’exercer la médecine générale, exemple d’une médecine humaine et riche.
9
A mon mari, Pierre, pour sa patience, son soutien au quotidien, sans qui je n’aurais pas pu faire
tout ce chemin jusque-là,
A mes enfants, Adrien et Alexandre, pour leur joie de vivre et leur sourire, qu’ils me donnent
encore toujours plus d’amour et de tendresse chaque jour,
A mes parents, Josefa et Daniel, qui m’ont accompagné et soutenu tout au long de ces longues
études,
A mon frère, François, pour avoir partagé ensemble une enfance complice, pour me transmettre
encore ses conseils de « grand-frère »
A ma Grand-mère, Joséphine, pour son affection et sa bienveillance, pour m’avoir transmis ses
valeurs d’amour, de générosité.
Enfin à toute ma famille, elle qui a certainement contribué à mon envie de faire ce métier.
10
Liste des Tableaux
Tableau 1 : Principales complications post-chirurgicales du cancer du sein FNLCC
Tableau 2 : Evaluation de la douleur et de la qualité de vie chez 1023 patientes opérées
d’un cancer du sein en phase curative à 6 semaines, 6 mois et 1 an de l’intervention
Tableau 3 : Pourcentage des patientes présentant une douleur nociceptive et une
douleur neuropathique
Tableau 4 : Classification des syndromes douloureux séquellaires des traitements du
cancer du sein
Tableau 5 : Phases de la physiothérapie décongestive complète
Tableau 6 : Extrait du Dispositif de compression médicale édité par la Haute Autorité de
Santé 2010
Tableau 7 : Prévalence des syndromes douloureux post-mastectomies pour 5 études de
1995 à 2003.
Tableau 8 : Différents facteurs de risque potentiels en jeu dans l’apparition de douleurs
neuropathiques chroniques post-chirurgicales dans le cancer du sein
Tableau 9 : Quelques règles simples de prescriptions des médicaments dans la douleur
neuropathique
Tableau 10 : Initiation, doses d’entretien et principaux effets indésirables des
traitements pharmacologiques recommandés dans la douleur neuropathique
Tableau 11 : Mise en évidence de la flexion antérieure de l’épaule en fonction du type
chirurgical chez 683 patientes traitées pour cancer du sein avec curage axillaire et
radiothérapie
Tableau n° 12 : Répartition départementale des médecins selon leur mode d'exercice
Tableau 13 : Récapitulatif des compétences douleur (médecins et soignants) en Basse
Normandie
11
Liste des Figures
Figure 1 : Incidence et Mortalité du cancer du sein estimées en France de 1980 à 2005
Figure 2 : Anatomie générale du sein vue en coupe
Figure 3 : Anatomie de la région axillaire : la Paroi musculaire
Figure 4 : Plexus Brachial
Figure 5 : Relais ganglionnaires de drainage lymphatique du sein
Figure 6 : Drainage lymphatique du sein
Figure 7 : Anatomie de la région axillaire
Figure 8 : Répartition des patients inclus dans l’étude INCA 2010
Figure 9 : Nombre de patients douloureux inclus dans l’étude INCA 2010
Figure 10 : Courbe de réduction de volume en fonction de la phase de traitement
Figure 11 : Prévention des séquelles psychologiques du lymphœdème AFSOS
Figure 12 : Stratégie diagnostique d’une douleur chronique après chirurgie axillaire
Figure 13 : Evaluation d’un SDPM
Figure 14 : Prise en charge thérapeutique d’un SDPM
Figure 15 : Evaluation de la tolérance et de l’efficacité du traitement à 1 mois
Figure 16 : Continuité et globalité des soins en période curative
Figure 17 : Centres de référence dans la prise en charge spécialisée des Douleurs
chroniques rebelles en Basse Normandie
Figure 18 : Procédure et étapes d’élaboration des fiches pratiques par le groupe de
travail du Réseau Régional Douleur
Figure19 : Outils « Patient » réalisé par le groupe de travail Lymphologie du Réseau
régional Douleur de Basse Normandie
Figure 20 : Préférences des patients et des usagers pour la présentation des documents
d’information écrits
12
Liste des abréviations
AFSOS : Association Française des soins oncologiques de support
AFSSAPS : Association Française de sécurité sanitaire des produits de santé
AMM : Autorisation de mise sur le marché
CETD : Centre d’évaluation et de traitement de la douleur
CHIC : Centre hospitalier intercommunal des Andaines
CLCC : Centre de lutte contre le cancer
DHOS : Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins
DLM : Drainage lymphatique manuel
DNPC : Douleur neuropathique post-chirurgicale
FNCLCC : Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer
GS : ganglion sentinelle
HAS : Haute Autorité de Santé
IASP: International Association Study of Pain
IMC : Indice de masse corporelle
INCA : Institut National de Lutte contre le Cancer
LMS : lymphoedème du membre supérieur
LPPR : Liste des produits et prestations remboursées
MK : Masseurs-kinésithérapeutes
NICB : Neuropathie intercosto-brachiale
PPAC : Programme Personnalisé de l’Après Cancer
RCP : Réunion de concertation pluridisciplinaire
RRDBN : Réseau Régional Douleur de Basse Normandie
SDPM : Syndrome douloureux post-mastectomie
SUDOC : Service Universitaire de Documentation Commune
TENS : neurostimulation électrique transcutanée
13
SOMMAIRE
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 1
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ........................................................................... 4
PREMIERE PARTIE : « VIVRE APRES » UNE CHIRURGIE DU CANCER DU SEIN ............................................ 8
I.
Cancer du sein et séquelles du traitement chirurgical................................................................... 8
1.1. Données épidémiologiques, anatomiques et chirurgicales ..................................................... 8
1.1.1. Contexte épidémiologique................................................................................................... 8
1.1.2. Rappels anatomiques du sein et de la région axillaire ........................................................ 11
1.1.3. Principes généraux du traitement chirurgical du cancer du sein ........................................ 17
1.1.3.1. La chirurgie du sein ........................................................................................... 17
1.1.3.2. Le curage axillaire et la technique du ganglion sentinelle ................................... 20
1.1.3.3. La reconstruction mammaire ............................................................................ 27
1.1.4. Le parcours de soins en cancérologie : une amélioration de l’accompagnement ................. 30
1.2. Syndromes séquellaires après chirurgie du cancer du sein ....................................................33
1.2.1. Douleurs séquellaires et syndromes séquellaires : de quoi parle-t-on ? ............................ 34
1.2.2. Epidémiologie des syndromes séquellaires : un état des lieux ........................................... 35
1.2.3. Définitions et principes diagnostiques…………………………………………………………..…………43
1.2.4. Cancer du sein et principales pathologies séquellaires de la chirurgie du cancer du sein ... 51
1.2.4.1. Le lymphœdème du membre supérieur ............................................................ 51
1.2.4.2. Syndrome douloureux post-mastectomie et autres douleurs neuropathiques
séquellaires .................................................................................................................. 76
1.2.4.3. Troubles moteurs séquellaires de l'épaule, capsulite rétractile post-chirurgicale et
rééducation préventive ................................................................................................. 93
14
II. Le concept des soins de support en cancérologie et cancer du sein en phase curative ............ 105
2.1. Qu’entend-on par soins de support ? ................................................................................... 105
2.1.1. Contexte et justification de cette nouvelle organisation ................................................... 105
2.1.2. Définitions et objectifs du concept .................................................................................. 106
2.2. Soins de support et cancer du sein en phase de rémission ................................................... 108
2.2.1. La prise en charge de la douleur en cancérologie : un objectif prioritaire en soins de support
…………………………………………………………………………………………………………………………………………..110
2.2.2. La rééducation fonctionnelle en cancérologie ................................................................. 117
2.2.3. Le soutien psychologique et l’aide à la réinsertion psychosociale .................................... 118
2.3. Cancer du sein et qualité de vie : une nécessité de prise en charge globale de la patiente et une
finalité pour les soins de support ............................................................................................... 119
2.3.1. La mesure de la qualité de vie : une préoccupation nouvelle ............................................ 119
2.3.2. Cancer du sein et qualité de vie : des améliorations ? ...................................................... 121
III. Place du médecin généraliste dans le suivi post-thérapeutique du cancer du sein..................123
3.1. L’ « après cancer » du sein et le rôle du médecin généraliste …...............................................123
3.2. Les limites dans la prise en charge en Médecine Générale : place au réseau et à
l’interdisciplinarité……………………………………………………………………………………………………………………129
IV. Offre de soins de support en Basse Normandie : actualités et projets en cours ....................... 131
4.1. Quelques repères de démographie médicale en Basse Normandie ....................................... 131
4.2. Offre de soins régionale dans le traitement du cancer du sein ............................................. .136
4.3.
Coordination
des
soins
de
support
en
Basse
Normandie
:
un
projet
régional……………………….………………………………………………………………………………………………….137
4.4. Compétences et structures adaptées à la prise en charge de l’après cancer du sein en phase de
rémission en Basse Normandie ................................................................................................. 142
4.4.1. La douleur chronique : Le Réseau Douleur de Basse Normandie et les Centres de référence
dans la prise en charge spécialisée des douleurs chroniques rebelles en Basse Normandie ....... 143
15
4.4.2. Compétences en lymphologie……………………………..………………………………………………...144
4.4.2.1. Service de Lymphologie de l’hôpital des Andaines à la Ferté Macé (Orne) ....... 144
4.4.2.2. Association Vivre Mieux le Lymphoedème AVML (Lisieux)………………………........150
4.4.3. Points d'Informations patients……………………………………………………………………………………….......152
V. Cas de patientes atteintes de séquelles post-chirurgicales dans le cancer du sein ................... 155
DEUXIEME PARTIE : ELABORATION D'OUTILS POUR UNE AIDE A LA PREVENTION ET A LA PRISE EN
CHARGE DU LYMPHOEDEME DU MEMBRE SUPERIEUR APRES CANCER DU SEIN EN BASSE NORMANDIE
Prévention et prise en charge thérapeutique du lymphœdème du membre supérieur : Elaboration de
fiches pratiques à l’usage des patientes et des soignants……………………………………………………………………..164
Pourquoi de tels outils ?.................................................................................................................165
Méthodologie d’élaboration…………………………………………………………………………………………………………168
Résultats…………………………………………………………………………………………………………………………………….172
Critique des outils et applicabilité en Médecine Générale……………………………………………………………...187
DISCUSSION et PERSPECTIVES ............................................................................................................. 190
CONCLUSION ........................................................................................................................................ 193
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................................................... 195
16
ANNEXES .............................................................................................................................................. 204
Annexe 1 : Grille d’analyse d’un document de Recommandations HAS…………………………………………………205
Annexe 1 bis : Tableau des Niveaux de preuve scientifiques………………………………………………………………..206
Annexe 2 : Questionnaire Douleur de Saint Antoine…………………………………………………………………………….207
Annexe 3 : Outil d'évaluation d'une douleur neuropathique : DN4……………………………………………………….208
Annexe 4 : Référence dans la prise en charge d’une douleur neuropathique en 2010 : Recommandations de
la Société Française Evaluation et du Traitement de la Douleur (SFETD)……………………………………….........209
Annexe 5 : Outil « Douleurs neuropathiques en cancérologie : aide diagnostique et thérapeutique » réalisé
par le Réseau Régional Douleur de Basse Normandie………………………………………………………………………….210
Annexe 6 : Questionnaire d'auto-évaluation de la qualité de vie EORTC QLQ -BR23…………………………….212
Annexe 7 : Outils de repérage des besoins en soins oncologiques de support pour expérimentation du
classeur du "Programme Personnalisé de l' Après Cancer" (PPAC) en Basse Normandie………………….…...213
Annexe 8 : Adresses et Liens utiles……………………………………………………………………………………………………..217
17
INTRODUCTION
Le cancer du sein est un problème majeur de santé publique. Sa prévalence
augmente chaque année. En 2010, plus de 52 000 nouveaux cas de cancer du sein ont
été diagnostiqués en France selon les études de l’Institut Nationale de Veille sanitaire
[1]. Ainsi on estime qu’une femme sur neuf développera un cancer du sein au cours de
sa vie.
Cependant les progrès thérapeutiques en oncologie effectués ces dernières
années ont permis de réduire le risque de mortalité lié au cancer du sein.
L’amélioration du taux de survie implique donc une prise en charge plus longue et
une surveillance s’étalant dans la durée.
La poursuite de la prise en charge des patientes dans la phase de «l’Après Cancer »
prend tout son sens dans ce contexte.
Dans quelles conditions physiques vivent les patientes traitées pour un cancer du
sein, après la chirurgie, en phase de rémission ?
Nous pouvons nous rendre compte que près d’un tiers des patientes traitées pour
cancer du sein en phase de rémission sont touchées par des troubles fonctionnels ou
douloureux chroniques liés au traitement chirurgical du cancer dits syndromes
séquellaires. [2 -3]
Tous
les
traitements
du
cancer
(chirurgie,
radiothérapie,
chimiothérapie,
hormonothérapie) peuvent être à l’origine de douleurs séquelles douloureuses ou
fonctionnelles. Ces symptômes peuvent altérer la qualité de vie au quotidien et être
un obstacle à la réinsertion.
18
D’évolution lente et de résolution difficile, ces syndromes
séquellaires sont des
pathologies bien réelles, invalidantes, encore sous évaluées et d’une importance capitale
dans la prise en charge globale des patientes atteintes d’un cancer du sein. Ils requièrent
une attention particulière chez des femmes déjà affaiblies par la maladie cancéreuse.
La prévention primaire reste encore difficile. Un dépistage plus précoce de ces
séquelles éviterait un nomadisme médical et une prise en charge trop tardive.
Leur prise en charge fait appel à une organisation pluridisciplinaire mettant en œuvre
des thérapeutiques médicamenteuses, physiques, psychologiques et sociales. [3]
C’est ainsi que se développe depuis plusieurs années le concept de parcours de soins
devant l’émergence de besoins spécifiques différents selon l’étape de la maladie. La
notion de soins de support s’intègre dans le parcours de soins pour une prise en
charge globale et continue du patient autour du traitement du cancer, pour la
préservation de sa qualité de vie, et avec souvent comme premier interlocuteur dans
cette prise en charge, le médecin traitant.
Comment améliorer la prise en charge et la qualité de vie de ces patientes
atteintes de séquelles post-chirurgicales ?
Fruit d’une recherche parmi les meilleures preuves scientifiques au moment de leur
rédaction, d’une évaluation de l’offre de soins dans notre région, et de ma participation
au groupe de travail du Réseau Régional Douleur de Basse Normandie, ce travail tente
de réaliser une synthèse des recommandations actuelles sur la prévention et la prise en
charge des principales séquelles locorégionales post-chirurgicales dans le cancer du sein
(syndrome douloureux loco-régional post-mastectomie, lymphœdème du membre
supérieur, troubles fonctionnels de l’épaule et capsulite rétractile).
19
La première partie sera consacrée à l’étude des données épidémiologiques, des
principes thérapeutiques chirurgicaux du cancer du sein, et à la définition des trois
principaux syndromes séquellaires liés au traitement chirurgical du cancer du sein.
Une réflexion sur la prise en charge globale du cancer du sein, le parcours de soins et la
surveillance du cancer du sein en médecine de proximité sera menée en parallèle dans
le cadre de l’approche nouvelle pluridimensionnelle de la prise en charge du cancer,
intégrant la notion de soins de support.
En deuxième partie nous exposerons les étapes de la réalisation de deux outils d’aide à
la prise en charge du lymphoedème du membre supérieur. Une première fiche,
informative pour le patient, un deuxième outil à l’usage du soignant pour une aide à la
prescription et à l’orientation thérapeutique.
Résultat de la réflexion du groupe de travail « Lymphologie » réunissant des
professionnels de santé pluridisciplinaires, ces outils seront créés dans le cadre du
projet de coordination des soins de support dans la région Basse Normandie.
Les travaux de cette thèse s’intègre dans une démarche d’amélioration de la qualité et
de l’efficience des soins aux patients atteints de cancer en fournissant aux soignants
une aide à la décision facilement utilisable dans la pratique des soins primaires en
médecine générale, ainsi qu’une aide à l’orientation vers des soins de support
appropriés dans la phase de surveillance du cancer du sein.
20
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
«The half of knowledge is to know where to find knowledge. »
Citation de l’Ancienne Bibliothèque de Florida State University
La recherche documentaire : une démarche de formation continue en médecine générale
Les progrès rapides des connaissances médicales et la croissance du nombre de
publications justifient la synthèse des informations disponibles.
Des groupes de travail ont pour mission d’établir des « recommandations médicales
et professionnelles » pour faciliter la tâche des acteurs de santé dans la prise de
décision, et uniformiser les pratiques.
La mise à jour personnelle des connaissances sur ces recommandations est une
démarche que doit effectuer chaque praticien dans sa pratique quotidienne, tout en
gardant l’esprit critique.
Les « recommandations médicales et professionnelles » sont définies, dans le
domaine de la santé, comme des propositions développées méthodiquement pour aider
le praticien et le patient à rechercher les soins les plus appropriés dans des
circonstances cliniques données.
L’élaboration de ces recommandations est fondée sur une analyse et une synthèse
objective de la littérature scientifique, des avis d’experts et de professionnels, des
enquêtes de pratiques, permettant d’établir un état des connaissances à un moment
donné sur un thème précis.
21
Cela repose sur un travail prolongé d’analyse de la littérature, par des groupes de travail
pluridisciplinaires.
Délimitation du sujet de thèse et stratégie de recherche : étape préalable
Le choix d’aborder seulement les pathologies liées à la chirurgie est un choix de ma part,
la restriction du sujet aux séquelles de la chirurgie s’est imposée pour une plus grande
exhaustivité et clarté du travail.
Les pathologies séquellaires liées aux autres traitements du cancer du sein telles que la
radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie ne seront pas abordées ici, bien
que pourvoyeur de nombreuses séquelles thérapeutiques.
Le sujet choisi pour cette thèse aborde un thème très vaste qui se décline en plusieurs
sous-questions. Les syndromes séquellaires liées à la chirurgie du cancer du sein m’ont
paru être un sujet méritant d’être approfondi et reconnu en pratique générale, thème
rencontré de nombreuses fois au court de mon cursus universitaire d’Interne en
médecine générale.
Le
travail
de
recherche
bibliographique
a
consisté
à
rassembler
les
recommandations existantes sur la prise en charge thérapeutique des 3 tableaux
nosologiques séquellaires liées au traitement locorégional par chirurgie dans le
cancer du sein que sont le lymphoedème du membre supérieur, le syndrome
douloureux post-mastectomie et les troubles moteurs séquellaires de l’épaule.
Banques de données bibliographiques
La recherche sera effectuée sur les principales bases de données médicales numériques
que sont MEDLINE et Cochrane Database. Elle s’étendra aux moteurs de recherche
22
classiques comme Google et Google Scholar, ainsi qu’à la base documentaire
Universitaire (SUDOC et Bibliothèque du Centre François Baclesse à Caen).
Beaucoup d’informations utiles seront trouvées sur les circuits conventionnels
d’informations : posters, congrès, documents gouvernementaux, études non publiées,
rapports et autres documents non conventionnels.
Critères d’inclusion des documents de recommandations
Une
recherche
avancée
sera
effectuée
avec
recrutement
des
articles
de
recommandations pour la pratique clinique validés ainsi que des documents de
synthèse tels que des revues de
la littérature élaborées selon une base
méthodologique
la
rigoureuse
utilisant
Grille
d’analyse
des
documents
de
recommandations de la Haute Autorité de Santé (Annexe 1 et Tableau de niveaux de
preuve scientifique en annexe 1 bis). Quand elles font défaut, nous avons retenu les
conférences de consensus ou avis d’experts faisant l’unanimité.
Seuls les articles de langue anglaise et française seront inclus dans la recherche pour
des raisons de compréhension.
La recherche se limitera aux vingt-cinq dernières années.
Mots clés et équations de recherche par question
- Prévention et traitement du lymphœdème du membre supérieur après
cancer du sein :
Breast neoplasm AND postoperative complications, breast cancer AND lymphedema,
prevention AND lymphoedema AND breast cancer,
23
- Syndrome douloureux post-mastectomie après cancer du sein
Postmastectomy pain syndrome, postaxillary dissection pain syndrome, intercostobrachial
nerve lesion, post breast therapy breast syndrome, Breast neoplasm AND surgery AND
complications NOT chemotherapy, chronic disease, mastectomy AND adverse effects, postoperative complications AND breast cancer
- Pathologies de l’épaule après cancer du sein et rééducation
Shoulder pain AND breast cancer, range of motion AND breast cancer, shoulder dysfunction
AND breast cancer, breast neoplasm AND rehabilitation
Pour la première partie portant sur les rappels anatomiques et les traitements du cancer
du sein, nous nous appuierons sur des données et recommandations déjà classées selon
la méthode « standards » « Options », « Recommandations » (SOR) qui a été initiée par la
Fédération nationale des centres de luttes contre le cancer (FNCLCC) [4], ainsi que
sur les définitions anatomiques d’atlas de référence.[5]
Ce travail m’a permis de définir une stratégie de recherche documentaire optimale en
fonction de l’état actuel de « l’art », précisant ce qui est approprié, ce qui ne l’est pas et
ce qui doit faire l’objet de recherches complémentaires.
 Objectif de l’étude
L’objectif de ce travail est de réunir les recommandations pour la pratique clinique les
plus fiables déjà existantes, pour en favoriser leur diffusion à travers la réalisation de
fiches pratiques à l’usage des praticiens soignants et des patients concernant la
prévention et la prise en charge du lymphœdème.
24
PREMIERE PARTIE
« VIVRE APRES » UNE CHIRURGIE DU CANCER DU SEIN
I. Cancer du sein et syndromes séquellaires du traitement chirurgical
1.1. Données épidémiologiques, anatomiques et chirurgicales du cancer du
sein
1.1.1. Contexte épidémiologique
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes occidentales.
En France
Avec près de 52 000 nouveaux cas de cancers du sein diagnostiqués durant l’année
2010, le cancer du sein est au premier rang et représente 37 % de l’ensemble des
nouveaux cas de cancers chez les femmes en France. [1]
Avec un taux d’incidence standardisé (Monde) de 101.5 pour 100 000 en 2005, la France
se situe parmi les pays d’Europe de l’Ouest à plus forte incidence pour le cancer du sein.
Il ne cesse d’augmenter depuis 20 ans. Les taux d’incidence les plus élevés sont
enregistrés dans les pays à haut niveau de vie. [1]
L'incidence du cancer du sein augmente de façon importante et constante depuis 25
ans : le taux d'incidence standardisé a presque doublé, passant de 56,8 en 1980 à 101,5
en 2005. Le taux d'évolution, en moyenne de 2,4% par an entre 1980 et 2005, est
cependant légèrement moins important sur la dernière période entre 2000 et 2005 (+
2,1% par an). [6]
25
Mortalité en France
C’est la première cause de mortalité par cancer chez la femme avec près de 11 000
décès annuels en France (pour 410 000 décès estimés en 2002 dans le monde) soit un
taux de mortalité standardisé (monde) estimé de 17,7 pour 100 000 en 2005. La
mortalité, qui était restée stable depuis 1980, amorce une décroissance depuis 2000
(-1,3% par an sur la période 2000-2005). Les évolutions inverses de la mortalité et de
l’incidence du cancer du sein peuvent s’expliquer en partie par le diagnostic plus
précoce lié au développement du dépistage en France et l’amélioration des
thérapeutiques, sans que leur part respective puisse être précisée.
Figure 1 : Incidence et Mortalité estimées en France de 1980 à 2005 [6]
26
Le taux de survie en France
Le taux de survie relative du cancer du sein en France - survie que l’on observerait pour
une pathologie donnée au sein d’une population si seule cette cause de décès était présente,
en d’autres termes, la survie relative prend en compte la mortalité due aux autres causes est un des meilleurs d’Europe. Sur la période 1995-1997, la survie relative à 5 ans du
cancer du sein est de 86 %. Elle enregistre cependant des variations selon l’âge. De 83
% chez les femmes les plus jeunes (15-44 ans), elle passe à 88 % en période périménopausique (45-54 ans) mais diminue chez les femmes les plus âgées : 85 % entre 55
et 64 ans, 83% entre 65 et 74 ans et 78 % après 75 ans. [6]
En Basse Normandie
D’après l’Observatoire Régional de la Santé, les estimations du Réseau Francim donnent
une incidence de 1 066 nouveaux cas de cancer du sein survenus chez les femmes, en
2000, en Basse-Normandie.
Il n’existe pas à ce jour de données plus récentes concernant l’épidémiologie du cancer
du sein en Basse Normandie.
La mortalité Bas-normande par cancer du sein est voisine de la moyenne
nationale. [7]
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent de la femme occidentale.
1 femme sur 9 environ va développer un cancer du sein, dont près de 79 % d’entre
elles vont survivre plus de cinq ans après. [6]
27
1.1.2. Rappels anatomiques du sein et de la région axillaire
Anatomie du sein
La glande mammaire est constituée de
glandes lactifères (lobules), et de canaux
galactophores débouchant dans le mamelon.
Le sein contient non seulement du tissu
glandulaire, mais aussi du tissu conjonctif
(soutien), du tissu adipeux (graisse),
Figure 2 : Anatomie générale du sein
vue en coupe [5]
des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques.
Le sein repose sur une paroi musculaire convexe, constitué de dehors en dedans par le
muscle grand pectoral, petit pectoral et grand dentelé.
La région axillaire
Le creux de l’aisselle est situé en avant de l’omoplate (ou scapula), entre la paroi
thoracique et le bras. C’est une région de passage pour les vaisseaux et les nerfs destinés
au membre supérieur.
La région axillaire présente 4 parois, une base et un sommet.
La paroi antérieure est composée de deux plans musculaires superposés :
• le muscle grand pectoral
28
• le plan du muscle sous clavier et du muscle petit pectoral, tendu vers les 3, 4,
et 5èmes côtes.
La paroi postérieure est composée du muscle sous-scapulaire, et petit rond en
arrière, du muscle grand-rond et du muscle grand dorsal.
La paroi interne est constituée par la paroi thoracique latérale, recouverte par le
muscle grand dentelé, qui est tendu du bord spinal de l'omoplate aux 10 premières
côtes.
Figure 3 : Anatomie de la région axillaire : la paroi musculaire [5]
La paroi externe est constituée de l’humérus, de la longue portion du biceps (bord
supérieur de la glène humérale) et courte portion du biceps et du coraco-biceps (qui
proviennent tous les deux de la pointe du processus coracoïde).
29
La base de la région axillaire est constituée de la peau, des poils et glandes
sudoripares apocrines, du tissu cellulaire sous-cutané, du relief des bords inférieurs des
muscles grand pectoral en avant et grand-dorsal en arrière, dont les aponévroses sont
reliées entre elles.
Le sommet du creux axillaire, ou espace sous-claviculaire, est un défilé osseux avec en
avant, la clavicule et le muscle sous-clavier et en arrière et en dehors le bord supérieur
de l'omoplate et le processus coracoïde, en dedans la 1ère côte et 1ère digitation du
grand dentelé.
Tous ces plans forme une cavité, appelée creux axillaire qui contient l’artère et la veine
axillaires, les troncs secondaires du plexus brachial, et les ganglions lymphatiques
de drainage du membre supérieur et du sein.
Le plexus brachial
Le plexus brachial est formé par l’anastomose des branches ventrales des 4 derniers
nerfs cervicaux (C5 à C8) et du premier nerf thoracique (T1) qui forment, dans la
région sus-claviculaire du cou, trois troncs primaires : supérieur (C5, C6), moyen (C7),
et inférieur (C8, T1).
Chaque tronc primaire se divise en une branche ventrale et une branche dorsale, qui
s’anastomosent à leur tour pour former trois troncs secondaires : dorsal, ventrolatéral et ventro-médial.
30
Figure 4 : plexus brachial [5]
Au sommet de l’aisselle, le plexus brachial est représenté par les 3 troncs
secondaires, qui sont situés en arrière et en dehors de l’artère.
Dans le creux axillaire, les troncs secondaires se divisent en leurs branches terminales
derrière le muscle petit pectoral.
• Le tronc latéral, situé en dehors de l’artère axillaire, donne le nerf musculo-cutané,
et la racine latérale du nerf médian.
• Le tronc médial, situé entre l’artère et la veine axillaire, donne le nerf cutané médial
du bras, le nerf cutané médial de l’avant-bras, le nerf ulnaire, et la racine médiale
du nerf médian.
• Le tronc dorsal, situé en arrière de l’artère, donne le nerf axillaire et le nerf radial.
Outre ses 7 branches terminales, le plexus brachial donne dans le creux axillaire des
branches collatérales destinées aux muscles de la région :
Une anastomose unit le 2ème nerf intercostal au nerf cutané médial du bras. [5]
31
Les ganglions lymphatiques axillaires
Au nombre de 12 à 30, les ganglions lymphatiques de l’aisselle sont répartis en 5
groupes principaux :
• externe (ou huméral)
• postérieur (ou sous-scapulaire)
• antérieur ou pectoraux
• central, entre les 2 groupes précédents
• apical (ou sous-claviculaire) près du sommet de l'aisselle.
Figure 5 : Relais ganglionnaires du drainage lymphatique du sein
32
La région axillaire est une cavité qui contient :
- Les muscles de la région thoracique et de la partie supérieure du bras
- L’artère axillaire
- La veine axillaire
- Les troncs secondaires du plexus brachial, qui fournissent des branches collatérales
à tous les muscles des parois, et donnent derrière le muscle petit pectoral, les 7 branches
terminales du plexus brachial.- Les ganglions lymphatiques, répartis en 5 groupes.
Figure 6 : Drainage lymphatique du sein
33
1.1.3. Principes généraux du traitement chirurgical du cancer du sein
1.1.3.1.
La chirurgie du sein
La chirurgie du cancer du sein peut être soit conservatrice, soit radicale par
mastectomie.
Elle consiste en une exérèse de la tumeur ou du sein plus ou moins associée à une
chirurgie axillaire.
La chirurgie conservatrice : la mastectomie partielle, la quadrantectomie et la
tumorectomie
Aujourd’hui c’est le traitement standard des tumeurs non infiltrantes et de petites
tailles.
La chirurgie conservatrice consiste en une incision directe en regard de la tumeur, avec
exérèse large, passant en tissu macroscopiquement sain, en allant jusqu’au fascia du
muscle pectoral. Cette résection peut s’accompagner d’une résection elliptique de la
peau en regard de la tumeur, lorsque celle-ci est proche de la peau.
La quadrantectomie consiste en une exérèse de la tumeur avec une marge
macroscopique de 2 cm minimum, ce qui correspond le plus souvent à l’ablation d’un
quadrant.
La tumorectomie consiste à enlever la tumeur ainsi qu’une quantité suffisante de
glande avoisinante pour que la résection de la tumeur soit complète. Il s’agit d’une
impression macroscopique.
Ce traitement conservateur est limité à des tumeurs uni focales, de moins de 3 cm de
diamètre quand le sein est de taille normal car la mastectomie partielle en tissu sain
34
exige une marge de sécurité suffisante de 1 à 2 cm en péri tumoral afin de limiter les
taux de récidives liées à des marges chirurgicales de moins de 5 mm à fortiori infiltrées
par la tumeur.
Le mamelon et l’aréole sont conservés sauf en cas de tumeur rétroaérolaire qui peut
nécessiter un traitement conservateur par aérolo-mamelonectomie.
Il est important de rappeler ici que la radiothérapie est obligatoire dans tous traitements
conservateurs en raison de son effet potentialisateur des effets secondaires liés à la
chirurgie. Il n’y a pas d’exception à cette règle.
Si une rechute se produit dans le sein conservé, une mastectomie secondaire dite de
rattrapage est alors réalisée.
Les impératifs du traitement conservateur
- Assurer les mêmes taux de contrôle local que les traitements mutilants
- Obtenir un résultat anatomique, esthétique et fonctionnel de qualité en
conservant un volume, une forme, une coloration et une sensibilité comparable
au sein controlatéral
- Une limitation des séquelles fonctionnelles de l’épaule ainsi que des
complications vasculaires et nerveuses du membre supérieur
Les complications
Elles sont peu nombreuses au stade post-opératoire immédiat, et sont dominées par les
hématomes et les abcès.
35
A distance, c’est le préjudice esthétique qui domine : cicatrices disgracieuses,
déformation du sein avec rupture du galbe et bascule du mamelon vers le site
d’exérèse.
Cela peut justifier le recours aux techniques de chirurgie reconstructrice
concomitante.
La mastectomie radicale modifiée ou opération de Patey (1948)
Elle consiste en une incision horizontale ou oblique et ablation du sein avec sa peau
en conservant les muscles pectoraux et son aponévrose, avec curage axillaire.
Cette intervention donne un résultat esthétique correct et permet une reconstruction
prothétique de bonne qualité.
Mastectomie avec conservation de l’étui cutané ou « Skin sparing »
La technique de « skin sparing » est développée actuellement lorsque l’ablation de la
glande mammaire est nécessaire et que l’on souhaite conserver une quantité plus
importante de peau que dans la mastectomie radicale modifiée.
La mastectomie radicale ou opération de Halsted (1907)
Elle consiste en l’ablation monobloc du sein avec la peau, des deux muscles
pectoraux et de toute la partie cellulo-lymphatique de l’aisselle jusqu’au-devant de
la veine axillaire.
Cette technique permet l’exérèse complète des ganglions inter pectoraux et un curage
axillaire de l’aisselle le plus complet possible, ainsi que la résection des pectoraux avec
leur fascia. Elle a été abandonnée au profit d’interventions moins mutilantes.
36
La mastectomie radicale modifiée donne les mêmes résultats que la mastectomie
radicale en termes de contrôle local et de survie.
Les traitements conservateurs par tumorectomie associés à la radiothérapie
donnent des résultats équivalents à la mastectomie, tant en termes de récidive
locale qu’en termes de survie (Niveau de preuve A). [4]
1.1.3.2.
Le curage axillaire et la technique du Ganglion Sentinelle (GS)
Les cancers du sein infiltrants ont tous un risque de se propager par voie lymphatique
vers les ganglions axillaires.
Les ganglions axillaires restent la première voie de drainage des tumeurs
mammaires.
L’atteinte de ces ganglions est un des facteurs pronostiques des plus importants
dans le cancer du sein et détermine les stratégies thérapeutiques complémentaires.
Selon la classification TNM, l’absence de ganglion axillaire cliniquement suspect est noté
N0, la présence d’un ganglion est notée N1.
L’état des ganglions axillaires est un élément pronostic essentiel. Les patientes ayant
une infiltration axillaire métastatique pN+ de la classification internationale TNM de
l’UICC ont un pronostic plus mauvais que celles qui n’en ont pas. Ces patientes
nécessitent si elles ont moins de 75 ans, un traitement médical adjuvant par
chimiothérapie la plupart du temps.
Ainsi le curage axillaire fait partie intégrante du traitement des cancers du sein
infiltrants.
37
En 1955, Berg définit, trois étages au niveau du creux axillaire :
- Niveau I (étage axillaire inférieur) : ganglions situés en dehors du bord externe
du muscle petit pectoral
- Niveau II (étage axillaire moyen) : ganglions situés derrière le petit pectoral
- Niveau III (étage axillaire supérieur) : ganglions du sommet de l’aisselle en
dedans du bord interne du muscle petit pectoral
Niveau III de Berg
Niveau II de Berg
Muscle petit pectoral
Niveau I de Berg
Figure 7 : Anatomie de la région axillaire
L’invasion ganglionnaire axillaire est progressive du niveau I jusqu’au niveau III.
Le curage axillaire se fait par incision transversale de l’aisselle, soit séparée de l’incision
mammaire en cas de tumorectomie, soit en continuité en cas de mastectomie.
Il correspond en général à la dissection du premier et deuxième étage de Berg, limité
en haut par la veine axillaire, en dedans par le muscle grand dentelé, en avant par le
muscle petit pectoral et en arrière par le muscle grand dorsal. [8]
38
Le standard de qualité international recommande que le curage ramène au moins 10
ganglions. (Niveau de preuve B1) [4]
Ses objectifs sont :
- Curatif, en faisant l’exérèse de métastases ganglionnaires palpables ou
infracliniques susceptibles d’interférer sur le taux de rechute locale et la survie
globale
- Pronostic, en définissant l’état métastatique ou non des ganglions axillaires.
Le curage axillaire doit être pris en considération du fait de son implication dans les
séquelles post-chirurgicales.
Il est important de rappeler ici que l’irradiation de l’aisselle est abandonnée en
raison de ses complications propres surajoutées à celles du curage chirurgical.
Il existe actuellement deux techniques de prélèvement des ganglions axillaires : l’une
classique, le curage axillaire, l’autre plus récente réservée aux petites tumeurs, la
biopsie du ganglion sentinelle.
Le curage axillaire consiste à enlever les ganglions des deux premiers étages. En cas de
traitement conservateur, il est préférable, pour des raisons esthétiques, d’effectuer
une incision séparée de celle de la tumorectomie.
Les ganglions étant situés dans la graisse du creux axillaire, il n’est pas possible pour le
chirurgien de voir pendant l’intervention le nombre de ganglions qu’il prélève ni de
savoir si ceux-ci sont envahis ou non.
L’évidement monobloc est la technique de référence.
Les ganglions sont examinés et comptés au laboratoire lors de l’examen
anatomopathologique qui est effectué après ou pendant l’intervention. En raison de
l’écoulement de lymphe qui se produit obligatoirement en post opératoire, un drain
aspiratif (drain de Redon) est laissé en place pendant plusieurs jours. Après l’ablation du
39
drain, la lymphe peut continuer à s’écouler sous la peau et provoquer la formation d’une
tuméfaction (lymphocèle) nécessitant une ou plusieurs ponctions évacuatrices.
L’évidement axillaire reste un geste de stadification essentiel dans le cancer du sein et
est également un élément important du contrôle locorégional.
Complications du traitement chirurgical de l’aisselle
Les complications du temps axillaire sont non négligeables et ont amené à rechercher
la diminution du nombre de curage axillaire.
Les complications les plus connues sont les complications tardives, dominées par le
lymphoedème et la raideur de l’épaule, mais les complications précoces sont aussi
importantes et à prendre en considération.
Complications après curage de l’aisselle
Complications
Fréquence
Retard de cicatrisation locale
2à8%
Lymphorrhée
15 à 30 %
Lymphocèle
5 à 50 %
Troubles sensitifs face interne du bras
Bride rétractile
20 à 30 %
30%
Séquelles fonctionnelles (fatigabilité, raideur)
Douleur
8 à 40 %
15 à 30 %
Lymphoedème
8 à 40 %
Tableau 1 : Principales complications post-chirurgicales du cancer du sein [4]
FNLCC
40
Technique du ganglion sentinelle
La technique du ganglion sentinelle a une importance croissante dans la prise en charge
du cancer du sein car de nos jours, plus de 70 % des patientes opérées pour cancer
du sein n’ont pas d’infiltration axillaire métastatique. [9]
De plus, le curage axillaire présente un rapport bénéfice/risque insuffisant.
La technique de recherche du ganglion sentinelle en peropératoire a donc été appliquée
au cancer du sein à partir de 1994 avec un développement de la recherche grandissante
sur le sujet.
L’objectif est d’obtenir la même information pronostique que celle du curage axillaire,
en diminuant de façon drastique la fréquence et l’importance des effets délétères
(lymphocèle, lymphoedème etc.).
Maintenant on sait que l’envahissement ganglionnaire se fait de proche en proche et que
les ganglions du sommet de l’aisselle (niveau III de Berg) ne sont pratiquement jamais
atteints lorsque les ganglions sous-jacents sont indemnes (niveau I de Berg).
Le postulat est que tout cancer du sein se draine dans un premier ganglion, qui est LE
Ganglion Sentinelle, premier relais lymphatique de la tumeur.
L’étude de ce ganglion serait représentative de statut ganglionnaire de la patiente et
permettrait d’éviter un curage axillaire en l’absence d’envahissement de celui-ci.
On éviterait alors la réalisation d’un curage axillaire et ses complications.
La morbidité du prélèvement du GS est négligeable et la période d’invalidité
postopératoire extrêmement faible.
41
La technique du ganglion sentinelle consiste à mettre en évidence le drainage
lymphatique de la tumeur et localiser le ganglion sentinelle, par l’injection d’un traceur
radioactif autour de l’aréole, le Technétium 99 et d’un colorant, le bleu Patenté®.
L’injection du traceur radioactif se fait quelques heures voire la veille de l’intervention,
dans un service de Médecine Nucléaire.
Deux à trois heures après ces injections, des clichés sont réalisés montrant la localisation
du ganglion sentinelle.
Ce traceur se concentre dans le ganglion sentinelle qui peut ainsi être prélevé
électivement. Le bleu Patenté® est injecté au début de l’intervention, sous anesthésie
générale. Il diffuse en quelques minutes vers le ganglion sentinelle. Le chirurgien, guidé
par une sonde de détection de radioactivité effectue une petite incision dans l’aisselle et
retire les ganglions radioactifs et/ou colorés en bleu, entre un et quatre ganglions. Ces
ganglions peuvent être analysés au laboratoire pendant l’intervention. Si l’analyse est
négative, aucun autre ganglion n’est prélevé. Un petit drain est le plus souvent mis en
place pendant 24 ou 48 heures, ce qui permet une sortie rapide de l’hôpital.
Si l’examen peropératoire montre la présence de cellules cancéreuses au niveau du
ganglion sentinelle, il faut alors réopérer la malade pour faire un curage axillaire.
Cette technique décrite dans les années 1990 s’est très rapidement développée en raison
de son faible risque de complications et de séquelles. Il s’agit cependant d’une technique
très sophistiquée qui nécessite des équipes entraînées et qui n’est totalement fiable que
chez les malades ayant des petites tumeurs mesurant moins de deux centimètres et sans
ganglion palpable.
42
Elle est aussi contre indiquée chez les femmes enceintes, les patientes ayant un lourd
terrain allergique ou des antécédent d’intervention importante au niveau du sein
ou de l’aisselle et en cas de tumeurs multifocales.
Les études publiées actuellement ne font état que de la faisabilité de la technique [9].
Elles montrent que cette technique est très fiable pour des équipes expérimentées :
- Indentification du ganglion dans 92 à 98 % des cas
- Taux de faux négatifs : 0 à 11 % (nombre de GS négatifs/nombre de curages
positifs)
Les recommandations et consensus internationaux reposent principalement sur des avis
d’experts. Pour les experts, l’exactitude diagnostique de la Biopsie du Ganglion
Sentinelle a été démontrée ; cette technique pourrait remplacer le curage axillaire (CA)
pour la stadification et le diagnostic de métastases chez certaines patientes. Le curage
ganglionnaire axillaire devrait être réalisé si le ganglion sentinelle n’est pas identifié ou
est métastatique.
Des questions restent incomplètement résolues à ce stade et demeurent du ressort de la
recherche clinique en cours ou à venir : le bénéfice potentiel de cette technique par
rapport au CA n'a pas été évalué par des études comparatives randomisées en termes
de complications à court terme, de contrôle régional de la maladie et de survie à moyen
et long terme. [9]
La recherche du GS semble donc être la meilleure alternative au curage axillaire.
Mais seules quelques études ont montrées des taux de morbidité faibles
comparativement à ceux après curage axillaire, études encore insuffisantes pour établir
des recommandations. [10]
43
Au total, la technique du ganglion sentinelle est une technique très prometteuse, qui
permettrait d’éviter le curage axillaire chez 85 à 90 % des patientes N- (niveau de
preuve B1) mais nécessite un environnement pluridisciplinaire (médecins nucléaires,
chirurgiens, anatomopathologistes) et une période d’apprentissage pour chacun des
intervenants (niveau de preuve B1). [4]
Mais elle ne peut être recommandée en pratique courante, avant les résultats des
études en cours. (Accord d’experts)
1.1.3.3.
La reconstruction mammaire
La chirurgie reconstructrice prend une place grandissante dans les protocoles de
traitement.
Le sein est le symbole principal de la féminité et la perte d’un sein ou sa déformation
majeure peut altérer gravement l’image corporelle de la femme et la perception qu’elle a
de son corps. Cette perte peut entrainer des séquelles et un retentissement important :
psychologique, familial, professionnel et social.
Un prothèse externe, portée pour simuler le sein perdu, n’est pas intégrée dans le
schéma corporel de la femme et, par conséquent, ne soulage pas la perception de sa
difformité.
C’est pourquoi il est licite de proposer une reconstruction mammaire chaque fois que la
patiente le désire.
La reconstruction mammaire doit être intégrée dans un plan de traitement cohérent et
pluridisciplinaire.
44
La reconstruction mammaire n’est pas un traitement carcinologique mais fait partie
intégrante de la prise en charge du cancer du sein.
Le choix de la technique appropriée est établi par le chirurgien, en fonction des
traitements antérieurs, de la morphologie et du souhait de la patiente.
Elle peut être immédiate ou différée et ne doit en aucun cas perturber l’administration
des traitements oncologiques.
Quand le traitement local nécessite une mastectomie totale et que la patiente souhaite
une reconstruction mammaire immédiate, une consultation multidisciplinaire préalable
est indispensable pour évaluer la nécessité d’un traitement locorégional (radiothérapie)
et ou général (chimiothérapie ou hormonothérapie).
Nous aborderons ici les différentes techniques pour bien comprendre l’enjeu de sa
réalisation et surtout les complications qui s’ensuivent.
Reconstruction volume
La reconstruction du sein après mastectomie se fait le plus souvent en deux temps
opératoires : le premier permet la reconstruction du volume et le deuxième, réalisé trois
à six mois plus tard, permet la reconstruction de la plaque aérolo-mamelonnaire avec
d’éventuelles retouches du sein et une symétrisation si nécessaire.
Prothèse sous pectorale
Elle consiste en l’utilisation de tissus loco-régionaux et d’une prothèse sous pectorale.
C’est la solution la plus simple techniquement.
Elle consiste à introduire par la cicatrice de la mastectomie, une prothèse sous le muscle
grand pectoral.
45
Elle évite de réaliser une cicatrice supplémentaire et un prélèvement musculaire.
Cependant elle n’est réalisable que chez des patientes ayant des tissus locaux en
quantité et qualité suffisante.
Reconstruction par lambeau musculo-cutané
Lorsqu’une prothèse sous musculaire ne permet pas d’obtenir des résultats satisfaisants,
soit du fait d’un déficit de tissus cutanés, soit d’un déficit qualitatif, quand les tissus sont
de mauvaise qualité (irradiation préalable), un apport tissulaire est alors nécessaire
sous la forme d’un lambeau musculo-cutané.
Les lambeaux les plus utilisés sont les lambeaux du muscle grand dorsal (avec ou sans
prothèse).
Reconstruction par TRAM (Trans Rectus Abdominis Musculocutaneous flap)
La reconstruction par lambeau abdominal inférieur ou technique appelée « Tram »,
permet d’utiliser la palette cutanéo-graisseuse sous-ombilicale, normalement excisée
lors d’une abdominoplastie, pour reconstruire les seins.
Le muscle grand droit sert de véritable vecteur vasculaire permettant la transposition de
la peau et de la graisse abdominale inférieure vers la région mammaire.
Les inconvénients de cette technique sont une intervention très délicate qui nécessite
une précision de la technique, responsable d’une perte sanguine importante qui fait
souvent recourir à la transfusion, suivie d’une convalescence post-opératoire longue, et
accompagnée souvent de séquelles tardives au niveau abdominal, comme les diastasis,
hernies, perte de fonctions musculaires abdominales, mauvais résultats esthétiques
abdominaux.
46
Reconstruction aréolo-mamelonnaire
Elle sera réalisée secondairement par divers procédés :
- Tatouage aréolaire ou greffe de peau mince
- Greffe de l’hémi-mamelon opposé, autoplastie locale ou greffe de tissus
autologues
Au total, le traitement du cancer du sein est avant tout chirurgical. Les complications
induites par ces traitements sont à prendre en compte pour une prise en charge adaptée.
Si les progrès techniques sont considérables, le temps de latence pour voir apparaître
certaines complications est suffisant pour pouvoir les prévenir et les traiter
précocement.
1.1.4. Le parcours de soins en cancérologie: vers une amélioration de
l’accompagnement
« Dès l’annonce du diagnostic de cancer, les malades disent le basculement dans un autre
monde » [11]
Cette phrase tirée du livre blanc des 1er Etats Généraux des malades du cancer, reflète
bien l’image que l’on a du « monde » de la cancérologie, elle correspond bien à ce que les
malades disent du sentiment d’effondrement lors de l’annonce du diagnostic.
Grâce aux progrès, la prise en charge du cancer évolue. Ainsi les résultats obtenus ces
dernières années dans le traitement des cancers localisés s’améliorent et il nait
progressivement une volonté de garantir à chaque patient une prise en charge de
qualité.
47
La politique de santé publique fait du cancer un objectif prioritaire. Depuis 2003, date du
lancement du premier plan cancer, de nombreuses mesures ont été prises pour
renforcer la prise en charge « autour » du patient, humaniser l’accompagnement.
Le Plan cancer 2009-2013 a pour objectif de garantir à chaque patient un parcours de
soins personnalisé et efficace et de renforcer la coordination des soins, pendant et
après la maladie. C’est dans ce cadre et dans la continuité du Plan cancer 2003-2007 que
des actions sont menées pour accompagner les patients depuis l’annonce de la
maladie jusqu’à la vie après le cancer.
Citons par exemple les mesures de ce plan qui s’inscrivent dans cette démarche
d’amélioration : [12]

