¶ 25-150-A-30 Intoxication éthylique aiguë J.-M. Philippe, C. Sureau, D. Ruiz, S. Teil L’intoxication éthylique aiguë (IEA) est fréquente en France et touche principalement les hommes mais aussi les femmes, les préadolescents et les adolescents. Les méthodes d’évaluation de l’alcoolémie les plus couramment utilisées sont le dosage dans le sang et la mesure de l’éthanol dans l’air expiré. Les manifestations cliniques de l’IEA sont dépendantes de nombreux facteurs. Trois formes cliniques sont habituellement définies : l’IEA isolée, l’IEA avec agitation psychomotrice, et l’IEA avec troubles de la vigilance. En médecine d’urgence, l’IEA est répartie en deux catégories : l’IEA non compliquée et l’IEA compliquée. Celle-ci se définit par l’ingestion d’alcool en quantité excessive associée à une autre pathologie neurologique, pulmonaire, un trouble de la thermorégulation, un trouble métabolique, une anomalie cardiaque, une agitation, un traumatisme ou à une autre intoxication. Chez l’enfant et l’adolescent, l’IEA est une conduite à risque dangereuse qui peut être considérée comme un équivalent suicidaire et nécessiter une prise en charge spécialisée. La stratégie de prise en charge d’une IEA repose sur la recherche des éléments de gravité, le recueil de l’anamnèse et des antécédents. L’examen clinique doit être complet et minutieux. La mesure de température, de la glycémie capillaire et de la SpO2 doit être systématique. L’électrocardiogramme, les examens biologiques et l’imagerie permettent de rechercher les éventuelles complications. L’affirmation de l’IEA se fait par le dosage de l’alcoolémie. Le recours à la tomodensitométrie cérébrale doit être large devant tout signe neurologique, stigmate de traumatisme crânien ou trouble de la conscience non corrélé avec l’alcoolémie mesurée. La prise en charge de l’IEA non compliquée repose sur la surveillance clinique. Celle de l’IEA compliquée se fait en fonction de chaque tableau clinique. La prise en charge de l’IEA de l’enfant et de l’adolescent repose sur une hospitalisation systématique de 72 heures avec évaluation pédopsychiatrique. Tout patient présentant une IEA non compliquée doit être surveillé au mieux dans une unité d’hospitalisation de courte durée jusqu’à ce qu’il retrouve une fonction relationnelle normale et qu’il ne présente pas de troubles du comportement ou de la vigilance. Un patient en IEA n’est pas en état d’exprimer un consentement légalement recevable, la sortie contre avis médical n’a donc aucune valeur. L’IEA dans un service d’urgences ne doit pas être banalisée car elle témoigne d’un mésusage, voire d’une alcoolodépendance. Après la phase aiguë, une évaluation alcoologique doit être réalisée. L’objectif est de proposer au patient une démarche thérapeutique. La rédaction d’un certificat de non-hospitalisation dans le cadre d’une ivresse publique manifeste constitue un acte médical à haut risque. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Intoxication aiguë par l’éthanol ; Intoxication aiguë par l’alcool ; Alcoolisation massive Plan ¶ Introduction 2 ¶ Épidémiologie Type de consommation Pathologies associées Modification des comportements 2 2 2 2 ¶ Toxicologie Toxicocinétique et métabolisme Méthodes d’évaluation de l’alcoolémie 3 3 4 ¶ Formes cliniques Intoxication éthylique aiguë non compliquée Intoxication éthylique aiguë compliquée Cas particulier de l’intoxication éthylique aiguë de l’enfant et de l’adolescent 4 4 4 Médecine d’urgence 5 ¶ Stratégie de prise en charge Recherche des éléments de gravité immédiats Abord du patient alcoolisé Recueil de l’anamnèse et recherche des antécédents Examen clinique Affirmer le diagnostic Examens complémentaires Rechercher les complications Diagnostic différentiel 5 5 5 5 5 5 5 6 6 ¶ Prise en charge de l’IEA non compliquée 6 ¶ Prise en charge de l’IEA compliquée Complications neurologiques Complications cardiaques et hémodynamiques Complications pulmonaires Complications métaboliques et hydroélectrolytiques 6 6 9 9 9 1 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë Complications thermiques Complications digestives Complications musculaires Complications infectieuses Complications allergiques Complications et associations traumatiques Associations toxiques 9 10 10 10 10 10 10 ¶ Prise en charge de l’IEA de l’enfant et de l’adolescent 10 ¶ Problématique du sevrage Diagnostic et étiologie Traitement 11 11 11 ¶ Orientation et organisation du suivi des patients Critères d’hospitalisation Prise en charge à l’issue de la phase aiguë Cas particulier de l’ivresse publique manifeste 11 11 12 12 ¶ Conclusion 15 ■ Introduction L’intoxication éthylique aiguë (IEA) est l’intoxication la plus fréquente en France. Les services d’accueil des urgences sont souvent confrontés aux problèmes de mésusage ou de dépendance vis-à-vis de l’alcool. Toutefois, l’alcoolémie n’est positive que chez 85 % des patients admis aux urgences pour une IEA supposée [1] . L’IEA est une intoxication banalisée car trop souvent ce diagnostic est porté par excès, en particulier chez des patients en situation de précarité. L’IEA est rarement isolée et peut être associée à des pathologies sévères somatiques et psychiatriques. Par ailleurs, de nombreuses pathologies graves peuvent simuler une IEA. Le patient qui présente des signes d’IEA doit bénéficier d’une approche diagnostique rigoureuse et d’une prise en charge adaptée. L’IEA non compliquée doit rester un diagnostic d’élimination. La mission du médecin urgentiste est avant toute chose la prise en charge de l’intoxication et de ses éléments de gravité mais le service d’accueil des urgences doit être également un lieu de dépistage et de prise en charge du mésusage et de ses conséquences. L’objectif de cet article est de donner les éléments du diagnostic, de préciser la prise en charge de l’IEA, d’indiquer ses complications et de proposer les éléments de la prise en charge à l’issue de la phase aiguë. ■ Épidémiologie Type de consommation L’alcool est la substance psychoactive la plus utilisée en France [2]. Plus de 97 % des personnes âgées de 15 à 75 ans ont consommé de l’alcool et seulement 2,8 % affirment n’avoir jamais bu aucune boisson alcoolisée [3]. En France, en 2000, le nombre de séjours hospitaliers pour IEA était estimé à 54 233 [4]. Aux États-Unis, plus de 75 000 décès par an sont liés à une consommation excessive d’alcool [5]. Une étude anglaise a montré que 29 % des entrées dans les services d’urgences (SU) concernaient un problème d’alcool [6]. Depuis plusieurs années, le mésusage de l’alcool se développe dans la population féminine. La proportion de femmes présentant un problème de consommation d’alcool est passée de 5,5 % en 1977 à 12,2 % en 2002 [7]. Si la prise en charge somatique de l’IEA est bien codifiée dans les SU, la prise en charge alcoologique est encore très peu développée. Seuls 2 % des sujets arrivant aux urgences pour IEA avec une consommation pathologique d’alcool ont une proposition de prise en charge spécialisée en alcoologie [8]. Pathologies associées Dans les SU, l’IEA est souvent associée à d’autres pathologies : des traumatismes dans 5 % à 50 % des cas, des pathologies médicales dans 4 % à 7 % des cas, des affections psychiatriques dans 30 % des cas, des tentatives de suicide dans 10 % à 75 % des cas et des violences dans 15 % à 25 % des cas [9, 10]. La consommation d’alcool est aussi un facteur aggravant pour la 2 fréquence des traumatismes, pour leur violence et leur gravité [11]. Le risque de traumatisme augmente dès la première consommation d’alcool. Ce risque s’accroît nettement lorsque le sujet consomme au moins six verres par jour [12]. Pour ces personnes, le risque de traumatisme intentionnel est plus grand que celui de traumatisme involontaire. Le risque traumatique lié à la prise d’alcool se retrouve dans toutes les tranches d’âge. Dans une étude finlandaise, l’alcoolémie était positive chez 19 % des patients et chez 16 % des patientes consultant pour une fracture de hanche. Les patients âgés de 65 à 74 ans étaient plus nombreux à avoir consommé de l’alcool que les plus de 75 ans (p < 0,001) [13]. L’IEA favorise aussi les comportements sexuels à risques : partenaires multiples, absence de dispositif de protection et de contraception [14-16]. L’IEA est également un facteur de risque d’agressions sexuelles. Ainsi, aux États-Unis, une consommation d’alcool est rapportée dans près de la moitié des cas d’agressions sexuelles, que ce soit pour l’agresseur, la victime ou les deux [17]. Pendant les deux dernières décennies, la typologie de la consommation aiguë d’alcool a évolué. L’intoxication de type binge drinking qui peut être traduit par « alcoolisation massive » est devenue de plus en plus fréquente dans toutes les tranches d’âge. Elle se définit comme la prise, lors d’une même occasion, d’au moins cinq verres d’alcool chez l’homme adulte et d’au moins quatre chez la femme. Le binge drinking est clairement une conduite addictive à haut risque, notamment sur le plan traumatologique (accident de la voie publique, rixe, etc.) et sur le plan social (désinhibition avec majoration de l’agressivité et des comportements violents) [16, 18] . Depuis longtemps, la prise d’alcool est connue comme modifiant les capacités de jugement et le comportement des conducteurs. Une étude prospective italienne portant sur des patients de plus de 14 ans consultant après un accident de la voie publique rappelle qu’une alcoolémie supérieure ou égale à 0,5 g/l est un facteur de risque de traumatisme, mais également de gravité du traumatisme. L’IEA peut aussi perturber le diagnostic clinique de certains traumatismes lors de l’examen initial contribuant ainsi à leur méconnaissance [19]. Une étude slovène a retrouvé une alcoolémie positive dans 69 % des suicides par armes à feu et dans 56 % des suicides par intoxication [18]. Modification des comportements Chez les adolescents, l’alcool est, avec le tabac, la substance la plus fréquemment expérimentée entre 12 et 18 ans. Le comportement des adolescents vis-à-vis de l’alcool devient de plus en plus comparable à celui des adultes. L’alcool n’est plus un produit seulement « festif » car son usage régulier est en hausse [20, 21] . Plus de 50 % des alcoolisations chroniques débutent avant l’âge de 20 ans [20]. L’alcoolisation aiguë massive s’inscrit désormais clairement comme un problème de santé publique pour les mineurs de plus de 12 ans. Dans une étude américaine, 44,9 % des lycéens rapportaient avoir consommé de l’alcool dans le mois écoulé. Ils étaient 28,8 % à déclarer avoir bu au moins cinq verres d’alcool lors d’une même occasion [22]. L’alcoolisation massive a des conséquences sociales et médicales maintenant bien connues. Elle est plus facilement associée à l’échec scolaire, à des conduites sexuelles à risque, à des agressions sexuelles, à des tentatives de suicide, à des addictions associées, à des comportements à risques sur la route et à des comportements violents [16, 23]. Une étude prospective multicentrique française a porté sur l’IEA identifiée comme motif de consultation aux urgences avec une alcoolémie positive chez des patients mineurs de plus de 12 ans. Une conduite à risque était retrouvée chez 65 % des patients toutes causes confondues : tentative de suicide pour 9,5 % ; fugue pour 17,5 % et accident de la voie publique pour 12,7 %. Le but de l’ingestion d’alcool était suicidaire dans 8 % des cas. L’IEA était associée à la prise de cannabis chez 11 % des patients ou à une intoxication médicamenteuse chez 4,8 % d’entre eux [24]. Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 ■ Toxicologie Toxicocinétique et métabolisme L’éthanol, connu également sous le nom d’alcool éthylique ou simplement alcool, est un toxique d’usage courant en France (Fig. 1). La consommation annuelle par habitant en France était en 2005 de 3,4 litres d’alcool pur [25]. Les boissons alcoolisées sont caractérisées au regard de la législation par le terme de degré alcoolique (d °) qui indique le volume d’alcool pur contenu dans 100 volumes de boisson. Ainsi, les spiritueux obtenus par distillation (whisky, gin, vodka, cognac) contiennent de 40 % à 50 % d’éthanol. Les vins renferment de 11 % à 13 % d’éthanol. Quant aux bières, la quantité d’éthanol s’échelonne de 2 % à 6 %. Cette notion de degré d’éthanol est parfois trompeuse. Il est donc important d’introduire la notion d’unité d’alcool. La taille et la forme traditionnelles des verres sont adaptées au volume d’alcool contenu dans les différentes boissons alcoolisées et contiennent pratiquement la même quantité d’alcool soit environ 10 g d’éthanol pur et correspondent à ce que l’on appelle une unité d’alcool (Fig. 2). Rappelons que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit comme acceptable une consommation d’éthanol n’excédant pas 21 unités d’alcool par semaine chez l’homme sans dépasser quatre unités par occasion de boire. Chez la femme, le maximum toléré est de 14 unités sans dépasser deux unités par occasion de boire. L’éthanol est une petite molécule pourvue d’un radical OH de formule chimique : CH3CH2OH et d’un poids moléculaire de 46,07 daltons. Ce liquide incolore, volatil, inflammable, d’odeur caractéristique et de saveur brûlante, est soluble dans l’eau et dans les graisses. L’absorption de l’éthanol est quasi immédiate par diffusion passive à travers la muqueuse gastrique (20 %) mais surtout du Figure 1. Molécule d’éthanol. = = = Verre de porto Coupe de champagne Ballon de vin 1 unité d’alcool = Demi de bière = Verre de whisky = Verre de pastis Figure 2. Équivalence des verres. Médecine d’urgence duodénum et du jéjunum proximal (80 %). À jeun, la concentration maximale sanguine est atteinte en 30 minutes [26]. La distribution de l’éthanol est très rapide pour tous les organes très vascularisés (cerveau, poumon, foie) avec une demi-vie de distribution de 7 à 8 minutes [27]. L’éthanol est éliminé pour près de 90 % à 95 % par voie métabolique. Le reste est excrété sous forme inchangée par les poumons. La clairance pulmonaire est estimée, pour un sujet d’un poids de 70 kg, à 0,16 l/h [28]. L’éthylométrie (mesure de l’alcool expiré) est un bon reflet de l’éthanolémie car le rapport de la concentration de l’éthanol entre le sang et l’air alvéolaire est fixe (1/2 100). Les reins excrètent l’éthanol à raison de 0,06 l/h et la sueur à raison de 0,02 l/h pour un sujet d’un poids de 70 kg [28]. L’éthanol est également éliminé dans la salive et le lait maternel [29]. Le métabolisme de l’éthanol comprend deux étapes : • L’oxydation en acétaldéhyde sous l’action de l’alcooldéshydrogénase (ADH) principalement au niveau des hépatocytes : CH3CH2OH + NAD+ ↔ NADH + H+ + CH3CHO L’action de l’ADH est complétée par deux autres systèmes oxydatifs : Le système microsomal ethanol oxydizing system (MEOS) et la voie de la catalase ; • l’oxydation de l’acétaldéhyde en acétate est dépendante de l’acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH) en présence de NAD+ : CH3CHO + NAD+ ↔ CH3COOH + NADH + H+ La capacité de métabolisation de l’éthanol est plus importante chez l’éthylique chronique : 175 mg/kg/h contre 100 à 125 mg/kg/h chez le buveur occasionnel. La dose létale estimée pour un adulte serait de 300 ml à 400 ml d’éthanol ingéré en moins de 1 heure, mais il existe des variabilités interindividuelles considérables [30]. La toxicité fonctionnelle de l’éthanol sur le système nerveux central (SNC) est liée à son action sur la membrane cellulaire des neurones. Cette petite molécule est très diffusible et peu spécifique et modifie directement la structure des membranes neuronales en la désorganisant, en particulier en fluidifiant la structure phospholipidique. Cet effet est dose-dépendant. De cette désorganisation structurelle va procéder l’altération de certaines enzymes comme l’adénosine triphosphatase (ATPase) Na+/K+ dépendante et des récepteurs des neurotransmetteurs au niveau des synapses. La modification de cette enzyme contribue à modifier le potentiel d’action des neurones en freinant les flux membranaires de ces ions. Quant à l’altération des neurotransmetteurs, elle va perturber l’ensemble des mécanismes cellulaires en relation directe avec ces récepteurs. Les transports ioniques membranaires, en particulier le transport calcique, dont le rôle est important dans le fonctionnement cellulaire, et la neurotransmission seront perturbés [31]. Par ailleurs, certaines manifestations toxiques aiguës sont directement liées aux métabolites de l’éthanol, en particulier les radicaux libres produits par le métabolisme oxydatif de l’acétaldéhyde. L’éthanol a une activité bipolaire sur le SNC qui est dosedépendante. À faible concentration plasmatique, elle est psychostimulante et désinhibitrice. À forte dose, elle déprime le SNC, entraînant sédation, troubles de la vigilance et parfois coma. L’éthanol altère le fonctionnement du lobe frontal qui intervient en tant que modulateur des conduites instinctuelles (appétit, soif, faim et sexualité). Cette action entraîne des troubles de la coordination motrice, du jugement et des capacités d’abstraction et du langage mais aussi des fonctions cognitives [32]. Les troubles cognitifs sont importants même à des taux d’alcoolémie faibles (< 0,50 g/l) ce qui n’est pas sans poser le problème du taux légal d’alcoolémie pour conduire un véhicule [33]. Le syndrome cérébelleux est constant provoquant des troubles de l’équilibre et de la parole. Le risque principal de l’éthanol à ces taux faibles réside dans l’effet désinhibiteur responsable d’un grand nombre d’accidents en modifiant les comportements de prises de risques [34]. La diminution du champ visuel [35] et l’allongement du temps de réaction [36] ont été mis en évidence et concourent aux mêmes risques. Enfin, l’éthanol génère des comportements agressifs qui sont responsables de la gravité médicosociale de cette intoxication [37, 38]. Les intoxications éthyliques qui se manifestent par 3 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë des troubles graves du comportement sont qualifiées d’ivresses pathologiques. Il faut toutefois nuancer l’approche basée sur la corrélation de l’éthanolémie avec les défaillances du SNC car il existe des variations individuelles, en particulier chez l’éthylique chronique. Il existe, en effet, des phénomènes de tolérance qui permettent de supporter des éthanolémies élevées avec une faible expression clinique. De même, pour une éthanolémie équivalente, les manifestations neurosensorielles sont plus importantes en phase ascendante de l’intoxication que pendant la décroissance. La toxicité lésionnelle de l’éthanol est liée à la consommation chronique. Elle va entraîner des atteintes organiques qui peuvent persister, même après un sevrage, pendant des mois et même des années. Les origines de ces complications neurologiques sont liées aux effets directs et prolongés sur les neurones, en particulier sur les membranes et les récepteurs comme nous l’avons précédemment évoqué en phase aiguë, mais aussi aux lésions anatomiques sur le SNC mises en évidence sous la forme de pertes neuronales dans le cortex préfrontal, l’hypothalamus et le cervelet [36, 39]. Enfin, les carences nutritionnelles, en particulier en thiamine, jouent certainement un rôle aggravant. Méthodes d’évaluation de l’alcoolémie La mesure directe de l’éthanol dans les liquides biologiques permet d’objectiver une consommation récente du toxique. Le gold standard est la mesure directe de l’éthanol dans le sang car elle reflète au mieux l’index d’imprégnation éthylique au niveau cérébral chez un patient vivant [40]. L’air expiré contient de l’éthanol dont la concentration est en lien direct avec celle du sang. Dans le cadre de la toxicologie d’urgence, le dosage de l’éthanol est actuellement réalisé par deux méthodes que sont l’éthanolémie ou mesure de l’éthanol dans le sang et l’éthylométrie ou mesure de l’éthanol dans l’air expiré. Différentes méthodes peuvent être utilisées pour mesurer la concentration d’éthanol dans le sang. Les méthodes chimiques nécessitent une séparation physique ou chimique de l’éthanol du sang. Les méthodes enzymatiques sont basées sur la capacité d’enzymes à oxyder l’éthanol en acétaldéhyde [40]. La détermination de l’éthanolémie en milieu hospitalier est réalisée la plupart du temps par des méthodes enzymatiques automatisées [41]. En revanche, en médecine légale, les méthodes chimiques par distillation sont privilégiées car elles sont spécifiques de l’éthanol, ce que ne sont pas les méthodes enzymatiques. La mesure de l’éthanol dans l’air expiré s’appuie sur la corrélation entre l’éthanol présent dans le sang et celui de l’air expiré. Il est admis que 1 ml de sang contient la même quantité d’alcool que 2 100 ml d’air. Ainsi, l’éthylométrie s’exprime habituellement en g/210 l. Pour obtenir ce point d’équilibre, la mesure doit être réalisée après une inspiration profonde et une expiration rapide et profonde. Il existe deux grandes catégories d’appareils de mesure de l’air expiré. Les éthylotests sont des dispositifs mobiles procurant des résultats rapides qui nécessitent une participation active du sujet. L’intérêt de ces appareils réside dans leur facilité d’utilisation et leur maniabilité. En revanche, les résultats obtenus sont en général peu fiables. Les éthylomètres donnent des données fiables et peuvent être mobiles. Leurs résultats sont opposables devant les tribunaux. ■ Formes cliniques Les manifestations cliniques de l’IEA sont dépendantes de nombreux facteurs. En premier lieu, elles sont principalement liées aux caractéristiques de la prise d’alcool (type d’alcool, dose d’alcool ingérée, rapidité d’ingestion, température de la boisson, ingestion simultanée de nourriture). Par ailleurs, d’autres facteurs entrent en jeu comme l’âge, le sexe, le poids, le ratio entre la masse maigre et la masse grasse mais aussi la susceptibilité de l’individu à l’éthanol. Enfin, l’existence de pathologies associées, d’une consommation chronique d’alcool, de la prise concomitante d’autres substances psychoactives va modifier l’expression clinique de l’intoxication. Il n’existe pas de corrélation fiable entre les signes cliniques observés et l’alcoolémie. 