COUP D’ŒIL Médecine & enfance EXAMEN ÉRIC Un nourrisson de sept mois est amené par sa maman pour une éruption cutanée évoluant depuis dix jours. L’éruption a débuté au niveau des pieds puis s’est étendue aux mains, au torse et au visage. Une fièvre à 39 °C était présente les trois premiers jours. La fièvre a disparu mais une éruption prurigineuse persiste, qui reste prédominante au niveau des pieds (photos ci-dessous). Quel est votre diagnostic ? EXAMEN PIERRE Cet enfant de cinq ans est adressé en consultation pour un érythème périanal évoluant depuis quinze jours. On apprend qu’il est constipé et qu’il souffre de douleurs à la défécation. A l’examen, on note un érythème périanal rouge vif, suintant et saignotant, accompagné de petites vésicules périphériques (photo cidessous). Le reste de l’examen est normal. Les différents traitements locaux prescrits jusqu’à présent sont restés inefficaces (Aloplastine®, Bépanthène®, antifongique local). Quel est votre diagnostic ? S. Parets, R. Bouiche, service de pédiatrie, centre hospitalier Sud francilien, Evry Rubrique dirigée par A. Mosca, alexis.mosca@ ch-sud-francilien.fr Voir les diagnostics page suivante ➝ juin 2011 page 249 Médecine & enfance DIAGNOSTIC ÉRIC Il s’agit d’un syndrome de Gianotti-Crosti ou acrodermatite érythématopapuleuse infantile. C’est une éruption maculopapuleuse érythémateuse et prurigineuse qui touche les enfants entre huit mois et quatre ans. Classiquement, elle est composée de nombreuses petites papules roses de 5 à 10 mm qui ont tendance à confluer. Ces papules siègent au niveau des mains, des plantes des pieds, des jambes, des avant-bras, des coudes, des genoux, de la face et du siège. En général, le tronc est respecté. Il peut s’y associer des adénopathies discrètes, une hépatomégalie, une splénomégalie, une diarrhée, voire une altération de l’état général. Il s’agirait d’une réaction d’hypersensibilité de type IV à des antigènes bactériens ou viraux. Différents virus peuvent être en cause : Epstein-Barr Virus (EBV) dans plus de 75 % des cas ; virus des hépatites A, B ou C ; virus Cocksackie, écho-virus, virus respiratoire syncytial (VRS), parvovirus B19, virus de la rubéole, adénovirus, rotavirus. Rarement, ce syndrome Pour en savoir plus Sur le syndrome de Gianotti-Crosti : CAPUTO R., GELMETTI C., ERMACORA E. et al. : « Gianotticrosti syndrome : a retrospective analysis of 308 cases », J. Am. Acad. Dermatol., 1992 ; 26 : 207-1. CHUH A.A. : « Diagnostic criteria for Gianotti-Crosti syndrome : a prospective case-control study for validity assessment », Cutis, fait suite à une vaccination (diphtérie, coqueluche, grippe). Le diagnostic est clinique. On recherchera une atteinte hépatique par le dosage des transaminases. Le diagnostic différentiel principal est la dermatite atopique. Cette éruption guérit spontanément au bout de deux à huit semaines. Aucun traitement spécifique n’est nécessaire. Le traitement est uniquement symptomatique. Il s’agit d’une anite (ou dermatite périanale) streptococcique. Elle est causée par le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (non saprophyte). L’âge moyen de survenue est de cinq ans (sept mois à douze ans) et elle est plus fréquente chez les garçons. Cliniquement, elle se présente comme un érythème rouge vif, à limites nettes, parfois associé à un œdème ou à un suintement séreux ou séro-hématique. Cet érythème s’accompagne parfois d’excoriations, de fissures et d’une hyperpigmentation dans les formes an- ciennes. Une extension vulvaire est possible chez les filles. Ces lésions sont associées à un prurit localisé, des douleurs à la défécation avec constipation réflexe, des rectorragies minimes et parfois une éruption vésiculeuse. L’état général est toujours conservé, sans fièvre. On retrouve, de façon inconstante, une pharyngite ou un impétigo dans les jours précédents. Le diagnostic est posé par la réalisation d’un prélèvement périanal et pharyngé recherchant le streptocoque à l’aide d’un test de diagnostic rapide (TDR, StreptAtest®). Les principaux diagnostics différentiels sont la candidose, l’oxyurose et la dermatite séborrhéique. Le traitement consiste en une antibiothérapie orale par amoxicilline (50 mg/kg/j en 3 prises pendant 15 à 21 jours) ou céfuroxime (30 mg/kg/j en 2 prises pendant 8 jours). La guérison sous traitement est rapide. La mise en place d’un traitement antibiotique oral adapté limite le risque de morbidité secondaire (rhumatisme articulaire aigu, glomérulonéphrite aiguë poststreptococcique) en cas de portage rhinopharyngé, qui est souvent associé. 첸 2001 ; 68 : 207-13. « Gianotti et Crosti » (Au coin du web), Méd. Enf., 2006 ; 26 : 427-8. Sur l’anite streptococcique : SOUILLET A.L., TRUCHOT F., JULLIEN D. et al. : « Anite périanale streptococcique », Arch. Pédiatr., 2000 ; 7 : 1194-6. WOLLNER A., COHEN R. : « Infections inhabituelles à streptocoque du groupe A : comment les diagnostiquer et les traiter ? », Méd. Enf., 2001 ; 21 : 19-21. ECHEVERRIA FERNANDEZ M., LOPEZ-MENCHERO OLIVA J.C., MARANON PARDILLO R. et al. : « Isolation of group A beta-hemolytic Streptococcus in children with perianal dermatitis », An. Pediatr. (Barc.), 2006 ; 64 : 153-7. NAVARINI-MEURY S., ERB T., SCHAAD U.B., HEININGER U. : « Randomized, comparative efficacy trial of oral penicillin versus cefuroxime for perianal streptococcal dermatitis in children », J. Pediatr., 2008 ; 153 : 799-802. DIAGNOSTIC PIERRE juin 2011 page 250