Mesure 19 : « Renforcer la qualité de prise en charge pour tous les malades
atteints de cancer »
Le dispositif d'annonce doit permettre à la personne malade de bénéficier des
meilleures conditions d'information, d'écoute et de soutien dès l’annonce de la maladie,
ceci en lui assurant un temps médical d'annonce et de proposition de traitement, un
temps soignant pour un soutien, un repérage de ses besoins et un accès facilité à des
soins de support.
Le projet personnalisé de soins (PPS) permet de formaliser la proposition de prise en
charge thérapeutique. Il deviendra ainsi le support essentiel de la personnalisation du
parcours de soins.
48
Le Dossier Communiquant de cancérologie vise à faciliter le partage des informations
médicales entre professionnels de santé, améliorant les relations ville-Hôpital, et
notamment à la fin du traitement pour un suivi en alternance. [13]

Action 25 : Développer une prise en charge sociale personnalisée et
accompagner l'après cancer
Elle prévoit d’expérimenter la mise en place du programme personnalisé de l’après
cancer (PPAC) [14] conduit avec et par les médecins traitants.
Destiné à être remis au patient à la fin des traitements actifs, pour lui permettre
d’intégrer son suivi dans sa vie quotidienne, adapté à ses besoins et révisable au fil du
temps, le PPAC prend le relais du PPS en fin de traitement pour acter l’entrée dans une
nouvelle période de la prise en charge, celle de l’après-cancer (ou de l’après traitement).
Il contient les éléments du suivi global du patient, incluant l’accompagnement social
et l’accès aux soins de support, avec l’identification des relais de proximité
nécessaires à la poursuite du suivi.
Ces points forts font parties des mesures transversales de qualité auxquelles les
établissements de santé doivent satisfaire dans le cadre du dispositif d'autorisation
pour l'activité de soins de traitement du cancer.
Enfin, le plan cancer et la circulaire DHOS/DSO du 22 février 2005 [15] rendent
obligatoire la prise en charge d’un malade atteint de cancer au sein d’un réseau de
cancérologie, qui ont, en théorie, pour vocation de hiérarchiser l’offre de soins et de
coordonner les soins du patient tout au long de son parcours thérapeutique, qu’il
s’agisse de soins médicaux, chirurgicaux ou de l’ensemble des soins des support.
49
1.2.
Les syndromes séquellaires post-chirurgicaux dans le cancer du sein
Il y a quelques années, le médecin informait son patient sur les modalités du traitement
et l’objectif était avant tout la guérison. Au fil des années, les attentes se modifient et le
patient veut non seulement, connaître ses chances de guérison, mais encore connaître
les risques de complications.
La loi oblige tout médecin à informer son patient sur les éventuelles séquelles des
traitements proposés.
La durée de survie des femmes atteintes d’un cancer du sein se prolonge de cinq à dix
ans en raison de la précocité du diagnostic et de l’évolution des traitements. [6]
Les traitements et particulièrement la chirurgie du cancer du sein engendrent des
séquelles, parfois très lourdes, et parfois même des pathologies qui deviennent
chroniques en phase de rémission.
Ces séquelles sont d’ordres fonctionnels, douloureux, ou esthétiques.
Nous pouvons donc penser que cette population, à risque de développer des douleurs
chroniques et autres complications tardives, devrait augmenter dans les années à venir
malgré les progrès des traitements curatifs qui sont devenus moins invasifs.
50
1.2.1. Douleurs séquellaires et syndromes séquellaires : de quoi parle-t-on ?
La douleur dite chronique et séquellaire a été définie de façon consensuelle par
l’International Association for the Study of Pain comme étant :
« Une douleur chronique évoluant depuis plus de 3 mois, survenant chez un
patient en phase de surveillance, attribué en termes de causalité aux traitements du
cancer. Ces douleurs ne s’expliquent pas par une faute (traitement qui aurait été
mal réalisé) ou une complication » [16]
On admet de façon plus générale le terme de « syndromes séquellaires », groupe de
pathologies
(douloureuses,
fonctionnelles,
psychologiques)
évoluant
de
façon
chronique, survenues en phase de surveillance, et imputées aux traitements du
cancer. [16]
Ces séquelles surviennent soit précocement après la chirurgie soit tardivement
plusieurs mois après la fin des traitements et se pérennisent vers la chronicité.
Leur prévalence reste non négligeable, et le retentissement sur la qualité de vie est un
paramètre primordial à prendre en compte, justifiant une prise en charge de qualité.
51
1.2.2. Epidémiologie de la douleur chronique en cancérologie et douleurs
séquellaires du traitement du cancer en général
Un des aspects primordial de ces syndromes séquellaires est la douleur séquellaire
post-thérapeutique liée aux traitements du cancer, entrant dans le tableau nosologique
des douleurs chroniques. Elle sait désormais trouver sa place dans les récentes études
de la douleur en cancérologie.
Rappelons que la prise en charge de la douleur fait l’objet prioritaire du Plan cancer
2009-2013(action 19.5).
On lui accorde une part très importante dans l’évaluation de la qualité de vie des
patients atteints de cancer.
En cancérologie, l’analyse étiologique de la douleur montre que si le cancer est
fréquemment impliqué, il n’est pas seul responsable de la douleur.
Les traitements du cancer (chirurgie, radiothérapie etc.) sont eux aussi pourvoyeurs de
douleurs aigües (quelques semaines après) ou chroniques (à partir de 3 mois).
On peut affirmer à ce jour qu’au moins 25 % des douleurs en cancérologie sont liées
au traitement de la maladie, tous cancers confondus d’après le rapport de la
Fédération Nationale de lutte contre le cancer de 2002 [21] et confirmé par la récente
étude de la douleur du cancer de l’INCA. [22]
52
Douleur chronique en cancérologie
La douleur du cancer en général a été étudiée dans une étude de l’Institut National
du Cancer en 2010 venant compléter les données précédentes, dont un des objectifs de
l’étude était de décrire la douleur à distance en phase de surveillance ou rémission. [22]
Cette étude a inclus 1541 patients avec 98 % de participation, dont 31 % avaient un
cancer du sein toutes phases confondues.
28 % de l’ensemble des patients inclus étaient en phase de surveillance.
1507 patients inclus
Phase de surveillance
Phase curative
Phase avancée
Figure 8 : Répartition des patients inclus dans l’étude INCA 2010
Sur l’ensemble des patients inclus, toutes phases confondues, 48 % d’entre eux se
déclarent être douloureux.
Douleur du cancer
Patients douloureux
(798)
Patients non
douloureux ou
contrôlés
Figure 9 : Nombre de patients douloureux inclus dans l’étude INCA 2010
53
Une douleur chronique était présente chez 58 % de l’ensemble des patients
douloureux dont 24.7 % d’entre eux (douloureux chroniques) sont en phase de
surveillance.
Dans cette même étude, la douleur neuropathique est au premier plan pour 35 %
des patients douloureux chroniques, toujours en phase de surveillance.
Seule une minorité d’entre eux déclare être pris en charge par un spécialiste de la
douleur.
Après avoir interrogé les patients, il ressort de cette étude que le médecin généraliste
est en première ligne parmi les principaux intervenants dans la prise en charge de
la douleur.
Les médecins spécialistes de la douleur n’interviennent ici que dans 7 % des cas et une
prise en charge pluridisciplinaire n’a lieu que dans 1.7 % des cas.
La consultation est théoriquement un moment où la douleur doit être recherchée
systématiquement, évaluée et où un traitement doit être institué ou adapté si besoin.
La discordance entre l’évaluation de la douleur faite par les professionnels de
santé et le vécu des patients est connue.
La comparaison des deux questionnaires douleur de cette étude, montre que la
prévalence de la douleur semble surestimée par le médecin dans 63 cas (4 %) et sousestimée dans 190 cas (24 %) surtout en phase de surveillance (44%).
Cette étude semble représentative d’une population tout-venants des patients atteints
de cancer de par le recrutement des patients par une consultation spécialisée de
cancérologie/oncologie/hématologie. Pour cette enquête, ont été exclus du recrutement
54
les patients provenant de consultations de radiothérapie, et qui sélectionne beaucoup
les patients en phase curative ou en surveillance.
Donc dans notre cas, ces chiffres ne sont en aucun cas représentatifs de la prévalence
des douleurs neuropathiques ou séquellaires en phase de surveillance mais nous
pouvons prendre en compte l’aspect de sous-estimation de la douleur du cancer en
générale par les médecins.
Douleurs séquellaires
L’institut National du Cancer a publié en Juin 2010 une fiche repère mettant en évidence
la fréquence des douleurs en cancérologie et particulièrement des douleurs à distance
du traitement, en phase de surveillance ou dite de rémission.
Selon les différentes études référencées dans cette fiche, 30 à 50 % des patients sont
douloureux dans cette phase de surveillance [23], et 10 à 40 % de ces patients
douloureux présentent une douleur d’intensité moyenne à forte. [24]
L’accent est bien mis sur la prise en charge des douleurs séquellaires liées au
traitement, qui sont souvent sous estimées et considérées à tort comme une fatalité
alors que de nombreux moyens existent pour les soulager.
« Si ces douleurs sont explicables par leur lien avec les traitements, elles ne sont pas
« normales », et il est souvent difficile de faire le pronostic de leur durée dans le temps, y
compris à l’arrêt du traitement jugée responsable ».
55
Syndromes séquellaires
Le terme de douleur séquellaire a été étendu à toutes les pathologies autres que la
douleur, consécutives ou en lien avec le traitement sous le terme de « syndromes
séquellaires ».
Les différentes composantes de ces syndromes sont déclinées de façon précise en
termes de douleur, troubles fonctionnels, troubles psychologiques, et « de gêne »
affectant la qualité de vie, qui restent encore très difficiles à évaluer.
En général, ces pathologies sont encore mal connues et manquent globalement de
données épidémiologiques.
Une étude épidémiologique intéressante a été menée à l’institut Curie à Paris, de 2001 à
2002, [25] étude prospective et multicentrique (3 hôpitaux)
portant sur 1023
patientes prises en charge pour cancer du sein non métastatique. Les patientes ayant
une récidive ont été exclues. Le but a été de comprendre les mécanismes et la
dynamique des douleurs secondaires aux traitements.
Un examen de la région opérée et du bras ipsilatéral a été réalisé le lendemain de la
chirurgie, puis un questionnaire d’autoévaluation de la douleur et du retentissement sur
la qualité de vie a été demandé à 6 semaines, à 6 mois et à un an après la chirurgie. En
cas de douleur, les patientes étaient convoquées pour un examen clinique afin de
préciser le nombre de régions douloureuses (maximum 2 douleurs évaluées par
patiente), leur localisation, leur intensité ainsi que leur type. L’examen de l’épaule et la
recherche de lymphoedème ont été systématiques. Le Questionnaire De Saint-Antoine
56
été utilisé pour l’évaluation de la douleur nociceptive et neuropathique. La qualité de vie
a été étudiée par le Brief Pain Inventory.
Les données ont été recueillies sur 1023 patientes à 6 semaines de l’intervention,
1019 patientes à 6 mois et 1001 patientes à 1 an.
Résultats
6 semaines
6 mois
1 an
Douleur
479 (46,8 %)
383 (37.6%)
311 (31%)
Evaluation qualité
de vie (BPI)
3.2 (+/- 1.97)
3(+/-2.09)
2.8 (+/-2.79)
Tableau 2 : Evaluation de la douleur et de la qualité de vie chez 1023 patientes
opérées d’un cancer du sein en phase curative à 6 semaines, 6 mois et 1 an de
l’intervention
Les données ci-dessus sont des données recueillies par questionnaires remplies par les
patientes. Les patientes présentant une douleur à 6 semaines (479 pts) ont été
convoquées 6 semaines, à 6 mois et à un an après le questionnaire pour une évaluation
clinique. Les résultats de l’évaluation sur ces patientes ont permis de faire la distinction
entre la présence d’une composante douloureuse nociceptive ou neuropathique
dominante.
6 semaines = 367 pts
6 mois = 315 pts
1 an =248 pts
Douleur nociceptive
Douleur neuropathique
125 (34%)
230 (62.7%)
149 (47.3%)
150 (47.6%)
131 (54.8)
107 (43.1%)
Tableau 3 : Pourcentage des patientes présentant une douleur nociceptive et une
douleur neuropathique
57
Le traitement rapporté le plus générateur de douleur était la chirurgie avec dissection
axillaire et la reconstruction mammaire.
Ces résultats nous permettent de dire qu’il est nécessaire d’évaluer la douleur des
patientes opérées pour cancer du sein très tôt après la chirurgie (entre 4 et 6
semaines) pour dépister l’apparition de douleur qui pourrait évoluer vers la
chronicisation.
Ils ne permettent néanmoins pas de tirer des conclusions d’ordre épidémiologiques
étant donné le manque de force de l’étude avec de nombreux biais de sélection des
patientes mais aussi le manque de puissance de l’étude.
Ces chiffres nous permettent quand même de se rendre compte de la présence réelle et
non négligeable de douleurs chroniques après la chirurgie du cancer du sein.
Il est néanmoins urgent que des analyses quantitatives et qualitatives complémentaires
soient réalisées pour étayer ces données, somme toute intéressantes.
Cette étude a permis d’identifier la fréquence des douleurs et les temps douloureux
en fonction de la chronologie des traitements du cancer du sein. Elle a permis
également d’identifier les patientes pouvant développer des douleurs neuropathiques
chroniques. Une classification en 12 syndromes douloureux a été ainsi établie. Cette
classification, plus complète que celle déjà réalisée par Jung en 2003 qui ne tenait
compte que des douleurs neuropathiques, concerne aussi bien les douleurs
neuropathiques que nociceptives. Dans une recherche de clarification, les douleurs
nociceptives et neuropathiques ont été distinguées même si toutefois cette séparation
n’est pas aussi tranchée ; les deux composantes douloureuses peuvent coexister.
58
Douleurs de neuropathies intercostales
Type 1 axillaire (T2 au niveau axillaire)
Type 2 thoracique (T2 thoracique et axillaire et partie haute de T1 face postérieure du
bras
Type 3 plexopathie (T2 et T1 en totalité)
Autres douleurs neuropathiques
Type 4 Syndrome régional complexe (allodynie et troubles vasomoteurs avec ou sans
atteinte neurologique)
Type 5 Névrome cicatriciel
Type 6 Syndrome douloureux fantôme post-mastectomie
Douleurs nociceptives
Type 7 lymphœdème douloureux
Type 8 Périarthrite scapulo-humérale (PASH) d’immobilisation
Type 9 Douleurs musculo-squelettiques dos et épaule
Type 10 Fibrose post-chirurgicale et post-radiothérapie
Type 11 radio-épithélite
Type 12 non classable (lymphangite superficielle et autres)
Tableau 4 : Classification des syndromes douloureux séquellaires des traitements
du cancer du sein [25]
Cette étude a été d’un grand intérêt dans notre travail et permet de mieux appréhender
la prise en charge des patientes traitées pour cancer du sein en phase de rémission.
Une publication récente de Gartner dans le JAMA, [26] pertinente de par sa puissance,
réalisée au Danemark en 2009, a interrogé des femmes 2 à 3 ans après traitement pour
un cancer du sein. Parmi les 3754 patientes interrogées, 3253 femmes ont répondu,
avec un recul de 26 mois en moyenne par rapport à la fin du traitement.
Au total, 1543 patientes (47%) ont déclaré présenter une douleur chronique après
traitement chirurgical.
Dans cette population, 201 présentaient des douleurs intenses (13%), 595 des
douleurs modérées (38 %) et 733 des douleurs légères (47%) dans la région traitée
(douleur séquellaire).
59
Seules 306 de toutes ces femmes (20 % des patientes douloureuses) avaient consulté un
médecin dans les 3 mois précédant l’enquête pour le motif de cette douleur. [26]
Donc, doit-on s’interroger sur un manque de reconnaissance et de prise en compte de
ces séquelles, ou une sous-estimation de celle-ci par les patientes ?
On remarque tout de même que 51 % des femmes présentent une douleur d’intensité
modérée à forte dans l’étude de Gartner.
Cette conclusion ne doit –elle pas nous faire penser que ces séquelles sont sous-évaluées
dans la surveillance post-thérapeutique ?
Mais nous avons vu que le terme de syndromes séquellaires ne s’applique pas seulement
à l’évaluation de la douleur mais aussi aux pathologies fonctionnelles.
Les pathologies séquellaires dites « chroniques » liées au traitement chirurgical du
cancer du sein sont principalement des complications touchant le membre supérieur
homolatéral au cancer.
1.2.3. Définitions et principes diagnostiques
La douleur chronique post-opératoire en général
Les douleurs chroniques post-chirurgicales (DCPC) sont d’identifications récentes plus
qu’elles ne sont émergentes. Mais la littérature est longtemps restée discrète sur le sujet.
En France, les douleurs neuropathiques post-chirurgicales représentent, selon les
médecins des Centres d’Evaluation et de Traitement de la Douleur (CETD), 20 à 35%
des motifs de consultation dans ces structures spécialisées. Ces douleurs sont liées
60
à des lésions du système nerveux et peuvent apparaître suite à une intervention
chirurgicale.
La prévalence de ces douleurs serait sous-estimée du fait d’une apparition différée de
quelques semaines à quelques mois, ce qui explique le fait que cette information ne soit
pas toujours recueillie dans les services de chirurgie où ont lieu les interventions. De
plus, les patients eux-mêmes ne les expriment pas toujours ne faisant pas le
rapprochement avec une intervention chirurgicale qui a eu lieu il y a longtemps ou
trouvant naturel d’avoir des douleurs dans la zone de l’intervention.
Parallèlement à des imprécisions sur leur épidémiologie, ces douleurs neuropathiques
soulèvent de
nombreuses autres questions aux cliniciens, notamment les facteurs
individuels qui faciliteraient leur apparition.
Les douleurs séquellaires post-chirurgicales sont la conséquence directe ou indirecte
des traitements du cancer du sein et sont à différentier des douleurs liés au cancer luimême et à son évocation sous forme de récidive locale ou à distance, ou d’un syndrome
paranéoplasique.
Ces douleurs surviennent soit précocement après la chirurgie ou la radiothérapie, soit
tardivement après la fin des traitements, et peuvent se pérenniser vers la chronicité.
Elles peuvent être de mécanismes physiopathologiques différents selon le traitement
reçu.
La douleur chronique post-mastectomie
Le traitement du cancer du sein au stade précoce comporte généralement un geste
chirurgical d'exérèse (accompagné ou non d'un curage ganglionnaire axillaire) auquel
peut être associé une chimiothérapie anticancéreuse aux modalités variables selon les
61
cas et les pratiques. Les problèmes de douleur chronique sont fréquents chez les
patientes au décours de ces traitements. Les mécanismes de ces douleurs sont multiples
; ils peuvent être lésionnels directs, par effet de la chirurgie et les douleurs sont, dans ce
cas, localisées au sein opéré ou au bras homolatéral, et sont de type neuropathique
(signes spécifiques dus à ces lésions) ou atypiques (inflammatoires) ; les douleurs
peuvent aussi être chimio-induites, alors préférentiellement localisées aux extrémités et
de type neuropathique. L'hypothèse d'étude est qu'il existe une prédisposition commune
aux douleurs neuropathiques liées à la chirurgie et aux troubles neuropathiques liés à la
chimiothérapie. Une étude ancillaire de l'étude prospective épidémiologique,
multicentrique EDONIS sur les douleurs post-opératoires a été réalisée, ayant pour
objectifs d'évaluer l'incidence cumulée de douleurs neuropathiques post-chirurgicales
(DNPC) sur un suivi par questionnaires (et consultation de dossiers) au 3ème et 6ème
mois après la chirurgie et d'identifier des facteurs de risque de DNPC. Les mêmes
patientes ont été contactées rétrospectivement par téléphone et ont répondu à un
questionnaire portant sur l'existence d'effets secondaires de type neuropathique en cas
de chimiothérapie. Ces données ont été croisées avec celles d'EDONIS. L'analyse
EDONIS qui portait sur 337 patientes éligibles a retrouvé une incidence cumulée
de DNPC de 37,1% (IC95% : 35,9-38,3), [126]
conforme aux données de la
littérature. Les facteurs de risque identifiés étaient le jeune âge, le curage ganglionnaire
et l'existence d'antécédents de douleur neuropathique.
En préambule de cette partie, nous allons décrire les différents tableaux douloureux
chroniques existant après la chirurgie du cancer du sein.
Ainsi on distingue les douleurs nociceptives, neuropathiques, ou mixtes.
62
Les douleurs nociceptives post-mastectomies
Ces douleurs sont principalement secondaires à des lésions tissulaires, inflammatoires
ou liées à des stimulations répétées des nocicepteurs chimiques, mécaniques ou
thermiques.
Dans le cancer du sein, les principales étiologies sont les cicatrices fibreuses, les
adhérences secondaires à la chirurgie de reconstruction par lambeau myo-cutané, la
formation de coque autour de la prothèse mammaire, le lymphoedème douloureux,
et les périarthrites scapulo-humérales séquellaires.
La mastectomie avec reconstruction mammaire représente un facteur de risque
important de survenue de douleurs chroniques, selon Wallace, 49% de douleurs
chroniques contre 31 % après mastectomie simple. [17]
Les douleurs neuropathiques post-mastectomies
Ces douleurs sont consécutives à une lésion du système nerveux périphérique
intéressant les nerfs perforants du premier et deuxième espace intercostaux lors de
l’abord de la chirurgie du creux axillaire. [18-19]
Elles font intervenir des mécanismes physiopathologiques différents des douleurs
nociceptives, et ne répondent donc pas aux traitements antalgiques usuels.
On retrouve la définition d’une douleur neuropathique avec l’analyse sémiologique
suivante :