4 La conférence de consensus de 1992 proposait une classification clinique de l’IEA en trois formes cliniques [42] : • IEA isolée, non compliquée caractérisée par une logorrhée, une incoordination motrice, des conjonctives injectées et une odeur caractéristique de l’haleine ; • IEA avec agitation psychomotrice ; • IEA avec troubles de la vigilance. En 2003, l’actualisation de la conférence de consensus introduit de nouvelles notions qui enrichissent le cadre clinique et complètent la précédente définition [43]. L’IEA simple est scindée en trois phases distinctes : l’excitation psychomotrice avec désinhibition et euphorie, l’incoordination avec trouble de la vigilance et le coma. L’IEA pathologique, quant à elle, est caractérisée par un tableau clinique marqué par une dangerosité potentiellement majeure. La différenciation entre IEA simple et pathologique est toujours utilisée mais certains auteurs ont apporté des précisions. L’ivresse comateuse est définie par un état léthargique plus ou moins profond avec une hyporéflexie tendineuse, une hypoesthésie et une incontinence urinaire [44]. Pour les ivresses pathologiques, le cadre nosologique s’enrichit de cinq tableaux cliniques [45] : • les ivresses excitomotrices sont des ivresses agitées, associant impulsions verbales et motrices avec décharges clastiques fréquentes. L’alcool devient alors un facteur criminogène facilitant le passage à l’acte antisocial ; • les ivresses d’allure maniaque sont marquées par l’euphorie, la familiarité du discours, les idées de grandeur, de toute puissance ; • les ivresses dépressives : parmi les causes de décès chez les patients alcooliques, le suicide est retrouvé dans 5 % à 25 % des cas ; • les ivresses délirantes avec des thèmes de persécution, de jalousie et d’autodépréciation ; • l’ivresse hallucinatoire est essentiellement visuelle, avec principalement des hallucinations visuelles terrifiantes, allant de distorsions cauchemardesques de la réalité à un véritable état hallucinatoire. Le diagnostic différentiel est le delirium tremens. Dans la pratique de la médecine d’urgence, il nous paraît plus intéressant de définir l’IEA en deux catégories constituées par les IEA non compliquées et les IEA compliquées. La première se définit par une intoxication éthylique pure et isolée. La seconde s’oppose à la première, en associant à l’IEA, des complications et des comorbidités. Intoxication éthylique aiguë non compliquée L’IEA non compliquée se définit par l’ingestion d’alcool en quantité excessive sans autre intoxication associée, sans anomalie des paramètres vitaux avec un examen clinique ne révélant pas d’anomalie organique, ni de lésion traumatique et dont les signes régressent dans les 3 à 6 heures. Classiquement, les premiers signes cliniques d’intoxication sont caractérisés par une euphorie avec désinhibition et excitation. Des troubles de l’attention et une augmentation du temps de réaction sont en général associés. À des doses plus élevées, il existe une incohérence dans le discours à laquelle s’associent une dysarthrie et des troubles de la marche avec incoordination et titubation. Des troubles de l’équilibre et des vertiges avec troubles végétatifs sont possibles. Lors d’une consommation importante, des troubles de la vigilance apparaissent pouvant aller jusqu’au coma, sans signe de localisation neurologique, avec une bradycardie et une hypotension modérées. Intoxication éthylique aiguë compliquée L’IEA compliquée est définie par l’ingestion d’alcool en quantité excessive survenant chez un patient associé à au moins un des éléments du Tableau 1. Aux mêmes éléments d’expression clinique que dans l’IEA non compliquée vont se rajouter les signes cliniques propres aux complications. Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 Tableau 1. Principales complications de l’intoxication éthylique aiguë (d’après Neurologiques [46]). Convulsions Troubles de la conscience et coma Encéphalopathies Agitation aiguë Cardiologiques Troubles du rythme supraventriculaire Pulmonaires Pneumopathie d’inhalation Métaboliques et hydroélectrolytiques Hypoglycémie Thermiques Hypothermie Digestives Gastrite aiguë Acidocétose alcoolique Dysnatrémie Syndrome de Mallory-Weiss Hépatite alcoolique aiguë Musculaires Rhabdomyolyse Infectieuses Pneumopathies Allergiques Œdème de Quincke Traumatiques Traumatisme crânien Polytraumatisme Associations toxiques Médicaments Cannabis Cas particulier de l’intoxication éthylique aiguë de l’enfant et de l’adolescent Chez l’enfant, l’IEA se manifeste habituellement par un tableau d’euphorie avec incoordination motrice et désinhibition. L’évolution se fait vers l’hypotonie avec des troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma. L’hypoglycémie est fréquente chez l’enfant. L’IEA, chez l’adolescent, est une conduite à risque dangereuse car elle est souvent le reflet d’une détresse sociofamiliale, scolaire et psychique. Même si la plupart des adolescents consomment de l’alcool sur un mode festif, il existe tout de même une notion de consommation excessive d’alcool fort, équivalent suicidaire dans un contexte social difficile, associée à des troubles neurologiques et des traumatismes, voire des agressions sexuelles chez les jeunes filles ivres [24]. ■ Stratégie de prise en charge Recherche des éléments de gravité immédiats Devant une IEA, il convient de détecter d’emblée des signes de gravité. Dans une démarche logique, les fonctions vitales doivent être systématiquement analysées : • l’état de conscience ; • la fréquence respiratoire et une éventuelle altération de cette fonction (cyanose, sueurs, polypnée, etc.) ; • le pouls, la pression artérielle (PA), une instabilité hémodynamique, des signes de choc (extrémités froides, marbrures, pression artérielle systolique inférieure à 100 mmHg, tachycardie supérieure à 110 battements par minute, désaturation en oxygène en air ambiant et oligoanurie). Devant la présence d’un signe de gravité, le patient est directement admis en salle d’accueil des urgences vitales pour une prise en charge qui a pour objectif de stabiliser les fonctions vitales pour permettre, après stabilisation, une démarche diagnostique étiologique. Abord du patient alcoolisé L’alcool lève les inhibitions, ce qui induit souvent des troubles du comportement. Cet état provoque fréquemment chez les personnels soignants des réactions négatives. Les comportements de rejet comme les attitudes permissives ou de banalisation, voire de complaisance ne sont pas adaptés. Le patient alcoolisé peut être brutal, voire violent, rendant toute Médecine d’urgence discussion illusoire. Toutefois, tout doit être mis en œuvre pour réussir à le calmer. Pour cela, il faut éviter de répondre aux attaques verbales ou physiques du patient et rester impassible. Il faut faire preuve de bienveillance et limiter au maximum les interlocuteurs, en ne gardant si possible qu’une seule personne « référente ». Il convient toutefois de rester vigilant car un patient alcoolisé peut être dangereux pour lui-même et le personnel. Recueil de l’anamnèse et recherche des antécédents Il est important de connaître les circonstances de l’IEA. Il peut être utile de faire appel aux témoignages de l’entourage, des secouristes ou des forces de l’ordre pour obtenir des informations sur l’anamnèse, en particulier les signes évocateurs de convulsions, l’existence de vomissements, d’un déficit moteur ou la notion d’un traumatisme. Il est indispensable de noter les antécédents du patient et son traitement habituel. Enfin, on doit rechercher une éventuelle toxicomanie associée. Examen clinique L’examen clinique doit être systématique et minutieux et les données recueillies doivent être consignées dans le dossier médical [47]. En cas d’agitation aiguë, il doit être réalisé après sédation et contention du patient. L’examen comprend surtout le recueil des paramètres vitaux (pouls, PA, saturation en oxygène [SpO2]), la prise de la température et la mesure de la glycémie capillaire. Une attention particulière est portée sur la présence de sueurs, de cyanose, l’appréciation de l’état d’hydratation, l’odeur de l’haleine (alcoolique ou acidocétosique). L’examen de l’extrémité céphalique, à la recherche d’une déformation, d’un hématome ou d’une plaie doit être impérativement réalisé. Il en est de même pour la recherche de points de ponction veineux, potentiellement évocateurs d’une toxicomanie. L’examen neurologique doit être complet, caractériser l’état de conscience et rechercher les signes neurologiques périphériques ou centraux, focaux ou diffus. Un syndrome méningé, une otorragie, un hématome mastoïdien ou orbitaire, évocateur d’une fracture de la base du crâne sont systématiquement recherchés. L’examen cardiovasculaire doit rechercher une anomalie du rythme cardiaque et tout signe d’insuffisance cardiaque. L’examen digestif s’attache à regarder s’il existe des signes d’insuffisance hépatocellulaire. Affirmer le diagnostic Le diagnostic d’IEA est le plus souvent le résultat d’un faisceau d’arguments anamnestiques et cliniques, qui permettent aussi d’en apprécier la gravité. Toutefois, la sensibilité de l’examen clinique n’est que de 78 % et la spécificité de 98 %, ce qui implique que 2 % des IEA présumées ne sont pas des IEA et que le tableau clinique est imputable à une autre pathologie potentiellement grave. Examens complémentaires L’alcoolémie permet de confirmer l’intoxication et de la quantifier mais la corrélation entre l’alcoolémie, les signes cliniques et la gravité est médiocre. Elle permet aussi, en cas de négativité, d’éliminer un diagnostic d’IEA cliniquement présumé. Elle présente un intérêt certain s’il existe une discordance entre la quantité absorbée d’alcool et l’état clinique ou si l’évolution ne coïncide pas avec une évolution normale en quelques heures. L’alcoolémie peut être remplacée par l’éthylométrie à condition de bien en respecter les règles. La mesure de la glycémie capillaire doit être systématique pour rechercher une hypoglycémie. D’autres examens biologiques peuvent présenter un intérêt. L’hémogramme permet d’apprécier le volume globulaire moyen et d’orienter vers une pathologie chronique alcoolique. Le ionogramme sanguin objective l’état d’hydratation du patient et d’éventuels troubles ioniques. Il permet aussi 5 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë Tableau 2. Indications de tomodensitométrie cérébrale en urgence dans un contexte d’intoxication éthylique aiguë (d’après [46]). une fièvre ou une hypothermie. Il faut toujours chercher une autre cause en gardant à l’esprit que l’IEA ne doit être qu’un diagnostic d’élimination. Le Tableau 4 résume les principaux diagnostics différentiels. La stratégie de prise en charge est schématisée dans la Figure 3. Absence d’amélioration spontanée de l’état de conscience Détérioration rapide de l’état de conscience Signes de localisation neurologiques Convulsions récentes avec doute ou notion d’un traumatisme crânien ■ Prise en charge de l’IEA non compliquée Crises convulsives focales Comportement non expliqué par l’alcoolémie À l’issue de la prise en charge initiale en salle d’urgence, la surveillance doit se faire au mieux en unité d’hospitalisation de courte durée. La surveillance d’un patient alcoolisé doit être attentive, réalisée toutes les 30 à 60 minutes. Les paramètres de la surveillance doivent être consignés par écrit dans le dossier du patient. La durée de la surveillance est déterminée par le retour à une relation possible du patient alcoolisé avec l’entourage, qui peut avoir lieu, en général, entre 3 et 6 heures. La décroissance de l’alcoolémie est de 0,15 à 0,45 g/l/h. Dans le cadre d’une IEA non compliquée et en l’absence d’hypoglycémie, la pose d’une voie veineuse périphérique n’est pas nécessaire et aucune thérapeutique particulière n’est recommandée [49]. En revanche, en cas d’hypoglycémie qui doit être immédiatement corrigée par l’administration de soluté glucosé ou dans un contexte d’alcoolisme chronique, une surveillance de la glycémie capillaire toutes les 2 heures paraît utile, d’autant plus que le patient est dénutri ou diabétique. Dans ce contexte, la prescription de thiamine (vitamine B1), per os ou intraveineuse à raison de 300 à 500 mg/j est conseillée en association avec du soluté glucosé, en prévention de l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke [43]. de calculer le trou osmotique qui est corrélé à l’imprégnation alcoolique, même s’il peut avoir d’autres origines, en particulier toxique (méthanol, éthylèneglycol, etc.). Il peut retrouver également une hyponatrémie fréquente chez les grands consommateurs de bière. Le taux de prothrombine permet de détecter une éventuelle insuffisance hépatocellulaire et le bilan hépatique, une hépatite alcoolique. L’urée et la créatinine permettent de repérer un syndrome hépatorénal. Les créatines phosphokinases (CPK) permettent d’éliminer une éventuelle rhabdomyolyse, en particulier