Dysfonction érectile Des répercussions sur la qualité de vie Si les causes organiques expliquent jusqu’à 85 % des cas de dysfonction érectile, les facteurs psychologiques, et notamment l’anxiété de non-performance, peuvent entretenir le cercle vicieux de l’échec. C’est dire l’importance d’une prise en charge globale du patient. S i la plupart des hommes connaissent, au cours de leur vie, des difficultés d’érections ponctuelles, nombre d’entre eux ont des troubles permanents d’intensité et de retentissement variables. Selon une grande étude américaine, la dysfonction érectile touche environ 10 % des hommes entre 40 et 70 ans dans la population générale et atteint 30 % chez les cardiaques traités, 28 % chez les diabétiques traités et 15 % chez les hypertendus traités. En France, près de 500 000 personnes sont concernées par une dysfonction érectile d’origine organique, qu’elle soit vasculaire (40 % des cas), endocrinienne (30 % des cas) ou neurogène (traumatisme de la moelle épinière, sclérose en plaques, séquelles de la chirurgie de la prostate). A noter : dix ans après le diagnostic de diabète, 50 % des hommes diabétiques souffrent d’insuffisance ou d’absence d’érection et ce chiffre s’élève à 60 % lorsque la maladie évolue depuis plus de 15 ans. A côté de la durée du diabète et de son équilibre, d’autres facteurs peuvent intervenir dans l’apparition de la dysérection telles les répercussions psychologiques induites par la présence de diabète. Il convient donc d’évaluer le degré d’acceptation ou de refus de la maladie, les difficultés sous-jacentes des couples ou les troubles de l’humeur du patient. Comme le rappelle le Dr André Corman (sexologue à Toulouse), « lorsque le couple avait une sexualité heureuse et sereine avant l’apparition du trouble érectile, le traitement médical peut être suffisant pour retrouver un certain équilibre, et ce, malgré une atteinte organique. 10 En fait, il est fréquent que l’anxiété majeure (“l’échec induit l’échec”) entretienne le dysfonctionnement érectile, d’autant que les hommes et les femmes confondent souvent désir avec érection ». Accompagner le couple Si la partenaire est souvent attentiste dans un premier temps et incrimine le stress ou la fatigue, en cas de persistance du trouble, elle peut se culpabiliser, et les frustrations répétées peuvent induire un comportement agressif et aggraver la mésentente. D’où l’importance d’un soutien psychologique, voire d’une approche sexologique tenant compte de l’origine multifactorielle de la dysfonction érectile, l’objectif de l’accompagnement de la prescription d’un traitement médical n’étant pas seulement de rétablir une érection mais aussi de permettre une sexualité satisfaisante. En cas d’inefficacité ou de contreindication des traitements oraux, les urologues (en collaboration avec les sexologues) proposent le traitement local à base d’une prostaglandine, l’alprostadil, qui favorise l’afflux sanguin et donc une érection. C’est un traitement médicamenteux efficace, permettant d’obtenir une érection rigide en 5 à 10 minutes chez 88 % des patients non répondeurs au sildénafil, quelle que soit l’origine de la dysfonction érectile. Chez les diabétiques, ce traitement est recommandé en première intention (92 % de répondeurs). Les points faibles des injections intracaverneuses sont leur caractère invasif (certains hommes ont peur des piqûres et des complications éventuelles) et le risque d’une érection Professions Santé Infirmier Infirmière - No 41 - novembre 2002 prolongée qui est de l’ordre de 1 à 2 %. Quant à la douleur pendant l’érection, elle est devenue rare depuis que l’on recommande de déterminer la dose efficace la plus faible (en démarrant par 5 ou 10 microgrammes). Certes, le produit est facile à utiliser avec sa cartouche bicompartiment permettant de limiter les risques de contamination bactériologique. Toutefois, l’apprentissage des autoinjections intracaverneuses en milieu médical est indispensable. En général, deux à trois consultations sont suffisantes. Le médecin aidé par une infirmière rappellera les notions d’hygiène (pas toujours évidentes pour tous les patients) et apprendra au patient à repérer des zones à piquer sur une pièce anatomique de démonstration ainsi qu’à utiliser l’injecteur et la cartouche. L’accueil du patient se fait dans une salle de soins avec un panneau sur la porte interdisant d’entrer, la mise en confiance étant essentielle. Il faut souligner que l’infirmière ne doit pas éluder le problème, car c’est souvent vers elle que le patient exprime ses angoisses, notamment après un incident cardiaque par exemple. Les hommes confrontés à un trouble de l’érection évoquent un sentiment d’isolement, une perte de confiance en soi. Il y a 4 ans : le sildénafil Il y a maintenant quatre ans que la petite pilule bleue (sildénafil) est sur le marché. Sa mise à disposition, en septembre 1998, a amorcé une réflexion sur la prise en charge médicale et thérapeutique des troubles de l’érection. Fortement médiatisée, elle a eu le mérite de sensibiliser les professionnels de santé, les pouvoirs publics et le grand public sur ce sujet tabou appelé aujourd’hui troubles de l’érection pour ce qui était l’impuissance de jadis. Le Brèves... silence a été rompu et les souffrances s’expriment enfin. Le sildénafil est un