des phénomènes « positifs » tels que les sensations anormales non douloureuses,
les paresthésies (fourmillements, picotements engourdissements), et les
dysesthésies (même sensations avec une tonalité désagréable),
63

des phénomènes « négatifs » tels que la diminution (hypoesthésie) ou la perte
de sensibilité tactile (anesthésie), et la sensation anormalement douloureuse
appelée allodynie.
es douleurs peuvent être spontanées et continues (sensation de brûlure) ou
paroxystiques (sensation de décharges électriques). Elles peuvent être provoquées,
déclenchées par des stimulations mécaniques ou thermiques (hyperesthésie, hyperalgie,
et allodynie).
Ces douleurs sont rencontrées lors des neuropathies post-chirurgicales du sein ou postradiques dans les métamères dépendant de la lésion des premier et deuxième nerfs
perforants. Elles correspondent par ailleurs à des névromes post-chirurgicaux et des
syndromes régionaux complexes comme l’algodystrophie et/ou causalgie).
Le syndrome douloureux fantôme post-mastectomie est assez rare. Il est mis en
évidence par des perceptions « réelle » de la persistante du sein ou du mamelon après
mastectomie totale. [20]
Les douleurs mixtes
Les deux types de douleurs évoquées ci-dessus sont souvent intriquées dans de
nombreux tableaux cliniques et notamment les neuropathies intéressant les
dermatomes des premiers et deuxième nerfs perforants.
On comprend l’importance capitale que revêt la connaissance de la composante
neuropathique pour la prise en charge thérapeutique.
64
Principes diagnostiques généraux
L’évaluation clinique des douleurs secondaires aux traitements du cancer du sein
constitue une étape cruciale, nécessaire au diagnostic précis, mais également à la
compréhension des mécanismes et à l’approche thérapeutique.
Cette évaluation comprend en premier lieu un interrogatoire orienté et un examen
clinique et neurologique complet.
L’interrogatoire doit faire préciser :
-
s’il existe une douleur spontanée ou des douleurs provoquées, en s’informant de
la nature du stimulus responsable (mouvement, effort, frottement, pression, chaud
ou froid) et de son évolution temporelle (caractère continu ou intermittent).
-
la topographie peut être évaluée à l’aide d’un schéma corporel de face et de dos.
(Annexe 2)
-
l’intensité douloureuse est précisée au moyen d’échelle numérique ou échelle
visuelle analogique.
-
L’existence d’une douleur neuropathique doit être recherchée à l’aide de l’échelle
DN4 (Annexe 3) avec un score DN 4 >4/10.
Pour mieux préciser les caractéristiques sensorielles et affectives de la douleur, on
peut s’aider de questionnaires multidimensionnels qui évaluent les dimensions
sensorielles, affectives et évaluatives de la douleur comme le questionnaire douleur
Saint-Antoine abrégé (Annexe 2). En pratique, ces questionnaires ne sont pas utilisés
car difficilement utilisable en pratique clinique et en raison de leur longueur. Il existe
cependant un questionnaire douleur Saint-Antoine abrégé comportant 16 qualificatifs
répartis en deux sous-classes : 9 sensorielles et 7 affectives. Les qualificatifs affectifs
65
n’orientent pas vers un classement de la douleur mais renseignent sur le vécu et l’état
thymique.
L’examen clinique observe sur la patiente déshabillée, torse nu :
- la silhouette globale
- les déformations acquises
-
les attitudes antalgiques
- Les contractures musculaires
- Les troubles fonctionnels
L’examen neurologique comporte une étude des déficits sensoriels, l’existence d’une
atteinte vasomotrice, des troubles sudoraux, et d’un déficit moteur.
Les troubles fonctionnels et esthétiques post-chirurgicaux
Une recherche de gonflement ou lymphoedème, doit être effectué au niveau thoracique,
notamment après la chirurgie de reconstruction par lambeau dorsal et au niveau du
membre supérieur en mesurant de façon bilatérale, et comparative le périmètre du
bras et de l’avant-bras par rapport à un repère anatomique fixe (épicondyle par
exemple). Ceci permet la reproductibilité de la mesure, tout en sachant que l’importance
et l’étendu du lymphoedème sont variables dans le temps.
Les cicatrices doivent être examinées soigneusement avec inspection de la couleur,
souplesse, adhérences aux plans profonds, sensibilité. On évalue la souplesse du
revêtement cutané en regard de la mastectomie ou de la prothèse mammaire et
l’importance de la fibrose cutanée post-opératoire ou post-radique.
L’examen clinique apprécie également la mobilité du membre supérieur : abduction et
rotation interne sont à évaluer de façon simultanée au niveau des deux membres
66
supérieurs. Un examen rhumatologique complet est nécessaire en cas de suspicion
d’atteinte de la fonction articulaire de l’épaule.
L’évaluation psychologique et les répercussions psychosociales
L’évaluation des répercussions de ces phénomènes douloureux sur la qualité de vie
s’aide de questionnaires du Brief Pain Inventory ou BPI
qui apprécie la gêne
occasionnée selon une échelle numérique de 1 à 10 sur 7 paramètres de la vie
quotidienne (le sommeil, les relations avec les autres, l’humeur, le goût de vivre, la
marche, l’activité générale, le travail, y compris les activités domestiques).
Les facteurs psychologiques associés sont à évaluer ainsi que le retentissement sur la vie
sociale, professionnelle et familiale.
Evaluation thérapeutique initiale
Il faut recenser toutes les thérapeutiques déjà reçues avec appréciation de leurs
résultats, sur l’amélioration des symptômes, la tolérance, leurs modalités
d’administration et l’observance thérapeutique.
Devant ce contexte épidémiologique, après avoir fait l’inventaire d’un examen clinique
soigné pour réaliser une orientation diagnostique précise devant une plainte
douloureuse ou fonctionnelle chez une patiente opérée du cancer du sein, nous allons
désormais détailler les 3 grands tableaux de séquelles post-mastectomies les plus
fréquemment rencontrés dans la littérature que sont :
-
le lymphoedème du membre supérieur
-
Le syndrome douloureux post-mastectomie
-
la capsulite rétractile de l’épaule post-chirurgicale
67
1.2.4. Cancer du sein et principales pathologies séquellaires de la chirurgie du
cancer du sein
1.2.4.1.
Le lymphœdème secondaire du membre supérieur (LMS)
Les premières descriptions du lymphoedème du membre supérieur remontent à 1921
suite aux mastectomies de Halsted. [29]
Trois types peuvent se rencontrer : le lymphoedème du tronc, du sein et du bras.
Malgré leur intérêt, l’œdème du tronc et du sein ne sera pas abordé ici car très
inconstant et peu étudié.
Rappel d’anatomie du système lymphatique
Le système de la circulation sanguine – artères et veines – est bien connu. A côté de lui
existe un autre réseau de vaisseaux : le système lymphatique parallèle au réseau
sanguin.
Celui-ci permet de filtrer le liquide interstitiel des tissus de l’organisme.
Le système lymphatique transporte une partie des déchets de l’activité cellulaire qui
ne passent pas dans la circulation sanguine. Il est constitué d’un réseau de vaisseaux très
fins qui se regroupent en vaisseaux plus importants et sur le trajet desquels se trouvent
des ganglions.
La lymphe, liquide circulant dans les vaisseaux lymphatiques est translucide, de couleur
blanc-jaunâtre formée par le liquide interstitiel contenant des débris cellulaires, parfois
des cellules cancéreuses ou des agents infectieux et globules blancs (lymphocytes). Elle
contient aussi des graisses qui sont transportées vers le tissu graisseux périphérique où
elles seront utilisées ou stockées.
68
Les ganglions lymphatiques sont de véritables « stations de filtration » de la lymphe, des
« relais de stockage et de prolifération » des lymphocytes.
La lymphe a donc trois fonctions : épurer le système interstitiel, débarrasser ce
système de ses éléments nocifs et enfin transporter les graisses vers le tissu adipeux.
Les ganglions lymphatiques sont situés à des «carrefours stratégiques » pour répondre
rapidement à une agression sur le territoire qu’ils drainent en empêchant la
dissémination des éléments anormaux dans le reste de l’organisme. Lors d’une agression
le ganglion augmente de volume. Si un premier relais est saturé, les éléments agressifs
atteindront les relais suivants. La dissémination peut se faire dans le reste du corps en
cas d’agression trop importante.
Dans le cas du cancer, les cellules tumorales passent par les ganglions du réseau
lymphatique qui drainent le territoire où la tumeur se développe et peuvent se propager
à d’autres ganglions ou dans le reste de l’organisme (métastases).
Pour faire une synthèse des recommandations sur le lymphoedème, nous nous
appuierons sur des références bibliographiques ne retenant que des recommandations
applicables en médecine générale, que sont :
•
Best practice for the management of lymphoedema: International
Consensus [118]
•
Référentiels interrégionaux en soins oncologiques de support édité par
l’AFSOS : prise en charge du lymphoedème secondaire du membre supérieur
après cancer du sein [122]
•
Recommandations officiels de la société française de lymphologie [37 ; 40]
69
•
Recommandations HAS : La compression médicale dans le traitement du
lymphoedème [123]
Définition du lymphoedème
La définition du lymphoedème n’est pas consensuelle.
C’est une augmentation de volume du membre liée à une insuffisance du système
lymphatique.
On l’exprime par une différence de circonférence du bras atteint par rapport au bras
controlatéral.
On distingue le lymphœdème dit primaire (anomalie primitive des vaisseaux) du
lymphœdème secondaire (destruction des vaisseaux ou ganglions lymphatiques).
La principale cause de lymphœdème secondaire du membre supérieur reste le
traitement du cancer du sein.
Epidémiologie
Plusieurs revues de la littérature notent des taux allant de 10 à 20 % après curage
axillaire [30 ,31] versus 2 à 7% après ganglion sentinelle [31], avec des extrêmes
allant jusqu’à 40 %.
Le lymphœdème secondaire du membre supérieur après traitement du cancer du sein
est une complication dont la fréquence est estimée actuellement entre 14 et 28 %,
nettement inférieure à celle observée dans les études les plus anciennes (> 50 %) [3234]
On admet que le lymphœdème affecte environ 1 femme sur 5 traitée pour cancer du
sein. [35]
70
Pour sa part, la radiothérapie est aussi responsable de lymphœdème du membre
supérieur : 26 % versus 9 % sans radiothérapie. [36]
Cette disparité épidémiologique est principalement causée par deux facteurs : l’absence
de consensus quant à la définition du lymphœdème et le délai de l’étude de
prévalence après l’opération.
Diagnostic
Le lymphœdème peut être défini, par le rapport des mesures du membre atteint et celui
du membre controlatéral : [37]
- Soit par les sommes des différences périmétriques de plus de 10 %
- Soit par une différence périmétrique supérieure à 2 cm à un niveau du bras ou de
l’avant-bras
- Ou enfin par une différence de volume de 200 ml.
Photo de prise de mesure périmétrique au membre supérieur
71
Idéalement, il faudrait mesurer le volume du lymphœdème avec la technique de
référence, la volumétrie à eau, malheureusement impossible à utiliser en consultation.
Délai d’apparition
Le lymphœdème peut apparaître en période post-opératoire de manière précoce ou
tardive ou bien à distance de celle-ci.
Le délai de survenue est très variable, sa fréquence augmentant avec le temps : elle est
de 1.4 % à un an et de 11.2 % à 3 ans. [38]
Il existe des œdèmes post-opératoires que l’on qualifie de transitoires : leur apparition
précoce est suivie d’une régression spontanée.
Pour le lymphœdème dit chronique, le délai moyen d’apparition est de 12 à 14 mois
selon les auteurs [39-40] avec un temps qui varie de quelques mois à plus de 20 voire 30
ans après.
Physiopathologie
La dysfonction lymphatique est le résultat du déséquilibre entre la capacité
fonctionnelle de drainage qui est réduite et une charge de liquide inchangée. Cette
dysfonction de résorption (par destruction mécaniques des voies lymphatiques) aboutit
à une accumulation de protéines dans les tissus qui est responsable d’envahissement
secondaire des tissus par l’eau par un phénomène d’augmentation de la pression
oncotique tissulaire et une stimulation de l’activité fibroblastique qui aboutit à la
fibrose tissulaire.
D’une pathologie liquidienne, le lymphœdème devient une pathologie tissulaire en
grande partie irréversible et chronique.
72
Principaux facteurs de risque
L’exérèse des ganglions axillaires représente, sans conteste, le facteur causal initial du
LMS du côté du sein traité. [41]
L’interruption chirurgicale des voies de drainage profondes est le point de départ du
LMS. Le curage axillaire emporte des nœuds lymphatiques de drainage du sein communs
au drainage profond du membre supérieur. Une cascade de phénomènes destructifs
du système lymphatique en découle (dilatation puis distension du vaisseau, perte des
propriétés contractiles, inefficacité du système valvulaire anti reflux etc.).
La radiothérapie appliquée dans la région pectorale est également responsable de
l’apparition d’une insuffisance de drainage lymphatique du membre supérieur par
apparition d’une fibrose post-radique, mais ces effets sont différés par rapport à ceux du
curage axillaire qui eux sont instantanés.
Un autre facteur de risque est l’obésité (IMC > 30) contemporaine du traitement du
cancer du sein, avec un risque relatif d’environ 4 par rapport aux femmes non obèses.
[41]
D’autres ont été décrit : envahissement ganglionnaire, mastectomie versus
tumorectomie, prise de poids post-opératoire et diminution des activités
quotidiennes. [41]
73
D’autres études plus anciennes, recensées dans le tableau ci-dessous, répertorient de
nombreux facteurs de risques de développement d’un lymphoedème du membre
supérieur :
Facteurs liés au traitement
Nombre de ganglions enlevé lors du curage axillaire [42]
Mastectomie versus tumorectomie [42]
Radiothérapie [43]
Complications post-opératoires immédiates (lymphocèle, lymphorrhée, cordes) [44]
Facteurs liés à la tumeur
Localisation dans le quadrant supéro-externe [45]
Taille de la tumeur [46]
Envahissement ganglionnaire [47]
Stade de la tumeur [48]
Marqueurs et facteurs de risque liés au patient
Age [48]
Surcharge pondérale [49]
Prise de poids après le traitement [50]
Activité physique faible [51]
Facteurs influençant extérieurs
Injections dans le bras homolatéral [52]
Infection locorégionale [50]
Voyage [53]
74
Orientation diagnostique
Le diagnostic est le plus souvent posé suite à une plainte de la patiente décrivant une
sensation de « gêne » et de « pesanteur » du membre supérieur après avoir subi une
intervention chirurgicale pour cancer du sein. C’est le premier signe objectif et pour
lequel les patientes ne consultent pas souvent.
Plus concrètement, on remarque que les bijoux que porte la patiente deviennent
difficiles à ôter, ou le bracelet de la montre laisse une marque visible au poignet.
L’œdème est mineur à cette phase initiale ; il est spontanément réversible mais doit
quand même alerter pour une prise en charge précoce. Malheureusement les patientes
vont rarement consulter à ce stade.
Le signe du godet est riche d’enseignement : sa marque facile apprécie la phase
liquidienne tandis que la résistance à l’enfoncement témoigne de la fibrose ou de
l’engraissement.
Le lymphœdème est le seul œdème capable, en infiltrant toute l’épaisseur du derme,
d’entraîner un durcissement du derme par fibrose. Ce durcissement du derme est évalué
par le signe du pli cutané (auquel Stemmer a donné son nom) qui consiste à froncer la
peau par pincement latéral au niveau de la face dorsale du second orteil en cas de
lymphœdème du membre inférieur. Il est difficilement reproductible au membre
supérieur.
En cas de lymphœdème, le pli cutané ainsi obtenu est épaissi et le relief de la peau est
déformé, bombé ou cubique : on affirme ainsi la présence d’un signe de Stemmer. [54]
75
Photo du Signe de Stemmer
L’évolution d’un œdème liquidien vers un œdème tissulaire traduit son irréversibilité.
Le lymphœdème n’est généralement pas douloureux. Une confusion peut être faite
entre la gêne occasionnée par la pesanteur liée à l’augmentation de volume du bras et
des douleurs de la face interne du bras qui peuvent provenir d’une autre origine.
C’est pourquoi, à la phase initiale, il est important de faire un écho doppler veineux du
membre supérieur pour éliminer une thrombose veineuse profonde et de s’assurer
que la patiente est toujours bien suivie sur le plan carcinologique (médecin traitant ou
oncologue).
Classifications
La classification la plus utilisée en pratique par les kinésithérapeutes est celle de
Brunner, fondée sur une modification clinique progressive.
Elle établit 4 stades :
- Stade 1 : lymphœdème infra clinique (diagnostic par la lymphoscintigraphie)
- Stade 2 : lymphœdème partiellement réversible
- Stade 3 : Lymphœdème irréversible
- Stade 4 : Eléphantiasis
76
On distingue 3 formes cliniques de LMS définit par sa localisation :
- Lymphœdème suspendu en proximal au niveau du bras
- Lymphœdème de l’avant-bras
- Lymphœdème global du membre supérieur
Evolution
Le délai d’apparition est variable. Il existe des lymphœdèmes postopératoires
« transitoires ». Leur apparition précoce est le plus souvent suivie d’une régression
spontanée. Le délai moyen d’apparition est d’environ douze mois. [55]
L’installation est le plus souvent insidieuse.
L’augmentation de volume est corrélée avec l’ancienneté du LMS, mais il existe des
formes stabilisées. L’augmentation de volume n’est pas linéaire, elle évolue par poussée,
pour certaines secondaires à un épisode infectieux, pour d’autres sans facteur reconnu.
L’évolution est fonction du temps, avec une augmentation de la fibrose cutanée qui n’est
pas corrélée à celle du volume. [56]
Pour une majorité des patientes traitées, le traitement du cancer n’entraine pas de
lymphœdème. Ceci traduit l’absence de lien absolu entre la sévérité de la détérioration
lymphatique et le lymphœdème.
77
Photos de lymphœdème du membre supérieur
Traitement du lymphoedème
La prise en charge du lymphœdème des membres fait l’objet d’un document consensuel
de la société internationale de lymphologie. [40]
Le traitement du lymphœdème est symptomatique et a fait l’objet de plusieurs
consensus et recommandations [57-59] ainsi que d’une revue Cochrane reprenant
toutes les études de bonne qualité méthodologique concernant les traitements
physiques [60].
L’objectif principal du traitement est d’une part de diminuer la composante liquidienne
mobilisable qui représente environ 30 à 40 % de l’excès de volume visible, pour ensuite
stabiliser le volume et d’autre part, diminuer le risque d’infection.
Le traitement du lymphœdème est dominé par le traitement physiothérapeutique par
kinésithérapie. Il s’agit de la combinaison du drainage lymphatique manuel (DLM),
des contentions par bandages multicouches, et de la gymnastique sous contention.
78
Pour le comité canadien de pratique clinique pour la prise en charge et le traitement du
cancer du sein, cette physiothérapie se justifie à partir d’une différence de plus de 2 cm
après avoir éliminé une autre origine du lymphœdème (tumorale, thrombotique,
infectieuse). [62]
En pratique courante, ce traitement est toujours débuté après une consultation
d’ancrage. Elle s’apparente à la consultation d’ancrage en cancérologie, appliquée aux
techniques de kinésithérapie.
Dans le cadre de la mise en traitement pour un lymphœdème, cette consultation permet
de réaliser un bilan diagnostic approfondi obligatoire (décret ministériel du 8 octobre
1996), et d’évaluer les techniques qui vont être utilisées.
Les principales étapes du bilan diagnostic comportent un bilan volumétrique
(appréciation de l’importance de volume du lymphœdème), ou d’un bilan périmétrique
(appréciation de la différence de périmètre du bras), d’un bilan photographique
(différence de taille à l’œil nu et coloration de la peau), de l’établissement d’un score de
bien être, d’une évaluation du retentissement sur une échelle de qualité de vie,
d’une évaluation de la prise de poids, ainsi que de la collecte des données médicales
concernant le cancer du sein.
Physiothérapie décongestive combinée
Les séances de kinésithérapie de décongestion comprennent deux phases distinctes : la
première dite « intensive » destinée à réduire le volume du lymphœdème, et la
seconde dite d’ « entretien » visant à maintenir ce résultat à long terme, voire à
poursuivre la réduction volumétrique.
Les indications ne sont pas clairement définies mais l’objectif est de réduire l’évolution
et les complications, pour tenter d’améliorer la qualité de vie. [59]
79
La contention par bandages peu élastiques monotypes
Il n’y a pas de traitement de décongestion manuelle sans mise en place d’un bandage
compressif. L’utilisation du seul DLM ne présente pas à lui seul un traitement efficace.
En pratique courante, deux phases de contention sont clairement admises. Elles
correspondent à la mise en place de deux orthèses bien différentes pour chaque étape
du traitement.
L’utilisation de bandages de décongestion est introduite dans la première phase dite
d’attaque ou de réduction de volume (diminution du volume de l’œdème).
Différence
périmétrique
Traitement
d’attaque par bandage
Traitement d’entretien par manchon
Figure 10 : Courbe de réduction de volume en fonction de la phase de traitement
Ces bandages sont essentiels pour réduire le volume.
Ils sont composés de bandes à allongement court, posées sans serrer, en plusieurs
épaisseurs sur un capitonnage fait de mousse (ouate capitonnée), en débutant à la partie
distale du membre.
80
Photo de Bandage peu élastique à allongement court
Les modalités de mise en place d’une contention/compression est un acte de
kinésithérapie à part entière, mais peu de kinésithérapeutes sont formés à cette
pratique (faible rémunération).
Leur tolérance est excellente sur le nycthémère car la pression exercée au repos est
faible à la différence des bandes élastiques, difficile à supporter la nuit.
Leur efficacité augmente grâce à la pression supplémentaire induite lors de la
contraction musculaire (gymnastique, marche) puisque ces bandes sont peu extensibles.
La nécessité d’associer des mouvements au port de bandages pour optimiser leur
efficacité découle de leur mécanisme d’action. Une activité physique des plus naturelles
est recommandée sous bandage favorisant ainsi la mise en jeu des masses musculaires
dans l’équilibre de la balance filtration/résorption.
La réduction de volume est comprise entre 25 et 73 % avec des durées de traitement
variant de 1 à 4 semaines. [63]
Dans le cadre de l’éducation thérapeutique, l’apprentissage de l’autobandage par les
patientes est nécessaire pour favoriser leur autonomie.
81
Les techniques sont simplifiées pour être pratiquées à une fréquence de 3 par semaine
environ, la nuit en phase d’entretien.
Photo de Bandages multicouches
Phase I : traitement intensif
Bandages
peu
élastiques
Phase II : traitement d’entretien
monotypes, Compressions élastiques la journée (tous
24/24h, pendant 1 à 3 semaines
les jours, du matin au soir)
Drainage lymphatique manuel
Bandages peu élastiques monotypes la
nuit (3 par semaine)
Exercices sous bandages
Exercices sous bandages
Soins de peau
Soins de peau et drainage lymphatique
manuel si besoin
Tableau 5 : Phases de la physiothérapie décongestive combinée
82
Le drainage lymphatique manuel
Le drainage lymphatique manuel (DLM) a été décrit initialement par Vodder en 1932.
Depuis les modalités de réalisation des techniques de drainage ont évolué en suivant les
connaissances de la physiologie du système lymphatique.
Il n’existe pas de définition consensuelle du drainage lymphatique manuel. Il est décrit
comme une technique qui favorise la résorption des liquides interstitiels excédentaires
(augmentation du retour lymphatique) par voie lymphatique et veineuse via le système
superficiel.
La technique consiste de façon simplifiée en un captage de la zone œdématiée par une
approche manuelle première par des manœuvres d’appel et de résorption.
Elle crée une variation de gradient de pression hydrostatique entre le secteur
interstitiel et le lymphatique initial, par des manœuvres manuelles utilisant la main
complète, l’éminence thénar et hypothénar, la combinaison de pressions des pulpes des
doigts longs et des pouces. Ces manœuvres effectuent une pression douce dans des
conditions physiologiques de transport lymphatique.
Si ces recommandations sont d’une utilisation facile dans l’œdème classique, où
l’anatomie des voies lymphatiques est souvent respectée, elle est différente dans le cas
d’un lymphoedème du bras après cancer. En effet les conséquences de la chirurgie
mammaire et ganglionnaire se traduisent par une réorganisation des trajets
lymphatiques.
L’obstruction des collecteurs afférents aux nœuds retirés induits une dilatation et un
remaniement progressif des circuits utilisés pour le drainage du membre supérieur. Il en
découle de ces transformations anatomiques que le kinésithérapeute doit prendre en
83
considération les réelles voies de drainage qui vont mener la lymphe selon des trajets
atypiques.
Dans le DLM, il est recommandé d’utiliser une pression faible de massage.
L’application de ces données permet d’améliorer les résultats cliniques. Malgré cela, il
peut rester des zones peu réactives à ces manœuvres : les zones de fibrose. Pour celle-ci,
les techniques manuelles s’orientent vers des techniques qualifiées de manœuvres
tissulaires où l’objectif est moins la recherche d’effets vasculaires que la réalisation
d’assouplissement du tissu.
La réalisation du DLM dans le cas du lymphoedème du membre supérieur après
traitement du cancer du sein nécessite des adaptations qu’il est important de prendre en
compte pour améliorer les résultats. Les patientes doivent donc être adressées à des
kinésithérapeutes ayant reçu une formation spécifiques en DLM.
Les associer aux bandages peu élastiques apporte un petit bénéfice supplémentaire,
mais utilisés seuls, ils n’ont que peu d’action sur le volume même s’ils peuvent
avoir un effet relaxant ou diminuer la tension cutanée. Ils ne sont plus
indispensables dans la phase d’entretien pour le maintien et la réduction volumétrique.
[63]
Il faut aussi prendre en compte la demande des patientes, qui est un critère très
important dans la démarche thérapeutique.
Cette physiothérapie peut être effectuée en ambulatoire ou en hospitalisation de
moyenne ou courte durée.
Ils sont pris en charge par la sécurité sociale.
84
Compressions élastiques
On utilise un manchon de compression dans la phase d’entretien (maintien du
volume minimal de l’œdème).
Anciennement appelées contention, les compressions élastiques visent à stabiliser le
volume.
Photo de Manchon avec mitaine attenante
Le manchon doit être porté tous les jours du matin au soir et remplacées tous les 3-4
mois (fragilisation des fibres élastiques par le lavage récurrent)
Ils sont adaptés à la topographie du lymphœdème : manchon avec mitaine attenante,
gantelet prenant chaque doigt…
Photo des différents types de manchons du membre supérieur
85
Les forces de pressions doivent être les plus élevées possibles (classe 3 : 20-36 mmHg ;
classe 4 > 36 mmHg) en fonction de la possibilité d’enfilage et de tolérance.
Prescription de la contention
L’ordonnance du manchon (contention/compression) doit comporter les éléments
suivants : [64]
- Rédigée sur ordonnance distincte
- En précisant le modèle, la classe, standard ou « sur mesure »
- Le nombre de manchon
- La marque et la référence si possible
- Possibilité de renouveler l’ordonnance en pratique tous les 3 à 4 mois en fonction
de l’usure normale du bas qui est assez rapide en pathologie lymphatique
Il est parfois utile de prescrire en même temps un enfile manchon.
En général, les compressions sur mesure sont très souvent nécessaire en raison de la
morphologie des membres et sont réalisées par un orthésiste ou un pharmacien
spécialisé qui prend les mesures, fait essayer la compression et explique les modalités
d’entretien au patient.
La contention définitive par manchon rentre dans un cadre légal de prescription et de
prise en charge.
Le remboursement en vigueur selon la législation prend en charge le « dispositif sur
mesure » sur la base de la LPPR (liste des produits et prestations remboursés).
La législation considère que le manchon est un « bas à varices » (même détermination
de valeur de compression au repos avec 4 classes)
86
En pratique, comment procéder dans l’orientation thérapeutique ?
Tableau 6 : Extrait du dispositif de compression médicale édité par la Haute
Autorité de Santé en septembre 2010 [123]
Activité physique et lymphœdème
Couramment, on recommande aux patientes d’éviter les efforts physiques violents et/ou
répétitifs ainsi que le port de charges lourdes afin de réduire le risque de survenue de
lymphœdème du membre supérieur. Cependant, ces conseils sont le plus souvent
empiriques et certaines études
apportent
des
éléments considérés comme
«contradictoires ». Ainsi, Harris et al. [65], qui avaient suivi 20 femmes traitées pour un
cancer du sein (dont 13 avaient un lymphœdème ou une lourdeur du membre
supérieur) pendant un entraînement intensif pour une compétition de « dragon boat »
(sorte de canoë de grande taille), montraient que seules deux femmes avaient eu une
augmentation modérée du lymphœdème 7 mois après la compétition.
87
L’étude cas-témoins de Johansson [66] comparant deux populations de femmes ayant
subi le même traitement pour un cancer du sein, l’une avec lymphœdème, la seconde
sans lymphœdème, montrait que les patientes atteintes d’un lymphœdème étaient celles
qui avaient significativement réduit leurs activités physiques (vélo, marche,
gymnastique, etc.) et leurs loisirs (jardinage, couture). De plus, ces mêmes auteurs ont
proposé de réaliser, chez 42 femmes ayant un lymphœdème modéré du membre
supérieur (excès de volume < 40 % par rapport au membre controlatéral), des exercices
répétitifs du membre supérieur avec des haltères de 0,5 ou de 1 kg avec et sans
compression élastique. Le lymphœdème augmentait de volume après l’effort, que les
femmes portent ou non une compression élastique, mais diminuait à la 24e heure ;
surtout dans le groupe de femmes ne portant pas la compression élastique [67].
Un article de synthèse récent tend à montrer que les activités physiques incluant le
membre lymphœdémateux apportent plus de bénéfices qu’elles n’entraînent de
complications ou d’aggravations du lymphœdème [68].
Deux articles issus du New England Journal of Medicine et du JAMA [69-70], insiste sur
une pratique sportive indispensable, de façon progressive, encadrée par des
professionnels au moins dans sa phase initiale, guidée par le ressenti des patientes, sans
formuler d’interdits.
L’objectif est d’éviter de déconditionnement du membre afin que les gestes quotidiens
n’entraînent pas d’agressions en raison d’une musculature insuffisante.
Il semble donc souhaitable de ne pas diminuer l’activité physique après le
traitement d’un cancer du sein mais de l’adapter à chaque patiente, ce d’autant que
certaines études ont montré qu’une activité physique modérée permet de diminuer les
88
symptômes d’anxiété ou de dépression chez les femmes ayant eu un cancer du sein et
améliore aussi la qualité de vie [71].
De même que le sport diminue significativement le risque de rechutes et la
mortalité et fait donc partie intégrante de la prise en charge des patientes. [72]
La majorité des auteurs recommandent le port d’une compression élastique lors des
exercices physiques [73], alors que, pour certains, il n’apparaît pas obligatoire et dépend
aussi de la perception de l’effort par la patiente elle-même. En effet, l’effort peut être
perçu comme plus difficile avec le manchon [67]