si le patient est resté allongé plusieurs heures. La recherche de toxiques, en particulier le monoxyde de carbone (CO), doit être large même en l’absence de contexte évident. L’électrocardiogramme (ECG) est indispensable pour éliminer une pathologie cardiaque, en particulier les troubles de la conduction ou du rythme cardiaque. Les examens d’imagerie sont orientés par l’examen clinique. L’examen tomodensitométrique (TDM) cérébral doit avoir des indications larges devant une anomalie focalisée de l’examen neurologique, des stigmates de traumatisme crânien ou des troubles de la conscience non corrélés avec l’alcoolémie mesurée. La ponction lombaire peut compléter la TDM, en particulier dans un contexte fébrile. Le Tableau 2 précise les principales indications de TDM cérébrale et le Tableau 3 résume les principaux examens paracliniques nécessaires à l’évaluation de l’IEA en SU [48]. ■ Prise en charge de l’IEA compliquée Rechercher les complications Complications neurologiques En présence d’une IEA, il est impératif de rechercher les complications et d’en estimer le danger immédiat ou potentiel [46]. Les principales complications sont résumées dans le Tableau 1. Confusion et troubles de la conscience Diagnostic différentiel De nombreuses pathologies sont susceptibles de simuler une IEA ou de lui être fréquemment associées [48] . L’IEA seule n’explique pas toujours une hypotension artérielle, une polypnée, une bradypnée, une anomalie de la fréquence cardiaque, . Les troubles de la conscience nécessitent une surveillance attentive. L’examen neurologique doit être complet à la recherche de signes de focalisation et doit être renouvelé très régulièrement. L’état de conscience doit être quantifié à chaque examen clinique par le calcul du score de Glasgow qui, bien que non validé dans ce cadre, constitue néanmoins un élément quantitatif intéressant. Tout élément clinique anormal doit donner lieu à la réalisation d’une TDM cérébrale en urgence. Tableau 3. Principaux examens paracliniques utiles dans l’évaluation de l’intoxication éthylique aiguë (d’après [48]). Alcoolémie Confirmation et sévérité de l’intoxication éthylique Glycémie Recherche d’une hypoglycémie à l’origine de l’état clinique ou compliquant l’ivresse Ionogramme Recherche d’une déshydratation, d’une dysnatrémie et de troubles acidobasiques Le calcul du trou osmolaire permet la recherche aspécifique d’une intoxication alternative ou conjointe par un autre alcool (méthanol ou éthylèneglycol) Urée et créatinémie Recherche d’un syndrome hépatorénal Créatine phosphokinase (CPK) Recherche d’une rhadbomyolyse Gaz du sang Recherche d’une anomalie acidobasique (acidocétose alcoolique, acidose métabolique de l’intoxication au méthanol ou à l’éthylèneglycol, alcalose métabolique de l’encéphalopathie hépatique) Hémogramme (VGM) Recherche de stigmates d’intoxication éthylique chronique Protéine C réactive (CRP) Recherche d’une infection bactérienne TP et ASAT/ALAT Recherche d’une insuffisance hépatocellulaire Ponction lombaire Recherche d’une encéphalite ou d’une méningite Examens toxicologiques sanguins et urinaires Recherche de toxiques spécifiques Tomodensitométrie crânienne et cérébrale Recherche d’une pathologie traumatique, hémorragique ou ischémique cérébrale Électrocardiogramme Recherche d’une complication cardiaque rythmique ou ischémique Électroencéphalogramme Recherche d’une pathologie épileptique en particulier un état de mal non convulsif VGM : volume globulaire moyen ; TP : taux de prothrombine ; ASAT/ALAT : aspartate aminotransférase/alanine aminotransférase. 6 Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 Tableau 4. Principaux diagnostics différentiels de l’intoxication éthylique aiguë (d’après Hypoglycémie [48]). Troubles de la vigilance, sueurs, parfois des troubles neurologiques latéralisés, atteintes des nerfs crâniens, convulsions État de mal épileptique Parfois infraclinique, compliquant un syndrome de sevrage survenu dans les heures précédant l’admission Encéphalopathie aiguë de Gayet-Wernicke Liée à un état carentiel en thiamine. Classiquement composée d’une confabulation (avec amnésie antérograde), d’un nystagmus avec oculoparésie et d’une ataxie cérébelleuse Hypercapnie Antécédents, sueurs, céphalées, ± hypertension artérielle Acidocétose alcoolique Douleurs abdominales et vomissements, respiration de Kussmaul Encéphalopathie hépatique Astérixis, foetor hépatique Hématome sous-dural Anisocorie, hémisyndrome moteur et/ou sensitif Hémorragie intracrânienne Hémisyndrome moteur et/ou sensitif, signes d’atteinte du tronc cérébral Hémorragie méningée Céphalées, syndrome méningé Traumatisme craniocérébral Troubles neurologiques, otorrhée, rhinorrhée, hypertension intracrânienne Encéphalites et méningites Contexte fébrile et syndrome méningé Intoxications Méthanol Douleurs abdominales et vomissements, troubles visuels, respiration de Kussmaul Ethylèneglycol Douleurs abdominales et vomissements, nystagmus, convulsions, respiration de Kussmaul Monoxyde de carbone (CO) Contexte Médicaments hypnotiques Contexte Il en est de même en cas de stigmates de traumatisme céphalique. Par ailleurs, il faut être très vigilant devant un coma dont l’importance n’est pas corrélée à l’alcoolémie mesurée. À titre d’exemple, un patient alcoolique chronique est habituellement stimulable pour une alcoolémie à 3 g/l, voire plus. La prise en charge est d’abord symptomatique, en particulier pour assurer une oxygénation et une hydratation adéquates. Le patient est installé dans une position destinée à prévenir l’inhalation bronchique en cas de vomissement. L’administration de thiamine en intraveineux est recommandée. Convulsions Une crise convulsive généralisée peut survenir lors d’une absorption massive d’alcool, en particulier chez le consommateur épisodique, par abaissement du seuil épileptogène. Toutefois, les convulsions dans un contexte d’IEA ne doivent pas être banalisées car elles sont dans 20 % des cas en relation avec les conséquences d’un traumatisme crânien. Par ailleurs, des crises focalisées sont très évocatrices d’une lésion cérébrale. Il est donc indispensable de rechercher systématiquement une autre étiologie, en particulier une hypoglycémie, un processus expansif intracrânien ou une intoxication associée. Le recours à la TDM cérébrale doit être large. Le Tableau 5 précise les signes de gravité devant une crise convulsive survenant dans un contexte d’IEA. La prise en charge de la crise convulsive n’est pas modifiée dans le contexte de l’IEA. Accidents vasculaires cérébraux L’accident vasculaire cérébral ischémique est une complication potentielle de l’IEA qui pourrait être liée, en particulier chez le sujet jeune, à des troubles du rythme cardiaque d’origine toxique [50]. Quant au rôle de l’alcool dans la survenue d’évènements hémorragiques intracrâniens, il est admis que la rupture d’anévrisme serait favorisée par le traumatisme crânien et par les manœuvres de Valsalva au cours des vomissements. Devant une IEA avec des troubles neurologiques, le recours en urgence à la TDM cérébrale est indispensable (Tableau 2). Agitation psychomotrice Présente dans environ 20 % des cas d’IEA, l’agitation est permanente ou intermittente, associée ou non à des violences verbales et/ou physiques [49]. Il faut évoquer et rechercher une hypoglycémie, une intoxication associée ou tout autre étiologie susceptible de déclencher une agitation [51] . Une attention particulière doit être portée sur l’intoxication au monoxyde de carbone, même en l’absence de contexte évident. Un examen neurologique anormal ou la notion d’un traumatisme crânien imposent un examen tomodensitométrique cérébral en urgence. L’existence d’une fièvre associée à une agitation ou à une Médecine d’urgence confusion doit conduire à poser l’indication d’une ponction lombaire. La prise en charge de l’agitation repose avant tout sur la sédation verbale et environnementale. En cas d’échec, la sédation pharmacologique doit être utilisée. La sédation d’un patient intoxiqué est toujours dangereuse en raison du risque de potentialisation des effets des molécules utilisées avec l’alcool. Elle peut être réalisée seulement quand l’indication en est formellement posée et lorsque les conditions de sécurité sont réunies : locaux, matériels et compétences adaptés. Les benzodiazépines sont à prescrire en première intention car elles possèdent le meilleur rapport bénéfice/risque. Les molécules à privilégier sont le diazépam ou le clorazépate. La voie per os peut être utilisée en associant la prise médicamenteuse à un jus de fruit ou à un café (clorazépate 50 mg à 100 mg per os). La voie intraveineuse assure la meilleure disponibilité pour un effet rapide et permet la titration mais elle est difficilement praticable en cas de grande agitation (diazépam en titration 10 mg à 20 mg en intraveineux ou clorazépate en titration 10 mg toutes les minutes). La voie intramusculaire est à éviter compte tenu d’une résorption variable [20]. L’administration intranasale de midazolam (5 mg IN) a été décrite et peut constituer une alternative intéressante [52]. Les neuroleptiques sédatifs d’action rapide peuvent être utilisés dans les formes incoercibles d’agitation. L’halopéridol par voie intramusculaire (5 mg à 10 mg) constitue un choix consensuel mais, compte tenu de ses fréquents effets indésirables, une surveillance clinique (tension artérielle, fréquence cardiaque, vigilance) est indispensable. Il peut être associé aux benzodiazépines. La loxapine a peu d’intérêt dans ce contexte en raison de son pic sérique obtenu en 1 heure. Ce délai est trop long dans ce contexte et impose une contention physique prolongée, donc à risque. Toutefois, l’association du clonazépam à la loxapine semble intéressante, associant la rapidité d’action de la benzodiazépine à la sédation neuroleptique. Des études doivent être menées pour valider cette association. Les autres neuroleptiques ne sont plus recommandés [20]. La contention physique peut être utilisée pour protéger le malade, son entourage et les soignants. Elle doit être coordonnée, réalisée à plusieurs (un pour chaque membre) avec du matériel adéquat et faire l’objet d’une prescription médicale écrite précisant ses modalités et sa durée. Elle doit bénéficier d’une surveillance clinique régulière et attentive. La contention doit être limitée dans le temps et obligatoirement être expliquée sur ses raisons et modalités au patient et à ses proches. Encéphalopathies Les encéphalopathies sont des pathologies relativement fréquentes chez l’alcoolique chronique qui peuvent se révéler au décours d’une IEA. Elles peuvent être à l’origine de tableaux 7 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë Intoxication éthylique aigüe Éléments de gravité immédiats ? Oui Non SAUV Stabilisation ? Examen clinique complet Oui Affirmation de l'IEA - Alcoolémie - Élimination des diagnostics différentiels Non Réanimation Examens complémentaires Existence de complications ? Oui Non Surveillance en UHCD - État de conscience - Paramètres vitaux - Glycémie Neurologiques Cardiaques Pulmonaires Traitement - Correction de l'hypoglycémie - Thiamine (OH chronique +++) Métaboliques et électrolytiques Thermiques Prise en charge spécifique des complications Digestives Musculaires Prise en charge au décours de l'IEA (une fois disparus les signes cliniques de l’IEA ou les troubles cognitifs du sevrage) Infectieuses Allergiques Traumatiques Toxiques Figure 3. Arbre décisionnel. Prise en charge de l’intoxication éthylique aiguë (IEA). SAUV : salle d’accueil des urgences vitales ; UHCD : unité d’hospitalisation de courte durée. Tableau 5. Signes de gravité devant une crise convulsive dans un contexte d’intoxication