inhibiteur sélectif d’une enzyme : la phophodiestérase de type 5 (PDE5), spécifiquement responsable de la dégradation de la guanosine monophosphate cyclique (GMPc) dans les fibres musculaires lisses de la paroi vasculaire des corps caverneux de la verge. En inhibant la PDE5, la molécule s’oppose à la dégradation du GMPc, ce qui accroît l’afflux sanguin dans le pénis et provoque l’érection. Une étude américaine menée auprès de 500 patients traités avec le sildénafil pendant 6 mois montre une amélioration globale de la qualité de vie (67 %), une amélioration de la relation sexuelle (75 %), une reprise de la confiance en soi (60 %), une plus grande proximité avec leur partenaire (82 %). Pour 9 hommes sur 10, l’activité sexuelle est concentrée sur une plage de 4 heures maximum et pas au-delà. Il faut rappeler que la pilule ne se substitue en aucun cas au désir sexuel, indispensable pour que le produit agisse sur la fonction érectile. Depuis le lancement du médicament, de nombreuses informations ont permis de mieux cerner le mécanisme d’action et de bien identifier les types d’événements indésirables rencontrés après utilisation du produit en pratique quotidienne, notamment auprès de patients atteints d’affections cardiovasculaires. En septembre 2001, l’AFSSAPS rappelait d’ailleurs les contre-indications et les précautions d’emploi du sildénafil. Ainsi ce dernier peut être prescrit chez un coronarien stable, actif, asymptomatique à l’épreuve d’effort. Chez ces patients, la prise de dérivés nitrés est toujours considérée comme une contre-indication formelle. Application inattendue : le sildénafil fait l’objet de recherches dans le traitement de certaines affections cardiaques, notamment du fait du signalement, par cer- tains auteurs, des effets vasodilatateurs dans certains cas d’hypertension artérielle pulmonaire, en particulier en pédiatrie. Un programme d’études cliniques a été mis en route dans ce domaine. Un marché prometteur D’autres laboratoires se sont lancés sur ce marché. Des résultats d’un essai clinique à grande échelle portant sur le vardénafil ont été publiés. Ce nouvel inhibiteur sélectif de la phosphodiestérase 5 (PDE5), classe à laquelle appartient le sildénafil, aurait pour principal avantage un délai d’action plus court, une efficacité en cas de dysfonction érectile organique, psychogène ou mixte. Quant à l’IC 351 développé par un autre laboratoire, il inaugure une nouvelle génération. Plusieurs essais en phases II et III ont été menés. Au sein des molécules de la même classe, les possibilités de différenciation concerneront surtout la durée de l’effet des produits et leurs effets secondaires. A ce jour, on ne dispose pas d’essais comparatifs entre la fameuse pilule bleue et les autres molécules de la même famille avec un bras placebo. Une actualité à suivre. L.C. L’obtention du remboursement du traitement local par injection dans certaines indications représente un progrès médical (ce qui n’est pas le cas du traitement oral). La prescription peut être rédigée sur une “ordonnance de médicament d’exception” en cas de paraplégie et de tétraplégie, de traumatisme du bassin compliqué de troubles urinaires, de séquelles de la chirurgie (anévrismes de l’aorte, cystectomie, prostatectomie, exérèse colorectale) ou de radiothérapie abdomino-pelvienne, de séquelles du priapisme, de sclérose en plaques et de neuropathie diabétique avérée. Handicap et sexualité La sexualité des handicapés sort difficilement de la clandestinité. Ces personnes ont longtemps été considérées comme asexuées et les institutions ont pendant des années préféré fermer les yeux sur leur vie sexuelle. Pourtant, chaque année, 400 à 700 hommes et femmes deviennent tétraplégiques. Certains souffrent de handicaps d’origine génétique, apparaissant dès la naissance ou à l’âge adulte, d’autres de maladie neurologique évolutive. Les associations s’indignent de la misère sexuelle, revendiquent la libération de la parole et le droit au plaisir. Un changement de mentalité s’impose car de nombreuses questions demeurent dans l’esprit de l’handicapé quant à son image et à l’intégration de ce “corps modifié”. Des morts évitables selon l’OMS Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 50 % des morts et des incapacités résultant des maladies cardiovasculaires et des accidents cérébrovasculaires, responsables au total de 12 millions de décès par an dans le monde, pourraient être évités au moyen de mesures nationales simples, peu coûteuses et efficaces, et d’actions individuelles pour réduire les principaux facteurs de risque, comme l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’obésité et le tabagisme. Paludisme L’annonce du décryptage de deux génomes – celui du parasite Plasmodium falciparum, agent causal du paludisme le plus dangereux, et celui du moustique Anopheles gambiae, vecteur majeur du parasite – marque un tournant pour la santé publique au plan mondial. Désormais, les instruments les plus perfectionnés de la science sont tournés contre l’un des fléaux les plus meurtriers pour le monde en développement. Le paludisme touche plus de 300 millions de personnes chaque année, tuant plus d’un million d’entre elles dont 90 % sont des enfants de moins de cinq ans. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 41 - novembre 2002 11