Comme nous l’avons vu, la surcharge pondérale et l’obésité sont des facteurs de risque
de survenue de lymphœdème mais aussi de sévérité des formes secondaires du membre
supérieur après cancer du sein.
Ainsi nous pouvons insister sur la nécessité des conseils diététiques dans la prise en
charge globale.
Soins de peau et prévention
Il est important de prévenir la sécheresse de la peau, fragilisée par la compression, en
l’hydratant régulièrement.
Il faut aussi pratiquer une démarche de prévention très importante dans cette
pathologie, notamment en ce qui concerne les gestes considérés « à risque » sur le
membre atteint (prise de sang, prise de la tension artérielle).
Ces conseils sont empiriques et ne sont que très peu documentés par les données
de la littérature mais font preuve de bon sens.
Toute effraction cutanée, même minime, peut représenter une porte d’entrée infectieuse
: prélèvements sanguins (qui restent possibles sous stricte asepsie), griffures, morsures,
89
brûlures, piqûres d’insecte ou d’aiguille à coudre, acupuncture, soins de manucure. Le
port de gants est vivement recommandé dans les situations à risque de blessures :
jardinage, cuisine.
Les érysipèles peuvent être récidivants (plus de 3 épisodes) et augmenter le volume du
lymphœdème.
Dans cette situation, la conférence de consensus sur la prise en charge des
érysipèles et fasciites nécrosantes recommande d’instaurer une antibioprophylaxie
par une pénicilline à la libération prolongée comme l’Extencilline®, à la dose de 2,4 MUI
toutes les 2-3 semaines (ou par pénicilline V orale), en l’absence d’allergie à la
pénicilline [74]. La durée de la prophylaxie n’est pas définie mais une durée prolongée
(plus de 1-2 ans) semble nécessaire. L’effet de cette prophylaxie est considéré comme
suspensif avec un risque de rechute à l’arrêt du traitement et son efficacité est parfois
incomplète [75].
Traitements médicamenteux
En France, seul l’Endotélon a une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le
traitement du lymphœdème du membre supérieur après traitement radio chirurgical du
cancer du sein en complément des méthodes physiques et, surtout, de la compression
élastique adaptée ou utilisée seule chez des patientes ne pouvant bénéficier du
traitement physique qui est le traitement princeps du lymphœdème. D’autres
traitements ont aussi été proposés comme le sélénium oral en complément de la
physiothérapie décongestive [76]. Les diurétiques, longtemps prescrits, sont maintenant
à proscrire en raison de leur faible efficacité et de leurs effets secondaires potentiels.
Une revue Cochrane a analysé toutes les études utilisant les benzopyrones, représentant
90
la principale classe de médicaments prescrits dans le traitement des lymphœdèmes. La
plupart des études sont de qualité insuffisante, notamment en raison de l’absence de
randomisation, et ne permettent pas d’apprécier l’effet sur le volume du lymphœdème
ou sur l’inconfort qu’il entraîne [77].
Pressothérapie
L’utilisation de la pressothérapie reste controversée et ses indications sont difficiles à
poser en raison des résultats discordants, en termes de réduction volumétrique, des
différentes études [57, 60, 76] qui sont toutes de qualité médiocre (durée de suivi
insuffisante, absence de randomisation), exceptée celle de Szuba et al. [76] qui montrait
un effet additif de la préssothérapie pneumatique avec les bandages peu élastiques
multicouches.
Quel que soit le type de préssothérapie, elle ne saurait être utilisée seule dans le
traitement du lymphœdème. Elle est toujours associée aux bandages et aux techniques
manuelles.
Conséquences psychosociales du lymphoedème
Une analyse récente de la littérature met en évidence les conséquences sociales et
psychologiques secondaires à l’apparition d’un lymphoedème du membre supérieur
chez des patientes traitées pour cancer du sein. [78]
Les séquelles sociales sont décrites en termes d’incapacité, de douleur et de perte de
fonctions sociales, de séquelles psychologiques en termes d’anéantissement,
d’angoisse, de dépression, et d’anxiété. C'est-à-dire, là aussi, l’intérêt d’une prise en
charge précoce est d’une importance capitale pour les patientes.
91
Figure 11 : Prévention des séquelles psychologiques du lymphœdème AFSOS [174]
De cet organigramme, tiré du référentiel de l’AFSOS sur la prise en charge globale du
lymphoedème secondaire du membre supérieur après cancer du sein, ressort les
principaux facteurs de risque à rechercher concernant la prévention des séquelles
psychologiques du lymphœdème, accompagné des mesures adéquates pour le repérage
des situations complexes et le dépistage de l’altération de la qualité de vie par des
échelles validées. (Annexe 6)
92
1.2.4.2.
Le Syndrome Douloureux Post-Mastectomie (SDPM) et autres
douleurs neuropathiques chroniques séquellaires
Les douleurs post chirurgicales ont été regroupées par les anglo-saxons sous le terme de
Post Mastectomy Pain Syndrome (PMPS).
Ce syndrome présente les caractéristiques d’une douleur neuropathique décrite dans
le paragraphe précédent survenant à la suite d’une chirurgie du cancer du sein, toute
hypothèse de rechute ayant été éliminée.
Ces douleurs séquellaires chez des patientes en rémission après traitement d’un cancer
du sein altèrent indiscutablement la qualité de vie et compromettent le travail
psychologique de rémission et de réinsertion psychosociale.
Pour faire la synthèse des différents tableaux de syndromes douloureux séquellaires,
nous nous appuierons sur des références bibliographiques ne retenant que des
recommandations applicables en médecine générale, que sont la revue de la
littérature pour la prise en charge du syndrome douloureux post-mastectomie
publiée en 2007 par Labrèze [27] ainsi que des recommandations Saint Paul de
Vence publiées en 2009, [3] ainsi que les recommandations de la Société Française
d’évaluation et du traitement de la douleur publiées en 2010.[61]
Dans la revue de la littérature de Labrèze [27], une équipe multidisciplinaire
d’experts a publié des recommandations pour la pratique clinique et une proposition
d’arbres décisionnels, dans laquelle 76 publications ont été retenues permettant de
lister des recommandations diagnostiques, thérapeutiques et de surveillance. Elles
ont été classées selon leur niveau de preuve (Annexe 1) en fonction du type et de la
qualité des études disponibles au moment de leur rédaction.
93
Les recommandations de Saint Paul de Vence portent sur le diagnostic,
l’épidémiologie, les facteurs de risque, la prévention et les traitements des
douleurs neuropathiques chroniques iatrogènes après traitement du cancer du
sein, en phase de surveillance.
Ces recommandations s’adressant à l’ensemble des professionnels de santé intervenants
dans la prise en charge des patientes suivies après un cancer du sein traitées, il sera de
notre ressort d’en faire une synthèse pour une meilleure approche de ces syndromes
douloureux en médecine générale, dans le cadre de la surveillance post-thérapeutique
du cancer du sein.
Le Syndrome Douloureux Post-Mastectomie a été défini par l’IASP comme :
« Une douleur chronique débutant immédiatement ou précocement après une
mastectomie ou une tumorectomie affectant le thorax antérieur, et/ou l’aisselle,
et/ou le bras dans sa moitié supérieure » (niveau de preuve A)
Cependant, la terminologie du « Syndrome Douloureux Post-Mastectomie » ne
permet pas de distinguer cette douleur des autres douleurs neuropathiques postmastectomie.
Il est donc recommandé d’appeler ces douleurs neuropathiques « Neuropathie
intercosto-brachiale » ou « NICB », cette terminologie a de plus le mérite de rappeler le
territoire algique de la patiente (territoire du deuxième nerf intercostal).
Il est important de rappeler que l’incidence de survenue d’une neuropathie intercostobrachiale est dépendante de plusieurs facteurs, et en particulier des techniques
chirurgicales.
94
Fréquence
Plusieurs études recensées depuis les 20 dernières années retrouvent une prévalence du
syndrome douloureux post-mastectomie allant de 20 à 65 % toujours d’après la revue
de littérature de Labrèze. [27]
La NICB est fréquente et persistante : 23 % à six mois et 39 % à neuf ans après la
chirurgie soit environ un tiers des patientes en phase de surveillance. [3]
D’après l’institut de veille sanitaire, 45 413 mastectomies ont été pratiquées en 1997. On
compter environ 50 000 mastectomies en 2004, et donc entre 10 000 et 15 000 SDPM
en France. (Accord d’experts)[27]
Etudes
Critères
Incidence
Smith
Mastectomie < 50 ans
65 %
Mastectomie >70 ans
26%
Stevens
Mastectomie
20%
Wallace
Mastectomie
31 %
Mastectomie +reconstruction
49%
Amichetti
Chirurgie pour cancer du sien
43 %
Caffo
Tumorectomie
39.7%
ou
mastectomie
Tableau 7 : Prévalence des syndromes douloureux post-mastectomies pour 5 études de
1995 à 2003.
95
Autres syndromes douloureux loco-régionaux post-mastectomies
La prévalence des douleurs de cicatrice et de névromes est mal connue et leur
recherche n’est pas systématique dans les travaux étudiés.
La fréquence des algohallucinoses selon une étude de la revue Pain, va de 8 % à six
mois, de 3 à 13 % à douze mois et 17 % à dix ans après l’opération.
Physiopathologie
L’explication la plus communément admise du SDPM est celle de l’atteinte du deuxième
nerf intercosto-brachial lors de la chirurgie mammaire avec curage axillaire. (Niveau
B2)
Cependant le respect de ce nerf en peropératoire ne permet pas d’éviter la survenue de
ce syndrome dans toutes les études référencées dans la revue de Labrèze ainsi que dans
les recommandations de Saint Paul de Vence. [3 ; 27]
L’ablation du ganglion sentinelle seul limiterait la survenue du syndrome. [3] (Niveau
A)
L’atteinte du nerf peut être secondaire à d’autres mécanismes tels que l’ischémie, la
compression, le lymphoedème, ou la fibrose post-radique.
Diagnostic
Le diagnostic du SDPM repose sur des critères diagnostic bien précis retrouvé par
l’examen clinique. Ces critères sont ceux décrits par Watson en 1989 :
- absence de maladie récurrente locale, après élimination des autres causes de
douleurs locales
96
- présence de douleur à type de dysesthésies ipsilatérales à la mastectomie,
localisée à la région thoracique et/ou la région axillaire et/ou la région
supérieure et antéro-interne du bras homolatéral
- persistance depuis au moins 3 mois
- allodynie et/ ou hyperesthésie et/ou paresthésies à l’examen clinique
La douleur peut apparaitre immédiatement ou à distance après l’intervention.
Typiquement on retrouve les composantes d’une douleur neuropathique pure
décrite dans le paragraphe ci-dessus :
- Douleur spontanée ou permanente dans la région thoracique antérieure ou du
creux axillaire et/ ou du membre supérieur homolatéral
- Douleurs permanentes décrites en termes de brûlure
- Douleurs paroxystiques à type de décharges électriques, coups d’aiguilles
- Douleur provoquée : allodynie mécanique ou thermique centrée sur le creux
axillaire
- Une ou plusieurs zones gâchettes du creux axillaire, de la paroi antéro-latérale
du thorax
- Déficit sensitif avec anesthésie ou hypoesthésie de la région tricipitale et/ou
hyperesthésie à la stimulation du deuxième espace intercostal homolatéral
97
OUI
Non
OUI
Non
Figure 12 : Stratégie diagnostique d’une douleur chronique après chirurgie axillaire [27]
Autres douleurs locorégionales
Le diagnostic de douleurs de cicatrice est porté sur les critères suivants :
-
la présence de décharges électriques spontanées ou provoquées mécaniquement
notamment au niveau du deuxième espace intercostal à la jonction avec la ligne
axillaire antérieure et/ou le signe de Tinel positif (percussion du névrome reproduit
la douleur spontanée) et/ ou perception d’une tuméfaction cutanée
à la
palpation. Les douleurs neuropathiques de cicatrice correspondent à des douleurs
de localisation péri-cicatricielles et avec un score DN 4 > 4/10.
98
Les autres douleurs neuropathiques post-chirurgicales telles que la névralgie de la
branche médiane ou latérale du nerf long pectoral, du nerf long thoracique et du
nerf thoraco-dorsal ne seront pas abordées ici du fait du manque de données et du
peu d’études sur le sujet.
L’algohallucinose du sein est la perception persistante et douloureuse de la présence
d’une partie ou de l’ensemble du sein mastectomisé. Son diagnostic repose sur la
recherche par l’interrogatoire de cette sensation anormale car les patientes ne le
rapportent que peu souvent.
L’examen clinique doit être des plus minutieux possible afin de pouvoir affirmer le
diagnostic le précis possible.
La démarche d’évaluation de la douleur doit être globale et systématique comme le
rappelle le SOR douleur mis à jour en 2003, chez les patients communiquants, et précise
en Standard, que la recherche d’une douleur neuropathique comprend les mêmes étapes
que décrites précédemment et que le recours à un spécialiste de la douleur en cas
d’analyse complexe ou de résistance à un traitement ne peut être que recommandé.
(Niveau A) [3 ; 27]
Le recours aux examens complémentaires n’est pas justifié devant un tableau clinique
typique de SDPM, regroupant tous les critères diagnostiques. (Niveau A)[3 ; 27]
99
Les examens complémentaires diagnostiques ne sont justifiés qu’en cas de doute
diagnostique ou un tableau atypique :
- abolition du ROT tricipital (une compression
plexique)
- territoire atypique
- signes cliniques centraux, déficit moteurs associés
-
un hématome axillaire
-
un lymphocèle ou une infection locale
- doute sur une récidive locale
Figure 13 : Evaluation d’un SDPM [27]
Facteurs de risque
Oui
Non ou études discordantes
Jeune âge, niveau socio-éducatif bas, surpoids,
Douleur préopératoire, curage axillaire,
douleur post-opératoire, association à autres
mastectomie versus tumorectomie,
douleurs, taille de la tumeur, mauvaise
nombre de ganglions enlevés,
technique chirurgicale
reconstruction mammaire, complications
post-opératoires, chimiothérapie,
hormonothérapie
Tableau 8 : Différents facteurs de risque potentiels en jeu dans l’apparition de
douleurs neuropathiques chroniques post-chirurgicales dans le cancer du sein
100
Des travaux complémentaires sont nécessaires pour pouvoir affirmer l’implication de
ces facteurs de risques dans l’apparition des syndromes douloureux.
Prévention
D’après les recommandations de Saint Paul de Vence [3], aucune technique de
prévention n’est à l’heure actuelle efficace dans la prévention de la survenue de douleurs
neuropathiques séquellaires.
Néanmoins, plusieurs études montrent que la technique du ganglion sentinelle diminue
la fréquence de survenue de ces douleurs. (Niveau C)
On ne sait toujours pas si la préservation du deuxième nerf intercosto-brachial
préviendrait l’apparition de ces douleurs neuropathiques.
Aucune étude de bon niveau n’a montré que les techniques invasives telles que le bloc
para vertébral ou le bloc du plexus brachial, les topiques locaux, les traitements
médicamenteux préventifs sont efficaces dans la prévention de ces douleurs.
Des essais complémentaires sont donc nécessaires.
Traitements
Le traitement du Syndrome douloureux post-mastectomie et des autres douleurs
neuropathiques séquellaires du traitement du cancer du sein, est celui d’une douleur
neuropathique chronique [27].
On rentre donc ici dans le cadre de l’application des Recommandations de la Société
Française d’Etude et du Traitement de la Douleur sur les douleurs neuropathiques
et leur prise en charge en médecine ambulatoire revues et mises à jour en 2010
[61].
101
Ces recommandations traitent des possibilités et des limites de la prise en charge des
douleurs neuropathiques chroniques en médecine ambulatoire. Les indications de ces
thérapeutiques spécialisées doivent être connues dès le soin ambulatoire primaire y
sont exposées.
Il est important de rappeler ici que la cible de ces recommandations est l’ensemble des
professionnels de santé confrontés aux douleurs neuropathiques en ambulatoire
(médecins généralistes, neurologues, rhumatologues, kinésithérapeutes, infirmiers etc.).
Ainsi et comme le rappelle l’introduction de l’article, ces recommandations ne
concernent pas seulement la prise en charge réalisées dans les structures
d’évaluation et de traitement de la douleur.
Les antidépresseurs tricycliques font références dans la prise en charge des douleurs
neuropathiques. Ils sont recommandés en première intention.
L’amitriptyline est le produit le souvent prescrit en première intention. (Niveau B2)
Les antiépileptiques sont efficaces sur les composantes paroxystiques. (Niveau B2)
Aucune étude ne fait référence dans l’utilisation systématique des opioïdes faibles ou
forts dans le traitement du SDPM. (Accord d’expert)
Des arbres décisionnels simples ont été proposés dans les recommandations issues de la
revue de littérature de 2007 appliqués à la prise en charge du syndrome douloureux
post-mastectomie. [27]
102
Figure 14 : Prise en charge thérapeutique d’un SDPM [27]
Des séances de drainage lymphatique manuel ainsi qu’une évaluation et un suivi
psychologique sont fortement recommandés en association avec le traitement
médicamenteux.
Une évaluation régulière est nécessaire. Il est recommandé de revoir le patient au cours
du premier mois de traitement afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance. (Accords
professionnels).
De nombreux traitements sont utilisés pour des douleurs neuropathiques, malgré
l’absence de preuve de leur efficacité.
C’est le cas du clonazépam, très prescrit dans cette indication en France. L’utilisation de
ce traitement dans les douleurs neuropathiques est vraisemblablement liée à son
103
efficacité sédative et anxiolytique et à sa facilité d’utilisation (en gouttes). A ce jour, il n’a
plus d’indication dans le traitement des douleurs neuropathiques, et de plus sa
prescription est désormais réservée aux neurologues depuis le 2 janvier 2012. [127] En
outre, il s’agit d’une benzodiazépine avec un risque potentiel de dépendance au long
cours.
Autres traitements
Les techniques physiques et la prise en charge psychologique ne fait pas non plus
l’objet de consensus mais paraissent assez évidents dans un contexte où les facteurs de
risques anthropométriques et psychologiques rentrent en jeu et sont recommandées par
plusieurs équipes. (Accord d’expert)
Les techniques de stimulations comme l’application locale de froid ou de chaud,
l’utilisation d’ultrasons ou de vibrations sont assimilables aux techniques de « contrestimulation » souvent utilisées spontanément par les patientes.
La neurostimulation électrique transcutanée (TENS) est proposée aux patientes ne
désirant pas de traitement médicamenteux ou en relais de celui-ci. Son avantage tient à
l’innocuité de la méthode et à la praticité des appareils qui autorise son auto-utilisation
par la patiente. Son effet antalgique met en jeu des mécanismes agissant sur les
contrôles segmentaires et/ou les contrôles inhibiteurs descendants qui modulent la
transmission des messages nociceptifs. Sa mise en place nécessite une séance de test qui
détermine les patients répondeurs. Les électrodes de stimulation sont placées sur le
trajet du gros tronc nerveux assurant l’innervation du territoire douloureux ou à
proximité du métamère en cas d’allodynie ou d’hyperalgésie.
104
Les autres traitements comme la relaxation, le biofeedback, l’acupuncture,
l’auriculothérapie peuvent avoir un effet bénéfique antalgique mais leur efficacité n’a
pas fait l’objet d’étude d’évaluation codifiant leur utilisation.
Traitements émergents
Les topiques locaux (patch de lidocaine) dans le traitement des douleurs
neuropathiques post-mastectomies ne font pas pour le moment l’objet de consensus
mais sont couramment utilisées sur les zones douloureuses dites zones gâchettes.[61]
Les patchs de capsaïcine viennent d’obtenir une AMM européenne pour le traitement
des douleurs neuropathiques périphériques non diabétiques. L’intérêt de ces
traitements est le faible risque d’effets indésirables systémiques et leur durée
d’efficacité prolongée. Cependant, il existe des contraintes non négligeables et à prendre
en considération comme par exemple leur application qui peut être douloureuse et
nécessite une surveillance du patient en hospitalisation de jour en Centre spécialisé dans
le traitement de la douleur. [61]
En pratique
Comment prescrire des médicaments adaptés aux douleurs neuropathiques chroniques
dans le cadre d’un syndrome douloureux post-mastectomie ?
Les douleurs neuropathiques déroutent encore beaucoup de cliniciens, dans la mesure
où elles sont en règles réfractaires aux analgésiques habituels. Leur traitement repose
sur l’utilisation d’analgésiques « non conventionnels ».
Il est indispensable de se fixer des objectifs concernant l’efficacité des traitements et
de bien informer les patients des éventuels effets indésirables.
105
Mise en route du traitement
Initiation à doses faibles puis augmentation des posologies par paliers selon la
tolérance et l’efficacité pour les traitements systémiques (titration)
Durée du traitement
Traitement pendant plusieurs mois (≥6mois)
Réévaluation de la tolérance et de l’efficacité à la fin de la titration puis de façon
régulière
Réduction progressive possible des posologies au bout de 6 à 8mois de traitement
efficace à doses stables
Prise en charge des troubles associés
Traitement spécifique de l’anxiété, de la dépression ou des troubles du sommeil si le
traitement des douleurs est insuffisant ou si ces troubles associés sont jugés
suffisamment intenses
Traitement des autres types de douleurs
souvent associées aux douleurs neuropathiques selon l’étiologie
Tableau 9 : Quelques règles simples de prescriptions des médicaments dans la
douleur neuropathique [61]
Tous les traitements doivent être initiés à doses progressives, en effectuant une
titration individuelle jusqu’à apparition de l’efficacité avec le minimum d’effets
indésirables.
Un équilibre entre l’efficacité et les effets secondaires doit être négocié au préalable avec
le patient.
Dans la mesure où aucune étude n’a démontré l’intérêt d’associer deux analgésiques
d’emblée, la monothérapie devra toujours être préféré en première intention, et les
associations devront être proposées en cas d’insuffisance d’efficacité ou du fait d’un
mécanisme d’action complémentaire.
106
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Imipramine
Amitriptyline
Clomipramine
10–25 mg le
soir
Paliers de
5mg (sujet
âgé) à
25 mg
Doses
moyennes et
maximales
Principaux effets
indésirables
Précautions
d’emploi
Autres bénéfices
75–150 mg/j,
1–2 fois/j
max. :
300 mg/j
(imipramine)
Dysurie, bouche
sèche
Hypotension
orthostatique,
céphalées
Troubles de
l’accommodation
Constipation,
sueurs, prise de
poids
Somnolence,
vertiges, troubles
cognitifs
Glaucome à angle
fermé
Obstacle
urétroprostatique
Infarctus du
myocarde récent
Abaissement du
seuil épileptogène
Amélioration de la
dépression à
doses≥75mg/j,
amélioration de
l’insomnie
(amitriptyline),
prévention des
attaques de panique
(clomipramine)
Duloxétine
30–60 mg
Paliers de 30–
60 mg
60–120 mg/j,
1–2 fois/j
Nausées/vomissem
ents, constipation,
anorexie
Bouche sèche,
impression
vertigineuse
Somnolence,
insomnie, sueurs
Insuffisance
hépatique
HTA non
contrôlée
Amélioration de la
dépression et de
l’anxiété généralisée
Gabapentine
300 mg le soir
(100 mg sujet
âgé)
Paliers de
100 mg (sujet
âgé) à 300 mg
1200–
3600 mg,
3 fois/j
Somnolence,
asthénie,
impression
vertigineuse
Nausées, anorexie,
sécheresse de la
bouche
Céphalées, œdèmes
périphériques
Prise de poids
Adapté selon la
clairance de la
créatinine.
Réduire les
doses chez la
personne âgée
Amélioration des
troubles du sommeil
Prégabaline
75–150 mg
Paliers de 75 mg
(25mg sujet
âgé)
300–600 mg,
2 fois/j en
deux ou trois
prises
Somnolence,
asthénie,
impression
vertigineuse
Nausées, anorexie,
sécheresse de la
bouche
Céphalées, œdèmes
périphériques
Prise de poids
Adapté selon la
clairance de la
créatinine
Réduire les
doses chez la
personne âgée
Amélioration des
troubles du sommeil et
de l’anxiété généralisée
Lidocaïne
emplâtre
1–3 patchs/j
selon l’étendue
de l’aire
douloureuse
1–3 patchs/j,
12h/j
Effets locaux :
prurit, irritation,
allergie
À appliquer sur
peau saine
Pas d’effet systémique
Opiacés
forts
10–30 mg,
2 fois/j
(morphine
retard)
Titration avec
morphine
rapide/4h
Augmentation
de la
doses/48–
72h, de 30–
50 %
Titration
individuelle
Nausées/vomissem
ents, anorexie,
constipation
Flou visuel, bouche
sèche, somnolence
Fatigue, dysurie,
prurit, troubles
cognitifs
Précaution
d’emploi
propres aux
morphinique
s, pas en
première
intention
Tramadol
50 mg, 1–
200–400 mg/j
Vertige,
Précautions
Rapidité de l’effet
Efficacité sur la douleur
nociceptive/inflammatoire
Rapidité de l’effet
107
2 fois/j
Paliers de 50–
100 mg
en 2 à 4 prises
300 mg/j
après 75 ans
nausées/vomissem
ents, constipation,
somnolence
Céphalées,
sécheresse de la
bouche, dysurie
Clairance de la
créatinine
<30ml/h
d’emploi en cas
d’association
avec IRS, IRSNA
et ADT
Abaissement du
seuil
épileptogène
Efficacité sur la douleur
nociceptive/inflammat
oire
Tableau 10 : Initiation, doses d’entretien et principaux effets indésirables des
traitements pharmacologiques recommandés dans la douleur neuropathique [61]
Quelles informations doit-on donner au patient ?
La crainte d’utiliser des médicaments non spécifiquement connus comme antalgiques
(antidépresseurs, antiépileptiques, etc.) peut induire d’emblée une non compliance, d’où
la nécessité pour le médecin d’expliquer le bien-fondé scientifique du choix
thérapeutique.
Les mécanismes de la douleur neuropathique et les objectifs des traitements
entrepris doivent être expliqués de façon simple et claire au patient.
-
Les symptômes douloureux présents sont causés par une lésion des fibres
nerveuses.
-
Les antalgiques usuels (paracétamol, AINS) sont peu ou pas efficaces dans ce type
de douleur.
-
Les molécules prescrites sont souvent utilisées dans d’autres indications mais ont
une activité analgésique propre (antidépresseurs, antiépileptiques)
-
Les traitements proposés ont une efficacité souvent partielle sur la douleur.
-
Il faut également informer le patient du bénéfice attendu et des effets
indésirables les plus fréquents et/ou les plus graves.
-
Le délai d’action peut être retardé (plusieurs jours à plusieurs semaines)
-
Le traitement ne doit pas être interrompu trop tôt en cas d’efficacité
108
-
Les traitements administrés par voie orale doivent impérativement être arrêtés
progressivement pour éviter un risque de sevrage brutal à l’arrêt
-
La plupart des effets indésirables surviennent au cours de l’augmentation des doses
mais beaucoup sont réversibles
-
Les traitements sont à prendre de façon systématique
-
Plusieurs traitements successifs peuvent être nécessaires avant d’aboutir à un
résultat satisfaisant
Surveillance
Après l’instauration d’un traitement antalgique pour une douleur neuropathique, il est
nécessaire comme pour tout autre douleur, d’évaluer régulièrement son efficacité et
l’apparition d’effets secondaires. Toute modification du syndrome douloureux postmastectomie doit faire réévaluer la situation.
Figure 15 : Evaluation de la tolérance et de l’efficacité du traitement à 1 mois
109
Des recommandations pour la pratique en médecine générale ?
Les éléments les plus importants contenus dans ces articles de recommandations ont été
retenus dans notre travail et nous ont permis d’apprécier leur applicabilité dans la
pratique courante en médecine générale.
Ces travaux mettent l’accent sur des arbres décisionnels simples qui sont tout à fait
adaptés à une consultation de dépistage des douleurs neuropathiques en médecine
générale et dans notre cas, des douleurs neuropathiques séquellaires du traitement
locorégional du cancer du sein en phase de rémission.
1.1.4.3.
Troubles moteurs séquellaires de l’épaule, capsulite rétractile postchirurgicale et rééducation préventive
La perte de mobilité de l’épaule après le traitement du cancer du sein va de 8 % à 40%
dans les études recensées, ces variations étant liées au type de traitement reçu, au recul
dans le temps, et aux échelles d’évaluation utilisées. [4]
La chirurgie peut être source de limitation des amplitudes articulaires de l’épaule et
la radiothérapie peut aggraver cette limitation. [4]
La restauration de la mobilité de l’épaule est donc primordiale afin de permettre une
prise de position immédiate indolore sur la table de radiothérapie et de permettre une
récupération de la fonction de l’épaule optimale.
110
Facteurs de risque
Prenons par exemple cette étude réalisée chez 683 patientes opérées avec curage
axillaire et irradiation [80], montrant la présence d’une limitation de l’épaule chez
40% des patientes à 14 mois en moyenne de l’intervention (1 mois à 12 ans). La
limitation modérée représente 30% d’entre elles. Les raideurs importantes ne
représentent que 4% des patientes traitées. La comparaison des fréquences de la
raideur de l’épaule en fonction du type chirurgical démontre que la mastectomie en est 2
fois plus pourvoyeuse.
Normale
180 ° à150°
150 ° à 120 °
< 120 °
N = 398
N=211
N=25
N=30
Mastectomie
52
53
10
5
Chirurgie
346
158
15
25
conservatrice
Tableau 11 : Mise en évidence de la flexion antérieure de l’épaule en fonction du
type chirurgical chez 683 patientes traitées pour cancer du sein avec curage
axillaire et radiothérapie [80]
La radiothérapie multiplie le risque de raideur par 1.9 après une tumorectomie avec
curage axillaire par un effet de fibrose des tissus [79].
Etiologies
La mise en abduction per-opératoire de l’épaule est réalisée passivement sous
anesthésie. Le temps chirurgical exagère une position de la tête humérale à type de
111
conflit sous-acromial pouvant évoluer vers une pathologie de la coiffe des rotateurs,
même s’il n’existe pas de périarthrite scapulo-humérale préexistante.
Aussi pour accéder au creux axillaire, le chirurgien devra lever le bras de la patiente soit
en mettant le bras au zénith (plan du corps de l’omoplate), soit en appliquant une
rotation externe coude au corps.
Après l’opération, par crainte de douleurs - sensation de tensions dans les zones
cicatricielles – et par peur de désunir les berges de la cicatrice puis de tirer sur les
drains, la patiente n’utilise pas son bras dans toute l’amplitude articulaire. Il existe donc
un risque d’enraidissement d’épaule, voire une évolution vers une capsulite
rétractile.
Les raideurs de l’épaule peuvent être causées par des brides faisant suite à une
cicatrice de tumorectomie et curage axillaire en limitant les amplitudes articulaires
[81-82].
Les principaux mécanismes évoqués sont la fibrose du muscle grand pectoral, la
dermite scléro-atrophique (adhérence des tissus sous-cutanés au muscle grand
pectoral dont l’ablation du fascia empêche le glissement) les altérations vasculaires,
les dommages sur les articulations (ostéonécrose de la tête humérale) mais aussi la
présence associée d’autres comorbidités favorisantes comme le lymphoedème ou
les neuropathies du membre supérieur.
112
La capsulite rétractile
Elle se définit par un enraidissement progressif et initialement douloureux de
l’articulation scapulo-humérale lié à un épaississement capsulaire antéro-inférieur et à
une rétraction du plan capsulo-synovial, ce qui explique la limitation prédominante des
mobilités de l’épaule en antéflexion et rotation externe, responsable d’un handicap
parfois majeur et d’altération de la qualité de vie. [83]
Les mécanismes physiopathologiques responsables de capsulite rétractile dans le cancer
du sein sont très mal connus et très peu étudiés. On pense quand même qu’ils peuvent
être liés à la présence de tendinopathies de la coiffe des rotateurs, à un syndrome
algodysptrophique post-mastectomie.
Sa fréquence varie de 9 à 68 % selon les séries en ce qui concerne la douleur et de 1 à
67 % en ce qui concerne la raideur. [84]
Elle évolue en 3 phases :