éthylique aiguë (d’après [46]). Intoxication alcoolique modérée Durée des crises au-delà de 6 heures Nombre de crises > 6 État de mal convulsif Existence de signes neurologiques focaux Notion de traumatisme crânien État confusionnel post-critique prolongé (soit > 30 minutes) cliniques interférant celui de l’IEA. L’encéphalopathie de GayetWernicke est due à une carence en thiamine. Elle associe des 8 troubles de la conscience avec amnésie, agitation et parfois délire, des paralysies oculomotrices avec parfois un nystagmus et une ataxie cérébelleuse [44]. Le traitement repose sur l’administration parentérale de thiamine. En absence de traitement, l’évolution se fait inexorablement vers un syndrome de Korsakoff. Ce syndrome associe une amnésie antérograde avec amnésie rétrograde souvent étendue avec des fausses reconnaissances et des fabulations. Les conséquences sociales sont importantes. Le traitement repose sur l’administration de thiamine. L’encéphalopathie hépatique est secondaire à l’insuffisance hépatique, en particulier lors d’une cirrhose hépatique. Cette encéphalopathie est habituellement déclenchée par un trouble métabolique, une infection intercurrente ou la prise de sédatif. Le tableau clinique associe un trouble de la conscience pouvant Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 Figure 4. Trouble du rythme supraventriculaire. Fibrillation auriculaire avec bloc de branche incomplet droit et hémibloc antérieur gauche. aller jusqu’au coma à un astérixis, à des signes extrapyramidaux et parfois à des crises convulsives. L’évolution dépend du stade de la maladie, du traitement des causes intercurrentes. Le traitement repose sur l’administration de lactulose par sonde nasogastrique ou lavement, la prévention des causes déclenchantes et la réduction de l’apport protidique. D’autres tableaux neurologiques d’origine carentielle peuvent être retrouvés comme la maladie de Marchiafava-Bignami qui est due à la nécrose des corps calleux. Elle associe une akinésie, un syndrome extrapyramidal et un coma hypertonique. La myélinolyse centropontine associe quant à elle une tétraplégie pyramidale à des troubles de la conscience. Le dosage de la phosphorémie est important car l’hypophosphorémie est fréquente chez les alcooliques chroniques dénutris. Elle peut favoriser une rhabdomyolyse et être responsable d’encéphalopathies. Complications cardiaques et hémodynamiques La consommation aiguë d’éthanol provoque une diminution de la contractilité du myocarde et engendre une vasodilatation périphérique responsable d’une baisse modérée de la pression sanguine, compensée par une augmentation de la fréquence et du débit cardiaque. Ces effets ont classiquement peu de répercussions cliniques mais les patients qui présentent des pathologies cardiaques préexistantes peuvent être symptomatiques. Toutefois, l’IEA peut être à l’origine d’un collapsus cardiovasculaire [53]. Des allongements des espaces PR et QT à l’ECG sont également possibles. Ces troubles conductifs peuvent se compliquer d’arythmie auriculaire ou ventriculaire. Une tachycardie paroxystique peut survenir, même chez des patients indemnes de toute pathologie cardiaque, ce syndrome est appelé holiday heart (Fig. 4). Ces troubles régressent spontanément en 24 heures dans 90 % des cas mais doivent être surveillés. Ceux qui ne régressent pas spontanément et qui ont un retentissement systémique doivent bénéficier d’une prise en charge cardiologique adaptée. L’IEA peut être à l’origine d’un collapsus cardiovasculaire [53]. Le shoshin béribéri constitue un tableau clinique associant un état de choc, une cyanose des extrémités caractéristique, des pouls périphériques présents mais non symétriques, une polypnée et une agitation. Son mécanisme physiopathologique est consécutif à une carence en thiamine liée à la mauvaise qualité des apports nutritionnels et à la malabsorption digestive qui entraîne l’accumulation d’acide lactique responsable de l’atteinte cérébrale et myocardique, à la vasodilatation artérielle musculaire et splanchnique expliquant la baisse des résistances vasculaires périphériques et à l’ouverture des shunts artérioveineux. Enfin, il existe une hypercatécholaminémie majeure responsable de la vasoconstriction des extrémités. Il s’agit d’une complication exceptionnelle mais grave. Le traitement repose Médecine d’urgence Figure 5. Pneumopathie d’inhalation. sur l’administration en urgence de thiamine par voie parentérale associée aux mesures de réanimation symptomatiques [53]. Complications pulmonaires L’inhalation bronchique constitue une complication fréquente des IEA avec trouble de la conscience (Fig. 5). Une dyspnée, un encombrement bronchique, des râles diffus ou en foyer à l’auscultation doivent donc être systématiquement recherchés. Dans ce cadre, le bilan biologique comporte une mesure des gaz du sang artériel et une radiographie pulmonaire (RP). Une antibiothérapie probabiliste adaptée doit être initiée. Complications métaboliques et hydroélectrolytiques Une hypernatrémie modérée est retrouvée dans 41 % des cas, en relation avec une déshydratation hyperosmolaire et une hyperchlorémie dans 21 % des cas [49]. Une hyponatrémie peut être observée lors d’une absorption importante de bière qui provoque une polyurie osmotique et donc des pertes rénales de sodium. Elle peut entraîner des troubles de la vigilance ou des crises comitiales. Le traitement repose sur l’apport de sodium et la restriction hydrique. L’hypoglycémie est fréquemment rencontrée chez les enfants lors d’une intoxication accidentelle. Elle n’est pas corrélée avec la dose d’éthanol ingérée. Elle est due à la défaillance de la fonction glycogénique hépatique en raison de l’inhibition de la néoglucogenèse. L’hypoglycémie doit être évoquée devant tout sujet alcoolisé présentant une confusion ou des troubles de la vigilance. Elle peut également survenir en « post-ivresse » et justifie sa recherche systématique dans tous les cas d’IEA [54]. La réalisation de la mesure de la glycémie capillaire est indispensable devant toute suspicion d’IEA. Le traitement consiste en l’apport de soluté glucosé et de thiamine. L’acidocétose alcoolique touche essentiellement les alcooliques chroniques dénutris et se développe après quelques jours de jeûne et d’alcoolisation renforcée. Le tableau clinique associe douleurs abdominales et vomissements. L’examen objective des signes de déshydratation avec une odeur fruitée de l’haleine caractéristique. La biologie montre une acidose métabolique modérée avec élévation du trou anionique. La glycémie est normale, voire abaissée. Des corps cétoniques sont retrouvés dans les urines. Le traitement repose sur la perfusion de soluté glucosé [54]. Complications thermiques L’hypothermie est une complication relativement fréquente. Dans ce cadre, il est important de chercher à savoir si l’hypothermie est la conséquence directe de l’IEA ou s’il existe une 9 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë autre cause. L’IEA peut être à l’origine d’anomalie de la thermorégulation. Par ailleurs, l’alcool augmente la thermolyse par la vasodilatation qu’il induit. Des troubles de la conduction cardiaque peuvent être favorisés par une exposition prolongée au froid. La prise en charge de l’hypothermie n’est pas modifiée dans le contexte de l’IEA [55]. Complications digestives La gastrite aiguë, le syndrome de Mallory-Weiss et l’hépatite alcoolique aiguë sont les principales complications digestives de l’IEA. Pour les deux premiers, la prise en charge repose sur l’endoscopie digestive haute. La gastrite aiguë se traite par inhibiteurs de la pompe à protons, le syndrome de MalloryWeiss peut nécessiter des mesures de réanimation en cas d’hématémèse importante. L’hépatite aiguë est une lésion inflammatoire du foie dont la sévérité est très variable, pouvant aller de formes mineures asymptomatiques aux formes majeures responsables d’une insuffisance hépatique fatale. Le tableau clinique associe anorexie, vomissements, douleurs abdominales. La fièvre est présente dans la moitié des cas. L’examen clinique objective une hépatomégalie douloureuse plus ou moins associée à une splénomégalie dans 30 % des cas. La biologie montre une cytolyse prédominant sur les ASAT souvent associée à une cholestase et à l’élévation de la bilirubine. La diminution du taux de prothrombine est proportionnelle à la gravité de l’hépatite. La biopsie hépatique permet de confirmer le diagnostic mais elle n’est en général pas indispensable devant les signes cliniques et biologiques. Toutefois, le tableau clinique ne doit pas être confondu avec une urgence chirurgicale (cholécystite, angiocholite aiguë). La gravité s’évalue sur les signes d’encéphalopathie hépatique, l’hyperbilirubinémie supérieure à 100 µmol/l et un taux de prothrombine ou de facteur V inférieur à 50 %. Le score de Maddrey peut être utilisé pour évaluer la gravité de l’hépatite alcoolique aiguë : 4,6 × TP malade – témoin + bilirubine/17 Un score supérieur ou égal à 32 témoigne d’une forme grave. Le traitement repose sur l’abstinence totale de consommation d’alcool et pour les formes graves sur la corticothérapie, la prévention du delirium tremens et l’administration de thiamine [56]. Complications musculaires La rhabdomyolyse doit être évoquée pour tout sujet alcoolisé, s’il y a une notion de chute et d’immobilisation prolongée, de crise convulsive ou une intoxication associée [49] . Elle est souvent associée à une hypothermie qui doit être toujours recherchée. Le diagnostic repose sur le dosage des enzymes musculaires (CPK) dont l’élévation est proportionnelle à la lyse musculaire mais n’est pas prédictive de l’insuffisance rénale. La recherche d’une hyperkaliémie, d’une acidose associée et la réalisation d’un ECG doivent être systématiques. La prise en charge thérapeutique repose sur la restauration de la volémie, le maintien de la diurèse à 150/200 ml/h et la surveillance de la fonction rénale. Complications allergiques Une urticaire, un bronchospasme, un œdème de Quincke, voire un choc anaphylactique sont possibles en raison du caractère histaminolibérateur de l’acétaldéhyde ou de la présence d’autres substances « allergisantes » (métabisulfites, tartrazine, tyramine, etc.) dans les boissons alcoolisées. Le traitement de ces complications allergiques n’est pas modifié dans ce contexte. Complications et associations traumatiques Le traumatisme crânien est fréquent chez les patients présentant une IEA, principalement en raison des troubles de la marche. L’indication d’un examen tomodensitométrique cérébral doit être large devant toute notion de traumatisme crânien, de plaie et d’hématome du cuir chevelu ou de la face. Il en est de même devant l’apparition d’une anomalie pupillaire, d’un déficit moteur, d’une anomalie de la conscience nouvelle, persistante ou majorée et d’une crise convulsive. La prise en charge doit être adaptée à chaque type de lésion mise en évidence [57]. Une paralysie tronculaire ou plexique sensitivomotrice peut être retrouvée. Elle touche en général les nerfs sciatique, crural, poplité externe, radial ou cubital. Le mécanisme est lié à la toxicité directe de l’alcool sur les nerfs associée à un phénomène de compression prolongée en rapport avec des postures compressives. Il est toutefois nécessaire d’éliminer un hématome ou une fracture à proximité du nerf [58]. Le polytraumatisme dans un contexte d’IEA est fréquent. Dans ce cadre il est impératif de rechercher par l’examen clinique, une altération des paramètres vitaux, des lésions céphaliques, rachidiennes, thoraciques, abdominales et pelviennes. Le recours à la TDM « corps entier » est indispensable après stabilisation des paramètres vitaux. La stratégie de prise en charge n’est pas modifiée par le contexte d’IEA. Associations toxiques L’IEA peut être associée à la prise conjointe d’un ou plusieurs autres toxiques. Une intoxication associée doit donc être systématiquement recherchée. L’alcoolémie est positive dans 30 % à 70 % des intoxications médicamenteuses [59]. Le cannabis est souvent retrouvé lors des IEA des jeunes adultes. La recherche doit s’appuyer sur le contexte et l’interrogatoire de l’entourage, la recherche de toxiques dans le sang et les urines. L’ECG est indispensable dans ce contexte à la recherche d’une intoxication associée à toxicité cardiaque. L’adjonction d’hydrocarbures (essence, white spirit, etc.) à des boissons alcoolisées pour obtenir une majoration des effets enivrants semble se répandre lors de rassemblements festifs. Ces produits pouvant être responsables de lésions pulmonaires, une RP doit être réalisée dans ce contexte. Complications infectieuses ■ Prise en charge de l’IEA de l’enfant et de l’adolescent L’IEA accroît le risque d’infection sévère en altérant certains mécanismes de défense immunitaire, en raison notamment d’une toxicité médullaire. Par ailleurs, les troubles de la conscience favorisent l’inhalation de sécrétions oropharyngées ou gastriques. Les pneumopathies sont les infections les plus fréquentes et les germes retrouvés sont le plus souvent le pneumocoque, les bacilles à Gram négatif (Klebsiella pneumoniae) et les germes anaérobies. L’évolution vers un choc infectieux est possible [54] . Une antibiothérapie adaptée aux germes cités ci-dessus doit être rapidement mise en œuvre dans l’attente des résultats des prélèvements bactériologiques. Des septicémies spontanées à germes d’origine digestive peuvent survenir sur des terrains cirrhotiques. Il en est de même pour les infections du liquide d’ascite qui peuvent se compliquer de péritonite. La prise en charge repose sur une antibiothérapie probabiliste dans l’attente des prélèvements bactériologiques. L’incidence de l’IEA chez l’adolescent aux urgences est relativement faible mais elle est associée à une morbidité élevée [20]. Le diagnostic et les risques somatiques de l’IEA chez l’adolescent sont identiques à ceux de l’adulte mais une attention doit être portée sur les risques d’hypoglycémie plus fréquents et plus sévères chez l’enfant. Pour Woolfenden, les enfants et adolescents qui se présentent aux urgences pour IEA ne sont que la « partie visible de l’iceberg », schématisant la consommation d’alcool chez les jeunes [60] . Autrement dit, nombreux sont les adolescents qui consomment l’alcool de façon festive et « initiatique » mais ceux qui sont admis aux urgences le sont le plus souvent dans le cadre des complications de l’IEA. Dans leur étude, lors du triage, 6 % des adolescents étaient jugés en urgence absolue, 16 % étaient à examiner dans les 15 minutes et 43 % dans la demi-heure suivant l’arrivée, 13 % des patients avaient subi une agression verbale ou physique [60]. Chez les enfants et adolescents se présentant avec une 10 Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 Tableau 6. Index de Cushman [62]. Constantes pour une T < 38 °C 0 1 2 3 Pouls < 80 81-100 101-120 > 120 < 30 ans < 125 < 135 < 145 > 145 ≥ 31 et ≤ 50 ans < 135 < 145 < 155 > 155 > 50 ans < 145 < 155 < 165 > 165 Fréquence respiratoire < 16 < 25 < 35 > 35 Tremblements 0 Mains Membres supérieurs Généralisés Sueurs 0 Paumes Paumes + front Généralisées Agitation 0 Discrète Généralisée mais contrôlée Généralisée mais incontrôlée Bruit et lumière Hallucinations critiquées Hallucinations non critiquées PAS Troubles sensoriels Interprétation : un index > 7 témoigne d’un syndrome de sevrage ; un index entre 8 et 15 autorise un traitement per os ; s’il est supérieur à 15, il est nécessaire de recourir au traitement parentéral sous surveillance continue. PAS : pression artérielle systolique ; T : température. IEA, les facteurs de risque de consommation pathologique d’alcool (abus ou dépendance) et de suicide doivent être recherchés : tentative de suicide, maltraitance et abus sexuel, antécédents familiaux de troubles psychiatriques [24]. L’association IEA et intoxication par d’autres substances psychoactives doit être systématiquement identifiée. La venue au SU d’un adolescent pour IEA est à elle seule un facteur de gravité qui doit inciter à proposer une prise en charge systématique comparable à celle des tentatives de suicide de l’adolescent [20, 61]. Tableau 7. Facteurs de risque d’un syndrome de sevrage alcoolique sévère (d’après [48]). Passé de syndromes de sevrage sévères (type delirium tremens) Passé de convulsions de sevrage Passé de désintoxications alcooliques multiples Comorbidité médicale ou psychiatrique aiguë concomitante Grossesse Consommation alcoolique récente importante ■ Problématique du sevrage Diagnostic et étiologie L’IEA peut être associée à un éthylisme chronique, ce qui impose l’anticipation préventive éventuelle d’un syndrome de sevrage. Le pré-delirium tremens associe un tremblement distal, fin, souvent associé à une hypertonie oppositionnelle dans un contexte anxieux. Un délire hallucinatoire de type onirique et une agitation apparaissent souvent dans un second temps. L’index de Cushman permet d’évaluer la sévérité du sevrage (Tableau 6) [62]. Un index entre 8 et 15 autorise un traitement per os. S’il est supérieur à 15, il est nécessaire de recourir au traitement parentéral sous surveillance continue. Les médicaments réducteurs de l’appétence alcoolique (naltrexone ou acamprosate) peuvent être introduits au cours ou au décours immédiat du sevrage [63, 64]. Les crises comitiales surviennent habituellement au cours du sevrage chez les alcooliques chroniques. Elles sont caractérisées par leur début précoce, majoritairement dans les 48 heures suivant la diminution ou l’arrêt de l’absorption d’alcool, par leur type tonicoclonique et leur récidive rapprochée et par l’absence d’anomalie encéphalographique. L’alcoolémie n’est pas forcément nulle mais ces convulsions peuvent effectivement être générées par une baisse d’une alcoolémie « basale ». Il faut être particulièrement attentif à ces crises comitiales car d’autres causes doivent être éliminées avant de rattacher une crise convulsive au sevrage. D’autres étiologies sont les troubles métaboliques : hypoglycémie, hyponatrémie, hypoxie, une pathologie secondaire à un traumatisme crânien, un hématome sous-dural, extradural et/ou intracérébral, une infection cérébroméningée, un accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique, une intoxication médicamenteuse, ou une épilepsie alcoolique. Traitement Le traitement repose sur la réhydratation et l’administration de benzodiazépines à demi-vie longue comme le diazépam. Le delirium tremens associe un tremblement intense, une hypertonie oppositionnelle, un délire confuso-onirique, des sueurs, de Médecine d’urgence la fièvre ainsi qu’une déshydratation globale. Le Tableau 7 résume les facteurs de risques associés à un syndrome de sevrage sévère qui doivent poser la surveillance hospitalière mais aussi une prescription préventive de médicaments sédatifs. Les benzodiazépines constituent les molécules de référence en raison de leur efficacité sur le syndrome de sevrage, le risque de convulsions mais aussi en raison de leur relative innocuité [65]. Il est plutôt recommandé d’utiliser des molécules éliminées sans métabolisme hépatique, donc sans risque d’accumulation. Le choix se porte, à titre préventif, préférentiellement sur l’oxazépam à la posologie de 50 mg à 100 mg, 3 à 4 fois par jour, ou sur le lorazépam à la posologie de 1 mg à 2 mg, 3 à 4 fois par jour. La posologie est à adapter au cas par cas en fonction du poids du patient, de l’importance de sa consommation alcoolique, et de la sévérité de la dépendance, de sa durée. L’administration par voie parentérale des benzodiazépines est possible en cas de nécessité. Dans ce cadre, les molécules utilisées sont le diazépam ou le midazolam [48]. ■ Orientation et organisation du suivi des patients Critères d’hospitalisation Tout patient présentant une IEA non compliquée adressé dans un service d’urgence doit être hospitalisé au mieux dans une unité d’hospitalisation de courte durée et surveillé, jusqu’à ce qu’il retrouve une fonction relationnelle normale et qu’il ne présente plus de troubles du comportement ou de troubles de la vigilance. L’alcoolémie, à la sortie, doit être prise en compte mais reste à l’appréciation de chaque praticien. Il reste cependant difficile d’envisager la sortie d’un patient fortement alcoolisé. De plus, il serait inconcevable de laisser un patient conduire un véhicule à la sortie de l’hôpital avec une alcoolémie supérieure au taux légal de 0,5 g/l. Toutefois, si la personne est capable de « marcher droit », d’avoir une « conversation normale » et ne présente pas de risque de complication, la sortie peut être envisagée si et 11 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë seulement si elle est accompagnée d’une personne fiable pouvant assurer une surveillance rapprochée. Si le domicile est trop éloigné du centre hospitalier, le patient est gardé en surveillance [46, 48]. Il existe de grands écarts entre les recommandations « idéales » de la Haute Autorité de Santé (HAS) et la pratique mise en évidence par l’enquête réalisée lors de l’actualisation de la conférence de consensus de la Société française de médecine d’urgence (SFMU) [43]. Pour les intoxications alcooliques avec des complications, l’hospitalisation dans un service adapté à la pathologie doit être envisagée. L’hospitalisation doit être systématique quel que soit le taux d’alcoolémie pour une IEA pathologique ou qui survient chez un sujet pour qui il existe une pathologie psychiatrique associée. Toutefois, le recours au psychiatre n’est pas justifié pour une IEA à la phase d’ivresse. En revanche, à l’issue de cette phase, l’observation de troubles névrotiques ou psychotiques impose le recours à une prise en charge psychiatrique. Cette attitude mériterait d’être élargie aux patients qui ont présenté une crise d’agitation aiguë lors de l’IEA ou qui ont dû bénéficier d’une contrainte pour assurer leur surveillance. Un patient en IEA n’est pas en état d’exprimer un consentement légalement recevable. Ainsi, si le patient refuse l’hospitalisation et que le médecin urgentiste la juge nécessaire, dans l’intérêt du patient il est licite de proposer une hospitalisation imposée qui peut nécessiter une contention chimique et physique. Le cas se présente majoritairement pour des patients violents. Dans ce cadre, il y a obligation thérapeutique en référence à l’article 16-3 du Code civil, car l’état du patient rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir. L’hospitalisation aux urgences peut être envisagée dans le cadre des modalités de la recommandation pour la pratique clinique (RPC) de l’HAS [61]. Prise en charge à l’issue de la phase aiguë L’IEA prise en charge dans un service d’urgences ne doit pas être banalisée car elle témoigne d’un mésusage, voire d’une alcoolodépendance. Après la phase aiguë, une évaluation de la consommation d’alcool est réalisée. L’équipe soignante doit avoir reçu, au préalable, une formation afin de repérer un mésusage, de rechercher d’éventuelles complications ainsi qu’une alcoolodépendance. Cette évaluation est essentielle et s’effectue au mieux à l’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) par l’équipe d’addictologie de liaison, le médecin urgentiste ou par tout personnel soignant formé [61]. Outre la détection du mésusage de l’alcool ou de l’alcoolodépendance, l’évaluation permet d’éclairer le patient sur sa consommation, de l’informer sur les risques éventuels et