Une phase initiale < 2 mois, douloureuse

Une phase intermédiaire, en plateau, où la raideur s’installe alors que la douleur
régresse

Une phase de régression dominée par la raideur (épaule gelée)
Parmi les facteurs favorisants le risque :

La mastectomie versus la chirurgie conservative : [85]
- RR = 2.75 pour la raideur (24% versus 7%, p < 0.01)
- RR = 2.75 pour la douleur (32% versus 12%, p < 0.001)

Le curage axillaire versus la biopsie du ganglion sentinelle: [86]
113
- RR = 2.75 pour la raideur (24% versus 7%, p < 0.01)
- RR = 2.75 pour la douleur (32% versus 12%, p < 0.001)

L’irradiation axillaire: RR = 1.67

L’existence d’un lymphœdème: RR = 1.46

Un IMC élevé•
Le traitement est assez codifié dans une récente revue Cochrane de 2008 : [87-88]

Antalgiques + AINS + cryothérapie +/- 1 à 2 infiltrations intra-articulaires à la
phase initiale

1 à 2 infiltrations intra-articulaires +/- arthrodistension et kinésithérapie à la
phase intermédiaire

Kinésithérapie
active
+/-
mobilisation
sous
AG,
voire
capsulotomie
arthroscopique à la phase tertiaire d’épaule gelée.
Rééducation post-opératoire et récupération
La prise en charge en rééducation post-opératoire a prouvé son efficacité sur la
récupération des amplitudes de l’épaule à 3 mois. [89]
La réalisation d’exercices après la chirurgie mammaire est essentielle à la récupération
de la mobilité du membre supérieur et de l’épaule à distance de l’opération. [27]
Elle permet d’assouplir la musculature, de prévenir l’ankylose de l’épaule et retrouver la
liberté de mouvement à distance de l’opération.
114
Un guide destiné aux femmes opérées a été réalisé par la Société Canadienne du
Cancer pour renseigner les patientes sur les différents mouvements et exercices à
accomplir suite à la mastectomie. Il a été réalisé par un groupe de travail basé sur des
études et des recommandations fiables issues d’une revue systématique de la
Cochrane Database. [124]
Il contient les différentes lignes directrices avec les points à pratiquer ou au contraire à
éviter. Des exercices circulatoires, les mouvements de flexion et extension de l’épaule
ainsi que des conseils sur la prévention de l’apparition du lymphoedème y sont
également inscrits.
Des schémas d’entrainement précis ont également été décrits dans la revue Médecine
physique et réadaptation pour un guide de pratique clinique et de prévention au
quotidien [90].
Une étude australienne étudie en ce moment l’application d’un protocole de rééducation
de l’épaule chez des patientes opérées d’un cancer du sein en phase post-opératoire
précoce. Le but est de montrer le bénéfice d’une rééducation par physiothérapie précoce
pour éviter les risques d’apparition de capsulite rétractile ou de douleurs chroniques
d’épaule post-chirurgicales. [91]
115
Exercices de réhabilitation post-opératoire : exemple du guide de la société
canadienne de cancérologie [62]
Dès le lendemain de la chirurgie on conseille des exercices circulatoires :
• Serer une balle dans la main côté opéré à plusieurs reprises durant la journée. Répéter
le geste lentement pendant environ 1 minute.
Photos d’exercices circulatoires du membre supérieur
Placer le bras du côté opéré en position élevée. Par exemple, en position couchée, mettre
la main ou même le bras sur l’oreiller. En position assise, laisser reposer le bras sur
l’accoudoir ou sur un oreiller.
Photo de position du bras au repos
116
Les exercices qui suivent peuvent être débutés environ 48 heures après la chirurgie.
Ils doivent être réalisés en douceur, sans à-coup, 1 à 2 fois par jour.
Il est également conseillé d’apprendre ces exercices pour pouvoir les répéter après
la sortie de l’hospitalisation et ce pendant 1 mois.
Flexion de l’épaule
• Position couchée sur le dos, les genoux fléchis, à l’aide d’un petit bâton, un manche de
balai par exemple ou 1 canne, saisir le bâton avec les 2 mains, en maintenant les coudes
étendus, élever les bras le plus possible jusqu’à ressentir un léger étirement.
• Maintenir la position 1 à 2 secondes puis redescendre.
• Répéter l’exercice 10 fois.
117
Photos d’exercice de flexion de l’épaule
Le papillon
• Position couchée sur le dos, les genoux fléchis, placer les mains derrière la nuque, et
pousser les coudes vers l’arrière en tentant d’atteindre le sol, puis rapprocher les coudes
en avant.
• Maintenir la position 1 à 2 secondes puis redescendre.
• Répéter l’exercice 10 fois.
118
Photos d’exercice du papillon
119
Battement d’ailes
• Position couchée sur le dos, jambes allongées, au départ les 2 bras reposant le long du
corps, paume des mains vers les cuisses. Éloigner les bras de côté, en maintenant le
contact avec le lit ou le sol; comme si on balayait la surface avec les bras.
• Maintenir la position 1 à 2 secondes puis revenir.
• Répéter l’exercice 10 fois.
Photos d’exercice du battement d’ailes
120
Extension
• Position assise sur une chaise droite ou un tabouret.
• Saisir un bâton dans le dos avec les 2 mains et l’écarter du corps vers l’arrière sans
plier les coudes.
• Maintenir la position 10 à 15 secondes puis relâcher.
• Répéter l’exercice 3 fois.
Photos d’exercice d’extension des bras
Ce guide est un exemple de conseils pour la réhabilitation précoce post-opératoire après
chirurgie du cancer du sein.
Les recommandations sur ce sujet font largement défaut pour faire de ce guide une
référence.
Basé sur une succession d’accords publiés ces dernières années, tirées d’études
randomisées et de revues systématiques, il reste une aide précieuse pour la pratique
clinique.
121
Le besoin d’établir des recommandations de référence devient urgent comme le cite
l’article de synthèse sur la réhabilitation du membre supérieur après cancer du sein de
Harris publié tout récemment dans la revue Cancer en avril 2012. [92]
2.
LE CONCEPT DE SOINS DE SUPPORT EN CANCEROLOGIE
2.1.
Qu’entend-on par soins de support ?
2.1.1. Contexte et justification de cette nouvelle organisation
La prise en charge oncologique spécifique, comme nous l’avons vu ci-dessus, prend une
très grande place dans le parcours de soins du cancer du sein.
Inutile de rappeler le tel bouleversement qui s’opèrera dans la vie des patientes
atteintes de cancer de sein, désormais face à cette maladie chronique, avec tout ce que
cela va impliquer pour elles, qu’elles soient jeunes ou plus âgées, tant au niveau de la
prise en charge et du suivi médical, qu’au niveau administratif, social, professionnel,
familial et psychologique ainsi confrontés à une multiplication des intervenants.
Pour certaines, cela apparaît comme un véritable parcours du combattant : qui est qui ?
Qui fait quoi ? Comment trouver les renseignements utiles ? Ce « jeu de piste », lorsqu’on
est fatigué est plus que dommageable et peut conduire au découragement pour les
patients.
Le médecin généraliste, les professionnels de proximité, les cancérologues sont les
pivots essentiels auxquels on fait appel à différentes étapes de la maladie.
122
C’est ainsi que se développe une nouvelle approche organisationnelle de la prise en
charge du cancer, par l’extension des soins au-delà du traitement du cancer lui-même,
pour une prise en charge globale du patient : les soins oncologiques de support.
A l’interface des plans gouvernementaux « soins palliatifs », « douleur » « cancer », les
comités nationaux douleur, soins palliatifs et la Mission Interministérielle de Lutte
contre le Cancer (MILC) ainsi que l’Institut National du Cancer (INCa) se réunissent pour
la première fois en 2001 pour créer un texte de référence sur les soins de support.
En 2003, un groupe national d’experts indépendants des sociétés savantes publie un
texte « fondateur » [93], qui sera successivement validé par les deux Comités nationaux
de suivi des Plans douleur et Soins Palliatif ainsi que par toutes les sociétés savantes « de
base » (SFCE, SFC, SFCP, SETD, SFAP, SFPO, GRASPHO).
Celui-ci aboutira enfin à la CIRCULAIRE DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005
[15] relative à l’organisation des soins en cancérologie dont nous allons décrire les
principaux points importants dans le paragraphe suivant.
2.1.2. Définition et objectifs du concept
Les soins de support en cancérologie sont définis comme étant :
« L’ensemble des soins et soutiens nécessaire aux personnes malades, parallèlement
aux traitements spécifiques, lorsqu’il y en a, tout au long de la maladie » [94]
Les soins de support regroupent donc sous cette terminologie toute la prise en charge
non spécifique du cancer utile, indispensable à la qualité de vie du malade. Il
concerne le patient ainsi que son entourage.
123
Ils ne correspondent pas à une nouvelle discipline mais bien à une coordination de
compétences au service des patients et de leurs proches.
Les soins de support répondent à des besoins bien précis.
Ils concernent principalement la prise en charge de la douleur, de la fatigue, de la
dénutrition,
des
troubles
digestifs,
génito-urinaires,
moteurs,
odonto-
stomatologiques, du handicap, des difficultés sociales et de la réinsertion
socioprofessionnelle, des souffrances psychiques, des perturbations de l’image
corporelle, des soins en situation palliative, et de l’accompagnement de la fin de
vie.
Le patient doit pouvoir avoir recours aux soins de support à tout moment de sa
maladie.
Ils ont pour objectifs
de permettre une meilleure prise en charge globale des
personnes malades et de leurs proches en partant d’une analyse précise et régulière de
leurs besoins dans les différents domaines de compétences des soins de support, tout en
assurant le principe de continuité des soins.
Leur mise en place devrait comporter une phase d’état des lieux dans chaque
établissement pour un repérage des compétences et des lieux d’exercice, s’inscrivant
dans une démarche de territoire de santé incluant les réseaux déjà existants.
En
fonction de cet état des lieux seront précisés les modes et les champs d’interventions des
équipes en assurant l’accès à toutes les compétences nécessaires.
Il est indispensable que les patients et leur entourage puissent avoir connaissance
des différentes ressources proposées dans le cadre des soins de support.
124
Les coordonnées des différents lieux d’information devront être délivrées au patient
dans son dossier personnalisé (Kiosque d’information, Espace Rencontre Information…).
La nécessité d’une meilleure lisibilité de leur existence, d’une meilleure accessibilité et
de leur coordination au sein d’un réseau est donc clairement inscrite dans la circulaire
DHOS/DSO organisant les soins en cancérologie.
Quel que soit l’endroit où ils se trouvent, les établissements de santé doivent
favoriser l’accès à cette dimension des soins.
Il sera exigé de ce fait une rétro information, attendue dans le cadre du plan cancer, une
évaluation qualité par le patient, des procédures d’audit, par exemple au niveau des
réseaux.
Le futur « dossier communiquant partagé » facilitera la diffusion des informations
médicales pertinentes entre les professionnels en charge de la patiente, qu’ils exercent
en ville ou à l’hôpital.
L’organisation mise en place a pour mission la formation initiale et continue dans le
domaine des soins de support, tant au niveau des professionnels impliqués que dans les
instituts de formation de professionnels de santé et des facultés.
2.2.
Soins de support et cancer du sein en phase de rémission
Lorsqu’après plusieurs semaines ou plusieurs mois d’une relation étroite avec une
équipe médicale (cancérologues, chirurgiens, radiothérapeutes) pour mener le
traitement initial du cancer, la fin des traitements survient et, paradoxalement, elle est
souvent vécue comme une période de stress.
125
Déclaré « guéri » ou « en rémission », à charge pour le sujet de revivre le plus
normalement possible, malgré parfois la persistance d’une grande fatigue, de séquelles
organiques, l’apparition de dysfonctionnements sexuels, hormonaux, psychiques, de
reprendre des habitudes quotidiennes souvent perdues après de longs traitements, de
se réinsérer dans son exercice professionnel et surtout de faire face à l’avenir.
Figure 16 : Continuité et globalité des soins en période curative
« Je suis une personne physique, psychologique, subtile, spirituelle… Docteur,
laquelle avez-vous soignée ? »
Carmen
Soigner les diverses dimensions de la personne, comme le demande Carmen lors des 1er
états généraux des malades du cancer organisés par la Ligue nationale contre le cancer
en 1998, c’est s’attacher à agir sur les nombreux symptômes de la maladie, qui peuvent
126
se décrire selon les catégories du physique, du psychique, du fonctionnel… et qui
demandent, dans les cas difficiles, des compétences et des moyens d’actions particuliers.
Certaines difficultés peuvent aussi être observées chez des proches. Les soins de support
prennent en compte les dimensions physiques, psychiques, fonctionnelles, sociales,
familiales,… Cette approche globale se développe aujourd’hui essentiellement en
cancérologie, mais elle est tout à fait transposable à d’autres maladies graves et
chroniques.
Le besoin de soins et de soutiens est propre à chacun.
De nouveaux besoins peuvent apparaître tout au long de la maladie, comme le
traitement de la douleur et de la fatigue, la prise en charge nutritionnelle, la prise en
compte de symptômes digestifs, respiratoires, sexuels,…
L’arrêt du traitement peut être à l’origine d’autres besoins comme une rééducation des
troubles moteurs et des handicaps, une réinsertion professionnelle, un soulagement des
souffrances psychiques et, le cas échéant, un accompagnement de la fin de vie et un
soutien pour l’entourage.
Les besoins spécifiques de chaque personne sont donc évalués tout au long de la
maladie.
2.2.1. La prise en charge de la douleur en cancérologie : un objectif prioritaire en
soins de support
Aujourd’hui devenu un critère de qualité du système de santé, la lutte contre la douleur
répond avant tout à un objectif humaniste, éthique et de respect de la dignité de
l’homme. La douleur physique et la souffrance morale ressenties à tous les âges de la vie
rendent plus vulnérables encore les personnes fragilisées par la maladie.
127
Les douleurs chroniques rebelles sont source d’incapacités, de handicaps et
d’altérations majeures de la qualité de vie. La lutte contre la douleur satisfait à une
attente légitime de toute personne.
Reconnu comme un droit fondamental de toute personne par la loi relative aux droits
des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars 2002, [95] le soulagement de
la douleur s’inscrit parmi les objectifs à atteindre pour les prochaines années.
Tout doit être mis en œuvre pour apporter au malade l’information nécessaire afin qu’il
ne subisse plus sa souffrance comme une fatalité. Il est également nécessaire de former
les professionnels à une meilleure écoute du patient, ainsi qu’à une prise en charge tant
psychologique que thérapeutique de la douleur du patient.
Aussi, le plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur 2006-2010 [96] repose
sur quatre axes dont 3 nous concernent particulièrement :
• l’amélioration de la prise en charge des personnes les plus vulnérables (enfants,
personnes âgées et en fin de vie) ;
• la formation renforcée des professionnels de santé ;
• une meilleure utilisation des traitements médicamenteux et des méthodes
non pharmacologiques ;
• la structuration de la filière de soins.
Selon l’évaluation de ce troisième plan d’amélioration de la prise en charge de la
douleur, nous retenons qu’il a eu un impact important sur le milieu professionnel
hospitalier en termes d’animation ou d’encouragement à l’innovation, mais est
passé à côté de son objectif principal d’amélioration de la prise en charge pour
n’avoir pas assez pris en compte les contraintes exogènes que sont : [128]
- L’organisation et le financement de l’hôpital public
128
- les limites des incitations en direction de l’industrie pharmaceutique pour
développer des nouvelles formes galéniques d’antalgiques et demander des AMM
- le relatif isolement de la médecine libérale
- les conditions de rémunération imposées par l’assurance maladie aux
professionnels médicaux et non médicaux : des expérimentations de prises en
charge forfaitaires, décidées par les centres antidouleur, et qui incluraient la prise
en charge libérale, permettraient le développement d’une filière de soins utile aux
malades, la rémunération des psychologues et d’autres professionnels non
médicaux, l’établissement d’un lien pédagogique entre soignants avec une plus
grande disponibilité des centres antidouleur.
A l’issue des auditions, et au-delà des quelques recommandations déjà énoncées,
découlant des objectifs et mesures du plan 2006-2010, il a paru intéressant à la mission
de formuler une série de propositions pour la réalisation d’un nouveau plan autour de 4
principes et de 6 axes de recommandations.
Le second principe nous intéresse particulièrement :
- Principe 2 : changer de paradigme (d’une prise en charge et d’un savoir hospitalocentrés vers une offre et une organisation des soins de ville) : une offre de qualité à
l’hôpital et en ville.
129
Les trois premiers axes sont forts intéressants dans notre cas puisqu’il replace notre
problématique d’organisation de l’offre de soins, de formation et
d’information en
premier plan :
Axe 1. La poursuite de la structuration de l’offre de soins, notamment en milieu de
ville
Axe 2. La formation et la sensibilisation des professionnels de santé
Axe 3. L’information du public
La douleur, ressentie à tous les âges de la vie, est d’autant plus préjudiciable qu’elle
touche souvent des personnes atteintes de maladies graves. Aussi, ces objectifs
s’articulent avec le plan cancer. Cette approche de la douleur constitue également
une priorité afin d’améliorer la qualité de vie de toutes celles et ceux qui souffrent
d’une maladie cancéreuse, en phase curative ou avancée.
S'il est illusoire de penser que toute douleur peut être supprimée, les moyens de
prévention de la douleur aiguë et d’amélioration de la prise en charge de la douleur
chronique doivent être mis en œuvre en toutes circonstances. L'engagement, la
mobilisation et la coordination de l’ensemble des professionnels constituent l’élément
majeur de la réussite de cette démarche d'amélioration de la qualité des soins. Elle
illustre la nécessaire évolution des pratiques médicales du XXIème siècle afin de mieux
répondre à cette exigence légitime de toute personne malade.
Dans le cadre de cette politique, de nombreuses actions ont été menées auprès des
usagers et des professionnels de santé avec notamment depuis 2002, quatre
programmes nationaux particuliers :
130
• L’amélioration de l’information des usagers avec la diffusion du « Contrat
d'engagement contre la douleur » remis au patient hospitalisé qui constitue une
brochure d'informations sur la prévention, le soulagement et le traitement de la douleur.
• Le renforcement de la prise en charge de la douleur chronique rebelle avec plus de 100
structures de prise en charge de la douleur chronique créées en 5 ans. Ces
créations portent le nombre de structures à 200 en 2006 contre 96 en 2000.
• L'amélioration de la prise en charge de la douleur dans les établissements de santé
avec l’intégration d’une référence « douleur » dans la certification des établissements
de santé, la diffusion du guide "Organiser la lutte contre la douleur dans les
établissements de santé" qui propose une aide méthodologique et des orientations
pour la mise en place d'une stratégie cohérente et concertée de lutte contre la douleur.
Le développement des soins de support a permis d’engager une réflexion sur une
meilleure organisation et prise en charge des symptômes ainsi que des besoins
somatiques, psychologiques, sociaux du malade tout au long de sa maladie.
• L'amélioration de l'information et de la formation des professionnels de santé
avec la diffusion, en 2004, du mémento « la douleur en questions » qui réunit les
connaissances pratiques nécessaires à une prise en charge au quotidien de la douleur,
destiné aux professionnels de santé (médecins, infirmiers…) hospitaliers et libéraux, et
la création du « Centre national de ressources de la douleur » (CNRD) qui a une
mission d'appui scientifique et technique en matière d'information, d'enquête et de
recherche clinique dans le domaine de la douleur. Des recommandations sur la bonne
utilisation des opioïdes chez le patient douloureux ont été publiées par l’Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) en 2004. La Haute
autorité de santé (HAS) a diffusé des recommandations sur la prévention de la
131
douleur post-opératoire. La Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer
(FNLCC) a élaboré des standards options recommandations sur la douleur induite
par les soins [97] et l’évaluation de la douleur en cancérologie [98-99].
L’évaluation des mesures mises en œuvre est en cours.
Cette évaluation permettra de mieux apprécier l’impact de ces actions sur la prise en
charge de la douleur.
Toutefois, quelques études montrent que des progrès restent à faire.
L’étude [100] qui explore les réponses des structures de prise en charge de la douleur
chronique rebelle aux besoins des patients et des professionnels de santé, souligne les
difficultés rencontrées par ces structures en termes de ressources humaines,
d’organisation, de locaux et de valorisation de l’activité, face à une demande croissante.
Le manque de données épidémiologiques concernant les différentes formes des
douleurs chroniques (sauf pour la migraine qui est bien étudiée) est souligné.
L’enquête réalisée auprès des associations d’usagers [101] classe la prise en charge de la
douleur au premier rang des propositions d’actions à engager dans le cadre de
l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints d’une maladie chronique.
Les enquêtes régionales menées dans le cadre des Etats généraux de la douleur de juin
2005 [102] montrent que des changements notables sont intervenus notamment en
faveur de la réflexion menée au sein des établissements sur la thématique douleur et de
l’information des usagers. Cependant, il existe une forte disparité de prise en charge
selon les établissements de santé d’une même région. Ces enquêtes soulignent la
nécessité, à l’échelon d’un établissement, de coordonner l’ensemble des acteurs, de
132
développer la formation, la mise à disposition de professionnels référents et de
protocoles de soins.
L’enquête ENEIS [103] montre que la prise en compte de la douleur peut être encore
insuffisante dans certains cas. A ce titre, lorsque tout n’est pas mis en œuvre pour
soulager la douleur, ceci est classé en évènement indésirable évitable.
Nous pourrons également rappeler ici les items de l’évaluation du plan douleur qui met
en exergue les lacunes dans l’organisation et la coordination des soignants pour la prise
en charge de la douleur en générale. [128]
Les initiatives régionales pour une meilleure prise en charge de la douleur sont
nombreuses mais il existe un manque de visibilité, de communication, de partage
d’expériences et de concertation entre les différents acteurs (soignants, usagers,
institutionnels) en la matière.
Les résultats d’enquêtes régionales réalisées par le comité d’organisation des états
généraux de la douleur [104] montrent qu’il existe une forte disparité de prise en charge
selon les établissements de santé d’une même région. Il apparaît néanmoins que le
développement de ce type de démarche, au niveau régional, renforce la dynamique et la
sensibilisation des professionnels des établissements de santé.
Les nouvelles dispositions prises en faveur de la qualité des soins renforcent la lutte
contre la douleur dans les établissements de santé, notamment au travers de la
thématique rendue obligatoire de la commission médicale.
La lutte contre la douleur a été retenue comme un des objectifs prioritaires de la
qualité des soins dans la sous-commission « sécurité et qualité des soins » initiée en
133
2003, avec l’expérimentation d’un indicateur sur la traçabilité de la prise en charge de la
douleur dans les établissements de santé publics et privés volontaires.
Les douleurs chroniques dites rebelles sont sources de handicaps et d’altérations
majeures de la qualité de vie. Elles induisent une consommation importante de soins et
d’arrêts de travail. Le patient douloureux chronique a recours chaque année à environ
10 consultations ou visites de généralistes et 4 consultations de spécialistes. 45 %
d’entre eux sont concernés par des arrêts de travail dont la durée moyenne cumulée
dépasse 4 mois par an. Le manque de données épidémiologiques concernant les
différentes formes des douleurs chroniques est souligné. Des travaux spécifiques sont
en cours afin de mieux identifier les facteurs favorisant le développement et la
pérennisation des symptômes douloureux chroniques pour en améliorer la prise
en charge.
Les différentes actions et mesures recensées dans le plan de lutte contre la douleur
2006-2010 nous concerne particulièrement et font partie des démarches à mettre en
œuvre prioritairement.
2.2.2. La rééducation fonctionnelle en cancérologie
Les consultations de suivi doivent être le lieu privilégié d’écoute et de la détection des
troubles fonctionnels qui sont susceptibles de dégrader la qualité du résultat médical
proprement dit en dehors de tout nouveau fait tumoral.
La réhabilitation fonctionnelle en cancérologie doit être une démarche
pluridisciplinaire.
134
Elle comporte des actes de prévention et/ou de correction des effets indésirables
ou des séquelles liées à la maladie ou aux traitements et doit être intégrée à la prise
en charge initiale.
En ce qui nous concerne, le rôle du rééducateur est vaste dans le suivi du cancer du
sein : soins post-opératoires immédiats, traitement du lymphœdème avec drainages
manuels et réalisation de bandages, mobilisation et rééducation articulaire…
2.2.3. Soutien psychologique et aide à la réinsertion psychosociale
La réinsertion du patient dans son cadre habituel de vie n’est pas toujours facile après
l’épisode cancérologique, soit pour des raisons physiques, mal ou insuffisamment
compensées par des techniques de réhabilitation, pour des raisons psychologiques, ou
pour des raisons sociales qui peuvent tenir à la perte de confiance de l’environnement
pour le patient ( employeur, services sociaux, assurances…).
Spontanément, tout pousse à ce que le patient soit exclu ou s’exclut lui-même de la vie
socio-professionnelle :
congés
prolongés,
invalidité,
refus
d’assurance
ou
d’embauche, etc… Dans la majorité des cas, le patient, déjà largement préoccupé par
son état de santé et son avenir personnel, est désarmé face à la complexité des
procédures et des démarches.
Seule une attention soutenue de son environnement soignant, avec l’aide du médecin
traitant et des travailleurs sociaux pourra lui éviter des déconvenues inutiles.
Il est donc nécessaire que tout professionnel intervenant dans le suivi du patient traité
pour cancer ait une connaissance suffisante des problèmes et des solutions adaptées.
135
Toutefois beaucoup de patients ne prennent pas l’initiative de rapporter spontanément
les difficultés extra-médicales qu’ils rencontrent.
Les praticiens assurant le suivi doivent donc avoir la préoccupation de s’enquérir avec
tact de cette éventualité. Ceci suppose une connaissance correcte des différents cadres
administratifs régissant le droit du travail, le handicap, les congés, etc… Là aussi,
l’invention des professions spécialisées (travailleurs sociaux), parfois complétée de celle
des spécialistes de la prise en charge psychologique est souvent déterminante, et ce
d’autant plus qu’elle aura été mise en œuvre précocement.
Les associations d’anciens malades jouent également un rôle majeur dans le soutien
de la patiente, et devrait intervenir avant même que le traitement soit réalisé ou achevé.
2.3. Cancer du sein et Qualité De Vie : une nécessité de prise en charge
globale de la patiente et une finalité pour les soins de support
2.3.1. La qualité de vie : une préoccupation nouvelle
En anthropologie, il est quelque peu difficile de donner une définition précise de ce que
peut être la qualité de vie, car elle va dépendre de « consensus culturel » au sein d’une
population donnée.
La définition admise internationalement et très proche de celle émise par l’OMS,
suggère :
« La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la
culture et du système de valeur dans lequel il vit »
136
Autrement dit nous abordons le problème des représentations et de la définition du
bien-être. Comment donc le définir ?
Il faudrait donc établir une construction multidimensionnelle combinant les aspects
psychologiques (vécu et perçu), le bien-être physique, le bien-être social, économique,
l’image de soi, du corps, la vie sexuelle etc.… tout cela intégré au groupe socio-culturel
dominant de la société.
La « qualité de vie » vue par un anthropologue sera à géométrie variable selon les
cultures, les situations, les époques, et les valeurs d’une société.
S’il y a une approche ou le terme de « qualité de vie » a un sens précis, c’est dans le
domaine de la médecine. Nous sommes ici en face de situations plus concrètes, et c’est
devenu un sujet important pour les cliniciens.
La notion de qualité de vie du point de vue médical, est liée à celle du vécu de la maladie
pendant et après un traitement.
Il ne s’agit plus d’un point de vue « hédoniste » mais d’une vue médicalisée.
Dans ce domaine, l’objectif est d’établir des mesures, des modèles et des questionnaires
validés pour évaluer le vécu des individus soignés.
Ces mesures sont aussi faites pour évaluer la rentabilité d’un traitement et son coût afin
de s’assurer que celui-ci n’implique pas trop de moyens financiers pour peu de résultats
en termes de « qualité de vie ».
La mesure de la « qualité de vie » est essentielle dans la mesure de l’efficacité et de
l’efficience de la prise en charge du patient dans sa globalité.
On constate que le monde de la médecine s’intéresse de plus en plus au vécu du patient,
au bien être au cours du traitement et à leur réinsertion dans le tissu social ensuite.
137
Le rôle du thérapeute n’a-t-il pas toujours été d’aider le patient à atteindre un
maximum de confort et de bien être dans son traitement ?
Le concept de qualité de vie a donné lieu à de nombreux travaux. Dans le domaine de la
médecine, nous nous limiterons à la « qualité de vie liée à la santé » (QVLS) qui tient
compte uniquement des détériorations, troubles fonctionnels, perceptions, conditions
sociales, conditions psychologiques induites par la maladie, les traitements,
interventions diagnostiques, prise en charge, suivi… etc.
Les mesures de la qualité de vie se fondent uniquement sur les réponses des patientes à
des questionnaires standardisés qui tentent de qualifier la notion de satisfaction de la
vie et de la santé et leurs modifications par l’existence de maladies et/ou de leurs
thérapeutiques.
2.3.2. Cancer du sein et qualité de vie : des améliorations ?
L’évaluation de la « qualité de vie » des patientes traitées pour un cancer du sein doit
être réalisée dans le cadre de cette pathologie chronique ayant des effets latéraux
parfois très importants.
Ce dont il est question de nos jours, c’est l’amélioration de la qualité des soins pour
une amélioration du vécu de la maladie.
Les tentatives d’évaluation quantitative de la « qualité de vie » ont donné des résultats
forts étonnants. On a réussi à montrer par des courbes, chiffres, cohortes, une évaluation
de la qualité de vie des patientes atteintes de cancer du sein.
« C’est plus traumatisant et plus difficile à vivre d’avoir une mastectomie qu’une
simple tumorectomie avec conservation du sein »
138
« Entre deux traitements pour le même résultat, c’est le moins physiquement pénible
qui permet une meilleur qualité de vie »
…c’était certainement les débuts de cette préoccupation nouvelle sur le vécu des
patientes qui nécessitait cet enfonçage de portes ouvertes.
Ses évaluations de la qualité de vie vont nécessiter une approche beaucoup plus
qualitative que quantitative.
En dehors de simples données de confort physique, il faudra ajouter un éclairage sur la
propre image du corps des patientes, leur rôle dans le réseau social, leurs
croyances et représentations de cette maladie.
Le problème se pose, après l’évaluation de la mesure, si tant est que l’on puisse le faire,
car le but est d’améliorer ce « perçu ». Nous sommes dans la perception du « perçu »
du côté du soignant, et touchons à sa capacité à trouver des solutions pour l’améliorer.
Exemple : Résultats de l’enquête « Parcours de femme 2001 » : [105]
En 1993, une première enquête nationale « parcours de femme » a été réalisée auprès de
2874 femmes atteintes de cancers gynécologiques ou mammaires dans le but de
comprendre la manière dont ces femmes ont perçu et vécu la prise en charge de leur
maladie.
On a montré l’importance de l’information sur la maladie, du dialogue à tous les
stades du parcours de soins. On précise aussi la nécessité de mise en place d’axe de
soutien et d’amélioration des aides matérielles afin de promouvoir une meilleure
réinsertion après le traitement.
139
La nouvelle enquête « Parcours de femme » en 2001 a eu pour objectif de produire un
nouvel état de lieux pour compléter cette réflexion.
Cette étude démontre l’amélioration de la prise en charge globale des patientes par
rapport à la dernière enquête. Elle démontre que le niveau d’information sur la
maladie, les traitements est actuellement de très bonne qualité mais il reste encore des
améliorations à apporter quant aux informations données sur le déroulement
pratique de soins, et notamment les effets secondaires des traitements du cancer.
3.
PLACE DU MEDECIN GENERALISTE DANS LE SUIVI POST-THERAUPEUTIQUE DU
CANCER DU SEIN
3.1.
L’ « après cancer » du sein et le rôle du médecin généraliste dans le suivi
et l’accompagnement post-thérapeutique
Lorsqu’après plusieurs semaines ou plusieurs mois d’une relation étroite avec une
équipe médicale (cancérologues, chirurgiens, radiothérapeutes) pour mener à bien le
traitement initial du cancer, la fin des traitements survient, celle-ci, pourtant tant
attendue par les patients est souvent vécue comme un stress.
Déclaré « guéri » ou en « rémission », à charge pour le sujet de revivre le plus
normalement possible, malgré parfois la persistance d’une grande fatigue, de séquelles
organiques ou fonctionnelles, l’apparition de dysfonctionnements sexuels, hormonaux,
psychiques, de reprendre des habitudes quotidiennes souvent perdues après de longs
traitements, de se réinsérer dans son exercice professionnel et surtout de faire face à
l’avenir.
140
Quelle place est attribuée au médecin traitant dans l’organisation de la
surveillance post-thérapeutique ?
Dans son rapport remis en février 2009, intitulé « Recommandations pour le plan cancer
2009-2013 », [106] le Professeur Grünfeld revient largement sur le rôle du médecin
généraliste lui consacrant un chapitre intitulé « le médecin traitant, pivot du
parcours de soins ». Outre son rôle essentiel dans la prévention, le dépistage, le
diagnostic, il souligne et recommande « d’impliquer les médecins traitants pour
qu’ils accompagnent les malades atteints de cancer pendant et après leur
traitement ». Ce rapport met l’accent sur le fait que le médecin généraliste est « l’axe
central du vivre après le cancer ». [106]
Ainsi et sans surprise, dans l’élan de ce rapport, le plan cancer 2009-2013 prévoit
comme axe majeur une meilleure intégration et participation du médecin généraliste à
la prise en charge du cancer et vise « à renforcer le rôle du médecin traitant à tous
les moments de la prise en charge pour permettre notamment une meilleure vie
pendant et après la maladie ». [107]
Ce rôle renforcé du médecin traitant est d’ailleurs également présent si l’on sort du cas
particulier du cancer dans la loi HPST (Hôpital Patients Santé Territoire) de juillet 2009
qui définit les « médecins généralistes de premier recours » à qui il est demandé de
« s’assurer de la coordination des soins nécessaires à (leurs) patients ».
Le médecin généraliste a une place spécifique dans la prise en charge et le suivi du
patient atteint de cancer de par la connaissance du contexte social, familial, culturel et
économique de la personne malade et de ses proches. Il évalue avec l’équipe les besoins
du patient, d’où la nécessité de réévaluations régulières.
141
En cas de non-réponse à des besoins complexes, il peut contacter les professionnels
en soins de support. Il doit donc connaître les équipes ressources à sa disposition.
En cas de guérison avec séquelles, il pourra là aussi être amené à mobiliser certaines
compétences en soins de support.
Sa formation en soins de support est donc essentielle. Certains d’entre eux pourront
également s’investir dans le groupe projet de coordination sur le territoire de santé.
Sa participation dans le suivi des soins cancérologiques est primordiale, avec un
accord formalisé avec les cancérologues sur une répartition des rôles et sur la délégation
de certaines tâches.
Le médecin généraliste doit garder un rôle de référent dans la prise en charge globale
et le suivi des patients cancéreux et dans la pratique de certains soins non spécifiques
qui ne relèvent pas exclusivement du cancérologue.
Programme Personnalisé de l’Après Cancer (PPAC)
Tout récemment et dans le même sens que les actions précédentes, l’Action 25.3 du Plan
cancer 2009-2013 propose la mise en place d’un « programme personnalisé de
l’après cancer » ou PPAC, conduit avec et par le médecin traitant. [108]
Ce programme est établi en concertation avec le médecin traitant.
Destiné à être remis au patient à la fin des traitements actifs, pour lui permettre
d’intégrer son suivi dans sa vie quotidienne, adapté à ses besoins et révisable au fil du
temps, le PPAC prend le relais du Projet Personnalisé de Soins, en fin de traitement pour
142
acter l’entrée dans une nouvelle période de la prise en charge, celle de l’après-cancer (ou
de l’après traitement).
Il contient les éléments du suivi global du patient, incluant l’accompagnement social et
l’accès aux soins de support, avec l’identification des relais de proximité nécessaires à la
poursuite du suivi.
Ce programme est en cours d’expérimentation au niveau national avec 35 équipes
pilotes, avec des démarches de surveillance médicale conjointe (spécialistes et médecin
traitant). Une extension du programme est prévue pour la fin de l’année 2012 ainsi
qu’une enquête portant sur les informations sur l’utilisation des documents et
modifications à y apporter.
Le PPAC en cours d’expérimentation comporte plusieurs volets :

Information du patient sur le contenu du suivi après le traitement

Volet de surveillance avec plan personnalisé

Volet relatif à la qualité de vie et l’accès aux soins de support

Volet relatif à l’accompagnement social

Volet contact
Le deuxième point important du PPAC est constitué par la démarche de mise en place
d’une surveillance médicale conjointe entre spécialiste et le médecin de proximité
(le plus souvent le médecin traitant du patient).
Cette démarche a pour objectifs de libérer du temps médical spécialisé pour prendre
en charge des nouveaux patients et d’organiser le suivi des patients au plus près de
leur domicile.
143
La mise en place de cette action de suivi relais nécessite néanmoins des prérequis avec
notamment l’association précoce du médecin traitant à la prise en charge du
patient et ce dès la phase de traitement du cancer, et ainsi permettre au médecin
d’acquérir des compétences complémentaires dans le domaine de la cancérologie.
C’est dire la place prépondérante que doit occuper le médecin traitant dans ce type de
suivi. Il doit servir de pierre angulaire entre les services paramédicaux, libéraux
(infirmiers, kinésithérapeutes, psychologues, pharmaciens…) les services hospitaliers
auxquels il adresse son patient, les services sociaux (assistante sociale, service d’aide à
la personne, sécurité sociale) la famille et le conjoint.
Rôle du médecin généraliste dans le suivi post-thérapeutique du cancer du sein
Le cancer du sein est une pathologie chronique impliquant de nombreux acteurs dans sa
prise en charge au long court.
Comme le cite la Haute Autorité de Santé dans le guide du suivi post thérapeutique du
cancer du sein, le médecin traitant a un rôle majeur dans cette surveillance et
notamment en ce qui concerne la prise en charge précoce des complications
iatrogènes, qui est un des principaux objectifs de ce suivi.
Les modalités du calendrier de surveillance ne font pas toutes l’objet d’un consensus.
En pratique elles sont adaptées au malade, à la tolérance des traitements, aux séquelles
possibles.
Le suivi recommandé de façon consensuelle, pour une patiente ayant eu un cancer du
sein repose sur un examen clinique tous les 6 mois pendant 5 ans puis annuel, ainsi
144
que sur une mammographie 6 mois après l’intervention puis une mammographie
annuelle. [109]
Le médecin traitant prend alors un rôle majeur dans le diagnostic des complications
iatrogènes, ces dernières survenant souvent à distance des périodes de traitements
spécifiques.
Ces complications doivent être connues, traitées voire prévenues par tout praticien qui
surveille une femme soignée pour un cancer du sein.
Le plus souvent, aucune de ces complications ne justifie d’examen complémentaire
systématique. Leur diagnostic est le plus souvent clinique.
Il est recommandé de dépister et traiter systématiquement les douleurs séquellaires, car
elles ne sont pas toujours déclarées par les patientes.
Le suivi post-thérapeutique n’est pas seulement par la surveillance de la maladie initiale,
même s’il s’agit naturellement de la préoccupation majeure, en particulier pour la
patiente. Ce suivi ouvre un vaste champ d’attentions et de décisions non médicales, c’està-dire sociales, psychologiques et économiques, champs très importants à prendre en
compte et d’autant plus pour toutes les patientes en rémission qui ne présenteront plus
de nouveaux faits tumoraux.
Le retentissement de cette maladie peut-être personnel, physique et/ou psychologique,
mais aussi familial, professionnel, financier, social. Le suivi post-thérapeutique doit donc
faciliter l’approche et la prise en compte de ces effets secondaires souvent sous-estimés
par la patiente. Cependant, pour beaucoup d’entre eux, la meilleure attitude est
préventive ce qui suppose une démarche initiale de « diagnostic médico-social ». Ce
145
« diagnostic » porte sur deux champs que sont la réhabilitation physique et la
réinsertion socio-professionnelle.
3.2.
Les limites de la prise en charge en médecine générale : place au réseau
de soins et l’interdisciplinarité
Le suivi post-thérapeutique doit être multidisciplinaire, associant chirurgien,
oncologue, radiothérapeute et médecin traitant. Ce dernier, nous venons de la dire, est
en première ligne pour assurer une assistance psychologique, dépister et traiter autant
que possible en ambulatoire les effets secondaires des thérapeutiques entreprises,
diagnostiquer une récidive locorégionale ou métastatique et encadrer la fin de vie.
En combinant la chirurgie, la radiothérapie, les traitements médicaux -chimiothérapie et
traitement hormonaux, les thérapies ciblées- et les soins de support tels que le soutien
psychologique et social, la nutrition, la kinésithérapie etc… le traitement des cancers du
sein est devenu l’archétype de l’approche pluridisciplinaire en cancérologie.
Concrétisée par la pratique des Réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) et
l’utilisation de thésaurus, cette approche constitue l’un des fondements des réseaux de
cancérologie qui maillent le territoire national. Rappelons ici que le Plan Cancer et la
circulaire DHOS/DSO du 22 février 2005, rendent obligatoire la prise en charge de
chaque malade atteint de cancer au sein d’un réseau. [15]
Ceci peuvent avoir des envergures variables, fonction de l’historique de leur création et
des données géopolitiques locales-par exemple Oncosud, [110] Réseau territorial de
146
soins oncologiques autour d’Avignon, ou le réseau régional Oncolor [111] pour la
Lorraine. Ces réseaux ont pour vocation, entre autres, de hiérarchiser l’offre de soins
et de coordonner les soins du patient tout au long de son parcours thérapeutique, qu’il
s’agisse des soins médicaux et chirurgicaux ou de l’ensemble des soins de support.
La pluridisciplinarité forge un mode organisationnel garant de la qualité de soins.
Il semble évident que le développement et l’amélioration de la communication
entre ville et hôpital soit une condition sine qua non de la prise en charge du suivi du
patient cancéreux par les structures libérales. Il faut défaire les cloisonnements qui nous
isolent encore trop souvent dans un exercice suranné. Il est indispensable que l’hôpital
s’attache à développer encore plus avec la ville, des réseaux de communication et de
collaboration.
Pour organiser au mieux cette surveillance, mais également afin que les équipes de
cancérologie puissent évaluer au mieux les résultats de leurs traitements, le médecin
généraliste doit être tenu, lui aussi, d’informer les cancérologues de l’évolution de la
maladie. Il ne saurait être question, comme c’est encore trop souvent le cas, que celui-ci
se retrouve seul face à une pathologie complexe, évoluant rapidement, qui a ses règles,
ses comportements peu connus des non-spécialistes.
Le suivi de ces patientes doit donc être principalement assuré et coordonné par le
médecin traitant, mais avec la collaboration étroite des spécialistes.
147
4.
OFFRE DE SOINS DE SUPPORT DANS LE CANCER DU SEIN EN BASSE NORMANDIE
Après s’être intéressé à notre problématique, intéressons-nous au contexte local et à
l’offre de soins que nous propose notre région Basse Normandie dans le domaine de
la prise en charge et du suivi du cancer et le recours aux soins de support. Nous
appliquerons cette étude de l’offre de soins au cas particulier du cancer du sein en
phase de rémission et à la prise en charge de l’après cancer.
4.1.
Quelques repères de démographie médicale et paramédicale en Basse
Normandie
La Basse-Normandie est une région où la composante rurale demeure importante.
L'analyse des territoires de santé montre qu'il existe une offre de soins très particulière
à notre région, avec une offre de soins médicale et paramédicale disparate selon les
territoires.
La Basse-Normandie, comme la France, n'a jamais eu autant de médecins ! …
L'observateur attentif de la démographie médicale ne peut s'empêcher de rappeler cette
vérité, provocante il est vrai pour les territoires démunis, mais dans l'absolu
indiscutable. Il n'y a en effet jamais eu autant de médecins en titre et exerçant aux
niveaux national et bas-normand.
Ainsi, environ 215 000 médecins (généralistes, spécialistes, libéraux, salariés,
hospitaliers…) exercent en France soit une densité légèrement supérieure à 320
praticiens pour 100 000 habitants.
148
La situation de la Basse-Normandie, quoique moins favorable, reste globalement
correcte ; 4 122 médecins y sont répertoriés (dont 2094 généralistes), autorisant
une densité régionale d'environ 285 praticiens pour 100 000 habitants. [112]
Nb total
Basse-Normandie
dont : Calvados
Manche
Orne
Généralistes
4 122
(100,0 %)
2 094
(100,0 %)
54,5 %
29,6 %
15,9 %
50,3 %
32,0 %
17,7 %
Densité de
généralistes
de 1er
recours
80
85
78
70
Spécialistes
Libéraux
Salariés
hospitaliers
Salariés non
hospitaliers
2 028
(100,0 %)
2 275
(100,0 %)
1 415
(100,0 %)
432
(100,0 %)
58,9 %
27,2 %
13,9 %
53,8 %
30,5 %
15,6 %
55,3 %
28,5 %
16,2 %
55,5 %
28,5 %
16,0 %
Tableau n° 12 : Répartition départementale des médecins selon leur mode
er
d'exercice (généraliste, spécialiste, libéral, salarié, hospitalier…) au 1 janvier
2008. Source DRASS Fichier ADELI
… mais souffre territorialement de déficits croissants
Mais à y regarder de plus près, la situation est moins rassurante qu'il n'y paraît, et le
sera nettement moins encore dans le moyen et le long terme.
Tout d'abord, sur les 4 122 médecins répertoriés en Basse-Normandie en 2008, tous
n'exercent pas car ayant opté pour des tâches médicales non prescriptives. Il s'agit des
médecins conseils, des médecins du travail, des médecins de laboratoires…, pour une
proportion estimée à 11 % du total d'entre eux. Il faut ensuite prendre en compte la
grande variété des modes d'exercice (temps partiel, modes d'exercice particulier…) ainsi
qu'un nombre non négligeable de médecins en situation de non exercice (arrêt de
maladie, motifs personnels…). De même, des évolutions sociologiques profondes
affectent la profession et se traduisent par l'expression d'une volonté affirmée des
149
jeunes médecins et des internes d'exercer de façon moins intensive qu'auparavant, sans
même évoquer les possibles effets d'une féminisation croissante du corps médical.
Tous ces facteurs, à des degrés divers, diminuent d'autant l'offre globale et théorique de
soins à destination de la population, et notamment la population croissante de patients
atteints de cancer.
La Basse-Normandie disposait ainsi finalement, au 1er janvier 2008, selon les ordres
départementaux des médecins, de 2094 généralistes de premier recours. Dès lors,
toujours selon les instances ordinales, les densités départementales pour 100 000
habitants seraient de 85 médecins généralistes de premier recours dans le
Calvados, de 78 dans la Manche et de 70 dans l'Orne.
De surcroît, les densités médicales ci-dessus mentionnées n'expriment que des
moyennes. La situation de certains territoires est à bien des égards dégradée quand elle
n'est pas à proprement parler alarmante.
En Basse-Normandie, l'observation statistique à laquelle se livrent régulièrement et
conjointement l'Union Régionale des Médecins Libéraux (URML) et les ordres
départementaux met en exergue des zones étendues en état de sous-médicalisation
(pour ce qui est de la médecine de premier recours). [113]
Il en va ainsi de la totalité du département de l'Orne, de la moitié du département de la
Manche (par addition de territoires) et d'environ du quart du département du Calvados.
Cette situation est encore plus marquée pour les spécialistes d'autant que la grande
agglomération caennaise (Caen - Bayeux - Aunay-sur-Odon - Falaise) en concentre
presque la moitié d'entre eux. La présence d'un Centre Hospitalier et Universitaire et de
150
plusieurs cliniques de grande importance explique pour l'essentiel ce phénomène de
concentration.
A cette vision statique préoccupante, il faut en surajouter une autre, dynamique, relative
aux perspectives de formation de jeunes médecins et surtout de départs à la retraite de
praticiens dans les années à venir.
Il faut souligner par ailleurs que les besoins de santé vont insensiblement évoluer sous
l'effet conjoint du vieillissement en cours de la population - en 2020, un tiers des
habitants de la Basse-Normandie aura plus de 65 ans - d'une prévalence accrue de
certaines maladies chroniques.
En conclusion, et avec ses données démographiques plutôt inquiétantes, l’heure est
venue de penser à une nouvelle organisation des soins de premiers recours et
notamment dans la mise en place d’un nouveau système de coordination des soins entre
professionnels de santé.
Démographie des masseurs kinésithérapeutes en Basse Normandie
Parallèlement, dans le cas des soins de support du cancer du sein, nous pouvons nous
intéresser à leur répartition des masseurs kinésithérapeutes dans notre région,
profession paramédicale intervenant prioritairement dans la prise en charge de l’après
cancer du sein.
151
Au niveau national, la densité est de 92 de masseurs-kinésithérapeutes pour 100 000
habitants.
En Basse Normandie, nous sommes donc sous doté avec une densité de 73 pour
100 000 habitants.
Le nombre de masseurs kinésithérapeutes en basse Normandie en 2010 est de 1065
MK. [114]
Le rapport d’étude de la démographie médicale des masseurs kinésithérapeutes d’Eric
Blin (Chargé de commission statistique SNMKR) a mis en évidence la tendance naturelle
des masseurs-kinésithérapeutes de s’installer dans des zones où les médecins
généralistes sont présents, étant donné que leurs actes sont prescrits par ces derniers.
L’étude a montré que la dispersion des médecins à travers les départements est plus
forte que celle des masseurs-kinésithérapeutes ; ce phénomène est moins marqué chez
les masseurs-kinésithérapeutes qui ont une répartition plus homogène à travers les
départements.
Elle a également montré le lien indéfectible entre la répartition médicale par spécialité
et celle des masseurs-kinésithérapeutes, matérialisé par la prescription médicale.
Aucune donnée plus précise n’est actuellement disponible au sein de la région Basse
Normandie, notamment en ce qui concerne les critères de choix d’installation dans la
région.
Nous pouvons donc nous interroger sur l’évolution parallèle plutôt alarmante de la
démographie des masseurs kinésithérapeutes en Basse Normandie après avoir fait le
constat de celle des médecins libéraux de premier recours.
152
4.2.
Offre de soins régionale dans le traitement du cancer du sein
En Basse Normandie, le Centre de Lutte contre le cancer François Baclesse (CLCC) et
le Centre Hospitalier Universitaire de Caen sont les deux centres régionaux de
traitement du cancer.
Dans ces missions étendues, il faut souligner que le Directeur d’un CLCC est le conseiller
du Préfet en matière de coordination de la lutte contre le cancer. Les CLCC sont des
acteurs de l’enseignement universitaire et de la formation professionnelle continue. Ils
participent à l’animation des réseaux régionaux de cancérologie.
Seul le Centre François Baclesse exerce l’activité de chirurgie des cancers mammaires.
Par ailleurs, les cliniques privées, polyclinique du Parc, le centre Maurice Tubiana exerce
chirurgie du cancer mammaire et l’activité de radiothérapie.
L’activité de cancérologie s’étend aux hôpitaux périphériques définis par l’autorisation
de l’activité du traitement et
des soins en cancérologie (INCA) dont la condition
indispensable à cette autorisation est l’accès aux soins de support :
-
Centre Hospitalier Intercommunal Alençon Mamers – ALENCON
Clinique St Joseph Alençon – ALENCON
Syndicat interhospitalier du Bessin – BAYEUX
Centre François Baclesse – CAEN
Polyclinique du Parc – CAEN
Centre Hospitalier Public du Cotentin - Louis Pasteur – CHERBOURG
OCTEVILLE
Polyclinique du Cotentin – EQUEURDEVILLE
Centre Hospitalier de Falaise – FALAISE
Centre Hospitalier de Flers – FLERS
Polyclinique Lisieux – LISIEUX
Polyclinique de la Manche - SAINT LO
Polyclinique de la Baie - SAINT MARTIN DES CHAMPS
Clinique Notre Dame Vire – VIRE
153
Un réseau régional de cancérologie, anciennement appelé Réseau Ancelot, est en
cours de reconstruction au sein de la Région Basse-Normandie. Ses missions et objectifs
sont les suivants :

Amélioration de la qualité de la prise en charge en cancérologie par la mise à
disposition de recommandations nationales ou de référentiels régionaux de
pratique clinique

Promotion d’outils de communication communs au sein de la région

Soutien à la formation continue des acteurs en cancérologie

Recueil et analyse régionale des données relatives à l’activité des soins

Evaluation des membres et des pratiques au sein du réseau

Information des professionnels et des patients
4.3.
Coordination des soins de support en Basse Normandie : un projet
régional
Un nombre de plus en plus importants de professionnels interviennent dans la prise en
charge des malades atteints de cancer : médecin traitant, cancérologue, chirurgien,
infirmiers etc… mais également diététicienne, psychologue, assistante sociale.
Le parcours de soins en cancérologie est lui-même de plus en plus complexe et long avec
une prise en charge dans des structures diverses : hôpitaux divers, établissements de
soins de suite, hospitalisation à domicile etc…
La prise en charge globale devient elle-même complexe du fait des exigences
organisationnelles et de l’évolution démographique, nous l’avons vu.
154
La nécessité d’une coordination des soins et des acteurs devient obligatoire.
Actuellement, l’augmentation du nombre de patientes traitées pour un cancer du sein,
associée à la baisse de la démographie médicale (touchant à la fois les généralistes, les
gynécologues et les oncologues), expliquent les difficultés rencontrées pour assurer une
surveillance régulière et prolongée des femmes par l’équipe oncologique qui a réalisé le
traitement. Une nouvelle organisation de la coordination des soins doit être réfléchie
avec les gynécologues et les généralistes volontaires. Cette organisation devrait faciliter
l’implication des médecins dans la surveillance des patientes traitées, mais aussi réduire
les délais de prise en charge des nouvelles patientes présentant un cancer du sein.
Dans le cadre du projet Régional de Coordination Soins de support initié par l’Agence
régionale de santé de Basse Normandie, une démarche d’amélioration est
actuellement lancée avec des objectifs précis :
- Répertorier les compétences et expertises dans les différentes composantes des
soins de support
- Analyser le parcours des patients et les éventuels dysfonctionnements afin
d’optimiser la prise en charge
- Inciter au développement des initiatives locales, territoriales
- Mutualiser les outils entre la ville et l’hôpital et tous les établissements pour une
démarche concertée, organisée, systématisée
- Définir des indicateurs de suivi
- Développer formations, informations des patients et des professionnels de santé
Plusieurs de ces objectifs ont déjà été réalisés, notamment le recensement des moyens
et le repérage des besoins avec un grand enthousiasme de la part des acteurs du projet.
155
Cette démarche reçoit le soutien actif de l’Union Régionale des médecins libéraux de
Basse Normandie, et qui d’après son président, Le Dr A. Leveneur « correspond à une
réappropriation du patient atteint de cancer par le biais de ces soins de support».
Une première Journée régionale autour des soins de support a été organisée en
Avril 2012 à Caen, où trois mots d’ordre sont apparus comme fondamentaux :
« coordination », « interdisciplinarité », et « complémentarité ».
Et surtout, l’accent a bien été mis sur le fait que les soins de support ne sont pas une
spécialité mais bien un regroupement de compétences et avant tout un concept
organisationnel.
Une réflexion régionale, portée à la fois par le réseau régional Douleur de Basse
Normandie, l’ARS, et tous ces initiateurs (professionnels de santé), est désormais en
lancée depuis le mois de Juillet 2010, pour une démarche commune de mise en place
d’une coordination des soins de support dans la région.
Plusieurs points négatifs ont été repérés :
- L’Inégalité d’accès aux soins oncologiques de support dans la région
- La méconnaissance des compétences et de l’expertise régionale disponible
- La communication perfectible intra établissement, inter établissements et en
médecine de ville
Les propositions faites, des actions sont menées dans tout le territoire bas-normand.
Tout d’abord un état des lieux des compétences et expertises sera faites au sein des
établissements autorisés, par enquêtes et visites sur site.
156
Prenons
par
exemple
le
domaine
de
la
douleur,
le
recensement
des
compétences/capacités Douleur est résumé dans le tableau suivant :
9 Structures Douleur Chronique Rebelle
100 % Centre Lutte contre la Douleur
Formation universitaire
Nombre d’établissements ayant Capacité
Douleur
Nombre d’établissements ayant DU médecins
Nombre d’établissements ayant des DU
soignants
13
59,09%
16
72,73%
20
91,91%
Tableau 13 : récapitulatif des compétences douleur (médecins et soignants) en
Basse Normandie
Parallèlement à l’enquête de l’ « existant », d’autres actions sont menées comme les
rencontres avec les professionnels et/ou institutions impliqués dans le parcours de
soins, les représentants des usagers, la Ligue contre le Cancer, les diverses
associations… pour un même but, adopter une démarche commune : la coordination
des soins au service des patients.
L’enrichissement apporté par la thèse du docteur Valentine De BRISSON : « Les soins
oncologiques de support, besoins, attentes et place du médecin généraliste »,
ont permis d’avoir l’avis des praticiens généralistes de ville sur la problématique
[114] qui ont exprimés leur besoins de formation en soins de support oncologiques.
Des groupes de travail seront créés pour l’élaboration des travaux décentralisés et
une approche sur le terrain sur les thèmes suivants :
157
-
Parcours patients
-
Outils de dépistage
-
Protocoles, référentiels, infos patients
-
Expertise régionale : évaluation de l’existant, analyse des besoins, formation,
filière
-
Relation ville hôpital au sein des territoires
-
Indicateurs de suivi : qualitatifs, quantitatifs
En tout 52
professionnels seront impliqués et représentatifs des
établissements (privés, publics, Libéraux…) de tout le territoire Bas-Normand.
Enfin, il y aura une collaboration avec le coordinateur du nouveau réseau de
cancérologie pour une démarche commune et organisée.
Un travail collaboratif avec le groupe «classeur » pour l’élaboration d’un classeur
communiquant offrant toutes les données du patient depuis le début de sa prise en
charge cancérologique.
L’expérimentation du « classeur commun » (Annexe 7),
outil de dépistage
commun et de suivi du patient au cours de son parcours de soins sera mis en place
très prochainement. Cette expérimentation doit d’ailleurs faire l’objet de travaux de
thèse évaluant l’impact d’efficacité et d’utilisation de ces outils.
Des référentiels régionaux communs (protocoles de soins et fiches d’information)
devraient également être mis à disposition sur le site du futur réseau de cancérologie,
pour un accès commun à tous.
Le recensement des documents déjà existants est également en cours.
158
L’ambition va jusqu’à imaginer la création d’un annuaire des compétences
régionales en soins de support avec un numéro unique pour tous renseignements
concernant les soins de support accessible à tous soignants du territoire basNormand.
A ce jour, l’organisation des soins de support en Basse-Normandie est un projet en
courante évolution avec des avancées remarquables.
4.4.
Compétences et structures adaptées à la prise en charge de l’ « après
cancer » du sein en Basse Normandie
4.4.1. Soins de support au Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse
Les soins de support s’inscrivent dans la dynamique des « Plans Cancer » et visent à
“renforcer la qualité des prises en charge pour tous les malades atteints de cancer”.
Au Centre François Baclesse, depuis juin 2009, les ressources existantes se sont
organisées et étoffées sous l’égide d’une Coordination Interdisciplinaire des Soins de
Support en Oncologie (CISSO).
La CISSO mobilise des professionnels issus de diverses spécialités et disciplines, mettant
à disposition du patient et de ses proches leurs compétences pour la gestion de l’impact
de la maladie et de ses traitements, tout au long de sa prise en charge. Elle propose des
soins de support pérennes au Centre François Baclesse, ainsi que des actions pilotes
ponctuelles (art-thérapie, ateliers mémoire…).
159
4.4.2. La douleur chronique : Le Réseau Régional Douleur de Basse Normandie et
les Centres de référence dans la prise en charge spécialisée des douleurs
chroniques rebelles en Basse Normandie
L’officialisation du Réseau Régional Douleur a été effective en juin 2001, par la
signature d’une convention avec des établissements de toute la région.
Il existe actuellement dans chaque centre hospitalier régional reconnu comme
centre de référence régional, un médecin et une infirmière référents douleur,
formés, qui pratiquent des consultations de douleur chronique de proximité.
La structure de ce réseau comprend un Comité de Pilotage, un Comité
Opérationnel et une Cellule Coordinatrice.
Il existe actuellement 9 centres de référence régionale spécialisés dans la prise en
charge de la Douleur chronique en Basse Normandie auxquels les professionnels de
santé peuvent faire appel en cas de situations complexes.
Figure 18 : Centres de référence dans la prise en charge spécialisée des douleurs
chroniques rebelles en Basse Normandie
160
Le Réseau Régional Douleur en Basse Normandie est un
réseau interhospitalier
monothématique, ne prenant pas directement en charge des patients.
Chaque patient adressé en consultation douleur chronique rebelle, sera admis en raison
de situations complexes de douleur rebelles, avec une fiche d’information globale
portant sur l’évaluation approfondie de sa douleur.
4.4.2.1.
Compétences en lymphologie
4.4.2.1.1.
L’unité
de
lymphologie
du
Centre
Hospitalier
Intercommunal des Andaines, un atout dans la Région Basse
Normandie
Il n’en existe qu’une douzaine en France. Le centre hospitalier intercommunal des
Andaines situé à la Ferté Macé dans l’Orne, possède l’une des rares unités de
lymphologie du pays.
Activité unique à l'échelon régional, L’Unité de Lymphologie du CHIC des Andaines
accueille des patients en hospitalisation de courte durée pour une optimisation du
traitement en complémentarité du traitement ambulatoire.
A ce jour, l’unité accueille une majorité de patients venant de Normandie et de Bretagne.
Cependant des demandes parviennent de toutes les régions de France. La durée de
séjour de 5 jours (du lundi au vendredi) est attractive : les patients sont éloignés peu de
temps de leur milieu familial et les personnes en activité ont un arrêt de travail de
courte durée.
161
Parmi les partenaires identifiés sur ces régions, on compte : les centres anti-cancéreux,
les médecins phlébologues, les médecins traitants, les médecins angéiologues, les
kinésithérapeutes, les associations de patients.
Pour optimiser la prise en charge du lymphoedème, il est préconisé des séjours à
intervalle de 6 ou 9 mois, rares sont les patients qui peuvent en bénéficier, faute de
places. Le traitement intensif proposé dans l’unité est très satisfaisant si le patient est
coopérant. Il permet d’améliorer le confort physique, psychologique du patient et de
réduire les pertes d’autonomie liées à la présence d’un lymphoedème. Après 5 jours de
traitement le résultat obtenu est étroitement lié à la gravité de la pathologie initiale et
aux traitements qui ont suivis (chirurgie – radiothérapie). Le kinésithérapeute mesure
les membres du patient pendant son séjour :
 pour le membre supérieur, ses mesures sont prises à la main, au poignet, à
l’avant-bras et au bras
 pour le membre inférieur, elles sont prises au pied, à la cheville, au mollet et à la
cuisse
Ces mesures notées en cours de séjour, permettent d’apprécier la diminution de
l’oedème. Celle-ci est significative puisque le plus souvent, le volume du membre traité
diminue de 30 à 50 %.
Principes fondamentaux de prise en charge des patients en Lymphologie
a) Les modalités d’admission
Le diagnostic de lymphoedème est posé par le médecin traitant ou le médecin spécialiste
qui propose au patient une prise en charge dans l’unité. Il n’est pas obligatoire de faire
162
de demande de prise en charge pour les soins, cependant elle est nécessaire pour la
prise en charge du transport des patients hors département.
Après avoir été informé par son médecin traitant de la possibilité d’un séjour en
lymphologie le patient prend contact avec l’unité.
La kinésithérapeute propose alors différentes dates d’hospitalisation et en accord avec
le patient, une semaine est programmée. Ce service identifié à un service de médecine ne
fonctionne qu’avec des entrées programmées.
b) Les critères d’admission :
Les patients reçus dans l’unité présentent un oedème soit d’un ou de plusieurs membres.
Cet oedème peut-être d’une part d’origine mécanique :

Lymphoedème secondaire du membre supérieur après traitement du cancer du
sein.

Lymphoedème secondaire du membre inférieur après cancers de l’utérus, de la
vessie, des ovaires, de la prostate, des testicules, de l’anus; du rectum et des
métastases de cancers de toute origine

Lymphoedème post traumatique.