enfin de l’orienter. Une attention particulière est portée sur l’existence de troubles psychiatriques sous-jacents qui doivent conduire à une prise en charge spécialisée. Une évaluation sociale est également proposée au patient avec comme objectif l’appréciation et la prise en charge de ses besoins sociaux. La recommandation de 2003 concernant les orientations diagnostiques et la prise en charge au décours d’une IEA des patients admis aux urgences des établissements de soins a permis de synthétiser ces différentes étapes [61] . La détection et le diagnostic d’un mésusage doivent être réalisés par l’appréciation, selon les critères définis par l’OMS, de la consommation d’alcool et d’éventuelles substances associées. Seul le questionnaire DETA (Diminuer Entourage Trop Alcool) a été validé aux urgences pour détecter un mésusage. Il s’agit d’un questionnaire de dépistage en quatre questions portant sur la vie entière du sujet. Deux réponses positives ou plus sont en faveur d’un mésusage d’alcool. La quatrième question introduit la notion d’alcoolodépendance. Il peut être utilisé comme autoquestionnaire ou être posé lors de l’entretien. Le questionnaire AUDIT (alcohol use disorders identification test) (Tableau 8), quant à lui, explore les 12 derniers mois et permet de repérer l’alcoolodépendance. Il peut également être utilisé par les équipes soignantes [65]. En cas de mésusage, un entretien par l’équipe soignante des urgences est réalisé sur le mode intervention ultrabrève de l’OMS [20, 65]. Cette intervention de 5 minutes se décompose en cinq étapes : • feedback donné au patient sur sa consommation d’alcool ; 12 • explication au patient de la notion de « verre d’alcool » ; • explication sur les limites d’une consommation modérée d’alcool ; • encouragement du patient à rester en dessous de ces limites ; • remise au patient d’un livret d’aide ou « livret ressource ». “ Point important Questionnaire DETA : 1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de Diminuer votre consommation de boissons alcoolisées ? 2. Votre Entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation ? 3. Avez-vous déjà eu l’impression que vous buviez Trop ? 4. Avez-vous déjà eu besoin d’Alcool dès le matin pour vous sentir en forme ? Interprétation : • 2 réponses positives : mésusage de l’alcool • Oui à la question n° 4 : possible dépendance L’information du médecin traitant doit être systématique (en respectant toutefois la volonté du patient) sous la forme d’un courrier avec rappel des structures de proximité. En cas de facteurs aggravants ou de comorbidité, une intervention spécialisée doit être réalisée par les équipes d’addictologie, d’alcoologie, psychiatrique ou des urgences formées en addictologie. Cette intervention se fait sous forme d’entretiens brefs selon des recommandations synthétisées par l’acronyme FRAMES (feedback, responsibility, advice, menu of strategies, empathy, self-efficacy). En cas d’usage nocif, un suivi doit être proposé au patient soit dans un centre d’alcoologie, soit par le médecin traitant avec prise d’un premier rendez-vous [61]. Des troubles psychiatriques doivent conduire à une évaluation et une prise en charge par le psychiatre. Les recommandations de l’HAS concernant l’orientation diagnostique au décours d’une IEA sont résumées dans la Figure 6. Cas particulier de l’ivresse publique manifeste Les forces de l’ordre peuvent demander un certificat de nonhospitalisation ou requérir l’urgentiste pour une alcoolémie. Les circulaires du 16 juillet 1973 et du 9 octobre 1975 du ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale stipulent que « Tout individu en état d’ivresse sur la voie publique ou dans un lieu public doit être conduit dans les locaux de la police ou des brigades de gendarmerie (Code des débits de boisson et des mesures contre l’alcoolisme – article L. 76), mais après avoir bénéficié d’un examen médical à l’hôpital ». Le médecin doit remettre un bulletin ou certificat de non-admission. Ce certificat ne délie pas du secret médical. Il ne doit comporter aucune information d’ordre médical. Ces circulaires s’opposent à l’article L.1111-4 de la loi du 4 mars 2002 qui stipule que : « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment ». Par ailleurs, « Lorsque la personne est hors d’état d’exprimer sa volonté, aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance prévue à l’article L.1111-6, ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté ». Enfin, « Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. Dans le cas où le refus d’un traitement par la personne titulaire de l’autorité parentale ou par le tuteur risque d’entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur sous tutelle, le médecin délivre les soins indispensables ». L’examen médical d’une personne présumée en état d’ivresse doit donc se faire sur réquisition, car il est pratiqué à la demande des forces Médecine d’urgence Médecine d’urgence 1 ou 2 Jamais Jamais Jamais Jamais Jamais Jamais Non Non 2. Combien de verres contenant de l’alcool consommez-vous un jour typique où vous buvez ? 3. Avec quelle fréquence buvez-vous 6 verres ou plus lors d’une occasion particulière ? 4. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous constaté que vous n’étiez plus capable de vous arrêter de boire une fois que vous aviez commencé ? 5. Au cours de l’année écoulée, combien de fois votre consommation d’alcool vous a-t-elle empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ? 6. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu besoin d’un premier verre pour pouvoir démarrer après avoir beaucoup bu la veille ? 7. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou des remords après avoir bu ? 8. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous été incapable de vous rappeler ce qui s’était passé la soirée précédente parce que vous aviez bu ? 9. Avez-vous été blessé par quelqu’un d’autre, ou quelqu’un d’autre a-t-il été blessé parce que vous aviez bu ? 10. Un parent, un ami, un médecin ou un autre soignant s’est-il inquiété de votre consommation d’alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez ? 1 Moins d’une fois par mois Moins d’une fois par mois Moins d’une fois par mois Moins d’une fois par mois Moins d’une fois par mois Moins d’une fois par mois 3 ou 4 Une fois par mois ou moins 2 Oui mais pas au cours de l’année écoulée Oui mais pas au cours de l’année écoulée Une fois par mois Une fois par mois Une fois par mois Une fois par mois Une fois par mois Une fois par mois 5 ou 6 2 à 4 fois par mois Interprétation : un total supérieur à 9 évoque une consommation nocive d’alcool ; un total supérieur à 13 évoque une dépendance à l’alcool. Total Jamais 0 1. Quelle est la fréquence de votre consommation d’alcool ? Tableau 8. Questionnaire AUDIT. 3 Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine 7 ou 8 2 à 3 fois par semaine 4 Oui au cours de l’année Oui au cours de l’année Tous les jours ou presque Tous les jours ou presque Tous les jours ou presque Tous les jours ou presque Tous les jours ou presque Tous les jours ou presque 10 ou plus Au moins 4 fois par semaine Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 13 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë Identifier le problème - Alcoolémie - Questionnaire DETA Évaluer les facteurs aggravants - Conduites addictives associées - Pathologies psychiatriques aiguës nécessitant une prise en charge - Comorbidités somatiques nécessitant un traitement propre - Détresse sociale - Événements de vie Évaluer le type de consommation : patient dépendant ou non dépendant ? - Entretien personnalisé - Questionnaire AUDIT - Classifications internationales Usage nocif d’alcool sans facteur aggravant Comorbidités psychiatriques aiguës Urgentiste UAL Psychiatre Addictologue Prise en charge psychiatrique Organiser la prise en charge alcoologique Réaliser une intervention ultrabrève Informer le médecin traitant Addictions associées Assistante sociale En cas de difficultés structurelles ou de fugue : - envoyer au patient une lettre de rappel avec un livret d'information - informer le médecin traitant Pour le patient réticent : intervention brève + donner un livret d’aide + proposer des consultations ultérieures + informer le médecin traitant Comorbidités somatiques - Orienter vers une structure spécialisée (CCAA) ou vers un médecin généraliste formé (réseau de soin spécialisé) - Prendre le rendez-vous avec le patient - Prescrire (si nécessaire) des examens complémentaires - Transmettre avec le consentement du patient des informations à la structure de la prise de charge d’aval Alcoolodépendance Proposer et préparer le sevrage selon les recommandations de la conférence de consensus de Paris en 1999 Figure 6. Arbre décisionnel. Orientations diagnostiques et de prise en charge au décours d’une intoxication éthylique aiguë (IEA) [61]. UAL : unité d’addictologie de liaison ; DETA : Diminuer Entourage Trop Alcool ; AUDIT : alcohol use disorders identification test ; CCAA : centre de cure ambulatoire en alcoologie. de l’ordre et non de l’intéressé. Cet examen se fait selon les dispositions des articles 60 et 64 du Code de procédure pénale : « S’il y a lieu de procéder à des constatations ou à des examens techniques ou scientifiques, l’officier de police judiciaire a recours à toute personne qualifiée ». Le recours systématique à une réquisition pour l’examen des personnes en état d’ivresse publique manifeste est conforté par un arrêt du Conseil d’État dans sa séance du 2 octobre 2002 [66]. Cet arrêt précise que : « Considérant qu’aux termes de l’article L.76 dudit code : une personne trouvée en état d’ivresse dans les rues, chemins, places, cafés, cabarets ou autres lieux publics, est, par mesure de sûreté, conduite à ses frais au poste le plus voisin ou dans une chambre de sûreté, pour y être retenue jusqu’à ce qu’elle y ait recouvré raison ; que lorsque l’autorité administrative décide, à l’occasion de l’application de ces dispositions, de requérir un médecin aux 14 “ Point important Intervention brève F : Feedback on risk (risque accidentel, problème de santé) R : Responsibility (responsabilité du choix de changement appartenant au patient) A : Advice to change (conseil de modération) M : Menu of strategies (options relatives à la quantité, délai, rythme de la consommation d’alcool) E : Empathy S : Self-efficacy (stratégies motivationnelles) Médecine d’urgence Intoxication éthylique aiguë ¶ 25-150-A-30 . fins d’examiner l’intéressé, l’intervention du praticien se rattache à la mission de préservation de l’ordre public en vue de laquelle elles ont été prises ; que, par suite, le règlement des honoraires du médecin ainsi appelé incombe à l’administration ». Il est important de bien évaluer les risques liés à la remise aux forces de l’ordre d’un patient présentant un tableau clinique d’IEA. Il faut être parfaitement sûr qu’il s’agit vraiment d’une IEA et qu’elle n’est pas compliquée. Le moindre doute doit conduire à la surveillance hospitalière. Le certificat de nonhospitalisation de l’ivresse publique manifeste doit être parfaitement libellé. Il est impératif de rédiger une observation médicale détaillée consignant l’examen clinique, en particulier les lésions traumatiques et les éventuels examens complémentaires réalisés. ■ Conclusion . L’IEA est extrêmement fréquente dans les services d’urgence et constitue un véritable problème de santé publique. L’IEA n’est jamais banale a priori dans les structures d’urgence. Elle doit faire l’objet d’un examen clinique attentif, complété d’examens paracliniques aptes à identifier ses complications et les comorbidités à risque qui lui sont souvent associées. L’IEA nécessite la recherche