Lymphoedème primaire par diminution du nombre de troncs lymphatiques.
D’autre part, l’oedème peut être d’origine dynamique :
C’est une insuffisance veino-lymphatique souvent aggravée par l’obésité.
163
c) Modalité de prise en charge au sein du service :
A ce jour les patients hospitalisés bénéficient du traitement suivant :
 Drainage de posture : c’est une éducation du patient pour ses périodes de repos.
Pour les membres inférieurs, il faut habituer le patient à surélever de 10 à 15 cm
les pieds du lit, à relever les jambes quand il est dans un fauteuil ; quant au
membre supérieur il doit toujours être surélevé par un oreiller.
 Drainage lymphatique manuel : il s’agit d’un soin de base incontournable
exercé par un masseur kinésithérapeute formé à la technique. En général un
drainage d’appel d’environ 15 mn est effectué avant la pressothérapie et un
drainage d’environ une heure est effectué après. Il permet d’assouplir les tissus
des zones irradiées, d’assouplir les cicatrices post-chirurgicales ou posttraumatiques, de forcer le blocage à la circulation lymphatique souvent situé dans
les régions inguinales ou axillaires. Il développe des voies de suppléance
lymphatiques. Parfois quelques leçons d’auto drainage sont dispensées.
 D’une ou deux séances de pressothérapie pneumatique : elles sont appliquées
systématiquement, et modulées en fonction de l’état du membre et du patient.
Cette technique associée au drainage lymphatique manuel apporte de manière
décisive la réduction volumétrique tant attendue par le patient.
 La mise en place d’une contention et la prescription de bandage multicouche
si le volume du membre à traiter est très important. Il termine les soins. Son but
est de poursuivre la réduction, mais surtout de maintenir le résultat acquis au
cours des soins précédents. Cependant ces bandages sont peu confortables et
sont remplacés dès que possible par des contentions standard adaptées : un
manchon ou bas à varices. L’unité dispose d’un stock de contention suffisant ce
164
qui permet de réaliser des essais afin d’adapter au mieux ce que sera la
contention définitive. Au départ du patient, la prescription de contention sera
établie.
 Des conseils d’hygiène : il est important d’insister sur la nécessité d’effectuer
des soins de peau et de phanères rigoureux qui limitent les risques infectieux.
 Séances de gymnastique : Les patients accueillis sont souvent jeunes et
présentent généralement une pathologie lourde (maladie cancéreuse par
exemple), de ce fait ils voient leur vie sociale et familiale perturbée et sont
fragiles psychologiquement. La mise en place de séances de relaxation et de
gymnastique est nécessaire pour réaliser une prise en charge efficiente. Par
ailleurs, la population accueillie en lymphologie présente de plus en plus de
problèmes de surpoids c’est pourquoi des conseils en diététique deviennent
indispensables. Dans l’unité, le patient est pris en charge principalement par un
médecin et une kinésithérapeute et du personnel de soins. A l’avenir, il serait
souhaitable de bénéficier de l’aide d’une diététicienne et d’une psychologue.
d) Modalités de sortie :
Au terme des 5 jours d’hospitalisation le patient quitte le service. La sortie est
programmée le vendredi à 14h00. La sortie est prononcée par le médecin de l’unité de
lymphologie qui rédige un courrier de sortie. Ce courrier est envoyé d’une part au
médecin traitant d’autre part aux médecins spécialistes. Le patient sort avec une
prescription médicale pour bénéficier de contentions adaptées et d’un bon de transport
si cela est nécessaire. Si besoin, un rendez-vous pour une prochaine hospitalisation de 5
jours est remis au patient.
165
e) Modalités de continuité des soins
La continuité des soins est prise en charge 24h/24 par l’équipe médicale et
paramédicale du CHIC des Andaines. Compte tenu de la proximité du plateau technique,
les urgences lourdes sont prises en charge par l’antenne SMUR de l’établissement. Les
patients bénéficient de toutes les consultations spécialisées proposées dans
l’établissement.
Les kinésithérapeutes sont également amenés à prendre en charge les patients du SSR
polyvalent qui consiste en des soins de :
 kinésithérapie respiratoire
 Rééducation à la marche
 Prise en charge des patients présentant des déficits moteurs suite à un AVC
Le lymphoedème, susceptible de complications, reste souvent négligé. Son traitement
médical, bien codifié, se déroule dans la majorité des cas en ambulatoire. Le recours à
l'hospitalisation est rarement choisi pour des raisons médicales ou médicoadministratives.
Le service de lymphologie du CHIC des Andaines a réalisé une étude intéressante avec
comme objectif d'évaluer l'intérêt d'une courte hospitalisation de 5 jours en unité de
lymphologie pour des patients atteints de lymphoedème. Elle concernait 117 patients
répartis en deux groupes : groupe ambulatoire (GA): patients n'ayant jamais été
hospitalisés auparavant, et groupe à séjours hospitaliers (GSH): patients ayant été
hospitalisés au cours de l'année précédente.
166
L'évaluation porte sur 5 items : mensuration, observance de la contention, survenue de
complications, indice de satisfaction, coût des soins.
L'analyse des résultats montre une diminution moyenne des mensurations du
membre supérieur de 2,02 cm, et de 2,43 cm pour le membre inférieur ainsi qu'une
meilleure observance du port et de la force de la contention, des complications
significativement moins nombreuses dans le groupe des patients qui ont déjà été
hospitalisés, une équivalence des coûts ambulatoires pour les patients des deux
groupes (sans tenir compte des frais indirects). Pour un court séjour de 5 jours, il existe
une amélioration clinique significative du lymphoedème, accompagnée d'une
satisfaction du patient portant sur la prise en charge hospitalière.
A ce jour, des projets d’agrandissement sont en cours, l’unité devrait être en mesure de
s'adapter à l'évolution des besoins et des demandes ainsi qu’aux attentes des usagers et
des services cliniques, cancérologiques notamment, le passage de 5 lits à 10 lits
semblant indispensable compte tenu des délais d'attente des patients.
« Nous avons l’un des meilleurs potentiels de France », indique le Docteur Patrick Jonas, le
responsable du service.
4.4.2.1.2. Association pour Vivre Mieux le Lymphoedème (AVML)
A l'origine, AVML, Association Vivre Mieux le Lymphoedème, est une association de
patients, à but non lucratif, déclarée sous le régime de la loi du 1er juillet 1901 et du
décret du 16 août 1901 (annonce 803 parue au JO du 8 août 1998). Elle a été créée par le
Professeur JAMBON et Madame CHARDON (actuelle présidente) à la demande de
167
patients, venus de la France entière, traités dans le service des maladies vasculaires de
l'Hôpital Saint-Eloi au CHU de Montpellier.
Son objectif principal est de faire reconnaître le handicap du lymphoedème et ses
conséquences dans la vie quotidienne en informant le patient, les thérapeutes et les
pouvoirs publics, pour une meilleure prise en charge de la pathologie.
Informer les patients et leur entourage sur la maladie, son évolution et sa prise en
charge, être un lieu d'écoute et d'échanges, favoriser l'autonomie et la prévention des
complications par des actions éducatives, faire reconnaître le handicap et ses
conséquences, servir de relais vers les sociétés savantes
(Société Française de
Lymphologie, Société Française de Maladies Vasculaires), les organismes sociaux
(Caisses nationales d'assurance maladie, Haute Autorité de Santé, Institut National de
Prévention et d'Education pour la Santé, Institut de Veille Sanitaire), évaluer les
besoins des patients, mais surtout améliorer la qualité de vie : voici tous les objectifs
que se sont fixés les créateurs de cette association de patients.
L'AVML fonctionne avec des patients et des professionnels de santé bénévoles
(médecins, kinésithérapeutes spécialisés, nutritionnistes, psychologues, travailleurs
sociaux, etc).
Plusieurs associations antennes ainsi que des associations indépendantes sont réparties
sur tout le territoire et participent aux mêmes actions que « l’association mère »
siégeant à Montpellier.
Notre région Basse Normandie bénéficie d’une association dont le siège est situé à
Lisieux.
168
4.4.3.
4.4.3.1.
Informations patients
Espace de rencontre et d’information (ERI)
Cet espace, crée en 2001, a été ouvert à la demande des patients, suite aux Etats
Généraux des malades atteints de Cancer, organisés par La Ligue Contre le Cancer.
« Il faut des lieux accueillants d’informations et de communication dans les structures de
soins »ont-ils exprimé auprès des professionnels de santé.
« Ceci leur permettrait d’y trouver des renseignements, des informations accessibles et
compréhensibles et être orientés vers tout acteur de soin pouvant répondre à leur
besoins » sont des propos recueillis de patients atteints de cancer.
Son rôle
Il s’agit d’un lieu de vie, d’information, d’orientation et d’échanges ouvert aux patients
et aux familles
Les informations délivrées par l’E.R.I. sont complémentaires de celles données par les
médecins et le personnel soignant.
Une animatrice à votre écoute qui vous aide à trouver les réponses aux questions des
patients. Elle les guide dans la recherche et la lecture de documentations, et facilite leur
accès aux sites Internet. (Accès libre à Internet sur place)
Une documentation sur la maladie, les traitements et tout ce qui est périphérique à la
maladie (bien être, annonce aux enfants, accès aux crédits, etc.) y est accessible ainsi que
des informations sur les aides possibles au malade (sociales, juridiques, …).
169
Des informations sur les associations d’aide et de soutien, les groupes de parole à l’usage
des malades et des proches est également disponible sur place.
C’est également un espace de convivialité pour faire une pause et faire la rencontre de
patients.
4.4.3.2.
Espace social cancer
L'Espace Social Cancer, lieu ressource pour toutes les personnes concernées par le
cancer, est né à l’initiative de la fédération de cancérologie et du service social des
hospitalisés du CHU de Caen.
Ouvert aux personnes soignées pour un cancer et à leurs proches (aidant,
accompagnant...), hospitalisés ou suivis en consultation externe et consultation
d’annonce.
Dans le même élan que l’ERI, L'Espace Social Cancer permet aux usagers d'être écouté et
soutenu, de trouver des informations complémentaires à celles données par les services
de soins, d'être orienté selon les besoins vers les interlocuteurs appropriés, aussi bien au
CHU de Caen qu'à l'extérieur de l'établissement.
L'Espace Social Cancer donne accès à des renseignements concernant :
- la maladie (les traitements, les effets secondaires). L'Espace Social Cancer met à
votre disposition de la documentation, des revues et des brochures,
- le confort de vie, par exemple la liste des vendeurs de perruques, les modalités
de remboursement d'une prothèse capillaire…,
- le CHU (informations pratiques sur les services de soins, la vie à l'hôpital..),
170
- les coordonnées des professionnels de santé et des organismes extérieurs
de l'établissement (Sécurité sociale, CAF, centre local d'information pour les
personnes âgées..),
- les associations de patients.
- Il propose des réunions débat, ainsi que des ateliers thématiques animés par
des professionnels.
L'objectif de l'espace social est de diversifier les méthodes d'aide et de soutien qui
existent déjà auprès des personnes soignées pour un cancer et leurs proches afin de
mieux répondre à leurs besoins. Cette volonté s'inscrit également dans le « plan cancer 2
» qui met en avant l'importance d'un accompagnement personnalisé permettant
d'améliorer la qualité de vie des personnes soignées par cette maladie.
171
5.
CAS DE PATIENTES ATTEINTES DE SEQUELLES POST-CHIRURGICALES DANS
LE CANCER DU SEIN
Pour étayer notre réflexion, voici deux cas cliniques de patientes atteintes de cancer du
sein avec séquelles post-thérapeutiques locorégionales.
L’une d’elles est une patiente suivie au Centre Anti-douleur de Bayeux ayant présenté un
syndrome douloureux locorégional avec atteinte de la fonction de l’épaule, le deuxième
témoignage est celui d’un Médecin oncologue à Paris ayant rencontré elle aussi des
difficultés dans la prise en charge des séquelles du traitement locorégional du cancer du
sein, et plus particulièrement du lymphoedème.
Cas n°1 :
Mme Q. Martine, né en 1956, mère de 2 enfants, aide-soignante, opérée d’un cancer du sein gauche
en mars 1992 par mastectomie partielle, avec reconstruction mammaire en 1994, récidive du même
côté en 2001 du cancer traité par tumorectomie et radio-chimiothérapie, consulte en 2004 pour
douleur homolatérale au sein opéré.
La patiente a d’abord consulté un rhumatologue en février 2004 (2 ans après la récidive de son
cancer) pour douleur du membre supérieur gauche (face antérieure du bras et bord radial du bras
gauche, du cou et de l’épaule gauche évoluant depuis plusieurs années. L’examen clinique montre
des réflexes présents et symétriques, pas de déficit moteur, mais une hypoesthésie franche du
membre supérieur gauche à la piqûre. Les examens complémentaires (EMG et IRM) ne sont pas
contributifs, et aucun argument en faveur d’une plexopathie à ce moment-là.
La radiographie d’épaule réalisée en 2004 montre une tendinopathie chronique du muscle sousscapulaire et du supra-épineux.
Elle est à ce moment-là traitée par Nolvadex et Euphytose.
La patiente est vue pour la première fois au centre antidouleur en mars 2004, pour des douleurs
évoluant depuis la première intervention chirurgicale, très nettement aggravées par la récidive, avec
un vécu difficile devant le peu d’écoute qu’elle a reçu sur ce sujet.
La douleur est décrite comme permanente, insomniante, la réveillant la nuit, de topographie
étendue (cervicalgies étendues de la nuque jusqu’à l’épaule, sans radiculalgie précise, douleur
thoracique antérieure et dorso-lombalgies associées). Elle décrit également une sensation de bras
« lourd pesant 100 kilos ». Les douleurs sont aggravées par l’effort et mal soulagées par les
antalgiques habituels.
172
L’EVA est à 10/10, le QDSA met en évidence des items musculaires positifs mais aussi neuropathiques
avec un retentissement émotionnel notable.
On note également un retentissement sur la qualité de vie et professionnelle puisque la patiente ne
travaille plus depuis plusieurs mois, souhaite néanmoins continuer à travailler et présente des
difficultés à gérer la quotidien.
L’examen clinique met en évidence un trapèze gauche douloureux et tendu, un testing positif à
gauche témoin d’une tendinopathie et surtout une hypoesthésie généralisée de l’épaule, du bras, et
de la face antéro-supérieure du thorax côté opéré avec une allodynie, et une diminution de la force
musculaire. Les douleurs et l’anticipation douloureuse sont présentes lors de l’examen.
Dans ce contexte la patiente est hospitalisée pour bilan diagnostique et thérapeutique devant
l’association de cervicalgies, scapulalgies, douleurs du membre supérieur gauche d’origine mixte
(douleur musculaires, tendineuses, neuropathiques). Une évaluation globale s’impose donc en raison
du retentissement émotionnel et la nécessité d’un regard pluridisciplinaire.
Il sera introduit un traitement par tricyclique à dose très modérée, Laroxyl 25 mg 1 comprimé le soir
en association avec association Tramadol-paracétamol (1 comprimé 4 fois par jour en cas de douleur)
associé à un traitement par TENS (neurostimulation transcutanée).
L’hospitalisation de courte durée a été très positive, puisque l’EVA est passée de 10/10 à 4/10.
La patiente est revue un mois plus tard en consultation douleur avec une nette amélioration des
douleurs ayant permis un sommeil de bonne qualité mais aussi la diminution des douleurs
neuropathiques. Les séances de TENS se sont avérées très efficaces. Elle présente par contre des
effets indésirables de l’Amitryptiline à type de somnolence ce qui incitera à diminuer la dose
(prescrite en gouttes).
La patiente revue 3 mois plus tard, dit avoir repris son activité professionnelle.
Le suivi cancérologique est effectué tous les ans. Les comptes rendu de consultation sont favorables
avec aucun signe évolutif de la maladie.
En 2006, le traitement par Novaldex sera changé pour un traitement par Arimidex en raison des
plaintes à type de bouffées de chaleur rapportées par la patiente.
En 2007, la patiente présente une récidive des douleurs du membre supérieur et un lymphœdème du
membre supérieur gauche et de la main suite à un traumatisme qui sera traité par une cure de
drainage lymphatique et des cures intensives de réduction de volume au centre de lymphologie de la
Ferté-Macé.
Début Janvier 2008, elle sera revue en consultation douleur avec un tableau de syndrome algique
complexe avec douleurs diffuses et retentissement émotionnel et sensoriel intense, tout cela
évoluant dans un contexte de problèmes professionnels et financiers liés au mi-temps qu’elle
effectuait et une épisode récent de troubles urinaires et métrorragies avec investigations
diagnostiques négatives. On note à ce moment-là l’absence de traitement antalgique (arrêt du
Laroxyl et arrêt du port du manchon).
173
La patiente a donc bénéficié d’une hospitalisation devant un tableau de syndrome douloureux
chronique avec état d’épuisement physique et psychique, pour perfusion de Tricycliques,
apprentissage de techniques de relaxation, soutien psychologique. L’hospitalisation a permis de
mettre en exergue de nombreux problèmes familiaux, professionnels et financiers partiellement
réglés par la mise en longue maladie prolongée et demande d’une invalidité de catégorie 1.
Elle est revue en consultation douleur fin janvier 2008 ; Elle présente toujours des douleurs
persistantes cicatricielles thoraciques avec allodynie localisée qui ont incité à prescrire des patchs de
lidocaïne. A cette époque elle ne prend plus que 8 gouttes de Laroxyl et du Tramadol comme
traitement antalgique. La mobilité du membre supérieur gauche et toujours difficile et douloureuse
et ne permet pas la reprise du travail dans de bonnes conditions.
Elle sera adressée au centre de médecine physique et de réadaptation de Bagnole de L’Orne pour
prise en charge d’un syndrome douloureux rachidien et lombaire et une diminution franche des
amplitudes articulaires de l’épaule gauche et d’une détresse psychologique en rapport.
En septembre 2008, la patiente va mieux sur le plan algique grâce au traitement plurimodal.
L’association d’un traitement rééducatif, (prise en charge à Bagnole de l’Orne en service de
rééducation fonctionnelle par kinésithérapie intensive et balnéothérapie) soutien psychologique en
externe, et traitement médicamenteux sont efficace sur les douleurs.
En 2011, la patiente arrête son traitement local par patch de lidocaïne, ne présente plus de douleurs
locorégionales.
En 2012 le traitement par Arimidex est arrêté et il n’y a aucun signe évolutif de la maladie.
Interprétations et difficultés
Ce cas clinique fait état du diagnostic de douleurs chroniques séquellaires postchirurgicales survenant précocement après la chirurgie (quelques mois après la
chirurgie du cancer du sein).
Cependant nous pouvons remarquer que la prise en charge de ces douleurs n’est
effectuée que tardivement -13 ans après la chirurgie de son premier cancer – alors
qu’elles existent depuis la première année post-chirurgical. Un retard à la prise en
charge est alors en faveur de la chronicisation des douleurs.
La patiente témoigne également dans la première consultation au centre anti-douleur du
manque de reconnaissance de ses douleurs de la part des différents intervenants.
174
Cette patiente présente effectivement un tableau de douleurs chroniques postmastectomie avec reconnaissance des critères de Watson :
-
absence de maladie récurrente locale, après élimination des autres causes de
douleurs locales
-
présence de douleur à type de dysesthésies ipsilatérales (hypoesthésie) à la
mastectomie, localisée à la région thoracique et la région supérieure et antérointerne du bras homolatéral
-
persistance depuis au moins 3 mois
-
allodynie et hypoesthésie à l’examen clinique
Elle présente également des troubles fonctionnels de l’épaule d’évolution chronique
associés à un lymphoedème du membre supérieur.
Sont associées des problèmes d’ordre psychologique et de réinsertion socioprofessionnelle.
Nous entrons donc dans un cas typique de prise en charge pluridisciplinaire nécessitant
une coordination entre les différents intervenants.
L’association traitement médicamenteux et non médicamenteux antalgiques, de
rééducation fonctionnelle, prise en charge du lymphœdème en centre spécialisé, soutien
psychologique, ont amené dans ce cas des résultats plutôt satisfaisants.
La prise en charge de ce tableau complexe a nécessité l’intervention d’un centre de prise
en charge des douleurs chronique rebelles.
Notons dans ce cas précis que la patiente ne cite à aucun moment le médecin traitant de
la patiente. La patiente ne le cite que très peu de fois dans l’entretien. Pourquoi ?
Le médecin traitant a son rôle à jouer dans le diagnostic, le suivi et la coordination des
soins en cas de suivi en centre spécialisé, par son alerte en cas de récidive des douleurs,
par la surveillance de l’efficacité et des effets indésirables du traitement antalgiques.
Dans ce cas, le traitement a été arrêté pendant une très longue durée avec recrudescence
175
des douleurs et une inobservance du traitement pendant une certaine période (effets
indésirables ?).
On peut peut-être se demander si le lymphœdème du membre supérieur n’était pas déjà
présent au début avec la mention d’une plainte avec « un bras lourd » lors de la première
consultation.. Aucune mention de prise de mesure du bras n’est cité lors de ces
consultations. La sensation de gêne ou lourdeur est souvent le seul symptôme relaté par
les patientes.
Pour conclure, la prise en charge reste avant tout une prise en charge pluridisciplinaire dans ce cas et ne doit en aucun cas échapper au médecin traitant qui doit
être le pivot de la coordination pour une observance et une surveillance rapprochée.
Cas n° 2 :
Le témoignage suivant retrace le parcours d’une femme cancérologue ayant un
lymphoedème du membre supérieur (LMS) suite à un traitement chirurgical d’un cancer
du sein. Le retentissement sur l’image corporelle ainsi que les difficultés rencontrées
pour obtenir un traitement efficace du lymphoedème ont majoré une souffrance
psychique importante. Cette séquelle sera enfin acceptée après 10 années grâce à la
prise en charge de qualité d’une kinésithérapeute libérale. L’analyse des différentes
raisons ayant entraîné un retard de traitement adéquat soulève l’intérêt d’une approche
transversale pluri-professionnelle de qualité, voire experte du traitement du LMS.
Intégré dans les soins de supports, cet accompagnement permettrait d’améliorer ainsi la
qualité de vie des patientes opérées.
176
« PARIS, juillet 1997. J’avais 32 ans, et finissais ma
spécialisation en oncologie médicale, lorsque je
me découvris un cancer du sein gauche. Le
traitement a consisté en une opération première,
mastectomie associée à un curage axillaire suivie
d’une
chimiothérapie
lourde
et
d’une
radiothérapie sur les aires ganglionnaires.
En postopératoire, je n’avais qu’un très léger
oedème du membre supérieur gauche qui a
quasiment régressé. Mais dès la deuxième cure de
chimiothérapie par Docetaxel®, mon bras a très
fortement augmenté de volume.
J’en ai informé mon cancérologue. Celui-ci m’a
alors annoncé que mon lymphoedème allait
probablement régresser mais que mon bras
gauche ne serait jamais plus identique au bras
droit. Il m’a prescrit alors des séances de drainage
lymphatique.
J’ai
consulté
un
premier
kinésithérapeute proche de mon domicile.
Malgré les séances de drainage, au fur et à mesure
de la chimiothérapie, l’oedème s’est aggravé et
s’est installé sur l’ensemble du membre supérieur
gauche.
C’est un ami kinésithérapeute qui m’a conseillé le
service de lymphologie de l’hôpital Cognac-Jay à
Paris. À cette époque, l’équipe réalisait un
traitement intensif par des bandages lors de
consultation externe.
J’ai été très soulagée de rencontrer des
professionnels spécialisés dans le lymphoedème et
pour la première fois devant des soignants, je me
suis laissée aller à mes larmes. Le débordement de
la lutte, lutte contre la maladie, lutte contre la
fatigue des traitements, lutte contre l’angoisse et
lutte contre ce gros bras.
Pendant 2 semaines (soit 10 jours effectifs), le
kinésithérapeute m’a traitée en externe par
l’association d’un drainage lymphatique manuel
suivi de la pose de bandage à garder jusqu’à la
séance suivante. Mon bras a alors perdu 30 % de
son volume initial, mais restait toujours très
important.
Un manchon et un gantelet m’ont été prescrits que
je ne portais qu’occasionnellement parce que je les
supportais mal et aussi et surtout parce que je ne
voulais pas les porter.
Je n’étais pas prête, souhaitant par quelque
miracle obscur que mon bras redevienne normal.
En fait, je n’acceptais pas cette difformité. Bien
sûr, sans contention, mon bras a très rapidement
repris son volume initial.
Ce bras m’a empoisonné l’existence. Je n’arrivais
pas à me défaire de ce sentiment de honte. Que la
mastectomie entraîne une dépréciation de l’image
corporelle est une évidence pour tous, malades,
soignants et proches.
Mais la mutilation de la mastectomie est
contrebalancée par plusieurs aspects positifs : ce
geste éradique la tumeur, étape nécessaire pour
envisager la guérison. La chirurgie de
reconstruction permet de retrouver un volume et
une symétrie mammaire. Et, dernier point, bien
que loin d’être négligeable, la mastectomie ne
retentit essentiellement que sur la sphère privée ;
il est en effet, facile de camoufler une mastectomie
aux yeux des autres.
Par contre, dissimuler un gros lymphoedème du
membre supérieur (LMS) est un défi quasi
impossible. Il ne parasite donc pas uniquement la
sphère intime mais aussi le quotidien. Je rejetais
ce gros bras monstrueux. Très vite, j’ai appris à le
cacher sous des vêtements amples, faisant tomber
la manche du côté gauche, accentuant ainsi mon
allure asymétrique. Que de souffrance toutes ces
années où j’ai dû bannir de ma garde-robe toutes
les manches courtes, les manches trois quarts, les
jolis décolletés, sans compter toutes les manches
près du corps. C’était le cercle infernal : plus mon
bras me faisait honte, plus je le délaissais et plus il
grossissait et plus il me faisait honte...
J’ai alors consulté beaucoup de kinésithérapeutes
de Paris.
L’équipe de Cognac-Jay m’avait remis une liste des
kinésithérapeutes formés à la technique. J’ai
consulté plus de 10 masseurs-kinésithérapeutes
inscrits. Seule une femme kinésithérapeute m’a
suivie sur plusieurs années par drainage
lymphatique manuel avec un certain bénéfice.
Mais sans traitement de décongestion et sans
manchon, je me décourageais devant l’absence de
résultat visible.
J’étais tellement désespérée que j’étais prête à tout
essayer. Lorsqu’en 2001, un ami cancérologue m’a
appelé pour m’informer qu’un chirurgien réalisait
des transpositions ganglionnaires en cas de
lymphoedèmes
résistants
au
drainage
lymphatique, j’ai tout de suite accepté. J’ai pris un
premier rendez-vous. Très bon contact, une
femme souriante, agréable, assurant que ce geste
ne
présentait
aucune
complication.
Hospitalisation de courte durée, 24 heures, avec
des résultats promis tentants : 50 % de
normalisation, 30 % d’amélioration et 20 % de
stabilisation. Le tout pour une petite cicatrice de 3
à 4 cm au niveau de l’aine droite. Quant à la
jambe où les ganglions sont prélevés, aucun cas de
lymphoedème secondaire recensé. J’ai pris avis
auprès de mon cancérologue. Il m’a dit qu’il ne
connaissait ni la technique ni le chirurgien mais il
m’a mis en garde sur le risque de lymphoedème
induit par l’acte chirurgical au niveau de la jambe
opérée. Mais ne pouvant supporter ce bras, je
décide de me faire opérer.
Avant
l’opération,
j’ai
réalisé
une
lymphoscintigraphie au niveau du membre
supérieur gauche qui a confirmé effectivement
l’absence de drainage au niveau du membre
supérieur. Cet examen servait de bilan initial
177
avant l’opération afin d’évaluer les modifications
de drainage après transposition ganglionnaire.
L’opération a eu lieu le 12 avril 2001. J’allais à
cette opération très sereine. En postopératoire, je
me sentais exténuée.
Les pansements étaient énormes, tant celui de
l’aisselle que celui de l’aine. Et je me suis effondrée
lorsque j’ai vu que la cicatrice qui devait mesurer
3 à 4 cm mesurait de fait 8 cm. Et le pire était à
venir... Le troisième jour, j’ai senti une tension
dans ma jambe droite en me levant le matin. Ce
n’est que secondairement que j’ai compris
l’origine de cette douleur sourde : l’ensemble de
mon membre inférieur droit avait augmenté de
volume !
Lors de ma visite de contrôle, j’en ai informé la
chirurgienne. Mais elle n’a pas souhaité
m’examiner la jambe. Elle a mesuré en trois
endroits le membre supérieur, les dimensions
calculées étaient identiques aux dimensions
mesurées avant l’opération. Par la suite, les
résultats scintigraphiques ont confirmé l’absence
d’amélioration au niveau du drainage axillaire
gauche. Alors, je me suis à nouveau effondrée.
D’autant plus que le médecin de la scintigraphie
m’a alors dit ne pas croire en cette opération. Il
aurait été plus honnête de me le dire avant... Déjà
le bras, je l’avais rejeté, haï, mais bon, c’était la
séquelle d’un geste thérapeutique obligatoire. Ma
jambe était la séquelle d’un geste qui se voulait
esthétique. L’exigence n’est pas la même.
Dorénavant, j’allais aussi devoir faire le deuil des
jupes et des robes. Je me cachais de plus en plus.
Outre le retentissement physique, s’ajoutait alors
le retentissement fonctionnel : en effet, depuis 2
ans, j’avais découvert la joie des randonnées. J’ai
malgré tout réessayé. 2 ans après l’opération de la
transposition ganglionnaire, je suis allée faire un
trek au Cap-Vert, mais ce fut la catastrophe. Ma
jambe a décompensé et les derniers jours, je ne
pouvais même plus rentrer dans ma chaussure
droite. Tout cela n’allait-il donc jamais s’arrêter ?
J’avais déjà eu un cancer, une mastectomie, un
lymphoedème du bras et maintenant un
lymphoedème de la jambe... Je n’ai jamais revu
cette chirurgienne. Son déni vis-à-vis du
lymphoedème de la jambe m’était insupportable.
J’ai continué, désabusée, la tournée des
kinésithérapeutes pendant plusieurs années
jusqu’à tout arrêter, ne trouvant aucun bénéfice
malgré
les
différents
kinésithérapeutes
rencontrés. Février 2007 : une coupure au niveau
du pouce gauche s’est compliquée d’un érysipèle.
Après le traitement antibiotique, je me suis dit que
je devais absolument prendre à nouveau soin de
ce bras. J’ai donc repris contact avec Cognac-Jay.
Malheureusement, ils ne pratiquaient plus de
bandages en externe et je ne me sentais pas
suffisamment malade pour me faire hospitaliser
15 jours. C’est une période où je me suis sentie très
seule. Je suis allée sur Internet, sur différents
forums mais je ne trouvais aucune réponse à mes
problèmes. Et surtout, je me suis rendu compte
qu’en fait, nous étions nombreuses à souffrir et
chercher des solutions. Enfin, en juin 2007, j’ai
appris l’existence de l’Association AKTL avec les
résultats d’un travail démontrant que les
bandages réalisés en externe par les
kinésithérapeutes libéraux permettent d’obtenir
d’excellents résultats. Et là, c’est l’espoir qui
revient. Prenant contact avec cette équipe, j’ai été
adressée à une de leur collègue kinésithérapeute
proche de mon domicile.
Cette professionnelle m’explique à nouveau tout
l’intérêt des manchons et me propose des séances
de bandages.
Elle me rassure en me disant que même après 10
ans, avec le traitement adéquat, on allait obtenir
des résultats sur mon bras. Et surtout, je sens bien
que sa technique manuelle est efficace, même si
elle est différente des autres techniques que l’on
m’avait proposées jusqu’alors. Pas de technique de
pompage par la citerne de Pecquet, cependant je
sens bien que mon bras devient plus souple durant
la séance...
Pendant un mois, j’y suis allée quotidiennement et
à ce prix-là, j’ai gagné 30 % de volume sur mon
bras. Un manchon (décidément ce terme est
atroce) correspondant au volume après bandage
a été réalisé que j’ai porté car j’avais enfin
compris son intérêt. Depuis ce jour-là, je porte
manchon et gantelet. Ce bras que je haïssais, qui
me faisait honte, je suis devenue bienveillante
envers lui. Je me le suis réapproprié. Il refait partie
de ma vie et refait partie de mon corps. Je ne le
cache plus, j’ai retrouvé plaisir à m’habiller
puisque à nouveau, je peux porter des vêtements
que je ne portais plus depuis des années.
Auparavant, c’était une contrainte de porter ce
manchon, mais j’ai compris l’importance de ce
geste et aujourd’hui, c’est de ne plus le porter qui
est difficile pour moi. Si je ne le mets pas, le bras
devient tendu, lourd et regonfle rapidement.
Pour la première fois, un kinésithérapeute a
réalisé l’éducation thérapeutique de mon bras.
Des séries de bandages sont réalisées deux fois par
an. Aujourd’hui, le volume de l’oedème a diminué
de plus de 60 %. Une relation s’est tissée basée sur
l’écoute, la confiance et l’accompagnement.
Comme toute maladie chronique, le suivi régulier
du LMS est indispensable au maintien des
résultats. Les compétences techniques et
relationnelles de cette kinésithérapeute ont
permis à la fois les résultats jamais obtenus
auparavant sur le lymphoedème et une
atténuation de ma souffrance psychique
secondaire au vécu de mon gros bras. Le Plan
cancer a favorisé la prise en compte de
178
l’accompagnement global de la personne malade
et de ses proches avec, notamment, la mise en
place du dispositif d’annonce et des soins de
supports. Or, de mon point de vue de
chimiothérapeute, puis secondairement de
médecin de réseau en cancérologie, j’ai souvent pu
constater l’absence de formation des soignants
vis-à-vis de l’éducation du LMS et de son
traitement. Il est probable que l’objectif atteint
étant la guérison, cette séquelle est de moindre
importance pour le corps soignant... D’une
manière générale, le travail des kinésithérapeutes
est méconnu des médecins et il est vrai que
pendant les études médicales, les techniques et les
prescriptions de kinésithérapie ne sont pas
abordées. Cette méconnaissance peut être
préjudiciable pour les patients et notamment dans
le cadre du LMS. En cas d’apparition d’un
lymphoedème, les médecins prescrivent le plus
souvent des séances de kinésithérapie sans
connaître les techniques de bandages, ni les
résultats attendus.
De même, la prescription d’un manchon sans
connaître les différentes classes, sans mesure et
sans suivi particulier peut favoriser l’impression
d’un maintien au mieux inefficace, voire parfois
contraignant
et
douloureux.
Cette
méconnaissance explique probablement pourquoi,
nombre de médecins, mais aussi certains
kinésithérapeutes ne sont pas convaincus de
l’intérêt d’un traitement qui peut paraître lourd à
imposer à leurs patientes. La souffrance psychique
peut être un symptôme prédominant secondaire à
la mauvaise prise en charge du LMS et certaines
patientes, sur ce seul symptôme, peuvent être
adressées au psycho-oncologue pour un soutien.
Or, dans ce cas précis, la réponse apportée par le
masseur-kinésithérapeute peut soulager cette
souffrance en apportant à la fois un traitement
efficace et un accompagnement de qualité. Il me
paraît nécessaire que les soignants travaillent
ensemble, partageant leurs connaissances et leurs
compétences afin d’assurer une approche globale
et de qualité de cette pathologie. C’est pourquoi la
prise en charge du lymphoedème devrait pouvoir
s’inscrire pleinement dans une approche
multidisciplinaire. Les soins de support
nouvellement créés pourraient être le lieu idéal de
la mise en place de cet accompagnement et ainsi
être proposés au plus tôt à l’ensemble des
patientes présentant un lymphoedème afin de les
accompagner au mieux au-delà de leur guérison. »
Interprétations et difficultés
Ce cas qui précède relate une expérience
souvent rencontrée dans la pratique
quotidienne médicale ; Le traitement du lymphœdème n’est que superficiel et souvent
peu pris au sérieux avec des prescriptions médicales un peu hasardeuses.
Le traitement du lymphoedème ne fait actuellement pas état de preuves scientifiques
suffisantes, les praticiens prescrivant des techniques pouvant parfois être néfastes
(chirurgie lymphatiques par exemple dans ce cas).
« D’une manière générale, le travail des kinésithérapeutes est méconnu des médecins et il est vrai que
pendant les études médicales, les techniques et les prescriptions de kinésithérapie ne sont pas abordées. Cette
méconnaissance peut être préjudiciable pour les patients et notamment dans le cadre du LMS ».
Actuellement nous savons que l’association des bandages pour la phase de réduction de
volume et le maintien du volume par une compression adaptée, et les mesures de
prévention est un traitement faisant l’unanimité chez les experts en lymphologie.
179
Cependant, nous pouvons nous rendre compte que ces traitements sont loin d’être
appliqués actuellement et que la tendance est la prescription de drainage lymphatique
seul associé au port d’un manchon (souvent prescrit sans mention de la classe de
compression) et donc souvent inadapté.
Rappelons que l’éducation thérapeutique avec informations sur
les mesures de
prévention peut être apportée par le praticien généraliste.
La poursuite de la prise en charge, effectuée par le kinésithérapeute, comme le cite la
patiente, est primordiale dans le soutien psychologique et l’information. Les
kinésithérapeutes formés dans la prise en charge du lymphœdème, peu nombreux
actuellement, devraient être connus des praticiens pour une meilleure coordination
entre les soignants.
On parle également dans ce cas d’un idéal de coordination au sein d’un réseau de soins
pour la prise en charge des pathologies parallèles au cancer. La mise en place d’un
réseau de soins avec la participation des médecins généralistes pourrait être le moyen
pour le perfectionnement de ces derniers dans ce domaine à l’heure l’on parle de prise
en charge alternée avec l’hôpital.
Pourquoi ne pas imaginer une liste des kinésithérapeutes formés avec leurs diplômes et
leurs compétences ? Ne pourrait-elle pas être le début d’un projet d’annuaire des
spécialistes formés en soins de support pour une meilleure coordination de ces soins ?
180
DEUXIEME PARTIE
ELABORATION D’OUTILS POUR UNE AIDE A LA PREVENTION ET A LA PRISE EN
CHARGE DU LYMPHOEDEME DU MEMBRE SUPERIEUR
Si le médecin généraliste est un acteur des soins de support cité comme tel, un des
« pivots » de la prise en charge de l’après cancer, il doit être intégré dans l’organisation,
la mise en place des soins de support.
Il paraît légitime qu’il puisse accéder aux outils d’aide à la pratique sur le terrain, d’accès
aux informations sur les réseaux existants, les structures et compétences de soins
existantes sur le territoire dans lequel il exerce.
Pour répondre aux difficultés rencontrées dans la prise en charge de l’après cancer, nous
nous sommes proposés de réaliser un outil d’aide à la prise en charge thérapeutique du
lymphoedème du membre supérieur.
En même temps et dans le même élan d’information, nous rappellerons en annexes les
outils déjà existants dans la prise en charge d’une douleur neuropathique (applicable
dans le cas du syndrome douloureux post-mastectomie), Tableau des traitements d’une
douleur neuropathique de la Société Française d’étude et de traitement de la douleur
(Annexe 4) et outil du réseau régional douleur Basse Normandie sur la prise en charge
d’une douleur neuropathique (Annexe 5).
L’objectif de ce travail est de venir en aide aux praticiens généralistes ambulatoires,
mais aussi aux autres acteurs de soins en général, dans l’élan d’un projet de mise en
place d’une coordination de soins de support sur le territoire, avec des outils adaptés à
leur pratique, répondant à leurs besoins et à leurs attentes.
181
1.1.
Pourquoi de tels outils ?
L’idée de ce travail m’est venue après avoir lu la thèse d’une collègue traitant des Soins
Oncologiques de Support et des besoins et attentes des médecins généralistes dans
le territoire du Bessin soutenue en 2010 à Caen. [115]
Les médecins généralistes du Bessin ont clairement exprimé leur besoin d’être intégrés
dans la prise en charge du patient atteint de cancer pour une participation active en tant
que « coordinateur » des soins.
Ils ont évoqué leur besoin de renforcer leur
formation en terme de soins oncologiques de support (notamment dans le domaine de
la douleur et des effets secondaires des traitements) et souhaite vivement voir
naître un fonctionnement en réseau avec des outils de communication communs entre
professionnels de santé (Dossier partagé), des annuaires de contact des professionnels
paramédicaux spécialisés en soins de support, ou l’accès à un numéro unique
d’orientation et une aide à la pratique comme par exemple des outils simples d’aide à
la prise en charge.
Pourquoi un outil pour la prévention et la prise en charge du lymphoedème ?
La survenue d’un lymphoedème du membre supérieur invalidant est de l’ordre de 10 à
20 % après curage axillaire [30-31], versus 2 à 7 % après ganglion sentinelle. [31]
Lors du congrès de l’AFSOS en mai 2010 [116], une réflexion est menée sur la prise en
charge du lymphoedème du membre supérieur après chirurgie mammaire. Le Dr Boiron,
Oncologue médical, Hôpital Européen Georges-Pompidou à Paris, affirme que « bien que
le traitement du Lymphoedème du Membre Supérieur soit consensuel, il persiste à ce
jour des disparités importantes dans sa prise en charge ». Une analyse pertinente sur les
182
difficultés tant à l’accès à des soins de qualité qu’à la prise en charge et au traitement du
lymphoedème sera menée. Elle met en évidence les difficultés rencontrées par le corps
médical :
« Le lymphoedème survient de façon variable, le plus souvent précocement, mais parfois
très tardivement, voire 10 à 15 ans après la chirurgie. La recherche de ce lymphoedème
doit donc être active tout au long du suivi de la patiente. Cependant, dans la majorité des
cas, le lymphoedème est suffisamment important pour constituer un motif de consultation.
Or, le plus souvent, la seule réponse apportée par le médecin spécialiste ou généraliste est
une orientation vers un masseur-Kinésithérapeute proche du domicile pour réaliser
uniquement des séances de Drainage Lymphatique Manuel (DLM)».
Il est intéressant de noter cette étude de 1998 [117], réalisée sur 281 patientes qui
montre que le Drainage lymphatique manuel n’est prescrit que dans un tiers des cas.
Inversement, il est réalisé chez 16 % des patientes ne présentant pas de LMS. Les
bandages sont, eux, réalisés dans moins de 5 % des cas, et le manchon est porté dans 5
% des cas.
Les raisons les plus fréquentes de l’absence d’orientation vers des soins appropriés sont :
La méconnaissance par le corps soignant des bénéfices attendus d’un traitement optimal
(bandage ET maintien);
L’orientation vers un masseur kinésithérapeute dont le seul critère de sélection est la
proximité avec le domicile et non la qualification dans la technique de drainage
lymphatique;
La sous-estimation des répercussions psychologiques et de l’altération de la qualité de vie
de la patiente, le LMS étant perçu comme un problème esthétique, certainement le prix à
payer pour être guérie.
183
Il paraît donc intéressant de diffuser les informations concernant le traitement et le
choix du masseur kinésithérapeute à l’ensemble des médecins prescripteurs, voire à
l’ensemble des acteurs de santé.
Après avoir énuméré ces différentes résistances, que peut-on proposer ? Il est vrai que la
première source d’information est, bien évidemment, le dispositif d’annonce, accessible
à toutes les femmes opérées.
Mais on peut légitimement penser qu’en apportant l’information à l’ensemble des
acteurs de santé qui entourent et/ou accompagnent une femme opérée d’un cancer du
sein, l’orientation vers un traitement de qualité n’en sera que plus facile.
De la même façon une meilleure connaissance par les patientes de leur cancer devrait
leur permettre de mieux faire face à la maladie. C’est ce qui justifie la place prise par
l’éducation thérapeutique dans la nouvelle loi réformant l’hôpital de 2009 (Loi HPST).
Car si toutes les patientes ont entendu parler d’adénopathies, de lymphatiques, de
curage voire de ganglion sentinelle et de lymphoedème ou gros bras, ce n’est pas pour
autant que ces termes et les réalités qu’ils recouvrent sont bien appréhendés.
Raison pour laquelle nous élaborons actuellement une réflexion afin de mettre en place
une information pluri professionnelle, en élaborant des fiches d’information patients et
soignants, qui seront éditées et distribuées dans toute la région Basse Normandie, et qui
auront pour but de diffuser non seulement un aide à la décision médicale mais aussi des
informations sur les atouts de la région en terme de structures et compétences en soins
de support pour la prise en charge du lymphoedème.
Rappelons que ces travaux rentrent également dans le cadre du récent projet Régional
de Coordination Soins de support initié par l’Agence régionale de santé de Basse
184
Normandie, en partenariat avec le Réseau Régional Douleur de Basse Normandie.
Cette démarche reçoit le soutien actif de l’Union Régionale des médecins libéraux
de Basse Normandie, et qui d’après son président, Le Dr A. Leveneur « correspond
à une réappropriation du patient atteint de cancer par le biais de ces soins de
support et pour humaniser la cancérologie ».
Cette réflexion fait écho à l’appel à projet de l’AFSOS (Association francophone pour les
Soins oncologiques de Support), pour une information pluri-professionnelle.
Les travaux de cette thèse s’intègre dans une démarche d’amélioration de la qualité
et de l’efficience des soins aux patients atteints de cancer en phase de
surveillance, en fournissant, au médecin, une aide à la décision facilement utilisable
dans la pratique des soins primaires en médecine générale et, au patient, une
information claire et appropriée pour une participation active dans sa démarche
thérapeutique.
1.2.
Méthode d’élaboration de ces outils
L’objectif du travail est, non pas d’élaborer les recommandations proprement dites, mais
bien de les utiliser pour en faire un outil d’aide à la pratique clinique et de diffusion des
connaissances, aux patients , soignants et médecins.
L’élaboration d’outils pour la pratique clinique fait partie des projets de travail du
Comité Opérationnel du Réseau Régional Douleur de Basse Normandie.
Les réunions du groupe de travail se feront au rythme bimestriel au centre hospitalier
régional de Bayeux.
185
Dans le cadre de cette thèse, je participerai aux réunions du Groupe de Travail
« Lymphologie », échelonnées sur deux années consécutives de 2010 à 2012, qui aura
comme but la réalisation de fiches pratiques à l’usage du soignant mais aussi à celui du
patient, portant sur le Lymphoedème secondaire du membre supérieur dans le cancer
du sein.
Cet outil sera le résultat de la réflexion d’un groupe de travail réunissant des
professionnels de santé pluridisciplinaires (Médecin généraliste, Médecin
Angiologue et Douleur, Kinésithérapeute, Infirmières Douleur, responsable
artistique).
Membres du Groupe de Travail Lymphologie :
Dr Bertrand LAMY, Médecin Angiologue, Caen
Annie LENORAIS, Kinésithérapeute spécialiste en DLM, Caen
Bénédicte HAVET Infirmière Référente Douleur Lisieux (Membre de l’Association AVML)
Virginie DRUGEOT Infirmière Cricquebeuf
Cécile BISSON, Infirmière Référente Douleur CH Bayeux
Aline LE CHEVALIER, Infirmière Référente Douleur
Muriel Kouvatas, directrice artistique, communication
Marianne NAJAC, Interne en médecine Générale
186
Méthodologie de recherche documentaire
Chaque membre du groupe de travail a effectué une recherche personnelle
documentaire sur le sujet du lymphœdème et chacun a apporté ces connaissances
personnelles et expériences pour la réalisation du document.
Les principaux documents retenus comme source de référence et d’exemple pour la
création de notre outil ont été les suivants :

“Best practice for the management of lymphoedema ; International Consensus”
[118] disponible en version anglaise sur http://www.lympho.org comme
référentiel

Recommandations de l’International Lymphoedema network et de l’European
Wound Management Association (EWMA) [119]