systématique d’un diagnostic différentiel en raison des autres pathologies qui peuvent la simuler, la compliquer ou lui être adjointes. Souvent associée à l’intoxication éthylique chronique, elle nécessite également l’identification des facteurs de risque d’un syndrome de sevrage sévère qu’il faut savoir anticiper et prévenir. L’IEA de l’enfant et de l’adolescent nécessite une hospitalisation pour permettre l’évaluation des risques et des comorbidités et la prise en charge par des équipes spécialisées. L’IEA aux urgences devrait aussi permettre de systématiquement proposer au patient alcoolique un parcours de soin avec un projet d’abstinence ainsi qu’une prise en charge médicale, psychiatrique et sociale pour l’élaboration d’un véritable projet de soin. Remerciements : Georges Brousse, Laurent Caumon, Xavier Charmes, Marc Courtial, Philippe Evrard, Manuel Font, Mahmoud Muheish, Anne-Marie Regnoux. . ■ Références [1] Bouget J. Les ivresses non alcooliques ou fausses ivresses. Réa Urg 1992;1:681-90. [2] Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Drogues et dépendances, données essentielles. Guide La découverte. Paris: La Découverte; 2005. [3] Legleye S. Données déclaratives, sanitaires et économiques sur l’alcool : aperçu des désaccords régionaux. Bull Epidemiol Hebd 2004; (n°13). [4] Direction Générale de la santé en collaboration avec l’INSERM. Rapport du GTNDO. Analyse des connaissances disponibles sur des problèmes de santé sélectionnés, leurs déterminants, et les stratégies de santé publique. Paris. Mise à jour 13 novembre 2003. [5] Burillo-Putze G, Mune P, DuenasA. National multicentre study of acute intoxication in emergency departments of Spain. Eur J Emerg Med 2003;10:101-4. [6] Malone D, Friedman T. Drunken patients in the general hospital: their care and management. Postgrad Med J 2005;81:161-6. [7] Cameron A, Morris JM, Forrest EH. The prevalence of alcohol misuse among acute admissions: current experience and historical comparisons. Scott Med J 2006;51:21-3. [8] Benyamina A, Bouchez J, Rahioui H, Reynaud M. Urgences psychiatriques en addictologie. Rev Prat 2003;53:1201-8. [9] Deutch SR, Christian C, Hoyer S. Drug and alcohol use among patients admitted to a danish trauma center: a prospective study from a regional trauma center in Scandinavia. Eur J Emerg Med 2004;11:318-22. [10] Humphrey G, Casswell S, Han DY.Alcohol and injury among attendees at a New Zealand emergency department. N Z Med J 2003;116:U298. [11] Macdonald S, Cherpitel CJ, DeSouza A, Stockwell T, Borges G, Giesbrecht N. Variations of alcohol impairment in different types, causes and contexts of injuries: results of emergency room studies from 16 countries. Accid Anal Prev 2006;38:1107-12. Médecine d’urgence [12] Borges G, Cherpitel CJ, Orozco R, Bond J, Ye Y, Macdonald S, et al. Acute alcohol use and the risk of non-fatal injury in sixteen countries. Addiction 2006;101:993-1002. [13] Kaukonen JP, Nurmi-Luthje I, Luthje P, Naboulsi H, Tanninen S, Kataja M, et al. Acute alcohol use among patients with acute hip fractures: a descriptive incidence study in southeastern Finland. Alcohol Alcohol 2006;41:345-8. [14] Stoner SA, George WH, Peters LM, Norris J. Liquid courage: alcohol fosters risky sexual decision-making in individuals with sexual fears. AIDS Behav 2007;11:227-37. [15] Lin D, Li X, Yang H, Fang X, Stanton B, Chen X, et al. Alcohol intoxication and sexual risk behaviors among rural-to-urban migrants in China. Drug Alcohol Depend 2005;79:103-12. [16] Mokdad AH, Brewer RD, Naimi T, Warner L. Binge drinking is a problem that cannot be ignored. Prev Med 2007;44:303-4. [17] Abbey A, Zawacki T, Buck PO, Clinton AM, Mc Auslan P. Alcohol and sexual assault. Alcohol Res Health 2001;25:43-51. [18] Bilban M, Skibin L. Presence of alcohol in suicide victims. Forensic Sci Int 2005;147:S9-S12. [19] Fabbri A, Marchesini G, Morselli-Labate AM. Positive blood alcohol concentration and road accidents. A prospective study in an Italian emergency department. Emerg Med J 2002;19:210-4. [20] David C, Négaret G, Dezè F, Galle E, Bouget J. Les nouveaux aspects de la prise en charge de l’intoxication éthylique aiguë dans les services d’urgence. MT 2005;11:56-63. [21] Ministère de la Santé et des Solidarités. Rapport sur la perspective d’organisation d’États généraux de la lutte contre l’alcoolisme. Tome I. Paris. 2005. [22] Miller JW, Naimi TS, Brewer RD, Jones SE. Binge drinking and associated health risk behaviors among high school students. Pediatrics 2007;119:76-85. [23] Abbey A, Parkhill MR, Buck PO, Saenz C. Condom use with a casual partner: what distinguishes college students’ use when intoxicated? Psychol Addict Behav 2007;21:76-83. [24] Muszlak M, Picherot G. Intoxication alcoolique aiguë de l’adolescent aux urgences. Alcool Addictol 2005;27:5-12. [25] Arwidson P, Léon C, Guillemont J. Consommation annuelle d’alcool déclarée, France 2005. Bull Epidemiol Hebd 2006;(n°3-35):255-58. [26] Jones AW. Jönsson KA. Food-induced lowering of blood ethanol profiles and increased rate of elimination immediately after a meal. J Forensic Sci 1994;39:1084-93. [27] Jones AW, Hahn R, Stalberg HP. Distribution of ethanol and mater between plasma and whole blood; inter and intra individual variations after administration of ethanol by intravenous infusion. Scand J Clin Lab Invest 1990;50:775-80. [28] Brown DJ. The pharmacokinetics of alcohol excretion in human perspiration. Methods Find Exp Clin Pharmacol 1985;7:539-44. [29] Jones AW, Jönsson KA. Between-subject and within-subject variations in the pharmacokinetics of ethanol. Br J Clin Pharmacol 1994;37: 427-31. [30] Paille E, Gillet C, Pirollet P. Physiopathologie de l’alcoolisation aiguë et du sevrage alcoolique. Rev Prat 1993;43:2035-41. [31] Peterson JB, Rothfleisch J, Zelazo PD. Acute alcohol intoxication and cognitive functionning. J Stud Alcohol 1990;51:114-22. [32] Koelega HS. Alcohol and vigilance performance: a review. Psychopharmacology (Berl) 1995;118:223-49. [33] Deery HA, Love AW. The effect of a moderate dose of alcohol on the traffic hazard perception profile of young drink-drivers. Addiction 1996;91:815-27. [34] Mura P. Alcool, médicaments, stupéfiants et conduite automobile. Paris: Elsevier; 1999. [35] West R, Wilding J, French D. Effect of low and moderate doses of alcohol on driving hazard perception latency and driving speed. Addiction 1993;88:527-32. [36] Hoaken PN, Giancola PR, Pihl RO. Executive cognitive functions as mediators of alcohol - related aggression. Alcohol Alcohol 1998;33: 47-54. [37] Dally S. Violence et consommation d’alcool. In: Médecine légale clinique: médecine et violences. Paris: Ellipse; 1994. p. 171-80. [38] Krill JJ, Halliday GM, Svoboda MD, Cartwright H. The cerebral cortex is damaged in chronic alcoholics. Neuroscience 1997;79:983-98. [39] Swift R. Direct measurement of alcohol and its metabolites. Addiction 2003;98(suppl2):73-80. [40] Carey KB, Hustad JT. Methods for determining blood alcohol concentration: current and retrospective. In: Comprehensive Handbook of alcohol related pathology. Paris: Elsevier; 2005. p. 1429-44. 15 25-150-A-30 ¶ Intoxication éthylique aiguë [41] Lamiable D, Hoisey G, Marty H, Vistelle R. Intoxication aiguë à l’éthanol. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Toxicologie, 16-025-A10, 2004. [42] Conférence de consensus. L’ivresse éthylique aiguë dans les services d’accueil des urgences. Société Française de Médecine d’Urgence, Saint Etienne, 1992. http://www.sfmu.org/documents/consensus/ cc_intox_ethyl.pdf consulté le 15 mai 2007. [43] Actualisation de la conférence de consensus. L’ivresse éthylique aiguë dans les services d’accueil des urgences. Société Française de Médecine d’Urgence – Commission de veille scientifique. JEUR 2003;16: 48-57. [44] Bourrier P, Gouello JP. Complication des ivresses éthyliques de l’adulte. Rea Urg 1992;1:665-72. [45] Adès J, Le Joyeux M. Conduites alcooliques (histoire du concept, définition, aspects épidémiologiques, étiopathogenie). EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Psychiatrie, 37-398-A-30, 1996 : 15p. [46] Ellrodt A. L’intoxication alcoolique aiguë aux urgences. In: Urgences Médicales. Paris: édition Estem; 2005. p. 70-4. [47] DavidoA, Levy P, Leplat P, Ecollan P. Présentation clinique de l’ivresse alcoolique aiguë. Réa Urg 1992;1:645-9. [48] Yersin B. Conduite à tenir en urgence: de l’ivresse alcoolique au sevrage. In: Urgences 2003. Paris: éditions scientifiques L&C Brain Storming SAS; 2003. p. 189-98. [49] Potel G, Touze MD, Baron D. Intoxication alcoolique aiguë. Rev Prat 1993;43:16. [50] Durieux A, Clavelou P. Alcoolisme : Intoxication aiguë et chronique. Rev Prat 1999;49:1341-7. [51] Conférence de consensus. l’agitation en urgences. JEUR 2003;16: 58-64. [52] Hervé J, Renaud B. Sédation vigile des patients agités aux urgences (SAU): utilisation du midazolam par voie intranasale. JEUR 2002; 15(suppl1):1S27. [53] Castelain V, Lavigne T, Jaejer A, Schneider F. Manifestations cardiovasculaires des substances récréatives: alcool, cocaïne, amphétamines, ecstasy, héroïne et cannabis. Reanimation 2004;14: 186-95. [54] Billy I, Lejonc JL. Grandes complications somatiques de l’alcoolisation aiguë. Rev Prat 1993;43:2047-51. [55] Conférence d’actualisation de la SFAR : Hypothermie accidentelle. http://www.sfar.org/sfar_actu/ca97/html/ca97_038/97_38.htm Consulté le 15 mai 2007. [56] Naveau S. Hépatite alcoolique aiguë. Presse Med 2001;30:1024-30. [57] Dally S. Alcoolisation aiguë et accident. Rev Prat 1993;43:16. [58] Coudane H, Mole D, Braun E, Schmidt D, Sommelet J. Alcoolémie et urgences traumatologiques. Ann Med Nancy Est 1988;27:347-8. [59] Paille E, Pissochet P, Pirollet P. Alcoolisation aiguë et médicaments. Rev Prat 1993;43:2075-80. [60] Woolfenden S, Dossetor D, Williams K. Children and adolescents with acute alcohol intoxication self poisoning presenting to the emergency department. Arch Pediatr Adolesc Med 2002;156:345-8. [61] Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Recommandation pour la pratique Clinique: Orientations diagnostiques et prise en charge au décours d’une intoxication éthylique aiguë, des patients admis aux urgences des établissements de soins. Paris: ANAES; 2001. [62] Cushman P, Forbes R, Lener W, Stewart M. Alcohol withdrawal syndromes: clinical management with lofexidine. Acohol Clin Exp Res 1985;9:103-8. [63] Batel P. Traitement de l’alcoolo-dépendance. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Gastroentérologie, 9-004-B-10, 2001 : 15p. [64] Batel P. Les médicaments visant à réduire l’appétence pour l’alcool : les principales molécules testées. Concours Med 1997;119:3035-8. [65] Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en santé. Conférence de consensus: Objectifs, indications et modalités du sevrage du patient alcoolodépendant. Société Française d’Alcoologie. Paris 1999. www.anaes.fr. [66] Arrêt du Conseil d’Etat n° 233551. http://www.legifrance.gouv.fr/ WAspad/LeRtf?cid=172704&table=JADE Consulté le 12 avril 2006. Pour en savoir plus http://www.sfmu.org/fr/kiosque. www.toxicologie-clinique.org. www.sfalcoologie.asso.fr. www.alcoologie.org. J.-M. Philippe ([email protected]). C. Sureau. D. Ruiz. S. Teil. Pôle de médecine d’urgence, Centre hospitalier Henri Mondor, BP 229, 15002 Aurillac cedex, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Philippe J.-M., Sureau C., Ruiz D., Teil S. Intoxication éthylique aiguë. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Médecine d’urgence, 25-150-A-30, 2011. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels 16 Iconographies supplémentaires Vidéos / Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations Cas clinique Médecine d’urgence