Les Recommandations de la Société française de lymphologie. Recommandations
professionnelles. Les lymphoedème des membres : diagnostic, explorations,
complications.
187
Promoteur
Comité d’organisation
Groupe de travail
Analyse de la littérature
Avis d’expert
Document intermédiaire
Groupe de lecture
Fiches pratiques
Diffusion
Figure 18 : Procédure et étapes d’élaboration des fiches pratiques par le groupe
de travail du Réseau Régional Douleur
188
1.3.
Résultats
Outil Patient : J’ai un lymphoedème comment le prendre en charge ?
Notre point de départ est une réflexion sur l’information des patientes atteintes d’un
lymphoedème dans une démarche de prise en charge et de prévention autonome.
Quelle place doit-on donner à l’information des patientes sur le lymphoedème et à
quel moment de la prise en charge ?
La prise en charge du lymphœdème nécessite à la fois un suivi et un traitement au
long court mais doit surtout faire l’objet d’une prévention secondaire en raison de sa
forme évolutive par poussée.
Un article fort intéressant publié en 1999 dans les Annales de Kinésithérapie fait état de
plusieurs réflexions pertinentes sur l’échec de l’information des patientes concernant
le lymphoedème. [120]
Cette information est bien souvent livrée abruptement à la sortie de l’hospitalisation par
la distribution de brochures en guise de guide « après une chirurgie mammaire et un
curage axillaire ». Pour les praticiens qui prennent en charge ces femmes en dehors du
service hospitalier, il est clair que ces brochures qualifiées d’informatives échouent le
plus souvent de leur but.
Il semble qu’il n’en puisse être autrement. Pourquoi ?
Cette information est livrée en même temps que d’autres documents à la sortie du
service. Elle n’est souvent pas lue et n’est souvent pas non plus commentée par un
membre de l’équipe. Si ces recommandations font l’objet de recommandations orales, il
189
est admis que beaucoup de choses ne sont pas ou peu « entendues » par la patiente. Elle
est souvent trop proche de la « crise » chirurgicale, qu’elle n’a pas encore eu le temps
d’effacer.
La patiente n’est certainement pas en état de se projeter dans cette période dont on lui
parle : l’ « après traitement ». Son avenir concevable se limite à gérer un futur proche
comme l’ablation des points, un rendez-vous avec un cancérologue par exemple. Toutes
ces préoccupations masquent l’image de son avenir, elle a besoin d’une planification de
son futur proche et non pas d’une démarche qui la projette dans un avenir incertain de
« malade » encore moins d’ « handicapée ».
Or si d’aventure la patiente se plonge dans ce genre de brochure, qu’y découvre-telle ?
Une foule d’interdits, lui rendant souvent la vie impossible : « liste faisant état des
« choses à ne pas faire », une énumération de négations qui tombent comme un diktat ».
La Prévention cherche à réduire le risque sans pour autant nuire à la qualité de
vie.
Voici le fond de la réflexion menée ici pour une nouvelle attitude éducative.
Le principe de la bonne éducation pourrait être défini comme « la communication d’une
consigne dont on doit s’assurer qu’elle est entendue, comprise et surtout applicable ».
Partant de l’idée que la prévention du lymphoedème ne peut être respectée que si elle
est facilement explicable, nous nous dirigeons vers une attitude spécifique ; Notre idée
est qu’il faut donner des conseils positifs et limiter au minimum les formulations
négatives, privilégier la compréhension des éléments qui font courir un risque majeur,
190
et personnaliser ces conseils en fonction de la patiente et de son mode de vie habituel
en donnant des moyens simples.
Nous avons donc réalisé cette plaquette d’information patiente grâce à l’aide de Madame
Muriel Kouvatas, graphiste et directrice artistique.
Nous avons voulu que cet outil soit accessible au plus grand nombre de patientes
atteintes d’un lymphoedème lié au cancer du sein.
Figure19: Outil « Patient » réalisé par le groupe de travail Lymphologie du Réseau
régional Douleur de Basse Normandie
191
La forme
L’outil se présente dans un format dépliant en quatre volets, carré, contenant donc 8
pages au total sur deux faces.
Nous avons pensé cet outil avec les yeux d’une femme, atteinte d’un lymphoedème du
membre supérieur.
Il a été conçu dans le but de faire passer un message de prévention dans les actes de
la vie quotidienne, message positif dans un langage adapté au patient, avec des
couleurs chaudes, des images de femmes toujours actives, prenant soins de leur
corps, dans un objectif d’attrait à la lecture et à l’information.
Les lignes courbes, successions de petits ronds, sont le symbole artistique du flux, de la
circulation, du drainage… autant d’images faisant évoquer le système circulatoire
lymphatique.
Le contenu
La patiente atteinte de lymphœdème s’identifie plus facilement aux femmes présentées
sur cette plaquette par la présence de la première personne du singulier,
volontairement employé pour ainsi donner un côté moins anonyme aux informations.
Nous avons cherché à ne pas surcharger l’outil d’informations et le contenu s’en tient à
quelques notions basiques de
physiopathologie pour aider la patiente à mieux
comprendre le lymphœdème avec deux schémas très simples mais situant la localisation
de l’atteinte du système lymphatique.
Les conseils donnés dans cette fiche, somme toute tout à fait empiriques comme nous
l’avons vu ci-dessus, les preuves faisant défauts, sont admis par tout praticien en
lymphologie est largement rapportés dans tous les guides de bonnes pratiques de prise
en charge du lymphodème du membre supérieur.
192
Ils concernent les conseils d’hygiène de vie au quotidien avec des exemples concrets
de mise en situation pour une meilleure intégration de ces conseils.
Ces conseils sont tous, ou pour la majorité, formulés dans un langage positif en évitant
ainsi la liste des « interdits ».
Le vocabulaire employé est volontairement évocateur de plaisir, de maintien du
bien-être et fait aussi l’éloge de la beauté féminine et du soin du corps.
Nous avons privilégié la quatrième de couverture (dépliant fermé) pour l’information
sur les urgences et les signes à ne pas manquer devant amener la patiente à consulter
un médecin.
Cette page contient également les logos des associations et du Réseau Régional
Douleur de Basse Normandie, porteur de ce projet de création de cet outil, ainsi que
celui de la Ligue contre le cancer départementale (3 Associations départementales
du Calvados , de l’Orne et de la Manche) qui financera l’impression de cette fiche
informative pour le patient qui sera ensuite diffusée dans toute la région de Basse
Normandie par le biais des centre référence Douleur Chronique, des centre de
traitement du cancer et par l’aide de L’URML pour les libéraux.
Enfin cet outil s’est voulu être une aide dans la prise en charge des patientes atteintes de
lymphœdème du membre supérieur, en faisant la promotion d’actes de prévention dans
la vie courante et aussi une aide à la réinsertion socio-professionnelle.
193
Outil soignant : Aide à la prescription pour la prise en charge médicale du
lymphœdème du membre supérieur
Tout patient atteint d’un lymphoedème doit recevoir une prise en charge avec des soins
coordonnés et une information appropriée à ses besoins.
C’est pourquoi tout soignant intervenant dans la prise en charge de patient atteint de
lymphoedème ou présentant un risque de la développer doit en connaître les mesures
adaptées.
L’implication du soignant et du patient sur le sujet doit être la plus précoce possible au
cours de l’histoire de la maladie.
Les objectifs majeurs de cette prise en charge coordonnée sont la réduction du volume
puis sa stabilisation (drainages, compression, exercices), l’amélioration de la fonction du
membre, la prévention des risques de complications (soins de peau), l’éducation et le
soutien psycho-social.
Lorsque surviennent des difficultés notamment des complications sévères et
récurrentes ou un échec de la prise en charge standard au bout de trois mois, le
patient doit être adressé à une structure de soins spécialisée (consultation spécialisée,
hospitalisation,…)
Le lymphœdème est une affection chronique et progressive qui peut être améliorée de
manière significative par une prise en charge adaptée. A défaut, une prise en charge
inadaptée pourrait aggraver la situation du patient et ainsi provoquer des pertes de
chances pour le patient.
194
Les données scientifiques sur la prise en charge de cette affection sont peu nombreuses,
ce qui explique le choix du Best practice for the management of lymphoedema ;
International
Consensus
[121]
disponible
en
version
anglaise
sur
http://www.lympho.org comme principal référentiel pour notre groupe de travail.
Les points clefs concernant cette pathologie et sa prise en charge basés sur ce document,
présentés ci-dessus sont rappelés dans notre outil d’aide à la prescription.
Questions examinées ?

Comment identifier les patientes porteuses d’un lymphœdème ?

Quelle orientation thérapeutique donner en première intention dans un cas de
lymphoedème du membre supérieur non compliqué ?

Quels critères décisionnels pour l’orientation vers une prise en charge
spécialisée ?

Comment rédiger une ordonnance type en conformité avec la réglementation ?

Quelles ressources en soins de support disponibles dans notre région ?
A qui est-il destiné ?
Cet outil se destine à une population de médecins et soignants en général (médecins
généralistes,
chirurgiens,
oncologues,
Internes,
Diplôme
d’Etudes
Spécialisées
Complémentaires Oncologie/Douleur/Soins palliatifs, Equipe Douleur). Il permet
d’apporter un support d’informations facilement consultable et simple pour une
prise en charge améliorée et coordonnée.
195
Pourquoi un tel outil ?
Cet outil veut être un appui dans la prise en charge du lymphœdème pour une
amélioration de la pratique quotidienne à visée diagnostique et thérapeutique.
Sous quelle forme ?
Nous avons pensé ce document facile d’utilisation, accessible au plus grand nombre de
soignants. Il doit être facile d’accès avec un maniement et une présentation simple qui
permette de l’utiliser dans toutes les situations courantes des soins (outil facile à porter
dans une poche, positionnable sur une table de bureau).
Notre graphiste Muriel Kouvatas nous a suggéré un support de format A4 en tryptique
qui pourra soit être posé sur un bureau en format totem triangulaire, soit être glissé plié,
dans un tiroir ou porté dans une poche de blouse de travail. Nous avons donc opté pour
ce format en triptyque pliable comportant 6 faces au total.
Limites du contenu du document ?
Ce document a pour but d’apporter des informations générales sur le lymphœdème, des
arbres décisionnels simples sur l’orientation thérapeutique, une ordonnance type de
prescription du matériel de compression et de kinésithérapie, ainsi que des informations
sur le remboursement du matériel.
Nous avons choisi d’y faire figurer le tableau des recommandations de la Haute Autorité
de Santé portant sur les niveaux de compression.
196
Description du contenu et présentation de l’outil

Volet 1 : Titre et Informations générales – avec mention du document de
prévention patient

Volets 2 et 3 (à l’intérieur) : Arbres décisionnels simples et orientations
thérapeutiques

Volet 4 : Tableau des compressions selon HAS dans le lymphœdème

Volet 5 : Ordonnances types (membre supérieur, membre inférieur)

Volet 6 : Références bibliographiques et adresses utiles
Nous avons choisi de conserver le graphisme de la brochure « patient » avec les motifs
de bulles et les couleurs chaudes.
Aucun rappel sur les conseils de prévention ne sera rapporté sur ce document, figurant
déjà sur le document patient.
197
Quelle méthodologie et quelle bibliographie à l’appui ?
La méthodologie de recherche bibliographique est la même que celle employée pour la
réalisation de l’outil de prévention patient.
Les différentes références citées ci-dessous ont été sélectionnées avec un accord
collégial par les différents membres du groupe de travail Lymphologie :

Best practice for the management of lymphoedema : International Consensus
[118]

Référentiels interrégionaux en soins oncologiques de support édité par l’AFSOS :
prise en charge du lymphoedème secondaire du membre supérieur après cancer
du sein [122]

Recommandations officiels de la société française de lymphologie [37 ; 40]

Recommandations HAS : La compression médicale dans le traitement du
lymphoedème [123]
Quels moyens de diffusion ?
L’outil d’aide à la prescription médicale étant en cours d’élaboration, la décision du
mode de diffusion n’a pas encore été prise par le groupe de travail et le comité
décisionnel du réseau.
198
Volet 1 : Titre et stade du lymphoedème
Le lymphœdème : comment le prendre en charge ?
Le lymphoedème classé en 5 stades
 Stade 0 : infra clinique mais les lésions lymphatiques existent.
 Stade 1 : oedème débutant, disparaissant à l’élévation du
membre.
 Stade 2 : oedème patent, mou, mais ne disparaissant pas
complètement à l’élévation du membre
 Stade 3 : oedème avec fibrose.
 Stade 4 : oedème induré avec troubles trophiques et
engraissement
199
Volet 2 et 3 : Arbres décisionnels thérapeutiques
Consultation médicale spécialisée
Stade 2
Stade 3 et 4
Stade 1
Phase de
maintien
Bandage
réducteur,
repos, soutien
psychologique
Centre traitement du
lymphœdème :
bandage quotidien
DLM*
Repos
Soutien
3 à 4 fois par
semaine, puis à
15 jours, puis à
Quotidien
6 semaines,
puis 3 à 6 mois
Compression par manchon
Suivi médical et kinésithérapie tous les 6 mois
2 fois par
semaine
6 semaines
3 à 6 mois
Prise en charge psychologie
Rythme du
traitement et
suivi
Compression
élastique par
manchon
+ DLM* 2 fois
par semaine
+ repos
+ éducation
Kinésithérapie et consultation de suivi
Phase de
réduction de
volume
Examen clinique et prise de mesures
Prise en charge de la DOULEUR
Phase
diagnostique
*DLM : drainage lymphatique manuel
La compression est un élément clé du traitement
o Elle est toujours associée aux règles hygiéno-diététiques
o La thérapie décongestive se déroule en deux phases : une phase de réduction du
volume et une phase de maintien
Physiothérapie décongestive Combinée
Phase de réduction du volume
Au moins 5 jours par semaine pendant 1 à 6
semaines
Phase de maintien
Traitement au long cours avec réévaluation
régulière du rapport bénéfices / risques
o
o
Bandage multicouches
Utiliser la pression maximale tolérée
Manchons classe de 1 à 4
o Chaussettes bas cuisse collant classe de 1 à 4
Utiliser la pression maximale tolérée
o
(superposition possible pour le membre inférieur)
200
Volet 4 (en bas de page) : Les dispositifs de traitements compressifs
Le traitement compressif utilise principalement des bandes, des bas ou manchons.
Les bandes sont préférables dans des utilisations de courte durée (quelques jours à
quelques semaines) :

Bandes sèches inélastiques (<10% d’allongement)

Bandes sèches à allongement court (10 à 100%)

Utilisation de dispositifs de maintien des bandes et/ou de capitonnage (mousse
coussins ouate) pour protéger la peau ou en cas de méplat, augmenter la pression
locale.

Les bas ou manchons sont adaptés à une utilisation de longue durée, on utilise
dans le cas du lymphœdème la pression maximale autorisée en dehors de toute
contre-indication. L’obtention d’une pression maximale efficace peut exiger la
superposition de plusieurs bas ou l’utilisation d’un enfile-manchon.

Les bandes adhésives ou cohésives, les bandes enduites, les bandes sèches à
allongement long (> 100%) et les bandages multitypes commercialisées en kit ne
sont pas indiqués dans le traitement du lymphœdème.
Forces de compression
Classe I : 10 à 15 mmHg
Classe II : 15 à 20 mmHg
Classe III : 20 à 36 mmHg
Classe IV : > 36 mmHg
201
Volet 5 : Ordonnance type

Ordonnance de séance de kinésithérapie : Cure de réduction de volume et
d’entretien
- Bilan périmétrique étagé bilatéral des membres supérieurs
- Bandages spécifiques pour cure de réduction de volume
- Séances de Drainage lymphatique Manuel en association
o MSD
o MSG
NB : il n’est plus nécessaire de préciser le nombre de séance

Ordonnance pour rééducation de l’épaule (sur une ordonnance séparée)
Rééducation de l’épaule dans un contexte de complications séquellaires après cancer du
sein

Ordonnance pour manchon
Manchon sur mesure
Classe III ou IV
A réaliser après la cure de réduction de volume par bandages
Avec mitaine séparée ou non
A renouveler tous les 3-4 mois
Enfile-manchon (Easy slide)
202
Volet 6 : Informations générales et contacts
Références bibliographiques :
HAS
Référentiels Inter Régionaux AFSOS
Société Française de Lymphologie
Contacts et compétences régionales :
Réseau régional Douleur de Basse Normandie
Service spécialisé de Lymphologie de l’hôpital des Andaines de la Ferté Macé
CAMI Normandie
AVML 14
203
1.4.
Critique des outils : quelle utilité en Médecine Générale ?
Outil patient
On l’a dit, l’appropriation par le patient d’une information santé adaptée à ses besoins
apparaît comme un enjeu important dans la démarche de qualité en santé. L’objectif
n’est-il pas d’aider à un changement de comportement, à travers par exemple une
sensibilité plus forte aux bonnes règles de vie, à un suivi plus régulier de sa santé en
partenariat avec les professionnels, à la gestion globale de son capital santé ?
Une information santé ne saurait, aujourd’hui, être exclusivement « descendante », et les
patients doivent y être associés.
L’exemple de la Ligue contre le cancer montre une tendance de fond. Le droit à
l’information est aujourd’hui perçu comme vital, par les malades comme par leurs
proches. En allant sur des sites, ils attendent de consulter une information fiable,
indépendante et utile pour le suivi de leur traitement et l’amélioration de leur confort de
vie. Comme le résume un représentant de l’association, « le malade a des droits en
matière de communication, le droit à l’intelligence, au savoir et à la connaissance. »
Dès lors, il est légitime que les institutions médicales s’attachent à diffuser une
information permettant au patient de mieux se prendre en charge, d’anticiper par
exemple un parcours de soins parfois complexe, d’adhérer plus fortement à un
traitement, de rester vigilant face aux risques d’interactions dangereuses. « Si on
apprécie le temps qu’un malade chronique va passer avec son médecin, soit 30 minutes
de consultation par mois et donc six heures par an, il est normal que le patient ait
besoin d’aller chercher de l’information ailleurs.
204
Les enjeux de l’information santé reposent sur une identification des besoins spécifiques
à chaque type de public, et sur une adaptation des supports en fonction des cibles visées.
Concevoir une information appropriée, c’est notamment s’interroger de façon
dynamique sur sa dimension pédagogique : permet-elle au patient d’améliorer ses
connaissances ? Ces connaissances sont-elles de nature à l’aider dans ses choix ?
Peuvent-elles favoriser des changements de comportement ?
Prenons par exemple le tableau des préférences des patients en matière de
présentation, issu du guide HAS sur la réalisation de document écrit d’information
leurs étant destinés :
Figure 20 : Préférences des patients et des usagers pour la présentation des
documents d’information écrits
205
Comme décrit ci-dessus, nous avons voulu faire passer dans ce dépliant-outil, un
message positif sans trop d’ « interdits », en évitant de lister les choses à ne pas faire ; il
s’avère être quand même riche en texte, avec des énumérations de points importants qui
nous ont parus être fondamentaux pour la prévention.
Désormais, nous pouvons alors nous poser la question de l’utilité d’un tel outil
d’information dans une consultation de médecine générale.
En admettant que ce n’est pas là que l’on rencontre le plus de patientes atteintes de
lymphœdème du membre supérieur après chirurgie du cancer du sein, nous pouvons
tout de même nous interroger sur le fait que les patientes traitées pour cancer du sein
en phase de rémission, venant consulter pour leur surveillance, puissent s’interroger sur
la nécessité de s’informer auprès de leur médecin sur cette pathologie et sa prévention
en cas de symptômes mineurs.
Pour celles qui en seraient atteintes, alors cette plaquette pourrait être l’occasion d’être
un échange avec leur médecin traitant sur ce sujet, et d’amorcer une réflexion sur les
modalités de prise en charge.
Outil d’aide à la prescription en médecine générale
Les objectifs de réalisation du l’outil d’aide à la prescription ont été en partie respectés.
En premier, il doit permettre de faciliter la prescription des soins adaptés pour la prise
en charge du lymphœdème et favoriser la conformité réglementaire de l’ordonnance.
Nous pouvons maintenant nous interroger sur l’adhésion et l’impact sur les soignants de
cet outil papier, car à aucun moment dans sa réalisation il n’a été testé en pratique. Seul
le comité opérationnel du Réseau régional douleur (composé de médecins généralistes
206
et spécialistes) et des avis d’experts, ont donné leur accord aux différentes étapes de sa
réalisation pour la poursuite de celui-ci. Nous pouvons alors nous questionner sur la
nécessité d’un point de vu extérieur au groupe de travail et membres du Réseau. L’outil
patient a lui été présenté aux médecins et soignants de diverses hôpitaux régionaux qui
ont donné un avis favorable en retour et exprimé leur enthousiasme pour sa diffusion.
Discussion et Perspectives
Le sujet
Notre question première était de savoir comment améliorer la prise en charge des
patientes atteintes de séquelles post-chirurgicales après cancer du sein et plus
particulièrement celles atteintes de lymphœdème du membre supérieur.
Nos travaux de recherche nous ont permis de réaliser ces outils pour une aide à la prise
en charge du lymphœdème du membre supérieur.
En premier, nous pouvons critiquer l’étendu du sujet et du projet : le sujet des séquelles
locorégionales après chirurgie du cancer du sein est vaste et nous sommes loin d’avoir
fait une méta-analyse de tous les articles publiés sur les 3 principaux sujets abordés
(douleur post-mastectomie, pathologie de l’épaule et lymphoedème).
Nous pouvons remarquer cependant que la littérature est assez pauvre dans ces
domaines, l’épidémiologie du lymphoedème après cancer du sein, les douleurs postmastectomie, et les troubles fonctionnels et douloureux de l’épaule après chirurgie
mammaire restent encore des domaines où il reste de nombreuses inconnues.
207
Les limites de ce travail résident donc dans le manque de données bibliographiques
probantes mais aussi à cause des aspects organisationnels de notre région (déserts
médicaux à venir, manque de praticiens formés…)
L’Impact des outils
Rappelons que ces travaux sont destinés à fournir une aide pour les patientes et les
praticiens dans leur pratique quotidienne. Ils seront proposés pour faire partie des
outils de référence régionale pour une utilisation commune sur le territoire de santé
Bas-Normand dans le projet de coordination régionale des soins de support.
Nous pourrions alors nous demander comment vont être utilisés ces outils en
pratique quotidienne et nous interroger sur l’amélioration et l’efficacité des soins
qu’ils pourront amener. Cela pourrait faire l’objet d’un sujet de recherche intéressant.
Par ailleurs, il est recommandé dans les deux outils de faire appel à des professionnels
formés dans le prise en charge du lymphoedème : kinésithérapeutes ou pharmaciens par
exemple mais nous avons vu que ceux-ci sont peu nombreux sur notre territoire et qu’il
existe un vrai problème pour l’accès aux soins dans ce domaine-là. Nous soulevons donc
un problème en aval de l’outil : l’accès au soin. C’est un biais que nous n’avons pas
vraiment pris en compte dans la question de l’utilité de l’outil pour l’amélioration
des soins. Admettons que l’attrait pour le sujet du lymphoedème devienne de plus en
plus important, et ce grâce à l’implication des médecins traitants et des patientes, nous
pouvons espérer voir naître un engouement pour la formation des professions
paramédicales dans le domaine.
208
Nombreux sont les médecins et soignants qui restent encore désarmés devant la prise
en charge du lymphœdème en général, ainsi nous pouvons espérer que ces outils
apporterons un soutien pour sa prise en charge en médecine ambulatoire.
Perspectives d’avenir
Nous espérerons voir apparaître un engouement sur le sujet de la douleur chronique
séquellaire et le lymphœdème après chirurgie du cancer du sein, voir naître des études
sur le sujet à fortiori de bon niveau de preuve.
Comme nous l’avons dit, une étude de l’impact des outils réalisés sur la prévention
active personnelle des patientes et sur la pratique quotidienne des praticiens et
soignants prenant en charge les patientes atteintes de lymphoedème serait fort
intéressante par la suite.
De même, une nouvelle organisation de prise en charge en ville de ces patientes avec la
création d’annuaires de correspondants qualifiés (kinésithérapeutes, oncopsychologues,
médecins généralistes formés en soins de support) serait très enviable, et pourquoi ne
pas instaurer la création d’un diplôme universitaire qualifiant en soins de support
oncologiques pour les médecins généralistes ?
209
Conclusion
Le suivi post-thérapeutique des patientes traitées pour cancer du sein concerne tous les
soignants. Il concerne d’abord le médecin traitant, qui sera souvent sollicité en premier
en cas de problème. Dans sa fonction de dépistage d’une récidive, de recherche des
séquelles thérapeutiques, de l’évaluation des besoins en soins de support et dans son
aide à la réinsertion psychosociale, il doit servir de pierre angulaire entre les
intervenants dans la prise en charge post-thérapeutique.
La mise en évidence précoce des séquelles après traitement du cancer du sein reste
essentielle pour une prise en charge rapide évitant une pérennisation vers la chronicité.
Leur dépistage doit être effectué dès les premières visites de consultation de
surveillance.
Les difficultés diagnostiques sont fréquentes et les problèmes souvent intriqués ;
Devant la complexité et la diversité sémiologique rencontrée, associant douleurs,
pathologies
de
l’épaule,
gêne
psychologiques, le médecin
fonctionnelle
liée
au
lymphoedème,
troubles
traitant devra souvent faire appel à un
avis
pluridisciplinaire.
L’écoute attentive des patientes et l’examen clinique bien conduit permet d’établir un
diagnostic premier basé sur la connaissance de l’ensemble de ces syndromes douloureux
décrits et rapportés depuis longtemps dans la littérature.
Les médecins généralistes ont vivement fait connaître leur besoin de soutien et
d’informations sur la prise en charge des pathologies en lien avec des soins de support
très spécifiques en oncologie.
210
La réalisation de ces outils, destinés aux patients et soignants, soutien dans la pratique
quotidienne, sera peut-être le moyen de diffuser l’information et permettra peut-être de
faciliter la coordination des soins, mais aussi d’encourager la participation active des
patientes dans leur démarche de soins et de réinsertion.
Médecin traitant, cancérologue, rhumatologue, infirmier, pharmacien, kinésithérapeute,
psychologue : tous doivent savoir coordonner la prise en charge des leurs patients,
adaptée à leurs besoins, avec les moyens qui leur sont offerts, sur le territoire dans
lequel ils exercent. Il ne s’agit pas d’une « accumulation » de soins mais d’un « parcours »
de soins coordonné et stratégique.
Dans ce cheminement, chaque acteur de santé tâchera de trouver sa place, tout cela
dans une démarche de qualité de soins et surtout pour le respect d’une prise en charge
globale du malade.
211
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neuropathiques postopératoires. [en ligne]
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Consulté le 18/08/2012
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Consulté le 23/08/2012
220
Annexes
221
Annexe 1 : Grille d’analyse d’un document de Recommandations HAS
222
Annexe 1 bis : Tableau des Niveaux de preuve scientifiques
223
Annexe 2 : Questionnaire Douleur de Saint Antoine
224
Annexe 3 : Questionnaire DN4
225
Annexe 4 : Recommandations Pratiques Douleurs neuropathiques
chroniques SFETD
Traitements
Grade de
recommandation
AMM en
analgésie chez
l’adulte
Recommandations
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies, études négatives
dans la douleur neuropathique
du VIH)
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies)
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies)
AMM douleur
neuropathique
périphérique de
l’adulte
Recommandé en 1re intention
AMM douleur
neuropathique
Recommandé en 1re intention
AMM douleur
neuropathique
Recommandé en 1re intention
Duloxetine
A (preuve scientifique
d’efficacité dans la
polyneuropathie diabétique)
Recommandé en 1re intention
(polyneuropathie douloureuse
du diabète)
Venlafaxine
A (preuve scientifique
d’efficacité dans la
polyneuropathie sensitive)
AMM douleur
neuropathique
diabétique
périphérique chez
l’adulte
Pas d’AMM
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies mais études négatives
dans les neuropathies
douloureuses du diabète)
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies mais études négatives
dans la radiculopathie
lombosacrée et la douleur après
AVC)
AMM douleur
neuropathique
périphérique de
l’adulte
Recommandé en 1re intention
AMM douleur
neuropathique
périphérique et
centrale de l’adulte
Recommandé en 1re intention
A (preuve scientifique
d’efficacité dans la
polyneuropathie diabétique y
compris pour l’association avec
le paracétamol)
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies)
AMM douleur modérée
à intense
Recommandé en 2nde intention
ou en 1re intention si crises
douloureuses ou douleur
inflammatoire associée
AMM douleurs
persistantes intenses
ou rebelles aux autres
antalgiques, en
particulier douleur
d’origine cancéreuse
AMM douleur
chronique d’origine
cancéreuse intenses ou
rebelles aux
antalgiques de niveau
plus faible
AMM douleur
neuropathique postzostérienne
Recommandé en cas d’échec
des traitements précédents
Antidépresseurs tricycliques
Amitriptyline
Imipramine
Clomipramine
Antidépresseurs ISRNA
Recommandé en 2nde intention
Antiépileptiques
Gabapentine
Prégabaline
Opiacés
Tramadol
Sulfate de morphine
Oxycodone
A (preuve scientifique
d’efficacité dans plusieurs
étiologies)
Emplâtres de
lidocaine
A (preuve scientifique
d’efficacité dans la douleur
post-zostérienne mais une
étude multicentrique négative)
Recommandé en cas d’échec
des traitements précédents
Recommandé en 1re intention
dans la DPZ chez le sujet âgé
présentant une allodynie chez
qui les traitements systémiques
sont contre indiqués
226
Annexe
5:
Douleurs neuropathiques en
cancérologie : aide
diagnostique et thérapeutique. Réseau Régional Douleur de Basse
Normandie (2008)
DOULEURS NEUROPATHIQUES EN CANCEROLOGIE :
AIDE DIAGNOSTIQUE ET THERAPEUTIQUE
INTRODUCTION
Les douleurs neuropathiques sont fréquentes en cancérologie, elles sont rarement
isolées mais le plus souvent associées à des douleurs nociceptives (douleurs mixtes) ; les
reconnaître, les évaluer, les traiter optimise la prise en charge du patient.
DEFINITION
Douleur en rapport avec une lésion nerveuse centrale ou périphérique, quel qu’en soit la
cause :
⇒ Douleurs Spontanées
• fond continu : brûlure, étau, arrachement, broiement…..
• et/ou paroxysmes : inattendues, en éclair, décharges électriques, élancements….
⇒ Douleurs Provoquée :
• allodynie : douleur provoquée par un stimulus qui normalement ne produit pas de
douleur
• et/ou hyperalgésie : réponse exagérée à une stimulation qui normalement est
douloureuse
⇒ Sensations anormales non douloureuses : dysesthésies et / ou paresthésies :
Fourmillements, picotements, démangeaison, engourdissement…
DIAGNOSTIC POSITIF
Le diagnostic est un diagnostic uniquement clinique, aucun examen complémentaire
n’est nécessaire.
Description douloureuse par le patient
Anomalie de la sensibilité à l’examen clinique dans un territoire neurologique
(hypo/anesthésie à une stimulation mécanique ou thermique)
Douleur provoquée à l’examen
Aide au diagnostic : QUESTIONNAIRE DN4
EVALUATION
Les échelles uni dimensionnelles de douleur (EVA, EN, EVS), validées et facile d’emploi,
peuvent être utilisées pour évaluer les différents aspects de la douleur neuropathique et
son retentissement : intensité, sommeil, activité…
227
ETIOLOGIES EN CANCEROLOGIE
⇒ Causes périphérique
-Tumorales: compression nerveuse, neuropathie paranéoplasique
-Iatrogènes: - Chirurgie (sein, thorax, ORL)
- Chimiothérapie (Cisplatine, Taxanes, Vinca-alcaloïdes)
- Radiothérapie
- Infectieuses: Zona …
- L’algo-hallucinose ou membre fantôme douloureux (sein, membre, vessie…)
- Causalgie et algodystrophie : impliquent le système sympathique
⇒ Causes centrales
- Lésion médullaire (épidurite, compression …)
- Lésion encéphalique
TRAITEMENTS
- Antiépileptiques
Prégabaline (Lyrica*):150-300mg/j (maxi 600mg/j) AMM : Douleur neuropathique
Gabapentine (Neurontin*): 1200-3600mg/j : AMM : DPZ
- Antidépresseurs tricycliques
Amitriptyline (Laroxyl*) : 5-75mg/j AMM : Algies rebelles
Clomipramine chlorhydrate (Anafranil*): 25-75mg/j
AMM : Douleur neuropathique
Tramadol
Ces molécules seront introduites progressivement, par paliers, en fonction du terrain, de
l’efficacité et des effets secondaires :
Prégabaline (Lyrica*) : palier 75 mg par semaine
Gabapentine (Neurontin*) : palier 300mg tous les 3 jours
Amitriptyline (Laroxyl*) - Clomipramine chlorhydrate (Anafranil*) : palier 10mg par
semaine en mono prise
Chez le sujet âgé : réduire les paliers du tiers
Le délai d’efficacité est de plusieurs jours à plusieurs semaines.
Autres traitements
Neurostimulation transcutanée des douleurs radiculaires
Topiques locaux : Lidocaïne (Versatis*) AMM douleur post zostérienne
Ces traitements doivent être réévalués régulièrement. Une prise en charge pluri et
interdisciplinaire (psychologique, sociale,…) peut être nécessaire.
⇒ Si inefficacité
- vérifier l’observance
- vérifier la posologie (dose maximale atteinte ?)
- rediscuter l'étiologie de la douleur
Remplacer par une autre molécule +/- palier 3 (privilégier l’oxycodone)
⇒ Si douleurs rebelles : Recours à une consultation spécialisée « Douleur »
228
Annexe 6 : Questionnaire d’auto- évaluation EORTC QLQ -BR23
229
Annexe 7 : Outils de repérage des besoins en soins oncologiques de support
pour expérimentation du Programme Personnalisé de l’Après Cancer (PPAC)
en Basse Normandie
230
231
232
233
Annexe 8 : Adresses et Liens utiles

Réseau régionale Douleur de Basse Normandie
http://www.douleur-rrdbn.org/

Unité de lymphologie de l’Hôpital des Andaines (La Ferté Macé)
Rue Sœur Marie Boitier
61 600La Ferté-Macé
Tél : 02 33 30 50 43

AVML 14 (Association Vivre mieux le lymphoedème)
Association, statut loi 1901
5, boulevard Sainte-Anne 14100 Lisieux
[email protected]
Tél : 02 31 62 61 33
Site internet : http://www.avml.fr/

Espace Social Cancer du CHU de Caen
Hall de la Tour Côte de Nacre – Niveau I
Tél. : 02 31 06 43 99
[email protected]

Espace rencontre et Information du Centre François Baclesse de Caen
Tel : 02 31 45 50 64
[email protected]

SFETD - Société Française d'Etude et de Traitement de la Douleur
http://www.setd-douleur.org/

Institut National de lutte contre le cancer
http://www.e-cancer.fr/

La ligue contre le cancer
http://www.ligue-cancer.net/

Société française de lymphologie
http://sflympho.fr/
234
« Par délibération de son Conseil en date du 10 Novembre 1972, l’Université
n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les
thèses ou mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs ».
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VU, le Président de Thèse
VU, le Doyen de la Faculté
VU et permis d’imprimer
en référence à la délibération
du Conseil d’Université
en date du 14 Décembre 1973
Pour la Présidente
de l’Université de CAEN et P.O
Le Doyen
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Titre de la Thèse
Séquelles locorégionales après traitement chirurgical du cancer du sein et suivi postthérapeutique en médecine générale - Réalisation d’outils d’aide à la prise en charge du
lymphœdème du membre supérieur après cancer du sein en Basse Normandie
Résumé
Les progrès thérapeutiques en oncologie effectués ces dernières années ont permis d’améliorer
le taux de survie après cancer du sein, impliquant une surveillance plus longue des patientes
traitées.
Près d’un tiers des patientes traitées pour cancer du sein sont touchées par des troubles
fonctionnels ou douloureux liés au traitement chirurgical appelés syndromes séquellaires.
Comment participer à l’amélioration de leur prise en charge et de leur qualité de vie ?
Fruit d’une recherche parmi les meilleures preuves scientifiques au moment de la rédaction,
d’une évaluation de l’offre de soins de support dans notre région, des travaux réalisés par le
groupe de travail « lymphologie » du Réseau Régional Douleur de Basse Normandie, voici une
synthèse sur la prise en charge des principales pathologies séquellaires liées au traitement
chirurgical du cancer du sein, que sont le lymphoedème du membre supérieur, les douleurs
post-mastectomies, et les troubles fonctionnels de l’épaule post-mastectomie.
Les médecins généralistes ont exprimé leur besoin d’être intégrés dans la prise en charge du
patient atteint de cancer pour une participation active en tant que «coordinateur » des soins, et
leur besoin de renforcer leur formation en termes de soins oncologiques de support. Deux outils
d’aide à la prise en charge du lymphoedème du membre supérieur après cancer du sein ont été
réalisés par un groupe de travail pluridisciplinaire : un outil d’information pour la prévention du
lymphoedème du membre supérieur destiné aux patientes et un autre à l’usage du médecin,
pour une aide à la prescription thérapeutique pour la prise en charge lymphoedème du membre
supérieur.
Mots clés
Médecine générale
Sein--Cancer--Chirurgie--Complications
Soins de support
Lymphoedème
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